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Car la nuit est sombre [Archibald & Moira]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 1257
pictures : Car la nuit est sombre [Archibald & Moira] B717b481cf18bbbfe428ae91148e4b8e
Mar 12 Mar - 16:41





flashback - avril 1998

- Papa ! Maman !
La porte se fracasse contre le mur, repoussée avec une telle violence que le coup résonne dans toute la maison. Dans le salon, Duncan bondit de son siège pour accourir dans l’entrée où il découvre sa fille échevelée, trempée jusqu’aux os, une main blafarde plaquée sur l’épaule et le regard fou de terreur. Son cœur s’arrête dans sa poitrine. Il lui faut une longue seconde pour sortir de sa torpeur et achever les derniers mètres qui le séparent de Moira. Il la récupère dans ses bras alors qu’elle s’appuie brutalement sur lui, épuisée. La main glaciale de la juge empoigne la musculature trapue de son père, s’agrippe aux mailles de son pull pour s’empêcher de tomber, et Duncan raffermit sa prise, la porte à moitié quand il entend des pas précipités à l’étage. La voix de son épouse résonne dans l’escalier.
- Duncan ? Qu’est-ce que…
- Eileen !
La voix alarmée de son mari la fait accourir jusqu’à l’entrée. Moira est si affaiblie qu’elle peine à se maintenir debout. La porte est encore ouverte sur la pluie battante qui tombe depuis plusieurs heures sur le Sud de l’Angleterre. Eileen porte une main à ses lèvres en s’écriant :
- Mon dieu… Moira !
Alors que son mari referme la porte d’un coup de pied, elle court rejoindre sa fille qu’elle soutient jusqu’à un fauteuil du salon avec Duncan. Son timbre tremble d’une peur qu’elle peine encore à bien appréhender :
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Je ne sais pas, elle est arrivée comme ça…
Un geste malheureux lui fait relever l’épaule de Moira qui laisse échapper un gémissement ignoble.
- Ne bouge pas son épaule ! Elle la tenait en arrivant…
- Seigneur…
Eileen peine à maintenir une voix égale. Elle lance, tremblant de tout son corps :
- Fais-la s’asseoir !
Duncan accompagne le mouvement de sa fille jusqu’au bout avec une infinie douceur, recueillant l’arrière de sa tête dans sa paume comme lorsqu’elle était enfant. Moira ne parvient pas à desserrer les dents. La douleur lance dans tout son bras jusqu’à son omoplate. Autour d’elle, le monde s’active sans qu’elle n’y prenne pas. Elle reste comme une ombre, complètement en dehors.
- Je vais chercher de l’eau.
Eileen s’échappe, mais son mari demeure impassible. Aucune brusquerie ne vient bouleverser ses gestes. Sa main reste posée sur la nuque de sa fille, laissée-là comme un ancrage dans la souffrance qu’elle traverse. Lentement, son pouce glisse jusqu’à la carotide pour prendre son pouls qu’il sait immédiatement très élevé. Sa respiration tremble un instant, mais il reprend contenance, tente d’insuffler à Moira le calme qu’il lui manque alors qu’elle lutte pour formuler ses premiers mots :
- Il faut partir…
Les sourcils de Duncan se froncent. Il murmure tout bas :
- Qu’est-ce que tu dis, sweatheart ?
- Il faut partir.
Frisson glacial. La sensation dévale son échine jusqu’à ses reins. Duncan se fige, ses pensées s’emballent. Il masse la nuque de sa fille en un réflexe désarmant alors que ses yeux la sondent, tentant de lire sur ses traits tout ce qui lui échappe.
- Partir ? Mais partir où ? Pourquoi ?
- Les mangemorts… Ils sont venus chez moi…
Brutalement, le tableau s’éclaircit. La peur de Moira. Sa blessure à l’épaule… Tout prend forme, faisant naître dans son esprit une vision si violente que Duncan doit fermer les yeux un instant pour contenir la bile qui lui monte à la gorge.
- Ils chercheront à m’atteindre d’une manière ou d’une autre. Je ne veux pas vous mettre en danger. Il faut qu’on s’en aille !
La voix de Moira devient plus claire à mesure qu’elle reprend son souffle. Ses yeux viennent croiser ceux de son père, si semblables aux siens, jusque dans la terreur qui s’y cache. Les secondes silencieuses s’égrainent alors qu’Eileen revient en trombe, un verre d’eau à la main.
- Bois ça, chérie…
Moira rechigne mais fait l’effort pour s’éviter un combat qu’elle n’a nullement la force de gagner. Elle ne parvient à avaler qu’une seule gorgée avant de repousser délicatement le verre et sa mère répète comme un mantra :
- Qu’est-ce qu’il s’est passé, Moira ?
La juge respire longuement, récupère son souffle, avant de gronder, l’air grave :
- Les mangemorts… Ils passent à l’action.
Duncan et Eileen se jettent un regard lourd avant de revenir à Moira.
- S’ils n’hésitent plus à s’en prendre directement au Ministère, alors il ne nous reste plus beaucoup de temps avant que tout ne s’embrase. La guerre… On y est.
Les yeux de ses parents s’écarquillent. Le silence s’alourdit de longues secondes avant qu’Eileen ne parvienne à balbutier :
- Ils… Ils t’ont attaquée ?
- Deux mangemorts… Ils avaient leurs masques. Je n’ai pas pu les voir.
- Que voulaient-ils ?  
Les yeux de Moira se plantent dans ceux de son père, et Duncan y lit la plus grande peur de sa vie. Son souffle se trouble un instant. Il ne lui faut pas plus pour comprendre ce qu’elle tait.

Doucement, ses gestes se concentrent sur l’épaule de sa fille qu’il tente d’apercevoir en écartant le pan de la veste, mais les vêtements plaqués à sa peau par la pluie ne lui laissent que peu d’indices. Il gronde, s’efforçant de garder une voix posée :
- La blessure est grave ?
- Je crois que j’ai l’épaule cassée…
Le mot fait grimacer Moira comme s’il réveillait ses douleurs et elle baisse de nouveau la tête le temps d’encaisser la vague. Elle approfondit sa respiration, tente de calmer les battements saccadés de son cœur. Duncan caresse délicatement son bras. Il réfléchit à toute allure, le regard posé près de sa main. Mais Eileen s’agite. Elle se relève, le regard affolé, cherchant visiblement quoi faire sans parvenir à se libérer de l’impuissance l’étrangle. La panique s’entend dans chaque variation de son timbre.
- Et tu as transplané dans cet état ? Tu as dû aggraver ta blessure. On ne peut pas la laisser comme ça !
- Maman, on n’a pas le temps…
- Il faut te soigner…
- Maman, écoute-moi ! Il faut qu’on s’en aille !
- Je vais trouver quelque chose. Je dois bien avoir une potion, un onguent, quelque chose…
- Maman !
Eileen n’entend pas. Son esprit se ferme aux sollicitations extérieures, perdu dans une angoisse dont elle ne parvient pas à sortir. Elle répète en boucle :
- J’ai forcément quelque chose. Il faut que je trouve quelque chose.  
La patience de Moira s’étiole de secondes en secondes. La peur et la douleur infusent dans ses veines un mélange mortifère. Terreur devient colère, et sa voix siffle entre ses dents serrées.
- Papa, maman, je vous en prie… il faut qu’on parte. Tout de suite !
- Mais, chérie…
- Allez faire vos valises !
- Moira…
- Tout de suite !
La voix de Moira se fêle, et sa mère reçoit le coup en plein ventre. Les larmes d’Eileen perlent au coin de ses yeux clairs. Tout s’effondre. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe, ne cesse de se demander ce qui les a conduits à ce cauchemar. Elle cherche à trouver le regard de son mari.
- Duncan…
Mais il ne réagit pas. Ses yeux demeurent plongés dans ceux de Moira, cherchent à percevoir chaque nuance de sa peur, chaque certitude qui la traverse pour la faire sienne et se convaincre à son tour de leur besoin de fuir. Sa fille ne détourne pas un instant le regard. Et sa femme répète :
- Duncan ?
- Va chercher le sac sans fond.
La voix d’Eileen s’alarme.
- Chéri ?
Il se retourne enfin, le regard dur. Implacable.
- Le sac sans fond, Eileen. On s’en va.

Les bruits de pas se mêlent aux respirations bruyantes à l’étage où Moira a fini par monter avec ses parents. Dans les chambres, Duncan et Eileen se hâtent, jetant dans le sac sans fond vêtements, documents officiels, nécessaire de potions et bijoux de famille. Mais la juge reste en haut des escaliers, le regard rivé sur les fenêtres qui donnent sur la rue. Chaque son extérieur fait faire une embardée à son cœur et couler une sueur froide le long de sa colonne. L’angoisse se lit sur chacun de ses traits et elle observe les allers-retours de ses parents, se mordant les lèvres pour éviter de les presser encore quand leurs nerfs sont déjà à vif. Mais bien vite, une autre urgence tourne en boucle dans son esprit, un détour auquel elle refuse de couper avant de se mettre à l’abri avec ses parents. Elle hésite une seconde avant de parler, consciente du combat qui s’annonce alors qu’elle s’apprête à leur dire qu’elle ne les accompagne pas. Elle prend une grande inspiration et finit par entrer dans la chambre où ses parents continuent de rassembler leurs affaires.
- Papa ?
Elle fait se retourner Duncan qu’elle sait toujours plus enclin à la suivre qu’importe les chemins qu’elle prend. Le patriarche la regarde un instant avant de se redresser et il comprend presque immédiatement, sans qu’elle n’ait encore décroché un mot. Il passe une main dans ses cheveux, luttant contre ses propres réticences, et se préparant à prendre de plein fouet la réaction de sa femme déjà prête à flancher. Sa voix est terriblement basse quand il rompt finalement le silence :
- Tu ne viens pas, n’est-ce pas ?
Immédiatement, Eileen se retourne vers sa fille et la dévisage, terrifiée. Elle lance à son mari, affolée :
- Qu’est-ce que tu dis ?
Duncan soupire sans rien trouver à lui répondre et Moira baisse les yeux. Elle attend le coup qu’elle ne saura pas éviter. Eileen se tourne vers elle, les yeux fous de terreur.
- Moira, qu’est-ce qu’il veut dire ?
La juge se mord les lèvres avant de relever les yeux vers sa mère. Elle doit prendre quelques secondes avant de répondre :
- Je ne viens pas tout de suite.
Eileen la regarde comme si elle venait de la gifler.
- Je vous rejoins là-bas.
- Non…
- Je ne peux pas vous suivre maintenant.
- Non. Non, je ne te laisse pas ici.
- Maman, écoute-moi…  
- C’est hors de question !
- Maman…
- Moira, ces gens ont essayé de te tuer. Tu es blessée. Je ne te laisse pas toute seule ici.
- Je vous rejoins là-bas…
- Et s’ils te retrouvaient ?
- Ca n’arrivera pas…
- Qu’est-ce que tu en sais ?
- Ca n’arrivera pas !
- Seigneur…
Eileen passe ses mains à l’arrière de sa tête, prenant une large bouffée d’air qui lui semble toujours autant dépourvue d’oxygène. Mais Moira s’écarte déjà pour prendre la direction de l’escalier.
- Moira !
La voix paniquée de sa mère tord ses tripes alors qu’elle s’éloigne d’un pas maladroit dans le couloir. Dans la chambre, Duncan jette à la hâte quelques dernières affaires dans le sac avant de le jeter sur son épaule et de suivre son épouse. Il règne dans la rue un silence de mort qui ne les a jamais tant inquiétés.
- Moira ! Où est-ce que tu vas ?
La peur devient cri, éraillé, viscéral, quand la juge fait un premier pas dans l’escalier et fait volte-face, le regard dur. Elle crache, cinglante :
- Maman, je veux que vous terminiez de vous préparer et que vous alliez immédiatement dans la maison à Leighterton, est-ce que c’est clair ?
- Mais toi, où tu vas ?
- J’ai quelque chose à faire. Je vous retrouve là-bas.
- Moira !
- Maman, s’il-te-plaît, fais ce que je dis !
- Non. Tu ne pars pas toute seule. Je ne le permettrai pas.
- Maman, ça suffit !
La détresse de Moira se meut en rage alors qu’elle a depuis longtemps perdu tout contrôle de la situation. Les tremblements alarmés de sa voix finissent par faire s’approcher son père qui rejoint son épouse en posant ses deux lourdes mains sur ses épaules. Les yeux d’Eileen se referment, accablés d’impuissance, de terreur et d’incompréhension. Le contact de son mari fait céder la digue qui retenait ses larmes. Elle penche le visage en arrière pour les empêcher de couler et Moira s’agrippe à la rambarde, prête à s’effondrer. Les secondes sont assassines, porteuses de menaces effroyables. Comment taire sa peur quand elle concerne son seul enfant ? Les mains de Duncan caressent les épaules de son épouse, cherchent à calmer ses angoisses sans trahir les siennes. Sa voix rompt délicatement le silence, douce, comme pour rassurer deux animaux blessés.
- Nous ferons comme tu as dit, Moira. Mais s’il-te-plaît, dis-nous au moins pourquoi tu ne viens pas avec nous.
La magistrate s’adosse au mur. Elle est en nage. La douleur dans son épaule irradie dans tout son bras, déformant son visage qui se contracte en une grimace effroyable. Duncan serre les dents pour s’empêcher de réagir. Jamais il n’a vu sa fille si inquiète, terrorisée. Le souffle de sa femme se trouble de soubresauts qu’elle parvient de moins en moins à contrôler. Le patriarche presse délicatement ses épaules avant de la contourner pour rejoindre sa fille toujours immobile sur une marche de l’escalier. Moira a fermé les yeux. Sa mâchoire est contractée. La voir souffrir ainsi lui tenaille le ventre, mais il ne se risque pas à lui redemander de s’asseoir. Il connaît trop sa fille. Rien ne peut l’arrêter quand elle est dans cet état. Alors il la rejoint, glisse une main sur son bras, attend qu’elle ne lève les yeux vers lui, et murmure tout bas :
- S’il-te-plaît, sweatheart. Dis-moi ce que tu comptes faire…
Moira le regarde, grave dans sa tête chaque nuance de ses iris, de leurs tremblements qu’il ne parvient pas à mater à cette confiance inébranlable qu’il lui voue toujours. Elle déglutit, bouleversée, avant de souffler :
- Je peux peut-être sauver quelqu’un…
La respiration de Duncan se trouble une nouvelle fois alors qu’un sourire empreint d’inquiétude étire timidement ses lèvres. Ses deux bras viennent soudain cueillir la silhouette frêle de sa fille avec une infinie douceur et il glisse à son oreille.
- Alors va… Va, ma fille. Nous t’attendrons là-bas. Mais promets-moi de faire attention…
- Je te le promets.
Sur le côté, Eileen se recule légèrement, laisse père et fille dans ce refuge qui n'appartient qu'à eux depuis toujours. Il y a longtemps qu'elle a reconnu ce lien indéfinissable qu'ils partagent, cette relation quasi-exclusive qui la laisse parfois en dehors, mais qu'elle a appris à ne plus regretter, car elle a été bien souvent salvatrice pour eux deux. Les secondes s’allongent sans qu’aucun d’eux ne trouble le silence qui, pour la première fois depuis l’arrivée de Moira, calme leurs esprits plutôt qu’il ne les agite. Quand Duncan s’écarte enfin, la juge se tourne vers sa mère restée immobile dans le couloir. Elle lui tend une main pour l’inviter à la rejoindre et Eileen la prend à son tour dans ses bras, tentant maladroitement de contenir ses sanglots.
- Je t’en prie, rejoins-nous vite… souffle-t-elle avant de la lâcher.
- Je suis juste derrière vous.
Une dernière pression sur la main de sa mère et Moira s’échappe, descendant les dernières marches de l’escalier avant de brutalement disparaître.
Le gémissement qui s’extirpe de ses lèvres est si aigu qu’il semble lui déchirer la gorge. La douleur lui a fait arrêter le transplanage avant qu’elle ne soit tout à fait arrivée. Les chairs meurtries de son épaule font vriller ses nerfs. Moira craint que ses os n’aient davantage bougé dans la violence du voyage. Sa main gauche revient couvrir son bras, essayant de le maintenir dans une position stable alors qu’elle se redresse pour tenter de reconnaître l’endroit où elle a atterri.

La nuit sombre associée à la pluie modifie toute sa perception des lieux. Il lui faut de longues secondes pour reconnaître les rues de Godric’s Hollow et réaliser vaguement où elle se trouve. Le cimetière doit se trouver quelque part sur la gauche. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas rendu visite à Lily… ? La pensée envahit son esprit aussi vite qu’elle le quitte alors que Moira prend la direction qu’elle pense être celle du manoir Rosier. Son premier pas est une torture. Elle précipite le deuxième pour ne pas risquer de lâcher prise et s’imposer immédiatement un rythme auquel elle s’accroche comme une désespérée. La pluie cinglante se mêle à la sueur sur son visage. Ses mains sont glacées mais elle a l’impression de mourir de chaud. Tout n’est que douleur, terreur et épuisement. Les yeux de Moira parcourent les rues avec un air de bête traquée. Elle voit des mangemorts dans chaque ombre que la lune ne parvient pas à éclairer. Son cœur bat dans ses tempes à lui fracturer le crâne. Et ce manoir qui semble s’éloigner à chacun de ses pas… Arrivera-t-elle seulement à l’atteindre ? Ou les chiens de Voldemort la trouveront-ils avant ? Cela serait peut-être plus simple… L’histoire de quelques heures. Une journée tout au plus. Et le noir complet, enfin. Enfin…

Elle secoue brutalement la tête pour recouvrer ses esprits. La pluie redouble mais ses pas s’enchaînent. Il faut qu’elle trouve Rosier. Il faut qu’elle trouve Archie…

Elle manque de s’effondrer sur la porte en arrivant enfin sur le palier. Sa respiration est haletante, dérange sans les déloger les mèches blondes qui restent collées sur sa peau trempée. Elle frappe de toutes ses dernières forces sur la lourde porte en criant d’une voix éraillée :
- Archibald !
Sa main s’écrase à plat sur le bois, frappe comme une damnée.
- Archibald ! C’est Moira ! Ouvre-moi, je t’en prie !
L’ossature ploie sous le poids d’un effort qu’elle ne parvient plus à réitérer. Ses paupières cachent le spectacle de sa chute qu’elle n’en peut plus d’admirer. La fatigue engourdit tous ses mouvements. C'est à peine si ses jambes sont encore capables de la maintenir debout. Sa main retombe dans le vide. Un vide qui ne l’a jamais tant envoûtée…

(3015 mots)

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Lun 25 Mar - 16:19



- 1998 -


Cataracte.
Ruine des mondes.
C'est le parfum qui plombe Clair de Lune, c'est la nervosité qui dégrosse chaque muscle. Nuit sinistre, nuit toxique. Où moindre gorgée, où moindre veine d'inspiration devient laborieuse. La plèvre se cloque et se pilonne sous chérot surah. Arythmie, marasme au ventricule, moiteur au vélin. L'inquiétude sérine sous geôle de chair, roidit myosine, arrose les artères d'une pernicieuse adrénaline.Squelette coincé au soupirail du salon, Archibald contemple la mer anthracite dégueuler crachins de peine. Quel bataclan! Est-ce Thor ou bien Odin qui fulmine dessus les cieux entropiques?

Capharnaüm gourmande l'os, gratine l'échine, distille calomnie jusqu'au bulbe rachidien. Sous Septentrion résonne hideux requiem. Grande sorgue, tombeaux des charognes, le sang invoque le sang. Plus rouge que noire, plus chaude que froide, vêprée des enfers pigeonne sommeil et rissole synapses d'une indécrottable nervosité. Il sait, imagine sans peine les premiers cadavres broder macadam. Les zygomatiques noyés de larmes, creusés à l'angoisse. La tension à son paroxysme, après mois d'incertitude, de cohues félonnes. Il sait, il le sent.  Dans le suaire alourdi de @Camille Nott, l'orbite rembrunie, les non-dits. Gigantale peccadille, inavouable maldonne que d'avoir jeter frater dans l'insécurité sempiternelle. Et silencieux, mitonné d'une onde coupable, il l'a contemplé du haut de sa cahute, l'a regardé s'ivrogner, godailler libation jusqu'à oublier lieu comme identité. Que lui a t'il pris, au couronnement de leur jeunesse, de suggérer telle folie? Affirmer mordicus que telle entreprise serait à fleurets mouchetés, sans écueils ni momies? Alors, blottit dans l'encolure du quartz, fibreux crotale liarde noiraud courroux dépecer l'éther avec tintamarre, à rêver et veiller, à souhaiter nutation du labadens jusqu'au perron. Sursaute, sourcille lorsqu'ombre cisaille lugubres flots. Camille?! Non... Ce n'est pas hommasse binette qui se bruisse sous nielle opaque, mais une hiémale cariatide. Une blondeur familière. @Moira A. Oaks !  Biche se concasse jusqu'à portique. Avant que néant n'emmaillotte brioche, Archibald moissonne fébrile couenne entre ses toniques bielles. Il n'aura fallu que miettes fugaces et foulées géantes pour joindre le hall, décacheter hayon et cueillir dogaresse avant déconfiture sur le granit séculier.

"Moira?"

Prénom bénoie linguae et emboque les masculines entrailles d'une inexorable venette. Dans le reflet de ses onyx rutile indubitable inanition. Alors, avant moindre charade, glisse t'il un brindille sous gigots, une autre sous la moelle. Soulève t'il flasque carcasse contre épigastre. Un croquis déplumé de romantisme au détail de la catastrophe qu'il conjecture dans les miasmes de son esprit. Nymphette aux bras mouille haubert, diaphanéise coton blanc. Chair moite et trempée, trémulant dans l'étau vigoureux. Alors il déserte kyrielle pour chaleur du fastueux cantou. Un pas puis l'autre, les muscles bandés, il moutonne jusqu'à l'angle des flammes pour délester granitique fardeau dans le cuir du canapé, sous sombres coyaux. Un sortilège de sécheresse, une couverture en peau de mouton par-dessus et une concoction débusquée d'un coffre en bouleau.

"Bois, ça va te revigorer"

Ordre.
Gamètes d'autorité.
Cristal portée au labre, gorgé d'un sirupeux liquide. Remède de dragon, poudre de perlimpinpin pour s'exhumer des torpeurs endoloris.

"Raconte moi"

Rotules sur moquette, cubitus sur cuir germain, l'ogre dissèque minois et s'humecte babines, bourrelé d'une anadipsie, émerillonné d'une infinitésimale vésanie.

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 1257
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Mar 9 Avr - 4:41





flashback - avril 1998

La porte se dérobe, dévoile la mine désarçonnée d’un aristocrate d’habitude imperturbable. Le soulagement qui s’empare de Moira fait brutalement céder les dernières défenses qui la maintenaient sur ses gardes. Ses muscles la lâchent et sa main se referme sur l’épaule de Rosier, étreinte brutale qui ne cherche plus à cacher son état. Ses membres tremblent, les nerfs harcelant son corps de décharges incontrôlables. Elle ne parvient plus à parler et n’émet aucune résistance alors qu’il la soulève, s’agrippant mollement au vêtement qu’elle tient entre ses doigts crispés. Sa chaleur lui brûle la peau, elle est transie de froid. Et la douleur… La douleur lance sans discontinuer, hurlant à chaque mouvement qu’Archibald est contraint de lui imposer. Son visage reste fermé, concentré sur ses seules sensations jusqu’à ce que Rosier s’abaisse lentement pour la déposer sur le cuir accueillant du canapé. L’épaule meurtrie s’indigne. Le gémissement de Moira lui déchire la gorge alors qu’elle plisse affreusement les yeux. Archibald s’éloigne un instant et elle tente maladroitement de se redresser. Main gauche plaquée sur l’épaule, elle maintient tant bien que mal l’articulation et ouvre enfin les paupières, le temps de sentir l’action du sortilège qui la débarrasse de la pluie qui dégouttait l’orage sur le plancher. Peau de mouton glissée sur le dos, elle attrape sans rechigner le flacon qu’on lui tend, avalant la décoction malgré le goût infâme qui la fait grimacer. Quelques secondes. La chaleur se diffuse dans sa poitrine, caresse ses muscles qui se décontractent enfin. La douleur s’atténue. Son cœur ralentit. Et sa respiration s’appesantit…

Elle s’octroie un moment avant de se redresser complètement, non sans mal. Ses doigts passent dans ses cheveux, réordonnent lentement ses idées. Archibald patiente, toujours à sa hauteur. L’invitation qu’il formule n’est pas là pour la presser, Moira le sait. Ses yeux s’arriment aux siens, tentent de lui dire tout ce que sa voix peine encore à exprimer. La peur trouble son souffle et l’urgence fait trembler sa voix qui coasse à peine quelques mots :
- Les mangemorts… Ils passent à l’action. La guerre a commencé.
La révélation est brutale. Sans concession. De longues secondes, Moira fixe les prunelles de Rosier, tente de trouver dans les nuances de ses iris une once d’assurance à laquelle se raccrocher. Mais elle y trouve des tremblements si semblables aux siens, cette même angoisse qui traverserait tout homme confronté à l’imminence de l’horreur. La juge déglutit mais ne détourne pas le regard. Elle reprend, sa voix retrouvant progressivement son aplomb à mesure que la décoction poursuit ses effets :
- Deux d’entre eux sont venus chez moi. Et la nature de leurs sortilèges ne laissait aucun doute sur leurs intentions… J’ai dévié la plupart d’entre eux, mais un Repulso m’a projetée contre un de mes meubles. Je crois que je me suis cassé l’épaule. J’ai réussi à transplaner jusque chez mes parents pour les envoyer se cacher loin de Londres et qu’ils ne puissent pas m’atteindre à travers eux… Mais nous savons tous les deux ce que cette attaque signifie.
Gravité dans les tremolos de la voix. Le regard toujours implacable.
- S’ils s’en prennent aux derniers hauts fonctionnaires qu’ils n’ont pas à leur solde sans plus se cacher, cela ne peut présager qu’une seule chose… Ils vont faire tomber le Ministère. Et tous les derniers obstacles qui se dressent devant eux...
Inspiration brusque pour contrer les soubresauts qui agitent son épaule. Elle laisse quelques secondes à Rosier pour encaisser la nouvelle, ses doigts massant délicatement l’articulation qui n’en finit pas de la lancer.
- Je ne sais pas quand ils frapperont. Dans quelques heures. Quelques jours. Quelques semaines peut-être... Mais on y est, Archie. On y est.
La guerre frappe à leur porte, puissante et enragée, avide de revanche. Les rangs des mangemorts n’ont cessé de grossir depuis plusieurs années. Le Seigneur des Ténèbres a regagné ses pouvoirs de sorte que certains le disent plus redoutable encore qu’avant sa première défaite face à Harry Potter. La haine d'un premier échec donne une force insoupçonnée...

L’imminence des combats fait s’accélérer les battements de cœur de la juge qui reviennent taper dans ses tempes car elle n’oublie pas la raison de sa venue ici, l’urgence qui est allée jusqu’à lui faire refuser d’accompagner ses parents. Libérant son épaule, sa main gauche vient empoigner l’avant-bras d’Archibald alors qu’elle demande d’une voix précipitée :
- Archie, où est Camille ?  
L’angoisse fait trembler son timbre, appréhension funeste qui ne peut s’empêcher d’imaginer son frère au milieu du champ de bataille, contraint d’agir à visage découvert et d’affronter ses alliés pour ne pas craindre le courroux de ses ennemis. Si Voldemort n’a pas encore lancé sa plus grande offensive, il leur est peut-être encore possible de le sauver. Mais le temps presse... Ils ne peuvent plus attendre.

(793 mots)

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