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Soleil et rayons de miel — Léonard
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Jeu 5 Nov - 11:20

Soleil et rayons de miel
- 17 juin 1980 - @Léonard Slughorn



Le petit flacon brun était tombé dans la doublure de sa cape runique, et Damocles l’avait retrouvé par hasard en sentant un renflement inhabituel sous le tissu alors qu’il pliait soigneusement ses affaires hivernales pour les ranger. Avec l’arrivée du printemps, la cape était devenue trop lourde et trop chaude, et après avoir passé une journée à transpirer sous un soleil pourtant faiblard, il avait décidé de la troquer contre une autre plus légère et plus adaptée. Il aurait pu ranger ses affaires par magie, mais curieusement, il n’avait jamais réussi à plier correctement les vêtements à l’aide de sa baguette. Le tissu résistait, ne s’alignait pas, et cela formait des plis qui n’étaient pas droits et qui donnait à sa tenue un air chiffonné. Une raison suffisante pour prendre le temps d’effectuer cette tâche à la main, et de tomber par la même occasion sur des petits flacons oubliés. Damocles avait détaillé la potion, cherchant à se souvenir où et comment elle était entrée en sa possession, jusqu’à se souvenir de cette journée de février où il avait accompagné @Erin McAllister sur le Chemin de Traverse pour tenter d’échapper à une Carol-Ann particulièrement féroce. Ce jour là, il y avait de l’animation, un genre de carnaval, et l’organisateur de cet événement lui avait collé dans les mains plusieurs de ces flacons avec un sourire éclatant, en parlant de rêves, d’une demi-heure de détente, de moments heureux. Damocles avait alors probablement fourré les échantillons dans ses poches, et l’un d’eux était tombé dans la doublure. Cela l’avait ennuyé de trouver ce flacon là, car cela voulait dire qu’il y avait un trou dans cette cape qu’il avait payé une fortune, et il n’aimait pas voir ses affaires abîmées. Il avait abandonné l’échantillon de potion dans un coin avant de porter la cape à repriser.

***

En franchissant le pas de la cheminée, Damocles laisse échapper le soupir las qu’il avait retenu toute la nuit et passe une main sur son visage fatigué. Il rentre chez lui avec plus de douze heures de retard, après avoir passé une grande partie de la nuit à courir dans tous les sens sans avoir l’occasion de s’accorder la moindre pause. La veille, il s’apprêtait à quitter le Ministère - bien plus tard qu’il ne l’aurait dû - lorsque l’alerte avait été donnée par le brigadier Abbott. Un simple contrôle de routine de l’animalerie du Chemin de Traverse qui avait dégénéré, le bureau de régulation des créatures magiques avait besoin d’aide. Il avait couru avec Abbott sur les lieux, renonçant à sa nuit de sommeil pour découvrir un chaos sans nom. Une cage immense s’était détachée, tombant au sol et s’ouvrant sous le choc, libérant plusieurs oiseaux exotiques - des focifères, avait-il appris plus tard - et un augurey, qui s’étaient échappés hors de la boutique pour s’accorder une promenade méritée, semant le désordre sur le Chemin de Traverse. Ils avaient bien mis plusieurs heures pour rassembler les oiseaux, quelques unes de plus pour orienter ceux qui avaient entendu le chant des focifères vers Ste-Mangouste, et le reste de la nuit pour recevoir les sorciers crédules et effrayés qui avaient croisé la route de l’augurey, présage de mort, et qui réclamaient à grand cris une protection particulière pour les jours à venir. Sans compter la quantité de rapports d’incident rédigés au cours de la nuit. Le soleil pointait le bout de son nez quand Damocles avait quitté les bureaux avec soulagement.
Un coup d’oeil rapide à sa montre lui indique qu’il ne dispose que de deux petites heures de repos avant de devoir retourner à son poste et il lâche un grognement. Si ce fichu bureau de régulation des créatures magique avait fait son travail correctement, il aurait pu bénéficier d’une vraie nuit de sommeil, et non pas de quelques heures de sieste probablement agitée. Damocles relève brusquement la tête. Une sieste. Des rêves, une demi-heure de détente, de moments heureux qui, avec un peu de chance, reposeront assez son cerveau fatigué pour lui permettre de repartir à la brigade avec les idées à peu près en place. Le temps d’avaler un morceau et de prendre une douche rapide, et Damocles s’écroule sur son lit en observant le flacon. Et si c’était une mauvaise idée ? Si la potion l’épuisait au contraire, lui faisait faire un cauchemar, s’il ne se réveillait pas ? Mais il avait vu McAllister saluer avec chaleur le vendeur de potion, et il en déduit qu’il peut avoir confiance en son jugement. Sans réfléchir plus longtemps pour ne pas changer d’avis, il fait sauter le bouchon du flacon d’un coup de baguette et d’une gorgée, en avale le contenu, avant de se laisser tomber sur son lit sur le dos, les yeux fixés sur le plafond. Immédiatement, comme mû par un signal entendu de lui seul, le petit chaton tacheté qui le suit comme son ombre depuis quelques mois saute avec légèreté pour s'installer sur son ventre, à peine plus lourd qu'une plume, et Damocles pose une main sur la petite boule ronde et chaude, soudainement envahi par un étrange sentiment de pleinitude. Est-ce normal, ce calme soudain ? Il se sent lourd, lourd comme une enclume coulant dans du coton. Pourquoi, comment ? Il n'arrive même plus à ressentir cette inquiétude particulière qui l'accompagne habituellement. Envolés stress, tensions, angoisses. Il les sent s'évaporer, et le plafond disparaît petit à petit, tandis qu'il s'enfonce dans le sommeil.

***

Il ouvre les yeux, brusquement, l’excitation au creux du ventre. D’un bond, il se lève et ses pieds nus atterrissent sur le tapis moelleux qui recouvre le plancher. Par la fenêtre, les premiers rayons du soleil viennent baigner la pièce d’une lumière douce, et Damocles sent son sourire s’étirer. Cette journée promet d’être belle. « Minty ! » crie-t-il, et cet appel résonne dans la pièce vide. Aussitôt, un crac sonore se fait entendre et l’elfe de maison ratatinée se redresse sur le tapis, ses grandes oreilles s’agitant avec diligence. « Le jeune maître est déjà debout. Minty lui souhaite un joyeux anniversaire. » croasse-t-elle avec gentillesse, avant de se diriger vers les rideaux qu’elle ouvre grand. A travers la fenêtre, Damocles voit la pelouse du parc qui s’étend jusqu’au petit bois et un peu plus loin le lac qui brille sous le soleil, et s’arrête quelques seconde pour contempler le paysage avec l’étrange impression que cela fait longtemps qu’il ne l’a pas vu. Pourtant, la moitié de juin est déjà écoulée, cela fait donc plusieurs mois qu’ils ont quitté le manoir de Londres pour rejoindre l’Écosse et qu’il se lève tous les matins devant le même tableau. Peut-être est-ce lié au fait qu’aujourd’hui, il a onze ans. Un jour à marquer d’une pierre blanche, c’est le dernier anniversaire qu’il passera au manoir avant d’entrer à Poudlard, et c’est également aujourd’hui qu’il recevra sa baguette, marquant enfin son entrée véritable dans le monde sorcier. Il avait déjà accompagné son père chez Ollivander au mois de janvier lors de leur passage annuel à Londres, afin de permettre au vieux sorcier d’effectuer toutes ses mesures, et depuis ce jour, il avait guetté nerveusement toutes les arrivées de hibou au château, en espérant voir l’un d’entre eux apporter la baguette. Son père avait pourtant été clair. Il recevrait la baguette le jour de son onzième anniversaire, pas avant, et il ne pourrait l’utiliser avant son entrée à Poudlard. Mais cela n’avait pas empêché Damocles de fixer le ciel avec espoir.
Alors que l’elfe s’active dans la grande pièce, Damocles enfile sa robe de chambre avant de se précipiter dans le couloir et de courir jusqu’à la porte de la pièce mitoyenne qu’il ouvre à la volée. « Léonard ! Lève-toi ! » Il secoue sans ménagement la forme qui sommeille sous les draps, et ponctue sa phrase d’un coup d’oreiller pour être certain de réveiller son frère. Un grognement de protestation s’élève des couvertures, et Damocles n’y accorde aucune attention. Il se dirige vers la fenêtre et ouvre les rideaux d’un coup sec, laissant la lumière envahir brutalement la pièce. « Allez, dépêche-toi un peu. Je descends, moi. » Joignant le geste à la parole, il quitte la chambre rapidement et s’élance vers le grand escalier de marbre. Il descend à toutes jambes, sautant les cinq dernières marche avec agilité avant de se retourner vers Léonard. « Ne fais que trois marches, sinon tu vas tomber comme la dernière fois. » Une fois le petit frère correctement réceptionné, il se met de nouveau à courir pour traverser le hall, sous le regard désapprobateur des tableaux. Il se fiche bien de ces vieilles peintures qui passent leur temps à les sermonner du haut de leurs toiles. Mais c’est une apostrophe sèche qui l’interrompt net dans son élan. « Damocles ! Léonard ! Combien de fois vous a-t-on dit de ne pas courir dans la maison ! Vous êtes vraiment mal élevés. J’ai toujours dit que cette cracmole de Madeleine vous laisserait faire n’importe quoi, mais on ne m’écoute pas, et voilà ce que ça donne ! Où est votre elfe ? Minty ! Minty ! » Damocles, pétrifié, reste figé les mains derrière le dos. Il n’aime pas trop quand sa grand-mère traite sa mère de cracmole. Certes, il a remarqué que sa mère est bien moins douée en magie que son père ou que sa grand-mère, mais ça n’est pas une raison. Cependant, il craint bien trop la colère de la vieille femme pour oser dire quoi que ce soit. La seule personne qu’il avait vu tenter de reprendre Anthénia, c’était son père et ce soir là, il avait eu la chance d’apprendre une flopée d’insultes qu’il n’avait jusqu’alors jamais entendues. Il attend donc patiemment que la colère de sa grand-mère veuille bien se calmer. Mais l’auguste sorcière ne semble pas vouloir s’épuiser. Malgré la belle journée, elle porte une robe bleu nuit dont la dentelle lui remonte jusqu’au cou et lui couvre les bras. De minuscules edelweiss sont brodées sur le corsage, brillantes comme les perles qui ornent les lobes de ses oreilles. Ses cheveux blonds sont remontés sur sa nuque en un chignon élaboré, et son chapeau, dont la forme rappelle vaguement celle d’un haut de forme en accordéon, lui aussi brodé tient en équilibre précaire sur le haut de son crâne, menaçant de tomber à chacun de ses mouvements de tête agacés. « … allez finir par me rendre folle ! Et où est passé votre incapable de père ! Encore avec cette barrique d’Horace, je parie ! Les invités vont arriver d’une minute à l’autre, et j’ai autre chose à faire que de m’occuper de deux garnements intenables de votre genre. Hors de ma vue ! Dépêchez-vous, avant que je ne me fâche pour de bon ! Et où est cette maudite elfe ! MINTY ! » Il n’en faut pas plus pour faire filer Damocles, mais à peine a-t-il le temps de se détourner qu’une poigne de fer lui agrippe le bras et il doit serrer les dents pour réprimer un cri de douleur. Le visage furieux de sa grand-mère s’approche, tandis qu’elle tire sur son col. « Et redresse cette cravate, tu vas me faire honte, encore ! » Elle refait rapidement le noeud, sans douceur pendant que Damocles reste immobile, sans rien dire. Une fois libéré, il franchit la grande porte arrière du manoir pour sortir dans le parc.

Sous le haut soleil de l’après-midi, l’herbe qui couvre les collines au loin semble plus verte. Une tente blanche a été dressée pour apporter un peu d’ombre aux convives, et assis à une table, Léonard fait signe à Damocles. La chaise est trop grande pour lui, et ses pieds ne touchent pas le sol, oscillant dans le vide. Des adultes lui sourient, s’extasiant sur son passage, adressant leurs félicitations. Une grande sorcière aux yeux vert pomme lui attrape la joue pour tirer dessus, et il sourit. « Tu es un véritable sorcier maintenant ! Prêt à aller à Poudlard ? » Damocles hoche la tête avec enthousiasme. « Oh oui ! Oncle Horace m’a dit que je pourrai monter avec lui dans le train. » La sorcière incline la tête avec gravité, comme si la simple idée d’être dans le même wagon qu’Horace est en soit un accomplissement. Damocles s’excuse et s’éloigne en direction de sa mère qui lui fait signe. Elle a un grand chapeau blanc, et ses cheveux bruns sont rassemblés en une lourde tresse qui tombe sur son épaule. Il y a une coccinelle sur la tresse, mais Madeleine ne semble pas l’avoir vue. Alors Damocles tend le bras pour la cueillir et la montrer à sa mère avec un sourire. « Tu as une coccinelle ! Fais un voeu. » Mais sa mère sourit et repousse sa main. « C’est toi qui l’a trouvée, c’est à toi de faire un voeu. » répond-elle dans son mauvais anglais. Mais la coccinelle, lassée, s’envole avant qu’il ait le temps de penser à quoi que ce soit, et sa mère éclate de rire. « Ce n’est pas grave, tu en trouveras une autre ! » ajoute-t-elle en français. « File, ton père te cherche. » Damocles fait une grimace. Il n’a pas vraiment envie d’aller voir son père tout de suite. Il préfère rejoindre son frère, que Minty surveille. Pour l’occasion, l’elfe a épinglé une branche de persil sur le revers de sa blouse verte. Damocles se glisse sur la chaise à côté de Léonard et pose devant lui la longue boîte en bois avant de l’ouvrir, révélant la baguette tant attendue. « Toi aussi, tu pourras en avoir une quand tu iras à Poudlard. » Ce ne sera pas avant de longues années. « Attention, ne la casse pas ! » Au moment de lui donner l’étui, son père lui avait formellement interdit d’en sortir la baguette. Il a le droit de regarder, mais c’est tout.


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Jeu 5 Nov - 19:52
Soleil et rayons
de miel
17 Juin 1980


Le lit moelleux et profond de Léonard, s’étirait sous son corps comme un nuage cotonneux duquel personne ne voudrait jamais sortir. Les rideaux ne laissaient passer, par leurs motifs percés, que de léger faisceau de lumière laissant ainsi la pièce dans la pénombre. Le jeune enfant endormi dans le lit se sentit secoué violemment, en entrouvrant les yeux, il aperçut son grand frère, tout à fait excité et qui exigea qu’il se lève. Minty rentra dans la pièce, et Léonard lui jeta un regard mauvais, il détestait plus que tout que l’Elfe soit sa première vision du matin, mais Damocles était là, Minty était donc protégée et ne pouvait recevoir le cube rouge qui se trouvait à portée de la jeune main. Léonard grogna qu’il ne voulait pas se lever, tout en rabattant sur sa tête la couette chaude et épaisse.
C’était sans compter sur la détermination sans faille de Damocles à faire lever son petit frère. Ce dernier alla ouvrir les rideaux d’un coup sec, et avant que Léonard n’ait eu le temps de poser un pied-à-terre, pour une nouvelle journée d’aventure, ce frère prit le départ de la course. “Mais attend moi” hurla Léonard mécontent de devoir courir sans chausson, mais il fallait qu’il le rattraper, pour montrer qu'il était aussi rapide que Damocles et ses grandes jambes.
Léonard voyait que Damcoles parcourait à folle allure les couloirs, il courrait à en perdre souffle, il voulait le rattraper. Arrivant devant l’escalier les souvenirs de sa dernière course encore virulente sur sa joue, il s’abstint de se casser une nouvelle fois la jambe, craignant le courroux de son père fatigué d’être importuné par le plus jeune de ses fils. Damocles lui tendait les bras, il savait qu’il pouvait sauter sans risque, car c’était Damocles qui le rattraperait et Damocles le rattrapait toujours.
En passant dans le Hall il se dévisaga dans le miroir, il était tout mal fagotté, sa chemise hors de son pantalon, les pieds nus, il entendit alors la voix de sa douce Anthénia, prit dans un élan de joie, il courut jusqu’à elle “Damocles ! Léonard ! Combien de fois vous a-t-on dit de ne pas courir dans la maison ! Vous êtes vraiment mal élevés. [...]” Léonard gesticula devant sa grand-mère pour qu’elle l’embrasse, mais c’est un regard sévère qui s’arrêta sur lui. “ Cesse donc de te tortiller comme un gnome des jardins. Et pourquoi donc es-tu pieds nus ? Minty !!! Pourquoi donc Léonard n’est pas correctement habillé” Léonard tourna sur lui-même, attendant que Minty débarque avec ses chaussons, tandis que Anthénia passa la chemise de nuit dans l’élastique de son pantalon. Alors que Minty se baisse pour lui glisser les jolies chausses fourrées, Léonard s’amusa à gesticuler dans tous les sens, n’hésitant par à faire de brusque mouvement en direction du visage de la pauvre elfe de maison, qui tentait désespérément de glisser les petits pieds potelés dans le nuage de coton. “MINTY” Anthénia, qui s’était désintéressée de son plus jeune petit-fils, semblait avoir préparé pour Minty une liste interminable de chose à faire. Une plainte désespérée plus tard, l'elfe s’était volatilisée dans un craquement sonor.

-[***]-

Maman, moi aussi, je veux y aller” Léonard tirait sur la longue de sa robe de sa mère occupée à discuter avec des adultes qui le regardait comme on peut regarde une tache d’encre sur un parchemin préparé avec minutie, sauf que cette tâche-là ne disparaîtra pas d’un coup de baguette . “Mais Léonard, ca suffit, va donc jouer avec les autres enfants. Et laisse ton frère tranquille.” Le jeune fils tourna la tête à la recherche des autres enfants et ne trouva personne, ni même son frère. Il préféra se rapprocher Anthenia qui semblait plus apaisée que quelques heures auparavant “Grand mère, pourquoi je ne peux pas aller avec Damocles !” Anthenia rigola et se tourna vers le cadet Slughorn “Parce que tu n’es qu’un petit garçon qui pleurniche pour un rien.” Bien que cinglante la grand-mère lui épousseta les cheveux qu’elle avait soigneusement coiffés pour rendre Léonard, “encore plus beau qu’il ne l’était”. Léonard qui ne comprit pas bien la réplique de sa grand-mère souriait, il l’aimait beaucoup. “Léonard, où est Damocles ?” avant même d’avoir vu son père, il reconnut sa voix, la tête baissée à regarder ses chaussures cirées, il mit ses mains derrière son dos car son père détestant le voir ne rien faire de ses dix doigts, imposait à son plus jeune fils cette marque de respect. “ Bonjour père, je ne sais pas père.” Son père fit claquer sa langue contre son palais mécontent, comme toujours, de la réponse apportée. Il décala le dernier naît pour qu'il lui puisse ainsi avoir la liberté de passer. Après un dernier regard à Anthenia, qui lui adressait un sourire bienveillant, il partit en quête de son frère adoré.

Après de longues minutes de recherches infructueuses, Léonard se rapprocha de sa jolie maman, et avant qu’il n’ait pu lui poser la moindre question, cette dernière l’attrapa et le fit glisser sur une chaise de l’une des tables, faisant ainsi taire la moindre de ses envies de bavardage. D’un soupir, elle fît venir Minty, et la charga de le surveiller. Léo, à son habitude, s’en pris à l’elfe qui tenta de rester impassible “ MINTY TU PUES ET T ES MOCHE, TU PUES ET T ES MOCHE ...” Le regard de Madeleine, l’incita à baisser le ton jusqu'au silence complet, et à ne pas se faire plus remarquer, qu’importe il s'était lassé de toute façon. Assis et seul il se mit à compter le nombre de personne qui était présente, ne sachant pas aller au-dessus de quinze, il recommença. Puis, il aperçu son sauveur, qui alla en direction de leur mère. Il regarda avec envie les gestes pleins de douceurs, Léonard adorait entendre rire Madeleine, il ne l’entendait pourtant pas souvent et jamais aucuns de ses gazouillis ne lui avaient été adressés. Les yeux de Léonard s’embuèrent un peu, il voulait rejoindre son frère et rire lui aussi, pourtant, il savait qu’il n’avait pas le droit de bouger et la présence de son père dans l'assemblée le dissuadait de tout écart de conduite.

-[***]-

Léonard regarda la baguette que son frère avait fait glisser devant lui, il la regardait avec envie. L'aîné Slughorn devait bien savoir que son frère était incapable de faire exactement ce qu’on lui disait, incapable de simplement regarder avec les yeux, pour lui regarder, c’était aussi toucher. Et avant que Damocles n’est pu dire un mot, aussi rapide qu’un vif d’or, il attrapa la baguette et glissa de sa chaise pour courir se noyer dans la foule, personne ne le remarquerait, personne ne le remarquait jamais. Il glissa entre les jambes des invitées, provoquant quelques grommellements de mécontentement, “Léonard ! ...” c’était la voix de sa grand-mère qu’importe, il avait un plan en tête.

Arrivé dans le bosquet, il posa la baguette juste à temps pour voir que son frère traversait la pelouse à grandes enjambées. Il était persuadé que personne ne retrouverait le bout de bois au milieu d’autres bouts de bois, et Damocles serait obligé de rester à jamais avec lui, obligé de le rattraper le matin, obligé de faire du balai, obligé de protéger Minty, obligé de jouer avec lui, il pourrait aller le réveiller quand les cauchemars seraient trop fort. “Je sais plus, je crois que je l’ai perdu.” Serait sa première défense, et ensuite il ne ferait que constater l’évidence “Tu ne peut plus aller à Poudlard, tu DOIS rester avec moi.”
Son plan aurait pu être parfait, si la perfide Minty n’avait pas eu l’ordre de surveiller Léonard, et si constatant son échec elle n’était pas aller voir Madeleine pour la prévenir que son plus jeune fils s’était enfui avec la baguette du Roi de la fête, et si Madeleine n’avait pas été en train de parler à son époux au même moment, les choses auraient pu être différentes.
Léonard Zéphyr Slughorn” la voix de sa mère pouvait s’entendre même dans les profondeurs du Tartare, pourtant Léonard n’avait pas peur, il n’eut pas peur jusqu’à voir qu’elle était accompagnée par son Rodolphus, qui laissé voir sur son visage le masque de la colère.  Alors Léonard courut, avec l’idée stupide que personne ne le rattraperait, persuadé que, dans ses chaussures vernis, il courrait plus vite que le vent. Il se demandait pourquoi les seuls moments où ses parents semblaient s’intéresser à lui étaient les moments qui méritaient une sanction. Mais qu’importe-t-il puisqu'il courait plus vite que le vent. Et jamais il ne dirait où il avait caché la baguette. Puis son plan vola en éclats, son pied s’était accroché à une branche ou était-ce une racine qui s’était accrochée à son pied. Son menton heurta le sol et son genou se déchira contre une pierre laissant derrière l’impact, une traînée rouge vermeil. Il se sentit soulevé du sol, à l’ombre des arbres, les larmes ruisselaient sur son visage, une douleur vive le brûlait, “où est est la baguette ?“ Léonard leva le doigt vers l’énorme caillou présent à l’entrée du chemin, son père le posa au sol, et par le bras l’emmena jusqu’au rocher. La douleur irradiait si fort qu’il n’entendait rien d’autre, chaque pas lui faisait mal et l’angoisse l’empêchait de lever les yeux vers la main ferme. Son père le laissa glisser sur le sol “Tu es donc obligé de tout gâcher, toujours, faire ce qu’on te dit, ne devrait pas être difficile pour un enfant de ton âge ? Es-tu donc bête ? C’est l’anniversaire de ton frère !!!” Léonard ne voyait plus rien tant ses yeux étaient embués, il tourna la tête pour se protéger du doigt accusateur et menaçant que son père pointait dans sa direction. “Rodolphus, ça suffit va donc t’occuper de tes invités, je m’en charge. Madeleine, vous pouvez également y aller.” Léonard n’avait jamais été plus content d’entendre la voix de sa grand-mère.

(c) DΛNDELION



1 690 mots - @DAMOCLES SLUGHORN

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Jeu 5 Nov - 23:41

Soleil et rayons de miel
- 17 juin 1980 - @Léonard Slughorn



La campagne écossaise se réchauffe doucement sous les rayons du soleil de juin, et malgré l’ombre qu’apportent les grandes voiles tendues au dessus des invités, Damocles a trop chaud. Il tire sur la cravate que sa grand-mère a noué trop serrée et qui lui écrase la trachée, rendant sa respiration difficile. Anthénia Slughorn a toujours mis un point d’honneur à être aussi rude avec lui que les autres sont conciliants. Elle préfère Léonard, Damocles le sait. Elle passe son temps à gâter et flatter l’enfant lorsque personne ne regarde, tandis que lui ne récolte que l’éclat de ses oeillades sévères. Anthénia l’impressionne beaucoup, depuis les éclats de colère brusques qu’elle seule ose opposer à son père, jusqu’à la canne ouvragée qu’elle emporte parfois, bien qu’elle n’en ait nul besoin pour marcher, et qui semble n’avoir d’autre utilité que celle de venir lui cingler les mollets lorsqu’il a le malheur d’être dans le passage ou s’il laisse son regard s’attarder un peu trop longtemps. Mais parfois, elle lui caresse les cheveux avec au creux des prunelles une douceur contrite qu’il ne comprend pas. Dans ces cas là, il fait comme avec tous ceux qui voient en lui une poupée de chiffon. Il reste immobile, sourire aux lèvres, et il attend que ces grandes personnes veuillent bien se lasser pour pouvoir s’échapper. Mais aujourd’hui, Anthénia est bien trop occupée à voltiger d’invité en invité et à apostropher les elfes de maison pour se préoccuper de lui et de sa cravate desserrée. Elle ne s’occupe même pas de Léonard, ayant délégué la tâche à la pauvre Minty, qui supporte le calvaire avec la patience de son espèce. Mais heureusement pour l’elfe, le petit garçon semble pour l’instant distrait de ses desseins cruels par la présence de son aîné. Ce cours répit n’empêche pas la petite servante de garder ses gros yeux braqués sur le blondinet dont elle a la charge, l’expérience lui ayant appris à ne jamais baisser sa garde avec lui. Ignorant l’elfe, Damocles pousse l’étui contenant la baguette vers Léonard. A peine l’avait-il reçue un peu plus tôt qu’il avait dû passer de bras en bras tel un Souaffle pour faire admirer à tous le fin bâton d’acacia et répondre à toutes les questions de circonstance. Était-il heureux d’avoir enfin sa baguette ? Avait-il senti qu’elle l’avait choisi ? Il avait répondu à tout par l’affirmative, mais c’était faux. Il n’avait rien senti du tout en prenant la baguette entre ses doigts, et cela l’avait inquiété. Un des gamins plus âgés du village proche où ils allaient parfois avait parlé d’une chaleur et d’une grande satisfaction, mais lui n’avait absolument rien ressenti, en dehors de l’impression que le morceau de bois se moquait de lui, le provoquait même. Peut-être Ollivander s’était-il trompé. Mais il n’avait rien dit par peur d’humilier son père, sa mère, oncle Horace et tous ceux qui se trouvaient là et attendaient de lui qu’il ait l’air réjoui. Au moins, il n’aurait pas à mentir à Léonard.

Tout en faisant tourner l’étui contenant la baguette pour faire chatoyer les reflets roux du bois dans la lumière, Damocles guette une réaction sur le visage de son frère. Il voudrait y voir de la satisfaction, de la fierté, de l’admiration. Mais il ne discerne rien de tout cela, rien en dehors d’une lueur d’envie mordante. Une lueur qu’il connaît bien. Il avance vivement la main pour récupérer l’étui, mais Léonard est plus rapide, et à peine Damocles a-t-il le temps de crier son nom que le benjamin bondit, son petit poing serré sur le précieuse baguette. « Léonard ! » hurle Damocles, mais l’enfant reste sourd à son appel et s'échappe parmi les convives avec l’agilité d’un niffleur ayant raflé le pactole. Sans réfléchir, Damocles se lance à sa poursuite, tentant d’apercevoir la tête blonde de son frère parmi les invités avant qu’il ne disparaisse pour rejoindre l’un des nombreux recoins où il a l’habitude de se cacher. « Léonard, arrête maintenant ! Ce n’est pas drôle, tu vas avoir de gros ennuis. » gronde-t-il à voix basse en cherchant derrière les tables. Il n’ose pas courir pour ne pas attirer l’attention, et se contente de marcher d’un pas vif en essayant d’esquiver ceux qui ont l’habitude de l’arrêter dès que possible pour lui poser toutes ces questions qu’on pose à un enfant de son âge, et qui ne se satisfont jamais d’une réponse courte et concise. Il se faufile parmi les sorciers présents, certains qu’il ne connaît même pas. Il heurte dans sa course un garçon blond de son âge à l’air ennuyé, qui tient par la main une petite fille aux couettes rousses, et s’excuse sans s’arrêter pour saluer ce camarade. Pas le temps, Léonard ne doit pas lui échapper. La panique commence à le gagner. Cela ne fait même pas deux heures qu’il a sa baguette, et il a déjà des ennuis avec. Pourquoi faut-il que Léonard gâche tout, alors qu’il voulait simplement lui faire plaisir en lui montrant la baguette ? Que dira sa mère lorsqu’elle apprendra qu’il a laissé Léonard s’en emparer ? Et sa grand-mère ? Et son père ? Et si Léonard la casse, ou la perd ? S’il se blesse avec ? Il faut absolument qu’il le retrouve avant les autres.

Comme une sirène en mer, Damocles entend l’appel d’Anthénia qui hèle Léonard, et il tourne la tête dans cette direction, juste à temps pour voir la silhouette de son frère disparaître derrière l’un des bosquets d’azalées préférés de Madeleine. Sans réfléchir, il s’élance sur la pelouse pour le rattraper, le coeur battant d’un mélange d’inquiétude et de colère. Mais arrivé aux azalées, aucune trace de son frère. « Léonard ! » appelle-t-il, regardant autour de lui, avant de poser les yeux sur deux souliers vernis sur le sol. Dans les souliers, il y a des pieds, et deux jambes qui disparaissent dans les buissons. Sans hésiter, Damocles s’empare de l’une des chevilles de Léonard et tire dessus avec force, traînant l’enfant sur le ventre hors de sa cachette, avant de le redresser et de le saisir par les épaules. « Rends moi ma baguette ! Où est-ce que tu l’as mise ? » crie-t-il presque, en secouant légèrement son frère. Mais Léonard reste imperturbable, refusant de répondre, préférant arguer la perte de la baguette plutôt que d’avouer. Damocles écarte son frère pour fouiller le sol autour du bosquet, avant de se tourner à nouveau, le regard plein de colère. « Pourquoi t’as fait ça ? Qu’est-ce qui te prend ! » s’exclame-t-il avec impatience. Mais il se radoucit devant l’explication de son frère. Une explication absurde, mais parfaitement logique aux yeux de l’enfant de six ans. Damocles soupire et s’accroupit à côté de Léonard, lui attrapant à nouveau les épaules avec douceur cette fois. « On en a déjà parlé. Ce n’est pas grave si je vais à Poudlard, tu auras Mère et Minty pour toi tout seul, et je serai de retour pour Noël. On marquera le jour sur le calendrier. » Il se redresse et saisit Léonard sous les bras pour le remettre debout. Il lui époussette les cheveux et redresse sa cravate tordue, avant de tirer sur son pull. En revanche, il n’y a rien à faire pour ses vêtements maculés de terre. « En plus, ça ne sert à rien de me prendre ma baguette. Père en aurait juste commandé une nouvelle à Mr. Ollivander. Alors dis moi juste où elle est, comme ça on ne sera pas obligés de lui dire que tu l’as prise. » Il accompagne sa proposition d’un sourire encourageant. Ils inventeront bien une excuse pour l’air dépenaillé du garçon, et la punition sera moins lourde si l’aveu vient de Damocles.

Peine inutile. L’appel de Madeleine résonne jusqu’à leurs oreilles, et Damocles sursaute presque. Leur mère n’élève que rarement la voix, et jamais elle ne l’a fait contre lui. Mais ce qui l’horrifie le plus, c’est de voir la silhouette de Rodolphus aux côtés de son épouse, alors qu’ils avancent d’un pas décidé dans leur direction. Même s’il sait que la colère paternelle n’est pas dirigée contre lui, Damocles ne peut s’empêcher de s’en vouloir. C’est de sa faute si Léonard a pris la baguette, il aurait dû faire plus attention. C’est lui le grand frère, et il n’aurait pas dû laisser cela arriver. Mais tout n’est pas encore perdu. « Léonard, vite, donne-moi la- » commence-t-il en se tournant vers son frère. Mais Léonard n’est plus à ses côtés. Il file comme le vent, à quelques mètres de là, de toute la force de ses petites jambes. Du coin de l’oeil, Damocles voit son père faire un grand geste de bras, et la seconde suivante, Léonard s’envole. Dans un saut de l’ange parfait, le petit garçon s’écrase sur le sol avec un bruit sourd qui fait frissonner Damocles. Il sait que Léonard n’est pas gravement blessé, et cela l’agace de constater que le petit garçon ne réfléchit jamais avant d’agir. Et surtout, il lui en veut de ne pas lui avoir fait assez confiance pour lui rendre immédiatement sa baguette.Il n’ose pas courir vers lui, et se contente d’emboîter le pas à ses parents, rongé par un mélange d’angoisse et de frustration. Il contemple avec inquiétude son père alors que ce dernier soulève Léonard sans délicatesse, indifférent aux larmes qui coulent sur son visage. La question tombe, et sans un mot, Léonard pointe du doigt l’entrée du chemin. Aussitôt, Rodolphus l’entraîne, et Damocles peut voir une moue affectée étirer les lèvres de sa mère, sans pouvoir dire s’il s’agit de colère ou d’émoi. Alors que Rodolphus s’impatiente, malmenant Léonard, Damocles s’avance et ouvre la bouche pour protester. Il veut dire que c’est sa faute, que c’est lui qui a demandé à Léonard de cacher la baguette pour en avoir une autre, puisqu’il n’avait rien senti avec celle là. Mais il sent la main de Madeleine attraper la sienne, et il lève les yeux vers elle, tandis qu’elle lui intime le silence d’un doigt sur les lèvres. Alors il se tait, honteux, et fixe le sol avec agacement.

C’est la voix d’Anthénia qui lui fait relever la tête, alors qu’elle apostrophe son fils et sa bru. Sans sourciller, elle congédie Rodolphus, qui prend un air choqué. « Mère, je ne vois pas en quoi ça vous regarde. C’est vous qui devriez retourner auprès des invités. » Mais Anthénia agite sa main devant le visage de son fils, comme on chasserait une mouche, avant de lui tourner définitivement le dos. Rodolphus est bouche bée, comme à chaque fois qu’Anthénia le rabroue, et le comique de la scène ferait rire Damocles si la situation avait été autre. Rodolphus finit par tourner les talons avec fureur, attrapant le bras de sa jeune femme pour s’éloigner. Damocles reste sur place, incertain de la conduite à tenir. Doit-il rester avec sa grand-mère, ou partir avec ses parents ? Anthénia ne lui a pas dit de retourner avec autres, pourtant elle ne s’occupe pas de lui. D’un coup de baguette, elle débarrasse Léonard de la terre qui le recouvre, lisse ses vêtements et ses cheveux, avant de tapoter son genou. « On vous quitte des yeux une seconde, et c’est la catastrophe ! Vous n’êtes pas capables de vous tenir tranquille. Et toi ! A onze ans, tu n’est pas fichu de surveiller ton frère ! Tu le laisses prendre ta baguette comme ça ! Et tu sais ce que l’on dit ? Un sorcier qui lâche sa baguette est un mauvais sorcier. » Damocles fulmine. L’injustice est trop grande, ça n’est tout de même pas sa faute si Léonard avait décidé de s’emparer de sa baguette ! Mais au fond, il s’inquiète aussi. Cela fait-il vraiment de lui un mauvais sorcier ? « Mais je-» commence-t-il, mais Anthénia lève une main gantée devant son visage, et la protestation s’étrangle dans sa gorge. La sorcière sort sa propre baguette, et d’un coup bref, prononce une formule. Quelques secondes plus tard, la baguette d’acacia atterrit dans sa main tendu. Elle la tend vers Damocles, poignée en avant. « Je ne sais pas si tu mérites de la récupérer, alors dépêche toi de la prendre avant que je ne change d’avis. Et ne la lâche plus jamais ! Maintenant, disparais ! Je dois parler à ton frère. » Sans demander son reste, Damocles s’empare de la baguette et s’enfuit pour rattraper ses parents.

Quelques minutes plus tard, la baguette a réintégré son étui, et il est assis à une table. Il regarde avec envie de le groupe d’enfants à quelques tables de là, désespéré de pouvoir les rejoindre. Callum, un grand garçon aux dents de lapin parle avec animation, tandis que Wes, un enfant du village et Sebastian, le garçon blond qu’il a bousculé plus tôt, l’écoutent avec attention, et que Lionel, un cousin français, tente de suivre la conversation avec difficulté. Tous les quatre éclatent soudainement de rire, et Damocles se renfrogne. Il voudrait se lever et s’asseoir avec eux, mais son père lui a interdit de bouger, et à côté de lui, Madeleine est assise, et lui explique qu’il ne doit pas laisser Léonard faire n’importe quoi. Il écoute à peine, car il voudrait s’en aller, mais aussi car cela l’inquiète, ce qu’a dit Anthénia. Peut-être qu’il n’est pas fait pour être un sorcier, finalement. Il n’avait rien senti en prenant la baguette, et il avait laissé Léonard la prendre. Il n’avait même pas été capable de la retrouver dans le bosquet, alors qu’elle était là, à ses pieds. Madeleine le regarde pendant quelques secondes, avant de l’attirer à elle et de déposer un baiser dans ses cheveux, et il se sent un peu mieux. « N’écoute pas ta grand-mère. C’est une vieille folle. » ajoute-t-elle à voix basse, comme si quelqu’un pouvait l’entendre et la comprendre, à part lui. Damocles lui sourit, et Madeleine se lève. « Je vais chercher du gâteau, d’accord ? » Il hoche la tête, et elle s’éloigne, avec son chapeau blanc. Quelques secondes plus tard, Léonard se glisse sur la chaise qu’elle vient de quitter, et Damocles fronce les sourcils. « Grand-mère m’a crié dessus à cause de toi. Je ne suis pas fâché, mais à partir de maintenant je vais mieux te surveiller. » Après tout, Léonard n’est encore qu’un enfant, alors que lui, ça y est, il fait partie des grands. Dans deux mois, il sera à Poudlard. Il se penche vers Léonard, avec des airs de conspirateurs. « Alors, raconte. Qu’est-ce que grand-mère t’a dit ? » Anthénia avait l’air furieuse, tout à l’heure, et il est bien curieux de savoir de quelle façon elle a pu punir Léonard. Car il a beau avoir peur de sa grand-mère, il doit bien reconnaître que lorsqu’il s’agit d’inventer des punitions, son imagination est sans limites.


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Sam 7 Nov - 18:45
Soleil et rayons
de miel
17 Juin 1980


Léonard regarda ses parents rejoindre la tente dressée pour l’anniversaire, le corps tremblant de peur et de douleur, il sentait l’humidité de son sang tacher ses vêtements, encore immaculés quelques instants auparavant. Alors que le visage sévère de Anthenia s’approchait de lui, un profond sentiment de sécurité le gagna, il avait envie de pleurer, qu’elle le prenne dans ses bras et qu’elle puisse le rassurer, qu’elle puisse lui promettre qu’ils l’aimaient lui aussi, comme elle l’avait déjà fait tant de fois par le passé. Pourtant, il n’entendit d’elle que sa demande à Damocles de rester, Damocles d’abord, Damocles encore, Damocles toujours.
La sourde colère qu’il l’avait poussé à s’enfuir pour cacher la baguette continuait de l’habiter, elle continuait de croître et insidieusement elle commençait à s’orienter vers son frère qui s’apprêtait à l’abandonner pour toujours, sans ciller d'un seul oeil. Une chaleur diffuse vint apaiser son corps et son coeur, Anthenia d’une main experte venait de soigner son genou meurtri par l’impact et s’occupait désormais de ses mains abîmées.  Léonard écoutait la scène et était malgré tout peiné d’entendre Anthenia laisser peser le poids de la culpabilité sur les seules épaules de Damocles. Bien que son monstre de frère s’en allait, l’amour que Léonard lui portait était tel qu’il ne supportait pas de le voir dans la position du vilain, la position du coupable. Du haut de ses 6 ans la culpabilité n’avait pas de mot pour être défini, pourtant ce qu’il ressentait au fond de lui se nommait ainsi, il se sentait coupable de voir que Anthenia n’aimait pas Damocles, que Anthenia puisse se montrer si cruelle avec son aîné.

Alors que Damocles le visage fermé, courrait en direction de ses parents, Léonard s’arrêta de pleurer, épuisé par sa course et la multitude de sentiment qui l’avait habitée les minutes précédentes, il se laissait cajoler par les tendres mains de sa grand-mère. “Minty” lança Anthenia dont l’appel s’était perdu dans le bois, un crac sonore s’était fait entendre et l'elfe de maison apeurée de devoir subir les foudres de son échec arriva. “Allez chercher un costume propre pour Léonard.” Bien que Anthenia ne lui avait pas encore adressé un mot, un sentiment lasse semblait s’entendre dans voix. Elle se contentait d’épousseter une dernière fois la tenue déchirée, de lui prendre la main et de l’emmener à l’ombre des regards qui aurait pu se perdre dans leur direction. Préservant ainsi Léonard des regards de curieux.

A l’aide d’un sortilège savamment exécuté, une chaleur revigorante avait enveloppé le corps du jeune garçon, mais Léonard était épuisé et il ne parvenait même pas à se satisfaire de la douceur de l’enchantement qui le protégeait de la fraîcheur des arbres et de l’air ambiant. Anthenia était assise sur une chaise qu’elle avait matérialisée du néant, et jetait de temps à autres un regard en direction des festivités dont la clameur parvenait à traverser les murs végétalisés. “Grand-mère pourquoi vous n’aimez pas Damocles ?” La question, pourtant simple sembla percuter Anthenia de plein fouet, elle semblait peinée qu’il puisse croire les mots qu’il avait prononcé “ Tu crois que je n’aime pas ton frère ?” Léonard se contenta de hocher la tête en la fixant. “ Je vous aime tout le deux. C’est juste que … “ Elle resta silencieuse, cherchant le poids des mots justes. “Les privilèges de Damocles ne devraient pas se faire à ton détriment.”Léonard n’avait rien compris de ce que venait de lui dire la sorcière, il se contenta de la regarder les yeux ronds “hein ?” Anthenia sembla sourire et le menaça de sa canne “ On ne dit pas “hein”, mais comment, petit pet de botruc” glissa-t-elle avec un clin d’oeil plein d’humour, provoquant un écho de rire pur chez l’enfant abîmé “Ton frère est un enfant formidable, que j’aime beaucoup il me rappelle beaucoup mon propre frère, mais on ne regarde pas le petit enfant formidable que tu es aussi. Tu es gentil, tu es intelligent, tu es important Léonard ne l’oublies jamais” Léonard content de l’entendre parler ainsi de lui et rassurer de savoir qu’elle aimait son frère, lui sourit et il se contenta de cette réponse, inconscient que ses mots resteraient graver à jamais dans son coeur, d’ailleurs elle même ne le savait pas. L’attention de Anthenia se porta sur la tache sombre à l’avant-bras que révéla le torse-nu de Léonard. Elle n’eut pas besoin d’approfondir ses observations pour reconnaître la croûte cicatricielle qui revenait de plus en plus fréquemment “Ne t’ais-je pas demandé d’arrêter de te gratter, jeune homme ?” Le garçonnet à peine conscient de cette cicatrice eut le réflexe de porter ses doigts sur la croûte épaisse, doigts qu'Athéna balaya de sa canne.

-[***]-

Sa grand-mère serra la cravate de la tenue propre du jeune garçon, qui gesticulait mécontent de devoir retourner fêter l’anniversaire de son frère. “Donc si je te reprends à essayer de voler à nouveau la baguette de ton frère, qu’est-ce qui va t’arriver ?” Léonard, bougon, lança un regard mécontent à sa grand-mère “Vous allez me transformer en elfe de maison et je devrais obéir à Minty.” Il tenta de se soustraire à la main ferme de sa grand mère, ainsi qu’à son doigt inquisiteur pointé en direction de son menton “Si jamais tu t’attires d’autres ennui ou si tu en attires à Damcole, que vais-je devoir faire ?”  Léonard semblait ne pas vouloir capituler, montrant d’ors et déjà une obstination sans bornes qui le poursuivra toute sa vie, “Je ne pourrais plus jamais aller à Poudlard pour devenir un sorcier.” La grand-mère semblait satisfaite de voir que les menaces avaient été prises au sérieux, et ce fût confiante qu’elle le ramena au chapiteau où les convives terminaient le repas, loin d’avoir remarqué l’absence de quiconque. Anthenia laissa passer Léonard qui rejoignit la table de son frère et laissant traîner son regard sur sa mère occupée à rire avec l’une de ses amies.

Ce fut sans aucune douceur que Damocles l'accueilli, toujours en colère contre celui-ci Léonard se contenta de l’imiter, en grimaçant. “J’ai pu le droit d’avoir de jouet dans ma chambre et plus, je serais obligé d’enlever toutes les feuilles mortes du jardin jusqu’à ce que j’aille à Pouldard. C’est pas juste. Elle m’a puni parce que c’est toi qui pars à Poudlard, ce n'est pas juste.” Répéta Léonard qui semblait consterner devant la cruauté de la punition, surtout qu’il voyait des feuilles partout dans le jardin et que c’était le travail des elfes de nettoyer le jardin.

Il refusait de regarder son frère et laissait taper son pied contre le barreau central de sa chaise, loursqu’il sentit une ombre au-dessus de sa tête, levant les yeux au ciel, il vit Madeline, sa mère aussi, se dresser derrière lui. Elle sourit à l’assemblée et se baissa à hauteur de Léonard, la mine plus sombre, sans aucun geste affectueux elle darda un regard furieux sur son fils” Écoute bien Léonard, ce n’est pas parce que ta grand-mère estime t’avoir puni, que tu vas échapper à la sanction ou que nous allons te passer ton comportement insolent. Tu es consigné dans ta chambre jusqu’à qu’on en décide autrement, et ton père et moi irons déposer Damocles au Poudlard Express sans toi, tu resteras à la maison, donc si tu ne veux pas t’attirer plus d’ennuis pour aujourd’hui, tu ne bouges plus de cette chaise, est-ce bien claire ?” Léonard hocha la tête, des larmes de colère au bord des yeux.
Les bras croisés, il regarda son aîné, affichant une mine boudeuse, voyant que cela n’avait aucun impact sur son frère il lui dit alors les mots qui lui semblaient être les plus méchants du monde “Je te déteste, t’es même plus mon frère, j'te déteste, j'te déteste, j’te déteste” Poussant loin devant lui la part de gâteau que Minty lui avait apporté sur ordre de “la Maîtresse à la canne”, il donna des coups de pied dans la table tout en commençant à se gratter le bras. Dans sa tête, il réfléchissait à un moyen de partir du chapiteau sans être vu par qui que ce soit, Minty avait été appelée ailleurs pour commencer à ranger et à préparer la soirée qui s’annonçait encore longue et la montagne de cadeau n’avait pas encore été ouverte.

Le paquet sombre et noir se trouvait en bas de la pile, mais il était trop tard pour le récupérer sans être vu, et cela l’agaçait de plus en plus. Préparer le cadeau de Damocles lui avait pris des jours, et cela n’avait été possible qu’avec l’intervention d’un adulte, plus précisément Anthenia. Bien que ne connaissant rien à la magie, il avait pris une vieille boule à neige qui traînait dans le grenier et à l’aide de sa grand-mère avait fait glisser deux petits bonhommes en papier, imperméable à l'eau et à la fausse neige, invulnérable au temps, censé symboliser Léonard et Damocles jouant dans la neige. La découpe était grossière, les traits dessinés étaient épais et maladroits, mais Anthenia avait su donner, d’un coup de baguette magique, une allure plus réaliste et plus épaisse aux deux chérubins. Léonard avait presque hésité à offrir le cadeau tant il s'amusait à retourner sans arrêt la boule à neige, hilare de voir les deux esquisses chahutées et secoués, condamnés à jouer ensemble à jamais.

(c) DΛNDELION



1 538 mots - @DAMOCLES SLUGHORN

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Sam 7 Nov - 22:48

Soleil et rayons de miel
- 17 juin 1980 - @Léonard Slughorn



L’incident ne semble pas avoir été remarqué par qui que ce soit. Les invités sont bien trop occupés, le nez plongés dans leur verre ou dans les petits-fours. Ils n’ont que l’embarras du choix, les tables sont chargées de plateaux qui disparaissent sous les victuailles. Gros gâteaux moelleux et recouverts de miel, tartelettes légères débordant de fruits, petits sandwichs fourrés à la confiture, aux oeufs, au poisson, à la citrouille, pichets de jus d’airelles, de vins blancs, champagnes, fruits confits et loukoums fondants pour Horace. L’elfe des cuisines s’est surpassé, comme à chaque fois que Rodolphus Slughorn décide de faire étalage d’abondance auprès de ses voisins, amis, connaissances et, si Merlin le veut bien, futurs collaborateurs. Car l’anniversaire de Damocles n’est qu’une énième excuse pour réunir les grands noms de l’aristocratie sorcière, les chefs de bonnes familles, les riches commerçants, les personnalités politiques du moment, et autres connaissances intéressantes et intéressées. Une formidable occasion d’agrandir son réseau et de montrer aux autres que l’on connait telle ou telle personne, d’échanger un prêté pour un rendu ou de tenter d’obtenir des faveurs. De nombreux fils, neveux et amis ont trouvé des postes d’intérêt au cours de ces réunions, des financements ont été accordés, des projets décidés, des alliances formées. Aux yeux des Slughorn, tout est bon pour étendre leur influence et leurs relations dans le monde sorcier. Damocles n’est qu’un accessoire, un héritier à exhiber aux yeux de tout ce beau monde. On ne lui demande rien de plus que de bien présenter et de commencer dès maintenant à devenir ami avec un maximum de garçons de son âge, héritiers eux aussi de préférence. Quant à Léonard, il a la simple tâche d’être irréprochable, tâche à laquelle il a rapidement échoué.

Pourtant, la punition que Léonard lui décrit semble étrangement complaisante. Ramasser des feuilles, c’est tout ? Alors que Léonard avait pris la baguette, aurait pu l’abîmer, la casser, la perdre. Et pour cela, il serait privé de jouets et devrait ramasser les feuilles mortes ? Non seulement la punition n’est pas si terrible -et il est certain qu’Anthenia ne lui fera pas véritablement ramasser les feuilles mortes jusqu’à son entrée à Poudlard- mais Léonard a le culot de passer sa frustration sur son frère. « Tu commences à être trop grand pour les jouets, de toute façon. » Mais Léonard a manifestement l’intention de se comporter comme un bébé tout l’après-midi, et son air boudeur ne le quitte pas. « Tu devrais être content de ne pas avoir eu pire comme punition. Quand j’étais plus petit, et que t’étais un bébé, Grand-mère m’a fait dormir avec les elfes pendant une semaine parce que j’avais mal parlé à Minty. » A l’époque, ce n’était pas le fait de se retrouver hors de son lit, entouré par les petites créatures qui l’avait secoué, mais bien la dévotion des serviteurs, qui avaient préféré lui céder leurs couchettes et dormir à même le sol froid pour qu’il soit confortablement installé. C’était le mois de novembre, la neige commençait à recouvrir les chemins et la pièce minuscule n’était chauffée que par un petit brasero autour duquel les elfes se serraient en claquant des dents si fort qu’il n’avait pas pu fermer l’oeil. Il n’avait plus jamais insulté Minty depuis, et lorsqu’il aperçoit Léonard maltraiter la pauvre elfe, il s’interpose durement. « Et tu n’as pas été puni parce que je vais à Poudlard, tu as été puni parce que tu as pris ma baguette. Faire des bêtises ne va pas m’empêcher de partir. » Il est triste de laisser Léonard, ça lui fait peur d’aller tout seul au château. Il a peur de ne pas se faire d’amis, de s’ennuyer, d’échouer. Un plongeon dans l’inconnu qu’il appréhende. Et lorsque Léonard pourra enfin le rejoindre, il aura quinze ans. Peut-être que son frère se sera habitué à son absence d’ici là.

Une main frôle son épaule avec légèreté, et pose devant lui une assiette dans laquelle trône une énorme part de gâteau Massepain recouverte de miel. Le gâteau préféré de sa mère lorsqu’elle était enfant, le seul qu’elle effectue elle-même et dont elle garde la recette avec jalousie. Damocles adore ce gâteau, et il adore le miel. La combinaison des deux est probablement l’une des choses qu’il aime le plus au monde. Peut-être y en aura-t-il à Poudlard ? Damocles adresse un sourire reconnaissant à Madeleine, qui le lui rend avant de se tourner vers Léonard avec un air sévère. La sentence tombe, et comme cela arrive rarement, Damocles se sent en colère contre sa mère. Il n’y a que deux personnes qu’il veut voir l’accompagner au Poudlard Express, elle et Léonard. Il ne tient pas spécialement à la présence de son père ou d’Anthénia, mais en interdisant à Léonard de venir, c’est comme si elle le punissait lui aussi. Il veut protester, mais une petite part de lui n’a pas pardonné à Léonard le vol de la baguette. Au fond, il l’a bien cherché. Mais alors que Madeleine s’éloigne à nouveau et qu’il voit les yeux de son frère s’embuer de larmes, le ressentiment s’estompe quelque peu. Il sait que dans quelques secondes, Léonard va exploser. Et effectivement, Léonard explose. Mais Damocles reste de marbre. Les mots du petit garçon ont déjà été entendus cent fois, et il sait qu’au fond, Léonard ne le pense pas. Ce ne sont que les attaques blessantes d’un enfant blessé, rien de plus. Mais en voyant Léonard se gratter le bras, Damocles lui attrape fermement le poignet. Depuis quelques temps, son frère a pris cette sale habitude, et tous lui avaient demandé de faire attention à cela. « Arrête de te gratter ! Sinon je te mets des moufles et je les ensorcèle pour que tu ne puisses plus jamais les enlever. » Il doit bien exister une formule pour parvenir à cet effet. A ces mots, il en tremble presque d’excitation. Il va vraiment faire de la magie ! De la belle magie, qu’il pourra contrôler, pas ces accès soudains qui se produisent lorsqu’il est agacé, triste ou effrayé. Quelle sera sa matière préférée ? Les potions, certainement. Il est déjà plutôt bon à force de passer ses journées aux côtés d’Horace ou de son père. Ou les sortilèges, comme sa mère. Mais Léonard s’agite, frappant la table, et Damocles le rassoit sur sa chaise. « Tu ne peux pas dire que je ne suis plus ton frère, on ne décide pas ça comme ça. Même si t’en as pas envie, on est frères pour la vie. Maintenant, arrête de faire le bébé. Je suis sûr qu’on te laissera venir au Poudlard Express quand même, mais seulement si tu restes sage. » Damocles fixe Léonard dans les yeux d’un regard à la fois sévère et encourageant. Il sait que parfois, Léonard peut être un véritable petit ange lorsqu’il l’a décidé. Malheureusement, il ne le décide pas souvent.

L’estomac alourdi par les pâtisseries au miel, Damocles contemple la pile de cadeaux qui s’étale devant lui, en essayant de deviner ce qui se cache sous chaque emballage coloré. Et surtout, par où commencer. Rapidement, son esprit met en ordre les membres de sa famille, les plus importants en premier. Horace d’abord, c’est le Lord, celui qui est en tête. Puis dans l’ordre, son père, sa mère et Anthénia. Puis Belby, l’ami d’Horace qui s’appelle comme lui, et qui, depuis qu’il a découvert cette potion, est connu dans le monde entier. L’ordre ensuite importe peu. Sur un signe d’Horace, il s’empare du premier cadeau pour le déballer, et révéler tout un attirail de potionniste, deux livres et un chaudron rempli de friandises. Damocles pousse des cris ravis, même s’il est déçu. Il aurait préféré recevoir autre chose que du matériel scolaire, mais c’est très certainement ce à quoi on doit s’attendre quelques mois avant d’entrer à Poudlard. Mais le cadeau de ses parents rattrape complètement cette déception, lorsqu’il voit apparaître sous ses yeux un balai neuf, un vrai, pas un balai jouet. Madeleine le met en garde. Il ne pourra pas l’utiliser avant d’avoir pris les cours à Poudlard, mais Rodolphus rétorque sèchement que n’importe quel enfant de onze an devrait avoir son propre balai. Anthénia fait une remarque que Damocles ne comprend pas, mais l’air de son père lui indique que le terme inconnu qu’elle a utilisé ne doit pas être reluisant. Afin de couper court à toute dispute, il s’empare avec empressement du cadeau de sa grand-mère et déchire le papier pour révéler une boîte vernie. Damocles en ouvre le couvercle, et croise les faux regards de petites figurines noires et blanches. « C’est un jeu d’échec. Ton grand-oncle le tenait de son père, il l’a donné à son frère, ton grand-père, qui l’a donné à notre fils, qui n’y a jamais touché. J’ai l’impression que tu en feras meilleur usage. » Damocles prend la reine blanche dans sa main et la lève devant ses yeux. Aussitôt, la petite figurine prend la pose, faisant admirer sa couronne. Il la repose avec précaution dans la boîte, conscient de la valeur de ce cadeau. Bien plus élevée que n’importe quel balai ou chaudron hors de prix. Et c’est à lui qu’Anthénia a choisi de la donner, pas à Léonard. « Merci Grand-mère », murmure-t-il, et Anthénia lui sourit, comme cela arrive rarement. Le reste des cadeaux paraît bien insignifiant à côté, jusqu’à ce qu’il ouvre le petit paquet sombre grossièrement emballé. Damocles reconnaît le travail des petites mains de son frère, et par égard pour lui, fait attention en défaisant le papier.

Il ne comprend pas tout de suite ce qu’il tient dans les mains. Une boule à neige ? Avec à l’intérieur, deux petits personnages qui courent et se lancent des confettis blancs et brillants. En regardant de plus près, Damocles reconnaît ses traits et ceux de son frère sur les figures, et une boule se forme au creux de son ventre. Pour la première fois, il réalise à quel point la détresse de son frère a l’idée de le voir partir est réelle. Lui est très bien, ici. Les adultes et les elfes sont à ses petits soins, il n’a jamais manqué de rien, et en dehors d’Anthénia, tout le monde lui témoignent fierté et affection. Mais Léonard, personne ne le voit. Damocles ne se souvient même pas de la dernière fois où il a vu leur mère prendre dans ses bras son deuxième fils, ou leur père lui adresser la parole autrement que pour l’admonester. Lorsqu’il y a des invités, Léonard se retrouve confiné avec les enfants plus petits et les filles, et personne ne s’intéresse à lui. Même maintenant, les invités se sont détournés, ne portant aucune attention au cadeau du jeune garçon, sauf Anthénia. Et en dehors d’Anthenia, Damocles est le seul à s’occuper de son frère. En partant, il le laisse à l’abandon de tous. Il comprend soudain l’attitude de son frère, le vol de la baguette, sa crise à table, son refus d’accepter son départ. Il serais dans le même état s’il devait se retrouver seul au milieu de ces adultes qui l’ignorent. Il s’approche de Léonard et secoue la boule à neige. Les petites personnages trébuchent et se relèvent en riant, arrachant un sourire à Damocles. « C’est un très joli cadeau, merci. Je vais l’emmener à Poudlard, comme ça tu peux être sûr que je ne t’oublierai pas. Et quand je reviendrai, il y aura de la neige et on pourra faire une bataille ! » Il serre son frère dans ses bras, avant de lui prendre la main et de l’entraîner, avant de l’asseoir à une table, en face de lui. Il dépose la boule à neige entre eux, ainsi que le jeu d’échec. « Je vais t’apprendre à jouer aux échecs. Ça, c’est la reine. C’est la pièce la plus importante. » Il sort les pièces au fur et à mesure, expliquant leur rôle, et les figurines se bousculent pour se mettre en avant devant les yeux du petit sorcier. Damocles aime bien le plateau au vernis légèrement usé, ça lui plaît de savoir que son arrière grand-père a joué avec ce jeu, il y a longtemps. « Tu as compris ? Comme ça tu pourras jouer avec Grand-mère si tu t’ennuies trop. »

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