Si vous ne lisez pas les journaux, vous n'êtes pas informés. Si vous lisez les journaux, vous êtes mal informés.
@Ava Moore, membres du club journal et étudiants volontaires ! - 873 mots
Club Journal | Journalisme et rebellion
Citation :
Le club journal sera exceptionnellement ouvert à ceux qui n’en sont pas membres.
Venez nous rejoindre à 17h ce vendredi pour découvrir ses activités et participer à la réalisation du prochain numéro de la Gazette de Poudlard !
Depuis plusieurs jours, ces petits panneaux sont apparus un peu partout dans Poudlard, accompagnés d’un plan pour trouver la salle. Devant ma salle de classe et la porte du club bien sûr, mais aussi près de la Grande Salle, dans le dortoir des Serdaigles et aux endroits où les volontaires ont bien voulu les accrocher. Je ne vais pas mentir, si je prends cette initiative justement aujourd’hui, c’est parce que je veux aussi pouvoir offrir un lieu où venir échanger sereinement sur les derniers évènements.
Il a viré Asao. Enfin, ça m’enrage aussi pour la jeune Ollivander, mais je la connaissais moins. Asao était le préfet en chef, et en plus d’être à la chorale, c’était un membre du club journal – un membre actif, une perle le jeune homme ! Ce qui d’ailleurs rend plutôt décevant sa participation à cette bêtise avec Reissen - quoique, à la réflexion, c’est moyennement surprenant vu son tempérament. Mais quand même. Rogue a viré Asao. En voilà une idée abominable, une réponse idiote à un geste stupide – sauf que les uns ont dix sept ans, et l’autre… L’autre est vieux – je ne veux pas m’avancer sur l’âge exact de mon supérieur hiérarchique. La bonne nouvelle, c’est que ma colère de ces derniers temps s’est transformée en déception. Ça ne me rend pas plus joyeux, mais je suis objectivement moins agressif. Enfin, je suis quand même un peu bougon bien sûr, mais je n’ai plus envie de frapper dans des objets dès que je me retrouve seul. Et puis, aujourd’hui, c’est la réunion du club journal. La première depuis l’exclusion des deux étudiants de dernière année. J’essaie de laisser les membres le plus libre possible en général, je me fais particulièrement discret, assis dans un coin sans intervenir, simplement prêt à aider ; mais j’ai décidé de changer un peu la formule, juste pour cette fois-ci. Parce qu’il va bien falloir que la Gazette de Poudlard parle de ce qui vient de se passer, alors autant réunir les informations auprès d’un maximum de personnes et être là pour éviter un dérapage incontrôlé. On verra bien qui viendra, on verra bien ce dont seront faites les discussions, et ce qui en ressortira.
Dans la salle encore vide, je m’étire sur ma chaise. Turing me saute sur les genoux. « Ah bah, tu m’as suivi sale fouineur ? » Plus il grandit, plus il devient collant ma parole. Je passe ma main dans son pelage tigré. « Tu viens m’empêcher d’avoir l’air sérieux ? Il faudra que tu descendes de mes genoux quand les étudiants arriveront tu sais ? » Je jette un coup d’œil autour de moi. Ca n’a pas changé depuis ma propre scolarité, à part les affiches et les articles accrochés ça et là qui ont été actualisées (encore que je suis presque certain que celle sur le coin du mur à ma droite pour le club d’échecs a été mise ici devant moi lors de ma dernière année). Cette aile du château n’a pas du être trop touchée par la Bataille de Poudlard. Des bruits dans le couloir me sortent de mes pensées, et la porte s’est ouverte avant que je n’ai eu le temps de faire déguerpir Turing. « Aller chaton, ouste. » Il saute de mes genoux et une fois sur le sol me lance un regard noir de mépris qui semble signifier tu ne me mérites pas, humain. Je remets mes lunettes correctement sur mon nez et adresse un sourire aux personnes qui entrent. « Laissez la porte ouverte s’il vous plaît, comme vous le savez peut-être j’ai permis aux étudiants non membres de participer, tout le monde n’est peut être pas arrivé. » les chaises sont réparties en cercle, et ma place ne me met pas dans une position de domination. Je suis référent ici, pas professeur. J’aide, je m’assure que tout se passe bien, mais je ne suis pas sensé user outre mesure de mon autorité. Du coin de l’œil, je vois Turing s’allonger sur mon ordinateur sur mon bureau installé dans un coin. Sale bête, c’est une habitude que je tente de lui faire perdre, et voilà qu’il profite que je sois occupé pour recommencer, comme pour me narguer ou me faire payer de ne pas continuer à le câliner. « Bien. Tout d’abord bonjour tout le monde. J’espère que vous allez bien ? » La question n’est pas qu’une pure politesse rhétorique. « Comme vous le savez, deux étudiants ont été exclus par le directeur, donc Asao ne sera pas avec nous aujourd’hui. » Difficile de faire preuve de moins de tact que ça, mais bon ce n’est pas comme si je leur apprenais la nouvelle. « Puisqu’il y a des personnes qui ne sont jamais venues, je rappelle que ce qui se dit dans cette pièce doit rester dans cette pièce, et que les journalistes, même ceux en herbe, protègent leurs sources. Quelqu’un a une idée particulière pour le prochain numéro, une question ou quelque chose à dire ? »
La vie d’Ava était assez remplie. Elle avait fait le choix de choisir différentes activités pour passer le temps, mais aussi pour créer du lien social. Deux ans plus-tôt, elle avait décidé de s’inscrire au club de journalisme en plus du Quidditch. Cela lui prenait du temps, mais elle adorait ça et ne voyait plus comment elle pourrait s’en passer. La jeune femme aimait depuis toujours défendre la veuve et l’orphelin, un peu comme dans les romans qu’elle lisait sur les chevaliers de la table ronde. Disons qu’elle aimait se porter au secours de son prochain et que le journalisme le lui permettait. Grace au journal, elle pouvait informer les élèves, mais aussi leur donnait la parole. Parfois, elle se lançait dans de véritables enquêtes qui n’aboutissaient pas toujours, mais impossible de dire que la gryffondor ne s’était pas investie.
La jeune femme marchait dans le couloir, elle connaissait le chemin, les dédales de couloirs n’étaient plus un secret pour elle, même si parfois, les escaliers continuaient à lui jouer des tours. Son regard se posa quelques secondes sur une des affiches qu’avait déposées le président du club de journalisme : Lemony Anderson. Il était aussi son professeur de science moldue et comme elle, il n’était pas né sorcier, mais moldu. Ils avaient des points en commun, une vie assez semblable, car pendant un temps, ils avaient vécu une vie de moldus. Sans se douter que leur vie était sur le point de changer. En tout cas, la jeune femme espérait que plusieurs élèves répondraient à leur appel. Elle se pinça les lèvres, elle en doutait. Peu d’élèves s’intéressaient au club de journalisme, elle ne comprenait pas trop pourquoi… Ils préféraient les autres activités. La jeune femme espérait que son meilleur ami se joigne à eux, mais le connaissant, il y avait bien peu de chance pour qu’elle voit le bout de son nez. Emrys était comme ça, assez inaccessible et malgré leur amitié, il n’en faisait toujours qu’à sa tête. Qu’importe ce qu’elle dise, il ne changerait pas pour lui faire plaisir et il était bien loin d’aimer le club de journalisme.
« Allez Simba, on s’active. » Le chien la suivait en trottinant, mais s’arrêtait fréquemment pour saluer les élèves ou bien pour courir après un chat. Ce qui plaisait rarement à son propriétaire. Vu qu’elle n’allait pas en cours, la jeune femme se permettait de le prendre avec elle, histoire qu’il ne ruine pas une fois de plus le dortoir. Il allait falloir qu’elle arrive à régler ce souci, parce que ça commençait à être assez problématique. « Viens ici ! » Le chien redressa une oreille, puis une deuxième, et avec son orgueil habituel, s’approcha de la jeune femme d’un pas glorieux, comme s’il s’apprêtait à recevoir la médaille du meilleur chien… Elle laissa échapper un rire amusé. « Tu es irrattrapable. » Franchement, parfois, elle se demandait ce qui lui passait par la tête. Heureusement, sa petite bouille la faisait toujours autant craquer. « Allez viens. » Ava attrapa le chien et le prit dans les bras. L’animal ne mit pas bien longtemps à se lover contre elle. « On ne lui dira pas. » plaisanta-t-elle en pensant à Emrys. Ce dernier n’aimait pas vraiment Simba. Il n’était de base pas fan des chiens et encore moins des ramasses poussières, comme il aimait si bien le rappeler à Ava. Régulièrement, il disait que si elle continuait à le porter, Simba finirait par ne plus savoir marcher. Il n’avait peut-être pas tort, mais Ava allait beaucoup plus vite en le prenant dans les bras. Le jour où il écouterait enfin, peut-être qu’elle pourrait le laisser se mouvoir à sa guise, mais pour le moment elle préférait utiliser l’option des bras. « Puis ce n’est pas par là. » Précisa t’elle, alors que Simba s’apprêtait avant qu’elle ne le prenne à emprunter le mauvais chemin. « Écoute le vieux Rafiki, il connaît le chemin ! » Un rire amusé sortit de sa gorge. Et oui, on a les références que l’on mérite.
Quelques minutes, plus tard, la jeune femme rentre à son tour dans la salle. Elle n’est pas seule, Mr Anderson s’y trouve déjà. « Oublie toute de suite l’idée ! » dit-elle à Simba qui gesticule dans ses bras pour tenter d’aller « s’amuser » avec le petit chaton qui se trouve un peu plus loin dans la pièce. Son chien n’étant pas le plus courageux, elle le dépose sur un banc. Vu sa petite taille, c’est comme s’il se trouvait sur une grande table, trop haut pour sauter, il se contente de s’asseoir pour observer l’étrange petite créature poilue qui se trouve un peu plus loin.
En l’absence d’Asao, le club lui semble bien vide. Déjà qu’il n’était pas bien rempli. Ava n’a pas vraiment été surprise par l’annonce. Tout le monde s’y attendait à vrai dire… Mais cela restait le dommage pour le club de Journalisme, surtout que le jeune homme n’était pas désagréable. Au contraire, il était même sympathique, ils s’entendaient bien… Mais après ce qui s’était passé, impossible que le directeur ne le sanctionne pas. Pas de chance, cela sanctionnait énormément leur petit club de journalisme. Désormais, il n’était plus qu’une petite poignée… « Bonjour Monsieur Anderson. » Poliment, elle prend place à côté de son compagnon à quatre pattes qui ne met pas longtemps à venir sur ses genoux pour les utiliser comme coussin personnel.
Les minutes passent et quelques têtes inconnues passent enfin la porte. Cela est une bonne nouvelle. Peut-être vont-ils réussir à recruter. Espérons que ces personnes restent parmi eux… Mais elle n’a pas beaucoup d’espoir.
Des idées pour le journal, Ava en a quelques-unes, donc une qui lui trotte en tête depuis quelque temps déjà. Alors sans attendre, elle lève sa main et prend la parole. « Bonjour tout le monde, je m’appelle Ava Moore et cela fait presque 3 ans que je fais partie du club de journalisme. Je suis attristée par le départ d’Asao, je sais à quel point, il tenait au journal, cela lui tenait à cœur. » Elle marque un petit temps d’arrêt avant de continuer. « Voilà pourquoi je pense qu’il serait bien qu’on tente d’obtenir quelques témoignages d’élèves en rapport avec les derniers événements. Beaucoup de choses se sont passées dernièrement, mais la parole n’a pas été donnée aux élèves. C’est ce que je propose, qu’on fasse une émission en lien avec le ressenti des élèves, sans langue de bois. Peut-être en leur demandant s’ils veulent témoigner de manière anonyme. Il nous restera à tout bien structurer. Si certains élèves veulent participer, on pourrait même organiser un débat lors d’une émission... Qu’en pensez-vous ? »
– Dépêches toi Muninn ! On va être en retard ! Allez !
Et clap clap faisaient les petits pas d’Eirian sur le carrelage des couloirs. Et flap flap faisaient les ailes du Grand Corbeau qui la suivait dans les airs. Fin d’après-midi, fin de semaine, moment parfait pour enfin se défaire de toutes les instructions et les règles de cette école saugrenue. Chez la jeune Verbena, cela se traduisait au fait qu’elle avait abandonné son uniforme de petite poufsouffle pour une tenue de lin ; pantalon brun, grande tunique blanche et ceinture de cuir pour réaffirmer la taille et tenir sa sacoche de runes. Enfin, ne pas oublier le plus important, mais son corbeau pouvait désormais être son ombre dans les couloirs, personne ne pourra le lui reprocher ! Et faut dire que c’était un très bon terrain de jeu pour les deux amis : c’était large, grand, permettant au corvidé de facilement la suivre en intérieur.
Alors le lieu s’emplit d’échos de rires et de croassements sinistres. La fillette s’amusait à se faire poursuivre par son familier, le narguant avec des fruits secs fraichement « empreintés » des cuisines – l’avantage d’avoir une salle commune juste à côté – et le but du jeu n’était autre que d’échapper aux serres de l’oiseau et celui-ci faire preuve d’assez d’agilité pour les chaparder dans ses mains gantées. Un moment de gaieté, avant de retourner au travail demain comme une vrai Verbena avec la visite de son Oncle et de sa Völva pour le week-end. Donc, fallait en profiter pour jouer et faire des conneries d’enfants.
Enfin, presque, car il y avait un rendez-vous à ne pas manquer ce soir ; les portes-ouvertes du Club de Journalisme. Ce club ne l’intéressait guère, trop centrée sur la sociabilisation, mœurs, actualités, intérêts quotidiens de la vie d’autrui et surtout de celle de l’école. Hor, Eirian s’en fichait. Elle ne le lisait que rarement par ailleurs, elle avait un peu une mauvaise image du Journalisme à travers les fictions qu’elle avait lu. Trop de bruits de couloirs, de ragots et autres spéculations parfois ridicules et sans intérêt. Genre, bientôt ils vont te dire à quelle heure précisément va @Severus Rogue au petit coin ! Bon, ça ne veut pas dire que le journal de l’école était de ce niveau, mais disons pour une petite Verbena solitaire, elle préférait faire plus attention à ses fesses qu’à s’intéresser aux problèmes de l’école.
Alors pourquoi y aller ? Ben tout simplement pour @Lemony Anderson ! Il n’y sera pas en tant que professeur, donc il n’y aura plus la barrière qu’elle s’efforce à mettre entre élève et enseignant. Non, là elle allait pouvoir le voir comme un ami – certes éloigné – de la famille. Et ça, c’était une perspective qui l’enchantait d’avance… ça et un peu de curiosité, c’est vrai. Même si elle n’était pas intéressée par le journalisme, ni par cette gazette en elle-même, on va dire qu’elle était quand même un peu curieuse de savoir comment ils procédaient ici pour monter les articles.
D’ailleurs, elle était un peu en retard, mais on va dire que c’est à cause de Muninn et qu’elle ne se souvenait plus trop où se trouvait la salle du Club. Quand elle arriva dans le couloir, il y avait déjà une présentation de lancée. Une voix féminine. Pas Lemony. La fillette resta devant la porte pour l’écouter, attendant qu’elle termine avant de passer sans lui couper la parole. Ça parle de l’histoire des renvois. De la liberté d’expression, du droit à la parole, de témoignages face aux ressentis de cette affaire, tout ça… Bref, rien qui intéressait Eirian, car aux yeux de l’enfant, ce chapitre était clôt. Les deux élèves ont merdé, ils ont payé les conséquences. Point. Elle n’allait pas remettre en doute les choix de son Monsieur Severus. C’était son école et elle avait confiance en son mentor.
Alors, Hop, elle profita que cette @Ava Moore ait fini et que les élèves échangent leurs avis sur le sujet dans un brouhaha maîtrisé pour filer, traverser la pièce et clap clap firent ses petits pas !
– Lemonyyyyy !
Et elle tint la dernière syllabe jusqu’à, pouf, elle se retrouve dans les jambes de l’intéressé en question. Muninn s’était déjà trouvé un perchoir dans la lampe de bureau. Face à cette entrée bruyante, qui lui attira tous les regards, particulièrement à son geste considéré comme déplacé pour une élève face à un professeur, la petite blaireautin se tourna vers les autres et répondit avec un naturel presque insolent :
– Désolée, vous pouvez continuer, je suis juste venu pour Lemony !
Et hop, elle pausa ses petites mirettes sur le jeune homme, grand sourire éblouissant de ce petit rayon de soleil bien trop heureuse d’être en fin de semaine et loin de ses responsabilités d’élève :
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@Ava Moore, membres du club journal et étudiants volontaires ! - 825 mots
Club Journal | Journalisme et rebellion
Je salue les élèves qui arrivent, un peu déçu de ne pas voir plus de nouvelles têtes malgré ma proposition. Peut-être sont-il en retard ? Peut-être que cela n’intéresse personne, finalement. Je chasse cette idée d’un geste de la main. Bah, il y a toujours les plus motivés et les plus consciencieux, et cela en soit devrait me rendre particulièrement heureux et fier. Me rend, d’ailleurs. Je présente le club et rappelle la situation, en camouflant je trouve assez bien mon amertume. Rogue a peut être été idiot, mais il n’est pas dit que nous ne sortirons rien de bon de tout cela. Je souris, en attendant que l’un ou l’autre des étudiants ne se décide à prendre la parole. Ava lève la main, et je lui fais signe de se lancer. « Bonjour tout le monde, je m’appelle Ava Moore et cela fait presque 3 ans que je fais partie du club de journalisme. Je suis attristée par le départ d’Asao, je sais à quel point, il tenait au journal, cela lui tenait à cœur. » Je hoche la tête, sans la couper. Asao était peut-être plus actif à la chorale, mais il restait un incontournable au club journal, un modèle et une grande aide pour les plus jeunes. « Voilà pourquoi je pense qu’il serait bien qu’on tente d’obtenir quelques témoignages d’élèves en rapport avec les derniers événements. Beaucoup de choses se sont passées dernièrement, mais la parole n’a pas été donnée aux élèves. C’est ce que je propose, qu’on fasse une émission en lien avec le ressenti des élèves, sans langue de bois. Peut-être en leur demandant s’ils veulent témoigner de manière anonyme. Il nous restera à tout bien structurer. Si certains élèves veulent participer, on pourrait même organiser un débat lors d’une émission... Qu’en pensez-vous ? » Quelques mots sont échangés, à voix basse, et des regards se croisent. Je suis sur le point de répondre à mon tour quand la porte s’ouvre sur @Eirian Almasdóttir qui m’arrive dessus en trottinant « Lemonyyyyy ! » C’est qu’elle a du coffre, la gamine. J’offre un sourire crispé aux étudiants témoins de la scène, et la jeune Poufsouffle se retourne vers eux avec une sorte d’insolence qui même moi me laisse pantois. « Désolée, vous pouvez continuer, je suis juste venu pour Lemony ! » Ohlala… Je ne suis pas certain de comment affirmer mon autorité sans brusquer la petite écossaise ou sans faire preuve de trop de favoritisme. Je remets mes lunettes droit sur mon nez en lui souriant, un peu mal à l’aise. « Coucou Lemony ! Tu vas bien ?! » Superbe. Il faut vraiment que je demande conseil à Orion Fleury pour elle. Et à Severus Rogue, aussi, je crois. Je m’efforce de retrouver un peu de ma contenance avant de m’adresser à la gamine. « Eirian, c’est un club maintenant, tu ne peux pas juste arriver et me… Enfin je ne suis pas vraiment disponible. » Je n’ai pourtant pas le cœur de repousser trop la gamine, et je soupire. Je la saisis par les épaules pour la conduire à mon bureau, et l’assoie au siège que je devrais occuper. Je me baisse pour me trouver à son niveau, et lui parle à voix basse pour que les autres étudiants n’entendent pas trop notre échange – mais elle a fait sensation, la joyeuse gosse en arrivant, et une partie des regards sont tournés vers nous, pour ceux qui ne ricanent pas entre eux. « Écoute, je dois m’occuper de ça maintenant, mais si tu attends jusqu’à la fin de la réunion je prendrais du temps pour toi, d’accord ? » Je cherche dans sur mon bureau mon sac sans fond, et j’en sors ma liseuse magique et un sachet de dragées surprises de bertie croche. Rapidement, je fouille la bibliothèque pour invoquer le premier livre auquel je pense. Après un bref instant, je lui tends le Hobbit de Tolkien et les friandises. Ça devrait l’occuper assez pour qu’elle ne se fasse pas trop remarquer. « Tiens, prends ça, et je suis à toi dès que j’ai fini. » Je range la liseuse, me frotte les mains et retourne aux étudiants.
« Navré pour cette intervention. Du calme, du calme s’il vous plaît. » Où en étions-nous déjà ? Ah oui, c’est vrai, Ava. « C’est une excellente idée Ava. Il faudra je pense être particulièrement attentif à respecter l’anonymat des personnes qui participeront par contre, en tant que chroniqueur comme en tant qu’invité. » Il ne manquerait plus que Severus Rogue soit pris d’une nouvelle colère et me vire les derniers membres du club – ou me vire moi, d’ailleurs. Non, c’est un homme raisonnable. N’est-ce pas ? Pourquoi je suis un peu inquiet ? « Est-ce que vous êtes motivés par cette idée, ou est-ce que vous avez d’autres propositions ? » Je me redresse un peu sur ma chaise. « Des idées sur comment procéder, Ava ? »
Et la fleur se fana. L'éclat de ses yeux s'assombrit et les couleur de son visage se ternirent. Les paroles du professeur tombèrent lourdement dans son coeur. L'enfant se sentit incroyablement stupide. Là, conduite par les épaules au bureau. Mélange d'incompréhension et de culpabilité au fond de la gorge. C'était aigre. Eirian était venue voir Lemony avec un plaisir aveuglant, de sa bonne humeur presque insolente, heureuse de partager un moment avec lui, loin de courts inter-cours trop justes pour pouvoir échanger convenablement. Elle pensait sincèrement que c'était ça, aussi, les portes-ouvertes. Comme dans les romans, ou celles de Poudlard avec l'attaque du dragon ; on était libre de faire ce qu'on voulait, de parler avec qui on voulait. C'était donc le moment rêvé pour être avec Lemony ? Ben non, ces portes ouvertes là restaient une séance de club qu'elle venait de déranger... Elle avait honte. Honte parce qu'elle s'était faite remarquée en plein flagrant délie de « à côté de la plaque ». Honte parce qu'elle entendait certain ricaner pour sa stupidité. Honte parce que le professeur la congédiait comme il le pouvait après qu'elle l'ait mis dans une situation délicate. Elle le voyait, à ce sourire crispé, à ce soupir, à ce regard ; elle l'avait dérangé. Sa présence n'était pas réellement désirée dans un sens. Une constatation d'autant plus douloureuse après les événements récents ; après la perte d'un de ses alliés, la fillette avait besoin de se sentir encore entourée.
Ce fut donc calmement qu'elle se saisit par ses deux mains de l'ouvrage qu'il lui tendait : Le Hobbit de Tolkien et des friandises. Le visage d'une expression impassible, la voix blanche, elle lui confia un simple « d'accord » en le regardant droit dans les yeux. Et Eirian resta là, un petit instant sur ce siège, sentant des regards sur elle. Complètement exposée à eux. Dès que Lemony lui donna le dos, l'enfant se glissa du siège et vint trouver refuge sous le bureau, dissimulée aux yeux de tous. Et ce fut comme si elle relâchait un poids de ses épaules, de son coeur, laissant son visage se décomposer d'une expression de chagrin et de souffrance. Elle posa le livre à côté d'elle. Ne toucha pas aux friandises. S'il fallait un roman à lire en ce moment, c'était un Stephen King. De la violence. Du sang. Pour cracher ce mal-être. Carrie serait parfait dans son rôle de catharsis. S'il fallait une sucrerie, ça serait du chocolat pure cacao pour le réconfort. Parce qu'à cet instant, elle en avait besoin, parce que cet incident lui rappela combien elle était différente, combien elle n'était pas intégrée parmi les autres élèves. Combien elle se sentait seule.
Elle voulait juste partir d'ici, se cacher à double tour dans la pénombre de la classe d'étude des runes. Mais ça serait leurs donner bien trop de satisfaction. Il fallait faire profil bas pour cette fois. Se montrer forte. Ne pas leur donner raison. Alors elle attendra ici, cachée sous le bureau, ramenant ses jambes contre son buste, se recroquevillant sur elle-même. Elle ne releva même pas la tête quand son corbeau la rejoignit d'un croassement sinistre. Plus le coeur à jouer. Le corvidé connaissait cette position, savait ce qu'il avait à faire. En sautillant, il rejoignit sa petite humaine et s'amusa à se nicher dans son ventre, sous ses bras, attaquant ce visage amère au-dessus de lui à petits coups de bec sur ses lèvres. Enfin un sourire. Eirian replia un peu plus ses jambes contre elle, prenant bien soin de ne pas écraser son familier, s'enfermant dans ce petit cocon d'amour qu'eux seuls avaient le secret.
Journalisme et rébellion - Club de journalisme Février 2004. Paralysée au bout du couloir, la blondinette était chiffonnée. Elle tripotait fébrilement depuis de longues minutes le pendentif en cuivre et métal argenté de son sautoir. Parfaitement à l'avance, elle s'accordait encore quelques minutes avant de prendre son courage à deux mains et rejoindre ses camarades à l'atelier de journalisme. Sur le chemin, la gamine était tombée nez à nez avec quelques-uns des petits panneaux dispersés dans tout le Château par les plus fidèles membres du club, l'empêchant à plusieurs reprises de faire demi-tour. Jökla soupira doucement, ce n'était sans doute pas une bonne idée mais elle s'y était engagée auprès de son Directeur de Maison, @Lemony Anderson.
Celui-ci avait parfaitement réagi le soir de l'annonce du renvoi de ses camarades, notamment celui de Pelagia, une amie proche de la Verbena. Des mots simples qui étaient parvenus à l'apaiser sur le moment, si bien qu'elle était finalement revenue dans la Grande Salle. Sans piper mot, Jökla avait mangé un morceau avec ses camarades de classe, ignorant les regards insistants de la part de certains d'entre eux. Au final, la présence des érudits lui avait fait du bien, ce fut sans doute la meilleure des choses à faire, plutôt que de se morfondre au fond de son lit à baldaquin. La gorge serrée, les derniers de ses mots adressés au Directeur de Maison avaient été les suivants : « D'accord, j'essayerai de venir... » Jökla avait été moyennement convaincue mais le Professeur des sciences moldues avait été si prévenant, impossible de lui refuser quoi que ce soit.
L'adolescente pénétra dans la salle d'un pas plutôt décidé mais tout laissait à penser qu'elle avait été traînée de son lit jusqu'ici par la force. Négligée, sa tignasse platinée avait été rabattue paresseusement sur le côté droit, laissant soupçonner de gros nœuds disgracieux du haut de ses racines jusqu'aux pointes. Abusivement charbonneux, la gamine avait également forcé sur le crayon noir au niveau de ses yeux. Un jean noir troué et un tee-shirt froissé à manches longues vinrent parfaire son look des mauvais jours, débraillé à souhait. Ainsi, la jeune femme émettait plutôt clairement ses réserves sur l'intérêt de sa présence ici-même. Jökla s'avachit mollement sur l'une des chaises, lançant de furtifs regards soupçonneux aux élèves déjà présents dans la salle.
L'érudite repéra aussitôt @Ava Moore, l'une de ses camarades de classe en sixième année et une membre assidue du club. Depuis le temps qu'elle insistait pour qu'elle le rejoigne, elle avait finalement obtenu ce qu'elle désirait. Par ailleurs, la Préfète des lionceaux prit la parole, poussée par Monsieur Anderson, en véritable oratrice : « Je propose, qu’on fasse une émission en lien avec le ressenti des élèves, sans langue de bois... » De jolies propositions dans l'ensemble, néanmoins très éloignées de celles traversées dans la petite tête de la Verbena. À plusieurs reprises, Jökla tiqua sur les termes employés par la Gryffondor et elle sentit ses mâchoires se crisper durement au fur et à mesure de son discours.
Interrompue brusquement dans ses pensées, Jökla adressa un petit signe de main à @Eirian Almasdóttir, sa petite protégée qui était arrivéee à l'atelier par le plus grand des hasards. Pas de bol, des sujets barbants et des histoires de grands, elle aurait eu mieux fait de prendre l'air dans les jardins de Poudlard.
Jökla n'était certainement pas venue livrer son poignant témoignage pour faire pleurer dans les chaumières, cela n'avait strictement aucun intérêt à ses yeux. La jeune femme se moquait éperdument d'émouvoir le public, elle était ici pour réparer une injustice, celle du renvoi de ses camarades de classe. Les yeux rivés au sol, la blondinette croisa les bras sur sa poitrine en soupirant bruyamment, elle avait toujours su que c'était une très mauvaise idée de venir là. Quelle était l'étape suivante, un album de promotion à la mémoire de Pelagia et Asao ? Avec de jolies photos et tout le tintouin, il serait des plus appropriés de leur envoyer une copie en bon souvenir de l’École de Sorcellerie Poudlard. Non mais vraiment, que faisait-elle à cet atelier ?
La blondinette était très déçue, tous n'étaient définitivement pas sur la même longueur d'ondes. « Et pourquoi pas une pétition ? La voix tremblotante, Jökla se racla la gorge. Parler en public, une véritable plaie pour la jeune femme, elle n'avait nullement l'aisance de sa camarade Ava. Une pétition pour la réintégration... de Pelagia et Asao ? » Un chouïa intimidée par les regards braqués sur sa personne, la gamine releva timidement la tête et adressa un sourire gêné au Directeur des érudits. Elle était désolée de perturber ainsi l'atelier du journal, ce n'était pas son objectif. Le Professeur lui avait dit que ce numéro devait être "constructif" mais comment pouvait-il l'être sans même tenter d'obtenir réparation auprès du Directeur de Poudlard, Severus Rogue ?:copyright:️ 2981 12289 0