La serveuse est déjà là quand tu arrives, attendant sagement que tu viennes ouvrir. Ça fait combien d’années qu’elle travaille ici maintenant ? Hors de question pourtant de lui donner les clefs – on explique cela par une forme de paranoïa de ta part – c’est que la guerre est passée dans cette rue. En vérité, tu ne veux pas que quelqu’un puisse venir ouvrir la salle une nuit sous prétexte qu’on a oublié quelque chose pour trouver l’intégralité de la famille Price faire de la magie au sous sol. Non, évitons donc de tuer les employés aussi, merci bien. Tu l’embrasses sur les joues pour lui dire bonjour et ouvres la porte, elle s’engouffre avant toi. Elle doit tout préparer pour les premiers clients qui viendront chercher un café tout à l’heure. Tu poses tes affaires et t’en fais couler un, sans te presser – l’avantage d’être le propriétaire c’est que tu te reposes généralement sur les autres pour les taches ingrates. Tu sors tout de même les deux tables hautes et leurs sièges associés dans la rue – ce n’est pas ça, la terrasse du Petit Ogre, mais c’est la seule chose qui est tolérée au Chemin de Traverse compte tenu de la foule qui peut parfois passer. Une mesure symbolique, de ta part, quatre personnes maximum peuvent tenir sur ces deux pauvres tables, mais tu y bois ton café ou y offre l’apéritif, parfois des petits fours. Le monde attire le monde.
Tu es las, ce matin. La nuit a été courte. C’est avec un certain plaisir que tu iras faire une sieste cette après midi, te reposer un peu dans les bras de Morphée. Comment ton grand-père faisait pour tenir, à son âge ? Tu comprends mieux pourquoi certains de ses clients trouvaient déjà étrange qu’il ait trouvé le temps de fonder une famille – la famille, c’est une chose, mais le reste !
- Salut. - Salut. Qu’est-ce que tu fous là, toi ?
Ton frère a des cernes qui lui descendent jusque sous les yeux – vous étiez ensemble, cette nuit, mais il n’a probablement pas trouvé le sommeil en rentrant se coucher. Il est rentré avec toi, d’ailleurs, à Merthyr Tydfil – il rentre de plus en plus souvent à la maison, ces derniers temps. Il se contente d’un geste vulgaire avant de disparaître à l’intérieur du restaurant et d’en ressortir avec un café long.
- Tu bosses pas aujourd’hui ? - Pas avant 14h. T’as pu croiser les filles ou Hamlet ? - Non.
Ça te rend un peu triste, un peu plus sombre. Tu es rentré dans la chambre de ton fils cette nuit, il devait être quoi, quatre heures du matin ? Tu es allé le border et l’embrasser. Une journée de plus sans le croiser. Tu espères que tes sœurs l’emmèneront ce soir, elles ont promis de passer avant le service.
- Rhys, regarde.
Il y a un attroupement qui semble se former au coin de la rue, et tu te relèves sur ton siège sans réussir à voir ce qui les intéresse tant. Qu’est-ce qui se passe, encore ? C’est le café dans ta main et flanqué de ton frère que tu finis par te lever en soupirant, pour découvrir la Une du journal, placardée sur un mur. Reißen à Azkaban. Y-a-t-il quoique ce soit de plus attendu dans ce monde ? Ça va durer un mois, quand même pour l’un d’eux. Même sans les détraqueurs, ce n’est pas un lieu assez charmant pour que cela donne envie. Tu hausses les épaules à l’attention de ton frère et retourne d’un pas tranquille te poser sur ton siège.
- Azkaban quand même. - Ouais. Enfin quand ils ont été arrêté et qu’il a été annoncé qu’ils seraient jugés par le Magenmagot, fallait s’attendre à quoi d’autre ? - Bah ouais mais… C’est la merde, non ? Potter en est à envoyer ses opposants politique à Azkaban.
Un sourire moqueur se pose sur tes lèvres. C’est une façon de le présenter, en effet, mais cela te semble assez faux. L’opposante, c’est la Malefoy, les allemands n’étaient qu’un pion sacrifiable – et sacrifiés pour le coup, dans son jeu. Ca n’était sans doute pas fin, de la part du Ministre, mais le plus dérangeant est presque que ça arrive aussi tard après les faits, pas qu’il n’y ait sanction. Ca a du gueuler sec, au Ministère, pour qu’il y ait tant de temps de réaction.
- T’as déjà pensé à ce que ce serait ? - Quoi ? - Azkaban. - Mais de quoi tu me parles Arthur ? - Bah, si un jour on se fait choper, c’est là qu’on ira, non ? - Plutôt crever.
Tu regrettes presque aussitôt tes mots. Non, pas plutôt crever. Pas avec ton fils, pas dans l’état ou se trouve ta mère. Tu n’as pas beaucoup réfléchi à ce que tu ferais, si tu te faisais prendre. Se faire prendre ? En voilà une idée. Pour le bien de ta tradition, la mort serait sans doute préférable, mais qui prendrait soin de ta famille sans toi ? Arthur ? Tu jauges rapidement ton frère. Y a pas moyen. Arthur te désigne un gosse qui accourt.
- C’est quoi, ça ? - Aucune idée.
Le gamin se pose sur une caisse, tout prêt à déclamer les nouvelles – il devrait pas être à l’école celui-là ou quelque chose du genre ? On se croirait dans un vieux roman, presque.
- Deux élèves de Poudlard ont été renvoyés par le Directeur ! - Oh bah merde.
Il semble poursuivi, et la scène a des relents morbides. Qui sont ses brigadiers à sa suite ? C’est quoi ce bordel, ce monde où on gosse ne va pas à l’école et se fait poursuivre pour crier les nouvelles ? Il y a quelque chose de pourri en Albion. Tu souries presque de ta propre pensée. C’est une réplique d’Hamlet ça, non ? ‘Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.’ Plus loin, le gosse continue.
- Pelagia Ollivander et Asao Watnabe, leaders de la chorale, virés par Severus Rogue – Poudlard l'apolitique vire les étudiants qui ont lancé la chorale anti-ministérielle. - Ollivander, comme ? - Y a moyen ouais. - Tu la connais la gamine ? - De vue. - Bah bravo, je croyais que fallait être proche de ses voisins pour être un bon commerçant ? - Mais qu’est-ce que tu veux que j’aille foutre dans une boutique de baguette ? Et puis, tu le connais, l’Ollivander ? Moi je pense qu’il me rierait au nez si je venais lui proposer un bon pour une ristourne comme geste commercial.
Le café est fini. Il t’en faudrait un autre, pour sortir du brouillard.
- C’est la merde non ? - Ah bah, fallait pas toucher au sacro-saint Poudlard, ricanes-tu. Ça va mal se mettre, leur bordel. Trop de points pour l’enchanteresse ça, trop de personnes sacrifiées par le Ministère. - T’as trouvé quelqu’un pour t’apprendre l’occlumancie ? - Pas encore.
Tu as fini par mettre Arthur dans la confidence de tes dernières réflexions – c’est sans doute le seul qui ne dira aucun mot ni ne cherchera soit à te pousser à agir soit à ne rien faire.
- Qu’est-ce qu’on fait ? - J’vais commencer par me servir un second café, et après, je sais pas.
Elle l’importune et elle peut le voir, que Damoclès s’irrite. Il regarde la rue derrière elle, a du mal à croiser son regard, parle vite, comme pour se débarrasser d’elle. Mais elle n’en a cure, elle est journaliste, et ceux de son espèce sont habitués à se faire envoyer balader. Et puis, malgré tout, il se fait loquace. Elle garde un souvenir de lui très silencieux, planté-là à surveiller son père qui n’avait pas même une baguette pour se défendre. Elle se demande même si elle a eu avec lui ne serait-ce qu’une conversation – certainement que oui, mais ça lui paraît être une éternité plus tôt, et pas suffisamment intéressant pour que son cerveau ait pris la peine de s’en souvenir. Les répliques qu’il lui tient-là, toutefois, elle s’en souviendrait. Epousez un Lord, qu’il lui dit, comme si elle n’y avait pas pensé elle-même. Mais c’était sans doute pire, et Damoclès semble loin de le comprendre, car elle dans cette éventualité-là, elle lui cèderait son titre, sa voix, pour n’acquérir qu’un statut honorifique qui ne lui servirait à rien. Et lui, il semble tout à fait à côté du problème. Il ne s’agit pas du fait qu’elle ne puisse pas être une Lady, il s’agit du fait qu’elle ne puisse pas l’être parce qu’elle est une femme. Les hommes, eux, et comme Damoclès, ne sont pas confrontés à ce problème-là, puisqu’ils sont nés avec, entre les jambes, quelque chose d’encore plus puissant qu’une baguette magique. Le Phallus.
Il embraye sur le fait que les femmes ne sont pas pour autant empêchées de voter, et définitivement, il est à côté du problème. Tous les hommes du monde magique pensent-ils comme lui ? Que diront les quelques lecteurs de Witch Weekly, après avoir avalé l’article ? S’en plaindraient-ils à la rédaction ? Pandora devrait-elle craindre quelque chose ? « Monsieur le Brigadier, faites-vous exprès de ne pas saisir le problème ? », se contente-t-elle de demander, haussant ses frêles épaules. L’heure n’est pas au débat, toutefois, puisqu’elle a des choses à écrire. Elle le croyait toutefois un peu plus avancé que ça, dans sa réflexion sur la question, un peu moins retardé. Mais il a dix ans de plus qu’elle, ça doit jouer, sans doute. S’il n’est pas le cœur de cible de son article, comme elle l’énonce ensuite, il est pourtant précisément de ceux qu’elle devrait convaincre. Si un jour une loi sur le sujet devait passer, c’est lui qui voterait – ou presque, juste le temps que son père ne rende son dernier souffle.
Et puis, prêt à la saluer, Slughorn se prend au jeu de la méchanceté. Sans doute est-ce elle qui a commencé, à la mention de sa famille. Mais à ce point-là, ça frise l’incivilité. Son cynisme et son ironie dégoulinent, et Pandora serre les dents. Elle n’aime pas être dans la posture de celle qui est moquée, puisque pendant longtemps, c’est elle qui s’est appliquée à infliger pareils sévices aux autres. La réciproque est désagréable, et Slughorn ne lâche pas le morceau, il se refuse à penser que ses réclamations ne soient pas celles d’une petite fille hystérique, mais d’une femme sensée qui veut faire valoir ses droits. « Je vous enverrai l’article, Slughorn, mais sans doute ne parviendra-t-il pas à ternir votre cynisme éclatant. » Ça lui allait mal au teint. Elle n’aurait su dire ce qui lui serait bien allé, blafard et fermé comme il l’était, mais certainement pas cela. Une petite-amie, certainement, Pandora pouvait parier qu’il était seul depuis trop d’années. Ou un poste d’Auror, mais là encore, ça semblait lui échapper. N’était-ce pas pourtant l’objectif de tous les brigadiers ?
Il en ferait ce qu’il en voudrait, de l’article, peut-être même le brûlerait-il dans l’âtre de sa cheminée. En tous cas, elle baissait le crâne pour le saluer alors qu’il faisait de même, assénant déjà sa plume pour y noter les quelques mots qu’elle retiendrait de cette conversation :
Qui, parmi les hommes, aura le culot de se questionner ? Qui parmi eux pourra voir qu’effectivement, l’égalité leur sera bénéfique ? Car Damoclès Slughorn, brigadier au service de Sa-Majesté, 35 ans, dit que "ce n’est qu’un titre", et que "ça n’est pas parce que les Ladies ne peuvent pas voter que les femmes ne sont pas représentées".
Le nez proche de son carnet, se tâchant presque d’encre verte, elle n’entend d’abord pas les cris du gamin. Pourtant, ils se font plus forts, plus pressants, et surtout, elle entend Slughorn se retourner vers elle pour lui glisser, l’air paternaliste, que c’est là-dessus qu’elle devrait écrire. Elle ne fait pourtant plus attention à lui, alors qu’elle suit le môme qui gueule du regard. Il est poursuivi par des hommes en capes noires, mais il continue de crier Pelagia Ollivander et Asao Watnabe, virés de Poudlard. Elle note les noms comme elle les entend, les massacrant certainement. Elle doit en apprendre plus, personne n’a été viré de Poudlard depuis l’ère de la première ouverture de la Chambre des Secrets, si elle ne se trompe pas. @Severus Rogue aurait-il été piqué par le fuseau de la folie, pour se lancer dans pareille expiation ? Les yeux de la vipère brillent alors que sa plume gratte le papier. Elle regrette de ne pas pouvoir poursuivre l’enfant, mais elle sait bien que ça ne sert à rien. Et finalement, ce qui est intéressant, ce sont les réactions de la plèbe. Damoclès le premier, qui malgré l’insigne, ne poursuit pas le gosse. Et pourquoi donc ? Pas éthique, certainement, de s’en prendre à un mineur. Sacré Rogue, alors, d’en n'avoir viré pas un, mais deux, de son école. Et puis il y a cet homme à la cape flamboyante qui toque à la porte du fabriquant de baguettes, qui ne semble pas avoir ouvert, ce matin – par Agrippa, serait-ce donc vrai ? Pandora se régale, au moins autant que @Rhys M. Price, tenant du Petit Ogre qu’elle a rencontré pour une interview, et semble admirer le chaos avec un intérêt non feint.
Elle regarde la foule qui grouille et s'agite autour de l'enfant et en oublie le Brigadier. Elle le laisse ainsi derrière-lui, filant dans la masse pour tenter de trouver de nouveaux visages à dépeindre de sa plume, et de nouvelles expressions à déchiffrer, peut-être même pour parvenir à entendre quelques mots qu'elle reporter dans une chronique outrancière.
Les matins comme ceux-là, elle adore son boulot.
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr | 1057 mots + event + inventaire x2
Tu marches vite. Comme tous les matins. Tu n’as que quelques minutes de course à faire pour aller de ton appartement à ta boutique, mais tu ne veux jamais faire durer le trajet, en particulier maintenant que l’ambiance est devenue électrique. Tu entends tout le temps parler du concert de Reissen… Toi ? Tu t’es arrangée pour être le plus loin possible de Londres à ce moment là. Tu ne voulais surtout pas être prise dans la tourmente. Tu sais comment ça se passe, ce genre de choses : tu t’engages un peu, et tu finis par être lapidée sur la place publique. Non, clairement non. Alors quand Madame Narcissa Malefoy, cette grande dame que tu rêves de voir cramer dans un tribunal, t’a proposée de tenir un stand comme l’a fait, par exemple, Barjow et Beurk ou les frères Weasley à côté du concert, en l’honneur de son mari, tu as décliné poliment. Non. C’est non. Tu as sorti une excuse parfaite : une obligation professionnelle, ton ancienne maîtresse en potions qui demande à te voir. C’était faux. Tu as quand même passé la journée en Irlande pour faire bonne mesure, et tu as pris le thé avec ton ancienne mentor. Elle sait beaucoup de choses. Pas tout, mais beaucoup. Assez, en tous cas, pour avoir pris quelques heures de son temps et t’inviter à venir la voir. Elle sait que tu as souffert aux mains de ton mari, elle sait qu’il est enfin en prison. Elle a vu tes larmes de joie et de soulagement en novembre dernier. Elle sait que tu t’es jetée au cou de la personne venue t’annoncer l’arrestation, comme la petite fille que tu étais quand on t’a mariée.
Elle sait, aussi, que tu ne peux avoir d’enfants. Il te fallait quelqu’un à qui en parler quand tu l’as appris. Alors tu lui as écrit. Tu lui as glissé à demi mots ce qu’avait été ta vie de femme mariée et le vertige d’apprendre que tu aurais pu vivre ça indéfiniment s’il avait fallu attendre que tu tombes effectivement enceinte. Deux ans, c’était déjà trop. Assez pour te briser toute entière. Tu en cauchemarde encore la nuit.
Alors tu marches rapidement. Tu regardes autour de toi, tu es vigilante. Tu ne veux pas de mauvaises surprises. A mi-chemin, tu tombes sur ce garçon qui vend ses journaux à la criée, tu lui en prends un et tu découvres le verdict. Quelque chose bouillonne dans ta poitrine. OUI ! Ils ont mis les membres de Reissen au trou ! Oui ! Bon, tu aurais mille fois préféré que Narcissa s’y retrouve, mais c’est mieux que rien. C’est avec un sourire éclatant que tu donnes ses noises au petit vendeur de journaux, et tu lui glisses même un pourboire. Tu bifurques dans l’allée des embrumes, journal sous le bras, et tu entends les cris derrière toi. Des élèves de Poudlard renvoyés pour avoir aidé Reissen à commettre leur infamie.
On dirait qu’enfin un peu de bien arrive dans ce monde. C’est le coeur en liesse que tu tournes la clef dans la porte de ta boutique. Tu y entres, et tu refermes derrière toi. Comme tous les matins, tu as une petite heure pour t’installer paisiblement avant de commencer une nouvelle journée dans ce monde de fous.
Les doigts de la juge froissent le mot reçu en pleine nuit. Nigel ne semble pas avoir dormi non plus. Des heures durant, elle est restée dans son bureau, si près de la Cour et pourtant à l’écart de son plein gré. Elle a prié pour que les juges se montrent plus sages que leur Ministre, pour que la sentence demeure celle d’un concert clandestin et non d’un programme politique. Mais la condamnation est tombée, fermant ses paupières en une expression de dépit gonflé d’amertume. Elle a été une des premières à la connaître, bien avant que l’information ne fuite jusqu’aux oreilles de la presse, restée jusqu’à une heure indécente pour préparer dans la nuit les gros titres du lendemain.
Un mois de prison ferme. Un mois à Azkaban pour Bauer. Pour un concert.
Le poing de la juge s’est fermé, contractant ses phalanges à se blanchir les jointures, et les heures ont passé sans qu’elle ne soit capable de se mouvoir. Vissée au fauteuil de son bureau, le regard perdu dans le vide, elle n’a fait que réentendre une à une toutes les réflexions qui se sont bousculées dans sa tête depuis sa dernière entrevue avec Nigel. L’arrivée de son mot ne fait que les faire hurler plus encore. L’équilibre de ce monde chancelle. Aucun des camps n’est capable de le préserver. Chaque intervention de Potter ou des Malefoy ne fait que les approcher davantage du gouffre. Les vétérans de guerre vibrent encore de ce désir de vengeance impossible à réfréner. Ceux qui ne demandent qu’à oublier se tiennent trop loin des débats pour les assagir. La neutralité devient une position intenable, attaquée de part et d’autre par deux leaders en quête de renouveaux opposés. Que devient le peuple au milieu de tout cela ? Il leur faut un autre chemin. Une force concurrente. Un contre-poids.
Une coalition.
A mesure que les heures s’écoulent et que la nuit faiblit face au jour, la détermination de la Présidente-Sorcière grandit. Puisque les pouvoirs ne reconnaissent plus leurs frontières, elle refuse de se cantonner à celui qu’on lui a assigné en lui offrant la présidence du Magenmagot. Si la politique s’immisce dans le judiciaire, alors la justice doit entrer en politique.
Lorsqu’un deuxième hibou lui arrive au matin, Moira a les traits tirés, les yeux rougis d’avoir été gardés ouverts toute la nuit durant. Ses résolutions l’ont tenue éveillée jusqu’à l’aube. Mais c’est le deuxième message de Nigel qui anéantit ses dernières réserves. Elle sait qu’il ressent la même injustice, la même colère, le même écœurement. Ils ne peuvent plus rester passifs à regarder l’Angleterre se perdre dans les mêmes dérives que celles dont elle vient de s’extirper. Elle et Nigel ne peuvent pas être les seuls à le voir.
Alors, elle quitte le Ministère par en voyage en poudre de cheminette. Débarquant sur le Chemin de Traverse, elle regarde les passants qui se pressent autour des affiches placardées sur toute la rue. Bauer et ses musiciens voient leurs portraits en première page de la Gazette du Sorciers, les mains tenant leur pancarte avec leur numéro de détenu. L’amertume tapisse la bouche de la juge. Elle presse le pas, monte le col de son manteau pour ne pas être reconnue et s’enfonce un peu plus loin vers l’allée des embrumes pour rejoindre le Helen’s Legs.
Sur le chemin, elle est pourtant arrêtée par des cris d’enfant. La juge sursaute. Elle se retourne pour voir un gamin courir sur les pavés, une caisse dans les mains, qu’il dépose un peu plus loin pour monter dessus et hurler à qui peut l’entendre la terrible nouvelle.
Deux élèves ont été renvoyés de Poudlard pour avoir participé à l’enregistrement de la chanson de Reißen.
Les yeux de la magistrate s’écarquillent. Le haut-le-cœur qui la prend est infâme. Dans son esprit, la même pensée tourne de longues secondes, susurrant des mots qui coulent un terrible frisson le long de sa colonne. Severus, qu'as-tu fait ?
Son estomac se tord, plus douloureusement encore quand elle aperçoit deux hommes affublés d’un insigne de brigadiers presser le pas pour arrêter le jeune garçon. Le sang de Moira ne fait qu’un tour et elle se précipite en travers de leur route, les forçant à s’arrêter. - Que faites-vous ? s’écrie-t-elle, le regard brûlant. Le premier tend sèchement le bras vers elle. - Ecartez-vous, madame, sur ordre du Ministère ! - Je suis Moira Amber Oaks, Présidente-Sorcière du Magenmagot ! Je suis de ceux qui ordonnent au nom du Ministère et je vous somme de vous arrêter immédiatement ! Les deux hommes se figent, abasourdis, alors que l’enfant disparaît dans le dédale des ruelles. Le brigadier balbutie : - Mais, madame la présidente… La voix de la juge se fait dure et froide comme du métal. - Si ce pays ne permet plus aux citoyens d’affirmer publiquement leurs opinions, il leur laisse encore le droit d’être informés. Allez donc défendre les causes pour lesquelles vous vous êtes engagés et cessez de déshonorer cet insigne avec votre zèle. Retournez à votre ronde. Quelques secondes passent dans un silence glacial. Les deux brigadiers se regardent, hésitent un instant, puis acquiescent sans un mot avant de s’éloigner, laissant le jeune garçon loin des ennuis.
Il ne faut que quelques minutes à la juge pour rejoindre le bar de Nigel. L’expression sur son visage ne s’est pas détendue. Le dégoût et la colère noircit ses prunelles qu’elle garde baissées, perdue dans ses pensées, jusqu’à ce qu’elle atteigne l’angle de l’Allée des Embrumes. Son cœur cogne brutalement contre ses côtes. La lumière perce à travers les vitres du pub. Elle sait que Nigel est ici. Elle espère seulement le trouver seul.
Sans hésiter, sa main pousse vivement la porte d’entrée et elle pénètre à l’intérieur, redressant l’échine au moment de se dévoiler. Son regard se plante dans le sien, l’air résolu. - Tu veux monter une coalition ? lance-t-elle. Faisons-la. Lentement, elle s'approche, le claquement de ses bottes sur le plancher résonnant dans son bar vide - Si tu es avec moi, je ne crains personne. Tous s'écraseront face à la légitimité de nos origines et de nos parcours. Si ce chemin est celui que choisit Potter, je freinerai des quatre fers à chaque pas qu'il fera. Et si jamais Narcissa devait le faire chuter, je veillerai à ce qu'elle tombe avec lui. Il existe une troisième voie, Nigel. Tu avais raison. C'est à nous de l'ouvrir. Et le tumulte grondant dehors ne parvient pas à la faire frémir.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles vont vite. Comme une traînée de poudre, même. La Gazette a rempli son office de source d’information numéro un du monde magique anglo-saxon. Chacun sait, désormais, ce qu’il en coûte de se prononcer contre le gouvernement Potter, pour le meilleur… et pour le pire.
Et dans le secret de délibérations intérieures, des alliances se font, se défont… Qui sait de quoi sera fait le paysage politique de demain en Grande Bretagne ?
***
Félicitations aux participants ! Vos actions vous permettent de gagner cent mornilles ainsi qu'une récompense de quête exclusive !
Uriel J. Lewis remporte une paire de multiplettes de luxe Djouqed remporte un exemplaire de pr. I. Baranov, Magie de sang : barrières et protections (magie noire), éditions de Durmestrang Pelagia H. Ollivander remporte un exemplaire de pr. E. L’entier, Devenir une chimère : l’art des métamorphoses humaines partielles (métamorphose humaine), éditions de Beauxbâtons, Nigel A. Fawley remporte un tourne disque magique Erin McAllister remporte un strutoscope musical Melchior C. Fawley remporte un flacon contenant une larme de phénix, Henry Milford remporte une plume à papote cryptante, idéale pour protéger les dossiers de ses patients Damocles Slughorn remporte une solution de force extra (décuple la force physique pendant 3 actions rp) P. Pandora Parkinson remporte une malette en cuir sans fond Charles Weasley remporte un exemplaire de pr. R. Hafan Les esprits du désert (animaux fantastiques africains), éditions de Uagadou, A. Josiah N'Da remporte un flacon d'essence de dictame Rhys M. Price remporte un exemplaire dédicacé de - Vins et liqueurs magiques : de la conservation à la consommation (sortilèges, cuisine) par la merveilleuse Greta Catchlove Viviane Goyle-Lestrange remporte un chaudron en argent Moira A. Oaks remporte une robe de soirée du plus bel effet à variation de couleurs (apparaît dans la couleur préférée de qui la regarde)