Les retrouvailles à Poudlard avaient été éprouvantes. Il ne savait pas encore s’il regrettait d’y être allé. Les évènements n’y avaient pas été que joyeux. Beaucoup de souvenirs repensés, évoqués ou racontés. Mais il était content d’avoir recroisé tous ces anciens amis. Il avait notamment discuté avec Carys, qui avait évoqué la maison de la falaise, faisant référence à un weekend d’été où Lance avait invité tout le monde, en fin de cinquième année. Lance, lui, avait presque oublié jusqu’à l’existence de cette maison. Sa mère et ses sœurs la détestait, alors entre la guerre et le décès du patriarche, ils avaient eu peu de raison de s’y rendre. Mais Lance, comme son père, qui en avait hérité de ses parents, avait un attachement particulier à cette vieille bâtisse.
Il avait demandé à sa mère, ce que devenait la maison. C’était elle qui lui avait annoncé qu’elle était en mauvais état – mais habitable. Du fait de sa position, au bord de la falaise, elle était particulièrement vulnérable aux nombreuses tempêtes hivernales. Elle avait alors suggéré de s’en débarrasser, mais Lance n’était pas sûr. Son esprit était en opposition avec son cœur. La décision censée aurait été de la mettre en vente, mais il ne pouvait s’y résoudre. C’était alors sur un coup de tête que Lance avait écrit à Carys, pour lui proposer de se joindre à lui pour le weekend. Elle n’était peut-être pas très partiale, mais elle pourrait sans doute l’aider à prendre une décision. Et s’il choisissait de ne pas la vendre, alors il fallait décider des travaux à faire. Encore une chose que Carys pouvait l’aider. Sa réponse ne s’était pas fait attendre, et elle avait accepté. Avec plaisir, avait-elle-même précisé.
Lawrence ferma les yeux, visualisa le panneau d’entrée du village et transplana. Il sut qu’il était arrivé avant de rouvrir les yeux. Il pouvait sentir la chaleur du soleil sur sa peau, entre deux rafales de vent. Il ouvrit les yeux pour constater que la journée était exceptionnellement belle, considérant que l’automne tirait à sa fin. Le ciel était parfaitement dépourvu de nuages, à l’exception de quelques nuées à l’horizon. Lawrence remonta le col de sa veste, pour tenter de se protéger du vent qui portait les embruns salés de la mer. Le village était juste au bord de la côte, plus un port qu’un village en réalité. Traditionnellement, il préférait transplaner sur la falaise. La vue y était impressionnante. De là, pour rejoindre la maison, il n’y avait plus qu’à descendre le petit chemin. Depuis le village, il fallait au contraire grimper. Mais la falaise était un endroit dangereux pour apparaître, surtout qu’il n’était pas certain d’assez bien se souvenir de l’endroit. Il avait donc préféré le village et un sortilège de désillusion pour ne pas trop se faire remarquer par les moldus. Non pas que l’activité du village battait son plein…
Il n’attendit pas pour prendre le chemin qui montait vers la maison. Carys ne devait pas tarder à arriver en utilisant le réseau de cheminée – il s’était assuré que la maison était toujours connectée – et il voulait vérifier deux-trois bricoles avant qu’elle n’arrive. La promenade dura qu’une quinzaine de minutes avant qu’il n’arrive devant la porte et il n’attendit pas pour entrer. Il avait envoyé l’elfe de maison familial pour que la maison soit accueillante pour leur arrivée, il ne lui fallut qu’un coup d’œil au salon pour confirmer que – comme à son habitude – il avait correctement fait son travail. Il fit rapidement le tour de l’étage, pour constater les dégâts et notamment le trou dans le toit dans l’une des chambres, rapidement rebouché magiquement par l’elfe de maison. Il allait redescendre, lorsqu’il fut alerté par du bruit au rez-de-chaussée. Sûrement Carys, se raisonna-t-il.
Un long bâillement quitte la gorge de Carys pour venir résonner dans son appartement, sous les yeux effarés de Marcel. Son petit hibou a beau lui tenir compagnie depuis de longues années, il ne s'est toujours pas fait aux bruits des plus étranges qui la prennent aux premières heures du matin. D'un froissement d'ailes, il quitte son perchoir et vient se poser sur ses cuisses, quémandant caresses et nourriture. Carys laisse ses doigts glisser distraitement sur ses plumes, attentive à ne pas lui faire de mal, jetant un coup d'oeil au bazar ambiant qui règne autour d'elle. Elle a passé la semaine à enchaîner des nuits de travail au bureau, depuis la fabuleuse journée à Poudlard, aussi le rangement de son studio n'avait pas été sa priorité. Des affaires trainent un peu partout, sa vaisselle s'entasse, c'est une horreur visuelle. Elle aimerait tout délaisser dans l'état et se glisser immédiatement dans sa cheminée pour filer vers la maison de Lawrence. La mer, des falaises, un manoir familial - il y a peu de choses qu'elle aime plus au monde. Lorsqu'il l'a invitée, Carys a répondu instantanément, et son message ne montrait pas l'étendue de son excitation. Un pincement au doigt la détourne cependant de son enthousiasme et elle lève les yeux au ciel.
- Allez mon beau, suis-moi, on va ranger tout ça, soupire-t-elle d'un air résigné alors que Marcel s'envole pour se poser sur le bar de la cuisine. J'ai compris, j'ai compris, je te nourris d'abord, ronchonne-t-elle alors qu'un petit sourire attendri vient malgré tout fleurir sur ses lèvres.
Des petites graines sont déposées dans une assiette, puis Carys, les mains sur les hanches, observe d'un air désespéré son salon. Elle se reprend finalement, et de gestes agiles, envoie l'éponge nettoyer sa vaisselle, ses vêtements se plier, d'autres se glisser dans le bac à laver, bref, toute une flopée de sortilèges digne de la Mère Weasley. Laissant tout ce bazar continuer sa destinée, elle se faufile dans sa salle de bain, se prépare en vitesse et enfile de quoi rejoindre - enfin - Lance. Un pantalon en toile beige léger, un chemisier flottant blanc, des bottines plates pour pouvoir aller se promener. Lorsqu'elle ressort, pimpante, enrobée d'un doux parfum de rose, Carys observe d'un air satisfait l'appartement tout propre. C'est véritablement une honte que de laisser autant traîner son ménage quand il lui ne lui faut que quelques tours de baguette pour tout régler - Merlin, son père aurait honte. Elle vérifie une dernière fois que Marcel a tout ce qu'il lui faut pour la journée, puis enfile son manteau et enroule une longue écharpe autour de son cou. Elle arrivera directement dans le manoir, mais elle comptait bien tanner Lance toute la journée pour qu'ils aillent se promener en bord de mer afin qu'elle puisse enfin se ressourcer. Cela fait bien trop longtemps qu'elle n'a pas respiré l'air pur de la mer, plongé les mains dans le sable, et c'est impardonnable.
Saisissant en vitesse son sac à main, où elle glisse un petit sachet de poudre de cheminette, elle quitte son appartement, dévale les escaliers et atterrit dans une des rues perpendiculaires au Chemin de Traverse. En quelque pas, elle se trouve près de la boutique de biscuits où, hésitante, elle finit par faire confiance à son instinct, prend quelque délicatesses galloises - évidemment - et enfin, enfin ! elle se retrouve devant une cheminée publique. Elle grimace un peu, pas certaine que Lance apprécie qu'elle se rende chez lui depuis une cheminée de ce style - elle n'a pas trop le choix, son studio n'étant pas des plus adaptés pour l'installation d'une cheminée sorcière. D'un geste, elle farfouille dans son sac et prend une petite pincée de poudre entre ses doigts, se glissant dans la structure dès qu'une place se libère. Elle lâche la poudre et, distinctement, prononce l'adresse de Lawrence.
Aussitôt, une sensation toujours aussi désagréable la prend au ventre et la balance à travers les conduits, jusqu'à ce qu'elle finisse par arriver, quelques secondes plus tard, dans la cheminée de son ami. Elle adresse une moue attristée à ses vêtements un peu salis, maudissant le mauvais entretien des passages publics, et tapote son manteau de sa baguette pour qu'ils se nettoient. Elle fait alors un pas en dehors de la cheminée, observant d'un air curieux la pièce où elle se trouve. Le salon d'arrivée, probablement, songe-t-elle en voyant le porte-manteau, les petits sofas et quelques tables basses. Elle toussote, hésitante sur l'attitude à suivre, et a immédiatement un petit soupir soulagé lorsqu'un elfe de maison apparait devant elle, bien propret. Il la salue poliment, avec petite courbette, et récupère aussitôt son manteau et le petit cadeau, promettant qu'il dressera ceci pour le goûter. Elle a un petit sourire en coin en le voyant faire - cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été servi ainsi, son elfe familial ayant été attribuée à une autre famille au décès de son père, selon les souhaits de ce dernier. Elle n'en a absolument pas besoin, cela étant, c'est toujours agréable de retrouver son petit confort de petite bourgeoisie.
Elle tourne brusquement la tête vers la porte du salon en entendant des pas précipités se diriger vers l'entrée, et adresse immédiatement un sourire rassurant à Lance.
- Ce n'est que moi, désolée ! J'ai hésité à m'annoncer, et puis ton elfe est arrivé, et... enfin, bref, tout va bien, abrège-t-elle en s'approchant de lui.
Carys hésite brièvement mais c'est finalement naturellement qu'elle vient l'enlacer, déposant un baiser sur sa joue.
- C'est toujours aussi joli ici, mais tu as raison, il va falloir faire quelques changements, enchaine-t-elle avec un petit rire en montrant les vieux tissus des rideaux, bien trop datés pour que cette maison soit au goût du jour.
Elle inspire profondément, heureuse d'être ici, d'enfin prendre du temps pour elle, pour son ami. La dernière fois qu’elle a mis les pieds ici, ils étaient bien plus jeunes, bien plus heureux, un vécu bien moins lourd pesant sur leurs épaules. C’en est presque étrange de refouler ce sol, après tout cela. L’avantage, avec une maison de famille, c’est qu’il y a toujours des traces, ça et là, pour reposer l’âme, pour panser les plaies. Un souvenir dans telle pièce, un fou rire à cette table. Elle a déjà hâte de retracer la vie de Lance dans ses pièces et, peu à peu, de les rehausser de joie de vivre et de nouveauté.
Il reconnût la voix de Carys avant d’arriver au rez-de-chaussée, ce qui calma son angoisse. Il ne tarda pas pour autant à rejoindre le salon, seule pièce de la maison qui avait une cheminée capable de faire voyager une personne. Il constata rapidement que Kylma, l’elfe de maison, l’avait dépassé. Cette dernière, avait été embauchée de dernière minute, mais temporairement pour l’instant. Ignorant s’il allait garder la propriété pour l’instant. Au Manoir, sa mère ne pouvait pas rester seule et même si ses filles allaient se relayer pour lui tenir compagnie durant le weekend, Lawrence faisait confiance à Miskey pour tenir la maison. Il n’était donc pas question que ce dernier s’éloigne trop longtemps du Manoir.
- Carys, la salua-t-il en entrant dans le salon. Ça me fait plaisir de te voir.
La sourire qui accompagna sa phrase était sincère et légèrement soulagé. Il devait bien avouer qu’il avait attendu jusqu’à la dernière minute un hibou d’annulation. Par le passé, il s’était toujours bien entendu avec Carys et il était content de pouvoir toujours la compter dans ces amies. En tout bien tout honneur, bien évidemment. Il ne s’attendait pas, en revanche, à ce qu’elle vienne l’embrasser. Et surpris, il resta stoïque une fraction de secondes, avant de se détendre légèrement et de poser une main sur son épaule. Il sentit cependant le rouge lui monter aux joues.
- Merci Kylma, dit-il d’un ton légèrement directif à l’elfe.
Cette dernière comprit rapidement le message et, après une petite courbette, ne se fit pas prier pour disparaître. Il remarqua d’un œil appréciatif qu’elle avait pris le manteau de son hôte. Pour l’instant, il était plutôt satisfait des services de cette elfe et il se fit une note mentale de la recommander à une bonne famille s’il décidait de ne pas la garder. Il glissa une main dans ces cheveux, dans une tentative de remettre ses idées en place, avant de se tourner vers Carys qui contemplait la décoration.
- C’est un peu daté, je suis d’accord, dit-il en joignant son rire au sien. Mais s’il n’y avait que ça… Tu n’as pas encore vu le trou au plafond dans la grande chambre.
Il marqua une pause, constatant à nouveau combien la décoration ne reflétait absolument pas ses goûts. Il était surtout venu durant son enfance, mais il comprenait maintenant que la décoration n’avait pas dû aider la maison aux yeux de sa mère. Considérant qu’elle était idéalement placée, en haut de la falaise, elle était très lumineuse avec ses grandes fenêtres, mais les murs étaient jaunâtres et les lourds rideaux en velours bordeaux n’aidaient en rien.
- Mais ne t’inquiète pas, les autres chambres sont parfaitement habitables, ajouta-t-il précipitamment, et les plafonds ont été vérifiés. Ils ne risquent pas de nous tomber sur le crâne au milieu de la nuit.
Il ne voulait pas que son hôte pense qu’il accueillait mal ses invités. Ou sinon, elle ne risquait pas de revenir. Ça serait trop bête.
- Tu te souviens de la maison, ou tu veux que je te fasse faire le tour, suggéra-t-il non sans une certaine timidité soudaine. Il faut que je te montre ta chambre, de toute manière, dit-il en l’invitant à passer devant lui pour monter à l’étage.
Bien qu’elle soit déjà venue, c’était il y a tellement longtemps qu’il y avait de fortes chances qu’elle ne se souvienne pas des moindres détails de la maison. Même si en soit, la maison n’avait rien de particulier. Au rez-de-chaussée, le salon ouvrait sur le jardin. Au milieu, l’escalier montait au premier étage. Et de l’autre côté, la cuisine était ouverte sur la salle à manger, qui s’ouvrait sur la terrasse. A l’étage, un couloir desservait quatre chambres, dont une avec sa salle de bain, une autre salle de bain. Chaque chambre avait un petit bout de terrasse, duquel la vue était incroyable, qu’elle donne sur la mer ou sur le village.
Si Carys s’est naturellement penchée vers Lawrence à son arrivée, la rougeur traîtresse qui s’affiche discrètement sur les joues de Lawrence lui rappelle pour la énième fois combien elle a le contact facile, et combien cela est déstabilisant pour ses chers amis anglais. Elle a déjà eu les lèvres traînantes et les mains glissantes lors de la réunion de Poudlard, habituée des bises et serrages de mains compulsifs sur Paris. Si le reste de ses connaissances ont eu le temps de s’adapter à cette habitude prise à force d’années parisiennes, Lawrence n’a évidemment pas pu le faire. Ils n’ont du se voir qu’une poignée de fois depuis... depuis.
Elle observe sans un mot Lance renvoyer l’elfe de maison, et laisse son regard errer, tentative de distraire son esprit revenu se plonger dans les années sombres. Elle n’est pas venue là pour ça, et se refuse à entacher la journée avec cette idée. Son coeur s’apaise quelque peu lorsque le rire de son ami vient se joindre au sien, uni par le même désamour des goûts de l’époque. Le manoir de sa famille a eu une chance inouïe pour l’époque en ce que sa mère avait décidé de radicalement changer l’ambiance générale et de s’émanciper des codes de gouts qui prêchaient boiseries velours et autres lourdeurs. Rien de trop moderne toutefois, ils étaient quand même deux petites gens des hauts milieux, et l’objectif n’était pas de sa faire étouffer le grand oncle Terrence. Cet amour du joli goût , seulement, s’est bel et bien glissé dans le sang de la jeune adulte ; elle ne sait pas trop si Lawrence s’est souvenu de chez elle ou du nombre de fois où elle s’était proclamée digne héritière maternelle, mais toujours est-il que ça l’a fait bien rire - et presque caqueter de plaisir - lorsque son ami l’a invité pour parler du manoir. À défaut de pouvoir profiter du sien, elle a au moins le plaisir d’errer ici.
Ses yeux s’écarquillent quelque peu lorsque Lance enchaine sur la présence d’un trou au plafond, et elle ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil suspicieux à celui de la pièce où ils se trouvent, très rapidement, juste pour être sûre. Elle rougit presque de son acte lorsqu’elle voit Lance prendre un air empressé et lui assurer de suite que le reste était parfaitement habitable. Avec un petit sourire, elle réagit aussitôt:
- Ne t’en fais pas, avec de vieilles masures comme celle-ci, j’aurais été surprise que tout soit aux normes ! Ça aurait quand même été bien bête de mourir écrasée par un plafond après tout ça, rajoute-t-elle alors que son sourire s’agrandit.
Elle reprend son observation, appréciant toujours autant l’architecture de cet endroit. Elle se souvient encore de l’air enamouré qu’elle a pris lors de sa première venue, lorsque les énormes fenêtres ont révélé une vue féerique de la mer qui claque contre les falaises ; air qui a bien fait rire ses amis. Seulement, elle doit avouer que son souvenir de la maison demeure terriblement fragmentaire, plutôt faits de petits pics de réminiscences d’un fou rire avec Orion à l’entrée de la chambre de Lance, d’une étreinte heureuse avec une autre amie, blotties dans une autre chambre. La matérialité de l’endroit lui est totalement absente, et si elle craignait que Lance compte sur sa mémoire d’ordinaire presque sans faille, elle est rassurée lorsqu’il témoigne une nouvelle fois d’une rigueur d’hôte parfaite. Elle est un peu prise au dépourvu par les nuances de timidité qui s’enroule autour de lui à cet instant, comme s’il réalisait soudainement qu’elle se trouve ici, dans son cercle privé, intime, et qu’il l’y invite pleinement. Elle a un regard attendri pour son partenaire de rire, depuis tant de tendres années, et sent son coeur se serrer devant tout ce qu’ils auraient pu continuer à vivre si tout n’avait pas périclité. Lance aurait peut-être été l’hôte le plus connu du milieu sorcier, faisant défiler les bonnes amitiés dans ses salons, mettant ses soeurs au rang d’honneur. Et maintenant, un trou dans le plafond rappelle avec angoisse le temps défilé, les opportunités évanouies. Elle se reprend pourtant, balayant au loin ces pensées sombres qui semblent vouloir la pourchasser inlassablement depuis son entrée ici.
- Oh, il vaut mieux qu’on fasse un tour, je t’avoue que je ne me souviens pas de tout.
Elle passe devant Lance lorsqu’il l’y invite et grimpe quelques marches. Ses bottines claquent contre le bois de l’escalier, qui est toujours aussi beau et imposant que dans son souvenir. Si elle n’a pas perdu la tête, la chambre de Lance est celle au fond du couloir, et offre une des plus belles vues sur les paysages. Elle s’interroge quelques secondes sur la pièce qu’il lui a préparé, croisant fort les doigts pour pouvoir s’endormir bercée par les bruits des vagues, déchaînées ou non. Elle monte les marches restantes, son regard se perdant toujours autant dans l’observation du manoir. Quelques poutres sont abîmées, les papiers peints défraîchis, les couleurs démodées, mais malgré tout l’endroit en impose et, aux yeux de Carys, respire la classe et le bonheur. Elle se demande pourquoi Lance hésite tant à le garder, pourquoi même cette interrogation lui vient à l’esprit. Évidemment, elle ne connait rien des liens qui le lient à cet endroit, des souvenirs qu’il y associe. Faisant quelques pas dans le couloir, elle demeure un peu bête au milieu, n’osant pas s’engager dans une quelconque direction et laissant à Lance le plaisir de reprendre le contrôle. Elle frissonne, ressert ses bras contre son corps et, l’espace d’une brève seconde, se perd dans ses pensées. Elle revient à elle en remarquant un décalage entre les papiers peints, et part dans un grand éclat de rire :
- Mince, je ne me souvenais pas qu’on avait si piètrement caché nos bêtises ! Tu t’en rappelles ? s’exclame-t-elle d’un air excité, les yeux pétillant, alors que la scène lui revient en tête.
Le groupe d’amis s’étaient lancés dans une bataille absurde qui avaient entraîné une baguette plantée dans la porte, une griffure sous l’oeil de Carys, quelques cheveux éparpillés tout le long du couloir, des fous rires à ne plus pouvoir les compter mais, surtout, ce pan de mur qu’ils avaient d’une façon ou d’une autre abîmé, et qu’il fallait absolument réparer - et sans magie Merlin - d’ici le retour des adultes. Voilà une bande d’amis bien embêtée, et Orion d’assurer qu’un peu de papier peint et de colle appliquée à la moldue suffirait pleinement.
- Je ne comprends vraiment pas comment on a pu imaginer que ça ne se remarquerait pas ! Ta mère ne t’a jamais rien dit ? s’interroge-t-elle, la voix toujours bercée de rire.
Au souvenir de la mère de Lawrence, son sourire s’étiole quelque peu, et elle reprend, plus doucement, les doigts se glissant avec réconfort sur le bras de Lawrence :
- Comment se porte-t-elle, d’ailleurs ? Et tes soeurs ? Tu sais très bien qu’elles peuvent passer me voir quand elles le souhaitent, tout autant que toi, n’est-ce pas ?
Et un dernier sourire, toujours un sourire, d’une tendresse infinie.
(1176 mots, réponse délai court, je mets en page en repassant sur ordi dans la semaine <3 )
Sans surprise, il était particulièrement mal à l’aise. Il continuait de penser que cette escapade était une bonne idée. Il était même content d’être là. Après tout, il fallait qu’il recommence à sortir de sa zone de confort. Il n’avait jamais été particulièrement sociable, même avant. Mais il se demandait s’il n’avait pas fait un trop grand pas. Il chassa ses pensées de son esprit, alors qu’ils grimpaient l’escalier, Carys en tête. C’était bête. Il appréciait Carys, tout allait bien se passer. Comme si elle avait lu dans ces pensées, elle lui offrit une distraction.
Il mit quelques secondes avant de saisir de quoi elle parlait, mais suivant son regard, il finit par comprendre. Il avait complètement oublié cette histoire. Il sourit, alors que la bande de papier peint en complet décalage avec le mur – et qui tenait encore, Lance ignorait par quel miracle – lui rappela l’incident. Et les sueurs froides qui avaient suivies.
- Étrangement, non. Mais je crois qu’elle l’avait laissé comme ça exprès, réalisa-t-il soudainement, en guise de souvenir.
Il n’était de toute façon jamais revenu dans cette maison depuis ce weekend entre amis. Il soupçonnait que sa mère non plus. Sa mère n'aimait pas l’endroit et son père avait rapidement été occupé par son rôle auprès de Voldemort. Puis, il était mort. Il chassa ses pensées sombres d'un mouvement de la tête. Ce n’était pas le moment de penser à ça.
- Je suis impressionné qu'il tienne toujours, conclut-il en se gardant de toucher le bout de papier peint. Et dire qu’on s’était moqué de Orion. Le temps a prouvé qu’il avait raison, à la longue.
Il envisageait maintenant sérieusement de laisser ce petit bout de souvenir survivre à une éventuelle rénovation. Il garda l’idée dans un coin de sa tête en doublant Carys dans le couloir. De ce côté, deux chambres, qui donnaient chacune d'un côté différent de la maison.
- C’est celle-là qui est inhabitable, dit-il en montrant la porte de gauche.
La fameuse qui avait le plafond qui partait en morceaux. Il n’ouvrit pas la porte. Même s'il n'y avait pas de danger imminent, le trou au plafond rafraîchissait drôlement la maison. Entre la température peu élevée dehors et le vent qui balayait la falaise, il valait mieux garder la porte fermée.
- La salle de bain est là, dit-il en montrant la porte du milieu, qui faisait le bout du couloir. Elle est entièrement à toi, j’en ai une en face.
Il montra la porte qui faisait miroir de l’autre côté du couloir. Il dédaigna rapidement la salle de bain, qui n’avait rien de bien intéressant pour ouvrir la porte de la chambre en face, avant de s’éclipser pour laisser passer Carys.
- De mémoire, tu as de toute façon toujours eu une préférence pour la vue sur la mer.
La chambre était impeccablement faite, comme Lance l’avait demandé à l'elfe. Des braises sans la cheminée répandaient une douce chaleur dans la pièce. Un sortilège sur la cheminée faisait en sorte que l’évacuation de la fumée se fasse correctement. La tapisserie bleutée qui recouvrait la partie supérieure des murs était en accord avec la literie bleu foncé. Une bibliothèque en bois blanc contenait encore quelques romans d’adolescent. La porte-fenêtre donnait sur une petite terrasse avec la vue sur la mer. Normalement la chambre de l’un des jumelles, qui avait insisté pour que sa chambre soit refaite aux couleurs de sa maison, elle serait celle de Carys pour ce weekend.
- Tu veux que je te laisse t’installer ? lui demanda-t-il.
Il ne savait pas bien – sur l’échelle de la prévenance – s’il n'était pas un peu trop proactif. Il n’avait pas le souvenir d’avoir dû se poser ce genre de questions, avant. Il lui semblait que le contact social était plus simple dans le passé. Ou peut-être qu’il ne se souvenait pas ? Il n’était plus sûr de rien, alors il choisissait l’option de poser des questions. Il espérait juste ne pas passer pour un demeuré.
- Ma chambre est de l’autre côté du couloir, du même côté que la tienne, si jamais, dit-il en accompagnant la parole d’un geste. Et évidemment, n’hésite pas à appeler l’elfe de maison si jamais. Elle s’appelle Kylma.
Il resta planté là, un peu mal à l’aise, attendant sa réponse. Lance avait déjà installé ses affaires en arrivant, pour sa part. Mais ils avaient encore la journée devant eux, le weekend même pour profiter du soleil qui rayonnait dehors. Il n’y avait pas grand-chose à faire ici, mais Lance avait bien réfléchi à quelques idées d’activités pour le weekend. Comme des jeux de sociétés, ou une balade sur la falaise.
Le papier peint recollé, en léger décalage de celui appliqué par magie, semble étrangement la narguer, reflet d’un temps passé qui ne sera plus. Elle détourne la tête pour apprécier le sourire de Lance, qui semble avoir perdu quelque peu de la tension qui lui mange le dos, rigidité de l’homme mal à l’aise, marchant presque sur des oeufs.
- C’est un doux souvenir, c’est sûr, renchérit-elle lorsque Lance lui apprend que sa mère n’y avait pas touché.
Son sourire lui mange toujours le visage alors qu’il lui rappelle combien ils s’étaient tous moqués d’Orion. Ce chenapan de sorcier, voulant qu’une bande de sang-purs comme eux se prêtent à un exercice de moldus. Où diable avaient-ils trouvé le nécessaire, d’ailleurs ? Le souvenir lui est totalement flou, ce simple pic de fou rire lui étant revenu en tête.
- Je ne sais même plus comment on s’était débrouillés, tu sais ? Mais oui, heureusement qu’on l’a écouté, finalement !
Ils s’adressent un dernier regard, plein de nostalgie, puis Carys se décale pour que Lance poursuivre la visite guidée. Il fait quelque pas et lui pointe la porte de gauche, indiquant qu’il s’agit de la chambre inhabitable. Vu qu’il n’ouvre pas la porte pour lui montrer l’étendue des dégâts, Carys préfère ne pas imaginer ce qui se trouve derrière et se contente de grimacer. Il enchaîne bien vite avec la salle de bain, qui lui est réservée, et elle a un petit sourire satisfait. Son sourire se transforme en un air véritablement ravi lorsque Lance l’invite dans sa chambre, et sans trop porter attention au reste de la chambre, elle se précipite immédiatement vers la porte-fenêtre. Elle hésite à l’ouvrir aussitôt, mais se contente d’apprécier avec un air presque amoureux la vue magnifique qui s’offre à elle.
- Tu te souviens bien, c’est magique ! Merci d’y avoir pensé, ajoute-t-elle aussitôt en se retournant vers lui.
Cette attention la touche véritablement, et elle se demande presque pourquoi elle s’en trouve surprise. Si Lance a toujours été sur la réserve, peu à l’aise avec les bavardages sans raison, Carys et lui ont toujours été à l’écoute l’un de l’autre, sensiblement proches, et il n’y a aucun doute sur le fait qu’elle lui ait tartiné la figure de combien elle aime la mer. Un sourire doux aux lèvres, elle continue son petit tour de la chambre, réconfortée par la douce chaleur de la cheminée allumée. L’ensemble est d’un beau bleu Serdaigle, et cela ajoute une onde de bonheur au plaisir de la jeune femme. Elle a l’impression d’être de retour au lycée, plongée dans Poudlard, à partager un après-midi de bonheur avec un de ses meilleurs amis. Elle note du coin de l’oeil son sac posé près du lit, l’elfe de maison a été très réactive et discrète. Elle hoche la tête lorsque Lance lui indique le prénom de l’elfe, et Carys lâche un petit “Elle a l’air très douée”, avant de sortir sa baguette magique :
- J’en ai pour quelques secondes, un petit coup de baguette et mes affaires vont s’organiser comme des grandes filles.
Elle joint aussitôt le geste à la parole : ses vêtements se glissèrent en vitesse dans les placards de libre, ses produits de beautés se posèrent sur une coiffeuse, et un châle vient se glisser autour de son cou, la faisant frissonner. Elle se tourne alors vers Lance et ses yeux pétillent alors qu’elle demande :
- Tu as prévu quelque chose de particulier pour aujourd’hui ? On peut faire une ballade, j’ai ramené des gâteaux gallois pour nous requinquer à mi-parcours !
D’un mouvement, elle s’assoit sur le lit, en apprécie la souplesse.
- Mais on peut aussi s’y mettre et voir comment on peut tout remettre en état ! L’anniversaire d’Orion tombe un peu plus tard dans le mois, ça pourrait être amusant qu’on s’y retrouve tous, comme à l’époque, reprend-elle alors, avec un petit air excité sur le visage. On pourra se rejoindre ailleurs, mais ce serait l’occasion de voir où tout le monde en est de sa petite vie, vu que nos retrouvailles de Poudlard ont été un peu abruptes et si on en fait la surprise à Orion, il nous sera dévoué au moins jusqu’à la fin d’année, ajoute Carys, un petit sursaut de rire lui échappant.
Lance avait presque oublié combien l’enthousiasme de Carys était communicatif. Le sourire lui vient tout naturellement alors qu’il la laisse visiter la chambre. Mine de rien, il réalisa maintenant combien ses amis lui ont manqués. D’abord Orion et maintenant Carys. Toujours sur le pas de la porte, il observa, non sans une certaine admiration, le balai des vêtements et autres affaires et esquive de justesse une chemise – parfaitement pliée – qui avait visiblement décidé de prendre un chemin détourné vers le placard.
- Il faudra que tu m’apprennes ce sort à l’occasion, dit-il en rigolant. Je n’ai jamais été très doué pour les sortilèges ménagers et vu qu’il y a toujours eu un elfe de maison au Manoir… je n’ai jamais eu à pratiquer.
Il préféra garder pour lui qu’il préférait généralement ranger ses affaires sans magie s’il n’y avait pas un elfe de maison pour s’en occuper. Ça ne l’aidait pas beaucoup à pratiquer, il en avait conscience, mais au moins, la vaisselle était entière et ses chaussettes ne restaient pas collées au plafond de leur propre volonté. Véridique. Il ne racontait pas souvent cette histoire, car elle impliquait souvent de raconter le passage où il avait dû décrocher les-dites chaussettes. Mais même si ce n’était pas prévu qu’il habite seul d’ici un moment, ce genre de sort était toujours utile.
Le lit grince légèrement lorsque Carys s’assoit dessus, ce qui sort Lance de ses pensées. Le mobilier n’était pas de première jeunesse non plus. Il devait bien avouer que la restauration de la maison – bien qu'étant une réelle raison – aurait tout aussi bien pu être un prétexte pour y passer un weekend en compagnie d'une amie. Mais il avait toujours été maladroit pour exprimer ses sentiments. Il n'avait juste pas été élevé comme ça. Son passage prolongé à Azkaban, l'ayant profondément éloigné de la société, n'avait pas arrangé la situation. Certes, il était content que Carys ait accepté. Mais il avait aussi peur de faire une bourde et de ruiner le weekend.
- Je pensais aussi à une balade. On pourrait profiter de ce qu’il fait beau aujourd’hui, proposa-t-il. Je n'avais pas anticipé que le vent serait aussi glacial. Mais, d’après Kylma, le journal moldu annonce une météo encore moins clémente pour demain.
Il n'y avait pas beaucoup de sorciers installés dans le coin. L'une des raisons pour laquelle il considérait sérieusement conserver la maison. Elle faisait un bon endroit pour s'isoler. L'inconvénient, si tant est-il que c'en soit réellement un, c’était qu'il fallait se reposer principalement sur le village moldu que la maison surplombait. L'elfe de maison avait le choix de soit s'approvisionner loin, soit – et Lawrence avait piqué la technique d'Orion – elle pouvait déguiser son apparence, pour passer pour une vieille dame. De toute façon, les moldus du village pensait déjà que les habitants de cette maison étaient des fous. Ils n’étaient pas à une anormalité près.
- On pourra s’occuper de la maison demain. Et puis, je suis certain qu’il y a un jeu de bataille magique et un jeu d’échecs dans la maison. Il faut juste trouver où.
Il y avait de fortes chances qu’ils doivent aller fouiller dans le grenier. Une grande partie des objets dans la maison y avait été déplacé lorsqu’il avait arrêté d’être utile. Mais un bon jeu de société était toujours utile. Et de mémoire, Carys lui avait déjà mis des sacrées dérouillées à la bataille.
- C’est ce mois-ci ? demanda-t-il, pris par surprise. J’avais complètement oublié. Tu as une idée ?
Pour être franc, il n’était pas sûr d’avoir encore la date de noté quelque part. Il n’était pas le meilleur pour organiser les évènements, mais il apporterait sa contribution avec grand plaisir. Il était vrai que les retrouvailles à Poudlard avaient légèrement entachée par l’attaque. Mais il avait tout de même réussi à croiser la majorité de ses amis.
- On en sait plus sur ce qu’il s’est passé à Poudlard ?
Lorsqu’il avait quitté l’enceinte de l’école, les informations étaient encore vagues et se contredisaient. Même s’il avait vu l’attaque se dérouler sous ses yeux, il ignorait ce qu’il s’était vraiment passé. Il ne lisait pas tellement les journaux, du moins, pas assez assidûment pour avoir réussi à glaner des informations supplémentaires. Carys travaillait au Ministère, elle devait sûrement en savoir plus… même s’il se doutait que son département n’était pas directement concerné.
Carys a un petit rire lorsque Lance lui fait remarquer son aptitude ménagère. Elle lance un regard à ses vêtements qui font leur petit bout de chemin, tout sagement, bien proprement, et se penche vers Lance, murmurant :
- Il ne faut pas le dire, mais j’ai un peu traficoté le sortilège pour qu’il soit plus docile. C’est associé à un geste de la main différent de ceux qu’on nous apprend habituellement pour ce sort, un geste plus sympathique, comme si tu remerciais ta baguette de faire l’effort pour toi… toutes ces nuances jouent énormément, tu verras, quelque petits mauvais coups et chaussettes perdues sur le lustre, puis tout se passera au mieux, ajoute-t-elle alors avec un autre sourire.
Si elle n’a pas le temps de s’acharner à décortiquer les sortilèges de plus haut niveaux hors de son lieu de travail, ce genre de petits sorts est finalement des plus sympathiques à travailler. Quelques heures à se retourner le crâne, quelques modulations ça et là, et voici un sort de base encore plus agréable à manipuler. De quoi occuper ces samedi soirs de façon plus agréable que de se morigéner de la soudaine mise en couple de son amant régulier ou des milliers de problèmes de famille qu’elle semble vouloir se coltiner. Retenant un soupir, elle laisse la bonne humeur la gagner à nouveau, déterminée à profiter de cet instant suspendu entre amis, et s’assoit sur le lit.
Elle ne sait pas si Lance était sérieux lorsqu’il l’avait invitée à venir voir le manoir, ou si c’était une façon détournée pour ce bougre d’handicapé des sentiment de l’inviter à passer, tout simplement, du temps avec lui — mais pourquoi pas vraiment mettre à profit sa présence dans ces lieux ? Elle sent tout de même un petit frisson d’excitation lui remonter la colonne vertébrale lorsqu’il annonce avoir pensé à une balade également. Rien ne l’excite davantage — ou presque — que l’idée de se promener sur les côtes de son pays. Entre les falaises escarpées, le vent qui gifle les joues et vivifie, les rires des discussions, l’air frais de la mer et la beauté des paysages, que pouvait-on demander de mieux ?
- Il vaut mieux qu’on bouge aujourd’hui, autant je n’ai rien contre un bon coup de vent, autant faire la côte sous la pluie c’est déjà moins glorieux, confirme-t-elle avec un sourire discret. Pour le vent, on pourra se mettre quelques petits sortilèges de protection dans les manteaux, si tu n’as rien contre ? C’est du style de ceux qui sont utilisés par les joueurs de Quidditch… tu te souviens de Siobhan, elle était à Serdaigle avec moi ? Elle était dans l’équipe et terrible en sortilèges, j’étais de mission avant chaque match et entraînement venteux et pluvieux, confie-t-elle avec un petit rire, donc ne t’en fais pas, je maîtrise !
Elle se relève et fait quelque pas en direction de la fenêtre, s’abreuvant du fracas de la mer sur la falaise. Ses yeux se mettent à pétiller lorsque Lance fait référence aux jeux de société, et elle se retourne aussitôt vers lui :
- Oh Merlin, ça fait si longtemps que je n’ai pas joué à ces jeux. Ils n’en raffolaient pas en France, soi-disant trop bruyant… j’ai hâte de t’exploser, fanfaronne-t-elle aussitôt, son esprit d’enfant taquin la prenant de suite au souvenir de ces temps plus simples où la carte la plus forte avait tout contrôle sur son destin.
Carys ne peut que repenser alors à toutes ces soirées, dans le parc de Poudlard ou au chaud dans un des canapés d’une salle commune, entourée de ses amis les plus proches, le sang chaud de l’envie de les battre, et la gorge abimée d’avoir trop ri ou trop crié de la mauvaise foi de chacun — et peut-être parfois même pour défendre la sienne. L’envie de les avoir tous réunis près d’elle lui revient et elle ne peut s’empêcher d’en faire part à Lawrence, souriante.
- Oui c’est fin Octobre, si je ne me trompe pas ! Je n’ai jamais été très douée avec les dates, à son grand désespoir, mais ça pourrait être une bonne occasion tu ne penses pas ? Il faudra que je voie si je peux mettre des gens au manoir, peut-être… ou alors on pourrait fêter Noël tous ensemble, qu’en penses-tu ? Peut-être pas la date même, vous avez tous vos familles… mais ça me ferait énormément de bien d’en fêter un avec vous. Ça te tenterait, toi ? On ne serait pas très nombreux, juste de quoi se sentir bien, de boire un coup, de manger bon.
L’idée se faisait déjà son bout de chemin dans son esprit, et Carys ne peut empêcher les roulis de son cerveau de tout mettre en place. La liste, les invités, la nourriture et - ah, mince, avoir l’autorisation de Yolanda. Ça lui donne la nausée, de devoir en faire ainsi, de devoir la recontacter, déjà, aussi tôt, pour cela, après leur dispute, après ce qui s’était passé avec Moira, pour lui demander, comme une fleur, si elle pouvait fêter Noël chez elle. Elle est prise au dépourvu lorsque Lance oriente la conversation sur Poudlard et l’attaque qui a eu lieu, grimaçant.
- Malheureusement je n’en sais pas grand chose. Ils ont monté une équipe Ministère-Poudlard pour étudier la carcasse de la chose qui a été terrassée, mais même si j’étais sur le projet, tu te doutes bien que je ne pourrais rien t’en dire… Oh, mais tu parles certainement plus des coupables ! réalise-t-elle soudain avec un rire. J’ai entendu les noms des Carrow, mais je n’en sais vraiment pas plus… je t’avoue que j’ai un peu eu la tête ailleurs ces derniers temps, je ne sais pas trop pourquoi.
Elle se redresse légèrement et fait craquer ses épaules. D’une main distraite, elle replace son châle correctement, et repose son regard sur Lance, osant doucement :
- Tu penses que les Carrow pourrait être derrière cela ?
Carys s’adosse contre la fenêtre, retenant un frisson au contact froid de la glace, et observe tranquillement son ami, quelque peu intriguée. Des deux il était malheureusement plus à même à lui indiquer cela. (1023mots)