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[Quête] Et si toujours comme au passé il revient pour me terrasser | Noah & Rhys
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
hiboux : 316
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Ven 2 Oct - 2:28

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et si toujours comme au passé il revient pour me terrasser
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : ma seule Étoile est morte, et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie.
- 04.04.2004

Qu’il est étrange le Rhys qui pousse la porte du Marchand’Sable. Personne ne s’est retourné sur tes vêtements colorés, tu n’as eu à adresser de sourire joyeux (et souvent forcé) à aucun de ceux qui ont croisé tes pas. C’est comme s’ils ne t’avaient pas vu. C’est que tu as troqué les couleurs vives par un ensemble gris sombre qui n’est pas sans rappeler les tenues de ton frère – et en croisant ton reflet sombre et sérieux dans la vitre de la devanture, tu n’as pas pu t’empêcher de te dire que vous vous ressembliez beaucoup trop. Vous avez les mêmes yeux clairs, les mêmes cheveux noirs, la même mâchoire marquée – c’est juste que tu fais plus d’efforts que lui habituellement. Ta barbe est mieux taillée, tu te peignes avec plus de soins, mais c’est surtout une question d’attitude : tu souris, tu ris fort, tu parles plus, tu portes des tenues bariolées. Pas ce soir. Il ne porterait jamais de veste de kimono bien sûr, ce qui doit sans doute être le seul indice laissé à la foule que tu as traversé que ce n’était pas lui, mais toi, cette ombre anonyme qui se dirigeait d’un pas décidé vers la boutique de Nasiya. Une magnifique trouvaille, ce kimono malgré sa couleur bleue sombre. Il faudra que tu te renseignes sur l’enchantement dont il est recouvert : tu dois admettre que c’est extraordinairement pratique de ne pas être remarqué parfois. Tu en as besoin aujourd'hui. Tu ne viens pas pour ressortir les bras chargés des divins breuvages du tout aussi divin potionniste de génie qui te fait office de voisin. Tu ne viens même pas pour une nouvelle fois le complimenter sur la qualité des créations proposées à la foule à l'occasion de l’anniversaire de sa boutique, et lui dire combien il faut que vous vous associez pour proposer quelque chose de semblable en cocktails. Ce serait pourtant une affaire lucrative, en plus d’être une occasion rêvée de produire quelque chose de vraiment intéressant pour vos deux clientèles. Tu ne viens pas non plus pour l’admirer et l’encenser, l’une de tes occupations préférées à l'heure de croiser les membres de l'ALCOOL – il faut toujours entretenir un bon contact avec ses amis commerçants. Tu pousses la porte de sa boutique, mais tu ne viens pas le voir lui.

Tu glisses entre les étagères qui débordent d’amphores et de promesses, tes doigts caressent le bois de l’une d’elle au passage. Celui que tu viens rencontrer est là, il discute avec un client venu tardivement, ils échangent sur l'un des produits. Tu restes dans l’ombre, tu patientes tranquillement en laissant ton regard se perdre sur ces centaines de fioles colorées promettant à chacun une nuit de rêve. Tu es un bon client, mais tu n’achèteras rien ce soir – rien pour adoucir tes nuits trop courtes ou les siestes que tu t’accordes entre deux services. Tu es venu pour faire quelque chose dont tu n’as pas beaucoup l’habitude, quelque chose qui te rendrait presque nerveux. Tu dois bien l'admettre : tu as fumé deux cigarettes sur le trajet pourtant court, en te répétant les mots que tu aimerais prononcer, en cherchant la bonne intonation. C'est que tu es habité par une forme d'angoisse. Tu viens demander de l’aide.

Tu ne peux pas continuer comme cela. Ton esprit est comme un livre ouvert à qui saurait pratiquer la legilimancie, et c’est trop dangereux. Si un Price tombe, vous tombez tous – et tu es de loin le plus accessible des membres de ta famille, probablement celui qui en sait le plus aussi. Jusque-là, votre jolie fable familiale suffisait à t'éviter du soucis – ça et les menaces pour ceux qui découvraient la vérité. Pas tous bien sûr : Josiah par exemple sait, et nulle promesse d'une action terrible s’il parlait, s’il vous trahissait, ne lui a été offerte. Pas par toi ou les tiens en tout cas - il y a des personnages avec qui il faut savoir composer autrement. Mais si tu as placé en lui une confiance certaine, si tu t’es fait mauvais avec d’autres dans l’espoir de les faire taire – si tu as tué aussi, et tu tueras encore, pour vous protéger, cela ne suffit pas, ne suffit plus. Pas en ce moment. Pas avec ce qu’il se passe. Pas avec ce que vous vous apprêtez à faire. Il faut que tu puisses fermer ton esprit aux plus talentueux, que tu puisses garder tes secrets face à l’une des plus insidieuses curiosités du monde magique. Ça ne suffira pas – tu ne peux pas apprendre à résister au veritaserum par exemple, et tu sais que si un jour tu es pris il faudra te résigner à mourir si tu veux emporter ta vérité avec toi. Mais ça sera déjà ça, ça sera au moins ça. On n’est jamais trop prudents quand on a des professions comme la tienne, des secrets aussi terribles que les tiens.

Le client se tait, il a l’air satisfait. Tu regardes les mornilles passer d’une main à l’autre, et quand il se retourne avec un grand sourire, une potion entre les mains, il sursaute presque de te voir sur sa route.

- Oh pardon, je ne vous avais pas remarqué.

Tu souris, un sourire poli, moins large que ceux que tu adresses au monde d’habitude. Ce n’est pas un soir habituel. Tu ne réponds même pas, tu te contentes de t’effacer un peu, t’écraser contre l’étagère pour le laisser passer. La boutique est vide maintenant, et dehors chacun rentre chez soi, ce n’est plus l’heure de faire des emplettes. Tu avances vers Noah, et tu déposes sur ses joues un baiser amical, à la française. Tu n’infliges pas toujours à tes confrères euthanatoï ce qui passe pour une insupportable familiarité pour certains, mais celui-là est différent : tu lui donnerais volontiers le titre d’ami sans trop de réserves. En tout cas, il compte parmi ceux avec lesquels tu as beaucoup parlé ces dernières années – parmi ceux à qui tu as ouvert ton cœur sur le sujet le plus personnel de ta vie : la mort d’Alys. Des tatouages rituels et le deuil d’un être cher, cela fait beaucoup trop de choses en commun pour ne pas te permettre de le saluer ainsi.

- Bonsoir mon très cher, tu vas bien ?

Sur ta bouche, tes lèvres s’étirent un peu tout de même. Il ne peut pas ignorer ce qui t’emmène, surtout ainsi vêtu, surtout à une pareille heure. Il était présent, quand à l’une des dernières réunions des euthanatoï tu as évoqué que tu voulais être formé à l’occlumancie. Il n’a pas contredit celui qui parmi vous a signalé qu’il en était capable. Vous deviez en reparler plus tard, revenir sur le coup à d’autres préoccupations. Plus tard, et il aurait du temps tels jours – une liste brève qui incluait ce soir. Alors c’est ce soir que tu as choisi de venir, que tu as pu te libérer. Tu désignes l’arrière salle que tu devines derrière un voile ocre.

- Nasiya n’est pas là ?

Tu serais bien à mal d’expliquer au commerçant ce que tu fais ici, comme cela, à l’heure où les clients ont quitté sa boutique pour rejoindre leurs maisons ou ton restaurant. Tu pourras toujours prétendre que tu prépares avec l’aide de son mentor une surprise pour l’anniversaire de son aimé que vous fêterez bientôt au Petit Ogre… Le mensonge est crédible, mais tu soupirerais presque de soulagement quand il te confirme que vous êtes seuls. Tu passes une main dans ta chevelure brune. Viens le moment où tu dois lui demander formellement de te former – ce n’est pas un petit service que tu viens réclamer, pas une petite chose.

- J’imagine que tu devines la raison de ma visite mon cher ami… J’ai… J’ai besoin de ton aide. Noah, accepterais-tu de m’apprendre à devenir occlumens ?

Cela te semble si difficile comme demande, si compliqué. Pourtant c’est l’un des vôtres, il sait ce qui se passe, il sait quel genre d’office tu occupes quand la lune est haute et les autres endormis. Quel genre de traitement t’attend si tu es découvert un jour. Pourtant, s’il ne s’est pas opposé à ce que tu reviennes lui en parler, ce qui doit bien valoir une sorte d’acceptation de principe. Mais cela t’angoisse quand même. Il pourrait dire non. Il pourrait le regretter. Même selon vos codes, tu n’es pas un tendre, trop cruel et sadique parfois, et tu sais qu’il se cache au fond de tes souvenirs quelques images qui devraient rester tiennes et seulement tiennes. Tu as beau savoir qu’il ne te jugera pas comme un hermétique le ferait, que sa moralité n’entre pas dans leurs cadres, que sa vision du monde supporte les êtres dans ton genre sans les classer systématiquement dans la catégorie des monstres et croque-mitaines, tu as beau avoir partagé avec lui un certain nombre de tes doutes et de tes réflexions, tu te découvres une réserve certaine. Peut-être aussi parce que s’il accepte, tu t’apprêtes à plonger un homme à qui tu tiens, un homme que tu respectes, un homme en deuil, dans ton univers où la Mort est partout, et partout traitée comme une amie. Tu ne ressens aucune honte, seulement une certaine appréhension à l’idée de le heurter en le laissant apercevoir quel genre de démons t’habitent.

@Nasiya Abasinde - 1 557 mots
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Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
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pictures : [Quête] Et si toujours comme au passé il revient pour me terrasser | Noah & Rhys Ed8b52550214f71a86510011cbe0e9df5a75f2c2
Mer 11 Nov - 19:14

Et si toujours  comme au passé

il revient pour me terrasser



Nasiya n'est pas un collègue idéal. Il gronde, depuis son atelier, il laisse la télé de l'étage allumée, pour entendre d'en bas les répliques de film - ça l'aide à se concentrer, dit-il -, il oublie de répondre au courrier, bien plus enthousiasmé par le fond de ses chaudrons, et est un homme des plus bruyants. À lui seul, Nasiya pourrait s'agiter davantage que ne le faisaient l'ensemble des élèves que Noah réunissait, chaque jeudi après midi, pour ses cours de légilimencie. Ouagadou avait de cela que, perdu dans les nuages, le chaos sonore semblait moins agressif.

Aussi, quand Nasiya n'est pas là, Ô Marchand'Sable semble être un tout autre endroit. Il n'y a que Noah, sa démarche tranquille, ses gestes calmes alors qu'il replace ici ce flacon, remet droit là cette amphore, tapote le sable distrait qui fait des formes abstraites dans la vitrine. Quand il n'y a aucun client, seules ses mains s'agitent, venant bien vite récupérer sa baguette de bois dans sa poche lorsque la porte d'entrée claque. Il aborde alors son sourire habituel, lèvres tout juste relevées, yeux apaisants. Certains clients sont encore dubitatifs devant les propositions de la boutique, d'autres reviennent avec les étoiles dans le regard, quand d'autres encore pourraient vendre père et mère pour jurer que ce n'était pas pour eux, ces produits, ils allaient très bien, merci. Noah n'a jamais trop compris la honte de l'homme à vouloir aller mieux, ne serait-ce qu'illusoirement, aussi se contente-t-il de hocher la tête et de les guider, ceux-là, vers les produits les plus chers et les plus flamboyants. Si ce n'est pas pour eux, autant prendre le meilleur du meilleur pour faire plaisir au possible, n'est-ce pas ? Il peut alors empocher les gallions, le pactole clinquant dans la caisse, et refermer la porte sur les clients avec un dernier sourire satisfait. C'est ce qu'il s'apprête à faire, après tout, avec cet Arthur planté face au comptoir, déterminé à lui raconter tous les bons usages qu'il compte faire de ce plaisir du mois.

Il y a certains passages, dans cette boutique, qui ne répondent à aucun des clients habituels, toutefois. Ce Bauer, par exemple, qui semble avoir repris de la chair après son passage à Azkaban, et donc les allées et venues sont devenues des visites d'ami plus que des passages au stock. Si Noah n'apprécie que peu sa musique, le bougre a toutefois le bon goût d'être intéressant, et de vite monter rejoindre Nasiya à l'étage quand il sent la conversation s'enliser. Le marchand n'est pas, après tout, de ceux qui discutent pour ne rien dire. La dernière visite de ce soir, seulement, n'est ni client habituel ni nouvel ami, mais commerçant à l'air d'ordinaire plus jovial.

Rhys Price est entré dans la boutique.

Le regard de Noah suit le nouvel arrivé, sa mâchoire tiquant légèrement en remarquant la sobriété de l'homme. Au loin, les costumes colorés, l'accueil bruyant, la démarche bonhomme - ce n'est pas pour rien que Rhys et Nasiya s'entendent. Non, c'est un homme au visage concentré qui se faufile dans leurs rayons. Il n'est pas là pour parler commerces, ou pour acheter potions, comprend Noah. Ce sera ce soir, alors.

Il a attendu sa visite, après tout, depuis de longues semaines déjà, l'idée ayant été lancée à la dernière grande réunion. Noah a failli ne pas s'y rendre, à celle-là, cherchant chaque fois davantage le courage en soi de tourner le dos à cette facette de lui-même. Il s'est tenu silencieux, tout le long du meeting, ne se jugeant pas digne de commenter la politique interne d'une autre communauté que la sienne, contrairement à certaines autres figures plus vocales. Son visage est resté de marbre, toutefois, et ne s'est agité que lorsque le sujet de la protection de l'esprit est venu sur la table. C'est Rhys qui parlait, et Rhys savait parler à Noah. Quand son nom avait été lancé, l'étranger n'a pu que hocher la tête. Évidemment, qu'il l'aiderait. Il ne comprenait pas, d'ailleurs, que cet apprentissage ne soit pas obligatoire, chez eux.

Ce soir, donc, Rhys semble prêt à passer ce cap. Il se tient là, face à lui, ses lèvres venant embrasser amicalement sa joue, alors que le dernier client vient à peine de claquer la porte. Noah répond à son étreinte, mince sourire aux lèvres.

- Longue journée, mais tout va bien.

Déjà, le regard du restaurateur glisse vers le rideau de toile qui sépare la boutique de l'atelier, son doigt suivant le mouvement. Sont-ils seuls, comprend Noah. Il hoche la tête, se glissant sur le tabouret derrière le comptoir. D'un geste de la main, il applatit sa tenue bleue nuit.

- Il est au Portugal, figure toi. Il rentre demain. Tu ne viens pas le voir, j'imagine ?


Rhys ne lui fait pas l'affront de lui dire qu'il vient pour voir le maître des lieux, non. Sa demande est brève, droite au but, et pourtant révélatrice de toute son hésitation. Il demande de l'aide. L'occlumancie, cette forme de magie si précise, si particulière, primordiale, selon Noah, pour tout Euthanatoï digne de ce nom. Il est temps que l'homme en face de lui se laisse tenter par ce savoir, et que son esprit, qu'il imagine au moins aussi odieux que le sien, gagne la protection qu'il mérite. Un fin sourire vient étirer ses lèvres alors qu'il pose une main tranquille sur l'épaule de son collègue.

- Il ne me coûte rien de tenter, cher ami.

Mensonge, évidemment. Si Noah ne peut être certain de comprendre les bribes d'esprit qu'il va être amené à côtoyer, lors de ces exercices, il se confrontera tout de même aux moments les plus sombres et les plus refoulés de Rhys. Le moindre moment de vie, des caresses accordées à un chat errant, dans une ruelle de Paris, à l'assassinat auquel il a pris le plus de plaisir, le mouvement du poignard sur la peau, tout peut lui tomber dans l'esprit. Il n'y aura aucun jugement, il n'y en a jamais, avec Noah, mais l'homme peut sentir combien l'expérience tend son ami.

- Sais-tu comment cela fonctionne ? Connais-tu le procédé qu'il nous faut suivre, pour te former ? l'interroge-t-il d'abord, sourcils froncés. L'occlumancie n'est pas une pratique facile, et l'apprentissage se pourra être long. Sur le cours de plusieurs semaines, plusieurs mois, peut-être même des années avant d'atteindre un niveau respectacle. Il faut de l'entraînement, il faut se contrôler, se faire joueur avec ses souvenirs, savoir mettre en avant ce qui arrange, refouler ce qui dérange. Ne pas s'énerver, ne pas s'exciter, ne pas se mettre en danger, non plus. Il nous faut une confiance totale, l'un en l'autre, pour ne pas nous blesser. Je ne peux pas te promettre de résultats immédiats, tu l'auras compris, mais nous pouvons déjà voir ensemble ce que tu vaux.

L'homme s'étire les épaules, faisant rouler ses rotules, avant de se redresser, indiquant d'un geste l'entrée :

- Laisse moi fermer boutique, et nous pourrons en discuter plus longuement.

Noah se faufile derrière Rhys, tapote sur le sable de la vitrine pour qu'il y trace le mot "fermé", et enclenche toutes les protections de la boutique. Il se tourne vers son ami, alors, mains glissées dans les poches de sa tunique. Une fois n'est pas coutumes, ses yeux pétillent d'un peu trop d'enthousiasme. On pouvait retrouver là l'homme qui avait poussé Nasiya dans toutes ses décisions un peu trop aventureuses. Il renoue, enfin, avec une pratique qu'il aime particulièrement. Comment ne pas sentir cette nervosité, et la trouver excitante ?

- Dis-moi, Rhys, a-t-on déjà pénétré ton esprit ?

@Rhys M. Price 1358 mots
Awful

Rhys M. Price

Rhys M. Price
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Dim 6 Déc - 1:02

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et si toujours comme au passé il revient pour me terrasser
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : ma seule Étoile est morte, et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie.
- 04.04.2004

Noah répond à tes inquiétudes d’un simple sourire, en posant une main sur ton épaule.

- Il ne me coûte rien de tenter, cher ami.

Son sourire, son contact, ses mots – cela a quelque chose d’apaisant. Ce n’est pas un petit service que tu es venu lui demander, mais il accepte, vraiment – ce n’est plus juste un hochement de tête, plus la promesse d’une discussion future. Essayons, alors. Cela ne suffit pas à calmer tes doutes, à t’ôter tes réserves, mais il est trop tard pour reculer. Tu ne le veux plus – tu ne le peux pas. Il faut que tu apprennes, quand bien même cela signifie partager un peu avec lui ce qu’il y a de plus intime au monde. Ton esprit. L’homme fronce finalement les sourcils.

- Sais-tu comment cela fonctionne ? Connais-tu le procédé qu'il nous faut suivre, pour te former ? L'occlumancie n'est pas une pratique facile, et l'apprentissage se pourra être long. Sur le cours de plusieurs semaines, plusieurs mois, peut-être même des années avant d'atteindre un niveau respectable. Il faut de l'entraînement, il faut se contrôler, se faire joueur avec ses souvenirs, savoir mettre en avant ce qui arrange, refouler ce qui dérange. Ne pas s'énerver, ne pas s'exciter, ne pas se mettre en danger, non plus. Il nous faut une confiance totale, l'un en l'autre, pour ne pas nous blesser. Je ne peux pas te promettre de résultats immédiats, tu l'auras compris, mais nous pouvons déjà voir ensemble ce que tu vaux.

Un sourire vient s’étendre sur ton visage jusque-là fermé et sérieux. Tu es certes d’une nature impatiente, mais à l’heure de te former, à l’heure d’apprendre, tu peux mettre ton cœur à l’ouvrage et tenir un temps remarquablement long. Qu’est-ce c’est quelques mois ou quelques années, en échange de ce genre de protection ? Tu te feras volontiers étudiant assidu aussi longtemps qu’il l’estimera nécessaire, et tu feras preuve d’une application rare. Quant au reste… C’est cela qui te fait sourire maintenant. Noah doit te connaître assez bien pour savoir qu’il est presque dans ta nature de jouer avec tes propres émotions, que tu as tant porté ton masque qu’il te semble que ta véritable personnalité s’est diluée à travers celui-ci. Jongler avec la vérité, cacher ce qui doit l’être et tout en dévoilant assez pour que le conte tienne la route, c’est ton quotidien, ta vie de tous les jours depuis que l’on t’a jugé assez grand pour te confier le terrible secret familial. Ta vie est un mensonge que tu te racontes à toi-même aussi bien qu’aux autres – si c’est à ce jeu qu’il te faut jouer pour devenir occlumens, tu as sans doute tes chances.  

- Je ne suis pas pressé mon ami, je n’aimerais juste pas abuser de ton temps outre mesure.

Ca n’est certainement pas que ce jeu pourtant, il est là le problème. Ce n’est pas juste apprendre à se raconter à soi-même la petite fabulette, c’est apprendre à la raconter en esprit à quelqu’un qui saurait lire entre les lignes – tu ne sais pas ce que tu vaux à ce sujet, ils ne font généralement pas de vieux os ceux qui se doutent de ta nature. C’est cela qu’il va te falloir apprendre, travailler, et tu détesterais être assez mauvais pour faire perdre son temps à un confrère suffisamment altruiste pour accepter de venir se perdre jusque dans ta mémoire. Quant au reste des idées qui t’ont traversé l’esprit, tu ne dis pas un mot – il jugera par lui-même quel genre de menteur tu fais bien assez tôt. Il ferme boutique et passe derrière toi pour aller déclencher les protections magiques. Tu le regardes sans dire un mot, tu hésites presque à étendre tes doigts devant toi pour évaluer la qualité des enchantements – tu te ravises pourtant, il te semble qu’il serait impoli qu’un cambrioleur se permette de commenter les barrières qu’il a l’habitude de détruire. Tu jurerais qu’il est presque amusé quand il se retourne vers toi après avoir fini, tu trouves à ces yeux un éclat que tu ne connaissais pas.

- Dis-moi, Rhys, a-t-on déjà pénétré ton esprit ?

Tu baisses les yeux et te pinces les lèvres. Ce ne sont pas tes secrets que tu as le plus peur de trahir en général – ce sont des autres. Tu n’es pas libre de te confier, en général, parce que tu n’es pas seul. Dire la vérité sur les Price, ce serait engager malgré eux tes sœurs et ton frère sur un chemin que tu sais qu’ils n’ont aucune envie de suivre – ce serait aussi certainement mettre en danger le clan. Ces deux points te paraissent bien plus insupportables qu’une possible vie à Azkaban, qu’une possible mort. Il faudra bien, avec lui, parler de ce que tu ne dirais pas à un extérieur, fusse-t-il euthanatos. Ton seul réconfort là-dessus vient du fait que tu sais que l’on ne t’en voudra pas, et que cela ne représente pas un risque pour eux. Tu soupires en relevant la tête.

- Qu’entends-tu par-là ? Est-ce que tu me demandes si l’on a déjà utilisé la légilimancie sur moi, ou s’il y a eu quelqu’un qui, simplement en me regardant, pouvait deviner mes pensées et mes doutes, imaginer quels souvenirs me revenaient en mémoire – et cela sans magie ? Car c’est bien pénétrer mon esprit, d’une certaine façon… Dans les deux cas, la réponse est oui.

Tu as envie d’une cigarette. Tu te demandes s’il te laissera fumer dans la boutique ou dans n’importe quel endroit où vous finirez par vous rendre ce soir – en attendant, ta main dans ta poche joue avec ton zippo.

- Pour l’usage de la legilimancie… Je ne saurais te dire à combien de reprises, je ne sais pas si on en a toujours conscience – si on est face à quelqu’un d’assez doué pour ne pas prononcer la formule… Je ne sais même pas si c’est son cas… Mais Arvel… Arvel est un homme admirable, mais très peu scrupuleux – ce qui est dans sa position une grande qualité. Et il est legilimens.

Mais Arvel entrant dans ton esprit, cela te semble aussi naturel qu’Arthur capable de comprendre en un seul regard la source de ton chagrin et de ta colère – et comme pour ton frère cela n’a certainement rien de systématique. Pouvoir lire en toi ne signifie pas s’y essayer à chaque occasion – ni réussir toujours.  

- Pour le reste, je ne pourrais pas vraiment te le dire… Je connais la théorie Noah. J’ai passé assez de temps à vouloir m’y former pour épargner cela à un potentiel professeur. Je soutiens le regard des autres, et même si je m’efforce en parlant de croire aux petites histoires que je sers à mon auditoire, je ne suis absolument pas certain que cela fonctionne, qu’il n’y a jamais eu face à moi un legilimens désireux de savoir si tout cela était vrai.

Avec la main qui dans ta poche ne fait pas tourner le zippo contre ta cuisse, tu te frottes le menton, songeur.

- J’ai deux questions Noah, ainsi qu’un service à te demander. Je me demande… Si tu accèdes à mes souvenirs, est-ce que tu y accèdes de façon neutre, ou est-ce que tu les apprécies avec ma subjectivité ? Je veux dire… Pourrais-tu aller dans ma mémoire, explorer des détails dont je n’ai pas conscience ? Ou si je parle en gallois avec ma famille, comprendras-tu ce que nous sommes en train de nous dire ? Et est-ce que je vais revivre, en même temps que tu y accéderas si je ne parviens pas à t'en empêcher, ces souvenirs ?

Il y en a un certain nombre qu’il ne me plairait pas d’arpenter à nouveau – je crois que je donnerais n’importe quoi pour voir mon fils dans son couffin à sa naissance, pour entendre Alys accepter de me prendre pour époux, pour écouter mon père nous raconter des histoires au coin du feu… Mais il y en a d’autres que je préférerais aussi laisser encore derrière moi une longue éternité. Simplement me le dire les fait remonter, et j’imagine qu’il n’aura absolument aucun mal à les atteindre. Je ferme les yeux, un instant, pour chasser la voix de mon frère qui m’appelle, pour m’éviter l’image. C’est plus simple de cacher ce genre de choses quand on n’est pas emmené à se questionner sur sa mémoire.

- Et pour le service… J’ai pleinement confiance en toi Noah, et je te confierai volontiers ma mémoire. Mais c’est une confiance que je choisis de te donner – d’autres n’ont pas fait ce choix. Je ne suis pas occlumens, alors tu penses bien que je n’imagine même en quoi consiste l’art de la legilimancie, mais si cela t’est possible, si tu pénètres mon esprit et que tu y trouves l’une de mes discussions avec Arvel… Pourrais-tu arrêter ?

C’est étrange, presque, de lui demander cela. Ce n’est pas ce qui t’inquiète le plus, ce ne sont pas ces discussions qui te font le plus craindre pour votre amitié, pour l’image qu’il pourrait avoir de toi… Mais tu ne lui demandes pas d’éviter les meurtres ou d’éviter Alys – ce n’est pas ton cœur qui s’exprime ici, c’est ta raison et ta loyauté.

@Nasiya Abasinde - 1 528 mots
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