Le repas s'est terminé dans les rires et la bonne humeur. Les estomacs distendus par trop de petits plats, les yeux brillant un peu plus sous l'effet de l'alcool, les joues creusées d'avoir tant cherché à cacher l'absence sous les sourires. Il est facile, bien plus facile de faire semblant, d'ignorer ces autres assiettes, vides, qui sont demeurées dans le buffet malgré l'espoir vain qu'elles seraient ajoutées à table au dernier moment. Mais ils ne sont pas venus. Et en ôtant la vaisselle de la nappe bleu nuit brodée d'étoiles, replaçant verres et couverts pour combler les creux béants, j'ai vu tant d'éclairs furieux dans les yeux bleus de Fleur. Qu'ils refusent la main tendue, dédaignent son invitation, en ces temps de trêve de Noël, la met hors d'elle. Mais aucun reproche n'a passé ses lèvres, figées en une moue désapprobatrice, elle sait trop combien la situation nous pèse pour ajouter le moindre commentaire. Et, insidieuse, la pensée s'est glissée jusqu'à moi : seraient-ils venus, George et Ron, si je m'étais abstenu ? Si j'étais demeuré avec Papa aujourd'hui après avoir fêté le réveillon avec lui, au lieu de rejoindre ma fratrie pour cette journée de fête ?
L'idée m'a poursuivi toute la matinée durant, sans qu'aucun de mes efforts ne parvienne à la balayer. Et il a fallu toute la tendresse de l'amour de ma vie pour me dérider. Juchée sur mes genoux tout le repas durant, portant indifféremment à ses lèvres purée, chocolat, dinde ou marrons piochés à même mon assiette par ses menottes potelées, menaçant à tout instant d'y faire tremper ses boucles rousses retenues par un fin ruban. Et sa voix flûtée, ânonnant des chants de Noël sur une seule variation, un seul mot revenant comme un laïus « Parrain, parrain, parraiiiin ! » qui me fait fondre en dépit. Loué soit Merlin (et Bill, certes) pour cette bouille rousse constellée de tâches de rousseur qui parvient à me faire rire même au milieu des querelles d'adultes qui nous gangrènent.
Percy et Pénélope nous ont quitté peu après le dessert, pour un tea time chez les grand-parents Deauclaire. « Une tradition immanquable » nous a-t-elle expliqué dans un sourire avant qu'ils ne prennent congés, sa main gantée posée sur le bras de Percy, fier comme un hippogriffe. Fleur s'est excusée pour monter s'allonger, fatiguée des coups incessants donné par le prochain des Weasley à son ventre arrondi. Bill et Ginny ont entamé une partie de bataille explosive et je suis resté là, à regarder mes nièces dormir. Victoire, allongée de tout son long, princesse aux longs cheveux blonds flottant sur ses épaules. Et Dominique, ma Dominique, roulée en boule à l'extrémité, pouce en bouche, un reste de chocolat sur sa frimousse. Deux victoires éclatantes de Ginny plus tard, je me suis levé en silence, quittant la maison sans un bruit.
Dehors, le vent rugit, s'emmêle dans mes boucles rousses et j'enfonce les mains dans mes poches pour les protéger de sa morsure glaciale. Mes pas me portent jusqu'au fond du jardin, près de ce monticule abritant le dernier repos de l'elfe dont j'ai tant entendu parler. Héros de la guerre, dans toute la mesure de sa petite taille. J'abandonne derrière moi le jardin et son muret de pierre, sa barrière incrustée de cent coquillages blancs. La mer est juste devant, si proche que les embruns de ses vagues se déposent en gouttelettes salées sur mon visage. Sauvage, à déferler ainsi de toute la puissance de ses rouleaux, mais si douce quand elle devient se écume. Un moment je reste là, à admirer ses camaïeux de gris sous le ciel nuageux, respirant profondément l'iode dont elle charge mes poumons. Vibrant de ce roulis mélancolique auquel se mêle la souffle du vent et l'écho de pas légers, sur le sable humide.
Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui approche de cette démarche féline, et un sourire monte déjà à mes lèvres. « Alors, tu lui as mis une troisième raclée ? » Elle s'avance encore, s'arrête, ses mèches rousses voletant jusqu'à moi. « Comment vas-tu petite sœur ? » Comment vas-tu, dans ce monde qui vacille, dans cette famille au cœur déchiqueté ?
Noël n’a plus la même saveur, ni la même consistance depuis l’implosion de la famille Weasley. Les événements importants qui autrefois réunissaient autour d’une table gigantesque au Terrier toute une floppée de Weasley sont terminés. Aujourd’hui, pour tel ou tel événements, il faut se rendre chez untel ou untel. Cela ne ravit pas des masses la seule rouquine de la famille qui se voit contrainte de se passer de la présence de certains au détriment de celles des autres. Cette année, c’est Bill et Fleur qui reçoivent les quelques Weasley qui acceptent encore de leur adresser la parole. Même si son cœur n’est pas à la fête, Ginny a fait bonne figure, participant avec plaisir à chaque conversation dans laquelle elle se sent investie. Au début un peu sur la réserve, elle finit par apprécier le moment, se faisant à l’idée que dorénavant il en serait ainsi. Elle a accepté de prêter ses cheveux flamboyant à sa nièce Victoire, dont les cheveux sont aussi blonds que les blés, afin qu’elle lui fasse quelques tresses par-ci par-là, s’improvisant coiffeuse pour la rendre « encore plus belle » pour le repas.
La nourriture est abondante, la bonne humeur règne tout au long des festivités. Le dessert finit par être avalé, si bien que Ginny a l’impression qu’elle va finir par exploser d’une minute à l’autre si on la force à avaler quelque chose d’autre. Percy et Pénélope ne tardent pas à s’éclipser, prétextant un rendez-vous immanquable chez les grands-parents de cette dernière. La rouquine ne peut pas s’empêcher de se demander si elle devrait aussi partir pour aller rendre visite à l’autre partie de sa fratrie. Est-ce que Bill lui en voudrait si elle le faisait ? Et puis finalement, Fleur s’est également absentée à son tour pour se reposer. Son ventre commence à s’arrondir de plus en plus en vue de l’arrivée future d’un troisième bambin. La perspective d’être à nouveau tata enchante grandement Ginny qui adore offrir à chacun de ses neveux et nièces des cadeaux de chacun de ses voyages. Être une joueuse de Quidditch a ses avantages : elle voit le monde. Elle découvre des choses qu’on ne trouve nulle part ailleurs, et ça lui plaît. Et depuis, elle a compris pourquoi son frère Charlie aime tellement vivre en Roumanie. La rouquine a eu l’occasion de voir mille paysages vraiment magnifiques et par moment, elle se serait presque imaginé vivre là et voir où est-ce que sa vie va la mener. Mais indubitablement, elle retourne en Angleterre, là où se trouve les siens.
Pendant que Fleur se repose, Bill a eu l’audace de défier sa plus jeune sœur sur une bataille explosive. Ce genre de petit défi était monnaie courante chez les Weasley, et Ginny ne résiste pas à l’appel de la victoire. Parce que c’est bien ainsi que ça se passe. Malheureusement pour Bill, l’élève a fini par surpasser le maître. Ginny a dû apprendre plusieurs astuces pour remporter la victoire, surtout avec des frères comme Fred et George, et Ron qui use énormément de stratégie. Finalement, elle se laisse prendre au jeu, et enchaîne deux victoires. Bill exige une revanche, et la rouquine la lui accorde, sachant que même s’il remporte cette troisième partie, elle resterait vainqueur des deux précédentes. Et indubitablement, elle l’écrase, provoquant l’hilarité de Bill qui s’avoue vaincu.
Ginny avait remarqué Charlie quittant la pièce, alors pendant que le plus âge des Weasley s’en allait coucher ses deux filles, elle sortit à son tour, après avoir enfilée son manteau. Malgré cela, le froid de l’hiver l’enveloppe et lui arrache un frisson. Ses iris tentent de trouver son aîné dans le jardin, mais il n’en est rien. Il est sorti. Aussi se dirige-t-elle vers la plage dans l’espoir de l’y trouver. Elle sait que Charlie ne partirait pas sans rien dire à personne. Alors il est forcément dans les parages. Elle franchit le muret de coquillage et ses chaussures s’enfoncent doucement dans le sable fin. Après avoir fait quelques pas, elle distingue la silhouette familière de son frère. Le roulis des vagues masque le bruit de ses pas déjà fortement atténué par la texture du sol. Ça ne la surprend pas de l’entendre lui parler. Elle sait ce que c’est. Depuis la guerre, Ginny a la fâcheuse tendance à être constamment aux aguets, guettant quiconque pourrait débarquer derrière elle sans prévenir. Parfois, cela vire même à la paranoïa lorsqu’elle se sent observée et suivie. Dans ces moments-là, elle se prépare mentalement à une attaque, mais celle-ci ne vient jamais.
— La légende raconte qu’il ne s’en est pas encore remis, affirme-t-elle avec un léger rire.
Ginny se poste à côté de lui, son regard regardant dans la même direction que Charlie. Elle replace machinalement quelques mèches rebelles emportées par le vent marin. Fleur et Bill ont vraiment beaucoup de chance de vivre dans un si bel endroit. Elle lève ses cérulées vers son aîné lorsque celui-ci lui demande comment elle va. Charlie, mieux que quiconque, sait quand quelque chose la tourmente. Et des tourments, elle en a plein. Peut-être beaucoup trop pour une jeune femme de vingt-deux ans qui sort à peine de l’adolescence et qui commence sa vie d’adulte. Un soupire finit par s’échapper de ses lèvres carminées tandis que son regard se fixe sur l’océan.
— Je vais bien autant que possible, répond-t-elle. C’est vraiment pas facile mais je suppose qu’on a pas d’autre choix que de faire avec… Ses mains enfoncées dans ses poches, elle hausse légèrement les épaules. C’est un des noëls les plus tristes que j’ai jamais vécu avec tout ce monde absent… Ses ivoires mordillent ses charnues avant de relever la tête vers Charlie : Et toi ? Ça doit aussi te laisser un goût fade sur la langue, n’est-ce pas ?
Depuis mon départ de l’Angleterre, il y en a eu des Noëls loin des miens, des fêtes manquées, des retrouvailles impossibles. Pourtant, depuis la fin de la guerre, j’ai mis un point d’honneur à ne manquer aucune de ces occasions, allant jusqu’à négocier l’intégralité de ma production de bierraubeurre avec Sullivan pour qu’il accepte de me remplacer (et c’est qu’il a tout sifflé sans même m’inviter, cette face de troll !). C’est que les dragons ne prennent pas de congés pour célébrer, et notre astreinte se révèle d’autant plus importante en ces périodes de liesse où l’attention se relâche, où l’alcool coule plus généreusement. Alors chaque année, les dragonniers restants organisent une grande fête pour pallier l’absence de leurs proches et célébrer comme il se doit. À quelques reprises, nos parents ont entrepris le voyage jusqu’en Roumanie, Bill également. Et là, au milieu d’une montagne de plats à faire pâlir les banquets de Poudlard, nous profitions de ces trop rares moments de retrouvailles. Maman et Magda échangeaient des recettes et astuces de tricot, Papa se mêlant à toutes les discussions avec cette facilité déconcertante dont je n’ai définitivement pas hérité. J’ai même le souvenir d’une Ginny guère plus grande qu’une patte de dragon, qui riait aux éclats en esquivant mes attaques de chatouilles, réclamant sans cesse que je l’emmène voir nos sauriens.
Mon regard se détache des flots, revient à elle, pensif. Elle a grandit si vite, si loin. De son enfance et celle de Ron, j’ai parfois l’impression de n’avoir été qu’une ombre lointaine, à peine un frère. Avec Percy et les jumeaux, c’est différent. Nous avons arpenté les couloirs de Poudlard ensemble, passé du temps dans la Salle commune de Gryffondor ou sur le terrain de Quidditch. Godric, c’était sans doute ma plus grande fierté en tant que Capitaine d’avoir pu intégrer mes frangins à l’équipe. J’aimerais d’ailleurs pouvoir vous dire que mon statut de capitaine et de préfet a tempéré leur tendance naturelle à enfreindre le règlement… Mais la vérité c’est qu’ils me savaient bien trop attaché à nos chances de victoire en vol pour craindre que je les prive d’entraînement s’ils dépassaient les bornes. Mais Ginny… elle n’avait que trois ans quand j’ai quitté le Terrier pour l’école, et seulement dix à mon départ pour la Roumanie. Bien sûr, nous avions les hiboux, les vacances, mais ces dérivatifs ne suffisent pas à chasser l’impression que j’ai davantage vu grandir une adolescente de plume que ma petite soeur. Son rire n’a pas changé, lui, et attire sur mes lèvres un sourire moqueur. Évidemment qu’elle a gagné, comment pourrait-il en être autrement ? Je nous revois, Bill et moi, sur le tapis du salon quand il m’apprenait à jouer à la Bataille explosive. Puis à Percy, aux jumeaux… Aux petits derniers, enfin. Il n’imaginait sans doute pas que chacun de ses élèves dépasserait le maître. Tant et si bien qu’il est de notoriété publique que Bill perd systématiquement, quelque soit celui de ses cadets en adversaire. Ce qui ne l’empêche pas de nous défier régulièrement avec une persévérance qui forcerait presque l’admiration… si elle ne ressemblait pas tant à une naïve obstination. Et elle vient d’enrichir la légende d’un nouveau chapitre : « Le jour où le grand William Weasley s’est fait rétamer trois fois de suite par sa plus jeune soeur ».
Son sourire se fane pourtant et le mien avec. Malgré notre réunion aujourd’hui, la fracture qui déchire notre famille est plus criante que jamais. Cinglante même, dans son entêtement aveugle. Bill et Fleur ont pourtant essayé de nous proposer un lieu neutre, où chacun puisse venir librement sans considération ridicule de camp ou d’opinions contraires. L’idée était séduisante, la réalisation moins évidente, à en juger par les absents du jour. Ma seule présence a suffit à ce qu’ils refusent tout compromis et c’est peut-être Ginny qui en souffre le plus. Dans sa voix évasive, trop de fêlures pour que je sois dupe. Mes yeux abandonnent les flots chaotiques pour venir glisser sur son profil, sur ces mèches rousses si semblables aux miennes – aux nôtres, pourvu qu’un « nous » existe encore. Mon souffle se mêle au vent, emportant ma réponse vers le large. « Plus amer que fade, à vrai dire. Qu’ils soient absents, c’est une chose. Savoir qu’ils le sont par ma faute… » Je hausse les épaules, incapable de réprimer le mélange de colère et de profonde tristesse qui m’envahit. Faire Noël séparément, à cause de la distance ou des moyens financier, nous l’avons vécu trop souvent. Mais jamais encore ça n’avait été un choix. Leur choix. L’étincelle dans mes yeux se fait plus dure, reflétant la blessure à vif qu’ils m’infligent. « Je ne peux pas m’empêcher de penser que si je n’étais pas venu… Si j’étais resté avec Papa… Ils seraient là. » Impossible de le savoir, bien sûr. Mais l’incertitude n’a jamais empêché la culpabilité, et cette dernière me brûle sans complaisance. J’hésite une seconde avant de demander, les yeux toujours rivés à elle. « Tu… Tu as des nouvelles, toi ? » Des nouvelles de George, de Ron. De Maman qui m’a retourné mon dernier hibou sans même désceller le rouleau de parchemin qu’il portait.
Bill est celui qui a presque tout appris à ses frères et sœurs en matière de jeux, de cachettes et de petites farces. Fred et George ont principalement développé leur goût pour les farces et attrapes au point de réussir à ouvrir leur propre commerce sur le Chemin de Traverse. Un succès qui perdure encore aujourd’hui malgré la mort de l’un des jumeaux qui laisse un grand vide dans la poitrine de George, mais aussi dans la famille. Les Weasley ont perdu un membre important de leur famille, à la fleur de l’âge, pour Harry Potter. On peut comprendre la rancœur qui habite aujourd’hui les cœurs de certains. Mais la division des Weasley meurtri chaque jour un peu plus le cœur de Ginny. Ce n’est pas le palpitant léger qu’elle célèbre encore une fois Noël, cette année. Elle devrait y être habituée, mais il n’y a rien à y faire, cela fait toujours aussi mal. Et puis, il y avait Fleur qui avait laissé les assiettes de côté dans l’espoir de pouvoir les dresser. Mais rien. Pas la moindre manifestation. L’ambiance s’est allégée seulement à quelques moments, quand les esprits étaient trop occupés à penser à autre chose. C’est ce qui est arrivé à Ginny lors des parties de la bataille exclusive. Ça a été quelques minutes de répit. Mais toute bonne chose à un fin, et après trois défaites successives, Bill est parti coucher ses filles qui ont fini par s’endormir sur le canapé.
C’est vers Charlie que la rouquine finit par se tourner. Elle le retrouve sur la plage, le regard perdu vers l’étendue d’eau. Elle aussi pourrait s’y noyer si elle n’avait pas conscience de la conversation qui va découler de leur petit moment d’intimité. Ginny n’a jamais eu beaucoup de difficulté à se confier à lui. C’est devenu naturel au fil des années. D’abord à travers des lettres écrites aux multiples ratures, cherchant à s’exprimer avec des mots justes, d’une main parfois un peu tremblante, puis les rares étés où elle a pu l’avoir en face, des conversations parfois brèves, synonyme de quelques minutes de répit seul à seule. Et finalement, Ginevra a grandi, est devenue plus assurée, et n’a plus vraiment hésité à confier à Charlie chacune de ses états d’âme avec des mots aussi justes que possible. Si pour elle ce noël a une saveur fade, il n’en est pas de même pour son aîné dont le goût est amer. Elle mordille légèrement ses charnues. Elle ne supporte pas que Charlie se flagelle ainsi, en se rendant responsable de l’absence de l’autre moitié des Weasley.
— Ne dis pas ça, répond-t-elle. Tu n’es pas coupable de leur absence…
Les seules responsables sont les idées politiques des uns et des autres. Le camp Harry Potter, et le camp contre Harry Potter. Ses sentiments envers lui sont aujourd’hui beaucoup trop complexes pour qu’elle-même les comprenne. A chaque fois qu’elle voit une photo de lui, elle ne peut pas empêcher son palpitant de battre un peu plus fort. C’est probablement les vieux restes de ses sentiments d’adolescentes qui font ça, mais elle continue au fond d’elle d’espérer que le Harry qu’elle connaissait et qu’elle a un jour aimé continue d’exister. Depuis toujours, l’élu a une lourde tâche qui pèse sur ses épaules, mais auparavant, au lieu de prendre des décisions pour le bien du plus grand nombre, il prenait des décisions qui l’incluait lui uniquement et qui laissait tous les autres en dehors. Ce qu’il s’est passé pendant l’année de sa disparition demeure un mystère pour la rouquine.
— Oui, j’en ai, souffle-t-elle. Je n’ai choisi aucun camp, alors je suppose que ça aide… j’essaie d’être le plus neutre possible et je reste silencieuse quand je les entends diffamer les uns et les autres. Je ne veux pas rentrer dans leur jeu.
Ses bleutées finissent par se perdre dans l’horizon avant de se river sur ses chaussures à moitié enfoncées dans le sable.
— Je garde l’espoir qu’un jour tout s’arrangera pour notre famille, même si je ne sais pas du tout comment…
Elle secoue la tête, comme pour chasser ses idées noires, et relève ses cérulées vers Charlie.
— Je suis contente que tu sois parmi nous cette année !