Brumeuse soirée Jaïna MacLeòidRevers de médaille, impactant tous métiers de terrain, la paperasserie avait beau être un passage obligatoire, il était pour beaucoup rébarbatif. Nombreux étaient d'ailleurs les sorciers à ne pas aimer s'en acquitter, y préférant tout autre activité gratifiante, voire insolite, tels une communication intensive avec des portraits endormis. Si Snejana n'avait pas été tentée de s'épancher à outrance, avec la première venue, elle s'était pourtant laissé distraire par l'impressionnante pile de livres qui jouxtait son bureau. Encore un peu et celle-ci allait finir par atteindre la hauteur du meuble boisé, sur lequel elle écrivait son rapport de mission. Une bibliothèque ensorcelée, rien que cela. L'homme avait fait des pieds et des mains, faisant miroiter à l'éminente banque sorcière, une contrepartie enrichissante en terme de livre à revendre, pour qu'un briseur de sort viennent se charger de son problème d'héritage. Évidemment, c'était sur la brune que c'était tombé et elle avait passé une grosse partie de sa journée, à désenchanter, un à un, ces maudits manuscrits. Habituellement, elle était passionnée de l'écriture, de la découverte et des trésors que pouvait contenir ce genre de somptueux extraits. Malheureusement, ce n'était point le cas, ici. L'aïeule de leur client devait surement rire à tout rompre, d''outre-tombe, car la majorité de ces brochures ne comptaient que des éléments inintéressants. Quelques-uns, certes, avaient valu le coup et ornaient déjà la bibliothèque de Gringott's, d'autres traitaient de magie noire et une fois sécurisée, ferait plaisir à quelques amateurs du genre, mais pour beaucoup, le seul intérêt à y trouver avait été l'enchantement placer à l'intérieur. À tel point qu'elle s'était refusée à tous les traiter.
Déjà, parce que cela allait l'épuiser plus que de nécessaire et surtout, ils auraient plus de valeurs, à la revente, en état. L'homme ne souhaitant pas trainer avec ce qu'il pensait être de la décadence sorcière, maudissant son ancêtre pour ce coup du sort, lui en avait refourgué une partie, en lui disant d'en faire ce qu'elle voulait, tant que cela disparaissait de sa vue. Un package dont même les gobelins ne souhaitait obtenir la garde. La conjureuse de sort avait donc finit par trier ceux qu'elle souhaitait garder, par pure curiosité et ceux qui étaient bons à revendre. Hors, pour ce genre d'artéfacts, il n'y avait pas mille endroits où aller, si elle espérait les écouler, elle se devrait de se rendre dans l'allée des embrumes. C'était sur ce point bien précis, sur cette rue décriée d'infamie, où il faisait mauvais de s'y promener, que son esprit était fixé, refusant de continuer à écrire. Finissant par se sortir de sa torpeur, en voyant l'heure tourner, "Jana accéléra le rythme, laissant sa plume trainer énergiquement sur le parchemin, tout en abandonnant sous son passage une agréable écriture noir, légèrement penchée vers la droite. Ce grattement, ininterrompu, fut le seul son perçu dans son alcôve et ce jusqu'à la fin de la journée, ou pas mécontente de son travail, elle posa l'épitre scrupuleusement remplie, sur le bureau de son supérieur hiérarchique. Qu'il se débrouille donc avec cela... Esseulée face à ce monticule de livre, l'ancienne rouge et or, prit son courage à deux mains, rapetissant les ouvrages, un à un, de quoi permettre de tous les emporter, en une fois. Elle répartit pourtant la charge dans deux petites sacoches bien distinctes. Après tout, là-bas aussi, s'était la loi de l'offre et de la demande. Si elle amenait tout, d'un seul coup, ils ne vaudraient plus rien et tant qu'à ramasser les restes, elle comptait bien en soutirer quelques gallions. Ou une contrepartie suffisante, pourquoi pas en forme de réduction. Replaçant une mèche rebelle derrière son oreille, elle accrocha les sacs à sa ceinture, avant de prendre la direction de la sortie. Son habituel accoutrement noir sur le dos, les cheveux attachés et le regard déterminé, elle s'apprêtait à sortir. Immédiatement, le temps sombre, brumeux même, accapara ses pupilles, réactives, avant que celles-ci ne glissent sur la masse compact, qui allait et venait sur l'artère principale du chemin de Traverse.
Parfais, se fondre dans le décors était une de ses facilités. Rictus aux coins des lippes, la brune s'élança dans la foule, allongeant ses enjambées jusqu'à s'éloigner du marbre blanc de son gagne-pain. Assurée, silhouette fluide, elle dégageait une sorte d'impression, d'aura, quelque chose de suffisant pour lui éviter les bousculades. Baguette savamment cachée sous sa cape, elle pivota au gré d'un mouvement de hanche, dans l'allée à la réputation sordide. Mine fermée, attention au maximum, elle se dirigea directement vers Barjow et Beurk, autrement dit, la plus grande enseigne. La douce pression que sa dague exerçait sur le haut de sa cuisse avait quelque chose de rassurant, surtout ici. Eh pourtant, aucune ombre ne vint l'importuner, ce qui lui permit d'atteindre le revendeur dans un temps record et sans encombre. Son regard noisette se releva sur l’écriteau, avant d'aviser la devanture délabrée. Haussant les épaules d'un geste négligeant, l'euthanatos poussa la porte pour pénétrer dans ce poussiéreux établi. C'était délabré et furieusement encombrée d'objets en tout genres. Seule dans la pièce, le générant occupé en bas, ou du moins ce fut ce qu'elle supputa, la femme à l'ascendance Suédoise, prit le temps de faire le tour du propriétaire. Lorgnant avec une curiosité attentive et éclairée, la marchandise exposée. Étrange, vraiment, c'était le mot le plus adéquats pour décrire cette vision. Quelques secondes de battements et une silhouette masculine se matérialisa à ses côtés, un regard goguenard fixé sur les lèvres, le tout accompagné d'une impression d'assurance féroce. Un mixte qui lui fit lever les yeux aux ciels, de dépits. L'impressionner ne serait pas aussi aisé, surement pas. Son culte n'était pas réputé pacifiste, alors un peu de rudoiement ne la forcerait pas à désarmer. Bien au contraire, il déclencherait son ire et son envie de revenge, une dangereuse combinaison, pour la froide experte qu'elle pouvait être. Snejana aimait tellement rabattre le caquet à ce genre d'avorton -oui même s'il faisait une tête de plus- qu'il était dur de ne point entrer dans le vif du sujet, directement. Retenant ses répliques cuisantes, la brune lui laissa mener la danse. "Alors ma bonne dame, vous cherchez un objet à offrir? Quelque chose en particulier? Je crois avoir une parure somptu..." Ou presque."Je ne suis pas ici pour acheter, simplement pour vendre. Du moins, si cela vous intéresse?".
Mécontent d'être ainsi stoppé dans son envolée lyrique, l'homme émit un grognement avant de l'enjoindre à le suivre, jusqu'au comptoir. En un rien de temps, il en fit le tour, y posant les coudes, tout en la fixant d'une manière torve."Qu'est-ce que vous voulez vendre, au juste?". La brune attrapa l'un des sacs en sa possession, avant de l'ouvrir et de le renverser sur le buffet. En un rien de temps, un minuscule tas de livre le recouvrit. Un coup de baguette et ils ensevelir l'espace à sa disposition, créant ainsi une barrière entre eux."Des livres enchantés, chacuns à sa propre malédiction et ses propres effets. Le livre en lui-même parle de magie noire, ou d'un élément quelconque." "Pourquoi croyez-vous que cela m'intéresserait, ma petit dame? Puis à qui voulez-vous que je revende ça?" Si il continuait à lui donner du ma petite dame, elle allait lui envoyer un sort bien sentit. D'ailleurs, elle sentait déjà les premiers picotements à l'œuvre, le long de son échine. "Vous avez une main de la gloire, une armoire à disparaitre et même un jeu de cartes ensanglanté, ne venez pas me dire que cela ne correspond pas à vos critères?" "Hum. Et quel genre de sort?" "À vous de voir." "Et t'en veux combien exactement?" "Ça dépend, combien seriez-vous prêt à m'en donner?" "Vu la masse, deux galions par livres? Vu que je dois faire tout le travail pour découvrir son intérêt". À tous les coups, elle se faisait rouler, mais Snejana n'avait pas envie de trainer avec ces livres sur les bras. Au plus vite elle s'en débarrasserait, au mieux ça serait."Ils sont à vous." "Et attend gamine, tu les as eu comment?" Le regard polaire que lui jeta la conjureuse du sort eut l'effet escompté, l'homme se rendit compte de la stupidité même de sa question, surtout pour un receleur comme lui et se tut. Un rapide calcule et il lui tendit l'argent, en faisant disparaitre le tout dans son sous-sol. Bien. Accord trouvé, elle fit demi-tour, sans s'encombrer de politesse. Mais à peine sortait-elle du magasin, poisseux, qu'elle percuta quelqu'un de plein fouet, une femme. Vacillant sur ses pieds, elle se rattrapa au mur.
-Excusez-moi... Rares seraient les sorciers à prendre part à la bienséance dans cette allée, mais le réflexe était devenu inné chez elle, même si son timbre n'avait rien de chaleureux. Pour l'occasion, il était juste posé, poli et clair. Au détour d'un mouvement de sa vis-à-vis, ses prunelles accrochèrent sa silhouette, puis brièvement son visage et ce fut comme un flash, un éclair dans le brouillard. Jaïna?
La brune était surprise, était-ce bien elle ? Difficile à dire, depuis le temps qu'elles ne s'étaient plus vue, mais elle en mettrait presque sa main au feu. Ironique, ou plutôt amusant, de la revoir par ici, si peu de temps après son escapade dans les iles de Skye, Sa patrie.
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Justayne