La tempête gronde en toi, se soulève et fracasse ses vagues contre les rochers de ta conscience alors que tu perçois le chamboulement au sein de l’esprit de ton ami. Tu ne réagis pas tout de suite quand il te prend ses bras, ne sachant pas si tu dois te dégager pour le protéger ou au contraire penser à ses sentiments et le ménager. Tu n’hésites pourtant qu’un temps avant de passer tes mains dans son dos et lui rendre son étreinte. Tu ne sais pas trop si tu arrives à faire passer cela pour un geste d’amitié ou si chamboulée tu laisses ta carapace se fissurer un peu, tu t’en fiches sur le moment. Tu veux juste être dans ses bras, combler la douleur du deuil, le rassurer aussi lui dire que tout va bien, que tu seras toujours là, qu’il est normal. Tu n’aimes pas l’idée qu’il se sente inférieur, moins bien que les autres en raison de quelque chose qui ne le rend qu’encore plus unique, humain à tes yeux et fais tout simplement parti de lui. A tes yeux, Orion vaut bien plus qu’une bonne partie des hommes sur terres, c’est un grand sorcier dans tous les sens du terme et tu sais une chose, c’est que si pour Cedric tu as su te raisonner sur tes projets, pour Orion, tu aurais brûlé le monde entier. Tu as besoin de lui comme de l’oxygène, il n’est pas seulement ton étoile qui guide tes pas, il est toute ta vie, pour lui tu ferais n’importe quoi, pour le protéger, le voir vivant et le garder pour toi, tu seras prête à sacrifier tout au point de te perdre toi-même. Peut-être que la malédiction familiale est cela, peut-être que vous êtes trop impétueux, vous foncez sans réfléchir au point de vous brûler les ailes, de détruire ce que vous aimez simplement par amour. Tu ne sais pas trop mais quand ton ami s’éloigne, tu lui souris timidement, tâche de cacher ton trouble et surtout ton envie de lui prendre la main, de l’embrasser, de le rassurer définitivement sur le fait qu’il mérite le meilleur. Tu écoutes ces quelques mots et ta gorge se serre sans que tu cherches à nier ce qu’il vient de te dire, tu sais en partie tout en ignorant aussi ce que tu viens de faire. Tu te doutes que tu viens d’apaiser pour un temps la douleur et le doute qui l’habite depuis fort longtemps mais tu ne sais pas à quel point ce doute pouvait le ronger. Tu le connais assez bien ton Orion pour savoir autant de choses mais tu ignores encore beaucoup et tu continueras à les ignorer tout simplement parce que tu n’es pas dans sa tête et que tu n’es pas lui.
Tu le laisses s’éloigner un peu à regret, tu étais bien dans ses bras, lové ainsi à oublier le monde extérieur pour juste être là où tu devrais être. Tu te souviens encore du regard de Cedric à votre rupture, ce regard qui te disait qu’il savait la vérité, qu’il ne voulait pas te faire souffrir en te forçant à le dire, à lui expliquer mais qu’il avait conscience que d’être d’un fantôme, un remplaçant pour son meilleur ami. A sa mort, tu as regretté de ne pas avoir su lui dire la vérité, lui dire la vérité parce qu’il l’aurait mérité mais il était parti trop tôt, arraché brutalement à une vie qu’il aurait dû continuer de dévorer à pleines dents. Ta seule consolation est de te dire que loin de t’en vouloir, Cedric avait surement trouver une forme de justice dans le fait d’être vu comme un bon remplaçant d’Orion auprès de toi alors que c’était généralement l’inverse pour toutes les autres filles. Au fond, d’une certaine manière, il avait déjà voulu t’exprimer le fait qu’il savait que tu étais la femme de la vie d’Orion et qu’il était l’homme de ta vie même si tu ne l’avais pas compris immédiatement trop prise dans tes remords de lui avoir fait subir ça. Subir ce que d’autres faisait subir à Orion dans l’espoir secret de pouvoir atteindre le beau et magnifique Cedric faisant tourner toutes les têtes sans savoir qu’elles se mettaient d’elles-mêmes des bâtons dans les jambes comme des trolls se vautrant sur leurs massues. Cedric n’était pas le genre de garçon a accepté et pardonner facilement la manipulation et encore moins quand cela touchait ses proches dont Orion faisait partis. L’idée qu’on puisse se servir de son meilleur ami pour tenter de le séduire le révoltait, le mettait dans des colères noirs même s’il ne le montrait pas aux autres, tu avais déjà pu apercevoir cet orage lors de vos discussions. Orage semblable a celui qui grondait encore toi, il y a quelques temps mais que les mots de ton ami viennent de balayer comme une brise le fait sur de gros nuages.
Un sourire timide né même sur tes lèvres quand tu entends le surnom qui vient naturellement dans la bouche d’Orion, un surnom qui te réchauffe le cœur tout en le faisant saigner en sachant que tu ne le mérite pas. Tu hausses une épaule pour tout réponse sachant que sa question n’en est pas vraiment une mais plutôt une reprise incrédule de ce que tu lui as confié plus tôt. Tu ne peux pas nier que tu y as pensé et que des fois, quand tu te surprends à cauchemarder qu’Orion le rejoigne, tu penses sincèrement à le devenir pour le sauver lui, eux. Tu refuses de t’attarder sur ces pensées d’horreur, les balaies même d’un rire en entendant la question de ton ami et doucement tu tends la main pour ébouriffer ses cheveux avec tendresse. « Cedric… Dans le scénario originel c’était lui, qui te protégeait, me protégeait, protégeait tous les Poufsouffle comme il le fait surement encore mais différemment… A sa mort, j’ai tenté de prendre la relève mais faut croire que je suis pas très douée au fond, pas autant que lui… Alors, ça te dit de rejoindre la team de protecteurs des Blaireaux, de devenir mon partenaire de protection, d’assurer mes arrières dans cette mission, de prendre sa relève comme il aurait voulu qu’on le fasse, ensemble… » Tes mots finissent par se coincer dans ta gorge, si le ton de la plaisanterie reste présent, tu ne peux pas t’empêcher de te dire que tu en as trop dis, trop révéler. Tu as raison, tu en es persuadée, que Cedric aurait aimé vous voir prendre sa relève, vous voir vous protéger mutuellement, faire une équipe ensemble, plus qu’une équipe, un couple mais tu ne peux pas. C’est tout simplement trop dure pour toi de prendre ce risque, de détruire ce que tu aimes par amour et ce même si tu le fais déjà…
Ce serait presque une bonne journée. Le contact de Dahlia a ce quelque chose d'émouvant, d'attendrissant. Orion ressent une profonde lassitude, tout autant qu'il se sent soulagé de connaître ce grand amour. Qu'aurait-il fait s'ils ne s'étaient pas rencontrés ? Il chérit cette relation. Vouloir plus ne l'empêche pas d'être heureux du lien qu'ils ont déjà. Il tient à elle. Ce souvenir de Cédric lui fait de la peine. Ils auraient fait un bon trio.
« Bien sûr que je te suis dans cette aventure, Dahlia. » Il ajouterait bien qu'il la suivra au bout du monde et lui fait parfaitement confiance mais ce serait de trop. Il n'a pas besoin d'en rajouter à son trouble. Dahlia est émue, qui ne le serait pas après une telle journée ? Il ne va pas abuser de cette faiblesse temporaire. Tout de même, elle a parlé d'être partenaires l'un de l'autre ? Le briseur de sorts ne sait pas s'il doit y avoir une maladresse, un lapsus révélateur … Au fond, elle connaît bien la mesure de ses sentiments. Pas seulement parce qu'il s'est dévoilé la dernière fois qu'ils se sont vus, mais parce qu'il n'a jamais vraiment réussi à cacher cette tendresse lorsqu'il la regarde, cette affection admirative qui lui dissimule tous les défauts de sa rouquine préférée, et ses moments de jalousie lorsqu'il la voyait dans d'autres bras. Elle sait, n'est-ce pas ? Et elle sait aussi qu'il aimerait la voir heureux, peu importe comment ? C'est compliqué d'en parler, et il se sent démuni. Il lui arrive d'avoir des discussions légères sur le sujet avec d'autres de ses amis. L'amour qu'il a pour Dahlia crève suffisamment les yeux pour qu'on soit déjà venu lui demander innocemment s'il y avait quelque chose, et qu'à force d'entendre qu'ils sont juste amis, ses autres amis s'attendent à un dénouement un jour. Lui incombe alors le rôle désagréable de défenseur des intérêts de la jeune femme, expliquant sans relâche que si elle n'est pas amoureuse, elle n'est pas amoureuse et peu importe. Sauf que tout cela lui importe, il en va de leur bonheur mutuel.
« Je t'ai toujours trouvée très douée en égérie des Poufsouffle. Tu ne te souviens pas que tu nous a tous ramenés pour la bataille de Poudlard ? Je serais peut-être resté à l'autre bout du monde et j'aurais été incapable de vous aider à protéger le château. »
Il n'a pas besoin de préciser les moments de doute qu'il a ressenti en s'engageant. L'idée de tuer quelqu'un, fut un Mangemort lors d'un combat à la loyale, l'a toujours révulsé. Il sait se défendre en duel, comme tout sorcier, mais craignant le dérapage. L'irréparable. Le sort trop brutal dont on ne maîtrise pas les conséquences. L'accident. Il a bien failli ne pas être capable de venir lutter, mais la pensée d'avoir à portée sur la conscience la mort de quelqu'un qu'il aime, juste parce qu'il ne serait pas venu au côté des autres, a suffi à le convaincre. « J'étais très admiratif que tu l'aies fait. Merci d'avoir été là à l'époque. »
Orion passe quelques secondes à regarder la jeune femme. Quelques secondes ? Il lui est difficile de s'empêcher de la fixer. Dahlia a si peu changé. Il n'a aucun mal à se souvenir des gamins qu'ils étaient. Il est vrai qu'il emporte avec lui dans ses voyages quelques photographies de sa famille, du trio d'or de Poudlard … Des gens qu'il aime, en somme. Et il y a en une, prise par Cédric, où ils prennent la pose avec Dahlia. Ce n'est qu'un cliché qui montre deux adolescents gênés, en pleine croissance, pas encore proches. A une époque où, curieusement, il n'existait pas cette tension affective qui les éloigne aujourd'hui.
Pour réduire un peu cette distance, il fait une nouvelle tentative. Ce serait cruel et magnifique de ne plus être amoureux d'elle. Ils seraient plus proches, sans espoir de jamais devenir un couple. Il n'est pas certain que cela se réalise un jour, alors à quoi bon. De la même manière qu'il s'est laissé passer une main dans les cheveux – contact électrisant, doux et cruel – à Orion de prendre l'initiative du contact. Il prend la main de Dahlia et la serre dans la sienne. Le briseur de sorts a un mal fou à ne pas poser la question qui lui brûle les lèvres. Pourquoi maintenir une telle proximité physique s'il n'y aura jamais rien ? Il a déjà espéré qu'ils pourraient vivre différemment mais cela n'a pas eu de succès. Peut-être se sont-ils habitués à vivre ainsi.
« Je crois qu'on devrait rentrer. Il est tard, tu es fatiguée. » avance-t-il avant de se lever. Il a l'impression de faire quelque chose de contre-nature. Il devrait savoir, il n'attend que ça. Mais il ne devrait pas forcer des aveux. « Je te ramène. » impose-t-il sans laisser la possibilité qu'elle se dédouane. Il s'en voudrait trop si elle avait des difficultés pour rentrer, et il faut bien avouer que même si ce n'est pas le genre de moment qu'il voudrait partager avant tout, c'est déjà un moment ensemble. « J'avais prévu de dormir à Londres. » défend-il en commençant à ranger les affaires de quelques coups de baguette. Ses parents seront contents de le voir. Contents mais surpris, car c'est à l'instant et pour les beaux yeux de sa rouquine préférée qu'il a inventé ce mensonge. « Tu … Tu as des projets pour cette fin de journée ? Tu ne vas pas rester seule ? »
LTon sourire s’agrandis quand Orion accepte de te suivre dans l’aventure de faire perdurer l’héritage de Cédric et pendant un instant, tu te surprends à te dire que ton ami avait raison d’avoir confiance en vous deux pour former ce couple. La réalité, voix persiflant à tes oreilles te rappelle la malédiction, le fait que tu vas tuer Orion si tu t’accroches trop à lui, que tu le laisses percer tes défenses aussi facilement et ton sourire se fane un peu. Tu tentes de donner le change, de ne rien laisser paraître, devenir ce que tu dois être pour le protéger lui de la mort, tu as déjà perdu trop de proches dans cette guerre pour accepter de perdre Orion à présent. Ton ami, celui que tu aimes plus que ça t’ancre à nouveau dans la réalité, te rappelle le moment où tu as sonné la cloche pour ramener les anciens élèves au château. Tu te souviens encore de ce moment, tu n’as pas réfléchi, tu as lancé l’appel comme tous les autres, poussés les gens à venir se battre, une dernière bataille pour obtenir une paix durable, se défaire d’un mage noir raciste, de cet ancien monde qui avait eu la peau de Cédric. Tu avais réveillé le souvenir de ton ami, rappeler son héritage, la tâche qui vous incombait à vous, ses amis, camarades de promotion, vous deviez le venger, vous montrer digne de l’attention qu’il avait pu vous accorder. Tu savais que tu devais retourner à Poudlard, te battre pour la liberté des né-moldus, pour un monde meilleur. C’était une évidence pour toi, tu devais le faire, y aller, trainer tes anciens camarades, porter le flambeau de l’espoir, pour Cédric, pour ton père, pour ton grand-père, pour toi aussi, car un lendemain meilleur, une fin heureuse tu y avais le droit aussi, tu t’y accrochais. Si tu rougis légèrement sous le compliment d’Orion, tu ne peux pas t’empêcher de te dire que cet espoir était vain, la malédiction pèse toujours et tu sais que la seule chose que tu peux faire, pour te montrer digne de ton acte de l’époque, c’est de le laisser partir réellement. Mais tu ne peux pas le faire, tu t’accroches à lui, tu as besoin de lui, pour respirer, pour vivre et l’idée de le voir heureux avec une autre est tout simplement insupportable pour toi. Tu acceptes le compliment un peu rouge sans rien dire, perdue dans tes pensées avant qu’Orion ne t’ancre à nouveau dans le moment présent.
Il a cette force en lui qui t’ancre dans le présent et te permet de ne pas te perdre dans tes pensées, loin du monde. Un peu trop rêveuse dirons certains, toi, tu penses plutôt que tu es trop réfléchie et que ce côté allié au fait que tu sais ce que tu veux a faillit t’envoyer à Serpentard. Souvent, tu te demande ce qu’aurait été ta vie dans cette maison, si tu serais tombée amoureuse d’un autre qu’Orion, si cela n’aurait pas été un fils de mangemort et que tu aurais tenté de le protéger autant que tu protégeais Orion. Tu ne t’étais jamais vraiment posé la question jusqu’à aujourd’hui face à Orion et sa remarque sur le fait que tu étais une bonne égérie pour ta maison, toi, qui n’étais pas réellement une Poufsouffle au vu des hésitations du choixpeau à ta répartition. Tu ne savais pas vraiment si l’antique relique aurait pensé la même chose, s’il n’aurait pas préféré désigné une autre égérie à la place de toi, une demoiselle digne de Serpentard, envoyée à Poufsouffle par défaut car elle a refusé la maison qui lui convenait. Face à la fatigue qui l’accable, elle hoche doucement la tête avant de se mordre la lèvre inférieure face aux questions de son ami. Elle ne savait pas vraiment comment évoquer ses projets devant Orion puisqu’il était le premier concerné par ceux-ci mais ne rien dire pouvait paraître suspect aussi elle haussa une épaule doucement avec un sourire en coin. « Je suis fatiguée en effet… Mais je comptais pas vraiment rentrer sur Londres… Ca fait un moment que je n’ai pas été voir mon grand-père et… J’aurais besoin de lui parler donc je comptais lui rendre une visite… Se serais possible que tu me dépose sur la route ? Ma mère n’est pas là et je pensais pouvoir discuter avec lui seule à seul… » Tu es mal à l’aise à l’idée de demander à ton ami de juste te déposer devant chez toi sans le faire rentrer mais tu aimerais vraiment être seule à seul avec ton grand-père. Tu as une relation spéciale avec Thésée, Orion le sait depuis le temps, il est plus que ton grand-père ou un père de substitution, il est ton confident, ton protecteur depuis que tu es toute petite. Celui vers qui tu te tournes quand tu doutes de toi, quand tu as besoin de conseils et tu ne sais pas vraiment ce que tu fera sans lui, le jour où il disparaîtra et tu tentes de profiter au maximum de lui avant que cela n’arrive.