Tout au long de son enfance, Zephyros put se livrer à une liberté des plus totales, gambadant sans cesse dans les étendues verdoyantes de sa terre natale et dans les jardins luxuriants du domaine familial  où il passa des heures à s'imaginer dompter les dragons, et combattre valeureusement des armés de nzumbe venu des tréfonds. Mais très vite fut venu le temps ou il prit conscience du statut qui était le sien. Sa famille. Son destin. Cet avenir tracé et façonné à son insu. Troisième héritier mâle, une position désavantagée, mais pas exempt de responsabilités. Ses rêves de voyages et d'aventures furent vite brisés à grand coups d'obligations et d'intransigeance paternelle.

Exalté avait été son cœur, le jour où au matin de ses onze ans il avait découvert à son réveil, une pierre de grenat gravée reposant cérémonieusement sur sa table de chevet. Le Messager Des Rêves avait laissé trace de son passage et avec lui la confirmation de son admission à l'École de Magie de Uagadugu. Les Montagnes de la Lune lui offrait la promesse de sept longues années bénies loin du joug suffoquant de son père. Le temple du savoir s'offre aux yeux ébahis du gamin admiratif. Il fit le théâtre de son éclosion d'homme et de sorcier. Ah qu'il semble loin le temps de la jeunesse insouciante et des amitiés véritables ! Des aventures rocambolesques dont le souvenir suffisent à provoquer en lui une mélancolie déchirante, bien des années après. Graduation en grande pompe et négociations désespéré avec le paternel qui le soir de son vingt-et-huitième anniversaire dans un élan de bonté inespéré lui accorde une année. Trois cent soixante-cinq jours de liberté.

A présent, le compte à rebours est lancé. Il enfourche son balais et s'envole pour de nouvelles aventures aux quatre coins du monde. Des soirées de beuverie et nuits de débauches dans les tavernes berlinoises, au expéditions périlleuse à travers l'Amazonie, en passant par les conférences alchimique dans les salons parisiens. Digne fils d'Horace, il cueille le jour sans jamais se soucier du lendemain. Il goutte à la liberté et très vite sa saveur devient beaucoup trop alléchante pour qu'il puisse désormais s'en passer. C'est le cœur lourd et plein d'incertitudes qu'il rentre au bercail. Épousailles de pacotilles que sa famille a déjà bien pris soin d'organiser, il ne lui reste plus qu'a la regarder s'avancer jusqu'à l'autel et lui prononcé des promesse d'amour et de fidélité dénué de sens et de vérité. Le soir même il se jette aux pied de sa mère, implorant désespérément son aide. Clamant entre deux sanglots que la mort serait mille fois préférable au destin qui l'attend. Lui qui s'est épris si ardemment de liberté. Vint alors la fuite. L’exil en terres étrangères. Il part pour ne plus revenir. Mwoga (lâche)! Crient le père et les frères. Hodari ! (courageux). murmurent la mère et les soeurs. Zephyros n'en n'a que faire. Mieux vaut mille fois son honneur souillé qu'une vie privée de liberté. Une liberté nouvellement aquise dont il compte bien profiter. Contre toute attente le prologue de sa nouvelle vie s'écrit en Angleterre. Il ne compte pas y rester bien longtemps mais il est sage de venir s'y cacher quelque temps. Qui donc irait venir le chercher en ces terres troublés ?