Ses petits yeux cherchaient les iris de cet intriguant Charlie. Ses propos étaient farfelus et se butèrent violemment à cette protection mentale afin de préserver le petit coeur fragile de la fillette vers un traumatisme certains. Aller voir ce qu'il se passe ? Alors qu'il y a un mort et un assassin en liberté ?! L'immobilité maintient l'esprit, mais l'idée de se mouvoir pour enquêter fissure le bouclier. Le souffle s'accélère, la cadence du coeur s'emballe. Ça commence à faire mal dans cette petite poitrine. Chut, ça va aller, ce n'est pas vrai. Rien est vrai. Ça s'embrouille dans la tête. Où est le vrai du faux ? Ses yeux cherchaient un secours envers Charlie, ce jeune homme qui semblait si gentil avec qui elle avait serrée timidement la main, tant elle fut surprise qu'un ouragan d'optimisme perturbe ses tristes pensées. Mais aussi envers petit Civet, dont le nom des plus ironique avait réussis à lui arracher un petit sourire. Et puis, c'est mignon les lapins. C'est tout fluffy et ça bouge le nez d'une manière assez rigolote. Peut-être était-ce dû à leurs présences de leurs bonnes énergies qui l'aida à maintenir son calme, à ne pas dérailler dans la panique et la terreur. Ou serait-ce l'autorité du concierge qui gardait son sang froid malgré la situation morbide.
Les fissures tentent de se réparer, l'idée que tout ceci n'est qu'un songe matraque la protection mentale pour la consolider. L'esprit refuse de s'y abandonnait, il cherchait à se satisfaire dans le déni. Pourtant, alors qu''Eirian commençait à se calmer, à reprendre le contrôle de ses nerfs, un événement en particulier détruisit les fondations. Cette pluie. Ce plafond qui agissait comme un véritable ciel orageux, déversant toute la noirceur céleste sur les épaules des étudiants. Alors il eut la panique. On recommença à crier. De peur. D'incompréhension. Pour se faire entendre. Pour échapper à l'averse. Pour maintenir l'ordre. Un brouhaha. Un chaos. Des événements sordide qui se succédaient sans logiques. L'incapacité de savoir si on était réellement à l'abri du danger. Et cette foutue magie d'Hermès aussi tordue que déroutante.
Cette fois, Eirian n'échappa pas à la crise d'angoisse. Elle s'étouffa dans ses propres halètements, les os glacés par la pluie, ses mains tremblantes sur ses tempes. Elle n'arrivait plus à respirer. Elle avait envie de vomir. De partir loin d'ici. De cette foutue école et de cette foutue magie. Elle voulait être protéger. Ce fut un regard rougis par les larmes qui se posèrent sur le sixième année en Serdaigle et ce fut une voix brisée, vibrante de désespoir, qui sortit difficilement de ses lèvres :
— Charlie...
Son âme glissa dans l'origines de sa tradition, sa très chère tradition qui l'a toujours couvert d'amour. Là où il n'y avait ni danger, ni mensonge, pas de meurtre ou d'assassin courant dans les couloirs. Juste les bras fort et chaud de son oncle et la bienveillance de son village natale. Alors, l'essence magique d'Eirian coula vers ses runes, cherchant leurs réconforts et leurs protections comme dans un geste de revendication de ses origines mais aussi dans un geste instinctif de survis.
Algiz, rune de la protection, se gorgea de sa magie et de sa volonté inébranlable d'être protégée de toutes ces attaques nuisibles extérieurs, aussi bien physique que mental.
Réussite critique | L'enfant serre les runes sur sa poitrine, prise de frayeur et de tremblements. L'aura protectrice d'Algiz répond immédiatement à sa supplique. La chaleur douce envahit le corps de la fillette et la rassure. Les runes savent quand aider leurs porteurs. A la surprise générale, les gouttes d'eau semblent désormais éviter le voisinage d'Eirian et de Charlie. Tous deux sont désormais à l'abri du déluge et étonnamment rassérénés.
Je n’ai cessé d’observer les élèves de Poudlard. Tous trépignent, beaucoup son effrayés. Mon œil glisse sur un étrange phénomène : la pluie semble s’écarter spontanément d’une petite pouffsouffle apeurée. Magie efficace, j’apprécie. Il y en a au moins une qui se sert de sa cervelle. Je sors la baguette magique de ma manche et l’agite d’un geste sec vers le ciel. « Finite ! » Rien. Il semblerait que le château soit plus puissant que moi, à moins que ce ne soit la volonté de ceux tirant les ficelles dans l’ombre. Je me rabats sur la deuxième solution. « Protego » à mi-voix. Un parapluie improvisé. La neige, je peux tolérer, les rivières glaciales, les lacs gelés, les averses froides… mais cette putain de pluie en intérieur… Le responsable va m’entendre !
Une Serpentard et une Gryffondor sont allées s’enquérir auprès de leurs professeurs de ce qui pouvait être fait. Je n’ai pas vérifié, mais je suppose que ce doivent être des préfètes ou quelque chose dans ce goût là. Peu importe, du moment que la décision est prise. Je ne pourrais pas garder éternellement les gamins ici, si j’en juge par la hargne du gryffondor devant moi. Il s’est déployé, a pris une allure conquérante et semble prêt à livrer bataille. Ses arguments ? Il faut écouter la voix (et donc se jeter tête baissée dans un éventuel piège) et ne pas rester sous la pluie (ce gus est-il vraiment un sorcier ?). Je lève les yeux au ciel.
« Dix moins de moins pour Gryffondor, monsieur… ? »
Je ne connais pas son nom.
« Vous est-il venu à l’esprit que tout ceci pouvait être un piège retors ? Que vous garder ici malgré cette petite intempérie, était peut-être plus sûr tant que nous ne savons pas si le château est sûr ? »
Je lève un sourcil, le dos raide. « Et bon sang, utilisez votre baguette pour vous protéger de la pluie ! Entre impervius et protego, vous avez le choix, tout de même ! Êtes vous un sorcier oui ou flûte, jeune homme ? »
Décidément, entre Peeves et cette singulière soirée, j’aurais tout vu à Poudlard. Je comprends mieux, désormais, que personne n’ait voulu récupérer le poste à la suite d’Argus Rusard. Il faudra que je songe à lui écrire pour lui demander des conseils sur son office.
L’arc dessiné de ses sourcils suivit le détail sous le viride de la silhouette qui s’était savamment protégée sous le parapluie invoqué du bout de la baguette. Mais la sauvagerie de l’animal n’avait pas appelé à tant de bon sens. Taraudant de ses griffes les pierres de la grande salle où la simple curiosité rugissait en l’âme enflammée alors qu’il fixait sa proie du regard. Il n’en avait que faire de ce que pouvait bien dire l’homme et même roula des yeux quand on le pion appela à des points en moins. Qu’est-ce qu’il s’en moquait ? Ce n’était plus ça qui lui faisait peur. Pas après tant d’année à errer dans le château, sous un règlement dont les infractions à son actif ne se comptaient même plus – pourtant ce n’était pas faute du corps enseignant d’avoir tenté de serrer la visse. Mais on ne pouvait pas tenir la tête forte. Pas après les figures d’autorité qu’il avait connu plus tôt en ces mêmes murs. Véritables tortionnaires au final d’une autre époque, n’ayant fait que de gonfler le gamin d’une irrémédiable irresponsabilité. Il n’avait plus peur. Même avec l’intendant au dos bien droit dont il se faisait bien fi.
Ainsi il se permit d’éviter ouvertement – et outrageusement – de confier son nom. Le rictus dévoilant les crocs du canidé qui laissa sa bravoure de lion l’aveugler. Mais surtout, à demi-savoureux du refus de la tête sévère quant à les laisser sévir en-dehors de couloirs malgré sa preste. Entravant son envie de vérifier de lui-même la mort de ce cher directeur. Il eut un reniflement méprisant. Très bien, on lui refusait encore ce qu’il voulait, il allait voir le foutu concierge…
Et il n’attendit pas plus, même poussé dans son impulsion par la dernière remarque dédaigneuse qui le ramena pendant quelques secondes de faiblesse de son arrogance à l’esprit stupide dont il pouvait se faire. C’est vrai, il n’avait pas pensé à se protéger. Mais surtout, qui s’était attendu à un véritable déluge à l’intérieur même de cette maudite sphère censée être en sécurité ? La blague. Les orbes clairs se firent fentes pour n’hocher finalement qu’une fois de la tête. Le ruissellement des gouttes venant lécher ses traits dans l’instant alors qu’il recula d’un ou deux pas.
« Vous l’aurez voulu, annonça-t-il. »
Haussement d’épaules feint, avant de faire volte-face et de prendre un peu d’élan pour sauter à pieds joints sur le banc et enfin la table – celle choisie bizarrement étant l’unique support de diner répondant à ses couleurs. Allez, autant faire tout pour le tout. Surtout qu’il n’était pas personnage non méconnu des siens, et sut qu’il aurait ainsi plus d’échos. Apparaissant dans le paysage comme figure animée dans les flots où il trouva une certaine prestance finalement. La classe même, pouvait-on dire. L’aspect bestial prenant le dessus, il ouvrit grand les bras avant de s’exclamer d’une voix sûre :
« Ecoutez-moi tout le monde ! »
Mais n’eut directement l’effet escompté, le forçant à imiter son cher intendant pour porter Sonorus à sa gorge. L’inspiration gagnant ses poumons, il pausa le temps d’une secondes pour examiner la fresque sous la pluie battante contre laquelle luttaient quelques parapluies ayant fait surface une fois la surprise dissipée. Mais pour sa part, sa baguette était occupée, il n’allait pas corriger sa faute – qui au final n’en était pas une puisqu’il allait finir dans tous les cas trempé.
« Le corps enseignant refuse de nous faire sortir sous prétexte que dehors est un traquenard. Parce qu’il n’est pas venu à l’idée de ces messieurs que rester ici n’en est pas un, continua-t-il avec ironie porter dans les amygdales, détournant la tête vers le geôlier un instant, avant d’ajouter : Si l’on a reçu ce Patronus, qui ne nous assure pas que ce n’est pas l’assassin qui l’envoie ? Il a conscience que Rogue est mort après tout, et où se trouve son corps. Preuve en est aussi de cette pluie. Quelqu’un sait que nous sommes ici. Quelqu’un a peut-être même accès à la pièce. »
Attiser la paranoïa, la crainte, surélever l’insurrection contre les forces en place, voilà le but évident de ce leader qui n’avait aucune honte à utiliser des moyens peu honnêtes dans son propre but. Serpentard dans certains de ses traits par instant, juste pour satisfaire ce bambin capricieux à qui on refusait sa sucette. Mais pourtant décriant une vérité profonde. Il laissa alors quelques secondes s’effacer, le temps que son annonce s’empreigne dans les têtes de tout un chacun avant de reprendre :
« Alors je vous le demande : quelle protection a-t-on ? Répondre à ce qu’un malade attend de nous ou s’y refuser en sachant qu’il a certainement accès à la pièce ? »
Il glissa alors ses yeux sur ses camarades. L’opposition fourmillante sous ses mots. Il retint comme il put son sourire satisfait. Ca apprendrait à l’autre idiot de venir le contrarier.
« Surtout que ceux ici qui ont mon âge savent de quoi peut être capable un homme qui tue Rogue. Et le corps enseignant ne doit pas y être ignorant aussi n’est-ce pas ? Cette fois-ci dédiant un coup d’œil à ses professeurs, s’attardant en premier lieu sur McGonagall – femme sachant pertinemment le passif de ses plus vieux lions sous les premières années de l’institution Rogue - puis sur Black, les rumeurs parlant d’elles-mêmes sur son histoire où il avait été accoquiné à la Chauve-Souris défunte, alimentant un certain mystère sur sa personne par le fait qu’on ne savait d’où il revenait. Il visait particulièrement ceux qui connaissaient la puissance de l’ex-Maitre des Potions, comme les moins ignorants des élèves ici présents. Voulez-vous vraiment rester ici sagement à attendre qu’on nous cueille comme des abrutis ? Il est de note droit de choisir ce qu’il peut advenir de nous. Ca nous concerne autant qu’eux ! Et à ce que je sache, certains d’entre nous sont majeurs et ont le droit de décider pour eux-mêmes, clôtura-t-il finalement le discours. »
Les derniers échos de ses mots ne prenant pas la peine de s’évanouir dans l’air ou s’engloutir dans les flots pour que l’agitation ne se réveille, et n’en fut que plus grande. Alors, victorieux de son effet, il se permit un air goguenard par-dessus son épaule. Finalisant par un Impervius informulé le laïus même si ses mèches coulaient encore à présent, détrempé de la tête au pied. Il adressa ainsi un dernier regard au gardien de la pièce. Fier et orgueilleux. Le cabot n’avait fait que susciter l’électricité dans l’air, maintenant au félin et à ses collègues de se démerder.
Credits : Gasmask
Défis écriture effectués:
• 45 M (15 + 30) : Écrire un RP de 1000 et 500 mots.
La soudaine ondée à l'intérieur de la Grande Salle, alors que le temps extérieur était magnifique, me conforta dans l'idée que quelqu'un se jouait de nous. De nombreuses questions m'assaillirent et je laissais le concierge s'occuper de gérer les élèves le temps de démêler toute cette histoire. Machinalement, dans le même temps, mes yeux se mirent à chercher le visage familier de chacun de mes enfants. Dans leur quête, je surpris des expressions angoissées, effrayées, certains exultaient à l'idée de s'être enfin débarrassé de Rogue (il m'avait prévenu que sa nomination n'avait pas été bienvenue au regard de certaines... personnes). Et puis, je les vis. Mon ainée avait rejoint son jeune frère dans un élan de protection que je félicitais intérieurement. Mon regard croisa le sien et sans avoir besoin de mots, elle comprit que j'attendais d'elle une entière coopération et que la priorité était de veiller sur son frère.
M'étant assuré que tout allait bien de leur côté, je pus à nouveau focaliser la totalité de mes pensées sur le phénomène en cours. Et fort heureusement, car les choses se compliquèrent quelque peu, sans que toute intervention extérieure supplémentaire ne fut nécessaire.
Les complications prirent forme en la personne d'un Gryffondor, celui-là même dont la seule aura servait tout à l'heure à renvoyer toute personne d'un autre blason que le sien vers ses pénates. Alors que nous avions l'intention de retrouver de l'ordre pour mettre les plus vulnérables à l'abri et nous permettre de prendre des mesures adéquates visant autant à retrouver l'assassin que renforcer la sécurité de nos élèves, ce jeune imbécile (il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier ce garçon à ce moment précis) jouait les meneurs de foule et exhortait à la rébellion. La chose la plus stupide à faire dans pareil cas. Jouer sur la panique, attiser les haines, mettre le doute... le meilleur moyen de permettre au coupable de faire davantage de dégâts tout en s'assurant de pouvoir filer en douce.
Faisant fi de la pluie (un peu d'eau n'a jamais fait de mal à personne), je me permis d'intervenir à mon tour une fois que le joli discours de ce monsieur fut terminé. Et le jeune sot avait l'air si fier de lui qu'il ne remarqua pas à quel point sa vanité déformait ses traits habituellement charmants.
Dans le profond silence qui suivit la fin de sa performance, alors que tous se regardaient pour savoir si oui ou non leur camarade avait raison, un applaudissement cinglant retentit dans toute la Grande Salle figée. Je n'ai pas pû m'en empêcher. Tant de bêtises en moins de cinq minutes, il fallait bien que je marque le coup.
- Bravo mon garçon, je ne doute pas qu'un jour tu feras un bon politicien, dis-je avec un calme glacial. Véhémence, passion, exploitation remarquable de la peur des autres, de leur haine aussi. Il ne te manque qu'un soupçon d'intelligence et tu seras bientôt aussi doué que le plus fin renard des politiciens du Ministère de la magie.
Je m'approchais de lui, désireux de me le détailler, quoiqu'agacé par cette perte de temps futile. Celui qui se jouait de nous à l'extérieur de ces murs devait bien s'amuser. Le garçon bouillonnait d'impatience, d'extase même, une certaine sauvagerie déformait même ses traits habituellement plaisants.
- C'est grisant d'être au centre de l'attention, de voir tant de regards porter leur attention sur soi. A qui ai-je donc l'honneur ? A un professeur ? Un Auror du Ministère de la magie ? A Harry Potter en personne peut être ?
Je ne pus m'empêcher d'esquisser un bref sourire ironique. Ce garçon n'était rien de tout cela et sa bravade n'était rien d'autre que ce qu'elle paraissait être au final : le caprice d'un enfant gâté.
- Tu as des siècles de retard mon garçon. Le Seigneur des Ténèbres n'est plus, la guerre est finie, l'armée de ses Partisans a été dissolue et aux dernières nouvelles, Poudlard n'est plus sous la domination directe des Mangemorts. Nous parlons ici d'un meurtre perpétré au sein de l'école, par une ou plusieurs personnes inconnues.
Levant la tête vers le plafond magique d'où continuait de tomber une averse que même la magie des autres professeurs ne semblait parvenir à enrayer, je continuais :
- Qu'est-ce qui te fais peur ? Cette petite pluie ridicule ? Évidemment qu'elle est issue d'une main extérieure. Nous as-tu donc prit pour des niais ? Quelqu'un se joue de nous et tu es en train de lui donner satisfaction.
Je me tournais vers les autres élèves, avec une sérénité sincère.
- Je n'irais pas prétendre qu'il existe un endroit dans cette école où vous serez en sécurité, mes chers enfants, car celui qui tire toutes les ficelles de cette mascarade est certainement encore dans l'école. Que ce soit ici ou ailleurs, rien ne nous garanti que nous ne tomberons pas dans un piège. Cependant, sortir en masse tel un troupeau de mouton sans même que le personnel de Poudlard n'ai vérifié que la voie est sûre pour vous, est-ce une bonne idée ? Penser, comme le fait ce jeune homme, que vos professeurs sont des gens incapables, n'est-ce pas dangereux également ? Je plains le professeur McGonagall d'avoir au sein de sa maison un élève qui a si peu confiance en elle, alors qu'elle a déjà fait face à des situations bien pires et a toujours veillé au bien-être et à la sûreté de ses élèves.
J'attrapais le fauteur de trouble par la manche et le forçait à descendre de son piédestal improvisé. Son petit jeu avait été amusant cinq secondes, mais c'était le seul à avoir envie de s'amuser à mettre le bazar.
- Vous voyez les visages autour de vous ? Tous n'ont pas votre âge, votre détermination, ni votre "grande" expérience de la magie. Les première année ne savent même pas ce qu'est un patronus. Pensez-vous qu'ils soient capable de se défendre d'une personne qui n'hésitera pas à les tuer ? Comme vous avez si brillamment fait remarquer, pour avoir été capable de terrasser Severus Rogue, il faut avoir un certain talent. Pensez-vous réellement que tous ces élèves ici présents soient capables de tenir tête à pareil personnage ? En supposant, bien entendu qu'il soit seul. Et là encore, nous ne sommes même pas certains qu'il agit seul. A moins, mon jeune monsieur, que vous soyez plus qualifié que vos professeurs pour parvenir, à vous seul, à protéger l'ensemble de vos camarades ? Votre sécurité n'est pas un jeu pour nous. Vos parents vous ont confié à nous, ce n'est pas pour vous laisser en pâture face à une menace.
Je plongeais mes yeux profondément dans les siens. Je n'étais pas légilimens, mais je n'avais pas besoin d'un tel talent pour deviner ce qui animait les intentions de ce garçon. Il les avait clairement affiché tout au long de la soirée.
- Soyez honnêtes envers vos camarades : votre esclandre, c'était bien plus pour satisfaire votre envie macabre de jouer les Aurors, de démontrer que vous êtes plus intéressant que n'importe qui, convaincre, qui sait, tout le monde de votre "évidente" supériorité, plutôt que pour essayer de protéger vos condisciples. Sauf que nous ne sommes pas sur un terrain de Quidditch sur lequel il faut briller et la mort n'est pas un jeu. De la part de cette génération d'élèves qui a vécu la bataille de Poudlard, j'espérais un peu plus de maturité.
J'eus un petit rire sarcastique. Les têtes autour de nous trahissaient le doute. Qui croire ? Après tout, le Gryffondor n'était pas un professeur, juste un élève. Pas même un préfet. Certains connaissaient l'élève pour être le Capitaine de l'équipe de Gryffondor, un garçon vaillant mais bien trop tête brûlée et téméraire. Et puis... le noms de ceux tombés durant la bataille de Poudlard résonnaient encore dans toutes les têtes.
Je me tournais en direction de tous, bien décidé, puisque ce jeune homme ne laissait guère le choix que de nous bousculer tous, à prendre les décisions radicales qui s'imposaient. Je ne pouvais laisser Vasiliev seul face à ce troupeau d'enfants qui ne savaient plus où donner la tête et dont la détresse les rendait vulnérables à la sottise de certains condisciples.
- Mr Vasiliev, pouvez-vous faire en sorte que les plus jeunes élèves, ainsi que tous ceux qui n'ont pas envie de suivre les délires grandioses de notre jeune ami ici présent, puissent regagner la sécurité et le... (mon regard porta à nouveau sur le plafond dégoulinant d'eau) confort tiède et sec de leur salle commune. Faites-vous aider des préfets.
Me tournant vers le Gryffondor impétueux, je le détaillais à nouveau de la tête aux pieds, puis annonçais d'une voix forte :
- Bien, à nous, mon garçon. Votre exploit vocable était certes remarquable, mais j'ose croire que vous n'étiez pas assez bête pour réclamer de l'ensemble de vos camarades d'aller s'amasser en foule sur les lieux du crime ? Quel meilleur moyen de détruire des preuves que de laisser des centaines d'élèves piétiner l'endroit, casser des choses et souiller d'éventuelles preuves ?
Je le toisais du regard, lui soulignant à quel point ses propos de tantôt étaient dépourvus de toute intelligence et de logique.
- Je vais vous donner raison sur un point : Vous êtes majeur, et puisque vous tenez tellement à être considéré comme un adulte, je vais le faire. Toute personne volontaire sera également bienvenue. Mais je vous préviens mon grand, les règles seront les suivantes : Puisque vous pensez être si bon et que vous vous sentez l'âme d'un enquêteur, je vous laisse mener votre petit groupe de volontaires. Sous la surveillance des professeurs, il va de soi. Mais vous êtes désormais responsable de tout ce qui peut arriver à présent aux personnes présentes dans l'école. S'il arrive quoique ce soit, de bon ou de mauvais, c'est de VOTRE responsabilité. Si pour vous c'est un jeu, pour nous, personnel de l'école, c'est notre travail au quotidien. Un travail que NOUS prenons très au sérieux. Si vous réussissez, je demanderai personnellement que vous obteniez une récompense. Si jamais il devait arriver quelque chose de fâcheux à quelqu'un, c'est votre renvoie que j'exigerai. Parce que vous aurez incité vos camarades à la révolte -ce qui n'était pas justifié-, parce que vous avez tenté d'instaurer un mouvement de panique -chose absolument dangereuse dans un climat déjà suffisamment tendu-, parce que vous aurez outrepassé tous vos droits -vous n'êtes qu'un élève, vous ne possédez aucune habilitation qui justifie pleinement votre intervention- et enfin parce que votre inconscience manifeste aura provoqué un drame -la bravoure est louable en soi, mais foncer tête baissée sans songer aux conséquences, c'est aussi criminel qu'un meurtre de sang froid-.
Je lui pris le col de son vêtement et le tirait vers moi, afin que nul que lui ne puisse entendre la suite. Murmurant d'un ton glacial la fin de ma réplique :
- Mes enfants font partis de ces élèves. Comment avez-vous osé suggérer à tous ici que ne serait-ce que moi, je prenais la situation à la légère ? Je vous laisse agir à votre guise, mais s'il leur arrivait quoique ce soit à cause de votre comportement idiot, le prochain cadavre sera le vôtre, et il n'y aura pas à courir bien loin pour trouver votre meurtrier. Vous êtes encore loin d'être un bon meneur. Vous agissez encore comme un enfant qui voudrait tout, tout de suite. Moi aussi j'ai eu votre âge, et moi aussi j'ai pris des décisions que je croyais bonnes sur un coup de tête, mais depuis, j'ai également appris que ces mêmes décisions n'étaient jamais sans conséquences. Qu'espériez-vous de vos petits camarades ? Qu'ils se mettent en danger pour vos beaux yeux ? Prouver que votre seul charisme suffit à régler une situation qui ne devrait jamais avoir cours au sein d'une école respectable ? A moins que vous n'ayez des griefs personnels -qui me sont encore inconnus- envers le corps enseignant et que vous avez trouvé là un moyen de vous venger en prenant un malin plaisir à manipuler vos condisciples ?
Je le relâchais enfin, dégouté par ce garçon. J'étais comme lui autrefois : prometteur, mais animé d'un sentiment déshonorable, égoïste, qui m'avait amené à ma perte. Boris, Milena... je leur devais ma rédemption. Mais qui sauverait ce garçon là de sa propre folie furieuse ?
- Bien, que tous ceux qui penses comme notre bon ami ici présent -à savoir qu'il faille aller se repaître de cette "délicieuse" situation où nous avons un cadavre sur les bras, où nous sommes prisonniers des lubies d'un potentiel déséquilibré mental et s'en réjouir- se joignent à lui. Puisque nous ne pouvons pas nous rendre à d'autres endroits que ceux indiqués par notre mystérieux "maître du jeu", il ne nous est pas permis d'envoyer de message au Ministère de la magie pour prévenir les Aurors de notre situation. Nous n'avons visiblement pas d'autre choix que d'obtempérer avec les premières exigences de notre inconnu.
Me rappelant que la pluie tombait encore drue sur nous tous, j'ajoutais, las :
- De toute manière, cette averse a pour seul but de nous faire sortir de cette salle et nous inciter à agir. Puisque notre Gryffondor d'élite a décidé de jouer son jeu, je le laisse maître à bord. A moins que mes estimables collègues n'ai quelque chose à y redire ?
Mon regard se tourna vers le professeur McGonagall. Elle était la directrice des Gryffondors, et la co-directrice de l'école. Si quelqu'un devait avoir le dernier mot sur la scène qui venait de se jouer ici, c'était elle qui en avait la légitimité absolue.
De toute manière, nos choix étaient limités. En ne nous permettant l'accès qu'à un nombre de pièces limités, l'instigateur de ce petit jeu nous tenait au piège. Seules ses motivations, en sus de son identité, restaient un mystère. Car il s'agissait d'un jeu, bien tordu comme il faut, et notre inconnu officiait comme maître du jeu. En suivant les directives à la lettre, nous faisions son jeu. Notre impétueux Gryffondor avait-il conscience de cela ? Avait-il la bonne intelligence de comprendre que nous étions tous manipulés, lui y compris ? Je dirais même surtout lui. Depuis quand les élèves pouvaient s'arroger en toute impunité les décisions cruciales dans cette école ? Être majeur ne signifiait pas que l'on pouvait à présent posséder tous les droits. Certaines leçons devaient être apprises à la dure. Puisqu'il réclamait ses droits, il fallait également lui rappeler qu'il avait aussi des devoirs. Le premier, c'était que lorsqu'on mettait les autres en danger, on en était responsable.
Je me suis demandé alors si...
Peut être...
Dans ce cas, il était encore plus tordu que je ne l'imaginais.
Si j'avais raison, alors je connaissais quelqu'un qui allait souffrir, et il ne le savait pas encore.
- Bien, que devons-nous faire, Monsieur-je-suis-le-plus-compétent-sorcier-de-cette-école ? Nous écoutons vos brillantes idées.
Tu observes, protégée de la pluie par un enchantement lancé avec flegme, les quelques escarmouches qui ne manquent de survenir. Un Gryffondor que tu ne connais que de loin pour être dans l’équipe de Quidditch de sa maison se dresse soudainement sur une table, galvanise les foules pour en appeler à l’insurrection avant d’être vertement rabroué par le professeur Black. Tu ne sais pas que penser de cette incartade. Une partie de toi aurait voulu se noyer dans la violence de l’affrontement, une autre s’accorde aux mesures de prudences édictées par l’enseignant. En l’absence d’avis contraire à la table des professeurs, tu opines et cours d’une table à l’autre en demandant aux préfets de rassembler les plus jeunes élèves de leur maison.
Tu t’accordes avec ton homologue masculin : lui veillera à ce que tout se passe bien pour les maisons logées dans les étages, Gryffondor et Serdaigle, toi, tu t’occuperas de celles enfermées dans les cachots, Pouffsouffle et Serpentard. Le petit tour de force d’une pouffsouffle a retenu ton attention. Tu ne l’as pas vue lancer de sort, mais il semblerait que la pluie évite sciemment le périmètre dans lequel elle se trouve. Tu l’abordes alors qu’elle est aux côtés d’un jeune garçon de Serdaigle que tu as déjà croisé au club d’échecs. La fillette semble paniquée. Réflexe de grande sœur, tu ne peux t’empêcher de poser la main sur son épaule avec un grand sourire rassurant.
« Allez, viens, je vais te ramener à ta salle commune où tu seras en sécurité et tu me raconteras comment tu as fait pour dissiper la pluie au dessus de toi, d’accord ? Je ne laisserai rien t’arriver. Davidson, tu fais ce que tu veux, tu peux rentrer dans ta salle commune ou aller jouer les détectives. »
Main toujours sur l’épaule de la petite, tu lances à la cantonade :
« Les élèves mineurs de Pouffsouffle et Serpentard, venez ici. Vos préfets et moi-même allons vous escorter jusqu’à vos salles communes et veiller à votre sécurité. Que les aînés protègent les plus jeunes. Les septième, sixièmes et cinquièmes années, je compte sur vous pour rester avec les plus jeunes ! Les Serdaigle et Gryffondor, vous allez avec mon collègue et avec les préfets de votre maison ! »
La frayeur et l’excitation se disputent l’empire sur mon esprit. Je ne sais où donner de la tête et observe la mise en place d’un théâtre qui me dépasse. L’eau ruisselle sur mes joues tandis que je demeure interdite. Veredis s’agite partout, va de gauche à droite, de droite à gauche. Elle rassemble les élèves, faisant office de leader née. Je lui ai toujours envié cette exubérance à l’efficacité flagrante. Mais je ne suis pas elle, et elle n’est pas moi. J’observe son agitation. Je sais qu’elle reste volontairement en retrait du danger et du corps. Ses pulsions… ses pulsions l’appellent sans doute vers le cadavre, et peut-être est-ce pour cela qu’elle se refuse à jouer les enquêtrices. Je songe. Elle dépasse ses envies et se contrôle. Je dois faire de même.
Mon premier réflexe est la fuite. Le masque s’est fendillé, rejaillissent les traumatismes de guerre dans mon âme. Mauvaises habitudes. Terreur absolue de souffrir. J’ai peur d’être confrontée à nouveau à la douleur et à la mort. Cette frayeur me paralyse. Je dois dépasser cette inaction. Prendre sur moi comme Veredis le fait. J’exhale un soupir léger et m’avance d’un pas décidé. La baguette s’agite pour me protéger. Deuxième geste pour faire sécher mes vêtements. J’ai toujours été douée en enchantements et mes années à Beauxbâtons m’ont appris le prix d’une apparence irréprochable.
Je fais une halte à la table des Pouffsouffles d’où Veredis dispense ses dernières recommandations tout en rassurant une fillette dont les yeux sont emplis de larmes. L’estomac serré, je me revois dans le désarroi de la petite. Je glisse une main dans le dos de Veredis et lâche avec une voix posée que dément le roulement de mes yeux :
« Je vais aller voir ce qu’il se passe, peut-être pourrai-je les aider. Bon courage, ma belle. »
Oeillade vers la petite, je m’accroupis pour être à son niveau. Je lui adresse un clin d’oeil et un sourire doux en lui tendant un mouchoir soigneusement plié sorti de ma manche. L’odeur subtile de lavande s’en échappe.
« Tu ne crains rien, ne t’en fais pas, Veredis est très forte et très gentille, même si elle est à Serpentard. Elle va bien te protéger et botter les fesses des méchants s’il y en a, alors sèche tes larmes, d’accord ? »
J’attends qu’elle prenne le mouchoir et file en adressant un petit geste de la main au groupe. Si je suis parvenue à reconstituer un masque maîtrisé, la terreur me cisaille l’estomac à chaque pas. Je cours au devant du danger. De la guerre. Des ténèbres. Je ne peux décemment demeurer totalement calme. Mon assurance n’est que façade. Si je mens avec suffisamment de conviction, peut-être parviendrai-je à retrouver un peu de contenance et de sérénité ? La douleur fantôme des doloris reçus me vrille le système nerveux. Crainte de souffrir à nouveau est plus grande que crainte de mourir. On ne ressent rien lorsque vient le trépas.
J’arrive à hauteur du petit groupe, reconnais Connor – qui d’autre pour faire une esclandre sinon le tempétueux capitaine ? Un jour, son goût de l’aventure finira vraiment par lui causer des ennuis. Sourire neutre à son attention. Je me tourne vers le professeur Black. Je n’ai suivi, pour le moment, qu’un seul cours de Potions. J’ignore s’il se souvient de moi. Politesse oblige, je me présente d’une voix posée et assurée.
« Hilde Ollivander, septième année de Gryffondor. Je viens aider si cela est possible. La préfète en cheffe, Veredis Beurk, a organisé le rapatriement des élèves avec les préfets sous supervision d’une partie des enseignants. Ils vont faire deux groupes, l’un vers les salles communes dans les cachots, l’autre vers les salles communes des tours, en cas de danger. Ces dernières étant plus éloignées de la Grande Salle, la plupart des professeurs accompagneront les Serdaigles et Gryffondor. »
L’imprudence pouvait mener à beaucoup de chemins, mais dans le cas de Connor, appuyé d’un ressentiment puissant, ou même encore d’une simple volonté d’obtenir ce qu’il désirait, l’enfant d’Irlande finissait par emprunter des sentiers tortueux et obscurs. Envenimé à en perdre toute faculté de recul – cette dernière étant de base peu développée dans la tête brune -, sa noblesse d’esprit s’attacha aux ronces des bas-côtés pour en griffer toute raison. Ne laissant dans ce randonneur honoraire qu’un profond égoïsme auquel il répondait en l’instant même. Ignorant tout bonnement toute la complexité de l’impact provoqué sur cette foule qui grouillait à ses pieds – autant pour l’anxiété chez les plus jeunes, comme l’agitation des plus impétueux, à son image. Juste ivre mais aussi avide d’obtenir ce qu’il désirait. Le viride brossant simplement les deux grandes portes de bois qui les retenait – à son impression – en prisonniers forcés. Le Patronus leur avait donné droit à sortir, bon sang ! Comme si l’entité de filaments argentés était devenue avec évidence divinité pour le fougueux esprit, lui offrant son âge en carte d’accès au château.
Son impatience au bout de quelques secondes fut trahit par son pied qui tapota entre les divers couverts et plats désormais détrempés, poussés et même renversés dans la pagaille précédente – au nom du plus grand déshonneur des pauvres elfes de maison blottis dans les foyers de la cuisine qui s’étaient donnés tant de mal. Le carnage pourtant n’attira pas l’intérêt de l’imbécile, insignifiant face à l’emprise malveillante de la flamme noire dans sa poitrine. Cette dernière crépitant au nom de l’expectative stupide que le personnel cède. Qu’on relâche le lion. Il visualisait par avance chaque couloir, tous les virages ou encore le moindre raccourci dans lequel il aurait à se faufiler pour arriver au plus tôt à sa délivrance : l’infirmerie. La rédemption de Rogue ne pouvant à ses yeux se trouver que sur son lit de mort. Le grand homme n’avait rien de respectable. L’éclair assombrissant la malachite de l’iris à cette pensée. Vulgaire souris se trouvant un recoin dans chaque mur pour subsister sans vraiment de parole, ni de camp. Il avait été un maitre des échecs, par son appartenance à chaque bord pour au final s’apparenter sur celui du vainqueur acclamé. Sans foi ni loi. Joueur de deux tableaux en somme, plutôt qu’agent double. Il n’avait aucune fierté à en tirer. Enfin, qui était le brun pour se permettre de juger en cette heure ?
Pourtant aveugle sur ce dernier point et sa propre rosserie, enivré de se savoir au milieu de ses comparses. Le même gout qui lui tordait les tripes sur le terrain, ou même dans les airs. Se donner en spectacle, s’approprier les regards de tous… De tous, justement. Dont son enseignant de potions qui réagit un peu trop vite. Ses orbes s’en plissèrent quand il entendit tout d’abord son applaudissement. Silence éventré par une ironie incivilisée avant que l’homme ne serpente jusqu’à lui. Siffloteur de mots déplaisants qui n’arrachèrent que froissements de nez sur gueule d’ange. Il venait bien de l’insulter d’imbécile le revenant là ? Ok, encore un casse-couilles… Par chance, le lion n’avait encore eu l’honneur de croiser au détour de son option de potions le professeur en question, ayant fui le premier cours suite à une petite altercation avec une certaine blonde que l’homme rien qu’en sa présence lui rappela. L’exaspération n’en fut que plus vive.
Sa vue se brouilla alors de rouge quand l’homme continua sur sa lancée. Les pupilles acérées sur le fameux rebelle des rangs de l’ancien Mage Noir. Pour le sot, il n’était juste qu’un maudit serpent qui avait cherché à prendre la fuite. Surement trop jeune et sans couilles pour assumer ses propres actes. Son nom en rime avec la cuillère en or fourrée dans sa bouche depuis qu’il était né. S’il savait réellement.Puis encore une fois : qui était-il pour juger ? Pourtant la déplaisance même allant jusqu’à imaginer ce couard présumé par ses soins fuir, pour se cacher au fin fond de la Laponie ou Merlin ne savait où, mais là où personne n’irait le retrouver. Surement finalement trop insignifiant pour que le Seigneur des Ténèbres n’apporte aucun intérêt à sa lâcheté ou encore juste à sa trahison. Sinon il aurait été mort, ce qui n’était pas le cas de toute évidence. Dommage…
La rêverie traversa les traits de l’angelot qu’encore une fois le Sang Pur apostropha sans lui laisser le temps d’en placer une. Et d’une certaine façon, c’était peut-être pour le meilleur des mondes puisqu’il se garda encore d’éviter de divulguer son nom. Comme avec l’autre pion quelques minutes plus tôt. Stupide réaction en somme, puisqu’il les rencontrerait assurément au cours de l’année. Mais en soit, il n’était pas du genre à se soucier des conséquences ni du lendemain. Vivre au jour le jour. Un petit Carpe Diem qu’il appliquait à peu près dans tout – sauf pour le Quidditch. Science sportive à prendre bien trop au sérieux à son gout pour se comporter avec comme un zouave dans cet unique cas.
Il écouta chaque phrase que l’homme dicta. Haussant un sourcil perplexe comme pour le remettre en questions – bien qu’au fond ce n’était qu’une façade contrecarrant tout embarras possible qu’on le reprenne de cette manière, devant tout le monde. Se montrer détaché, je-m’en-foutiste. Ne pas lui donner de l’intérêt. Ordre de son égo un peu trop gonflé en cette heure – ou plutôt son état quotidien. Pourtant il ne retint pas l’outrecuidance dont il était pourvu, grognant simplement, encore sous son parapluie invoqué du bout de la baguette, tout en balançant sa tête en arrière. Soufflé d’agacement. Encore prise d’insolence qu’il suivit d’un lourd soupir – prenant garde qu’il ne se retire de sa gorge bien assez fort pour qu’on le perçoive.
« Si Rogue est réellement mort, vous savez comme moi que c’est pas le premier pèquenaud qui l’a fait. Ca crève pas aussi facilement, déclara-t-il en remontant la tête avec fatuité, déshumanisation qu’il transvasa de son cœur à sa voix ; et dont il n’eut aucune honte.Tout comme ça, là - il pointa le ciel – c’est que quelqu’un en ce moment même à accès au plafond pour le viser. Ce n’est pas à activation à distance, hein. Nous garder ici c’est foutre des pigeons dans un four. »
Mais ses mots n’eurent pas d’impact, l’homme sachant mieux que lui comment se garder de laisser torrents et averses le perturber – physiquement comme mentalement visiblement. Loin de l’orageux celte dont il réussit une nouvelle fois à fermer la bouche. Le contrarier encore une fois par la justesse de son lyrisme, tout du moins jusqu’au point où il fit référence à McGonagall. Les lèvres se drapèrent de condescendance, alors que la clarté du prasin n’énonça que des éclairs. Posé à l’arrière du crâne du Serpent. Les flashs de certaines tortures réapparaissant sur le fond de l’œil.
« Vous n’en savez rien, gronda-t-il ; tout aspect joueur ayant pu disparaitre de son visage, indicateurs à ses proches qu’un sérieux inhabituel avait envahi les lieux. »
Pour une fois, il ne fut guidé par aucune autolâtrie injustifiée. A vrai dire, il savait que ses reproches n’avaient pas d’honneur mais l’enfant blessé portait encore ses lourdes valises. Des fantômes dont il échappait mais qui avait marqués trop fort et trop tôt un tout jeune adolescent pour qu’il les ignore malgré le respect qu’il ressentait en temps normal pour l’ex-Auror. Affublant l’Ecossaise de cette honte qu’elle n’ait pu les protéger, au même titre que d’autres professeurs qui avaient depuis rangés leurs affaires pour s’évader de ces murs. Et ce bien qu’il n’ignorait pas que la femme devait exprimer tous les regrets du monde. Beaucoup de ses petits, mais aussi ceux d’autres bannières, avaient enduré des sévices qu’aucun sorcier n’aurait dû un jour rencontrer.
Par ailleurs dans les faits, elle avait au fond procéder de la même manière que ce dont quoi on excusait Rogue dorénavant : tolérer pour le plus grand bien de tous les élèves. Tolérer de voir ces gosses revenir, l’âme brisée d’avoir été les cobayes gratuits de fêlés. Tolérer que le lendemain de ces épreuves, en cours de métamorphose elle continue de dicter son cours, alors que bleus, et pansements jonchaient la peau fine de cette jeune génération, non sans évoquer la liste d’absents présents encore à l’infirmerie. Et même si le jeune O’Nialláin appréciait cette femme, reconnaissant à la fois son courage lors de la bataille qui avait été brillant allié, ainsi son implication dans l’école après, il ne pouvait supporter l’impuissance avant la grandeur. Cette même incapacité d’agir qui l’avait mené à être marqué, lui.
Il était rare de voir ce chien montrer de vrais crocs. Signe d’un point sensible atteint, parant son cou de la lourde de chaine de victime. Même si le déménagement, l’année à Ilvermorny, ou encore le temps s’était écoulé, il faisait partie - et ce pour toujours - de cette insouciance qu’on avait brisée précocement, au simple nom de la stupidité de tortionnaires. Certes, il n’évoquait jamais à voix haute le sujet. Même avec ses frères de son âge, certains ayant été là, le jour où il n’avait pu se relever. D’autres ayant enduré pire par la suite sous ses yeux. Mais la règle du silence avait en quelque sorte lié leurs mâchoires à tous. Dans un contrat tacite où pourtant l’ombre guettait continuellement la cime de leurs têtes. Et il sut à l’instant même, qu’au même titre que sa propre entité, certains de ses collègues levèrent la tête. Chaque pupille convergeant de la même manière que ses propres orbes sur le Serpentard. Un grognement silencieux commun. Eux avaient compris.
C’était d’ailleurs surement pour ce passé – et son caractère de petit Prince qui avait tout eu en un claquement de doigt – qu’il avait voulu en cet instant rayonner sous la pluie battante. De la même façon qu’il avait au cours de sa scolarité eut le besoin de s’entourer de soleil à son image. S’échapper de ces ténèbres pour ne plus les laisser noircir son cœur. Oublier - ou plutôt les rendre oubliables. Mais peut être qu’un parti allait s’évader avec la mort d’un des vieux piliers de leurs tortures. Mais il fut tiré sans y prêter attention hors de sa scène contre son gré – manquant de glisser dans la descente sur le bois de la table - par toujours le même politicien qu’il jugea d’un regard sévère. Dégageant sa manche une fois au sol avec force en faisant fi de toute raison que son aîné tentait d’invoquer en lui. Trop tard, on l’avait braqué. Ressentiment féroce qu'il attacha à la figure du Black sans ciller dans leur duel de regards. L’eau n’avait pas coulé sous les ponts.
De même qu’il garda son audace pour assumer les propos qu’avança avec finesse son enseignant. A vrai dire, il n’en avait profondément aucune honte : la mort de Rogue était une chose fabuleuse à ses yeux. L’usurpateur avait été détrôné, invoquant un jeu. L’appel d’un défi ne tiraillant ni crainte ni peine chez lui, ni même questionnement sur son enthousiasme morbide. Il estimait être dans son juste droit. Tout comme il était persuadé d’une certaine immunité imbécile. Raison pour laquelle il siffla simplement sous le rire ironique de son professeur :
« Si la personne vient de tuer Rogue, c’est pour moi quelqu’un de censé. Il le méritait, la rancœur en velours sur la langue claquant dans sa bouche. Puis en quoi rester ici nous protège plus vu qu’il y a accès justement ! Il sait qu’on est là. C’est justement poireauter ici qui est stupide, même s’ils nous attendent dehors. »
Convaincu en certaine partie de son argumentation qui venait réjouir ses véritables intentions. De même qu’il ne s’avéra pas timide de sa vilenie, ni ses propres idées sur l’ex-Cheveux Gras qui le rendait nauséeux à se tenir là, brave, sur l’estrade. Le gros poulet au-dessus de l’épaule. Que des traitres, ces deux-là. Il se souvient même avoir critiqué l’animal, scandant qu’il devrait le faire rôtir et demander à ses camarades – féminines notamment, dans le plus grand machisme dont il était constitué – de se charger de la popote. Bien entendu, blague se soldant par des esclandres, sous les rires finement composés de la joie de ses amis, et la sienne bien entendu. Moqueurs, à moitié tous croyant à ces dires dont ils ne se lassaient nullement des réactions si savoureuses récoltées. Les nanas c’était si facile à mettre en rogne. Non sans oublier les rages d’une petite tête bouclée à ses côtés qui l’avait défendu, des éclairs dans les yeux, d’essayer de faire le moindre mal à un animal de la sorte. Menaçante avec un sérieux qui n’avait fait que pétiller son camarade de frivolités. La voute prasine de ses propres iris confrontant la véritable tempête de smalt. Avant de devoir se replier sur l’autre bout du canapé quand elle l’asséna à nouveau de coups de poings quand il avait annoncé :
« Tant pis. Tu vas louper la meilleure bouffe du siècle. »
Il ne fallait pas toucher aux animaux fantastiques. Il le savait. Mais s’en amusait toujours autant.
Et sortit de ce doux souvenir face à son enseignant, spectateur momentané de la prise de décision dont Black fit part au maudit chat non loin. Au départ gonflant ses joues comme un enfant barbé de la situation avant que ne s’illuminent chacun de ses traits quand l’homme annonça l’évacuation des élèves. Récupérant en quelques mots toute son attention la plus poussée. Ha ! Ça devenait enfin intéressant ! A croire qu’il finissait encore par avoir ce qu’il voulait. Ayant assez de légèreté dans le cœur sous cette nouvelle qu’il ne nota pas la pique de son enseignant. L’excitation prenant le dessus où les fourmillements remontèrent lentement le long de ses jambes. Il eut d’ailleurs beaucoup de mal à ne pas sourire, bien que devant être trahi par un petit rictus suffisant qui échappa à sa vigilance. On venait de lui attribuer une victoire, d’une certaine manière ; et il s’en délectait. Déjà prévoyant sa fuite des rangs pour aller s’enfuir dans le Château.
Cette joie l’empêchant même de se renfrogner quand le Maitre des Potions revint à lui. Et cette fois-ci, il osa un embrassement de ses pupilles sur le plafond soupirant comme dans l’évidence :
« A ce que je sache, la biquette, se trompa-t-il dans le peu d’intérêt qu’il avait apporté à l’image plus qu’à la mélodie qu’elle avait délivrée, elle n’a demandé que les majeurs. »
Ses yeux trahissant clairement « Je ne suis pas con à ce point » - bien qu’il était le seul à en être convaincu. Mais surtout au fond bien trop exalté par le nouveau jeu qu’on offrait à sa portée pour se montrer partageur – ce qu’il n’était pas de base. Car quand il était question de compétition, il ne fallait pas sous-estimer la hargne du bonhomme qui avait déjà à vrai dire calculé diverses possibilités pour évacuer toute concurrence. Maléfices d’entraves – un peu bête si le danger rôdait dans les couloirs, mais comme il le disait : ce n’était pas son problème -, Accio sur son balai une fois dans les couloirs, ainsi que quelques Collaporta ou bien encore un petit Bombarda sur les murs pour boucher le chemin ; tout dans la finesse. Cette dernière éventualité lui arracha même un ravissement railleur. Comme découvrant encore en creusant un peu cette récréation de nouveaux moyens pour pimenter l’expérience. Dont il ne mesura encore une fois aucunement des conséquences.
Mais sa complaisance ne prit nullement fin, le professeur revenant avec sa libération dictée et la bénédiction pour qu’il mène l’enquête. Douce délivrance qui lui brûla les entrailles, où il fit encore fi des remontrances dans son discours. Dans la même félicité qu’un pauvre chien battant avec puissance le sol de sa queue. Son caprice avait fonctionné. Tout du moins il occulta le fait de devoir être chef d’équipe ou même encore des responsabilités dont on le dota. A ses yeux il semblait tout à fait normal qu’aucun danger ne l’atteindrait vraiment. Impression d’invincibilité qui le gagnait aussi lorsqu’il enfourchait son balai. Après tout, c’était bien connu : tout arrivait aux autres, pas à lui. Ou plutôt, il était aveuglé par son désir d’action, et la crainte des regrets. Mantra guide de profiter de tout dont il abusait. Il était temps d’aller conquérir les couloirs maintenant.
Ainsi, il eut un petit mouvement de tête vers ses amis, prêt à les héler mais encore cette fois, l’enseignant l’en empêcha. Mais de façon plus sauvage, plus sournoise, plus personnelle. On pouvait l’avouer : il en fut étonné de prime abord, ressentant la vraie menace pointer sa lame dans son dos. Black ne déconnait pas. Mais la justesse dont il éplucha l’homme à en devenir invoqua une nouvelle fois tout ce tapis de rancœurs et d’ombre que l’Irlandais taisait. Sa rage personnelle qui donna une œillade noire à ce professeur. Le jaugeant de haut en bas, en ramenant ses propres doigts sur la main glacée par la pluie de l’homme comme pour se dégager.
« Je vous l’ai dit. Vous ne savez rien. »
Et il n’avait aucune honte à sa manipulation qu’on venait d’éclairer sous ses yeux. L’idiot l’assumait. Sa propre vie, sa propre vengeance, tout ce qui pouvait graviter autour de lui avait plus d’importance que le maudit gamin à la morve au nez tassé sur le banc du coin. L’égocentrisme en carburant, il gonfla ses joues aux dernières envolées de son professeur. Haussant les sourcils en direction de ses amis comme blasé avant qu’encore une fois Black ne revienne à lui.
« Bah, comme vous venez de dire, railla-t-il tant le projet semblait manifeste, et il ne prit pas le temps pour s’expliquer auprès de son aîné qu’il s’exclama à son tour : Les majeurs qui veulent aller enquêter : c’est avec moi ! »
Complètement sûr de lui, bien que le sentiment se biaisa puisque ce fut à ce moment qu’un ange blond apparut à son coin de l’œil. Le viride se posant sur le céruléen dans un grognement qui s’extirpa par réflexe de sa gorge. Un râlement peu accueillant complété d’une tête dodelinant, avec un sublime roulement des yeux quand elle se présenta. Brave soldat, plaisanta-t-il intérieurement, bien que la pensée devait se lire allégrement sur son minois. Il lui offrit même en point final un regard déclarant « Non mais t’es sérieuse là ? », bien qu’il fut soulagé qu’elle ne les ait pas gagné dans le but de se joindre à ses côtés au jeu de piste. Il ne put s’empêcher d’en jouer par ailleurs, railleur sur ce dernier point :
« Alors, Ollivander, tu te joins à nous ou tu vas encore te défiler ? Ah non pardon c’est vrai : tu vas être trop occupée à chanter pour le paix de la pauvre âme de Rogue. »
Référence à leur confrontation quelques jours plus tôt où la belle avait démissionné de son post dans l’équipe de Quidditch au profit de la putain de choral. L’enfant celte n’étant pas du genre rancunier mais ayant encore la trahison en travers de la gorge – après à savoir si c’était pour la décision de la blonde furibonde à ce moment, ou si c’était plus pour ce sur quoi elle avait conclu sa colère. La gifle sur son égo encore cuisante ainsi que sa moquerie sur les tortures passées. Comment avait-elle pu oser ?
Credits : Gasmask
Défis écriture effectués:
• 315 M (15 + 30 + 45 + 60 + 75 + 90) : Écrire un RP de 3000, 2500, 2000, 1500, 1000 et 500 mots.
Sous l’ondée, la résistance s’organise. Grondent les sortilèges pour tenir à distance l’eau, vitupèrent les indécis. Les ordres claquent, les groupes se rassemblent sous l’œil acéré de Minerva McGonagall qui avise les préparatifs. Satisfaite de ses professeurs et de leur réactivité, elle est descendue de son piedestal et navigue d’un groupe à un autre. L’un accompagnera les jeunes élèves vers les tours. Chemin plus dangereux, route plus longue. L’autre accompagnera les cadets dans les cachots. Plus proche, moins de garde. Il a fallu répartir les collègues en fonction de leurs accointances et de leur efficacité. Charge à chacun de garder en vie son groupe.
Le pas de Minerva McGonagall claque sur le pavé détrempé. Elle vogue d’un groupe à l’autre donner ses ultimes recommandations et sa bénédiction. Si l’un doit tomber, il tombera pour la plus précieuse chose de cet établissement : la sécurité de ses élèves. Alarmée qu’on ait pu assassiner le son infatigable chauve-souris des cachots – qui a, il est vrai, pris un peu de hauteur depuis sa promotion – la sous-directrice s’est faite lionne pour veiller sur ses enfants. Non pas les jeunes gryffondor, mais bien chaque élève de Poudlard dont elle se sent responsable en l’absence de Severus Rogue.
Croît toutefois une bien légitime suspicion sous le derme : tout semble trop parfaitement orchestré pour n’être que le fruit du hasard, mais qu’elle soit pendue si elle parvient à mettre le doigt sur le rouage grippé. Est-ce un assassin réellement bien préparé ? Qui pourrait en vouloir à Severus Rogue au point de le tuer ? … A part tous ses anciens élèves et les mangemorts encore en fuite, naturellement. Cela fait finalement beaucoup trop de monde.
La sous-directrice échoue finalement près de Regulus Black et du petit groupe d’élèves majeurs qui s’est constitué autour de Connor O’Niallain.
« J’ai envoyé vos collègues, Regulus, protéger les groupes d’étudiants qui retourneront dans les dortoirs. Vous semblez être un excellent garde-fous, je vous confie donc la charge d’accompagner avec Monsieur Vasiliev, notre nouvel intendant, les élèves volontaires dans l’exécution des ordres de ce patronus. Je vais m’assurer que les élèves regagnent bien leurs dortoirs avant de vous rejoindre. Vous serez donc livrés à vous-même dans un premier temps. Soyez prudents, je vous en prie. »
Tandis que la sous-directrice donne ses ultimes recommandations, le directeur Severus Rogue écoute, un sourire plaqué sur les lèvres, les nouvelles apportées par le Moine Gras de Pouffsouffle.
« Ils ont mordu à l’hameçon, naturellement. Minerva a fait un discours très émouvant à ceux qui vont se jeter ‘dans l’inconnu’ pour mener l’enquête… Je crois sincèrement qu’elle vous en tiendra rigueur quand elle saura. - Je suis certain qu'elle le fera savoir de toutes les façons possibles, cher Moine. »
Un éclat de rire ricoche encore dans les couloirs lorsque s’ouvrent les portes de la Grande Salle. Minerva le leur a indiqué : le groupe partant à l’assaut des couloirs pour chercher l’assassin n’est pas seul à courir un grave danger, mais il est, pour l’heure, réduit à son plus simple effectif. Quelques étudiants majeurs, un professeur, un intendant. Un groupe petit et agile qu’elle aura tôt fait de rejoindre une fois les Serpentard et Pouffsouffle mis à l’abri. Deux professeurs pour ces seuls étudiants. Les cachots ne sont pas loin. Le plus gros des troupes pendra le chemin des tours.
Trois groupes.
Trois fois plus de chances pour l’assassin de frapper.
Note à l'attention des joueurs Le prochain post du maître du jeu aura lieu le 15 octobre. D’ici là, vous pouvez répondre autant de fois que vous le désirez dans l’ordre de votre choix ! Bon jeu ! merci de préciser dans votre post le groupe dans lequel vous vous trouvez : Tour (mineurs de Serdaigle ou Gryffondor ; personnel) ; Cachots (mineurs de Pouffsouffle ou Serpentard ; personnel) ; Groupe d'enquête (élèves majeurs et personnel)
Quatre lieux sont ouverts au rp : la Grande Salle (sous la pluie), le Bureau du Directeur, l'Infirmerie et la Bibliothèque ~
Cette douce chaleur familière, comment l'oublier ? C'était les bras de son Oncle, les feux de cheminé, les histoires du temps de jadis qui se portaient en écho, les nuit étoilées dans les Highlands, les tisanes chaudes aux creux de ses mains et de tendres baisers se déposant sur son front. Ce sont les murmures qui ouvrirent les yeux sur ce Grand Hall sous la pluie et quelque chose dans le regard de la Verbena avait changé. Quelque part dans ce monde, cette jeune âme s'était laissée bercer par son héritage, s'était réappropriée sa force. Déterminée. Apaisée. Dans ce cocon où la gravité n'était qu'une conception, Eirian sentit qu'un nouveau souffle se mouvait dans sa poitrine. Elle se concentra sur cette sensation, ce sentiment de bien être qui se logea non seulement au creux de son coeur, mais aussi dans ses muscles et son esprit. La tête vidée de toute angoisse, elle put observer l'étrange scène de sa vie dans un tout nouveau regard. Plus vif, plus attentif. Dans ce silence qu'elle s'était murée, l’Écossaise observait ce combat de chefs avec peu d'avis sur la question, hormis que le premier, jeune Gryffondor, était un crétin. Il fallait en être un pour attiser la panique et encourager les autres à se jeter dans la gueule du loup. Se séparer ? Allez voir ce qu'il se passe ? Eirian avait écouté bien trop d'histoires pour savoir que ce n'était pas une très bonne idée. Et pourquoi s'interposer comme ça avec le corps enseignant ? Pourquoi remettre en doute leur autorité alors qu'ils essayaient de les protéger ? La vision d'un chiot qui essaye de se faire mâle dominant s'imposa à son esprit. Et puis, il y avait le vieux Serpentard, s'enveloppant d'un aura de respect dû à ses sages paroles. Petite fierté que ça soit son professeur de potion, l'une de ses matières favorite. Lui au moins il était réfléchi et n'hésitait pas à remettre l'effronté en place. Si on devait choisir, pour sûr que la petite sorcière rejoindrait le professeur, hors de question de se laisser entraîner pour un fou furieux en pleine crise d'adolescence.
Le rideau de pluie devinrent d'un roux flamboyant, réveillant l'intérêt de la fillette. Algiz couvrit la jeune femme qui ne lui était pas inconnue ; la préfète en chef. Et qu'elle était belle ! Et gentille ! Les joues d'Eirian se rehaussèrent d'un rouge timide sous ses douces paroles. Ses lèvres se pincèrent, se dandinant sur le banc, mal à l'aise et incapable de sortir le moindre son qu'un « MhmMhm... » d'un hochement de tête nerveux. L'écossaise se sentait toute petite face à ce rayon de soleil, si rassurant et sympathique, elle qui s'était habituée à rester dans son coin, dans l'obscurité de sa solitude. Et là, elle se retrouvait en face de la grande préfète en chef, attisant les regards sur sa personne - déjà qu'elle avait perdu toute discrétion à cause de son sort. Là, tout de suite, elle voudrait bien se cacher et qu'on l'oublie. Et ça continuait en plus ! Il y avait une autre madame, plus gracieuse et plus noble encore que la rouquine. Sûrement de la noblesse ! Une princesse ? Une duchesse ? Ses joues roussirent de plus belle et Eirian répondit à sa nouvelle interlocutrice d'un vive hochement de tête, le regard fuyant.
Non, clairement, elle ne savait plus où se mettre et, tentant de faire abstraction de l'attention qu'elle avait attirée, la Verbena déposa délicatement sa frêle main gelée sur la paume de Veredis. Elle se redressa de son siège et la pluie se mouva d'elle-même pour esquiver le corps de la fillette. Les deux femmes étaient bien protégées par Algiz, mais cela suffira-t-il pour les protéger du danger qui courrait dans les couloirs de Poudlard ?