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corps dépaysés, cœurs révélés ft. Hekate
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Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
hiboux : 467
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Ven 18 Juin - 0:26

corps dépaysés, cœurs révélés

Échappée, belle, avec la belle

Les premiers jours sont noirs. L'esprit hurle, les paupières sont crispées, et mes doigts agrippent la peau de Josiah, ne trouvant réconfort qu'auprès de la chaleur de son corps. Il reste là, à mes côtés, doigts massant mon crâne, lèvres effleurant mes tempes, mes joues, mes lèvres, m'assurant de sa présence constante. Il n'y a que ses mots, murmurés si bas, voués à n'être entendus que par moi, qui me maintiennent conscient, me maintiennent à flot. La douleur physique n'est plus là, abrutie par les soins des médicomages, seulement la peine mentale vécue pendant ces minutes interminables continue de me retourner l'estomac. Quand mes yeux se ferment, il me semble que tout me revient, la douleur, l'envie d'en finir, l'incompréhension - et pire encore, ce mutisme affreux, les cris sourds, que personne ne pouvait entendre, ma voix se refusant à m'écouter. C'est ce souvenir là qui m'éveille en sursaut, quand mon corps, assommé par la fatigue et les potions, trouve enfin quelques minutes de repos.

Les premiers jours sont noirs, et ceux  qui suivent un gris sombre. Le monde des rêves, si facilement manipulé, se refuse à moi, Noah est porté disparu, un dernier baiser planté sur mon front sans explication, et Josiah ne sait plus comment m'aider. Ses traits sont tirés, peut-être davantage que les miens, mon amant toujours trop touché, mon amour, toujours trop sensible. J'aimerais gommer l'inquiétude de son visage, apaiser la peur qui le secoue quand ses yeux croisent les miens, mais un homme déboussolé ne vaut rien, pour sauver un autre.

C'est Hekate, qui fait basculer l'obscurité.

La porte de notre loft s'ouvre en grand, le métal claquant contre le mur alors que ses talons frappent le sol. Si fine, si fragile, elle fait pourtant l'effet d'une tempête alors qu'elle pénètre dans les lieux. Ça me tire un sourire, le premier depuis les cris, qui se fond en grimace alors que son index, accusateur, vient s'appuyer contre mon torse. Je ne lui ai rien dit, personne ne l'a informé, alors que mon corps s'est retrouvé torturé, mon esprit cassé, et c'était impardonnable. Josiah n'est pas là, autrement aurait-il subi, lui aussi, le courroux de la seconde femme de ma vie.

C'est Hekate, alors, qui apporte la lumière, avec cette promesse d'échappatoire, l'assurance d'apaiser un peu les tourments de mon esprit, loin d'ici, loin de cette terre grise, qui ne sait m'apporter bonheur. On se l'était promis, après tout, et il était temps, enfin, de se retrouver, comme on s'était trouvés, la toute première fois. Dépaysés, seuls à deux, à milles lieues des angoisses qui nous serrent le corps. Aimé m'y pousse, promettant qu'on se retrouvera à la Nouvelle-Orléans, début août, qu'on s'échappera à deux, nous aussi, qu'on abandonnera autant que possible le pavé de Londres, jusqu'à ce que j'aille mieux. Il doit régler des choses, avant cela, pourtant, alors que je m'en aille, que je m'agrippe à Hekate et que je revive, à ses côtés.

On s'évade, alors, les doigts froids et blancs d'Hekate serrés autour de mes poignets, ses yeux noirs ne me quittant pas, on s'enfuit, vers des terres plus chaudes, jusqu'à ce que nos pieds heurtent le sable brûlant des plages de Pondichéry, et que nos déambulations ne nous perdent entre les bâtisses jaunes de la ville indienne. L'Inde, choisie depuis des mois, ce voyage tant réfléchi, tant rêvé, avec l'espoir de plonger dans le cœur magique des villes sorcières de ce pays.

Il nous fallait être discrets, ne pas nous mêler aux moldus, les chasses aux sorciers encore trop importantes, dans cette contrée ; les centres sorciers suffisent toutefois à savourer l'air chaud d'un mois de juillet trop humide, à découvrir de nouvelles magies, à tomber sur des rituels animaliers, des feux aux couleurs inhabituelles, inhumant sacrifices aux dieux, pour avoir réponse divine. Mes yeux se perdent partout, à tout coin de rue, cherchant à m'abreuver autant que possible des particularités de leur magie, de leur zone sorcière, inspirant de plein fouet l'air du pays. Le jaune, le bleu, l'orange, à tous les coins de rue, ne peuvent qu'illuminer mes pensées, terminant d'enfouir l'obscurité au millième dessous. Ça m'inspire, autant que je transpire, et mes yeux errants retrouvent de leur brillant.

Le septième jour, Pondichéry disparaît derrière nous, alors qu'une extatique aux fossettes prononcées, aux lèvres mutines, nous révèle l'existence d'une île cachée aux yeux des moldus, au plein cœur de la baie du bengal. Elle se penche vers nous, murmure les quelques mots qui révèlent sa présence, et nous devenons gardiens du secret d'un refuge sorcier, perdu parmi les vagues brûlante d'un océan indien.

C'est au large de cette île, pieds plantés dans le sable, tête arrosée de soleil, que l'esprit trouve repos entier, pour la première fois. On s'est allongés, côte à côte, mes doigts frôlant les siens, trop addict à tout contact humain me maintenant à flot. Je ne peux que repenser à ce qui m'avait poussé à lui proposer l'Inde, quand on commençait tout juste à réfléchir à notre projet d'évasion, et un rire se loge au fond de ma gorge, quand je réalise ce que je fais, au lieu de cela.

Le Mexique m'avait inspiré l'au delà, m'avait révélé l'entre deux monde, et cette expérience hors du corps, que je continuais de raffiner, depuis notre retour des terres centrales d'Amérique, devait m'apprendre à mieux circuler au sein du monde des rêves, à mieux manipuler les flux et reflux, pour renforcer leur effet sur le réel, une fois réveillé. Moitié chaman, moitié marchand de sable, l'expédition indienne devait m'apprendre à puiser dans la magie rituelle, dans la puissance des formules, si importantes à leurs yeux. Des lignes et des lignes, récitées, auxquels les extatiques mêlaient mouvements de danse hâtifs et pourtant si contrôlés : leur magie avait quelque chose d'attirant, quelque chose de différent, qu'il me tardait d'analyser. C'est ce que j'avais fait, aussi, quand Hekate et moi nous étions rencontrés, dans les hautes sphères du Nord, mon œil attentif s'intéressant à la magie astrale. Percevoir ces différentes intentions, ces diverses applications de la magie, pour diversifier mon panel de rêves, renforcer ma main mise sur les multiples inconscients du monde. L'Inde, alors, m'assurait un pas supplémentaire dans ma maîtrise.

J'étais resté passif, pourtant, tout du long de notre séjour. J'observais, sans participer. Ma magie semble me tourner le dos, mon focus heurté par les élans noirs qui l'ont secoué. Il n'y a que mon esprit, mon imagination, pour m'écouter, pour se plier au jeu. Alors, à défaut de me surpasser, magiquement, je laisse mes carnets se noircir d'idées de nouvelles potions, de nouveaux cadres de rêves à développer. Une nouvelle série, pour la rentrée, un parfum de cumin, de sueurs et de chaleur, s'y mêlant sous diverses formes.

Une série, aussi, inspirée des rires de Kate, de ses regards attentifs, de ses mains douces qui viennent masser mes tempes, quand mes yeux se font trop lointains. Une série, pleine de ses murmures abreuvés, alors qu'on s'échange tous les secrets qu'on ne s'est pas encore dits, alors qu'on apprend, encore, à se connaître, à l'ombre d'un arbre, au détour d'une échoppe, au fond d'un temple. Une série pleine de ses doutes, de mes douleurs, une série au goût de pardon, au parfum de renouveau, une série à l'envie d'aller mieux, au moins un peu. Une série qui attend les baisers de l'être aimé, pour que la lumière reprenne sa toute puissance.

Mes doigts viennent se glisser entre les siens, main contre le sable brûlant, alors que je ferme brusquement les paupières, gorge étrangement nouée.

- C'était une bonne idée, de s'échapper.

Un instant de silence, puis :

- Je ne sais pas de quoi tu fuyais, toi, mais je suis heureux que tu sois venu me voir.

Mes paupières se rouvrent, alors que je tourne la tête vers elle, lèvres légèrement relevées.

- Tu as trouvé ce que tu es venue chercher, ici ? Ou on continue notre tour, encore un peu plus longtemps ? On a des kilomètres et des kilomètres, encore, pour se perdre.

Darjeeling, Calcutta, Bao, le pays est large, bien trop large, pour les quelques jours qui nous restent, mais il est facile de tourner le dos à ce qui nous attend, si nous en avons besoin. Peut-être n'est-elle là que pour moi, peut-être n'attendait-elle que mon sourire, plus sincère, pour serrer ma main entre ses doigts, et me tirer à nouveau vers les pavés froids de Londres. Seulement, peut-être aussi est-elle là pour faire le tri dans son propre esprit, nos tumultes se répondant, sous la chaleur humide qui nous enserre. Il ne tient qu'à nous, alors, de continuer à nous abandonner dans de nouveaux villages, inconnus des non magiques.

Awful
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