AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Sous les étoiles de l'Écosse - Erin McAllister
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Aller à la page : 1, 2  Suivant

Invité

avatar
Invité
Ven 24 Avr - 16:13
🌢 Sous les étoiles de l'Écosse
Dans la nuit du 26 au 27 février 2004,
Dans un petit village sorcier perdu en Écosse,
Demeure des grands-parents de Erin McAllister,
(Faim qui titille - 8/14 Jauge de Rötschreck)

▼▲▼

Maintenant qu'il ne pouvait plus bénéficier de la magie, du moins de celle des sorciers, Henry se rendait compte à quel point les déplacements étaient compliqués. La première fois qu'il avait regardé les itinéraires pour rejoindre le village de la grand-mère d'Erin, il avait haussé un sourcil inquiet quant à la distance et surtout au temps qu'il risquait de consacrer à cette visite. Non pas que l’éternité devenait soudainement pressée, mais il y avait plutôt un petit problème vis-à-vis des heures nocturnes et surtout diurnes.

Partir et revenir avant le lever du soleil, sans user de téléportation ou de portoloin, s'avérait peu évident. Et il ne pouvait pas décemment se mettre en danger de la sorte, d'autant qu'il avait désormais plusieurs âmes à suivre régulièrement dans son cabinet. Qu'est-ce qu'ils deviendraient, sans son aide ?

Henry avait alors attendu une opportunité un minimum favorable. Se renseignant ici et là sur les alternatives : le train d'abord quoique très long, l'avion ensuite bien que coûtant, l'emploi d'un chauffeur particulier enfin. Très très long et relativement périlleux pour ce dernier. Il n'y avait pas de solution parfaite à sa problématique. C'en était rageant.

Finalement, le dénouement vint de Clavel. À Force de voir son jeune pair s'évertuer à éplucher les trajets sur le gros ordinateur d'Andreja, plusieurs fois au cours des dernières semaines, il lui avait proposé de l'accompagner à Glasgow. Avec un brin de pitié à peine dissimulée. Il voyageait beaucoup pour le compte de Rosalie et, à cause d'une nouvelle mission, il devait s'y rendre le week-end suivant.

Certes, ce ne serait pas une excursion réalisée sur une seule journée, mais au moins son cadet pourrait bénéficier d'un semblant d'escorte et surtout d'un refuge en prévision de la lumière du soleil. À lui, par contre, de se débrouiller ensuite pour rejoindre le village sorcier de Jane et en revenir. Il fut convenu d'utiliser un taxi. Mieux valait réduire les rencontres possibles avec les mortels.

Cette main secourable – et inattendue – ne manqua pas d'interroger profondément Henry. Soit il avait de la chance, soit Clavel avait un peu modelé la réalité pour lui permettre de se rendre en Écosse. Est-ce que sa dame était également dans le coup ? Après tout, ils le considéraient tous encore comme un enfant en dépit des décennies passées.

Quoi qu'il en soit, le vampire prit le temps de contacter Jane et de la prévenir de sa visite prochaine. Il voulait vraiment montrer patte blanche – enfin, canine blanche, il n'était pas un lycanthrope – avant d'aller plus en avant. En faisant tout ce chemin, il espérait déjà l'apaiser légèrement : il ne s'amusait pas à troubler son quotidien d'immortel pour le simple plaisir de venir boire un cru écossais. Rien que l'idée lui collait des frissons désagréables et culpabilisants. Mordre quelqu'un.

Cette sensation déplaisante lui revint le soir tant attendu. Tandis qu'il se tenait le dos bien droit devant la porte close, la main levée et immobilisée dans son geste. Toujours engoncée dans un gant protecteur et gris. Neutralisée. Avant même d'avoir eu le temps de frapper contre le bois. Un certain nombre de souvenirs s'étant rappelés à sa mémoire. De son ami. De leur passé. De sa solitude.

Henry s'était attendu à ces réminiscences très humaines. Seulement, elles restaient toujours aussi difficiles à accepter et compliquées à ressentir.

Il finit néanmoins par toquer contre la porte d'entrée pour signaler sa présence.
CODAGE PAR AMATIS - 568 mots

Invité

avatar
Invité
Sam 25 Avr - 15:48
Sous les étoiles de l'Écosse@Henry MilfordErin


26 février 2004

Le Carnaval du week-end dernier a agi comme un Enervatum. Ou est-ce la discussion avec Damocles ? Les retrouvailles avec de vieux amis ? Un mélange de tous ces moments, qui t'a fait réaliser combien le temps passe vite et comme il est important de s'en emparer avant qu'il ne file pour de bon. Important aussi, de dire aux gens comme on les aime, comme ils comptent pour nous chaque instant. Cette pensée t'a poursuivie tout le lendemain, et au matin du lundi, ta décision était prise. Tu allais raccrocher ton badge de brigadière pour quelques jours, boucler ton sac et prendre le premier Portoloin pour Inverness, d'où tu transplanerais directement à Craig Magus.
Ton chef t'a jeté un regard surpris, lorsque tu t'es glissée dans son bureau pour formuler sa demande, comment te le refuser ? Ni lui, ni toi, n'auriez été capables de dire à quand remontait ta dernière demande de congés. Et bien que la situation soit toujours tendue, il pouvait difficilement conserver son équipe sur le qui-vive sans lui accorder de repos. D'autant que les festivités du week-end semblaient avoir apaisé les esprits, vous donnant l'occasion de souffler un peu pour la première fois en un mois. Le monde magique n'allait pas s'écrouler sitôt que tu avais le dos tourné.

Le hibou partit dans l'heure pour avertir Jane de ton arrivée le mercredi soir et de ton intention de rester à ses côtés jusqu'à la fin du week-end. Et à l'heure dite, elle était devant sa porte pour t'accueillir, identique à ta dernière visite. Sa robe de sorcière couverte d'un éternel tablier, ses cheveux blancs relevés en un chignon impeccable. Et sur le visage, ce sourire immense qui se confondit avec le tien tandis que tu accourrais te blottir dans ses bras. Et ce soir-là, dans la douceur de ses draps, l'estomac plus plein qu'après un banquet à Poudlard, tu t'endormis sans demander ton reste, sans petite potion magique pour t'y encourager.

La journée de jeudi s'est écoulée lentement et tu t'es glissée avec délices dans le quotidien parfaitement huilée de ta grand-mère, savourant ce temps offert. Une matinée à aller faire quelques courses au marché, sans cesser de discuter. Préparer ensemble un repas, la radio allumée emplissant la cuisine de musique – Merlin, tu te souviens des râleries de Jane le jour où ils avaient déprogrammé Celestina Moldubec de ce créneau et il fallait la voir maintenant, chantonner et danser sur les notes d'une remplaçante « pas si cruche, finalement ». Une après-midi de calme, nichée dans le fauteuil près du feu, un livre entre les mains. Une promenade près de la côte et l'odeur des shortbreads préparés ensemble qui te renvoie si vite en enfance.
La nuit s'est installée peu à peu, bien tôt en cet hiver écossais. Tu étais confortablement installée sur le canapé, les jambes repliées sous tes fesses, la tête sur son épaule, les yeux rivés aux mots-croisés qu'elle tenait entre ses doigts fins à la peau parcheminée, lorsque des coups frappés à la porte vous firent lever les yeux. « A bheil thu a ’feitheamh ri cuideigin? » « Tha! Bha seann charaid a ’dol seachad a-nochd. An urrainn dhut a dhol ga fhosgladh, leannan? » « Gu dearbh! »

Jane regarda sa petite-fille se lever d'un mouvement souple, s'étirer avant de rejoindre l'entrée pour aller ouvrir à Henry. En recevant son hibou proposant une visite dans le courant de la semaine, elle n'avait pas hésité bien longtemps à lui répondre par l'affirmative, même si Erin était là. Ou peut-être, justement, parce qu'Erin était là. Par Morgane, il était plus que temps que sa petite-fille décharge de son cœur trop lourd les épreuves endurées et quelle meilleure oreille que celle d'un psychomage de la trempe de Henry ? En outre, il était toujours doux d'invoquer la mémoire de cet époux parti trop tôt, et de son père avant lui. De l'entrée lui parvenaient sans mal l'écho de la conversation. « Bonsoir ! Entrez, je vous en prie, ma grand-mère est au salon. » Erin était repassée à l'anglais pour accueillir leur invité, qui ne tarda pas à s'encadrer dans le chambranle de la porte. Elle se releva de ce canapé pour tendre les mains au nouveau venu, un sourire tendre éclairant son visage ridé. « Henry, mon ami. Sois le bienvenu. As-tu fait bon voyage ? »


Traduction :
« Tu attends quelqu'un ? » « Oui ! Un vieil ami devait passer ce soir. Peux-tu aller lui ouvrir, ma chérie ? » « Bien sûr ! »

Invité

avatar
Invité
Jeu 30 Avr - 16:44
🌢 Sous les étoiles de l'Écosse
Dans la nuit du 26 au 27 février 2004,
Dans un petit village sorcier perdu en Écosse,
Demeure des grands-parents de Erin McAllister,
(Faim qui titille - 8/14 Jauge de Rötschreck)

▼▲▼

Malgré les pensées légèrement turbulentes qui continuaient à tournoyer dans sa tête, Henry avait réussi à frapper de sa main gantée contre la porte. Le geste avait beau être anodin, il remuait en lui des inquiétudes assez vivaces. Ce mouvement basique réveillait, même, des incertitudes coûteuses en énergie. Le fait de rester droit et patient, dans l'attente de la suite, n'était finalement pas quelque chose d'inhabituel. Par contre, l'acte de rendre visite à une vieille amie et de s'épuiser à venir jusqu'à chez elle. Aussi loin de son territoire londonien. Ça, ce n'était pas franchement banal.

Pas plus que de devoir gérer quelques souvenirs désagréables. Ceux qu'il évitait généralement de convoquer ou d'affronter, parce qu'ils étaient teintés de regrets silencieux et de douleurs discrètes. Aucun vœu, même les plus nobles, n'étaient exemptes de mélancolie. Il le savait pertinemment.

Cette simple visite à une âme mortelle appréciée le lui rappelait.

Jane était exactement ce à quoi il avait renoncé il y a plus de quatre-vingts ans. La douceur d'une compagnie et la chaleur d'un foyer. En fin de compte, elle représentait ce qui manquait le plus à son éternité. Seulement, il s'avérait plus simple de croire à un renoncement personnel qu'à un manque pesant. Celui qui ouvrait la voie aux dérives lorsqu'il était Henry plutôt que le docteur Milford.

À une époque, Jane et son défunt mari – cet ami si fiable et si dévoué – étaient de ses proches les plus appréciés. Malgré les complications rencontrées au fil du vingtième siècle, ils avaient pardonné les absences et les distances imposées. Ils étaient restés dans son entourage, même distendu, alors que les membres de sa propre famille géraient un deuil qu'ils pensaient réel. Un adieu définitif auquel il ne pouvait pas déroger en dépit de la souffrance et de la culpabilité. Qu'est-ce qu'il aurait aimé revoir sa mère une dernière fois. La nature sorcière de son couple d'alliés avait aidé, sans surprise, à conserver le lien. Tandis que du côté des moldus...

Le vampire réajusta ses gants grisâtres, l'esprit empêtré dans ces réflexions doucereuses. Il était tellement plus simple d'être le soignant plutôt que l'homme. Quoi qu'il ne restait plus grand chose, techniquement, dudit homme. Pas même l'âme. Et pourtant, il ressentait beaucoup plus ce soir-là que les dernières années passées à rafistoler les autres.

Quelques bruits attendus gagnèrent la porte, devant-lui. Ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'il retrouve une ambiance étrangement familière. Il ne pourrait plus fuir, également. L'éventualité l'avait à peine effleuré, d'ailleurs, pendant le transport avec Clavel. Elle n'avait pas réussi à s'implanter dans son crâne. Ce n'était pas faute d'avoir un soupçon d'inquiétude, quelque part : une parole était une parole et il lui serait plus détestable de ne pas la tenir plutôt que de l'affronter. La difficulté s'en trouvait renforcée, évidemment, mais au moins était-il droit dans ses bottes.

C'est à cet instant qu'une jeune femme à la chevelure rousse lui ouvrit. Elle respirait la jeunesse et la fougue, en tout cas c'est ce qu'il interprétait de cette première impression. Quant à sa peau délicate, elle trahissait- du sang. Ah. Il lui faudrait faire attention, la faim s'était manifestée bien plus tôt qu'il ne l'avait imaginé. Peut-être que les séances de la veille, couplées à l'épuisement du voyage effectué, avaient entamé ses réserves. La prudence ne serait pas de trop, car la bête était bien plus terrifiante que les souvenirs ou les regrets.

Le regard rivé sur le visage de son interlocutrice, il inclina le menton à la salutation de cette dernière. Y répondant même d'un ton doux et précautionneux. « Bonsoir. » Sa grand-mère était au salon. Bien noté. Maintenant que Henry l'observait de ses propres yeux, il ne pouvait que remarquer la présence de quelques traits similaires. « Merci, c'est aimable. » Jane avait une descendance dont elle pouvait être fière. Du moins, c'est ce qu'il s'imagina en entrant dans la demeure.

Si pleine à craquer de souvenirs, d'odeurs – qu'il s'efforça de respirer alors qu'il n'en avait pas besoin – et de promesses tenues depuis des décennies. La maisonnée d'une femme bonne et affirmée. D'un pas lent et attentif, le vampire suivait Erin et détaillait tout à la fois les murs, les meubles et puis … Jane elle-même. Dire qu'ils avaient vécu à la même époque. Autrefois.

L'amabilité qui se dégageait d'elle le rassura assez pour qu'il trouva la force de lui offrir également un sourire. Plus contenu, sans doute, mais tout autant bienveillant. Légèrement touché, aussi, comme à chaque fois qu'il la voyait en face-à-face. Les années n'avaient rien changé à leur entente. Si la faim ne s'était pas immiscée auparavant dans ses pensées, il aurait probablement oublié quelques instants sa propre condition. Un des effets de la bonté d'autrui ?

« Merci. Je suis ravi de te revoir, Jane. » De ses doigts gantés, il serra très délicatement les mains de son hôte. Rassuré, finalement, de ne pas lui imposer le froid et la mort alors que tout brûlait de vie ici-bas. Ah. Oui. Le feu. Un regard vers ce dernier confirma qu'il crépitait effectivement, plus loin. « Et bien, je trouve qu'il est toujours aussi difficile de voyager sans magie qu'avec. J'espère que les moldus finiront par nous proposer des moyens de transport plus rapides. » Henry s'arracha à sa vérification soucieuse des flammes pour revenir à son amie. « Le plus important, toutefois, c'est que je sois arrivé. Comment vas-tu ? Est-ce que tu as cuisiné quelque chose, aujourd'hui ? J'ai remarqué que ta petite-fille n'est plus aussi petite. Enchanté, d'ailleurs, madame. Le temps passe si vite. »

Il se passa une main un peu nerveuse dans ses cheveux noirs. Il n'avait plus tant l'habitude.
CODAGE PAR AMATIS - 931 mots

Invité

avatar
Invité
Lun 4 Mai - 21:30
Sous les étoiles de l'Écosse@Henry MilfordErin


26 février 2004

Le sourire de Jane n'était pas feint. Malgré les années écoulées, qui avaient vu blanchir ses cheveux quand son ami les traversait sans une ride, elle avait toujours le même plaisir à retrouver Henry, dont la culture, la douceur et l'intelligence étaient prétextes à de longues discussions, interrompues seulement de souvenirs évoqués.
Restée à l'écart, tu observais la scène avec une certaine curiosité, peinant à croire que cet Henry aux traits si lisses puisse être un vieil ami. Si proverbiale que soit la longévité des mages, elle n'épargnait d'ordinaire pas leur corps, parcheminant les peaux, usant les articulations, ôtant la couleur des cheveux les plus éclatants. Quelques photos, accrochées aux murs, attestaient encore des teintes flamboyantes qui coiffaient autrefois ta grand-mère, si similaires à ces boucles rousses qui cascadaient sur tes épaules.

Son rire léger ricocha en écho au commentaire de son hôte, et elle hocha la tête avec ferveur. « À qui le dis-tu ! J'ignore comment je me déplacerais sans Poudre de Cheminette, le Magicobus me donne bien trop le mal des transports. Enfin, comme tu le dis, l'essentiel est que tu sois arrivé à bon port. Mais assieds-toi, assieds-toi, je t'en prie ! » Elle se réinstalla dans le canapé, lui désignant un fauteuil proche, le plus éloigné du feu. Ses doigts glissèrent dans une poche de son ample jupe, effleurèrent le bois de sa baguette. La hauteur des flammes s'adoucit pour se restreindre à un doux crépitement. Son visage affable revint à son invité, tandis que tu te glissais près d'elle pour reprendre ta place à ses côtés. « Hé bien, je me porte comme un charme, comme tu peux le voir. En dehors de quelques articulations récalcitrantes par temps humide... Autant dire toute l'année ! Je pense que tu n'avais plus croisé ma petite Erin depuis des années. Elle est brigadière, maintenant ! » Elle posa sur toi un regard tendre, avec toute cette admiration et cette fierté que ne peuvent ressentir que parents et grand-parents devant leur progéniture. Face à tant de tendresse, tu ne pouvais que sourire en retour. « Mo chridhe, je te présente Henry, un ami fidèle. Il a fait ses classes avec mon Ian. » Une étincelle d'intérêt s'alluma dans tes yeux à l'évocation de ce grand-père décédé peu après ta naissance, dont tu avais hérité le goût de la justice et du travail. « Enchantée également. »

L'histoire de Ian McAllister te fascinait depuis toute petite. Né-moldu qui s'était battu lors des guerres moldues qui avait déchiré le vingtième siècle, était parti de rien, simple bidouilleur qui trafiquait de vieux Brossdur dans son atelier, jusqu'à lancer son propre modèle. L'Étoile filante – qui devait son appellation au surnom qu'il donnait à son infatigable épouse – avait rencontré un grand succès grâce à son petit prix. Malheureusement, après son décès, l'entreprise avait périclité jusqu'à fermer ses portes pour de bon.
« Est-ce que je peux te proposer quelque chose à grignoter, Henry ? Nous avons préparé des shortbread, cette après-midi. » À ses mots, des échos de vaisselle montèrent de la cuisine, et un plateau flotta jusque vous, chargé de gâteaux, de lait, de thé et de miel pour se poser délicatement sur la table basse. Sachant qu'elle ne laisserait à personne le soin de servir une collation, tu restas tournée vers le visiteur, incapable de réprimer ta curiosité. « Alors vous avez connu mon grand-père ? » L'allure d'Henry ne cessait de t'intriguer, semblant si contraire à l'image dépeinte de ton grand-père : un bon vivant, adepte de bonne chaire et de plaisanteries qu'il accompagnait d'un rire franc. Plus encore, l'insinuation de Jane te restait en mémoire. Ils auraient fait leurs classes ensemble. Au début du vingtième siècle, donc. Mais comment le croire ? Avec délicatesse, tu t'enhardis à demander d'une voix douce. « Comment vous êtes vous rencontrés ? » Le gloussement de ta grand-mère n'échappa pas à tes oreilles. la vieille dame te connaissait trop pour ne pas deviner le cheminement de tes pensées et le sens de cette question en apparence anodine. Son amusement ne fit que confirmer ton impression de manquer d'un élément crucial. Mais elle n'ajouta rien, se contentant de tendre une tasse à son invité. « Henry, dear, j'ai bien peur d'avoir oublié tes préférences. Avec ou sans lait ? » Ta propre tasse attendait déjà sur le guéridon, dans sa coupelle, l'eau sucrée de miel dégageant une entêtante odeur de cannelle et de gingembre.

Invité

avatar
Invité
Mer 6 Mai - 13:01
🌢 Sous les étoiles de l'Écosse
Dans la nuit du 26 au 27 février 2004,
Dans un petit village sorcier perdu en Écosse,
Demeure des grands-parents de Erin McAllister,
(Faim qui titille - 8/14 Jauge de Rötschreck)

▼▲▼

Le rire de Jane, qui grandissait la pièce de sa seule présence, lui était agréablement familier. En dépit des décennies écoulées et des changements corporels qui s'était manifestés chez elle, rien n'avait changé dans son tempérament. D'une certaine manière, il arrivait même encore à se la représenter telle qu'elle avait été il y a bien longtemps. Lorsqu'ils étaient encore jeunes.

Elle riait, très simplement, et il s'agissait pourtant d'un son très doux à entendre. Une ode à la vie qu'il acceptait d'écouter avec une tendresse évidente. À qui le dis-tu. Henry ne pouvait jamais rester de marbre en écoutant sa vieille amie. D'autant plus quand elle évoquait les transports magiques. La seule mention du Magicobus lui fit d'ailleurs esquisser une nette grimace. Pour l'avoir testé quelques fois du temps de son vivant, il n'en gardait pas particulièrement des souvenirs très chaleureux.

Au moins, se disait-il, l'expérience avait été suffisamment déroutante pour le marquer durablement. Il s'en souvenait encore nettement alors qu'il l'avait emprunté pour la dernière fois en 1914 !

Assieds-toi, je t'en prie ! Le vampire relâcha très doucement les doigts de sa vive interlocutrice. Puis, seulement, il s'exécuta et s'installa avec reconnaissance sur le fauteuil indiqué. Non sans un regard tout à la fois obligé et sincère quant à cette proposition. Et à la diminution de la virulence des flammes qu'il ne pouvait que remarquer. Jane n'avait pas oublié ce détail et il se sentait encore davantage redevable de lui offrir un peu de répit. À dire vrai, elle et son mari avaient toujours géré sa nouvelle nature avec beaucoup de délicatesse. Évitant soigneusement de mettre entre-eux des préjugés cruels ou des inquiétudes légitimes. De son côté, il s'efforçait toujours de ne pas les mettre trop en danger.

Malheureusement, le risque zéro n'existait pas en sa présence. Il en avait d'autant plus conscience, ce soir-là, que la faim venait de temps en temps se rappeler à son esprit. Titillant, avec légèreté et défiance, la grande sérénité qu'il s'efforçait d'afficher. Je me porte comme une charme. Il acquiesça d'un mouvement lent, visiblement soulagé d'entendre cette information. Quelques articulations récalcitrantes. Ah. Les années n’épargnaient pas les mortels, hélas. Les sourcils du vampire s'arquèrent aussitôt d'une inquiétude légère, à peine atténuée par la suite des propos de Jane. L'interrogation fusa d'une petite voix :« Tu as des potions ou un onguent pour tes articulations ? » Le docteur Milford n'était pas si loin, malgré tout. Toutefois, il y avait aussi un réel affect derrière sa propre question vis-à-vis de la santé de son amie. Elle restait une des rares mortelles à pouvoir bénéficier de son attachement.

Il se reprit néanmoins assez vite. Dirigeant cette fois-ci une œillade pâle et curieuse en direction d'Erin. La petite-fille plus si petite, désormais au service de la protection du monde magique. À ses yeux, c'était une profession tout aussi éreintante et honorable que la médicomagie. Il y était question de sauver des vies, en usant juste d'une voie différente de la sienne. En outre, ils représentaient l'ordre et la loi. Rien de moins que ça. « Félicitations pour votre travail, Erin. Vous avez de quoi être fière. » Et il le pensait, sincèrement, lui adressant même un large sourire aux accents affables.

Mon Ian. Oh. Son intérêt se porta immédiatement vers Jane, non sans une expression plus douce et affectée. Ian lui manquait à elle mais aussi à lui. Son plus ancien ami et comparse. Les années passées et les autres décès douloureux de son entourage aidant à se faire aux adieux, Henry parvenait à y penser sans trop souffrir aujourd'hui. Même si une ondée discrète et furtive de tristesse glissait encore au coin de son cœur inerte. « C'était il y a une éternité, mais je m'en souviens toujours aussi bien. » Par chance, les souvenirs étaient pour la plupart heureux et, même ceux plus difficiles de la première guerre mondiale, permettaient d'invoquer un peu de Ian auprès d'eux. « Des shortbread ? Je me disais que j'avais reconnu cette odeur ! Tes plats font rêver toutes les créatures magiques du Royaume-Uni, Jane. Un jour, tu vas avoir une colonie de gnomes amadoués par l'odeur qui vont venir sonner chez toi. »

Cette tradition qui s'était construite progressivement entre-eux, alors qu'il ne pouvait ni manger ni boire autre chose que du sang, lui donnait toujours cette sensation étrange et précieuse qu'il était vivant. Jane lui offrait toujours cette parenthèse de lumière dans sa nuit éternelle. Oui, voilà, c'était presque comme une offrande. Il la couvait des yeux, ne pouvant pas décemment la toucher ou l'assimiler, mais au moins pouvait-il la contempler avec une reconnaissance évidente. Ou la sentir, en s'efforçant de respirer quelques brins d'air avec ses narines immortelles.

Il n'oubliait pas sa nature ni ses dangers, ce serait bien trop naïf de sa part. Seulement, au moins une fois en quelques années, il ressentait une chaleur de l'intérieure qui lui donnait de la force et du courage. Jane avait toujours eu ce don bienveillant. Si son corps avait été plus vivant que mort, peut-être qu'il aurait pleuré silencieusement de gratitude. À défaut, quelques traits de son visage albâtre trahissaient de ces élancements silencieux.

La voix de la jeune Erin le poussa à sourire de nouveau, quoique très brièvement. « Et bien, à l'époque, nous nous sommes rencontrés le soir de notre arrivée à Poudlard. Peu après la répartition, je me suis retrouvé installé à la table de Poufsouffle à côté de lui. Honnêtement, nous étions aussi perdus, inquiets et enthousiastes l'un que l'autre. Imaginez, Erin, deux enfants qui ne sont pas habitués à la magie. Qui vivaient, jusqu'à présent, de livres, de grands espaces et de jouets de bois. Non seulement ils découvraient qu'ils étaient sorciers quelques mois auparavant, mais en plus qu'ils allaient devoir étudier dans une école avec d'autres de leurs semblables. Notre excitation était à son comble et la frayeur de mal faire aussi. Heureusement, votre grand-père a été le plus courageux de nous deux. Il a ouvert la conversation en me tendant le plat avec un énorme poulet rôti dedans. Je me souviendrai toute mon éternité de cette énorme assiette en argent tenue à bout de bras par Ian. »

À l'époque, cette entrée en matière avait été très amusante et très raccord, également, pour deux élèves aux cravates jaunes et noires. « Sans, s'il te plaît, Jane. » La réponse avait de nouveau fusée, très naturelle, alors qu'il ne buvait pas de thé. Au moins pourrait-il le tenir entre ses mains gantées pour réchauffer un peu sa chair et rester dans l'ambiance chaleureuse de la maisonnée. « Nous avons beaucoup parlé, le soir de notre répartition. C'est là que j'ai compris que votre grand-père était aussi né dans une famille de moldus. Ce point nous a beaucoup rapproché, lui et moi. Les choses étaient bien différentes en ce temps et les inégalités plus vivaces. Heureusement, nous étions aussi partenaires de chambrée. Nos autres camarades n'étaient pas nés de moldus, comme on le dit, mais ils s'efforçaient de nous rendre la vie facile en nous expliquant la magie. Oui, vraiment, nous avons eu de la chance. Ian était diablement plus sociable que moi, et de loin. Ça nous a vraiment changé la vie chez Poufsouffle. »

CODAGE PAR AMATIS - 1189 mots

Invité

avatar
Invité
Dim 24 Mai - 22:32
Sous les étoiles de l'Écosse@Henry MilfordErin


26 février 2004

Il ne fallut guère de temps pour que la vieille dame se réinstalle confortablement au fond du canapé, une tasse de thé fumant et sucré entre les mains. De la porcelaine ornée de fleurs s’échappaient des volutes odorantes, effluves de fleurs et de miel, un biscuit discrètement posé sur la minuscule assiette assortie qu’elle déposa prudemment sur ses genoux en haussant les épaules. Des potions, des onguents, des consommés… tant de fioles s’accumulaient dans un tiroir de la cuisine qu’elle se demandait parfois s’il était bien nécessaire de continuer à se droguer de la sorte. Mais le doute n’était pas de ceux que son ami médicomage pouvait entendre, aussi s’abstint-elle de faire le moindre commentaire. En outre, toute indisciplinée qu’elle ait pu être par le passé, elle mettait un point d’honneur à suivre scrupuleusement les prescriptions associées à chaque préparation, aussi était-il parfaitement inutile d’inquiéter Henry de ces billevesées.
Du bout des doigts, elle saisit le shortbread, savourant le goût de beurre si présent. Si tu t’es empressée de tester la fournée sitôt sa cuisson achevée, te brûlant les doigts et la langue dans ta hâte toute enfantine – par Godric, elle te revoyait si petite, et toujours si prompte à goûter les délices de vos après-midi pâtisserie – elle s’était abstenue, préférant épargner son estomac fragilisé par les années, en dehors des repas. Preuve est faite qu’elle n’a pas perdu la main, et les compliments d’Henry font pétiller ses yeux d’amusement. « Oh, ne m’en parle pas ! Toute une petite troupe de gnomes est venue se réfugier derrière mon potager l’automne dernier… Je n’ai pas eu le coeur de les chasser aux portes de l’hiver mais au printemps, zou ! Il faudra bien que tout ce petit monde déguerpisse ! » L’air serein, elle sirote son thé, guère inquiète quant au départ prochain de ces petits importuns.

L’attention du vampire se tourne vers toi, et ses yeux curieux vous observent derrière l’écran de chaleur émanant de sa boisson. Oh, il y a longtemps qu’elle espérait une rencontre entre ces deux figures chères à son cœur. C’est que vous avez tant en commun, derrière vos évidentes différences. Deux épris de justice, vibrant des mêmes idéaux, chevillés au corps de celle dont le nom guida vos pas d’adolescents. Mais plus encore que ces similitudes, elle espère que vous saurez vous porter un apaisement mutuel. Henry, elle en est certaine, saurait t’aider à reprendre pied, éloigner de ton âme tourmentée ces traumatismes jamais cicatrisés. Et charge à toi d’adoucir un peu de son éternité quand elle ne sera plus là pour le faire. Aussi, renfoncée dans le moelleux du canapé, un coussin brodé pour soutenir son dos fatigué, elle se fait plus discrète. Et seul le tendre sourire sur ses lèvres atteste encore qu’elle vous écoute, l’esprit comblé des si doux souvenirs de cet époux regretté.

Confortablement installée, une tasse de lait au miel réchauffée d’un discret sortilège, tu es captivée par le récit de votre invité. Épaulée par les albums photos si souvent compulsés, tu parviens presque à t’imaginer cet enfant au visage rieur, tendant la main à un condisciple plus timide. Mais il y a cette expression étrange, ces mots si singuliers qui te font hausser un sourcil surpris. « Toute son éternité » ? Quelle curieuse façon de s’exprimer. À moins que… Serait-il possible qu’il soit… un vampire ? Tes prunelles s’étrécissent tandis que s’assemblent les pièces du puzzle, l’observation remplaçant cette question qui ne franchira pas tes lèvres – ce serait de la dernière grossièreté. Cette pâleur prononcée, l’étonnante jeunesse de ses traits, ce choix de termes, ses doigts refermés autour d’une tasse sans intention manifeste d’en boire le contenu… Ton regard se pare d’une curiosité nouvelle, à la lueur de cette supposition. Ni agressive, ni méfiante – ce genre d’animosité infondée aurait plutôt tendance à te faire sortir de tes gonds, en outre tu as toute confiance en ta grand-mère et son jugement – mais profondément intriguée. Tant par les souvenirs qu’il déroule pour toi, que par cette condition pour le moins particulière. Tu hoches la tête, ne pouvant qu’approuver avec ferveur sa conclusion. Bénie soit Helga Poufsouffle, oui, d’accueillir tout un chacun sans distinction, ni discrimination. Y compris les petites filles trop timides, trop sensibles… Ou les nés-moldus à la découverte d’un tout nouvel univers. « Je vous rejoins totalement. Intégrer la maison Poufsouffle c’est… une chance inouïe. » Ton souffle est chargé d’émotion au souvenir du désespoir qui t’avait étreinte lorsque le Choixpeau avait fait son choix, si peu de temps après avoir effleuré tes boucles de son tissu élimé. Avant que tu ne comprennes combien il était avisé de t’avoir envoyé au royaume de la tolérance, où tu pouvais t’épanouir en toute confiance. « Était-ce très différent à cette époque ? Poudlard, je veux dire ? » À cette question déjà posée mille fois à Jane, tu as déjà glané des éléments de réponses, sans jamais te lasser d’entendre évoquer le passé de cette école prestigieuse demeurée si importante à tes yeux.

Invité

avatar
Invité
Dim 31 Mai - 12:45
🌢 Sous les étoiles de l'Écosse
Dans la nuit du 26 au 27 février 2004,
Dans un petit village sorcier perdu en Écosse,
Demeure des grands-parents de Erin McAllister,
(Faim qui titille - 8/14 Jauge de Rötschreck)

▼▲▼

Très brièvement, il avait de nouveau porté son regard vers la tasse de thé. Tout était vraiment si réconfortant ici-bas. Tout était tellement plus facile, aussi, à convoquer et à penser. La demeure de Jane, auréolée de sa présence bienveillante, avait toujours ce petit quelque chose de magique et d'apaisant. Il lui semblait même évoluer dans une bulle protectrice et hors du temps. Un temps qui fuyait néanmoins entre ses doigts, si pressé et si menaçant pour les mortels tandis que lui restait immobile. Intouchable. Déconnecté des jours, des semaines et puis finalement des années.

C'est vrai qu'ici, Henry retrouvait un peu de ses trente ans d'autrefois. Il n'avait plus tellement l'impression d'avoir déjà vécu plus d'un siècle et de s'être privé de toutes les douceurs de l'humanité. Il chérissait ce sentiment précieux et fragile, qu'il craignait pourtant en arrivant... De peur de l'avoir perdu ou corrompu, mais auquel il succombait de bon cœur dès qu'il passait le pas de la porte. Un jour, sûrement, il le perdrait totalement. Il le savait, avec une certaine souffrance, car Jane n'était pas immortelle. Toute sa vaillance et son tendre acharnement ne la protégerait pas de la vieillesse. Il ne doutait pas qu'elle le savait aussi.

Le cycle de la vie était ainsi fait. Tout aussi douloureux qu'inévitable. C'était un point désagréable, d'ailleurs, pour lui : puisqu'il était condamné à rester et à voir s'éteindre progressivement ceux des vivants qu'il avait aimé. D'abord les moldus et puis- Non. Il n'avait pas envie d'y songer davantage.

Le vampire prit le temps d'inspirer une nouvelle fois les odeurs de la pièce. Profitant avec délice et reconnaissance, sans s'en cacher, des effluves chaleureuses et plaisantes. Un rien suffisait à le réconforter dans cette maisonnée et à lui donner la force de ne pas trop s’abîmer les pensées. D'autant plus qu'il devait rester vigilant, tant la faim venait parfois se manifester à lui par une sensation inconfortable ou par un son lourd et presque imperceptible dans le creux de ses oreilles. À la manière d'un acouphène qu'il interprétait plus comme un avertissement.

Oh, ne m'en parle pas ! Et maintenant Henry souriait. D'une esquisse large et amusée à la mention de cette équipée gnomesque. Il imaginait parfaitement bien une assemblée pareille, très moyennement ordonnée, gagnant l'arrière du potager sous la pluie et les insultes pour y creuser ses trous. Ils étaient si imaginatifs pour les injures dans leur langage bien à eux. « Rien de mieux qu'un dégnomage de printemps pour se mettre en forme en prévision des beaux jours. » Lui qui vivait à Londres, entre un petit appartement encombré et son cabinet de psychomagie, il n'avait pas franchement l'occasion de croiser des créatures magiques vivantes (et teigneuses).

L'expression de son visage trahissait encore de cet égayement lorsque la plus jeune de ses interlocutrices prit la parole. C'est une chance inouïe. L'immortel approuva d'un hochement de tête mesuré et sincère. Poufsouffle avait en son sein une grandeur d'âme souvent invisible ou incompréhensible pour les autres maisonnées. Plus exactement, dans les clichés que l'on y associait, il était plus facile de penser que les protégés de Helga étaient bêtement gentils, tristement loyaux et absolument exploitables plutôt que se dire qu'ils étaient profondément ouverts et concernés par le bien des autres. De toute façon, il l'avait bien compris au cours de son existence : la gentillesse et la bonté étaient souvent considérées, par la société, comme la porte ouverte à toutes les faiblesses possibles.

À croire que l'empathie était finalement une tare répréhensible tandis que l'égoïsme triomphait de partout. Le monde marchait – ou volait sur un balai – trop souvent à l'envers. Au moins, auprès des cravates noires et jaunes, il avait été bien entouré et il avait saisi l'importance de la bienveillance pour permettre à chacun d'évoluer au mieux.

Était-ce très différent ? Les doigts du vampire jouèrent délicatement contre la porcelaine de la tasse. Trahissant le passage au peigne fin de ses plus vieux souvenirs. « Il me semble, si ma mémoire n'est pas trop rouillée, que le bâtiment en lui-même n'a pas tellement changé. Néanmoins, tout ce qu'il se passait dedans... Disons que nous n'avions pas forcément des règles similaires à celles que vous avez aujourd'hui. » Il se redressa un peu, non sans un regard doux et très légèrement malicieux vers Jane. « La direction de l'école était plus prompte à envisager des sanctions désagréables. Je me souviens très bien que nous évitions autant que possibles les punitions à l'époque. Elles avaient tendance à laisser des traces ou des souvenirs assez inconfortables. Après, je suis bien obligé d'admettre que même avec cette menace au-dessus de nos têtes, nous étions des adolescents et les facéties de cet âge n'étaient jamais loin. »

Ou les maladresses. Il s'en souvenait parfaitement. « Nos tenues étaient aussi différentes. Par exemple, je ne retrouve plus la chaînette de la cape que nous avions sur les nouveaux ensembles de Tissard et Brodette. J'imagine que nos vêtements de sorciers était plus coquets, mais pour être honnête ils étaient aussi légèrement inconfortables. À l'époque, en tout cas, nous n'aimions pas tellement être tirés à quatre épingle. Vous étiez sans doute plus à l'aise que nous dans vos tissus. Ce n'est pas un mal ! » Henry porta un doigt libre et songeur à son menton. « L'ambiance était particulière, également. Nous devions respecter... Une sorte de hiérarchie invisible entre les élèves, lors des cours. En tout cas, je l'ai expérimenté de cette manière, sans doute à cause de mon sang moldu. Ce n'était pas tous les jours très agréable car certains de mes camarades étaient privilégiés et  en ce temps personne n'avait la volonté de le remettre vraiment en cause. Par contre, sur une note plus positive, je peux vous confirmer que nous avions un autre enseignant que monsieur Binns. Heureusement pour moi et Ian, d'ailleurs. » Et il était toujours aussi amusant pour lui de l'avouer. Cuthbert Binns, de ce qu'il en avait lu et entendu, était un des professeurs étant resté le plus longtemps en poste à Poudlard.

Rien de surprenant, en fin de compte, pour un fantôme. « Est-ce que vous avez des questions plus précises ? Je ne vous cache pas que ma mémoire me fait un peu défaut sur certains points, pour autant je n'ai pas peur de creuser dans mes souvenirs avec la bonne pelle ! »

CODAGE PAR AMATIS - 1061 mots

Invité

avatar
Invité
Sam 20 Juin - 21:40
Sous les étoiles de l'Écosse@Henry MilfordErin


26 février 2004

Au travers des mots d'Henry, tu pourrais presque te représenter le château un siècle plus tôt. Les images défilent dans ton esprit avec une étrange clarté, comme un sépia léger venu teinter de ses ocres ces visions du passé, porté par le récit de l'adolescent qui vagabondait dans les couloirs de pierre. Les uniformes plus stricts, les règles plus sévères... Fort heureusement, les choses avaient évolué depuis lors, s'étaient adoucies par certains aspects. Dans le bon sens, oserais-tu dire, Merlin merci ! Tu ne peux imaginer quelle expérience fut celle de ton grand-père et de son ami, débarqués d'un autre monde pour être confrontés au racisme systémique de la société sorcière envers ceux nés dans d'autres milieux.
Tu hoches doucement la tête à cette pensée. « On l'oublie trop souvent... Ces changements semblent tellement évidents et importants que l'on néglige parfois de se souvenir des avancées réalisées ces dernières décennies. J'ai un ami né-moldu qui... » Les mots se perdent brièvement, cette innocente évocation amenant irrévocablement un rien de rouge sur tes joues au souvenir de la danse que tu as dernièrement partagé avec le-dit ami. Tu reprends sans tarder, ton trouble à peine perceptible mais trop tard pour n'avoir pas éveillé l'attention curieuse de Jane, dont tu le sens le regard intrigué posé sur toi. « Qui a toujours ressenti cette différence assez cruellement. Je n'ose imaginer que cela devait être à l'époque. Malheureusement, il y a aujourd'hui encore des sorciers qui se permettent de juger sur ce genre de critères. » Le ton de ta voix se fait plus sourds sur ces mots chargés d'amertume et tu termines distraitement ton shortbread entre deux gorgées.

La main douce de Jane vient se poser sur ton bras, caressant doucement la laine de ton pull. Oh, elle ne sait que trop bien d'où te vient le dégoût de toute forme de discrimination, n'étant pas étrangère à la rupture de tous liens avec tes parents, son propre fils ayant depuis longtemps dérivé vers ces rivages dangereux. « De tous temps, les hommes ont cherché des raisons de se croire supérieurs à leurs voisins. Si ce n'était pas par le sang, ils trouveraient autre chose. » Une touche d'humour passe dans ses yeux bleus, atténuant la solennité de cette déclaration. « Regarde-moi, qui ne peux pas m'empêcher de ronchonner après la vieille McDonald ! » Et tu ne peux t'empêcher de pouffer à la mention de la voisine en question, parfait cliché de l'Écossaise acariâtre et avare, après laquelle ta propre grand-mère ne cesse jamais de pester.  

Consciente de la sagesse de ses propos, tu lui retournes un tendre sourire avant d'en revenir à votre invité du soir, réfléchissant déjà aux prochaines questions que tu pourrais lui poser. Et ta curiosité ne manque pas d'en susciter une... « Pourriez-vous me parler de la Salle Commune, des dortoirs ? Je me demande s'ils ont beaucoup changé... » Voilà bien des réponses que Jane n'aurait pu t'apporter. L'austérité, les représailles à leurs fraques – comme lorsqu'elle désertait l'étude pour rejoindre son Ian à la lisière de la Forêt Interdite –, les cours : tout cela, ta grand-mère l'a déjà évoqué pour toi au fil des photographies usées sur lesquelles elle apparaît rieuse et pleine de vie, dans cet uniforme flambant neuf qui faisait manifestement sa fierté. Au fil des pages s'était adjoint Ian, toujours bien plus discret que sa sémillante future épouse, jusqu'à cet encadré que tu chéris, posé sur un guéridon proche, les représentant vêtus de leurs plus beaux atours au jour de leur union. Un regard vers le cliché et tu lâches une exclamation incrédule. « Jings! » Comment n'y as-tu pas pensé plus tôt ? Reposant en hâte tasse et soucoupe, tu déplies tes jambes et te relèves, rejoignant sans hésiter le buffet trônant à l'autre bout de la pièce, que tu entrouvres pour te saisir d'un épais album. Tu te réinstalles sur le canapé, compulsant les pages parcheminées à la recherche d'une photographie bien particulière, contemplée des dizaines de fois. L'exemplaire originel de celle qui trône à vos côtés dans son cadre de bois. Et sur la page en vis-à-vis, issue d'une même série, le couple encadré de proches amis s'étant portés témoins pour leur mariage. Et là, un pas en retrait derrière ton grand-père, les deux hommes s'étant portés garants. À sa droite, Fergus, aux traits si similaires aux siens, que leur lien de parenté semble évident, et à sa gauche, un visage fin, encadré de mèches sombres, vers lequel tu pointes un index curieux. « Est-ce vous, là ? » Tes yeux montent vers lui, reviennent à l'album. Merlin, maintenant que tu as l'image sous les yeux, tu n'en reviens pas de n'avoir pas fait plus vite le lien !


HRP : je trouvais ça choupi qu'il ait pu être témoin à leur mariage mais si ça te semble improbable, j'éditerai :smi40:

Invité

avatar
Invité
Sam 8 Aoû - 14:18
🌢 Sous les étoiles de l'Écosse
Dans la nuit du 26 au 27 février 2004,
Dans un petit village sorcier perdu en Écosse,
Demeure des grands-parents de Erin McAllister,
(Faim qui titille - 8/14 Jauge de Rötschreck)

▼▲▼

La pelle ne serait pas de trop pour excaver certains souvenirs. À force de passer à travers les décennies et d'en accumuler toutes sortes d'informations … Il lui était parfois difficile de vraiment se remémorer l'ensemble de son existence. Si certains épisodes restaient indubitablement ancrés en lui, la faute aux émotions ressenties, ce n'était malheureusement pas le cas de tous. La pelle, métaphorique donc, était sans doute le meilleur moyen qu'il avait en sa possession pour mobiliser les fragments de son passé.

Surtout lorsque les bribes concernées datait littéralement du siècle dernier.

Malgré cette difficulté muette, le visage du vampire rayonnait d'une quiétude évidente. Il ne s'en cachait pas particulièrement, notamment depuis que ses pas l'avaient mené dans la demeure de Jane. Les souvenirs mêlaient pourtant des sentiments contraires mais il faisait le choix – visible – d'en conserver seulement le pendant positif. L'expression toujours sincère et curieuse de la jeune Erin, en dépit des minutes écoulées, avait probablement joué un rôle dans cette décision.

Les avancées réalisées ces dernières décennies. À défaut des lèvres, les yeux de l'immortel trahirent un sourire à cette mention. Ils étaient progressivement sur la bonne voie. Ils devaient juste continuer à avancer et dépasser les mésententes qui menaçaient l'équilibre du monde. Plus facile à dire qu'à faire, il le savait. Toutefois, un peu de naïveté et d'espoir ne tuait personne lorsqu'il s'agissait de rêver au bien commun. Et puis, ce né-moldu dont parlait sa rousse interlocutrice … Henry ne pouvait qu'éprouver de l'empathie pour lui. La différence avait persisté en certains milieux, il en avait bien conscience.

Il le voyait, même : son statut pour le moins indépendant de la société sorcière ne l'épargnait pas quant aux convenances attendues. Il valait moins qu'un Sang-Pur, déjà de son vivant mais aussi aujourd'hui. Alors ceux qui vivaient encore pleinement dedans ? Ils souffraient. C'était une évidence douloureuse, qui persistait dans l'ombre des dorures peintes par le Ministère. Il n'était pas dupe en dépit de ses espérances progressistes. Il l'entendait bien, d'ailleurs, lors de ses séances. Il y a aujourd'hui encore des sorciers qui se permettent de juger sur ce genre de critères.

Le vampire avait acquiescé, très délicatement, en guise de réponse. La voix de sa vieille amie compléta mieux que lui les pensées amères de leur cadette. Les moldus n'étaient pas plus des saints que les sorciers. Les échos de Francfort, autrefois assourdissants d'angoisse et d'injustice, témoignaient aisément de cette autre horreur possible. Il y avait toujours eu des guerres, pour des tas de raisons différentes. Il risquait d'y en avoir encore, à la moindre baisse de vigilance : elles prendraient seulement une nouvelle forme. L'innovation ne se cantonnait hélas pas à la science et aux bienfaits civils.

S'il avait été vivant, le souffle d'Henry aurait souligné ce soupçon d'exaspération inquiète. Faute de respirer perpétuellement, les traits de son nez se contractèrent néanmoins par réflexe. L'espace de quelques instants. Bien assez pour lui rappeler sa propre faim, au passage, toujours présente et tapie au fond de son esprit. Guettant une faille plus exploitable. Il secoua très légèrement le menton pour se reprendre et prêter une attention précieuse aux nouvelles interrogations d'Erin. « Pour être le plus honnête possible … Laissez-moi vous dire qu'à l'époque, nos chambres étaient les plus confortables de tout le château. Non seulement les lits étaient enveloppants de draps et chaleureux, mais je garde également un souvenir très satisfait des oreillers. Nous en avions plusieurs et même s'ils avaient plus vécu que nous à l'époque, ils donnaient une allure rassurante à nos chambrées. Oui, c'est exactement le mot, rassurant. Poufsouffle offrait déjà un écrin de protection aux jeunes âmes que nous étions. Il y a avait des plantes, également, dans de petits pots jaunes et bruns, qui apportaient un peu de nature à nos pièces. Elles poussaient très lentement, je ne sais pas si elles ne sont pas plus grandes désormais ? » Il devait se concentrer sur cette image pour en oublier la Bête. « Nous avions aussi récupéré des tonneaux vides et une planche, dans la salle commune, pour avoir une table en plus. Il n'était pas rare d'y déposer dessus quelques gourmandises, quand les préfets étaient distraits, ou d'y faire nos devoirs. Nous étions très travailleurs, alors il n'y avait jamais assez de place. Avec un peu de chance, elle y est encore. » Mine de rien, c'était une pensée amusante. Pas vrai ?

La jeune femme s'était relevée, obligeant l'immortel à pencher le visage sur le côté, teinté de curiosité et de surprise. Elle l'avait pris légèrement au dépourvu. « Un souci, Erin ? » Effectuant tout un mouvement cadencé et souple pour en récupérer un épais ouvrage et en extirper … Des photographies. Oh. Est-ce vous, là ? Cette fois-ci, le sourire qui s'afficha sur ses traits pâles ne s'estompa pas. « En effet. Il s'agit bien de moi. » Il n'avait pas tant changé depuis, sans surprise. Il devrait s'en sentir troublé et malaisé, pourtant … Il ressentait plutôt de la tendresse à cette vision. De l'attachement, plus exactement, pour tous les visages gravés sur le papier glacé. « Nous étions si heureux, ce jour-là. Sincèrement, je pense qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour en ce monde. Votre grand-mère et Ian étaient des exemples pour nous tous, à ce sujet. Sans te faire trop rougir, Jane. »

Il lui sembla que la Bête feulait de désapprobation, quelque part dans son crâne, mais il s'accrocha fermement à cette émotion si précieuse. Ce sentiment de chaleur qui lui manquait en permanence et qu'il chérissait de voir chez les autres faute de pouvoir s'en sentir digne.

Cette photographie datait d'une autre époque et elle arrivait pourtant à lui conférer de belles inspirations. Son sourire devint plus doux. Il devait beaucoup à Jane.
CODAGE PAR AMATIS - 966 mots


HRP : Au contraire, je trouve ça beaucoup trop adorable I love you Et navrée pour le retard!

Invité

avatar
Invité
Sam 22 Aoû - 18:17
Sous les étoiles de l'Écosse@Henry MilfordErin


26 février 2004

Délicatement, du bout des ongles, tu sépares les pages de l'épais album en prenant garde d'épargner le papier parcheminé par les années. Cherchant au détour d'une photographie ce jeune homme au visage si semblable à celui de votre hôte de ce soir, ses traits à peine marqués par le passage du temps. Tes yeux s'attardent l'espace d'un instant sur un cliché plus grand que les autres, où semblent se répondre les regards énamourés des jeunes mariés. Le rire délicat de ta grand-mère s'élève, un peu ému sans doute, de ces souvenirs autant que du compliment élégamment offert par son ami. « Oh, nous en avions bien conscience. Quelle responsabilité sur nos épaules ! Mais il fallait bien tenir le cap, au milieu de vos célibats et aventures sans lendemain. » Sur un clin d’œil, elle reprend sa tasse de thé, sirotant les dernières gouttes avec l'expression paisible de qui revit ces moments évaporés. Te laissant tout loisir de  réfléchir à la description des dortoirs délivrées par Henry – à qui tu as à peine laissé le temps de répondre, tout à ta hâte de compulser le vieil album photo. « Les oreillers sont toujours là. Les plantes aussi ! Sans doute plus encore qu'à votre époque, notre directrice de maison n'étant autre que la professeur de Botanique. Elle insistait pour que nous en prenions grand soin. » Avec le recul, tu as souvent songé à cette marotte de Mrs Chourave, jusqu'à en venir à la conclusion que cette cohabitation ne se faisait pas sans raison. En vous encourageant à participer au jardinage collectif, elle créait un esprit de corps à nul autre pareil. Vous vous réveilliez parfois au matin pour filer observer les nouvelles pousses sorties de terre, les fleurs tout juste écloses. C'était à qui s'extasierait le plus, à qui serait le plus fier du fruit de ce travail commun. Longtemps, tu avais pensé que cette petite originalité découlait directement de la personnalité de votre directrice, mais à entendre votre invité, la tradition remontait à bien avant vous. Songer que ton grand-père ait pu autrefois prendre soin des mêmes plantes que toi... L'idée te séduit assez. Quand à la table qu'ils auraient mis en place... « Mais oui, elle y est toujours ! Depuis le temps, elle a été consolidée et les petits tonneaux qui servent de siège ont été garnis de coussins et de plaids pour les rendre plus confortables. Certains prétendaient même que les tonneaux en question étaient remplis d'hydromel, mais personne n'a jamais osé vérifier. À ma connaissance, du moins. Et le fauteuil près du feu ? Était-il déjà couvert de pièces de tissu multicolores ? » Un vrai patchwork que ce fauteuil fatigué, usé par des générations de fessiers, et qui semblait avoir été rafistolé par les élèves eux-mêmes, alimentant au moins de rumeurs que le contenu des fameux tonneaux.

Avant qu'Henry n'ait eu le temps de répondre à cette nouvelle question, tu sens Jane se redresser à côté de toi, étirant son dos endolori par une arthrite tenace. Avec précautions, elle s'extirpe du canapé avant de vous adresser un tendre sourire. « Puisque vous voici en si belle discussion, je crois que je vais en profiter pour aller me coucher. Henry, je te verrai demain matin, comme d'habitude ? Je t'ai préparé la bibliothèque. » Trop lasse après une longue journée, la vieille dame ne restait jamais éveillée trop tardivement, même lorsque lui venait la visite de son ami. Et à défaut de pouvoir lui préparer un lit pour aider à son repos, elle mettait un point d'honneur à garnir le canapé de la petite bibliothèque de tous les coussins possibles, déposant sur un guéridon à proximité les dernières lectures qu'elle souhaitait lui partager. Ce qui donnait lieu à d'interminables débats littéraires sitôt son réveil, aux premières heures du jour, bien avant que l'aube ne pointe à l'horizon. Un baiser sur tes cheveux, elle tend une main douce à son ami, avec ce qui te semble être comme un regard entendu, avant de quitter la pièce pour rejoindre sa chambre à coucher, laissant dans son sillage, l'odeur mêlée des shortbreads et de son parfum au chèvrefeuille.

HRP : J'ai fait partir Jane pour qu'ils puissent éventuellement partir sur des discussions plus personnelles pour Erin, comme on l'avait évoqué au tout début. Tu me diras si ça te convient ? :smi62:

Contenu sponsorisé

Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum