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C'est l'histoire d'une trêve [Malachy]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Mer 6 Mai - 15:26

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin


Cassie ? C'est possible, oui. Le prénom t'évoque une gamine aussi brune que sa mère, qui n'avait cessé de courir dans les couloirs lors de la dernière porte ouverte jusqu'à ce que l'un de ses frères ne la rattrape et ne la jette manu militari sur son épaule. Juste à temps, d'ailleurs ! À force de galoper d'un bout à l'autre du département de la justice magique, elle avait bien failli débouler aux archives ce qui n'aurait pas manqué de déclencher un incident diplomatique, si elle avait eu le malheur de déranger l'un de ces milliers de documents si soigneusement classés. C'est que le maître des lieux n'est pas des plus patients avec les intrus venus déranger l'ordre immuable de son domaine, pas plus une enfant turbulente qu'une brigadière en quête d'un article pour raisons personnelles. Oh, tu saurais bien enrober ta demander, la mettant sur le compte d'une quelconque enquête, d'un énième compte-rendu sur les retombées de la Loi Granger. Mais puisque Malachy en a conservé des exemplaires, autant avoir recours à lui. Aussi, tu hoches la tête, reconnaissante de pouvoir t'épargner une plongée au royaume de la poussière. Avec plaisir, je veux absolument voir ça !Il est bien plus facile d'évoquer ce sujet léger que les retombées du concert. Les excuses du loup s'attardent entre vous, balayées d'un haussement d'épaules, d'un souffle qui semble dire « Ce n'est rien ». Avec les années, évoquer ta cadette est devenu moins douloureux, son souvenir plus paisible. Non, c'est faux, la seule mention de son nom continue de te tordre les entrailles d'un chagrin mêlé de rage. Mais avec Malachy... C'est différent. Il est plus facile d'en parler, parce qu'il connaît déjà toute l'histoire, parce qu'il t'a vue brisée par le deuil, rongée par le remord et la colère. Vous en avez déjà tant parlé, de ta fratrie en miettes, de la sienne omniprésente. Les anecdotes, les doutes, les ras-le-bol et les souvenirs heureux... Pour avoir oublié une partie de celles qu'il t'a contées, demeurent toutefois la confiance et l'assurance de trouver auprès de lui une oreille attentive, si du moins tu souhaitais t'épancher. Mais le sujet est trop sombre pour pareilles retrouvailles, comme ces temps troublés qui voient évoluer sous le caprice d'autres, plus puissants. Plus secrets.

C'est bien connu : les affaires de Poudlard ne concernent pas le Ministère et aucune information officielle n'avait été transmise. Les seuls échos entendus provenaient de hiboux des élèves – Merlin merci, la censure n'était pas rétablie ! – évoquant l'affaire dans leurs lettres à leurs proches. Mais entendre Malachy te confirmer les faits, ajouter sa pierre aux témoignages des enfants, ajoute plus de poids encore à leurs mots parfois brouillons, choqués et apeurés. Tu lui jettes un regard stupéfait, les yeux écarquillés par l'incrédulité.
Il a vraiment fait ça ? C'est...Aberrant. Inacceptable. Inquiétant. Dangereux. Ta voix vibre d'indignation, mais tu te contiens devant la mine de ton ami, observant à sa suite le tableau d'un vieux sorcier en apparence très occupé à se gratter le crâne, soulevant un chapeau pointu du siècle dernier qui laisse apparaître quelques touffes de cheveux blancs épars. Tu hoches la tête, message reçu : les murs de Poudlard ont des oreilles, et son directeur d'autres moyens que la délation pour connaître les opinions de son corps enseignant. Merlin, tu es heureuse de n'avoir pas connu l'école dans ces conditions... Ta scolarité s'est déroulée sans accrocs, à l'exception notable de ta septième année, marquée par l'horreur de la Chambre des Secrets. Mais même en cette période de trouble, vous aviez confiance en votre directeur, en dépit de sa destitution par le Conseil. Dumbledore n'était certes pas parfait – preuve en avait été donnée, et tu ne parles pas de l'horrible biographie scandaleuse de Skeeter – mais il incarnait une figure d'autorité responsable et rassurante. Tout l'inverse de Rogue.

Le sourire de Malachy se fait immense, contagieux dans cette question qu'il lance presque à brûle-pourpoint, avec cette même fierté que ressentent tous les enfants de onze ans, à l'heure de rejoindre leur table pour la première fois, sitôt descendus du tabouret de la répartition. Et sa mine impatiente te fait éclater de rire. Oh Malachy, j'ai passé trop de nuits avec toi pour ne pas savoir que tu as ce cœur immense qui s'emballe au mépris des risques, pourvu que la cause soit juste. Un cœur si brave, capable de courir au devant du danger sans une seconde d'hésitation pour venir en aide à de parfaits inconnus. Tu t'interromps une seconde et tu ris, trille si vite envolée, un regard infiniment tendre posé sur lui.Un foutu cœur de Gryffondor.  Il n'est pas toujours évident de deviner les raisonnements tortueux du Choixpeau, d'imaginer ce qu'il peut lire dans toutes ces âmes qu'il répartit, année après année, faisant pour elles un choix primordial. Mais concernant Malachy, tu n'as pas le moindre doute. Déjà à l'époque, quand vous évoquiez Poudlard et ses magies, tu en aurais parié ta baguette, mais il semblait si improbable qu'il puisse un jour en avoir la certitude que tu n'avais pas voulu ajouter à sa frustration par de vaines suppositions.
À ton tour, tu recules sur ta chaise, repue. Douce Helga, comme ça te rend nostalgique de revenir ici, d'y découvrir Malachy. Les salles de pierres, les couloirs interminables, les armures enchantées, les tableaux lançant des commentaires, les repas en abondance... Même les cours ! Entre ces murs séculaires, tu redeviens un peu de l'enfant, de l'adolescente que tu étais. Alors, est-ce que ça ressemble à ce que tu imaginais ? Poudlard, le Choixpeau... ? Les lieux ont-ils cette même magie, cette même superbe à ses yeux d'adulte que dans ton regard de petite fille ?

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Lun 1 Juin - 22:07



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

La nouvelle finirait par sortir des murs de Poudlard, simplement parce que les conséquences qu’avaient promis Severus Rogue – et qui n’étaient pas encore tombées – ne pourraient rester coincées à l'intérieur du Château. Malachy se demandait surtout si Harry Potter savait ce qu’avait préparé le directeur de Poudlard, et s’il était en accord avec cela. Et puisque Poudlard était la seule école hermétique du Royaume-Uni, les décisions prises en son sein influaient forcément sur les mandats des Ministres – ça avait été le cas de Fudge, par exemple, qui avait été encensé, en son temps, pour avoir placé Dolores Ombrage au Château. Que dirait le monde sur ce que venait de faire Severus Rogue ? Serait-il capable de l’entendre, ou viendrait-ce simplement se rajouter à la longue liste de travers que lui trouvait la plèbe magique, mais contre laquelle elle ne faisait rien ?
Erin et lui avaient passé des heures à discuter politique, puisqu’à l’époque de l’Ordre, il ne lui semblait pas qu’avait existé un autre sujet de conversation que celui-ci. Ils s’étaient entendus sur tous les sujets, et s’ils avaient débattu, évidemment, ce n’était que sur des points mineurs. Leurs valeurs générales étaient les mêmes, malgré leurs familles foncièrement différentes. Ainsi, alors que sa phrase restait suspendue en l’air, sûrement par crainte, similaire à la sienne, que les tableaux ne se fassent les espions de leur Maître, il pouvait entendre les mots qu’elle n’avait pas dit. Terrible, n’est-ce pas ? Un directeur de Poudlard qui se prenait au jeu des politiques, justement, et qui était incapable de garder la neutralité promise par les fondateurs de Poudlard. Quand s’était-il autorisé cela, alors qu’il avait été formé par le meilleur, sans doute : Albus Dumbledore ? Ou était-ce précisément pour cela qu’il était devenu ce directeur-là, parce qu’il avait vu, aux premières loges, ce que pareille neutralité – souvent feinte, d’ailleurs – avait coûté au Mage ?
Il leur faudrait en parler un peu plus, quand la sentence serait tombée, ça serait d’ailleurs plus pertinent que n’importe quelle spéculation. Et maintenant qu’ils s’étaient retrouvés, maintenant qu’il semblait à Malachy que ça n’était pas si difficile, finalement, d’être ensemble, ils pourraient peut-être s’y autoriser. Il leur faudrait faire des efforts. Il leur faudrait s’écrire, se dire qu’ils se s’étaient manqués. Malachy se convainquait qu’il y parviendrait, et il pouvait justifier cela par son identité nouvellement trouvée de Gryffondor. Il en aurait le courage.

Erin n’eut aucun mal à le deviner, et Malachy fut ému de la façon qu’elle eut de le décrire. Il était fier d’apparaître ainsi aux yeux de quelqu’un qui comptait autant pour lui. « Un foutu cœur de Gryffondor », avait-elle accusé, en bonne Poufsouffle. Malachy lui répondit par un sourire tendre, et se recula à son tour sur sa chaise, le poulet finalement dévoré.  Attrapant toutefois un haricot du bout des doigts, trop content d’avoir retrouvé l’appétit pour se préoccuper des bonnes manières, il dit, avant de croquer dedans : « je pensais que le boulot m’aurait assagi, et je crois que le Choixpeau aussi, a hésité. Mais bon, que veux-tu, le Lion me va mieux que le Blaireau ! » Il s’appelait Lyons, après tout. Si sa famille avait été scolarisée à Poudlard, ils auraient tous été acceptés dans la maison des Rouge et Or, Malachy en était certain. Sauf Jude, évidemment. Mais celle-ci, en bonne vipère solitaire, ne voulait jamais rien faire comme les autres, de toute façon.
Erin lui demanda ensuite si le Château était tout à fait comme il l’avait imaginé. Nouveau haricot dans la gueule, le dernier, avant d’essuyer à nouveau ses doigts pour finalement pousser sa chaise, se lever, et aller chercher son thermos rempli de café. Il l’avait préparé ce matin-là, le sigle de l’équipe de Manchester City brillait sur l’aluminium. Le liquide presque noir restait très chaud malgré les heures grâce à l’enduit magique qui tapissait les parois de la bouteille. Il en servi deux tasses, choppa une tablette de chocolat dans le tiroir de son bureau, et rapporta à table la bouteille d’hydromel, au cas où Erin aurait voulu un digestif. Ce faisant, il entreprit de lui répondre, avec le plus de précautions possibles. S’il s’écoutait, évidemment que Poudlard était extraordinaire, meilleure que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Mais toutefois, il avait relevé de nombreuses anomalies dans son expérience, qu’il serait certainement intéressant de partager avec la jeune Brigadière. Quel intérêt à rester en surface, avec elle, puisqu’elle savait déjà tout de lui ? « C’est amer… » entreprit-il, sourire ironique aux lèvres alors qu’il se servait de la boisson la plus amère qu’il connaissait, une tasse de café, avec un petit carré de chocolat. « Je ne ressentirai jamais la candeur que je vois sur le visage de mes louveteaux, leur premier jour de septembre, parce que le Château, avant de l’investir pour ce poste, je l’ai connu ce jour-là, le 2-Mai. » Il se rassoit, et à nouveau, évite le regard d’Erin. C’est à l’évocation de ces sujets-là que c’est le plus dur de la regarder dans les yeux. « Ca a été ça, ma première vision du Château, la terreur et la destruction, et j’ai du mal à la remplacer. Mais je trouve l’émerveillement dans le regard des petits, et parfois j’arrive à m’y identifier. En fait, j’espère surtout que mes enfants à moi ne seront pas privés du droit d’être scolarisés à Poudlard. » Il essayerait de leur raconter la guerre sans les terrifier, et de leur décrire château avec les mêmes étoiles dans les yeux qu’il pouvait les trouver dans ceux des enfants. Ses cauchemars, il pourrait les garder pour lui, les en préserver, malgré leur récurrence, une fois par mois au moins, depuis six ans. Seconde malédiction, qu’il s’était choisi, cette fois-ci. Il croqua dans le chocolat, qui le fit irrémédiablement penser à Remus Lupin, qui avait été celui qui avait été à la source de cette seconde damnation. Pas par morsure, mais parce qu’il l’avait convaincu de s’enrôler dans cette lutte qui lui coûterait des nuits jusqu’à la fin de sa vie. Impossible de lui en vouloir, toutefois, d’abord parce que le Loup était aussi son modèle absolu, mais surtout parce que la guerre, et sa participation en celle-ci, avait été indispensable, non seulement à fonder la personne qu'il était devenu, mais aussi, certainement, à la survie du monde sorcier. Et pour Erin, aussi, certainement. « Le boulot, en revanche, je n’ai aucun doute. Ce poste était fait pour moi, je me suis découvert une vocation le premier jour où j’ai enseigné ici. Celui qui me remplacera n’est pas encore né, c’est moi qui te le dis ! » Un large sourire écartait à nouveau son visage. S’il y avait bien une chose dont il était certain, c’était qu’il se battrait truffe et griffe pour ce poste face à quiconque voudrait lui retirer – y compris Severus Rogue ou Harry Potter. « Et toi alors ? Pas encore lassée de chasser du brigand ? »  


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Dim 21 Juin - 13:33

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin


Tout cela ne te dit rien qui vaille. Deux élèves renvoyés ? Cela ne s'est pas vu depuis... des décennies ! Tu n'as jamais pris la peine de retenir l'intégralité de l'Histoire de Poudlard, mais le vieux volume a longtemps fait partie de tes livres de chevet, te narrant le glorieux passé de ce château que tu aimais tant. Tu l'as suffisamment compulsé pour savoir que pareille sanction n'a été appliquée qu'en de très rares occasions et pour des faits d'une gravité inégalée. À ta connaissance, la dernière fois remontait à l'ouverture de la Chambre des Secrets par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, dont le méfait avait abouti à la mort d'une élève et au renvoi de Hagrid, depuis réhabilité. Si injuste qu'ait été la punition de l'innocent garde-chasse de Poudlard, au moins peux-tu comprendre qu'un renvoi ait été envisagé, après tout il s'agissait de protéger l'ensemble des élèves de l'école, mis en danger par l'ignoble monstre qui rôdait. Mais pour une simple participation à une chanson, si politique et mauvaise soit-elle ? Tu es ulcérée.

S'il n'y avait Malachy, le risque de le mettre en porte-à-faux vis-à-vis de sa hiérarchie et de gâcher vos retrouvailles, tu tempêterais. Mais si Rogue en est à priver des élèves de leur droit à l'éducation, tu ne doutes pas un instant qu'il renverrait ton ami sans une once de remord. Et pour rien au monde, tu ne voudrais en être responsable, alors tu te contiens, parvenant même à retrouver le sourire en l'entendant te raconter les tergiversations du Choixpeau. Tu peines à croire que l'hésitation ait été perceptible, tant il te semble évident qu'il est de la maison de Godric, jusqu'au bout des griffes. Cela soulève toutefois une question qui t'a toujours intriguée : que voit-il, juché sur vos têtes tremblantes d'enfants, des adultes que vous deviendrez ? Est-on à jamais fondamentalement Poufsouffle, Serdaigle, Serpentard ou Gryffondor, comme l'on est d'un pays, comme l'on arbore une couleur de peau ? N'est-ce qu'une voie pour s'épanouir, pour ouvrir ses ailes dans l'environnement le plus propice ? Ou évolue-t-on au fil des années, des expériences, des bonheurs et des peines ? Un peu tout cela à la fois ? La décision serait-elle la même, si vous le questionniez dix ans, vingt ans, cinquante ans plus tard ? Sans doute n'auras-tu jamais la réponse, et au fond, peut-être préfères-tu ne pas savoir, ne pas trancher entre ces possibilités. Car si tu aimes l'idée d'être à jamais Poufsouffle, en ton âme et en ton cœur, l'idée que vous soyez déterminés depuis l'enfance a quelque chose de dérangeant. Sans doute vaut-il mieux garder à la Répartition sa part de mystère.

Quoi qu'il en soit, tu comprends cette amertume qu'il t'évoque sans fard, remplissant vos tasses d'un café noir comme une nuit sans lune. Le laissant s'affairer, tu te contentes de rassembler assiettes, couverts et reliefs de poulet pour les éloigner un peu et vous faire un peu de place. Tes lèvres s'approchent prudemment du liquide sombre, savourant la chaleur de la porcelaine entre tes paumes éternellement froides. Et tu hoches la tête, doucement, partageant si bien le poids des souvenirs qu'il évoque sans te regarder. Comment lui en vouloir ? Vous avez vécu entre ces murs certaines de vos heures les plus douloureuses – tout comme l'ensemble de la communauté magique. Mais au contraire de ceux qui n'apprirent les faits que le lendemain, au travers de témoignages hébétés, vous étiez en première ligne. Tu n'as jamais regretté d'avoir répondu présente à l'appel de l'Ordre, ce soir-là. Le jeu en valait amplement la chandelle, mais ton sommeil troublé ne t'en remercie pas.
La guerre... Tu ne tiens vraiment pas à en parler. Pas aujourd'hui, du moins. Si vous vous revoyez – non, quand vous vous reverrez, tu ne peux imaginer le perdre encore des années durant –, peut-être pourrez-vous l'évoquer. Mais pas ici, pas si tôt, pas comme ça. Aussi, tu ne rebondis pas sur ses mots, pas même sur cette dernière phrase qui te fait hausser un sourcil curieux. Ses enfants ? Tu t'imagines une flopée de petits loups, aux boucles aussi brunes que les siennes, aux yeux de ce bleu insondable et la vision glisse un sourire triste sur tes lèvres. Oh, comme tu aimerais en savoir plus, savoir s'il ne s'agit que d'un vœu pieux ou d'un projet plus concret... Et avec qui ? Mais ce sujet, comme le précédent, serait bien trop sensible pour que tu souhaites t'appesantir dessus.

Suivant son exemple, tu grignotes ton carré de chocolat, laissant le goût sucré du cacao éloigner les ombres du passé. Cette époque est révolue. Elle a laissé des traces, des deuils, des cicatrices à jamais ancrées en vous, mais elle ne ternira pas cette journée. Ni le futur de Malachy, te prends-tu à espérer en le voyant si disert, si heureux de cette vocation dont il rayonne de la plus belle des manières. Son sourire, contagieux, ravive le tien toutefois teinté d'un soupir. Comme tu aimerais être aussi intarissable sur ton propre métier ! « Je t'avoue que je ne suis plus aussi enthousiaste depuis longtemps. La Brigade... Enfin, je sais que j'y suis utile et c'est ce que je recherchais : un métier qui puisse me procurer ce sentiment. Mais force est de constater que ça ne suffit pas. » Tu prends une gorgée de café pensive avant de continuer. « Certains jours, je m'en contente très bien. Quand je suis en mission auprès de gens dans le besoin, ou quand je gère l'accueil et les dépositions de ceux qui viennent nous demander assistance... Ce qui arrange bien mes collègues, la plupart détestent tenir le bureau d'accueil ! Il faut dire que l'on en voit de toutes les couleurs ! » Tu lui adresses un sourire entendu, déjà à l'époque de vos rondes, tu recevais des demandes improbables que tu ne manquais jamais de lui raconter. « Mais d'autres jours, j'ai envie de tout arrêter. De faire autre chose, de... » Ta voix bute un instant. Tu n'as jamais parlé de cette idée un peu folle à quiconque, pas même à Adele. Et depuis la discussion avec Moira Oaks, la confiance qu'elle a placé sur tes épaules a chassé toute perspective de départ du Ministère. Mais d'une simple interrogation, Malachy vient de la raviver, preuve s'il en était besoin qu'il ne s'agit pas d'une simple marotte passagère.
Tu hésites un instant encore à poser des mots sur une chimère fugace, qui n'existera sans doute jamais ? Et finalement, tu balayes ces réticences d'un mouvement de tête. Après tout, vous vous êtes livré des secrets et des rêves bien plus intimes, autrefois. Alors tu te penches un rien vers lui, pour lui glisser sur le ton de la confidence : « Des fois je m'imagine aller travailler avec Florian Fortârome sur le Chemin de Traverse et vendre des glaces aux parfums tellement extravagants qu'ils feraient sourire petits et grands. » Un rire léger accompagne ton aveu, comme pour dédramatiser en lui donnant les couleurs de l'humour, feindre de n'accorder que peu d'importance à cette idée loufoque abandonnée à ton ami... dont tu guettes pourtant la réaction avec un brin d'appréhension, espérant qu'il ne rira pas de ta petite utopie.

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Dim 12 Juil - 23:45



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

Il y avait une impression de naturel qui imprégnait leurs échanges. Comme une danse mille fois rodée déjà, Malachy servait le café quand Erin débarrassait la table. Elle aurait été autre, elle se serait sûrement pris quelque réprimande : il était ici chez lui, il s’occupait de tout, l’invitée n’avait qu’à mettre les pattes sous la table et se laisser servir. Mais la Poufsouffle n’était pas ici une hôte ; elle était là chez elle. Non seulement parce qu’elle connaissait Poudlard sûrement mieux que lui, mais aussi et surtout parce qu’elle et Malachy étaient trop proches pour qu’il la considère ainsi. Il y avait entre eux quelque chose qui était né dans ces six (huit ? neuf ? cinq ?) petites et éternelles lunes, et qui ne semblait pas vouloir ternir, les années passant. Quelque chose de fraternel, presque. Malachy savait de quoi il parlait, il en avait trois autres, à Manchester.

Malgré ce lien, les deux ordonnés du Phoenix n’arrivaient pas à trouver la même fluence dans leurs échanges qu’ils pouvaient trouver dans leurs silences. C’était l’avis de Malachy, en tous cas, qui trouvait que leur discussion ne parvenait pas à trouver la profondeur qu’elle avait un jour pu rencontrer. Ou peut-être était-ce un leurre, reliquat du mirage que semblait parfois avoir été la guerre ? Peut-être n’avaient-ils jamais atteint ces bas-fonds qui lui paraissaient pleins de trésors ? Il lui semblait là qu’ils tournaient autour de la Pensine sans vouloir y plonger la tête. Ils en effleuraient l’eau, effrayés peut-être par les murs tous ouïs du Château de Poudlard, ou plus certainement par la douleur que pareils souvenirs pourraient causer.
Ils changèrent de sujet, alors. En effet, peut-être valait-il mieux ne point trop parler du Château, souvenir sûrement trop proche de celui de la guerre, même si évoqué au travers du spectre de l’actualité que l’école était en train de vivre. Ils bifurquèrent ainsi pour parler du travail. Un sourire écartait la gueule du Loup qui évoquait ses louveteaux – à son avis, le futur du pays. Il n’avait pas grand-chose à dire, toutefois, là-dessus, s’il ne pouvait pas avec cela mentionner l’actualité ; elle les concernait du premier chef. Il demanda alors à Erin ce qu’il en était du sien, de travail. Quand ils s’étaient rencontrés, elle était Brigadière, et avait manqué son concours d’Auror – de peu, il en était certain, douée comme elle était. Il avait cru qu’elle l’aurait repassé. C’était ainsi qu’il l’avait imaginée, pendant ces six années séparés. Ça n’était visiblement pas le cas. Ce n’était toutefois pas pour autant qu’il l’a retrouvait exactement là où il l’avait laissée. Elle se satisfaisait, à l’époque, de son métier de brigadière ; c’était l’idée que donnait son engagement dans l’Ordre, tout du moins. Quand il lui demanda, autour de leur café, si son métier lui plaisait toujours, Erin lui répondit, en somme, que plus vraiment, ou plus entièrement. Bien sûr, et c’était ce qui transparaissait le plus de son caractère, elle aimait aider les sorcières et les sorciers dans le besoin ; c’était ce qui l’enthousiasmait encore, disait-elle encore, dans son travail à la Brigade. Malachy fermait les yeux, profitant du goût du café, bercé par le son de sa voix, alors qu’elle se racontait. Il semblait réaliser, petit à petit, combien elle lui avait manqué. S’ils ne parlaient pas de la guerre, c’était doux, ça venait tout seul. Erin pu même se permettre de partager avec lui ses rêves, qui lui firent écarquiller les paupières d’étonnement. Quitter les forces de l’Ordre ? Pour travailler chez Fortarôme ? Les iris de Malachy s’agitaient dans ses orbites au rythme de son incrédulité. Elle s’était pourtant penchée vers lui, avait pris le ton qu’elle prenait toujours quand il s’agissait de sujets sérieux, mais elle riait, maintenant, comme pour dénier tout ce qu’elle venait d’avancer. A cet instant-là, Malachy ne savait plus s’il la connaissait si bien que cela, tant il ne savait pas déceler si elle était sérieuse. « Vrai ? » questionna-t-il, sa tête se penchant sur le côté, à la façon d’un chien qui ne comprendrait pas quel genre d’os on venait de lui mettre sous la truffe.  « Attend, parce que tu sais à qui tu t’adresses, je rigole pas avec le business, moi. Erin McAllister il avait prit un accent écossais pour prononcer son nom, comme si ça rendrait son propos plus sérieux, alors qu’il avait du chocolat au coin des lippes – tu t’es coltinée une décennie à bosser pour le Ministère, si tu les lâches et que ce n’est pas pour devenir Auror, ne t’avises pas de faire des glaces pour Fortarôme, tu m’entends ?! Tu le connais, ce type ? C’est un copain ? Non ? Il va te foutre dans ses cuisines, et tu ne vas jamais en sortir, je le vois d’ici ! Tu es beaucoup trop talentueuse pour bosser derrière-lui ! » Il la secouait, sans doute, à tel point que le fond de café qu’il restait dans sa tasse vint éclabousser son bureau. Il s’en fichait. Il récurviterait tout ça avant que les enfants ne reviennent en classe. « Tu veux donner le sourire au gens, soit. Ce n’est pas dans les cuisines de Fortarôme que tu y arriveras. Il faut que les gens puissent te voir. Il faut que tu puisses leur montrer. Je n’dis pas ça pour te brosser, hein, tu me connais. Les Aurors ne l’ont pas compris, en 96, et Fortarôme, je suis certain qu’il ne comprendra pas. Tu ne m’as jamais laissé dire que les Aurors étaient des idiots de ne pas t’avoir choisie, mais laisse moi te dire que Fortarôme est un idiot tout court, avec ses muffins en cœur pour la Saint-Valentin. Tellement basique. Tu es tellement plus que ça, Erin. Ton museau d’écureuil, là. Tout le monde doit le voir. Il change la face du monde, tu sais ? Il a changé le mien. »

Malachy tendit le bras, et du bout de son index, tendre, il vint caresser, doucement, le bout du nez de la jeune femme. S’il fermait les yeux, il pouvait la voir, éveillée toute la nuit alors qu’il hurlait à la mort, enchaîné à un mur. En 1998, il n’avait plus d’argent pour se payer sa Tue-Loup. Quand il n’était pas avec Remus, enfermé au Square Grimmauld, il était avec elle. C’était-là, sûrement, qu’elle était devenue fraternelle. Sa famille.

« Je n'veux pas te gronder. Pardon. Juste... Rêve grand, Erin, c'est tout. »

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Mer 22 Juil - 16:26

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin


Qu’y a t-il donc, chez ce loup, pour que tu baisses si aisément ton éternelle garde, cette distance prudente adoptée comme un charme du Bouclier perpétuel depuis la fin de la guerre ? Pour vibrante qu’elle ait pu être, votre amitié n’est pas de celles qui s’enrichissent au fil des années, si propices aux confidences. Non, depuis les premiers jours, elle avait ces reflets d’évidence. Un éclair semblant venu des nuages, avec soleil et pluie comme simples bagages. Et au milieu du chaos et du danger, elle a fait la saison des amitiés sincères. La plus belle saison des quatre de la terre.
Et déjà à l’époque, il savait te faire parler plus efficacement qu’une fiole de Veritaserum. Tant et si bien que tu l’avais un temps soupçonné d’en avoir versé dans ta gourde de jus de citrouille – comment expliquer autrement que tu te sois si facilement confiée sur Loane, sur tes parents, ta déception d’avoir échoué aux concours des aurors, sur tes sentiments balbutiants pour Neil ? Autant de sujets que tu n’avais aucune envie d’aborder avec quiconque mais que tu t’étais pourtant surprise à évoquer si facilement. À bien y réfléchir, tu avais été forcée d’admettre qu’il était peu probable que Malachy se soit donné la peine de se procurer une potion aussi coûteuse pour le seul plaisir de faire parler sa nouvelle co-équipière durant les longues nuits de veille. Et par conséquent, que seules son empathie et son écoute attentives justifiaient le petit miracle de tes confidences.
Et voilà que six ans plus tard, il renouvelle l’exploit avec le même naturel déroutant. Tu parles, tu parles jusqu’à lui confier ce qui n’avait jamais encore été davantage qu’une pensée furtive, vite balayée par les impératifs du présent. Même à Adele, tu n’en as jamais rien dit, preuve indéniable s’il en est. Elle n’en serait sans doute pas totalement surprise, cela dit. Aussi fidèle adepte que toi des douceurs sucrées du glacier magique, elle vous a déjà vus partir dans d’interminables débats enflammés sur d’extravagants parfums qu’il pourrait ajouter à sa carte déjà interminable. Il y a d’ailleurs un zeste savoureux d’ironie à te voir ainsi t’enthousiasmer pour de la pâtisserie, toi qui ne mets jamais les pieds en cuisine, faute d’exemple ou d’habitude. Un décalage qui rend d’autant plus improbable cette fantaisie sans fondement, bien que la plaisanterie ait déjà fusé de la part du vieux glacier, sans que tu oses la prendre au sérieux.

De tout cela, tu ne souffles mot – à quoi bon mentionner ta complicité avec Florian ? Tout ceci n’a aucun sens. Pourtant, tu vois déjà ton ami se redresser, le nez au vent comme à flairer une odeur prometteuse. Son accent écossais ne trompe personne – surtout pas toi, uile-chumhachdach Merlin! – mais le sérieux de ton regard te fait déjà regretter la confidence. Bon sang ne saurait mentir, deas? Le revoilà, le bookmaker, le fils d’entrepreneurs, incapable de ne pas lever la truffe en flairant une idée juteuse. Aussitôt, tu rejettes la tête en arrière dans un large signe de dénégation. « Range tes griffes, Lyons ! Je ne suis pas ici pour parler affaires. » Tu voudrais continuer, lui dire que ce n’est qu’une chimère méritant à peine d’être évoquée. Lui avouer que tu n’as de toute façon pas le quart du courage qu’il te faudrait pour claquer la porte du département de la justice magique et entreprendre un tel changement de vie. En bref, oublier cette idée trop fantasque, trop irréaliste.
Mais il ne t’en laisse pas le temps, tout à son indignation. Et il y a dans son ton grondeur une telle véhémence empreinte de tendresse que tu sens ton cœur vibrer doucement sous la chaleur de l’aveu qu’il t’offre sans fard. Tu restes silencieuse, écureuil pris au implacable du loup et sans même y penser, ta chaise comme animée d’une volonté propre se décale vers lui, offrant tout loisir à ta tête de venir reposer dans le creux de sa nuque. Comme en ces nuits interminables où, assis au sommet d’une colline dans une énième mission, vous vous blottissiez l’un contre l’autre comme deux petits d’une même portée engendrée par la guerre.
Naturellement, tes doigts retrouvent le chemin des siens, glissant sur une mince ligne blafarde à même sa peau, vestige sans doute d’une pleine lune plus dure que les autres. Et là, calée contre lui comme avant – Helga, c’est si doux ! –, tu lâches dans un murmure « Toi aussi, tu as changé ma vie, madadh beag. »

Tu ne lui as jamais dit, pourtant c’est évident. Dans ces semaines terribles, alors même que ton monde s’écroulait, que la communauté sorcière vacillait sous le joug du pire tyran qu’elle ait jamais enduré, il parvenait à remettre un sourire sur tes lèvres, une lueur d’espoir dans ton cœur. Sans Neil, sans lui… Tu serais peut-être demeurée la coquille dévastée venue s’échouer auprès de l’Ordre. Mais alors que le premier s’était détourné quand vos rêves avaient volé en éclats à l’aube du mois d’avril, Malachy avait tenu bon quelques semaines encore, avant que la dissolution de l’Ordre ne sépare vos chemins.
Malgré les circonstances et les épreuves traversées, une bouffée de nostalgie étreint ton cœur au souvenir de ces instants. Vous étiez si jeunes alors, si fous. Où donc sont passées les années ? Qu’en as-tu fait ? Qu’en as-tu vu ? Perdue dans les méandres d’un passé mal cicatrisé, combien de jours as-tu ainsi perdus ? Seuls témoins de ces émotions teintées de regrets, tes doigts serrent un peu plus les siens avant que tu ne concèdes, du bout des lèvres « Tu sais… Je crois que j’ai un peu oublié comment rêver, ces derniers temps… » Aveu timide, un peu honteux. Tes épaules se crispent par avance, en prévision du sursaut indigné qu’elles anticipent déjà. Mais tes pensées restent toutes entières absorbées par ses derniers mots et la question qu’ils suggèrent.
Rêve grand. Mais quels sont-ils, tes rêves ?  

Traduction
uile-chumhachdach Merlin! : Merlin tout puissant !
deas? : Pas vrai ?
madadh beag : petit loup

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Ven 7 Aoû - 23:31



C'est l'histoire d'une Trêve
Un mardi matin au mois de février 2004, jour 4 du Cycle Lunaire

Si Erin n’avait pas retrouvé Malachy entre les murs du Château de Poudlard, c’est sans aucun doute au Lyons’ Den qu’ils auraient eu cette même discussion. S’il n’avait pas été enseignant, il aurait investi l’entreprise familiale comme les autres membres de sa fratrie l’avaient fait, et comme il s’y était même essayé, quand il était à l’Université. Il y aurait d’ailleurs sûrement réussi, il n’était pas mauvais, quand il s'y mettait. Pas aussi bon que Jude, bien évidemment – mais pas mauvais. Il fallait des seconds, de toute façon, pour faire le dirty job de la Patronne. Il avait grandi là-dedans, ses parents lui avaient transmis une certaine fibre commerçante, il y serait parvenu. Ainsi, parfois, une flamme semblait le prendre, héritière de ses heures passées derrière le bar des Lyons. Il n’avait pas pu l’empêcher de s’allumer, là, face à Erin qui lui exposait son envie de rejoindre la boutique de Fortarôme. Qu’elle quitte la brigade, Malachy n’en avait pas grand-chose à faire. Si elle l’envisageait, c’est qu’elle avait déjà un pied dehors, et si elle avait un pied dehors, c’est que son poste ne la nourrissait pas autant que ça aurait dû être le cas. Lui n’envisageait pas la fin de son professorat, au contraire :  il avait l’impression qu’il ferait ça jusqu’à sa mort. Toutefois, qu’elle quitte la brigade pour être effacée, c’était inenvisageable. S’il n’aimait pas avoir eu à l’houspiller, il ne regrettait pas de lui avait dit son sentiment à ce sujet : c’était dans sa nature d’avoir un avis à sur ce genre d'affaires, et dans la nature de leur relation de vouloir le lui partager.  
Erin ne sembla pas l'en blâmer. Un instant, elle le sommait de ranger ses griffes, mais le moment d’après, elle se blottissait contre lui, tout naturellement. Lui qui était arrivé en classe ce matin-là absolument frigorifié, sensation qu’il détestait, se sentait désormais doucement réchauffé. Les effets de la Lune commençaient sans doute à décliner, mais c’était aussi et surtout la chaleur naturelle déployée par la Poufsouffle, son Soleil à lui, qui devaient faire leur effet. Comme pour le brûler un peu plus, elle lui dit qu’il avait changé sa vie, à elle aussi. Il rougit, sourit, mais ne dit rien. Il avait du mal à croire en cette réciprocité, n’ayant pas l’impression d’avoir trop interrompu le cours de sa vie à elle. Elle était déjà brigadière, déjà prête à se battre pour les forces du Bien, il était tout naturel qu’elle s’engageât dans l’Ordre – si l’on oubliait sa famille, peut-être. Lui avait été tiré du bar familial par Remus Lupin pour atterrir au milieu de plus de sorciers qu’il n’en avait jamais vu dans toute sa vie. Au milieu de cela, elle avait toujours été là, dès les premiers temps et jusqu’aux derniers. Sa Lune.

Erin ne poursuivit pas sa réflexion sur Fortarôme, elle semblait plutôt perdue dans ses pensées, dans sa nostalgie, caressant doucement son bras. Malachy ne forcerait pas le sujet. Plutôt que ça, il la laissait à ses songes, surtout si elle lui disait qu’elle avait du mal à rêver. Ça faisait six ans que la guerre était finie ; six ans que les Anglais pouvaient à nouveau s’imaginer leur futur. Il était sans doute temps qu’Erin, comme d’autres, s’y autorisent. Une pensée s’imposait à lui. Peut-être se trompaient-ils, tous les deux. Peut-être n’était-ce ni elle qui avait changé sa vie, ni lui qui avait changé la sienne. Ou peut-être avait-ce été le cas, mais seulement dans un second temps, peut-être simplement pour se sauver, pour rester à flot, après le premier coup. Après que leur monde fut renversé complètement. « C’est la guerre, qui a changé nos vies. » grommela-t-il, presque uniquement pour lui. « Pardon, c’est glauque », rajouta-t-il rapidement. « Mais je crois qu’il est l’heure de mettre tout ça derrière nous, et de regarder vers le futur. »

Les louveteaux allaient revenir. Ça serait leur dernier groupe, les plus grands, et ils en auraient fini. Lui terminerait exceptionnellement plus tôt, grâce à cette journée spéciale d’intervention extérieure – et pas des moins importantes ni des moins fatigantes. Il en profiterait et irait s’enfermer dans sa tanière écossaise juste après avoir envoyé les gamins en récréation. Il sentait que s'il posait sa tête contre son oreiller, il n’aurait aucun mal à s'endormir jusqu’au lendemain matin, ce dont il avait sans doute besoin. Il aurait aimé proposer à Erin de rester, de dîner avec lui, mais il n’en avait pas la force. Et puis, en réalité, ils méritaient sans doute de leur laisser le temps d’accepter, d’admettre leurs retrouvailles, pour se retrouver véritablement, et en dehors du Château cette fois-ci. Ils seraient plus libres d’échanger, de se dire leurs vérités. Ils en avaient besoin, maintenant. « En parlant d’heure … ça va bientôt être celle du dernier groupe de louveteaux. Je vais redescendre tout ça aux cuisines – il désigna leur vaisselle – et je remonterai avec eux. » Avec tendresse, Malachy déposa un baiser sur le front d’Erin, avant de se relever. Il ne pourrait plus s’autoriser ces marques affections face aux enfants, lui qui était pourtant naturellement tactile, alors il en profitait. D'un coup de baguette et d'un sortilège prononcé à haute voix – ses émotions ne lui permettaient pas de se risquer aux informulés – Malachy fit suivre derrière lui le plateau désormais croulant de vaisselle vide. Il quitta Erin pour les cuisines, avant de la retrouver, quelques minutes plus tard, dans sa salle. Il était en tête de meute et entouré par ses gamins, son sourire semblant finalement un peu moins fatigué.

Tout semblait petit à petit décanter. Les retrouvailles faites, les sujets évités finalement abordés et les confessions avouées à demi-mot, leur relation finissait par être retrouvée au milieu des décombres de la guerre. Il était heureux.

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Ven 21 Aoû - 20:31

C'est l'histoire d'une trêve @Malachy J. LyonsErin


C’est la guerre qui a changé vos vies.
Il y quelque chose d’évident dans cette simple assertion. Tant de conflits, de peur, de haine… Nul n’est sorti indemne de cette période sombre, pas même ceux qui tentaient par tous les moyens d’y échapper, de ne pas s’en mêler. Pas même ceux qui n’étaient pas concernés au premier chef, les moldus eux-mêmes ayant eu à recenser bien trop de morts et de disparus dans des circonstances troubles et inexplicables.
Toutefois, Malachy se trompe. Ta vie n’a pas seulement été bouleversée par la guerre. Elle s’est arrêtée net. Avant qu’elle ne commence, tu étais une adolescente pleine de vie, bien que trop timide, manquant de confiance en toi, comme tant d’autres à cet âge. Tu avais des rêves, des espoirs, des envies pour l’avenir qui se profilait à l’horizon. Tu voulais servir le bien, te faire chevalier servant pour aider la communauté magique. Et après ? Après, plus rien. Une cadette sans benjamine, une mère sans enfant, une combattante sans cause, une brigadière sans perspectives. Et pendant six ans, tu t’es contentée de mettre un pied devant l’autre, attendant… Attendant quoi ? Qu’une entité divine te rende Loane ? Que Merlin intercède en ta faveur et dépose dans tes bras avide ce bébé parti trop tôt ? Qu’une inspiration subite vienne réinsuffler de l’air dans ta poitrine desséchée ? Coincée dans un quotidien trop routinier, entre le Ministère et ton canapé. Sans plus de vie sociale qu’Adele, tes collègues et quelques amis de Poudlard pas encore perdus de vue.
Oh Erin…

Les pensées tournent et voltigent dans ton esprit, folles et insaisissables. Assourdissantes. Il faut les faire taire, pourtant. Les reléguer dans un coin pour rassembler toute ton attention en direction de ces enfants qui ne tardent pas à arriver, sur les talons de leur professeur dont la seule vue parvient si fort à t’émouvoir. Ont-ils senti, combien tu étais ailleurs ? Ont-ils imaginé une seconde quels tourments se bousculaient tandis que tu leur décrivais ces lois indispensables à votre survie et votre sécurité, ces lois auxquels ils étaient soumis sans même en avoir conscience ?
La séance terminée, tu attends que ton ami fasse sortir ses élèves, récupérant de-ci ta chaude cape d’hiver, de-là les parchemins éparpillés sur le bureau professoral. Ce n’est qu’une fois Malachy revenu que tu as un mot d’excuse, un autre de remerciement. Désolée de n’avoir sans doute pas été à ton maximum sur cette dernière intervention, heureuse de l’avoir conduite à ses côtés.

Les enfants repartis vers d’autres cours, d’autres découvertes et tes affaires dûment rassemblées, tu te tournes finalement vers lui, un rien hésitante. « Je… Je vais y aller. À bientôt ? » Et dans ces deux mots, pourtant si commun, tu insuffles tant d’espoir qu’ils en deviennent prière. Six années écoulées, et il aura fallu que vous vous trouviez face à face pour que tu réalises finalement combien tu as besoin de lui. Alors il est hors de question de laisser encore le temps filer entre vos doigts. Ce ne sera pas évident, mais les relations humaines le sont-elles jamais ? Et dans son regard si bleu, tu peux lire les mêmes doutes, les mêmes souvenirs. La même envie d’en découdre pour vous retrouver. Alors, sur un dernier sourire, une dernière étreinte, tu t’échappes de la salle de classe pour le laisser se reposer. Et tandis que tes pas te portent hors de ces couloirs séculaires, ton coeur semble palpiter doucement dans ta poitrine, comme s’éveillant d’un trop long sommeil, vibrant au rythme d’un sentiment revenu.
L’espoir.


RP TERMINÉ

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