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Jusqu'au sens du frisson | Erin & Lemony
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Sam 5 Déc - 13:27

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J'ai tout appris de toi
jusqu'au sens du frisson.
Et je t'aime encore plus fort qu'auparavant, comme un ami, comme un amant, comme une vague se soulève pour venir caresser la grève. Il ne faut pas que tu sois triste, le simple fait que tu existes est pour moi un tel réconfort... Je voudrais que l'on s'aime encore. Où que je sois dans l'univers tu es ma force et ma lumière, et j'avance dans la nuit noire là où tu poses ton regard Le simple fait que tu existes
- 22.05.2004

« Qu’est-ce que tu en penses ? »
Turing me regarde sans répondre – et je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il le fasse. Je suis juste nerveux. C’est la troisième fois que je change de veste – j’ai fini par m’arrêter sur un costume d’un bleu proche de celui de mes yeux, et je tiens devant moi une cravate assortie.  Bon, ce sera très bien, si je me change encore je vais finir par le mettre en retard. Respire Lemony, respire. Ma main tremble alors que je noue le tissu autour de mon cou, et que je l’ajuste en me retournant vers le miroir. J’avale d’un rapidement les potions de beauté et Lissemplis que j’avais posées près de l’armoire. J’hésite un instant à prendre aussi la Bomboeil, mais je dois admettre que je me sens presque nu sans mes lunettes, même si c’est très amusant de voir correctement sans. Je ne peux pas m’empêcher de me dire combien d’application merveilleuses cela pourrait avoir dans le monde moldu – j’aurais pu devenir astronaute ! Je soupire, et range la dernière fiole dans mon sac – on verra plus tard. Mon regard se pose sur mon reflet, et ma main droite vient caresser la barbe que je me laisse pousser depuis quelque temps. Au moins, ma coiffure est impeccable.

Est-ce que je vais lui plaire ce soir ? Est-ce que je lui plais vraiment en général ? Comment je peux lui plaire ? Cela me paraît invraisemblable – merveilleux, mais invraisemblable. Erin… Embrasser Erin, discuter avec Erin, marcher en tenant la main d’Erin, faire l’amour avec Erin, me réveiller avec Erin… J’ai l’impression que chacune des rencontres que nous avons organisées, chacune de mes invitations ou des siennes ont été comme un temps volé au monde, des instants suspendus loin de tout. Parce qu’ils l’étaient souvent, parce que nous ne nous sommes surtout vus que dans des petits villages, loin des yeux des autres sorciers. Je ne suis pas certain de vouloir que les choses restent ainsi.

Erin me manque quand elle n’est pas là. Erin m’obsède souvent, et je me surprends mille fois par jour à me dire que je dois lui raconter telle chose, lui parler de tel évènement, lui partager telle pensée. Erin est partout autour de moi, même quand elle est loin, tout me ramène à elle – je vois des cheveux longs voler au vent, je pense aux siens entre mes mains, j’entends quelqu’un rire, je me dis que son rire est vraiment adorable, et quand je ne dors pas avec elle je serre contre moi les vêtements que je portais à notre dernière rencontre, pour garder un peu son odeur, pour l’avoir près de moi… Erin est belle, courageuse, gentille, douce, intelligente – elle a une force que j’admire, un courage que je n’ai pas. J’ai fini par me l’avouer à moi-même sans avoir encore réussi à lui dire : je suis amoureux d’Erin McAllister. Je suis amoureux d’elle, et le seul fait de me le dire me rend incroyablement joyeux, léger. Son nom est dans mon cœur comme dans un grelot.

Turing miaule derrière moi, comme pour me ramener à la réalité, au présent. Je me retourne vers lui pour le caresser, mais il s’éloigne hors de ma portée. Il a compris que je partais ce soir – encore. Je crois qu’il me fait la tête de l’abandonner aussi souvent depuis quelques semaines. « Ça va pas durer, promis. » Il me faut une maison. J’ai rendu mon appartement londonien en m’installant à Poudlard, ramené toutes mes affaires chez mon père – la paie de professeur est largement suffisante pour se payer un hébergement dans le monde magique quand j’en ai besoin, et mon compte en banque moldu n’a jamais été vide – mon grand-père maternel ne l’aurait pas permis. Mais aujourd’hui cela ne me va plus de vivre à Poudlard, alors que je ne peux pas y faire venir mes proches, de devoir trouver des hôtels où emmener Erin – j’ai presque l’impression d’être un amant caché quand nous faisons cela. Ce n’est pas que nous nous cachons, pas vraiment - je crois que je voudrais que le monde sache combien je suis heureux, et quelle chance j’ai – mais plus pour notre tranquillité. Comme ce serait bien, de pouvoir l’inviter chez moi, de lui faire à manger, de lui proposer un nid où elle serait toujours la bienvenue – de voir sa brosse à dent dans ma salle de bain, de dormir dans un lit gorgé de son parfum même quand elle n’est pas là… Il me faut une maison. Pourquoi pas en Écosse ? Ce serait proche de Poudlard, et grâce à la magie je pourrais toujours aller voir mon père sans soucis ni délai. L’inverse serait moins vrai… Je verrai bien. « Aller Turing, tu ne vas pas me faire la tête le jour de mon anniversaire ? » Comme toute réponse, le chat saute sur un meuble en hauteur et me tourne le dos. Ingrat, va… J’attrape mon sac sans fond, et glisse ma main à l’intérieur pour vérifier… La rose y est bien. On dirait que je suis prêt, alors. J’enfile le trench coat acheté au Bazar MagicoMoldu le mois dernier, glisse ma baguette dans ma poche et après un dernier regard à l’attention de Turing glisse hors de mes appartements pour rejoindre Pré-Au-Lard.

Ma montre me prévient qu’il reste encore quelques minutes avant qu’il ne soit 19h quand je frappe à la porte de l’appartement qu’Erin partage avec Adele. Ce sont quelques minutes d'avance, mais je ne vais pas les passer bêtement sur le pallier à piétiner ?  Je crois que j’ai un peu peur que ce soit Adele qui m’ouvre – autant j’apprécie beaucoup la jeune femme, et je suis ravie de l’avoir retrouvée dans mon entourage en me rapprochant de sa cousine, autant elle m’intimiderait presque depuis que mes sentiments envers Erin ne sont plus qu’amicaux. C’est peut-être aussi ridicule que ma part que mes réserves concernant Aedrian – si je blesse Erin, ils pourront bien me faire la peau, je l’aurais mérité, mais si je ne le fais pas ils n’ont aucune raison d’être hostiles… Cependant… Adele est une amie, son cousin un collègue, j’ai l’impression de marcher sur des œufs. Erin a de la chance d’avoir la gryffondor, j’aurais aimé partager cela avec mes cousins, surtout en étant enfant unique. Leur mentir sur le pensionnat où j’étais scolarisé n’a certes pas aidé, mais je m’étais un peu rapproché d’eux en quittant le monde magique, Thomas était même venu de New York me voir à Berlin pendant mes études… Mon retour en Grande Bretagne a compliqué nos relations, encore. Pourquoi est-ce si normal que je sois obligé de mentir à mes proches ainsi ? J’entends des pas qui se rapprochent, et je vérifie une dernière fois ma tenue avant de me redresser et d’adresser un grand sourire à la porte qui s’ouvre devant moi. Je me demande ce qu’Erin voudra faire – j’ai réservé une table au restaurant pour 20h30, je sais qu’il y a une fête foraine pas loin, et des restes de l’adolescent moldu romantique que j’ai pu être me crie que ce serait charmant d’y aller avec elle, mais nous pourrions aussi flâner dans les rues, aller prendre un verre ou que sais-je… Pour ma part, simplement savoir que je vais fêter mes trente ans avec elle me permet d’affirmer que la soirée sera belle.

Et puis, il faut que je lui dise ce soir…

@Erin McAllister - 1 240 mots
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Jeu 24 Déc - 12:36


Jusqu'au sens du frisson

@Lemony Anderson

22 mai 2004



« Tu es sûre de toi ? »
« Oui, file ! »
« Je ne vois vraiment pas pourquoi on ne peut pas simplement lui envoyer un Patronus pour lui dire de nous rejoindre ici. »
Vous y revoilà. Pour la cinquième fois de la journée. Ta langue claque d'agacement, lassée de reprendre encore une fois la même conversation. Elle désapprouve, ça tu l'as bien compris. Mais ça ne change rien au fait que tu es certaine d'avoir eu raison.
Lorsque tu as ouvert les yeux, jeudi au soir, reprenant douloureusement connaissance, il y a eu un instant de terreur absolue. Le noir, les images de l'émeute, la violence déchaînée – ta violence... Heureusement, elles étaient là. Chacune d'un côté de ton lit, ta grand-mère assise dans un fauteuil, ses mains parcheminées caressant la tienne du bout des pouces. Et Adele adossée à la fenêtre, te jaugeant d'un regard inquiet qu'elle n'aurait jamais admis.
Et tu as fondu en larmes. Incapable de te contenir, incapable de faire cesser les tremblements, incapable de leur raconter. Avant qu'une potion de sommeil ne t'expédie une fois de plus au pays des songes.
Le réveil suivant avait été marqué par l'arrivée de la Gazette, ne décrivant que trop les débordements de la veille, avec une précision peinant pourtant à décrire les scènes d'horreur survenues au Ministère. Et tu t'étais redressée soudain, réclamant affolée un hibou dans l'instant. Et le plus rapide, si possible. Un hibou capable de rallier l'Écosse avant que Lemony n'ait eu le temps d'ouvrir son journal. Ton message était succinct, à peine quelques mots pour le rassurer et lui confirmer que vous vous verriez le lendemain, comme prévu. Après tout, tu serais bien sortie de l'hôpital magique d'ici là, n'est-ce pas ? Inutile de l'inquiéter pour rien. Mais c'était sans compter sur le refus inflexible que t'a opposé ton médicomage, t'annonçant les bras croisés qu'il était hors de question que tu sortes d'ici avant plusieurs jours, alimentant le discours d'Adele qui n'a cessé de râler depuis que tu as pris la décision de minimiser – de mentir, affirme-t-elle – ton état.
Alors pour la cinquième fois de la journée, tu reprends dans un soupir.
« Parce qu'il va paniquer s'il arrive ici tout seul. C'est mieux si tu l'accompagnes. »
« Si tu ne lui avais pas menti, en envoyant un hibou pour dire que tout va bien, il n'aurait pas de raison de paniquer en mettant les pieds à Ste Mangouste. »
« Si je n'avais pas envoyé un hibou, il aurait débarqué aussitôt et paniqué encore plus ! »
« S'il avait... »
« Mo nigheanan! Mo nigheanan! » La voix paisible de votre grand-mère s'élève entre vous, dans cette même intonation inflexible qui interrompait jadis vos disputes et vous renvoie encore aujourd'hui aux gamines que vous étiez. « Erin, je suis d'accord avec ta cousine. Tu n'aurais pas dû mentir à ton leannan. Maintenant, ce qui est fait est fait. Adele, il faut donc que tu ailles accueillir ce jeune homme chez vous. Vous disputer n'y changera rien et si vous continuez ainsi, il risque de se retrouver à la porte, an mì-fhortanach. » Face à un tel résumé, aucune de vous ne trouve quoi que ce soit à ajouter et, à ta grande satisfaction, tu vois enfin ta cousine tourner les talons en direction de la porte.
« N'oublie pas le paquet, dans mon armoire ! S'il te plait ! » rappelles-tu dans un dernier effort avant de te laisser retomber sur les oreillers.

* * *

L'humeur d'Adele est absolument massacrante. Être contactée par le Ministère pour apprendre que sa cousine a été victime d'un incident – d'un incident, par les couilles de Godric ! – dans l'exercice de ses fonctions. Rentrer au Royaume-Uni dans l'heure, pour découvrir une Erin couverte de bleus et inconsciente. Passer des heures à se ronger les sangs, avant d'enfin avoir des nouvelles rassurantes de la part des médicomages. Et maintenant devoir jouer les portières parce que mademoiselle n'a rien trouvé de mieux que de mentir à Lemony qui, elle n'en doute pas une seconde, va très mal prendre la chose. À raison !
Autant dire qu'au moment de lui ouvrir la porte, son visage n'a rien d'amène. Elle a quand même glissé dans sa poche le paquet réclamé, câliné Suil – étrangement coopératif – et embarqué quelques livres pour les longues heures qui attendent Erin. Mais sourire à Lemony, ce soir, c'est trop dur. Alors il n'a droit qu'à une brève accolade, un ton un peu plus brusque qu'à l'ordinaire. « Tu es prêt ? » Elle n'attend pas vraiment sa réponse avant de l'entraîner vers la cheminée, prononçant le nom de l'hôpital magique à haute et intelligible voix. Pas plus qu'elle ne répond à ses questions en le guidant le long des couloirs. Du moins, autrement que par monosyllabes.
Enfin, au détour d'un dernier virage, Jane les attend. Sans un regard, Adele s'engouffre dans la pièce, avant d'en ressortir à la même vitesse. Mais Lemony ne peut pas entrer, pas encore. Son éternel sourire apaisant sur les lèvres, Jane tend les mains vers lui. « Bonjour Lemony. C'est un plaisir de vous revoir. » Les mots lui viennent moins naturellement en anglais, mais elle s’y efforce, pour ne pas effrayer le sassenach de sa petite-fille. D’un petit signe de tête, elle désigne la porte. « Je crois qu’elle vous attend. Mais, Lemony ? » Elle le retient une seconde encore alors qu’il allait entrer, sur un sourire las. « Ne lui en veuillez pas trop. »


* * *

Tu as attendu l'arrivée de Lemony avec autant d'impatience que d'appréhension, demandant même l'aide ta grand-mère pour laver et brosser tes cheveux roux. Le shampoing et le rien de couleur apposé à tes joues t'ont rendue plus sereine, atténuant un peu l'aspect trop blême de ton visage, sans malheureusement faire disparaître le trop large hématome qui t'étale sur ta nuque et jusque dans ton cou.
Tu souris, pourtant, quand il entre, malgré une once de crainte quant à sa réaction. Ta main se tend vers lui pour l'inviter à s'approcher et c'est à peine si tu oses ce murmure, presque honteux de n'avoir que cet endroit à lui offrir pour cette soirée que vous vouliez si spéciale. « Joyeux anniversaire... »

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Lun 28 Déc - 22:30

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J'ai tout appris de toi
jusqu'au sens du frisson.
Et je t'aime encore plus fort qu'auparavant, comme un ami, comme un amant, comme une vague se soulève pour venir caresser la grève. Il ne faut pas que tu sois triste, le simple fait que tu existes est pour moi un tel réconfort... Je voudrais que l'on s'aime encore. Où que je sois dans l'univers tu es ma force et ma lumière, et j'avance dans la nuit noire là où tu poses ton regard Le simple fait que tu existes
- 22.05.2004

Comme pour répondre à mes angoisses, c’est Adele qui m’ouvre – et pour les amplifier son comportement est des plus étrange. Elle ne me sourit, elle me fait une accolade très brève presque sans desserrer les dents. « Tu es prêt ? » Mes sourcils se froncent sous mes lunettes épaisses. « Prêt ? » Elle ne me répond même pas, elle me tire par le bras dans leur appartement – où Erin n’est pas. Je n’ai pas le temps de la questionner à ce sujet, que déjà dans la cheminée elle annonce. « Sainte Mangouste. » Quoi ? Je reste un instant interdit face aux flammes vertes, immobile dans leur appartement à présent désert et silencieux. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi Sainte Mangouste ? Où est Erin ? Erin est… Je suis dans la cheminée, à mon tour, je ne sais même pas quand j’ai attrapé la poudre de cheminette, j’ai à peine conscience que je prononce moi aussi le nom de l’hôpital d’une voix blanche. La gryffondor est là, pour me guider dans les dédales du bâtiment, et j’ai vaguement conscience que je tremble alors que je lui emboîte le pas. « Erin va bien ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi je… Comment ? J’ai reçu un courrier pour me dire qu’elle allait bien, je… » Adele ne répond qu’à peine – son refus de simplement me rassurer m’épouvante et me désespère. Ces couloirs n’en terminent pas de s’étirer sous nos pas et me laissent très vite seul avec mes inquiétudes et mes doutes ? Pourquoi ne m’a-t-on rien dit ? Qu’est-ce qui lui arrive ? Où est-ce que sa cousine m’emmène ? Je sursaute presque quand je connais sa grand-mère au détour d’un couloir. « Bonjour Lemony. C'est un plaisir de vous revoir. » Adele rentre dans la pièce, mais je n’ai pas le temps de m’y engouffrer à sa suite – elle la referme sur moi et les mains de Jane viennent attraper les miennes. « Je crois qu’elle vous attend. Mais, Lemony ? » Adele est ressortie, la vieille dame me désigne la porte mais me retient encore. Je crois que je pourrais hurler pour qu’elle me lâche, pour qu’elle me laisser entrer et trouver des réponses – mais j’ai l’impression de ne plus avoir la moindre force dans mon corps, que simplement arracher mes mains de l’étreinte des siennes ou émettre un son est bien au-delà de mes capacités. « Ne lui en veuillez pas trop. » Elle me libère enfin, et je ne prononce pas un mot alors que je pousse la porte.


Tout cela, finalement, ça a un désagréable arrière-goût de déjà-vu.

Ta mère a des soucis d’ordinateurs Lemony, c’est pour ça qu’elle ne t’envoie plus de mails.
Oh non je ne peux pas te la passer, elle est chez une de ses amies.

Malgré la voix éteinte de mon père, j’étais trop pris dans mon travail, trop pris dans mon existence, loin de tout ce monde. Je n’avais relevé. Jusqu’à ce mot, un jour, d’Emma qui ne m’avait pourtant plus écrit depuis mon départ. J’ai appris pour ta mère, je suis désolée.

Elle avait appris pour Audrey, mais moi j’étais resté dans l’ignorance. Et cela me revient, comment ce mensonge a éclaté, ma colère au téléphone, les larmes de mon père, ses explications…

Et puis la honte, la culpabilité, le déni.

@Elisabeth Holmes m’avait appelé, quelques semaines plus tard. Elle était sortie d’Azkaban, elle voulait que je revienne, que je sois là pour elle. Mais c’était aller à Londres, c’était revenir, ne plus avoir d’excuse pour continuer de me mentir. Pour ne pas perdre ma mère tout de suite, j’avais préféré perdre ma meilleure amie – qui allait mieux, qui était sortie, qui s’en remettrait, dont je n’avais pas causé le malheur… Cela me semblait moins douloureux.

Et ce jour de janvier 2002, alors que mon chemin m’avait finalement ramené en Grande Bretagne... A me présenter à ces médecins qui semblaient surpris d’apprendre qu’elle avait un fils – un horrible fils qui n’était jamais venu la voir encore. Pousser la porte de cette chambre d’hôpital pour la trouver là, assise sur une chaise, le visage griffé par ses propres ongles pourtant coupés si courts, ses beaux yeux perdus dans le vide, son incompréhension… L’entendre me répéter qu’elle n’a pas de fils, en paniquant alors que j’essaye de lui expliquer, lui rappeler nos souvenirs ensembles, que je pleure parce que je ne sais pas si elle m’a oublié, si elle a peur de moi ou si elle me déteste – jusqu’à ce qu’un médecin ne me demande de partir.

Ils sont rares les jours où je ne paye pas la lâcheté qui m’a retenue en Allemagne, où je ne regrette pas de ne pas en avoir plus fait, plus vite, pour essayer de la ramener.


Comment sera-t-elle, la Erin derrière cette porte ? Sera-t-elle consciente ? Se souviendra-t-elle de moins ? Est-ce que je lui inspirerai encore un peu d’amour et de douceur, ou est-ce qu’elle m’aura oublié, est-ce que je lui ferai peur ? Quand est-ce que c’est arrivé ? Je ne l’ai pas vue cette semaine… Est-ce que c’était bien lors des émeutes, que sa lettre n’était qu’un mensonge ? Elle disait aller bien, comme mon père avait prétendu à l’époque pour lui et pour sa femme – pour ne pas m’inquiéter. Que pensent donc mes proches de moi pour me refuser ainsi la vérité, pour m’offrir une protection que je ne veux pas – je ne veux plus jamais. Un cadeau empoisonné.  

Elle n’a pas le visage perdu dans le vague quand j’entre. Elle me voit – elle me reconnaît. Elle est pâle, mais pas trop, ses cheveux sont brillants autour de sa tête, et elle sourit. Il y a un énorme hématome dans son cou. Elle me tend la main, et j’avance vers elle sans réussir à détourner les yeux de la marque violacée. « Joyeux anniversaire... » Je m’assoie sur le bord du lit, sans un mot. Je la détaille avec une inquiétude certaine – quoique différente de celle qui peint ses traits. Après un instant, je finis par me pencher vers elle pour embrasser son front avec délicatesse. « Erin… » Je reste immobile comme cela, avec son visage près du mien. Elle est peut-être alitée là, mais c’est encore elle – elle n’est pas partie pour toujours. Je ne veux pas qu’elle s’en aille. Je ne veux pas me retrouver sans elle, je ne veux pas la perdre… Je prends de grandes inspirations pour humer son parfum et son odeur de shampoing – ça explique pourquoi ses cheveux brillent ainsi. J’ai envie d’y perdre mes doigts, mais je ne veux pas risquer de lui faire mal. Je m’éloigne finalement, pour plonger mon regard dans le sien. « Comment tu te sens ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? » J’aimerai lui laisser plus de temps, ne pas la brusquer – si je suis un peu en colère, un peu déçu, un peu trahi, je sais pour avoir eu cette conversation avec mon père que cela ne sert à rien de trop forcer… Mais je ne sais pas quelles sont les heures de visites à Sainte Mangouste, je ne sais pas si l’on ne risque pas à tout instant de me demander de partir – après tout il est déjà si tard et c’est un samedi… Je veux comprendre, comprendre pour pouvoir me calmer, pour pouvoir profiter du temps qu’il me reste ici – avec elle. Et j’ai peur tout d’un coup… Je m’étais décidé de lui dire que je l’aimais, combien je l’aimais… Mais si elle ne voulait pas, si cela était le signe que ce n’est pas la place qu’elle veut que j’ai dans sa vie ? Mon trench coat me tient trop chaud, mais je n’ose pas l’enlever – j’ose à peine bouger en fait, suspendu à ses lèvres.


@Erin McAllister - 1 306 mots
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Mar 29 Déc - 10:21


Jusqu'au sens du frisson

@Lemony Anderson

22 mai 2004



Dans ces quelques minutes qui ont suivi le retour en fanfare d'Adele – qui n'a pris que le temps de déposer le paquet demandé sur ta table de nuit dans un « Il est là. » expéditif, tu as senti une pointe d'angoisse te serrer le cœur. Il est là… Mais s'il décidait finalement de ne pas entrer ? S'il t'en voulait trop d'avoir minimisé la situation ? Tu aurais du lui dire. Les reproches d'Adele tournent en boucle dans ton esprit, avec un fond de vérité bien trop désagréable pour être ignoré.
Enfin, la porte s'ouvre pour laisser passage à Lemony et tu t'en veux presque d'avoir osé douter de lui. Bien sûr qu'il est là. Évidemment qu'il est là. Ses yeux croisent les tiens, descendent le long de ta gorge, s'ancrent à ces teintes violacées qui déploient leur camaïeu sur ta peau pâle. Dans un vain espoir de le cacher – ou un rien de coquetterie –, tu décales une mèche pour en couvrir un peu l'étendue, tout en sachant que c'est peine perdue.
Tes doigts encore tendus vers lui retrouvent le contact rassurant de son éternel trench coat tandis qu'il s'assied près de toi. Dans un réflexe immédiat, tu te redresses à demi pour venir rencontrer ses lèvres. Mais ce simple mouvement te tire une grimace douloureuse et tu te laisses retomber en arrière, la nuque bien calée contre les oreillers, le laissant embrasser ton front avec douceur.

Tu voudrais lui dire que tu es désolée. Désolée de ce qui t'est arrivé, désolée d'être coincée ici pour sa soirée d'anniversaire, désolée aussi de ne pas lui avoir tout dit dans ton message. Mais tu n'oses pas. Et tu restes silencieuse, le temps pour lui de rassembler ses pensées, serrant seulement sa main dans la tienne. Il ne lui faut pas longtemps pour te questionner, avec ce mélange d'inquiétude et de besoin de comprendre qui t'attriste autant qu'il te fait sourire. Ce n'est sans doute pas la réaction la plus adéquate, mais il est si Serdaigle jusqu'au bout des ongles, même dans ses demandes d'explications.
Et tu lui dois, ces réponses, même si tu sais qu'elles ne seront pas en mesure de le rassurer… Alors dans une dernière hésitation, tes doigts toujours ancrés aux siens, tu prends doucement la parole. « Je… Je suis désolée. Je vais bien. » Au fond, c'est tout ce que tu as envie de lui dire. Tu vas bien et tu espères qu'il ne t'en voudra pas. Mais c'est sans doute aussi ce qu'il n'a aucune envie d'entendre. Tu prends une profonde inspiration avant de continuer. «  J'imagine que… tu as entendu parler des émeutes au Ministère ? » Évidemment. Il faudrait plus qu'un tremblement de terre pour empêcher Lemony d'ouvrir son journal à la même heure chaque matin pour y découvrir les nouvelles du monde magique – et sans doute du monde moldu aussi. « Nous avons été réquisitionnés pour maintenir le calme et éviter que les manifestants ne fassent de dégâts mais… nous avons été débordés. Ils étaient si nombreux et nous pas assez… C'était… » Une fois de plus, tu t'interromps, incertaine. Faut-il tout lui dire ? Ces scènes cauchemardesques, tout droit revenues des années de guerre ? Ces violences, cette intolérance, cette discrimination qui vous hurlaient leur rage au visage ? Lui-même ne sait que trop bien combien les sorciers peuvent être obtus et méprisants à l'égard de qui ne leur ressemble pas. Alors non, tu ne lui diras pas. Pas tout de suite. Peut-être un peu pour le protéger, encore. Mais aussi et surtout parce que tu ne te sens pas capable d'en parler, de revivre ces moments. Plus tard, peut-être. Éluder, ne dire que l'essentiel. Et surtout, répondre à ses questions.

« J'ai fini par perdre connaissance. Les médicomages ont dit que c'était un épuisement magique. Selon eux, j'ai trop puisé dans mes ressources et mon corps ne l'a pas supporté. Mais je ne devrais pas en garder de séquelles, ils pensent que tout devrait rentrer dans l'ordre d'ici une dizaine de jours. Ils me gavent de potions pour s'en assurer. » Tu désignes ta table de chevet où s'alignent différentes fioles aux couleurs et usages variés. « J'avais aussi deux côtes cassées, mais c'est déjà réparé. » Le Poussos a fait son effet dès ta première nuit d'hospitalisation, ne te laissant que la sensation désagréable d'être ankylosée, son goût se révélant aussi affreux que dans tes souvenirs de maladroite chronique. « Quant à l'hématome… Il devrait se résorber tout seul petit à petit. » Tu baisses les yeux dans un vain espoir de l'apercevoir, tout en sachant bien qu'il faudrait un miroir pour que tu y parviennes. D'un autre côté, tu n'es pas certaine de souhaiter vraiment revoir la tache immense.

« Voilà… Tu sais tout. » Tu cherches son regard, espérant ne pas y lire trop de déception, de colère. Elles seraient pourtant bien légitimes, tu en es trop consciente. Peut-être est-ce pour cela que tu ajoutes, doucement. « Je suis désolée, Lemony… J'aurais sûrement dû te le dire mais je ne voulais pas te faire peur tant que les médicomages ne savaient pas exactement ce qu'il en était. » Tu ne voulais pas lui partager ta peur, non plus. Car des cas d'épuisement magique, tu en as déjà entendu parler et il se murmure parfois que de grands sorciers se sont trouvés réduit à l'état de cracmols à trop la solliciter à tort et à travers. Douce Helga, l'idée de perdre tes capacités… Cette magie qui coule dans tes veines, qui te construit, qui serais-tu sans elle ? Merlin merci, ce ne sera pas le cas, et tu hoches encore la tête dans un sourire léger. « Je vais bien, vraiment. »

Lemony Anderson

Lemony Anderson
Super vilain
hiboux : 536
Mar 29 Déc - 20:58

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J'ai tout appris de toi
jusqu'au sens du frisson.
Et je t'aime encore plus fort qu'auparavant, comme un ami, comme un amant, comme une vague se soulève pour venir caresser la grève. Il ne faut pas que tu sois triste, le simple fait que tu existes est pour moi un tel réconfort... Je voudrais que l'on s'aime encore. Où que je sois dans l'univers tu es ma force et ma lumière, et j'avance dans la nuit noire là où tu poses ton regard Le simple fait que tu existes
- 22.05.2004

Ses doigts sont accrochés aux miens, mais c’est à peine si j’en ai conscience. J’ai besoin qu’elle me parle, qu’elle m’explique. Qu’elle me rassure, aussi. Elle a l’air d’hésiter. « Je… Je suis désolée. Je vais bien. » Il en faudra beaucoup plus pour me convaincre, j’ai suis horrifié par la couleur de la marque sur son cou, de la savoir allongée dans cette chambre d’hôpital, pour je ne sais pas combien de temps, depuis je ne sais pas combien de temps. « J'imagine que… tu as entendu parler des émeutes au Ministère ? » C’était donc bien cela… Mais sa lettre ? Je hoche la tête, me forçant à rester silencieux. Oui, j’en ai entendu parler. J’ai lu les descriptions de la violence des altercations dans le journal, les débats de ceux qui défendaient ou critiquaient cette action. Moi je n’y connais rien, à ces questions de traditions, cela ne m’intéressait même pas d’ailleurs… A part peut-être pour mes étudiants. Je suis le premier à pointer les difficultés des étudiants nés-moldus, à les défendre – j’ai vu cette année les difficultés des non hermétiques. Discuté avec eux, échangé… Le visage d’Eirian me revient en mémoire. Il faut que je me renseigne un peu sur la question, mais il m’apparaît que cette décision risque de me conforter dans le soutien que j’affiche volontiers pour le Ministère, que c’était sans doute la meilleure chose à faire. « Nous avons été réquisitionnés pour maintenir le calme et éviter que les manifestants ne fassent de dégâts mais… nous avons été débordés. Ils étaient si nombreux et nous pas assez… C'était… » Elle ne finit pas sa phrase, et ma main serre la sienne. Je n’ai pas besoin de tous les détails tout de suite, je ne veux pas qu’elle revive par ma faute un évènement potentiellement traumatisant. Plus tard peut-être, ma curiosité prendra le dessus – mais pas maintenant. Ce n’est pas le détail des coups qu’elle a reçu, le récit fidèle de la violence à laquelle elle a du faire face qui m’intéresse. Non, ce que je veux savoir, c’est comment elle va, ce qu’elle a – pourquoi elle ne m’a rien dit. « J'ai fini par perdre connaissance. Les médicomages ont dit que c'était un épuisement magique. Selon eux, j'ai trop puisé dans mes ressources et mon corps ne l'a pas supporté. Mais je ne devrais pas en garder de séquelles, ils pensent que tout devrait rentrer dans l'ordre d'ici une dizaine de jours. Ils me gavent de potions pour s'en assurer. J'avais aussi deux côtes cassées, mais c'est déjà réparé. Quant à l'hématome… Il devrait se résorber tout seul petit à petit. » Je souffle, rassuré. Ma douce Erin, ma jolie Erin, ma merveilleuse Erin… Tu ne mérites pas cela, mais je suis presque certain que tu le referais, pour protéger le Ministère, ceux qui étaient présents… Comme j’admire son courage. Comme je regrette qu’elle ne m’ait rien dit. « Je suis désolée, Lemony… J'aurais sûrement dû te le dire mais je ne voulais pas te faire peur tant que les médicomages ne savaient pas exactement ce qu'il en était. » Je me pince les lèvres, alors qu’elle esquisse un sourire. La voilà, l’explication. Elle ne me satisfait pas vraiment, je ne la comprends pas vraiment – mais je crois que cela partait d’une bonne intention. « Je vais bien, vraiment. » Je soupire. Ai-je l’air si inquiet que cela ? Si fragile qu’il faille m’éviter toute peur, me protéger de mes propres angoisses ? Suis-je si lâche ? Je n’ai pas envie qu’elle ait cette image de moi – je ne le supporterai pas je crois. Je lache enfin sa main, sans prononcer un mot, et enlève mon trench coat lentement. Il faut que je reste calme – cela ne sert à rien de l’accabler avec ma déception, avec mes craintes et mon agacement. Je replie méthodiquement le manteau et le pose sur mes genoux – mes doigts glissent sur la poche où se trouve la rose que je lui ai achetée, que je prévoyais de lui offrir. Je m’efforce de sourire à mon tour, quand mon regard retourne à elle – mes mains tremblent sur mes jambes. « Est-ce que tu sais quelles sont les heures de visites autorisées à Sainte Mangouste ? Dans combien de temps on va me demander de partir ? » Je m’accroche aux pensées rationnelles pour ne pas céder au reste. C’est une peine perdue, et ce n’est pas sain. Je ne veux plus vivre en me mentant à moi-même, ou à mes proches. « Erin je… » Je lève les yeux un instant, pour chercher mes mots. « Je suis heureux que tu ailles bien – enfin que ce soit une perceptive assez proche. » J’avance ma main pour caresser un de ses mèches rousse – j’adore la texture de ses cheveux sous mes doigts. Ça a quelque chose d’apaisant. « Je ne peux pas te dire que je comprends pourquoi tu m’as écrit ce mot pour me dire que tu allais bien, parce que ce n’est pas le cas. Mais maintenant c’est fait alors… » C’est trop tard. Elle ne peut pas remonter le temps pour s’empêcher d’agir, je ne le peux pas non plus. Je ne veux pas que ce soit notre fin pour autant. « Je dois te demander de ne plus jamais le faire. De ne plus me cacher quand tu ne vas pas bien, de ne plus me rassurer en me mentant. Je ne le supporterai pas, tu comprends ? » Peut-être que je devrais lui dire, à mon tour, lui raconter ce que cela m’évoque. Lui parler de ma mère, de ma bêtise, de mon manque de courage… Pas tout de suite. C’est mon anniversaire, je n’ai pas besoin de m’infliger cela maintenant, en plus du reste – son regard, sa réaction, ma honte. « Erin… Je veux être là pour toi. Je ne suis pas un enfant, pas un idiot. Je suis capable d’encaisser un certain nombre de choses, même si je n’ai pas ton courage, ou celui d’Adele, ou… » Ma main est revenue, et j’ai les bras croisés contre moi, la jambe qui de temps en temps s’agite dans un mouvement nerveux. « Je ne veux pas que tu m’exclues des moments difficiles, je veux que tu puisses te reposer sur moi, et je veux pouvoir me reposer sur toi – parce que je suis amoureux de toi. » Là. Je ne lui avais jamais dit, c'est fait – je voulais lui dire aujourd’hui, je ne pensais certainement pas que cela se passerait ainsi. C’est maintenant ou jamais, c’est comme cela et pas autrement. « Je t’aime Erin. »

@Erin McAllister - 1 100 mots
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