| Sam 13 Avr - 16:09 | Silhouette fine se penche et se coule entre deux toits. Ombre se dissimule derrière une cheminée, évalue et saute un précipice citadin, attérissant souplement tel un chat qu'elle n'est pas. Plus grande, plus grosse, bipède et non quatre-pattes. Vêtements serrés le long d'un corps longiligne. D'un noir délavé, presque gris. Noir profond se détache sur la nuit tandis que ce noir sans nom se fond sur les murs presque invisible. Nouveau saut et une roulade sur un toit presque plat. Une main gantée s'agrippe à un faite de toit, hisse la silhouette et se donne quelques instants d'immobilité. Le souffle se fait nuée douce devant les lèvres. Le froid blottit les maisons les unes contre les autres. Au dessus les nuages voilent les étoiles brillantes de l'absence de la lune.
Une flexion, deux ou trois pas rapides. Je repars. Saute ici, m’accroupis là. Pas de magie pour me soutenir. Ce serait le meilleur moyen pour être repéré. On ma apprit que si les moldus ne peuvent se protéger de la magie, les sorciers, eux ne pense qu'à cette possibilité et en oublis les techniques moldues. L'un ne va pas sans l'autre pourtant. Mais en s'excluant l'un l'autre ils laissent des failles par lesquels nous nous glissons. Peut-être que cela changera avec le règne de Potter. Nous verrons bien.
Le froid me pique les joues et me brûle les yeux. Mais je ne renoncerais pas à cette sortie. Enfant funambule. Cela fait parti de ce que ma mère m'a apprit. On est autant assassin que cambrioleur dans la famille. J'ai un oncle pilleur de tombe, là-bas en Inde, par exemple. Il aime, parait-il a monter à la force de ses seuls doigts en haut des temples. Mon père lui préfère violer les chiffres et les torturer pour les multiplier. Avec une telle parenté je ne peux pas tomber dans la délinquance il faut forcément que je vise haut et fort... Du moins si je le désire un jour. Il me reste encore deux ans avant de devoir faire face ou de tourner le dos. Je bénis mes années à Poudlard et les amis que je m'y suis fait. Je bénit Pavel qui semble ne pas vouloir me pousser avant que je ne soit prête à sauter. Cette limite de mon diplôme devrait m'angoisser comme je sais qu'elle angoisse certains de mes camarades mais ce n'est pas le cas. En vertu des principes Euthanatos elle ne sera que le moment d'une transformation et non d'une fin. Rien d'aussi définitif que mon initiation de cet été, somme toute.
Je n'ai pas d'autres buts précis que de voler de toit en toit au cœur de la nuit. Goûter cette absolue liberté sans entrave. Ou la solitude est choisie et non subie. Ou mes pensées s'aiguisent. Mon corps se renforce. L'un de ces moments ou le corps et l'esprit se doivent de travailler ensemble pour éviter l'erreur et la chute. Que ce soit les toits de Poudlar ou de Pré-au-lard; les deux sont une gageure qui peut être mortelle. Quel sentiment de puissance que de les défier.
Je m'arrête enfin, le cœur battant, le souffle tranquille. Le sourire aux lèvres, le rire en gorge silencieux. Me redresse, écarte les bras pour tout englober. J'ai devant moi le village endormit. Quelques points de lumière percent difficilement la pénombre, filtrant à travers des volets ou tremblotant an haut de son lampadaire. Je chuchote.
"Dormez brave gens ! Tout va bien."
Plus loin le lac est une tache sombre qui vous avalerait bien. L'école au dessus arbore ses tours comme des lances avant le combat.
Je me détourne et perçoit un mouvement. Une autre silhouette. Un autre noctambule du plus profond de la nuit ? Ce qui pénètre la solitude de ces instants peut être une menace. Tout chasseur nocturne se méfie de l'autre chasseur nocturne. Baguette inutile restera dans son fourreau attaché à ma cuisse. La magie réveillerait les alarmes. Une caresse à mon poignet et le lacet d'étrangleur vient se lover dans ma main. Nonchalance aiguisée d'une poignée d'adrénaline je parle la première. Douceur ou pointe la malice innocente.
"La nuit est belle, mon ami ?" |
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