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Maître et apprentie ~ pavel
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Dim 24 Mar - 23:39
Joues pincées par le froid du petit matin. Effluves de la gelée qui s'accroche encore aux vitres et aux brins d'herbes. Les feuilles mortes croissent sous les semelles. Une mèche échappée de ma tresse caresse ma nuque. Conversations en cours autours de moi, un rire parfois. Les couleurs des écharpes éclatent à mes pupilles attentives. Claquements de mon manteau sous le vent. Jupe longue couleur d'eau verdoyante enroulée autour des jambes. Pull noir contre le froid. Doigts de la main droite posée sur la margelle de pierre, froideur de la peau contre froideur de la pierre. Pas de gagnant. Chaleur dans ma main gauche. Douceur du tissus de la poche, craquement de la lettre de ma mère entre mon pouce et l'index. J'en parcoure les plis et replis tant en gestes qu'en esprit. Les mots s'en sont imprimés sous mon crane. Il me semble entendre en pensée jusqu'à la moindre inflexion de sa voix.

Pas après pas rejoindre le groupe d'élève partant pour Pré-au-lard. Le sourire à mes camarade est assez machinal. Une nouvelle fois ne rien montrer, dissimuler ce qui me pèse. Et il me pèse ce quasi inconnu au bout de ma route d'aujourd'hui. "Parce qu'il te faut quelqu'un pour achever ta formation et que cet homme connaissait Jack, il est de sa famille. Il saura prendre sa suite comme il convient." Ô maman ! Si tu savais à quel point je redoute cette suite. Au moins Jack savait mon dégoût à défaut de l'accepter ou de le comprendre. Que sait cet homme de moi ? Que sais-je de lui ? Pas grand chose si ce n'est que c'est un assassin. Unique point commun en focale. J'ai peur de l'affronter. Ce qui ne dois surtout jamais me paralyser. "Nous gagnons en force, courage et confiance dans toutes les expériences où nous regardons la peur en face". Merci à toi Eleanor Roosevelt pour ces mots dont je me pare comme d'un mantra. Voilà ce qui se doit de m'arriver en ce jour, force, confiance et courage.

Je respire lentement. La marche jusqu'aux calèches me fait du bien. Chasser l'avenir pour n'être qu'au présent. De nouveau moi-même. Toute entière. J'échange avec les autres passagers avec l'insouciance de ma jeunesse. Je fais rapidement un passage à Honeydukes pour y renouveller mon stock de friandise puis me rend sans me presser à mon rendez-vous avec monsieur Pavel Monroe.

Je ne sais pas à qui appartient la maison. Un Euthanatoi ? Est-ce seulement une location qua d il y en a besoin ? La main posée sur la porte de la petite barrière en bois j'observe le petit jardinet bien entretenu maintenant ensommeillé avant l'hiver. Parfaite allégorie de ma tradition. Des souvenirs de Jack me reviennent. Mais je ne les laissent pas s'installer. Un fantôme n'a rien à faire dans ma vie. Il s'accroche, mais je finirais par le vaincre et le chasser.

Deux marches en guise de perron vites gravies, je toque à la porte et pousse l'huis avant d'entrer comme si j'étais chez moi, ou attendue. En un sens (ou deux) c'est le cas. Sur mes gardes tout de même. Certains n'hesiteraient pas à me mettre à l'épreuve dès cet instants. Le couloir et le salon n'ont pas changés. Seulement la tête de mon mentor. Malgré moi je cherche des signes me faisant penser à son prédécesseur en lui.

Ainsi placée devant lui je joins mes mains paume contre paume devant ma poitrine, bien droites et verticales avant d'incliner le buste.

Moi la métisse c'est là un geste que je ne fais qu'en présence d'autres Eutanatos. Le monde occidental a oublié ce type de salutation ancestrale. Ils baignent dans un monde qui veut mettre tout le monde sur le même pied et dénigre le respect de celui qui possède le pouvoir. S'incliner, faire la révérence, c'est offrir a l'autre un point faible et lui montrer que l'on vient en paix, sans arme. Un souhait de bienvenue dans l'âme et dans le corps.

"Bonjour monsieur Monroe. Mes respects pour la perte de votre oncle."


Je commence à détacher l'écharpe à mon cou avant de jauger plus avant mon nouveau maître.

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Mar 2 Avr - 20:30


MAÎTRE & APPRENTIE




Le coeur palpite d’une étrange exaltation. Étrange et teintée d’angoisse. Voici six jours qu’est tombée la nouvelle, glissée entre la poire et le dessert par un conseil soucieux. « Eh, au fait, Pavel ? Tu vas prendre en charge l’apprentie de ton oncle. » Frayeur. Les derniers mois ont été éprouvants, terrifiants à bien des égards. Ma couverture au Ministère s’est faite ténue soierie qu’un simple coup de griffes pourrait déchiqueter, Archibald Rosier m’a pris à son service au département des Mystères, le Ministre m’a eu un peu trop à l’oeil, et que dire de cette malheureuse rencontre avec Augustus Rowle le vampire ? Non, vraiment… ces derniers mois ont étincelé par la délicatesse des situations que j’y ai vécues… Alors quoi ? Les Dieux ont-ils songé qu’une apprentie de surcroît ne serait pas de trop ? Assurer la sécurité d’une petite tête brune en plus de la mienne ? Gageure.

Les patounes argentées d’un chat tigré frôlent les tuiles ceignant les toitures. Bond, rebond. Le félin poursuit sa course. Je devrais peut-être rester coincé sous cette forme animale, juste pour pouvoir échapper à toutes ces responsabilités. En vérité, je vous le dis, je suis terrorisé. Plus encore terrorisé par cette petite que je dois rencontrer aujourd’hui même que par le vampire dont j’ai du endurer la présence au cours des dernières semaines. Être responsable d’un roseau frêle m’inquiète bien plus que mon propre sort.

Qui est-elle, cette Ijaya Stone ? Élève à Poudlard, porteuse des tatouages, disciple de mon oncle. Je ne sais rien d’autre, et cela m’apprend pourtant déjà de nombreuses choses : comme Snejana, mon amie d’enfance, elle a goûté aux tentations de l’Ordre d’Hermès, posé les mains sur leurs baguettes magiques, entendu les discours sirupeux et tentateurs des grands vainqueurs de l’histoire du monde de la sorcellerie. Runes et signes gravés à même la peau ont été effacés par les pratiques nouvelles de ces sorciers de pacotille. Que reste-t-il pour nous, sinon d’infimes recoins ombragés où se cacher.

Redevenu homme, chemise sur le dos, papelard à la main, j’avise, circonspect, la demeure lovée dans une ruelle de Pré-au-Lard. C’est là que je suis censé rencontrer la petite jeunette que mon oncle protégeait si jalousement que c’est à peine si mon père et moi avions connaissance de son existence. Je suis un peu à l’avance. Les paumes effleurent de vieux meubles défraîchis. Picotent les énergies magiques dans une bouillasse que je ne parviens pas à identifier. Un lieu de passage des miens. Un lieu de rencontre. Il est très probable que personne ne vive vraiment là.

Frôlement. Froissement. Presque un instinct. Je me retourne. La petite est sur le pas de la porte, entre, se coule dans la salle. La mine est imperturbable, le corps élancé, un peu raide. La position respectueuse. Un salut, une voix de crécelle qui chuinte dans les ténèbres.

« Bonjour monsieur Monroe. Mes respects pour la perte de votre oncle »

Mélange policé des coutumes. Snejana aussi était comme cela, plus jeune. Respectueux salut à l’ancienne, appellation récente « monsieur ». Coup de vieux, s’il en est. Personne, ou presque, ne m’appelle « monsieur ». Les gobelins, parfois, ou cet étrange briseur de sorts que j’ai déjà croisé à une ou deux reprises. Archibald Rosier, aussi, lorsqu’il a une idée derrière la tête – ce qui arrive perpétuellement.

Je lui rends souplement son salut, un mince sourire sur les lèvres. La voix roule, posée.

« Bonjour Ijaya. Mes respects pour la perte de ton maître. Tu as sans doute connu mieux que moi l’homme que fut Jack Monroe. Mon père et moi n’en étions pas très proches. »

Paume ouverte désigne la table où s’installer. L’adrénaline pulse dans mes veines. Qui veut obtenir la confiance d’autrui doit commencer par lui accorder la sienne. S’asseoir face à elle, les deux mains sur la tables, jointes placidement.

« Je m’appelle Pavel Monroe. Tu peux me tutoyer, je n’ai que trente-et-un ans. Je travaille pour le moment au département des mystères. Mon père est Gideon Monroe, le plus jeune frère de Jack, mais il a déjà un apprenti. C’est pour cela que l’on m’a confié la tâche de t’épauler et de t’apprendre à employer les tatouages que tu as gagnés. »

Mon père aurait dit « reçus », mais je ne l’ai jamais vécu de la sorte. N’ai-je pas du plonger la lame dans le coeur de ma mère pour être marqué à mon tour ?

« Qui était-ce à tes yeux ? »

Non pas Jack, mais lui. Ou elle. Sa première victime. Celle par qui tout commence toujours.

701 mots

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Mar 2 Avr - 22:13
Le nœud de fibre de laine coule entre mes doigts. Avec des gestes maîtrisés, presque jusqu'à l'absurde, mais fluides je dépose l'écharpe sur le dossier en bois d'une chaise. Celle qui se trouve en face de lui. Mes yeux ne le quitte pas un seul instant alors qu'il me rend mon salut. Mes paroles. Mes inflexions. Reflet qui se brise par d'autres mots. Et c'est heureux. Si cela avait été Jack là me présentant ses respects - pour sa propre mort rappellons-le - je lui aurait jeté mon dédain avec colère. Ou bien fondu en larme. Au final que cet homme ne l'ai pas connu plus que cela me convient. Je peux chasser le fantôme une nouvelle fois. Présenter un visage serein. Acceptant d'un battement de cil ce bref instant de recueillement.

Le manteau rejoint la chaise avant que je ne me glisse souplement à ma place désignée. L'impression que mon tatouage palpite au rythme de ma respiration. Pourtant à observer la sienne il semble calme. Je prend délibérément la même posture que lui.

Premier sourire, presque un rire. Tu as le double du mien d'âge. T'en rends-tu comptes ? Pour moi c'est une vie entière. Ou étais-tu lorsque tu avais quinze ans ? Quand tu as passé La Cérémonie ? As-tu connu la même euphorie que moi ? Le même désespoir ? Je regarde cet homme et j'essaye de m'imaginer à sa place dans le double de mon age. Aujourd'hui je n'y voit que noirceur et aigreur dans cet avenir. J'ai peur de devenir cela. D'oublier le rire. Jack m'a toujours semblé ainsi. Altier mais revêche ; sombre dans ses colères ; précis dans ses explications ; arguties et subtilités. Mais de rire point.

Apprendre à employer mes tatouages. Oui. Le tatouage. Ma main gauche remonte vers mon épaule droite et frôle ma clavicule. Et non la magie. Il me semble l'avoir tellement étudiée sous toutes ses coutures durant ces dernières années. A être persuadée de la maîtriser entièrement. A moins que cela ne soit elle qui m'est étudiée tout ce temps. Intimité platonique que majeure aux yeux des miens je me permets maintenant de pousser plus loin. Découvrant que j'aimais cela.

La dernière question enfin avant son silence. Je m'y attendais mais finalement pas assez préparée.

"Il n'était rien pour moi."

La phrase est sortie comme un serpent à l'attaque. Quelque cobra se jouant d'une conjugaison. Je reprends plus posée.

"Un mage noir. Un autre tueur. Un sauvage. Je ne voulais rien savoir de sa vie. Mais Jack ne m'en a pas laissé le choix. Il avait comprit que jamais je ne pourrais laisser un tueur d'enfants repartir libre. - Je souris sans joie aucune tandis que mes yeux flamboient d'une fureur noire. - Comme Jack au final. Il ne pouvait pas deviner pour l'enfant à naître. Mais quel... ironie."

Je ne sais pas si mon fantôme s'en serait voulu après coup s'il était resté en vie. Mais une chose est sure, je ne l'aurais pas lâché avec ce "détail". Nos disputes seraient montées d'un cran au moins. Je reprends avec une tranquille reprise de mes émotions mon récit. De façon quasi analytique.

"Il est mort. La cérémonie s'est déroulée parfaitement bien. Je lui en veux beaucoup de revenir me voir la nuit dans mes songes avec ses yeux entre fureur et peur et sa bouche bavante d'injures. Mais autant être claire tout de suite avec vous. Il y a des jours ou je hais ma propre mère pour m'avoir toujours poussée dans cette voix. Mon père pour l'avoir laissé faire. Votre oncle pour ce qu'il a fait de moi. Et moi-même pour ce que je suis."

J'ouvre les bras, paumes vers le haut.

"Pourtant je me refuse à renier ce que je suis. Ce que je vis. Le sang de cet être impur dans ma chair est une joie pure. Une fontaine ou me baigner sans honte, ni remord. Le Yin du yang. Voilà votre... ta matière première Pavel."

Je termine en reposant mes bras sur la table, un léger sourire aux lèvres tout de même. Et presque comme à chaque fois que je mets sur la tables mes atermoiements, la certitude d'être déjà à moitié folle.

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Sam 13 Avr - 11:46


MAÎTRE & APPRENTIE




Jauger… Cela fait des années que je m’efforce de le faire, d’analyser chaque mouvement, chaque sursaut, chaque oeillade. Ijaya n’est qu’une énigme de plus à résoudre. Par chance, j’ai toujours adoré les puzzles et les casse-tête. A la mention de magie et de tatouages, je vois la main de la gamine se porter à son épaule dans un geste presque mécanique. Les tatouages sont encore frais pour elle, il faut du temps pour les apprivoiser.

J’entends sa réponse, toute sa réponse. Les mots dégueulent de sa bouche, un mélange de froideur et de sensibilité. De hargne et de renoncement. De colère et de douceur. Moi non plus, je n’étais sans doute pas préparé. Qu’as-tu fait, Jack ? Je le savais de l’ancienne école… Mais pas à ce point. Je remercie les Dieux de m’avoir au moins épargné cela. Le sang qui coule sous mon derme, qui teinte ma peau, c’est au moins celui de ma mère. J’ai reçu mes tatouages par compassion, comme l’expression de la délivrance des souffrances de ma mère. Elle a reçu les siens comme une arme, comme une trace vengeresse.

"Il n'était rien pour moi."

Silence.

"Un mage noir. Un autre tueur. Un sauvage. Je ne voulais rien savoir de sa vie. Mais Jack ne m'en a pas laissé le choix. Il avait comprit que jamais je ne pourrais laisser un tueur d'enfants repartir libre.  Comme Jack au final. Il ne pouvait pas deviner pour l'enfant à naître. Mais quel... ironie. Il est mort. La cérémonie s'est déroulée parfaitement bien. Je lui en veux beaucoup de revenir me voir la nuit dans mes songes avec ses yeux entre fureur et peur et sa bouche bavante d'injures. Mais autant être claire tout de suite avec vous. Il y a des jours ou je hais ma propre mère pour m'avoir toujours poussée dans cette voix. Mon père pour l'avoir laissé faire. Votre oncle pour ce qu'il a fait de moi. Et moi-même pour ce que je suis. Pourtant je me refuse à renier ce que je suis. Ce que je vis. Le sang de cet être impur dans ma chair est une joie pure. Une fontaine ou me baigner sans honte, ni remord. Le Yin du yang. Voilà votre... ta matière première Pavel."

Ces actes marquent. Je le sais. Je le sens. Ils marquent et pèsent plus que de raison. Le premier sang ôté n’est jamais anodin. Ce premier geste teinte l’âme, engrave le corps. Qu’as-tu fait, Jack ?  Quel monstre de douleur, de regret as-tu créé ? Le coeur louvoie au bord des lèvres. Le labre se pince, la couleur s’affadit un peu sur les pommettes. Colère. Si tu n’étais mort, Jack, je t’aurais achevé moi-même ce jour-là au Ministère. La voix se mesure, l’esprit pèse chaque mot. Première épreuve pour moi. Première épreuve que de vivre de plein fouet un pan de ma culture que l’on m’a épargné.

« Jack comme mon père ont vécu la même expérience que toi. Le premier sang qu’ils ont versé était celui d’êtres malveillants, cruels, dangereux pour les autres et pour la société. Comme toi et comme bien d’autres avant eux, ils ont reçu leur tatouage à la suite d’un acte ‘pour le bien du plus grand nombre’. Tout le monde ne vit pas ce geste de la même façon. Certains comme Jack s’en enorgueillissent. D’autres, comme mon père, se sentent prisonniers de la colère et de la haine que cette première expérience de la mort leur a fait éprouver. Du dégoût, aussi, de savoir que le sang de tels êtres a servi à les tatouer et leur sert à canaliser leur magie. »

Les mains se joignent sur la table, doigts au repos, posés avec délicatesse les uns contre les autres. Entremêlement. Je force chaque muscle de mon corps à se relaxer, et la voix ne vacille à aucun moment. Comme c’est dur.

« Mon expérience a été un peu différente de la tienne, et c’est pourquoi je n’ai pas la prétention de comprendre ce que tu vis. Sache cependant qu’à tout moment, tu pourras me parler ou m’écrire de ce que tu veux, tout ce que tu veux, que cela concerne notre Tradition ou non. Mon rôle est de t’accompagner à travers tout ceci. Ma première victime a été ma mère. Elle avait un cancer incurable et il ne lui restait plus que quelques temps à vivre. Elle m’a laissé prendre sa vie et m’accompagne encore. Je n’ai donc pas eu à ressentir de dégoût vis à vis de mes tatouages, je n’ai pas eu de mal à accepter ce corps étranger sous ma peau. Je n’ai pas été obligé d’en vouloir à qui que ce soit de m’avoir imposé une cohabitation avec un être détestable à même mes chairs. »

Un temps de réflexion.

« Je n’ai pas la prétention de te comprendre, mais je peux t’écouter, et je le ferai. La première chose que nous allons travailler ensemble, c’est ça : ta relation à nos traditions, à tes tatouages. Ce n’est qu’en étant en paix avec toi-même que tu pourras véritablement progresser. Permets-moi de te poser cette question : que veux-tu faire de ta vie ? »

Question difficile. Bien des adultes ne savent y répondre.

859 mots

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Sam 13 Avr - 15:11
Après mon épanchement c'est à son tour de se confier. Et c'est un changement. Jack ne se confiait pas il imposait. Il dirigeait. Est-ce que ce changement sera bon pour ma formation par contre ? Cela je ne le sais pas trop. J'ai toujours su à quoi m'attendre. Même si le vivre a été différent de ce que je pensais. Et cela pour une autre raison que mon ancien mentor.

"Ma mère... Ma mère est un ange de la mort aussi. Dans son pays elle est "celle qui sacrifie". Elle n'a pas eue le choix non plus. Mais elle en a fait une force. Ceux qui souhaites mourir, par souffrance ou pour le bien de leur famille, viennent vers elle. Quand elle me raconte le mélange de dégoût et de fascination dont elle était l'objet tant de la part des moldus que des sorciers, j'ai maintenant l'impression que c'est de moi qu'elle parle. Et elle voudrait que je sois comme elle."

Voilà ce que pourrait être l'un de mes devenirs pour répondre à sa question. Choisit par la Reine Indienne. A côtoyer la souffrance des autres pour mieux l'absoudre. Enfant je trouvait cela merveilleux. Ma mère était la sorcière des contes avec la beauté des princesses. L'envoyée de Yama, le dieu non seulement des morts mais de la mort, sur cette terre. Elle connaissait le chemin de la mort et était capable d'y mener les âmes des vivants, les y laisser et en revenir.

Je passe mes mains sur mon visage avant que mes doigts ne redescendent le long de mes joues telles des larmes sèches. A moi, encore à moitié fillette, ce chemin me parait à la fois dur et rugueux mais aussi facile. Parce que c'est ce que l'on ma inculqué. Parce que je sais en avoir les compétences sinon les appétences. Douloureuse vérité s'il en est. Comment se sentir bien quand on sait que l'on peut si facilement devenir la fée Maléfique ou la méchante reine, quand les autres s'identifient à la princesse. Être Jack ou le père de Pavel ?

Petit rire sans joie. Il est temps, plus que temps d’alléger un peu l'atmosphère. Je rejette en arrière une mèche de cheveux et sourit.

"Je prétends vouloir devenir théoricienne de la magie devant mes camarades. Ce qui ne les choque pas parce que je ne me suis jamais préoccupée de jeter un sort correctement avec ma baguette alors même que j'étudie sans cesse, le nez dans des bouquins. C'est très drôle de les voir s'étonner que je sois capable de leur expliquer parfaitement les applications d'une formule arithmantique sans paraitre parvenir à le lancer moi-même.
Ou je dis que je veux être pâtissière, guide touristique ou professeur de yoga."


Le genre de truc qu'une cracmol peut faire. Je pose les coudes sur la table et entrelace mes doigts avant de poser mon menton dessus. Une petite lueur malicieuse dans les yeux et le sourire.

"En vérité je ne sais pas. Je pourrais sûrement leur montrer ce que je suis capable de faire, mais je ne le sais pas moi-même. Je ne suis même pas lasse de dissimuler à tous que oui je suis capable de lancer un sort comme tout le monde. Je me suis habituée à mon rôle de dernière de la classe."


Il dit qu'il sais écouter. Le voilà servit. Je m'ouvre complètement et avec une confiance totale. Ce qui m'est impossible même avec mes propres parents. Je n'ai jamais rien dissimulé à Jack et j'en ferais de même avec ce nouveau maître. Ils sont là pour me faire avancer au delà de moi. De ce que je suis aujourd'hui.

"Et toi ? Que fais-tu dans ta vie ? Comme Jack ?"

Sous-entendu es-tu toi aussi un assassin ? Voudras-tu faire de moi une Kali tout comme lui ? Même si cette image de la déesse de la transformation et de la destruction, hymne du changement et du temps qui passe et détruit tant les individus que les sociétés est à mon sens l'âme des Euthanatoï. Et je ne serais pas surprise un jour d'apprendre que les Thug, qui la vénéraient, étaient Eutha pour une bonne part.

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