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La Terre est bleue comme une orange ...
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

P. Pandora Parkinson

P. Pandora Parkinson
MODÉRATRICE & MJ
hiboux : 425
pictures :
La Terre est bleue comme une orange ... 230916321b07e71b7ddd665e37967a7be66e0739
Dim 20 Sep - 0:46




la terre est bleue comme une orange
correspondance ft. @Daphné S. Greengrass


Jamais une erreur les mots ne mentent pas.


Trois semaines que Pandora a ce poème en tête, comme une infernale chanson qu’on ne peut se sortir du crâne. Trois semaines aussi qu’elle ne se nourrit que d’agrumes – c’est la saison, il paraît. Trois semaines que la tribune est parue dans Witch Weekly, trois semaines qu’elle passe ses journées à écrire des réponses à des lettres de condoléances, trois semaines qu’elle a vu Daphné pour la dernière fois.

Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre


Elle a tout fini, toutefois, tout le paquet. Elle a tout renvoyé à Ombeline, pour que les lettres partent depuis les serres du hibou d’Exeter, et qu’on ne se doute pas de la supercherie. Alors, puisqu’elle a tout fini, elle Pandora s'autorise l'écriture d'une dernière lettre. Directement pour Daphné, cette fois. Elle utilise un papier de parchemin qu’elle a parfumé de son Opium ; pour qu’elle sache que ça vient d’elle. Comme si l’encre verte et le propos ne suffisaient pas.


20/09/2003
Londres

Daphné,

Je me désole de toute la peine que tu dois ressentir et je te présente mes excuses d'en avoir rajouté, quand je suis venue t'importuner ce jour-là. Je suis désolée que tu doives vivre pareil chagrin, désolée que tu doives désormais envisager ta vie sans Astoria à tes côtés. Et par-dessus tout cela je suis désolée que tu ne puisses pas vivre ton deuil dans l'intimité à laquelle tu devrais pourtant avoir le droit, et cela parce que le décès d'Astoria est devenu politique quand Potter et Malefoy s'en sont saisis pour s'attaquer mutuellement. Ils l'ont fait avec la même vigueur que l'ont fait les belligérants aux aurores des grandes guerres, quand il leur fallait trouver un prétexte pour commencer des batailles. Je suis désolée qu'Astoria soit devenue un prétexte, et j'espère qu'au moins, à défaut de pouvoir t'appartenir tout entière et toute intime, son image pourra devenir pour les sorciers celle d'un martyr.

Ta dévouée,

Pandora.

Ce ne sont que quelques mots. Alors, dans l’enveloppe, elle glisse aussi ceux d’Eluard, arrachés de sa propre édition, en français. Elle saura les lire.

Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.



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Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
hiboux : 194
pictures : La Terre est bleue comme une orange ... 68747470733a2f2f73332e616d617a6f6e6177732e636f6d2f776174747061642d6d656469612d736572766963652f53746f7279496d6167652f39303253675170745f75365941673d3d2d3537363838373236362e313533313534656439353333633630373939323037353035363337372e676966
Dim 20 Sep - 23:47


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la terre est bleue comme une orange

Il faut les croire sur baiser
Et sur parole et sur regard
Et ne baiser que leurs baisers

@Daphné S. Greengrass & @P. Pandora Parkinson

◊ ◊ ◊



Quand Daphné réalisa qu'Ombeline avait déposé une enveloppe sur son bureau, l'héritière Greengrass leva les yeux au ciel, prête à la rappeler aussitôt. Elle avait été des plus claires : pas de courriers, aucune lettre. Si Parkinson s'était dévouée à les aider, alors qu'elle soit véritablement utile, et que pas l'ombre d'une lettre de condoléances ne lui arrive devant les yeux. Elle devenait aigrie, déjà, se réfugiant dans cette haine qui gonflait dans son cœur et la reportait sur tout ce qui pouvait l'agacer en ce monde.

Ses doigts se figèrent au dessus de l'enveloppe en reconnaissant la calligraphie qui avait tracé son nom. Elle n'avait pas vu cette écriture depuis des années. Il y avait quelque chose de changé, dans les boucles de ces lettres, une plume qui s'était affermie, peut-être. Pansy devenue Pandora, jusque dans ses mots. Les doigts se firent curieux, ouvrirent l'enveloppe, s'entaillèrent l'index, rejoignirent ses lèvres pour éponger la perle de sang, puis retrouvèrent le chemin du parchemin. Bientôt, deux papiers tombèrent sur le bois du bureau. Il y avait une page déchirée, des mots qui se fondaient sur le corps d'une femme dénudée, des mots en français, cette langue partagée. L'émotion étreignit Daphné, qui saisit les deux courriers pour se laisser tomber dans le fauteuil. Elle relisait les mots en français, s'y accrochant étrangement, se refusant à ouvrir, déjà, le parchemin plié où l'attendaient, elle le devinait, quelques mots de Pandora.

Les fous et les amours, Elle sa bouche d'alliance, murmurait-elle déjà, ses lèvres asséchées craquant sous ses mots. Yeux fermés, elle s'abandonna quelques instants à ce que ce poème dégageait, à ce que Pandora cherchait à lui partager. Inspirant profondément, elle s'aventura, enfin, à lire ses mots.

Si la réponse lui vint de suite, ses yeux papillonnant autour de la pièce pour trouver de quoi lui répondre, aussitôt, Daphné s'immobilisa une fois la plume au dessus de son feuillet. Il fallait qu'elle s'exprime mieux, toute aussi changée que Pandora - il fallait qu'elle comprenne. Même alors, quand la lettre fut rédigée, ses émotions débordant dans ses mots, Daphné laissa reposer là le courrier, plusieurs jours durant. Elle rajoutait une phrase, en raturait une autre, relisait Éluard et sentait son corps cogner. Voulait elle vraiment répondre à Pandora ? N'était-elle pas mieux, seule ?

J'aurai pu vivre sans toi
Vivre seul

Qui parle
Qui peut vivre seul
Sans toi
Qui

Être en dépit de tout
Être en dépit de soi

La nuit est avancée

Comme un bloc de cristal
Je me mêle à la nuit.


Exeter,
le 22 23 25 Septembre 2003

Pandora,

Il me serait plus simple de te remercier comme tu as remercié tous les autres, tel que je l'imagine toutefois : la plume taillée, l'écriture serrée, les mots creux. Je ne peux toutefois te renvoyer ces mêmes lettres toutes faites, toutes prêtes, après ce courrier que tu m'as fait porter. Je n'ai pas compris, en premier lieu, ces mots que tu m'adressais. Ces excuses, que tu m'écrivais. Je n'osais y croire, ne souhaitais les lire. Tes mots, malgré toute la douceur que je t'imagine y avoir placé, n'ont fait que davantage me blesser.

Astoria n'est pas un martyr. C'est une sœur, une épouse, une mère en devenir. Elle n'est pas la figure d'un mouvement en lequel elle ne croirait pas - et elle ne le sera pas. Parce que l'affront passera, parce que ce besoin de la porter haut vous lassera, et elle retombera dans l'ombre, sans jamais n'avoir demandé à en sortir. Elle me sera rendue, alors. Il sera trop tard, seulement. Je ne l'aurais pas eue, rien qu'à moi, quand le besoin aura été le plus grand. Vous l'avez prise, Pandora, sans jamais chercher à concevoir la douleur qui s'y associe.

Ce n'est pas ta faute, pourtant, et tes excuses n'y changeront rien. Je les garde près de moi, toutefois, aussi précieusement que cette page envoyée. Eluard n'avait pas les plus claires des idées, seulement ses mots savent éclaircir celles des autres. Je te remercie, alors, de ces excuses, d'avoir été la seule à les avoir pensées, et à me les écrire si soigneusement.

Je n'étais pas moi-même, lors de notre dernière entrevue, mais tu me l'auras pardonné, je pense. Tu n'étais pas non plus celle que j'attendais à voir sous tes traits, après tout.

Quand Astoria me sera rendue, si tu n'es pas de ceux qui s'affairent à l'oublier si facilement, peut-être nos chemins se croiseront-ils à nouveau. Pandora m'est à découvrir, je crois.

Daphné



Et, griffonnées en bas de page, ces quelques lignes, tremblantes.

Qui parle
Qui peut vivre seul
Sans toi
Qui


702 mots + 2 refs (c) oxymort

P. Pandora Parkinson

P. Pandora Parkinson
MODÉRATRICE & MJ
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Mer 23 Sep - 16:33




la terre est bleue comme une orange
correspondance ft. @Daphné S. Greengrass
D’abord, Pandora n’a pas su quoi répondre. Elle a été prise au ventre par les mots de Daphné. Elle a été prise au corps par tous les petits détails, la date barrée une fois, deux fois, trois fois, par cette phrase, tellement jolie, tellement poétique, sur Eluard. Elle a été pris au cœur par ses lettres d’encre qui se sont resserrées à mesure que ses mots se sont fait plus durs, quand elle a refusé d’admettre la posture de martyr d’Astoria, et quand elle a écrit cette phrase, tes mots … n'ont fait que davantage me blesser. Elle a été prise de larmes par ces vers, à la fin, qui n’en semblaient pas.

Puis, la culpabilité est revenue, si seulement elle avait plus tôt réussi à s’en débarrasser. Encore une fois, Daphné lui fait comprendre qu’elle n’a pas trouvé les bons mots pour soulager sa peine, et c’est insupportable. Pourquoi n’y arrive-t-elle pas ? Quels mots n’arrive-t-elle pas à trouver ? Que dit le poète qu’elle est incapable d’imiter ?

Alors, elle s’est changé les idées en cherchant d’où venaient ces vers qu’elle ne reconnaissait pas. Ça devait être Eluard, mais elle n’en trouvait pas la source. Elle a fouillé dans les recueils qu’elle avait chez elle, et finalement, c’est Georgia qui a trouvé. Elles sont allées dans une bibliothèque moldue spécialisée dans la francophonie, elles ont cherché dans une de ces machines beiges, et elles ont trouvé. Les Mains Libres, avec Man Ray. Le poème est composé d’une dizaine de vers, et il est illustré par le croquis de deux mains liées par un fil. C’est ce à quoi semble tenir le reste de sa relation avec Daphné.

Et puis finalement, près de trois semaines après l’avoir reçue, Pandora a lu la lettre une nouvelle fois, et y a vu de l’espoir. Cette petite phrase, juste-là, où Daphné disait que Pandora lui était à découvrir. Alors cette dernière ne peut que tenter, encore une fois, de parvenir à trouver les mots justes.



12/10/2003
Londres

Chère Daphné,

Ci-joint, tu trouveras une photographie d'Astoria, de toi, et de moi dans la Salle Commune. J'en ai des dizaines comme celle-ci. Si tu les veux, je te les enverrai. Si tu veux que je te raconter les mille histoires auxquelles je songe quand je pense à elle, je le ferai. Si tu veux que j'aille retourner chaque pierre de la Forêt Interdite, là où Potter aurait laissé tomber la Pierre de Résurrection pour la retrouver, je le ferai. Si tu veux que je brûle toutes les photos, je le ferai. Je ne pourrai rien oublier, toutefois. Pas elle, et même pas pour toi.

Comment vas-tu ?

Ta dévouée,

Pandora.


Elle ne peut pas, toutefois, s’empêcher de glisser dans l’enveloppe un autre parchemin, sur lequel elle a reproduit, de son encre verte, d’autres vers du poète. C’est irrésistible, parce que c’est Daphné qui a mis ce recueil entre ses mains, et qu’elle l’a dit : Eluard n'avait pas les plus claires des idées, seulement ses mots savent éclaircir celles des autres.

Dessine le sort
Un trait d’acier sincère
Un trait filant droit
Sur des routes nouvelles

Regarde tes soeurs
Prêtes à recevoir
Les bijoux tournoyants de la rébellion
De tes refus
De ta force future

Elles écoutent quand tu te tais
Les grandes orgues de la raison.

Dans son journal, elle range la première version de la lettre, trop intime pour pouvoir la partager avec quelqu’un d’autre que lui, et surtout pas avec elle.

Spoiler:


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Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
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Ven 25 Sep - 8:55


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la terre est bleue comme une orange

Il faut les croire sur baiser
Et sur parole et sur regard
Et ne baiser que leurs baisers

@Daphné S. Greengrass & @P. Pandora Parkinson

◊ ◊ ◊



Comment allait-elle ? La question ne lui avait pas été posée depuis des mois, des semaines, si ce n'était pas la figure toujours plus livide de Leonard, quand il voyait la sienne. Elle supposait que cela signifiait qu'elle n'allait pas bien : pis, Pandora, elle allait au plus mal.

Comment le lui dire, toutefois, après ces mots envoyés ? Comment le lui avouer, quand tout dans son courrier cherchait à lui insuffler du courage, lui murmurer de l'espoir ? Il y avait du Éluard encore, devinait-elle, ne reconnaissant pas celui-ci. Pour la première fois, ses mains s'étaient posées sur un autre livre que celui d'Ovide, et elle avait repris Les Mains Libres, découvert depuis Grasse, vite tapoté pour retrouver les mots. Man Ray, encore, semblait plus encore qu'Eluard la pousser vers l'avant. Il y avait ces mots précis, aussi, ce vent de rébellion que Pandora trouvait encore le moyen de glisser dans ses propos, mais Daphné cette fois les avait longuement contemplés, plutôt qu'immédiatement rejetés.

Regarde tes sœurs
Prêtes à recevoir
Les bijoux tournoyants de la rébellion


Quand enfin les mots d'Éluard avaient cessé de l'éventrer, Daphné s'était vouée toute entière à assimiler ceux de Pandora. Elle avait passé des journées pleines, doigts serrés sur la brève missive, à lire les quelques mots à l'écriture souple. Elle n'avait pas osé retourner la photographie, encore, qui demeurait cachée dans l'enveloppe. Elle lui disait en avoir des dizaines d'autres.

Pandora, Astoria, Daphné. Partout, dans toutes les situations. Partout, gravées dans le cœur de la brune comme elles étaient fondues dans celui de Daphné. Les larmes lui avaient prise la gorge, alors, lui avaient mouillé les cils. Astoria existerait, encore, Astoria existait, elle existe, elle existe. Son corps s'était roulé en boule, et l'encre verte de Pandora avait déteint sur sa peau.

La photo n'avait toujours pas été retournée, quand elle avait pris la plume, pour lui répondre enfin. Que lui dire, pourtant ? La question lui revenait, incessamment, tandis que toutes réponses semblaient fuir au loin. Elle fit un premier brouillon, trop plein de hachures, puis un second, trop émotif, un dernier enfin, qu'elle décida d'envoyer.

Le 21/10/2003, Exeter

Pandora,

Un mois. Un mois hier. Que c'est long, un mois. Suffisamment long pour que la douleur ne m'éviscère jour après jour, lentement. Que c'est bref, pourtant, car hier encore, le rire de ma soeur résonnait au creux de mon oreille.

Elle tournoyait dans le salon, applatissant le tissu de sa nouvelle robe, pour me montrer cette jolie pièce qu'elle porterait pour y aller. Elle avait son rire toujours un peu enfantin, tu sais ? Elle gloussait presque, parce qu'elle était trop heureuse : Drago la lui avait offerte, sur mesure. Et elle est morte, alors, soufflée dans cette robe.

Cela fait un mois. Seulement un mois. Déjà un mois. Je ne sais plus. Je ne peux te cacher mon mal-être, il transpirera depuis ce parchemin même. Un mois.

Je n'ai pas peur de l'oublier. Je n'ai plus peur que tu l'oublies, non plus. Elle aimerait beaucoup cela, que tu ne l'oublies pas. Que tu te rappelles de ses bêtises, de ses folies, de ses mots doux, chaque jour. Il faudra que tu m'aides, toutefois, à ne pas vivre que dans sa mémoire. M'écouteras-tu, quand ma voix sera trop pleine de son fantôme ? Me pousseras-tu, plus loin encore qu'Éluard ne l'essaie ?

Je n'ai la force de rien, aujourd'hui, pourtant. La force de t'écouter, peut-être. De te lire. Raconte-moi, la Pandora que tu es. Raconte-moi ces cheveux courts, et ce pantalon que tu portais. Raconte-moi ces mots que tu écris pour les autres.

Cette marche en arrière
Incrédule exténuée
Vers quelques souvenirs

Le remède miracle accord cadeau confiance


Daphné


La photographie, enfin retournée, brillait des larmes qui y avaient glissé. Elles étaient belles, les joues rondes d'enfance, les sourires en coin, celui d'Astoria dévoilant ses dents. Elles étaient belles, animées, vivantes. Plus belles encore que des nuages dans les mains.

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P. Pandora Parkinson

P. Pandora Parkinson
MODÉRATRICE & MJ
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Dim 27 Sep - 1:01




la terre est bleue comme une orange
correspondance ft. @Daphné S. Greengrass
La réponse de Daphné ne vient pas, les jours passent, et le plus funeste d’entre eux arrive : aujourd’hui, cela fait un mois qu’Astoria est décédée. Pandora a fait des cauchemars toute la nuit : elle a vu et revu la scène, que son esprit a semblé se reconstituer. Elle n’a pourtant pas vu le meurtrier s’élancer, elle n’a pas vu le sortilège partir, elle n’a vu que le corps d’Astoria s’effondrer sur le sol. Son esprit lui a donc proposé un tour vicelard : il a inventé toute la scène, l’a jouée et l’a rejouée devant ses yeux quand elle a essayé de dormir. C’était terrible. Au matin, au petit matin, des cernes creusant son regard, elle s’est décidée : elle prétendra un reportage de dernière minute, et s’échappera du bureau pour transplaner vers les Terres de Feu. Tant pis si Daphné ne l’y attend pas. Elle n’a pas été là pour elle le jour de la mort d’Astoria. Elle doit être là aujourd’hui, ou elle doit essayer, tout du moins.

Depuis les toilettes des locaux de Witch Weekly, alors, elle tourne sur ses talons, une première fois, et le sol vacille sous ses pieds, mais rien de plus. Elle réessaye, une deuxième fois, peut-être ne s’est-elle pas suffisamment concentrée. Elle se sent partir, mais pas de crac significatif, elle est là, toujours, sur ce carrelage blanc, alors elle essaye une troisième fois, une quatrième, jusqu’à en avoir mal au crâne. L’Enchanteresse a dû lui bloquer l’entrée de ses Terres. Pandora savait que ça arriverait un jour, mais ça n’aurait pas pu plus mal tomber. Elle ne la hait que plus, la matriarche Malefoy, et une larme perle dans son regard alors qu’elle sort rejoindre son bureau d’un pas vif. Elle arrache une page de son calepin et griffonne quelques mots dessus avant de filer vers la petite volière du journal. Elle choisit le hibou qui lui semble le plus vif et noue le mot autour de sa patte.

20/10/2003
Londres

Ça fait un mois. Je voulais venir te voir, mais je n’ai pas pu transplaner : Narcissa a dû me bloquer l’entrée des Terres de Feu. Si tu le veux, si tu en as la force – ma porte est ouverte.

P.

Puis, la journée passe, et Pandora regrette d’avoir envoyé la lettre si tôt. Et si Daphné transplanait juste après l’avoir reçue, et si elle l’attendait déjà, dans sa maison à Gonzales Street ? Dès qu’elle le peut, dix-sept heure à peine passé, Pandora file dans la ville, à pied, sans parapluie, alors qu’un torrent d’eau semble tomber sur Londres. Elle ne peut pas transplaner, toutefois, la migraine provoquée par ses tentatives d’envol matinal n’est pas passée. Quand elle rentre chez elle, elle est trempée. Sur son canapé, il n’y a qu’Adriene et Georgia. Elle ne leur parle pas, parce qu’elles interprèteraient mal la déception dans sa voix, et file dans sa chambre.

Sur sa table de chevet, elle attrape son édition des Mains Libres qu’elle a emprunté à la bibliothèque il y a plus de dix jours, maintenant. Elle va devoir le rendre, bientôt, alors elle en profite. La langue française fait travailler son esprit, et elle s’endort, éreintée, sur les mots d’Eluard.

Ce désespoir confus
Source impalpable nuit de pluie
Loin des feuilles naissantes
Loin des larmes salubres


Le lendemain, alors que Pandora sort de la douche, un hibou gratte à sa fenêtre ; elle tarde à aller à lui, trop occupée à nouer une serviette sur sa tête. Quand elle le reconnaît, toutefois, elle laisse lui échapper un juron et file lui ouvrir : c’est le hibou d’Exeter. Quelques secondes plus tard, elle est sur son lit, décachette l’enveloppe et n’attend pas pour lire la lettre. Daphné n’est pas venue, mais elle lui a répondu.

Au terme de sa lecture, des larmes sillonnent ses joues. Elle aurait tant voulu être là. Elle aurait tant voulu entendre Daphné lui raconter Astoria qui tourne dans sa robe de soirée, ella aurait aimé partager sa douleur qui pourtant l’éventre, elle aurait aimé compléter le poème d’Eluard, tronqué, qu’elle connait désormais par cœur, ou mieux encore, elle aurait aimé qu’elles le récitent ensemble. La jeune femme ne tarde pas à trouver son bureau pour lui répondre, tout de suite.


Londres
21/10/2003

Daphné,

J’obéis, alors. Sans doute parce que ça me changera les idées, à moi aussi, de te parler de ces années sans toi, sans elle. Sans vous.

Mais avant tout, laisse moi te dire qu’elle avait le plus beau de tous les rires.

Je te raconte, donc. Les cheveux courts, c’est mars 2000, le deuil qui m’a faite orpheline. J’ai tout coupé la veille de l’enterrement de mon Père – grippe du Chat Noir, il était très affaibli après la guerre. Je n’avais pas l’argent pour de grandes funérailles, alors ça a été discret, comme ils l’ont écrit dans la Gazette. Je travaillais déjà pour Witch Weekly, à l’époque. J’ai vendu la maison et le domaine quelques semaines seulement après l’enterrement, et je ne l’ai encore pas regretté. Londres me va bien, je crois. Mais malgré le déménagement, je ne me suis pas sentie moins seule, alors j’ai cherché des colocataires pour remplir les pièces de ma nouvelle maison aux briques blanches, et j’ai découvert les nuits londoniennes. Je me suis sentie un peu moins triste, et un peu moins seule.
Le pantalon, c’est à l’une d’elles – à Georgia. Georgia Harris. C’est une joueuse pour l’équipe de Flaquemare, mais je doute que tu aies entendu parler d’elle, tandis que moi, tu le sais, j’ai toujours aimé m’acoquiner de joueurs de Quidditch. C’est à peu près la seule chose, toutefois, que Georgia a en commun avec Draco. Quoi que : elle est blonde, elle-aussi.
Et les mots pour les autres, comme tu le dis si bien … ça a commencé parce que nous étions ruinés, au sortir de la guerre. J’ai vu dans la Gazette une annonce, ils cherchaient des pigistes. J’en ai écrit quelques-unes pour eux, puis pour Witch Weekly, et finalement, ce sont eux qui m’ont proposé mon premier contrat. J’étais sûre que ça ne durerait pas, et pourtant tu vois, j’y suis encore, presque quatre ans plus tard.
Tu ne me l’as pas demandé, mais j’ajoute : c’est de là que vient Pandora. J’avais honte qu’on sache que je devais travailler pour survivre. Mais il était question de ça, Daphné : économiquement comme émotionnellement, mon boulot m’a sauvé la vie. Malheureusement, toutefois, ce soulagement venait avec de la honte. Alors j’ai écrit sous un pseudonyme, celui de Pandora P, pour qu’on ne le sache pas. C’est sous cette identité que j’ai rencontré Georgia : celle de Pandora, qui doit écrire un article pour Witch Weekly sur l’étoile montante du Quidditch anglais. C’est-là que ça a commencé, et finalement, c’est là que je suis née une seconde fois.

Je n’ai pas de mots d’Eluard pour toi cette fois-ci ; peut-être en as-tu d’autres, à me conseiller ? Au lieu de cela, toutefois, je t’envoie mon premier article publié pour Witch Weekly. J’aurais aimé avoir ton avis dessus, à l’époque. Aujourd’hui, j’espère seulement qu’il te fera sourire.

Belle journée, Daphné.

Ta dévouée,

Pandora.

Dans l’enveloppe, elle glisse l’édition de janvier 2000 de Witch Weekly dont elle a corné une page. Un petit article, deux-cent mots, à peine, sur les blue-jeans que s’arrachent les moldus, signé par Pandora P.  

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Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
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Sam 7 Nov - 21:50


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la terre est bleue comme une orange

Il faut les croire sur baiser
Et sur parole et sur regard
Et ne baiser que leurs baisers

@Daphné S. Greengrass & @P. Pandora Parkinson

◊ ◊ ◊



Le jour d’après fut compliqué. Elle avait dormi, tombée d’épuisement, dans le lit d’Astoria, le corps serré contre une de ses robes, comme pour en puiser l’odeur. Elle avait depuis longtemps disparu, toutefois, seules quelques légères traces de son parfum y subsistaient encore, relevées seulement par le nez pointu de l’héritière Greengrass. Même ainsi, entourée autant qu’elle le pouvait d’un semblant de présence de sa jeune soeur, la douleur avait été terrassante. Elle n’arrivait pas à concevoir que c’était cela, sa nouvelle réalité, que le décès d’Astoria était devenue une certitude, que trente longues journées s’étaient chargées d’ancrer dans le vrai. Elle refusait toute entière de l’accepter, pourtant le deuil ne pouvait être inlassablement repoussé. Son corps, bientôt, nouerait amitié avec les vers - elle ne pouvait se perdre trop longtemps à l’imaginer près d’elle. C’était bien plus facile, toutefois, et les calmants qu’elle ingurgitait, plaisirs inavoués retrouvés avec délice, n’aidaient pas à la rendre plus équilibrée. Elle se perdait sans peine dans ses délires, dans son monde où Astoria dansait près d’elle, où Ovide se déliait sous sa langue.

Les seuls moments où, brutalement, Daphné renouait contact avec la réalité étaient lorsque les mots de Pandora venaient se perdre sur son bureau. Elle écrivait bien, elle avait toujours bien écrit : sa calligraphie penchée, lorsqu’elle ne s’attaquait pas à l’Enchanteresse, n’était que des plus douces à lire. Alors, quand elle s’était réveillée, le jour d’après, c’est à elle qu’elle a voulu écrire. Daphné voulait la lire, voulait voir ses mots lui répondre, et panser un tant soi peu le trou béant dans son cœur. Elle avait cru tomber en voyant le mot qui était déjà posé sur son bureau, ces brèves lignes qu’elle n’avait pas vu la veille, Pandora qui l’enjoignait à la rejoindre, à venir se glisser chez elle. Daphné ne put que déglutir, terrifiée à l’idée d’abandonner cette maison, terrifiée que l’odeur de l’extérieur l’empêche à tout jamais de sentir les restes de celle d’Astoria. Non, elle ne voulait pas sortir, elle ne pouvait pas, pas encore. Elle ne pouvait pas non plus perdre cette lueur de lumière qui, soudainement, semblait déterminée à la sortir de son gouffre. La main tendue de Pandora, ces poèmes d’Eluard réfléchit pour elle : tout était bien trop fort pour qu’elle ne s’en détourne. Elle lui écrivit, alors, combien c’était dur, combien c’était gris, qu’elle aimerait pourtant tout voir en bleu, bleu comme les oranges, et qu’il fallait qu’elle reste là, Pandora, qu’elle ouvre sa boîte à secrets, et qu’elle lui raconte tout.

La lettre qui arriva à la suite de son courrier, si rapidement retourné, laissa Daphné le souffle coupé. Il y avait tant de choses qui s’étaient déroulées, tant d’histoires que Pandora avait vécu seule, sans elle, sans elles, même, et cela lui retournait le cœur. Elles s’imaginaient si bien, pourtant, jeunes adolescentes, leurs vies liées à jamais, leurs secrets toujours échangés. Elle découvrait pourtant ici le décès abrupt de son père, ses finances calamiteuses, les raisons derrière ce patronyme utilisé. Pandora. Pansy, Pandora. Saura-t-elle aimer cette Pandora, comme elle avait adoré Pansy ? Elle lisait et relisait déjà ses mots, s’y accrochant comme bouée à la mer, détestant déjà cette Georgia, qui s’associait étrangement, mal lui en prenait, à Drago. Elle détestait qu’elle soit blonde, et que ce soit la seule personne de l’extérieure dont parlait Pandora. Elle détestait cette peine qu’avait vécu son amie, cette honte qui l’avait terrassée, ce besoin de changer son nom, de se cacher. Elle détestait, surtout, de ne pouvoir réagir, comme elle le faisait antan, de vive voix à toutes ces révélations, toutes ces découvertes. Daphné voulait s’extasier devant son métier, elle voulait lire son premier article par dessus son épaule, grimaçant qu’elle n’aimait pas cette formulation, mais adorait cet angle, elle voulait entendre le rire dans la voix de Pandora, quand elle parlait de son amour pour les joueurs de Quidditch. Elle voulait, surtout, la voir, car elle était là, tangible, réelle, et moins douloureuse que le spectre d’Astoria.

Daphné prit la plume, alors, et écrivit d’une traite :

Pandora,

Viens donc, dès que tu seras libre, et je réagirais volontiers à tout ce que tu m’écris. C’est là trop de découvertes, d’un coup, pour que mon courrier soit à la hauteur de mes réactions. Je ne suis des plus douées avec les mots, tu le sais bien, et ma tendresse pour ton parcours ne saura se transmettre aussi bien que ma voix saura le faire.

Viens donc, car je ne peux sortir, encore, alors qu’il me tarde d’en apprendre encore plus sur toi. Je te sais occupée, mille fois plus occupée que je ne le serais jamais, mais peut-être sauras-tu trouver une soirée à me dédier, que tu me montres ce que sont donc ces blue jeans sur lesquels tu écrivais déjà si bien.

Mon adresse n’a pas changé, mais cela, je n’ai pas besoin de te le rappeler.

À très vite, je l’espère,

Daphné.


C’était dangereux, trop dangereux, de se donner déjà trop dans cet échange, dans ces retrouvailles. L’héritière savait combien elle s’abandonnait bien trop facilement à une silhouette apaisante, pour la protéger de ce qui la tirait vers le bas, et s’effrayait déjà de cette amitié faite de dépendance. Elle espérait, toutefois, que Pandora, avec son haut si court et ses cheveux plus courts encore, saurait la maintenir, à présent, dans un juste équilibre.

La réponse de Pandora vint trop rapidement, toutefois, et ses mots la plongèrent dans un tourbillon d'angoisse. Elle l'avait lue trop vite, et n'avait su voir que Pandora ne pouvait plus venir. Les frontières étaient bloquées, le transplanage interdit, et aucune des capacités magiques de Daphné ne pourrait inverser cela. La détresse de Pandora, de ne pouvoir répondre à l'invitation criante de désespoir de Daphné, semblait suinter de chaque fibre de parchemin. C'est peut-être cela qui poussa Daphné à lui répondre, la plume trop tremblante, qu'elle viendrait elle, alors. Elle ne savait pas quand, pas tout de suite, peut-être Dimanche - c'était bien, les Dimanche, c'était calme, non ? Il n'y aurait pas trop de monde, dehors, elle porterait la robe d'Astoria, cela ira.

Elle n'avait pas pu, toutefois, pas encore. Le courrier avait rejoint la chambre de Pandora, aux lueurs matinales, pour lui annoncer cela : je ne peux pas, pas aujourd'hui. M'attendras-tu encore un peu ? Et Pandora avait attendu, lui envoyant des petits mots, ça et là, une courte anecdote, une photo d'Astoria et elles. Elle avait attendu, patiemment, jusqu'à ce qu'enfin, deux longues semaines après cette tentative ratée, Daphné vienne toquer à sa porte, sans avoir prévenu. Peut-être espérait-elle alors que Pandora ne soit pas là, que la porte soit close, qu'elle puisse transplaner à nouveau chez elle, se réfugier dans la chambre de sa soeur, oublier tout à fait qu'elle s'était confrontée au monde : mais Pandora ouvrit.

Alors, quand Pandora et elle se virent enfin, la démarche encore un peu gauche, le souvenir de leurs silhouettes enfantines, adolescentes, des plus à l'aise l'une avec l'autre, semblait peser entre elles plus encore que ces premières retrouvailles, peu après l'enterrement d'Astoria. Ces gamines, bien enfouies, semblaient plus promptes cette fois-ci à les guider davantage. Les premiers gestes étaient maladroits, les premières phrases peut-être guindées, et le service à thé reposé parfois trop brutalement, contre le bois sec de la table ronde. Les phrases suivantes, toutefois, reprirent de leur légèreté, les rires vinrent même secouer les frêles épaules, et les traits fatigués de l'héritière blonde se relevaient, comme ils ne l'avaient plus faits depuis des semaines, en de vrais sourires. La vie semblait alors se réinsuffler, par les souvenirs murmurés, les anecdotes partagées, et les plans d'avenir peu à peu échaffaudés. Daphné la glaciale, peu à peu réchauffée. Pansy, devenue Pandora, serait son Eluard.


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