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Rien qu’une goutte de ton sang - Daphné
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Invité
Dim 20 Sep - 10:36
Rien qu’une goutte
De ton sang
Avril 2004



Le jeune homme était allongé sur le dos, essayant de reprendre l’énergie qu’il avait perdu ces dernières 34 heures sans dormir. Ses yeux étaient fixés sur le plafond lumineux, sa respiration était de plus en plus lente. Sa robe violette traînait sur le sol. L’air était frais, en fermant les yeux le jeune homme se retrouvait dans un parc en automne où régnait l’odeur des feuilles tombées, les effluves d’un latte à la citrouille et à la cannelle, et dans ces arômes automnaux une forte note d’orange sanguine se détachait. L’équipe de nettoyage venait probablement de passer, une potion d’amortentia fortement diluée était pulvérisée, par ces derniers, deux fois par semaine dans le vestiaire des guérisseurs. D’après la direction, c’était la première étape pour que les médicomages puissent couper avec le travail et se détendre.

Le Slughorn fut sorti de ses rêveries, par la porte grinçante du vestiaire, il ressenti l’étrange sensation de sortir du sommeil. Il ouvra un œil et constata qu’au bout du banc sur lequel il s’étendait se tenait Barthom, occupé à lire des papiers. Léonard se redressa instinctivement, provoquant chez son mentor un mouvement de surprise. « Non, non, non, maître Monty, hors de question. Je rentre chez moi. Je vais rentrer chez moi et prendre un bain, ensuite, je jouerais avec mon chat en mangeant un morceau de tarte à la citrouille. Une tarte à la citrouille que j'ai fais il y a trois jours et que je n’ai pas eu le temps de goûter ... » tandis qu’il énumérait toutes les choses qu’il allait faire dans un monde parfait, il attrapait ses affaires, les jeta dans son casier et il se retourna vers le maître médicomage toujours occupé à lire sa paperasse. « S’il vous plaît, je veux juste rentrer chez moi. » Implora-t-il à Bartholem qui leva enfin les yeux vers son ancien apprenti, « J’ai les résultats de mademoiselle Greengrass » Le sang de Léonard ne fit qu’un tour, si il n’y avait pas de retour de Bartholem sur les résultats de Daphné c’était meilleur présage que quand il venait pour en parler.


Le guérisseur attrapa le papier qu’on lui tendait, un peu trop vivement, «  Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Je n'ai rien remarqué la semaine dernière. » Chaque fois qu’il allait prendre des nouvelles de Daphné, il lui prodiguait une batterie de tests qu’il notait avec minutie dans un carnet blanc à la reliure violette pailletée d’or, un carnet précieux qui avait un jumeau, sur lequel était retranscrit avec exactitude les mots écritsà l'instant, de cette façon rien ne pouvait échapper à son mentor, bien plus à même de déceler chez la jeune patiente une anomalie. «  Je ne sais pas, il y a quelques choses qui m’a perturbé quand j’ai analysé la fiole sanguine que tu m’as apporté, le sang était trop épais, il avait un seuil de visquosité bien au dessus de la normal. » il tendit alors la petite fiole transparente à Léonard. «  Je ne comprends pas, quand j’ai récolté son sang, il n’était pas dans cette état » Le jeune médicomage regardait avec stupéfaction l’échantillon qu’il tenait en main, le sang était tellement coagulé qu’il se déplaçait dans une masse informe. « Qu’est-ce que ça veut dire ? » Monsieur Monty se gratta le front à l’aide de son stylo « à dire vrai, je n’en pas la moindre idée. C’est peut-être dû à une interférence magique, le sang placé près d’une source magique, d’une plante, ou bien une exposition à la lune, peut-être un assemblage de ces choses, ayant permis un changement d’état originel, ou c’est peut-être une manifestation de la malédiction. » Léonard avait bu les paroles de Monty, déconfit, la manifestation de la malédiction était pour lui inconcevable « Il faut qu’on vérifie Léonard. » Après avoir encore échangé quelques mots, sur l’importance de recueillir un nouvel échantillon, Monty s’en alla en direction de la sortie. « Et Léonard, surtout, ne l’inquiété pas inutilement. »

« Daphné, c’est Léonard ouvre moi. » Il était passé rapidement chez lui, avant de rejoindre l’appartement de Daphné. Il avait tenté de la prévenir de sa venue en faisant partir de St Mangouste un hiboux express, il y avait fort à parier que la missive serait arrivé avant lui, mais il n’y avait jamais là de certitude.
Son appartement était vide, régnait au centre de la table la tarte citrouille sous cloche, il avait attrapé un caba et fourré la tarte à l’intérieur. Dans sa mallette, il refit le plein des herbes spéciales que Nia qui lui laissait l’opportunité d'en avoir en échange d’une certaine forme d’exclusivité sur les ingrédients de l’apothicairerie des Slughorn. Une fois ces fioles remplis, son couteau aiguisé, sa planche réparée, le chat nourrit, il partit en direction de l’appartement de sa tendre patiente.
Léonard éprouvait énormément d’empathie pour Daphné, bien qu’il soit d’une nature plutôt froide, la détresse qu’il avait lu dans ses yeux quelques mois auparavant avait à jamais chamboulé leur relation. De manière probablement inconsciente, Léonard voyait en Daphné la petite sœur qu’il n’avait jamais eu. La perte qu’elle avait subie l’avait profondément touché, bien qu’il restait éloigné de la politique insensible aux articles qui paraissaient, insensible aux affiches placardées, il n’avait pu passer à côté de l’atrocité de cet événement. Et pendant un instant il s’était imaginé perdre Damocles, une boule de plomb lui était tombée dans l’estomac, l’angoisse avait attrapé sa gorge, bien que d’une certaine manière, Damocles était déjà partie loin de lui, Léo savait qu’ils rattraperont un jour la situation, Léo savait que dans toutes cette haine, il y avait encore plus d’amour. Daphné, elle ne pourrait jamais plus avoir de discussion avec sa sœur, et rien qu’à cette pensée les mains du jeune homme tremblait.  

La porte s'ouvrit légèrement et Léonard s’y glissa et de son pied la referma. «  Vraiment désolé de passer à l’improviste, pour me faire pardonner, j’ai amené de la tarte à la citrouille t’as du thé ? »
« Non mais vraiment, je te jure, ce chat une horreur. J’ai une semaine chargé et j’ai pas pu analyser l’échantillon de la semaine dernière, et Serge a rien trouvé de mieux que de l’éclater sur le sol. » Il s’assit sur le fauteuil et regarda pour la première fois en direction de Daphné. « Daphné t’es sûr que ça va ? » L’angoisse le saisit, est ce que son air détaché l’avait trahi ?

(c) DΛNDELION



Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
hiboux : 194
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Mer 23 Sep - 0:40


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RIEN QU’UNE GOUTTE DE TON SANG

poivre, citrouille et préférences
@Daphné S. Greengrass & @Léonard Slughorn

◊ ◊ ◊




Bois de gaiac, sental, cèdre, rien n'allait, rien ne réagissait comme elle le souhaitait. Il lui fallait une odeur boisée, une odeur forte et mûre, mais douce et envoûtante à la fois. Il lui fallait une odeur qui lui collerait à la peau et ferait battre son cœur, un peu trop fort. À l'heure qu'il était, ces mélanges ne provoquaient rien, si ce n'était un plissement de son nez. Daphné soupira, en enroulant distraitement ses longs cheveux blonds en un chignon aux mèches folles.

Elle vérifia attentivement la température de la pièce, d'un coup de baguette, pour s'assurer que la graisse de sa préparation était toujours assez chaude, avant d'humer les trois poivres qu'elle avait sa disposition, songeuse. Il lui fallait une note épicée, juste un peu relevée, pour ce coup de talon provocateur qui se mêlait si bien à la pudeur du bois trop sage. Elle fumera le bois dans de l'essence d'orange, avant de l'enfleurer, la prochaine fois. Pour l'instant, c'était ce poivre noir que son fournisseur indien lui avait rapporté qu'elle s'efforça de placer dans la graisse, faisant infuser l'odeur. D'un geste de baguette, elle ajusta la flamme sous le petit chaudron, la régula pour qu'elle reste à cette chaleur tranquille quelques heures, et tapota sur la montre à son poignet pour déclencher son alarme.

Elle repasserait, dans une heure, puis encore dans trois heures, et enfin toutes les six heures pendant plusieurs jours. La pièce embaumerait le poivre, mais elle ne pouvait s'en plaindre, le processus étant nettement plus court qu'à la moldue. Elle avait lu sur leur procédé, évidemment, et avait expérimenté, en France, bien heureuse de réaliser que son maître nez lui apprendrait bien rapidement les processus magiques d'accélération de distillation, d'enfleurage, et tout autre terme approprié.

S'apprêtant à quitter la pièce, Daphné fit tout de même un détour vers la droite de l'atelier, où l'attendaient ses flacons en cristaux, remplis d'essence. Elle saisit le troisième, tapota le bouchon, le souleva de quelques millimètres, et souffle de plaisir alors que la clémentine distillée vient lui chatouiller le nez. Elle avait fait l'achat de ce set il y a peu, préférant jusqu'alors utiliser les flacons achetés lors de sa formation, et ne regrettait pas son choix. Il faudra qu'elle en parle à Pandora, songea-t-elle, qu'elle lui fasse sentir ces agrumes sublimés. Elle était une des seules, après tout, à pouvoir pénétrer dans son atelier, en plus d'en obséder chaque détour, aussi méritait-elle bien d'humer ce délice.

La fatigue lui tomba sur le dos alors qu'elle descendait les marches de son loft pour rejoindre la pièce de vie principale, soudainement cassée. Elle s'affairait là-haut depuis des heures, toujours aussi peu proche pourtant de trouver l'odeur de la personne qu'elle voulait voir porter ce parfum. Juin approchait, doucement et sûrement, et l'héritière Greengrass ne pouvait se permettre d'être trop en retard pour le lancement de la saison. Elle y penserait plus tard, seulement, soupira la jeune femme en se glissant sous l'eau chaude.

Quand elle sortit de sa salle d'eau, enroulée dans une robe de chambre rose pâle, Daphné mit quelques instants avant de remarquer le hibou agacé qui attendait à sa fenêtre. Aussitôt ses doigts vinrent libérer la patte de l'animal, qui pinça son index avant de s'envoler dans un tourbillon de plumes. Son sourcil se haussa, tandis qu'elle portait la blessure à ses lèvres pour en suçoter les perles de sang. Il était tard, tout de même, pour une livraison de Honeydukes, et trop tôt pour que Pandora ne soit sortie du travail. Theodore, alors ? Avec cet hibou si mal élevé ? Peu probable. Portée par la curiosité, Daphné fit quelques pas vers son lit, s'y asseyant pour à peine de suite se relever d'un bond. Comment ça, Leonard allait passer ? Était-ce des façons de prévenir une dame, que cela ? Et pourquoi diable revenait-il déjà, en la prévenant avec une lettre de l'hôpital, quand il s'était déjà assuré de faire ses fichus tests en début de mois !

Agacée, refusant de s'avouer qu'elle était, tout de même, bien heureuse de le voir, Daphné s'affaira aussitôt à se rendre plus présentable, glissant une robe de laine fine sur son corps, séchant ses cheveux d'un geste doux. Elle les nouait tant bien que mal quand sa montre se déclencha, l'attirant déjà à nouveau vers son atelier, et Daphné lâcha un bref soupir devant ce temps qui filait trop vite.

D'un geste de baguette, elle tapota sur la marmite, qui s'agita pour secouer un peu le poivre et le corps gras. L'odeur était déjà fortement prégnante, elle lui titillait les sens, et Daphné s'y abandonnait presque toute entière. Est-ce que cela collait à la personne qui l'inspirait, toutefois ? Sa silhouette lui flottait à l'esprit, lui étouffait presque la gorge. Daphné voyait son sourire, son pétillement au fond des yeux, cette force de caractère indubitable, cette fragilité qui s'échappait, parfois, qu'elle voulait retranscrire, avec cette aigreur du poivre qui pouvait pourtant être si doux lorsque bien agrémenté. Il faudra qu'elle essaye, encore, toujours.

Il faudra qu'elle essaye sur sa muse, aussi.

L'idée la glaçait, autant qu'elle lui faisait pulser le corps. Est-ce qu'elle oserait lui avouer, que ce parfum était sien ? Qu'il avait été pensé tout pour cette seule et unique personne ? Oserait-elle le murmurer à d'autres ? Rien que de se l'imaginer, Daphné se sentait folle. Pire encore, elle se savait folle. Qui de sain d'esprit pensait à une personne comme celle-là et s'en trouvait inspiré ? Qui donc pouvait se sentir frissonner, sentir son coeur battre trop fort, au point de vouloir l'illustrer par ce qu'on pouvait savoir faire de mieux ? Dans son cas, encore et toujours, les parfums. Ça avait déjà été ça, au tout début. Les parfums, pour... La sonnerie retentit brusquement, tirant Daphné de ses pensées étranges. À quoi bon trop se questionner, elle n'y pourrait rien changer ; sa muse l'avait, après tout, toujours obsédée.

La jeune femme dévala les escaliers, glissa ses pieds nus dans une paire de chaussons gris, pour faire moins déshabillée, et réajusta sa robe le long de ses cuisses. Déjà, elle ouvrait la porte pour accueillir l'intrus, dont l'aisance à pénétrer dans le loft et à refermer la porte du pied montrait combien il était chez lui ici, trop souvent invité. Non, trop souvent présent, invité ou non. Elle ne l'avait pas convié, après tout, aujourd'hui ; pourtant il était là, les mains pleines, comme il l'avait toujours été, depuis ces mois d'angoisse qu'avait vécu l'héritière avant que la guerre ne se déclare. Toujours aussi déboussolée par son naturel mordant, Daphné l'observa s'affairer dans son entrée, lui proposant tarte à la citrouille contre thé chaud. Un sourire se faufila sur ses lèvres, tout de même, alors qu'elle délestait son ami du panier de victuailles.

- Bonjour à toi aussi, Leonard, souffla-t-elle en le guidant d'un regard vers la pièce à l'arrière, où quelques sièges les attendait.

Elle le regarda prendre place, l'écoutant en silence s'agacer contre ses derniers déboires de travail, qui justifiait sa présence ici. Il parlait bien de son échantillon de sang à elle, c'était cela ? Daphné soupira, une moue agacée lui relevant déjà les lèvres. Elle n'aimait pas son acharnement à venir vérifier qu'elle allait bien, depuis toutes ces années, car le résultat des tests était évident ; elle allait bien. Il ne lui était rien arrivé, rien depuis 1997, sinon des défaillances comme tout chacun a avec les saisons changeantes. Elle n'avait rien de maudit, tant bien même s'acharnait-il à farfouiller au fond de ses globules rouges et globules blancs pour lui prouver le contraire. Elle ne l'envoyait pas paître, toutefois, car Léonard était de cette présence qu'elle ne se refusait plus, une constante amicale au milieu de tous ses déboires. Alors tant pis si elle devait se faire piquer le bras, plusieurs fois par an, si cela le rassurait.

Qu'il revienne aujourd'hui, toutefois, pour en demander plus encore, surprenait beaucoup la jeune femme. Léonard ne revenait pour des tests supplémentaires que lorsqu'il avait des doutes, ou lorsque son patron estimait que les résultats n'étaient pas fabuleux. Daphné ne savait toujours pas sur quoi ils basaient ces verdicts, mais elle se pliait au jeu, tant qu'ils ne la piquaient pas trop souvent. Qu'il revienne, donc, aussi peu de temps après le premier test, les bras chargés d'offrandes, c'était pour le moins suspect. Elle l'observait toujours, alors, gardant un silence glacial, sondant son honnêteté. Elle allait finir par s'inquiéter, et elle ne voulait pas de cette angoisse supplémentaire.

- C'est à toi de me le dire, Leonard, que fais-tu vraiment là ? Des années que tu me suis, et jamais ton chat n'a ne serait-ce qu'effleuré tes flacons - quelle maladie t'imagines-tu que j'ai, cette fois-ci ? souffla-t-elle, un semblant de rire lui échappant presque du nez.

D'un geste de baguette, elle fit venir à eux deux tasses et une eau bouillie, dans laquelle elle fit tremper des feuilles de jasmin. La douceur de la fleur sublimerait parfaitement la tarte à la citrouille. Elle plissa les yeux, le sondant du regard.

- S'il n'en tenait qu'à moi, tu sais pertinemment que je me sens bien. Et avant que tu ne le demandes, oui, je suis sortie cette semaine ; je vais tous les jours au marché, il me faut des produits rais, neufs, fleuris, en ce moment. Puis, presque trop fière : j'ai commencé un nouveau parfum.

Il saura combien cette phrase indiquait un énorme pas en avant, ses doigts fins n'ayant pas concocté nouvelle effluve depuis l'assassinat d'Astoria. La phrase flottait entre eux, en effet, semblant soudainement s'entourer d'une signification bien plus lourde. Elle espéra, dans un souffle qu'elle retint pour elle, qu'il ne lui demande pas d'où l'idée lui venait, car alors elle ne pourrait que rougir, et Léonard, surtout lui, ne serait pas dupe. Non, il fallait recentrer la conversation, pour ne risquer aucune maladresse.

- De quoi as-tu besoin, cette fois-ci ? Si ce doit être à jeun, il faut que tu fasses cela avant que je ne déguste ta tarte ; je n'ai rien encore rien mangé, aujourd'hui.

1659 mots (c) oxymort

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Mer 30 Sep - 20:39
Rien qu’une goutte
De ton sang
Avril 2004



C’est toujours délicat de vouloir comprendre comment fonctionne les autres, leurs manières, leurs peurs, leurs cicatrices. Le jeune Slughorn avait beau aimer son métier avec passion, le relationnel était la partie qu’il craignait le plus. Il se demandait à chaque fois quelle était la meilleure manière de dire à un être que sa vie venait d’être bouleversé à jamais et que rien sur cette terre ne pourrait lui rendre ce qui avait été perdu. Ce n’est pas tant la douleur que peut causer une annonce terrible qui l’effrayait, mais plus la réaction à avoir. Il n’était pas de ceux qui s’étalent en sentiment, il ne supportait que mal qu’on puisse le toucher, s’octroyer le droit de porter un geste sur lui, quand bien même affectueux, le mettait dans une colère sourde, son instinct ne le poussait pas à des élans de geste doux et réconfortant, au contraire, il tâchait de se mettre le plus à distance possible de son interlocuteur, du moins de manière raisonnée. En d’autres termes, il était de ceux à préférer s'asseoir sur un fauteuil, un tabouret, une chaise ou à rester de debout, que de prendre une assise sur un confortable canapé où dangereuse est la promiscuité, favorisant les contacts involontaires et geste de franche camaraderie.
Bien que Daphné ait renvoyé l’ensemble des soignants qui surveillaient ses moindres faits et gestes, il y a des années, Léonard avait eu la chance de pouvoir rester présent. Ce privilège était, probablement, en partie dû à leur connivence et ne pas briser cette confiance avait été la priorité du jeune médicomage durant les derniers années.
Conscient qu’il ne pourrait pas garder le motif de sa visite impromptue très longtemps, la jeune femme étant une adverse redoutable quand il s’agissait de vérité, il tenta de gagner quelques secondes supplémentaires en rebondissant sur la confiance qu’elle avait placé sur le matou. « Tu n’as jamais vu Serge et tu ne saurais à quel point il est gros c'est un maine coon plutôt gourmand, et un peu pataud, j’ai d’ailleurs eu de la peine en lui enlevant la tarte des yeux, lui qui devait espérer avoir sa part hebdomadaire aujourd’hui. » C’était la manière qu’avait Léonard d’amener un sujet épineux sur le tapis : aborder du manière légère la situation devait amoindrir l’impact de la nouvelle, du moins c’est qu’il espérait.

Alors qu’elle préparait le thé, qu’il avait hâte de sentir réchauffer le creux de ses mains au travers de la tasse, l’odeur du jasmin arriva rapidement à lui. Probablement un des thés dont il raffolait le plus et surtout très propices en cette saison où le printemps est maître. Passionné de thé noir, bergamoté ou fleuris, le thé au jasmin avait une petite préférence, car cette fleur dégageait une odeur forte et reconnaissable, la qualité de cette dernière peut d’ailleurs se sentir au sens littéral du terme, elle est envoûtante, pour ne pas dire entêtante. Pourtant, alors qu’il humait les effluves émanant de la théière, des notes poivrées régnaient déjà dans l’appartement. Cela ne le surprit pas outre-mesure, les odeurs étaient la marque de fabrique de la demoiselle après-tout, c’étaient ses œuvres que tous s’arrachaient pour s’en baigner. Et même si il n’avait jamais pu monter dans son atelier, il comprenait parfaitement ce besoin de protéger son antre de la porté de tous, pourtant la curiosité le poussait à regarder d’où émanait ses odeurs de poivre mélangé à d’autres effluves qu’il peinait à retrouver.
Bien que la lumière ait toujours fasciné Léonard, ces faisceaux donnant à une pièce tout type d'atmosphère quand il passe au travers de carreau coloré lui rappelant inlassablement le salon du manoir familial, il avait grandi dans Les Jardins d’Anthénia quand tous les autres n’avaient d’yeux que pour @Damocles Slughorn. Elle, avait pris le temps de lui apprendre le nom de fleurs et leurs odeurs, les plantes et leurs besoins, les saisons, l’impacte de la lune sur les récoltes La base que tout bon Slughorn devrait connaître lui disait-elle.

Assi confortablement, il écoutait Daphné, souriant de l’entendre dire qu’elle se sentait mieux, heureux d’entendre qu’elle avait remis le nez dehors, et il voyait que son visage était plus apaisé que les traits sombres qu’on pouvait lire sous ses yeux s’étaient estompés. Sa curiosité s'éveilla soudainement en l’entendant parler de ce nouveau parfum qu’elle préparait. Curieux il se mordit un instant la langue pour ne pas poser de question, espérant que poussée dans son ardeur elle parlerait d’elle-même de ce nouveau projet qui semblait être le moteur de cet élan d’apaisement qu’on pouvait lire en elle. Pourtant, il ne dit rien, pendant presque un instant il eu envie de poser sa main sur la sienne, juste pour lui signifier qu’il avait compris, que c’était peut-être le début d’un nouveau voyage, d’une nouvelle bouffée d’air, elle qui avait passé tant de mois à suffoquer de la disparition de sa sœur et elle sembla l’instant d’après mal à l’aise, détournant la conversation sur l’objet de sa visite.

Il allait répondre à ses interrogations, mais tenta de détendre l’atmosphère prochainement lourde qui allait tomber « Mange donc de la tarte, je préfère toujours le sang quand il est nourri. » Lui lança-t-il en mimant un geste d’appétit et traduit par claquement de la langue sur ses dents. Conscient qu’il devait justifier sa présence, il attrapa sa mallette et à l’aide de sa baguette fit venir le flacon de sang, coagulé en un liquide épais et visqueux, ainsi qu’une petite assiette en porcelaine, dans laquelle il fit glisser le liquide qui fila d’une seule goutte unique et homogène. « C’est le sang que je t’ai prélevé la semaine dernière Daphné. » il fixait la forme uni et sombre qui se détachait du blanc immaculé du nouveau récipient. Il n’osait pas regarder son amie, de peur de voir la terreur s’afficher dans ses yeux, la même qu’il avait eu quelques heures auparavant, concentrant ses efforts pour lui expliquer de manière la plus naturelle possible, il continua « Je ne crois pas que nous devions paniquer, d’accord ?  Car il se peut qu’une source de magie extérieure ait dénaturé la structure provoquant ainsi un changement d’état de ton sang. Cette source peut venir du lieu de stockage, du récipient, de moi au moment du prélèvement, des particules magiques qui pouvaient régner autour de nous, des phases de la lune, une combinaison de toutes ces spécificités. Au vu des autres examens, je crois que nous pouvons d’ors et déjà nous rassurer quant à ton état de santé non ? Je vois surtout un regain de vitalité qui n’a rien à voir avec ton passé, je vois une jeune femme pleine d’énergie, d’où m’a venu, je suis venu pour confirmer ma théorie, plutôt que de crier à la malédiction. Es-tu d’accord ? » Bien sûr qu’il était inquiet, inquiet de se tromper et de faire fausse route, inquiet qu’il n’est pas vu d’autres symptômes, l’état de santé de Daphné l’inquiétait depuis des années, il ne doutait pas qu’il y eût bien plus compétent que lui pour répondre à ses besoins, pourtant elle avait jugé qu’il serait le seul à pouvoir l’aider. Il ne savait pas si elle se doutait qu’il se faisait accompagner par son mentor, mais il ne pouvait porter seul les décisions qui pouvaient détruire ou sauver à sa vie.
D’un nouveau coup de baguette, il fit sortir de son sac, une fiole-à-sang d’une grande rareté, car complètement imperméable aux éléments extérieurs, elle avait été prêtée par son mentor, et ce dernier lui avait expressément demandé de n’utiliser que celle-ci, car ses propriétés était plus sûr que les fiole-à-sang qu’utilisait habituellement Léonard.

Prenant appui sur le dossier du fauteuil, Léonard lança un regard complice à Daphné « ce que je vous propose ma chère, ce que nous dégustions cette fabuleuse tarte et que nous nous abreuvions de votre breuvage, en discutant de ce nouveau parfum, je vous promets de garder secret ses senteurs ? »
(c) DΛNDELION



Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
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Dim 8 Nov - 20:24


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RIEN QU’UNE GOUTTE DE TON SANG

poivre, citrouille et préférences
@Daphné S. Greengrass & @Léonard Slughorn

◊ ◊ ◊





Un sourire échappa à la jeune héritière alors que Léonard mentionnait son gros chat, ce sacré Serge, qui justifiait apparemment son arrivée ici. Daphné n’était toujours pas convaincue, mais préféra laisser couler l’affaire, jugeant plus utile de servir le thé suffisamment infusé. Elle le rassurait, se faisant, de son état actuel. Tout allait au mieux, cherchait-elle à le rassurer, persuadée finalement que tel était le cas. Elle sortait chaque jour, côtoyait les commerces à côté, arrivait presque à bout de son nouveau parfum, ou du moins commençait-elle à l’envisager clairement, et de gros projets se lançaient. Elle n’avait eu aucun étourdissement, aucune quinte de toux, aucun vertige, ces derniers jours, rien qui ne puisse inquiéter qui que ce soit. Sa présence ici le dépassait réellement, si elle tenait tout à fait de son état de santé. Elle se sentait obligée, alors, de lui redemander : pourquoi était-il ici, sans mensonges ou vérités cachées par le biais de son cher Serge, tout adorable fut ce gros matou. S’il devait l’ausculter, qu’il le fasse alors avant qu’ils ne se nourrissent, qu’elle puisse savourer en toute tranquillité cette délicieuse tarte qui sentait si bon.

Semblant avoir entendu les récriminations de son estomac, affamé de ne pas s’être nourri depuis la veille au soir, Léonard l’invita aussitôt à manger. Daphné lâcha un petit soupir satisfait, se mouvant aussitôt pour couper la tarte en des parts de taille égale. L’affaire résolue, ses doigts vinrent cette fois saisir la théière, dont elle retira brièvement le chapeau. Son nez se plissa, humant les vapeurs de jasmin qui en émanaient, et un air satisfait vint soulever ses pommettes. Elle se chargea aussitôt de verser le liquide infusé dans deux tasses de porcelaines, avant de servir deux parts. Daphné en était là de ses actions de maîtresse de maison quand Léonard sortit de sa mallette de médicomage un flacon des plus étranges. Sourcils froncés, la jeune parfumeuse s’interrompit, la spatule à tarte toujours dans les airs. Qu’est-ce qu’il lui montrait là ? L’état du liquide à l’intérieur du flacon était des plus intriguant et, si elle devait être tout à fait honnête, des moins rassurant. Elle hoqueta presque en le voyant attirer à lui une assiette de porcelaine et y laisser tomber la goutte - c’est que le sang tâchait la porcelaine, enfin ! - mais toute contestation lui échappa, trop occupée à observer l’étrange chose tombée dans l’assiette. Elle releva les yeux vers Léonard, peu rassurée, alors qu’il lui expliquait que cette forme coagulée n’était autre que son sang, prélevé la semaine dernière. Daphné se mordilla les lèvres, perdant peu à peu les couleurs vives qu’elle avait réussi à reprendre. C’était son sang, ça ? Mais elle n’avait rien, par Salazar ! Cette malédiction familiale, ce n’était que des excuses, des inventions de générations en générations, il ne pouvait en être autrement. Sinon, quoi, devait-elle s’attendre à décéder prochainement ? Allait-elle suivre sa soeur, rejoindre enfin ses parents ? Que le Seigneur Tout Puissant l’entende, jamais Daphné n’avait été aussi peu prête à Le rejoindre. Il y avait Pandora, à qui elle devait dire trop de choses encore, il y avait Théodore, qu’elle ne pouvait laisser aux mains des Malefoy, il y avait Blaise, même, qu’elle avait revu il y a peu de temps, il y avait Uriel, bon sang, Uriel qui lui avait promis tant de choses ! Elle ne pouvait pas s’écrouler, et pourtant ce sang semblait signaler toute une fin.

Le souffle semblait lui manquer, et sa main s’agitait bêtement à tenter de l’éventer. Cela ne changeait rien, pourtant, la fièvre lui montant déjà. Léonard ignorait son regard, qui plus est, s’acharnant à observer cette goutte de sang trop solide dans l’assiette. Il reprenait déjà la parole, tentant de la rassurer par mille et une explications. Trop tard ! Avait-elle envie de lui souffler, mais la voix lui échappait encore, ses doigts fins desserrant son col. Il lui expliquait que cette anomalie pouvait être due à une dizaine de facteurs, donc, et qu’il ne fallait pas crier trop tôt à la malédiction. Daphné s’éventait toujours, et secoua la tête. Evidemment, qu’elle y pensait, elle avait grandi à ne faire que cela, y penser ! Cette maudite maladie, qui coulerait dans leurs veines, les vouaient à s’éteindre trop jeunes. Bon sang, voilà qu’elle allait se mettre à y croire, elle aussi. Daphné s’efforça à respirer, une deux, bien profondément, croisant à nouveau le regard de Léonard.

La part de tarte, délaissée, la tasse de thé, qui allait refroidir, peu lui importait. Elle ne voyait que la nouvelle fiole à sang qu’il venait de faire apparaître, elle songeait déjà à la piqure qui allait s’enfoncer dans son bras, et Daphné voulait être n’importe où plutôt qu’ici. Une moue enfantine, boudeuse, vint aussitôt se fondre sur ses lèvres, et elle secoua la tête :

- Tant bien même il s’agirait de cette sacrée malédiction, tu le sais bien, rien ne pourrait empêcher mon destin ! Et puis, tu l’as dit toi-même, Léonard, je vais nettement mieux, ce n’est qu’une anomalie expliquée par mille facteurs extérieurs, y a-t-il vraiment besoin de recommencer ?

Sans pour autant ranger sa fiole, Léonard sembla accepter de repousser le moment fatidique, puisqu’il se laissa retomber dans le fauteuil, lui adressant un regard complice. Il proposait ainsi de mettre cette affaire de côté, quelques instants durant, le temps simplement de profiter l’un de l’autre. Comme il l’amadouait, avec cette tarte, ce thé au parfum si bon, cette promesse de discuter de son nouveau parfum - elle n’attendait que cela, d’en discuter ! Il l’amadouait, la mettait à l’aise, comme il savait si bien le faire depuis sa jeune adolescence, et venait ensuite lui enfoncer ses piqures à même le bras, sans regret aucun. Daphné portait encore sa moue mécontente quand elle se laissa, elle aussi, retomber contre son dossier. Il ne partirait pas, de toute façon, tant qu’ils n’auraient pas un peu discuté, comme d’ordinaire.

- Je reste convaincue qu’il ne sera pas nécessaire de recommencer, grommela-t-elle en venant piquer de la fourchette le bout de tarte dans son assiette.

Elle déglutit sa bouchée, regardant de travers l’assiette entre eux deux, où trônait encore sa goutte de sang coagulée.

- Je fais un parfum masculin, consentit-elle toutefois à lâcher, sa bouchée avalée. Des odeurs boisées, fumées à l’orange. Relevées de baies poivrées. Je veux quelque chose de puissant, qui prenne à la gorge, qui fasse s’étourdir, mais qui reste là, comme une caresse, à s’enrouler autour de nous. Je voulais y mêler de la clémentine, mais c’est trop doux, ça ne lui correspond plus, avoua-t-elle alors, perdue dans ses réflexions.

Une rougeur se propagea aussitôt sur ses joues, et elle toussota pour cacher sa gêne.

- Je n’ai jamais travaillé sur un parfum aux odeurs plus masculines, je pense que c’est cela qui a réussi à me sortir de ma torpeur créatrice. J’ai abandonné l’idée de trouver aussi rapidement que cela la fragrance qui représenterait Astoria, mais je ne me voyais pas capable de créer un autre parfum pour femme, s’il n’était pour elle. Alors j’ai opté pour cette solution. Cela fait toujours du bien, de la nouveauté, non ?

La parfumeuse releva les yeux vers Léonard, jaugeant ses réactions. Il ne semblait pas avoir tiqué sur le fait que ce parfum s’inspirait de quelqu’un, mais peut-être était-ce un voeu trop pieu. Ses pommettes, après tout, révélaient encore bien trop sa maladresse.

- Je te le ferai sentir, plus tard ; c’est encore trop en phase préparatoire, aujourd’hui. La version finale sera révélée à l'inauguration de la boutique : je t'en parlais brièvement, la semaine passée, elle aura lieu fin mai. Tu viendras, j'espère ? Accompagné ?

Mieux valait détourner la conversation, que de risquer des révélations qu'elle n'était, décidemment, pas prête à faire.

1247 mots (c) oxymort

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