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J'ai jamais appris à me battre contre des poupées — Djouqed & Rhys
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Rhys M. Price

Rhys M. Price
MEMBRE
hiboux : 316
pictures :
Mer 27 Mai - 21:37

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J'ai jamais appris à me battre contre des poupées
Pour atteindre l'aube, il faut passer par le chemin de la nuit.
- 19.02.2004

Les rideaux sont fermés, la salle est rangée et la pancarte annonce la réouverture pour 18h. Quelle heure est-il ? Tu te retournes sur le canapé de la salle du personnel et essaie de capter un peu de la lumière arrivant de l’étage pour regarder ta montre. 17H45. Soupir de lassitude, non tu ne dormiras pas une petite heure de plus cet après midi, la sieste est terminée. En haut, ça commence déjà à s’affairer, ça prépare la salle, la dégustation pour les passants. Tu te redresses lentement sur le canapé et te masse la nuque – quitte à dormir sur ce canapé aussi régulièrement, il faudrait que tu investisses dans quelque chose de plus confortable. Tu attires à toi ta chemise pliée sur la chaise à côté, et tu remets tes boutons et tes idées en place. Bon. Tu n’as pas quelque chose de prévu, aujourd’hui ? Sans doute qu’un café t’aidera à te remettre les idées en place – oui, fais donc cela. Tu es en train de renfiler ta belle veste de costume couleur fushia (qui fait hurler ton frère et rire tes sœurs à chaque fois que tu la portes), assortie au pantalon, quand tu entends la porte s’ouvrir en haut des escaliers.

- Chef ? Chef, vous êtes réveillé ? Y a quelqu’un qui veut vous voir.

La voix est timide, presque gênée. Cela te fait sourire – elle ne t’a vu qu’en service pour le moment, sérieux et efficace. Elle changera vite d’attitude – mais par contre, il n’était peut être pas nécessaire de faire savoir que tu dormais à la personne qui t’attend. Si jamais on te demande, c’est la dure vie de restaurateur bien sûr qui t’oblige à des horaires compliqués. Incroyable combine, tu te demandes comment autant des tiens n’ont pas la choisir comme façon de garder le secret, si simple, si efficace. Si épuisant, parfois.

- Rwy'n cyrraedd !

Ta voix résonne jusque dans la salle, tu entends les échos. Il faudra faire mieux insonoriser la salle du personnel. Silence d’incompréhension et bruit de porte qui se ferme. Cela t’a échappé, comme si ta pensée, naturellement formulée en gallois, était allée plus vite que tes mots se poser sur ta langue. Tu avais donc bien quelque chose à faire. Quelque chose d’important, pour que tu sortes de ta garde robe cette tenue dont tu n’es pas peu fier. Vague idée d’un rendez-vous. Il te faut un café. Tu reconstitues le masque alors que tu montes les marches, et quand tu ouvres la porte te voilà insouciant et léger, jovial et prêt à endormir le monde de ta trop bonne humeur. Le joyeux cracmol. Un peu de légèreté dans ce monde de brutes. Douce, plaisante ironie.

L’homme se tient au comptoir, et un rapide coup d’œil sur la silhouette tatouée pose sur tes lèvres un sourire joyeux. Oui, tu avais rendez-vous, et maintenant, tu te souviens avec qui et pourquoi. Vague réminiscence d’une nuit de 2000, curieux endroit que l’ambassade dans laquelle tu t’étais rendue, et plus curieux encore les comptes que tu étais venu y récupérer – tu as fait assez de comptabilité avec le restaurant pour avoir levé un sourcil en les consultant avant de les envoyer en Egypte. Et bien il est là, l’égyptien, le commanditaire. Presque quatre années plus tard, il a bien réussi à venir remplacer celui qui le précédait. Regard superficiel. Tu l’imaginais plus petit, tu ne sais pas pourquoi. Ton sourire n’est même pas feint quand tu arrives à sa hauteur.

- Djouqed, c’est bien cela ? Je le prononce bien au moins ? Quel plaisir, enfin ! 

Tu l’embrasses sur les joues sans lui laisser le choix, ce genre d’exubérance marque le personnage – il ne ferait pas bon de t’en séparer sous prétexte que tu n’as pas vraiment besoin de jouer ton rôle avec lui. La serveuse dans un coin est une hermétique tout ce qu’il y a de plus normale, et elle vous regarde avec une certaine curiosité.

- Rhys Price, ravi d’enfin vous rencontrer. Honoré, même, qu’un homme aussi occupé prenne le temps de venir dans mon modeste établissement.

Pas si modeste que cela, le Petit Ogre, avec sa salle moderne et chic, avec sa terrasse intérieure, avec son ticket moyen de 80 mornilles par tête. Des mots, tout cela. Tu te diriges vers le bar pour te faire couler un café long. Tu te retournes rapidement, presque gracieux. Ta place est surtout en cuisine, mais te mouvoir dans ce bar tient pour toi d’une danse dont tu connais les pas par cœur.

- Puis-je vous proposer quelque chose à boire ? Ce qui vous fera plaisir, c’est la maison qui offre.

Café à la main et boisson laissée aux bons soins de la serveuse, tu entraînes le collègue inconnu jusque sur la terrasse. Il fait frais en ce moment, mais on a rallumé les feux magiques servant à réchauffer les clients chanceux y ayant obtenu une place. Le premier service ne commencera pas avant 19h30, cela vous laisse un peu de temps pour profiter des lieux sans être dérangés – tu ne te sens pas vraiment de retourner t’enfermer au sous sol sans être mieux réveillé, un peu d’air sur la tête te fait le plus grand bien. Tu cherches dans tes poches ton tabac et roule une cigarette. Un café, une cigarette, tu seras dans quelques instants parfaitement réveillé, frais comme un gardon.

- Et bien, comment allez-vous ? L’Angleterre est-elle à votre goût ?

Même lui doit sentir ta sinistre ironie quand tu poses la question – il n’est pas besoin de discuter longuement de tes vues politiques pour que ton ressentiment envers la perfide Albion ne soit comprise. C’était bien un choix de ta part de ne pas parler de Grande Bretagne. Mais ce ne sont pas ce genre de considérations dont vous devez parler aujourd’hui. Il arrive au bon moment, le diplomate. Les souvenirs des attentats de septembre sont encore frais dans la mémoire des gens, les votres sont encore étroitement surveillés ou disparaissent… Tu tires sur ta cigarette, songeur. Il est temps de faire quelque chose.

@Djouqed - 1 014 mots
code du titre par rogers
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