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La persévérance vient à bout de tout [ft. Moira]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Jeu 12 Mar - 18:55
Le soleil n’est pas encore levé lorsqu’il pousse la lourde porte de la Brigade et entre dans la pièce. La plupart du temps, le département de la justice magique ne dort jamais et il est possible de croiser un employé zélé à toute heure du jour et de la nuit, mais aujourd’hui, le bureau est désert. Il a bien croisé quelques personnes en arrivant, et la lumière sous la porte du bureau de la Présidente du Magenmagot ne lui avait pas échappée, mais le quartier des brigadiers est désert. Damocles pousse un soupir de soulagement en se voyant seul. Cela fait maintenant deux semaines que le hibou lui annonçant son recalage à l’examen des Aurors s’est posé sur son bureau, renversant son café et salissant ses affaires comme pour accompagner la mauvaise nouvelle. Il avait fébrilement défait la ficelle retenant le parchemin, la nervosité empêtrant ses gestes, mais il avait soigneusement évité de réagir à sa lecture pour ne pas attirer l’attention de ses collègues. Son coeur s’emplissait de colère à chaque ligne. « Au regret de vous annoncer… capacités certaines… incompatibilité de caractère… à votre disposition. » Depuis, ces mots n’ont cessé de s’imprimer dans son esprit, et se concentrer sur son travail lui est devenu difficile. Pourtant, il doit être plus alerte que jamais.
Le climat dû aux derniers événements pèse à Damocles. Jamais il n’a vu autant de tensions latentes au sein du Ministère, à part pendant la guerre. Mais c’était la guerre. Actuellement, c’est censé être la paix. Pourtant, le département semble au bord de l’explosion, pas un jour ne se passe sans que des agents ne soient envoyés en urgence maîtriser les conflits qui éclatent régulièrement au sein de la communauté sorcière. Conflits mineurs certes, mais qui témoignent des dissensions entre les sorciers. Les accusations sont jetées en pleine rue, les rumeurs vont bon train, les arrestations se multiplient. La moindre baisse de vigilance entraîne une farandole de situations désastreuses dont l’escalade a finit par aboutir à la catastrophe du concert de janvier. C’est une véritable plaie qui s’est ouverte dans le flanc du Ministère ce jour là, et Damocles l’a ressentie aussi douloureusement que ses collègues.

Il pousse un soupir et finit par regagner son bureau. Les bras croisés sur la poitrine, il se laisse aller contre le dossier de sa chaise et contemple l’amas de documents qui s’entassent devant lui. Les nouveaux dossiers arrivent chaque semaine dans un nombre toujours plus grand, tandis que leurs clôtures se font rares. La pile augmente toujours un peu plus. Cela ne lui fait pas peur, il a toujours aimé se lancer à corps perdu dans le travail, et plus le challenge est grand, plus cela lui plait. Mais ce challenge là, il ne sait pas comment l’affronter. Il reste immobile pendant plusieurs minutes, laissant son regard se perdre sur le mur qui lui fait face. La situation est trop délicate pour qu’il se contente d’exiger des réponses et de forcer le passage jusqu’à obtenir ce qu’il veut. Non, cette fois, malgré toutes les difficultés qu’il a à l’admettre, il aura besoin d’aide. Mais à qui demander ? Sa famille ? Certainement pas. En ce qui le concerne, Horace Slughorn est mort à ses yeux. Cette vieille limace arthrosique est de toute façon bientôt arrivée à la fin de sa vie, mais il a malheureusement encore quelques années devant lui pour mettre des bâtons dans les roues de son neveu. Cela fait longtemps que Damocles ne lui accorde plus sa confiance. Quant à son père et son frère, cela fait des mois qu’il ne leur a pas adressé la parole en face. Si Damocles devait un jour reprendre contact, cela ne serait certainement pour leur demander de l’aide. Ses collègues alors ? Aussi doués qu’ils soient, Damocles ne voit pas en quoi ils pourraient l’assister. Et en ce moment, ils ont tous leurs propres problèmes à régler.
L’image de Moira Oaks lui traverse brièvement l’esprit, mais il la chasse d’un froncement de sourcil. Ce n’est pas la première fois qu’il y pense. A défaut d’une amie, Damocles la considère véritablement comme l’une des rares alliés. Depuis plusieurs années, il a appris à respecter et apprécier sa supérieure. Rares sont ceux qui ont le même esprit juste et droit, surtout en ces temps compliqués. Rares sont ceux qui s’impliquent comme elle dans le travail de ses équipes. Et étant donné sa position, il n’est pas improbable qu’elle ait de vraies réponses à lui apporter. A condition qu’on lui autorise à les divulguer, bien entendu, et avec le climat de censure qui règne actuellement rien n’est moins sûr. Il se surprend à finalement considérer cette idée. Après tout, il n’a pas grand chose à perdre à essayer d’avoir une discussion honnête avec la Présidente-Sorcière.

Il se lève finalement. Par la fenêtre, le jour commence à poindre. Bientôt, le cinquième étage se mettra à bourdonner d’activité et les petites fourmis du Ministère prendront leur place et s’attelleront à leurs tâches quotidiennes. A ce moment là, il ne pourra plus envisager de faire quoi que ce soit d’autre que d’essayer d’affronter cette montagne de dossiers en cours pour essayer de la réduire. Tandis qu’il parcourt les couloirs, il réfléchit à sa stratégie. Il n’a jamais été homme à tourner autour du pot, et on lui a souvent reproché son approche un peu trop directe lors de certaines situations qui auraient demandé une touche de subtilité. Mais il n’aime pas laisser traîner les choses, il sait ce qu’il veut. Et là, ce qu’il veut, ce sont des réponses. Il ne s’attend pas à des miracles. Ce n’est pas Moira Oaks qui décide qui devient Auror et qui se retrouve sur la sellette. Néanmoins, il espère pouvoir plaider sa cause et obtenir des informations sur son sort à venir. Il n’a pas vraiment le temps d’y réfléchir plus longtemps, étant arrivé arrivé à destination. Il frappe à la porte sans hésitation, et attend. En temps normal, il aurait d’abord envoyé une note sollicitant une entrevue, mais il ne veut pas laisser le temps à Moira Oaks de préparer ses réponses. Il veut une explication la plus brute possible, sans fioritures, sans mensonges.


1093 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Jeu 19 Mar - 12:37





février 2004

Holly n’est pas encore arrivée quand la Présidente-Sorcière ouvre la porte de son bureau. Il lui a fallu plusieurs mois pour convaincre sa jeune secrétaire de ne plus chercher à tout pris à arriver au bureau en même temps qu’elle, que ses cernes se creusaient à vue d’œil et qu’elle préférait la voir reposée et efficace que toujours présente et somnolente. C’est donc un sourire tendre qui vient étirer les lèvres de la magistrate quand elle voit le bureau désert de sa secrétaire avant de pénétrer dans le sien.

Moi referme la porte derrière elle avec une précaution infinie, comme si elle avait peur de réveiller le Ministère encore largement endormi. Ce n’est qu’une fois seule dans son antre que ses gestes retrouvent leur naturel. Elle se débarrasse de son manteau, allume quelques bougies d’un mouvement de baguette magique et se vers sa fenêtre qu’elle ouvre comme chaque matin pour permettre à son compagnon de toujours de la rejoindre. Elle jette un regard dehors, attendant de repérer le vol maladroit si caractéristique de son nyctibius. Elle fronce les sourcils un instant, s’inquiète de ne pas le voir arriver, quand soudain, un volatile au battement d’aile irrégulier apparaît au loin. L’oiseau a une trajectoire hasardeuse comme s’il avait abusé de l’eau de vie avant de prendre son envol. Aucun doute : il s’agit bien de Foul’camp.

Alors que l’oiseau s’approche, la juge se recule légèrement pour lui laisser tout le rebord de la fenêtre pour atterrir. Comme chaque matin, l’appréhension fait discrètement accélérer son cœur, d’autant que sa trajectoire lui paraît bien basse pour atteindre sa cible aujourd’hui. Les atterrissages de Foul’camp sont souvent plus gauches encore que ses décollages, ce qui tient de l’exploit, et cette fois encore, le nyctibius n’entend pas faillir à sa réputation.

Ses serres dérapent sur la pierre du rebord et il perd l’équilibre en criant un « hiiiip ! » dramatique. Moira se précipite à son secours, laissant échapper un « Foul’camp ! » effrayé alors qu’elle se jette en avant pour tenter de le rattraper. Sa main se referme miraculeusement sur une patte du volatile qu’elle remonte alors avec une précaution infinie jusqu’à ce qu’il puisse se mettre debout. Elle finit par lâcher un soupir désespéré.
- Tu finiras par avoir ma peau avant de te tuer tout seul, idiot !
Le nyctibius répond par un piaillement aigu, visiblement embarrassé, et se dandine d’une patte sur l’autre alors que sa maîtresse lui déplie doucement les ailes pour vérifier que rien n’est cassé.
- Et avec ça tu es encore plus chanceux qu’un trèfle à quatre feuilles ! C’en devient scandaleux.
Foul’camp laisse échapper un son faiblard sans même ouvrir le bec, comme une excuse, et Moira caresse les plumes du dessus de sa tête en souriant, attendrie. Elle lui présente ensuite son avant-bras sur lequel il grimpe sans hésiter, puis elle le fait entrer à l’intérieur pour le protéger du froid hivernal.
- Allez, dit-elle. Viens te réchauffer et manger quelque chose. Tu dois avoir faim.
- Hiiiip !
La nourriture a toujours le pouvoir extraordinaire de faire oublier les petites frayeurs.

Une bonne heure durant, Moira se perd dans ses dossiers, se remet en mémoire tous les travaux délaissés la veille. Elle signe quelques rapports, envoie plusieurs notes à différents services pour demander une recherche dans les archives ou les résultats d’un interrogatoire qui tarde à lui parvenir. Elle ne relève la tête qu’en entendant toquer à sa porte. C’est Holly, sa secrétaire, qui vient la saluer.
- Bonjour, madame Oaks, lance-t-elle d’un ton enjoué.
- Bonjour, Holly. Voulez-vous un thé ?
- Bien volontiers.
La juge sourit plus largement encore. Elle se félicite d’être parvenue à lui faire oublier le très cérémonieux « Madame la Présidente » pour un bien plus simple « Madame Oaks » qu’elle préfère utiliser avec ses collègues les plus proches. Puisqu’aucune âme dans ce sacrosaint Ministère ne la ne la voit plus souvent que cette chère Holly Brown, il était hors de question qu’elle subisse ces salutations protocolaires à chaque phrase.
- Vous avez quelque chose pour moi ce matin ? demande Moira alors que Holly prépare sa tasse de thé dans un coin de son bureau.
- Du courrier, comme d’habitude. Une des lettres ressemble méchamment à un carton d’invitation, j’en ai peur.
- Ne me dites pas que quelqu’un dans ces bureaux a encore la folie de croire que j’ai le temps de passer une soirée entière dans des cocktails mondains à me noyer de champagne et me gaver de petits fours ?
- C’est bientôt l’anniversaire de Tedrick Moore. Vous savez qu’il ne perd pas une occasion de venir vous faire les louanges de votre présidence à chaque fin de commission.
- Miséricorde…

Le regard de la juge vient reprendre la ligne qu’elle avait abandonnée sur son rapport alors que la secrétaire se dirige de nouveau vers la porte.
- Je vous laisse à vos affaires le temps de trier votre courrier.
- Merci, Holly.
Et la porte se referme derrière la jeune femme.

Elle n’a cependant pas le temps de gagner son siège que quelqu’un frappe déjà à sa propre porte. Difficile d’être le dernier barrage protégeant la Présidente-Sorcière des visites incongrues… Holly laisse échapper un discret soupir à voir sa journée commencer avec tant d’empressement mais se dirige néanmoins jusqu’à sa porte qu’elle ouvre sans violence. Il ne lui faut qu’une petite seconde pour mettre un nom sur le visage qu’elle découvre. Son impressionnante mémoire et ses talents de physionomistes sont une des raisons qui ont convaincu Moira de faire de cette jeune femme son premier allié dans ce monde de hyènes.
- Monsieur Slughorn, bonjour. Est-ce que je peux vous aider ?
Il demande à voir la Présidente-Sorcière. « Lui aussi », pense-t-elle. Mais il le demande avec une telle politesse qu’elle n’a pas le cœur à le renvoyé sans avoir tenté sa chance.
- Attendez un instant, lui dit-elle. Je vais voir si elle est disponible.

Sans attendre, elle frappe de nouveau à la porte de Moira qui lève le nez de ses travaux et le sourcil gauche
- Déjà ? demande-t-elle avec surprise.
- Non, madame. C’est Damocles Slughorn. Il souhaiterait vous voir.
Damocles Slughorn ? Que peut-il venir lui demander si tôt ? La juge hésite un instant, puis finit par lancer, intriguée :
- Faites-le entrer
- Tout de suite.

Holly ressort et sourit au brigadier.
- Elle va vous recevoir, lui souffle-t-elle en lui tenant la porte du bureau de sa patronne.
Elle la referme ensuite derrière lui, le laissant seul avec Moira.

Derrière son imposant bureau jonché de dossiers, Moira se lève pour accueillir le brigadier.
- Bonjour, Damocles, dit-elle d’une voix neutre mais chaleureuse. Vous vouliez me voir ?
Le bureau est encore habité d’un doux silence à cette heure de la matinée. L’activité du couloir ne vient pas encore les troubler. Rien ne vient les perturber, si ce n’est le cliquetis régulier des serres d’un certain nyctibius posé sur son perchoir qui observe, curieux, l’intrus venu visiter sa maîtresse avec ses deux grands yeux jaunes et vides.  


(1184 mots)

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Ven 20 Mar - 20:31


L’attente n’est pas longue. Elle ne l’est jamais vraiment depuis que Holly Brown  a pris ses fonctions en tant que secrétaire de la Présidente-Sorcière, accompagnée de son inébranlable efficacité. La porte s’ouvre sans surprise sur la jeune femme, qui lui demande l’objet de sa visite. Damocles hésite quelques secondes. Il n’a pas vraiment envie de s’éparpiller sur le sujet. Il ne connait pas bien l’assistante de Moira Oaks, mais il ne veut pas prendre de risques. Qui sait, il suffirait d’un bavardage un peu trop léger en salle de repos pour que l’ensemble de la Brigade soit au courant de son nouvel échec.
« - Bonjour, miss Brown. Désolé de vous déranger de si bonne heure, mais j’aurais souhaité m’entretenir avec Madame la Présidente, si c’est possible. »
La secrétaire disparaît aussi vite qu’elle est arrivée, et Damocles se retrouve seul dans la pièce. Tout à l’heure, la marche à suivre lui apparaissait claire et limpide, mais à présent, il commence à avoir quelques doutes. Premièrement, il n’avait pas envisagé que Moira Oaks s’oppose à l’entretien, une belle erreur de débutant. Que se passerait-il si Holly Brown réapparaissait et lui annonçait que sa patronne refusait de le recevoir ? Il  n’oserait pas insister trop lourdement, mais il ne se voit pas non plus en rester là. Fort heureusement, Holly réapparaît avec une réponse positive. Il retient un soupir de soulagement et la remercie avant de pénétrer dans la pièce.

La porte se referme derrière Damocles. Il fait quelques pas pour s’arrêter devant le bureau et faire face à son interlocutrice. Il se plaignait tout à l’heure de la quantité de dossiers en attente qui décoraient son bureau, mais force est de constater qu’à côté de celui de Moira Oaks, on pourrait presque dire que le sien est vide. Il n’ose imaginer les heures que doit passer la Présidente à s’occuper de la paperasse. Mais au vu des récents événements, il n’est qu’à peine surpris. Elle doit se trouver en première ligne dans la gestion des nombreux conflits qui agitent le monde sorcier actuellement. Il ne peut qu’admirer la patience et le dévouement dont elle fait preuve. Elle le salue avec bienveillance, et il se sent au fond de lui soulagé par cet accueil. Les choses n’en seraient que plus simples.
« - Bonjour, Madame la Présidente. Merci de me recevoir. »
Damocles garde le silence pendant quelques secondes. Ses yeux se posent sur la créature qui le fixe depuis le fond de la pièce. La pauvre bête n’a pas fière allure. Le contraste avec sa maîtresse est vraiment étonnant. Qui aurait cru que deux êtres aussi différents puissent s’associer ainsi. Mais les grands yeux jaunes du volatile finissent par le mettre mal à l’aise. Peut-être est-ce le but recherché. Il détourne le regard et s’éclaircit la gorge.
« - Il y a quelques semaines, j’ai reçu ceci. Je suppose que vous n’êtes pas sans savoir que rejoindre le Bureau des Aurors m’a été refusé pour la seconde fois, à l’issue d’un examen qui s’est parfaitement déroulé. »
Tout en parlant, il sort le fameux papier. Un rapide coup d’oeil à l’écriture suffit à l’agacer, et il le pose sur le bureau, heureux de s’en débarrasser.
« - Il y a cependant quelque chose qui me me préoccupe. Le Bureau des Aurors manque cruellement d’effectifs. Les conflits se multiplient, ils n’arrivent pas à tout gérer. Ils recrutent n’importe qui, le premier idiot capable de tenir une baguette. N’importe qui, mais pas moi. »
Il s’interrompt, conscient d’avoir franchi une limite. Mais cela fait trop longtemps que cette injustice dure à son goût. Il a besoin de réponses, il ne supporte plus cette incertitude qui l’habite, à la limite de la paranoïa.
« - Cela fait près de quinze ans que je travaille au sein du service. Je pense avoir fait mes preuves, plusieurs fois. Alors, est-ce vraiment mon caractère qui n’est pas compatible ? Ou cela vient-il d’autre chose ? »
Il pose cette dernière question en regardant la Présidente droit dans les yeux. Quelle que soit la réponse, il est prêt à l'entendre.


723 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Dim 22 Mar - 19:26





février 2004

Ainsi donc, les semaines ne sont pas parvenues à apaiser la déception de Damocles Slughorn. Comment lui en vouloir ? Ainsi qu’il explique sans détour la raison de sa venue, Moira s’étonne d’être celle à laquelle il vient demander une explication. Mais elle comprend vite que peu d’autres membres du département pourraient répondre à ses questions. Les examinateurs refuseraient inévitablement de se justifier plus qu’ils ne l’ont fait dans la lettre de refus. Kingsley Shacklebolt et ses autres supérieurs risqueraient de ne voir que l’arrogance crasse d’un agent dégoûté d’avoir été éconduit. A quel autre personnage haut placé du département de la Justice peut-il demander des comptes sans craindre directement pour la suite de sa carrière ?

Damocles Slughorn est un bon élément des brigades magiques, Moira n’en a jamais douté. Bien qu’elle ne soit que rarement en contact avec la plupart des agents de terrain, elle a déjà eu l’occasion de travailler avec lui par le passé. Rapidement, elle a remarqué son sérieux, la finesse de ses instincts et sa détermination à venir à bout de chacune de ses missions. Son opinion à propos du brigadier est partagée avec beaucoup des supérieurs de Slughorn d’après les échanges qu’elle a pu avoir avec eux à son sujet. Damocles est un brigadier assez doué auquel on ne peut reprocher qu’un caractère parfois difficile à manier. Plusieurs de ses collègues peuvent avoir des mots assez durs à son sujet, lui reprocher une certaine froideur et un cynisme qui peut être difficile à supporter. Mais si Damocles n’a pas que des amis, aucun n’a toutefois l’aplomb de prétendre qu’il ne soit pas irrémédiablement dévoué à son travail.

Moira comprend donc son désarroi quand il pose sur son bureau la lettre de refus qui lui a été adressé pour la deuxième fois, le privant de nouveau du poste d’Auror qu’il vise depuis des années. Mais alors que ses questions affluent, toutes légitimes, Moira sent s’infiltrer en elle le sentiment de gêne étrange qui la prend lorsqu’elle se sait en possession d’éléments capitaux que son interlocuteur ignore, car elle reste une figure incontournable du département et qu’il lui arrive fréquemment d’échanger avec les examinateurs du concours des Aurors. Le cas de Slughorn est une épine dans leur pied depuis déjà plusieurs années et elle sait qu’ils ne lui reprochent pas un manque de capacités. La raison de leurs réticences est bien plus simple à évaluer, mais aussi bien plus difficile à dire.

Soufflant par le nez, la Présidente-Sorcière réfléchit à ce qu’elle peut avouer au brigadier et à sa manière de le formuler. Cette discussion sera de toute façon désagréable pour eux deux.
- Asseyez-vous, Damocles, je vous en prie, murmure-t-elle alors en désignant le siège vide qui lui fait face du bout du menton.
Elle cueille d’une main agile le papier qu’a laissé le brigadier sur son bureau en attendant qu’il s’installe. Ses yeux survolent le bla-bla habituel dont la politesse n’adoucit nullement la violence des mots. Un refus est toujours brutal, plus encore quand on le reçoit deux fois.

Moira ne fait pas mine de découvrir ce qu’ont décidé les examinateurs. Elle sait depuis plusieurs semaines déjà qu’ils ont invoqué une nouvelle fois cette « incompatibilité de caractère » et ne prétend pas l’ignorance à ce sujet. Elle respecte trop le brigadier pour cela.
- J’ai appris pour le refus des examinateurs il y a quelques semaines, en effet. Je suis désolée que vous ayez à subir un second échec. Je sais combien vous travaillez pour obtenir ce poste et je comprends votre frustration. Mais je vous en prie : ne laissez pas votre déception obscurcir votre jugement. Vous savez que le poste d’Auror n’est jamais donné au premier venu et que tous ceux reçus au concours sont d’excellents sorciers dont les aptitudes leur permettent d’être à la hauteur des responsabilités qui les attendent. Nos manques d’effectifs sont réels, mais vous savez aussi que nous ne mettrions jamais de sorciers sous-formés à des postes aussi capitaux et dangereux. Il en va de la sécurité de nos hommes et de la population qu’ils sont censés défendre. Alors je vous en prie, ne dites pas pareilles sottises. Un esprit aussi brillant que le vôtre ne peut y croire sérieusement.
Sa voix se veut ferme, mais sans méchanceté.

Elle laisse au brigadier quelques instants pour reprendre ses esprits puis reprend avec davantage de douceur :
- Damocles, je sais que vous êtes conscient du climat politique qui règne au Royaume-Uni depuis la chute du Seigneur des Ténèbres et plus encore depuis l’acte de sécession des Malefoy et de leurs soutiens.
La juge hésite un instant, semble chercher ses mots, puis continue sur sa lancée.
- Je ne vais pas vous faire l’affront d’édulcorer la réalité dans laquelle nous vivons et que vous connaissez aussi bien que moi. Vous savez les tensions qui existent entre certaines familles et le gouvernement. Vous savez aussi que de nombreux sorciers peinent encore à pardonner les anciens engagements de plusieurs d’entre elles et malheureusement, cela ne va pas en s’arrangeant.
Elle regarde Damocles au fond des yeux, ne se dérobe pas devant la vérité qu’il lui demande. Celle-ci n’en est pas moins difficile à avouer.
- Ce n’est pas moi qui vais vous apprendre les causes que soutient votre famille, Damocles, et la réputation d’un nom entache malheureusement tous ceux qui le portent.
Elle se laisse le temps d’une inspiration puis achève son argumentaire.
- Vous connaissez vos aptitudes et vos faiblesses. Vous savez que votre tempérament peut déplaire. Mais vous savez aussi que vos résultats parlent pour vous et que ce refus n’a rien à voir avec vos capacités sur le terrain. L’inquiétude des examinateurs tient en réalité davantage du conflit de loyauté auquel vous seriez inévitablement sujet si vous deviez briguer un poste d’Auror, un conflit bien plus intense encore que celui que vous pouvez déjà connaître en tant que brigadier. Vous devinez les informations très sensibles auxquelles les Aurors sont confrontés. Vous savez les cibles que le gouvernement juge prioritaires, celles-là mêmes qu’une grande partie de votre famille soutient ouvertement. Que feriez-vous si vous deviez enquêter sur un de vos proches ou procéder à leur arrestation ? Même si nous évitons au maximum de confronter nos agents à des situations aussi délicates, nous ne pouvons prévoir tout ce que l’avenir leur réserve et l’urgence de certaines missions demande parfois un déploiement de toutes nos unités, qu’importe leur patronyme. Quelle serait votre réaction, votre disponibilité mentale, votre contrôle émotionnel un jour comme celui-là ? Hésiterez-vous à un moment crucial ou, pire encore, vous retournerez-vous contre nos hommes pour protéger quelqu’un que vous chérissez ? C’est une question à laquelle aucun de nous ne peut avoir de réponse et un risque que beaucoup refusent de prendre, en particulier dans un contexte d’escalade des tensions comme celui que nous connaissons actuellement. La décision des examinateurs est injuste, Damocles, c’est une vérité, mais pensez-vous sincèrement qu’elle soit absolument injustifiée ?

Le jugement de la Présidente-Sorcière est donné, sans concession ni fioriture. Damocles voulait savoir. Il ne peut lui reprocher d’être celle qu’on lui demande d’incarner chaque jour dans les couloirs de l’Institution qu’il sert avec la même dévotion qu’elle.    


(1197 mots)

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Lun 23 Mar - 19:59


Damocles voit dans le regard de Moira Oakes que sa cause est vaine, avant même qu’elle n’ait prononcé un mot. Il n’a pas besoin qu’elle le fasse, la façon dont elle l’invite à s’asseoir parle d’elle-même. Il s’exécute, presque à contre-coeur. Que pourrait-il faire d’autre, sinon obéir ? Brave, brave petit soldat. Il écoute attentivement le discours de Moira Oakes, se renfrognant un peu plus à chacune de ses pauses.  Il ne sait pas quoi attendre de cette femme, qui semble à la fois lui tendre la carotte et le bâton. Le regard clair de son interlocutrice est fixé sur lui, et il tente d’y déceler quelque chose. Mensonge ? Pitié ? Moquerie ? Impossible d’y lire quoi que ce soit, c’est un véritable masque de neutralité qui lui fait face.
Il écoute, et il accepte, bien que plus difficilement qu’il ne l’aurait voulu. Une partie de lui aurait préféré qu’il s’agisse effectivement d’une incompatibilité de caractère. Il n’est pas complètement ignorant à ce que les gens murmurent dans son dos. Il n’a jamais été d’une nature facile à vivre, trop vite agacé , trop prompt à blâmer, rarement amusé. Il en est conscient, n’a jamais cherché à changer. Il s’est rapidement habitué à ne pas compter sur les autres, à accepter d’avancer seul. Mais un caractère, cela se corrige. Un nom, c’est plus difficile.

Tous les points que soulève Moira Oakes, il y a déjà songé de nombreuses fois. Serait-il capable de s’opposer à son père si la situation le lui demandait ? Oui. Sans aucune hésitation. Il serait même le premier à se porter volontaire. Et quel plaisir ce serait de voir l’éternel sourire suffisant d’Horace Slughorn s’effacer une bonne fois pour toute, le caquet rabattu par son « pauvre neveu », celui qui « pourtant », était si prometteur ! Mais sa mère ? Si discrète, si douce, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours un sourire pour ceux qui en ont besoin. Il ne l’a jamais vue exprimer son propre avis, se contentant de hocher la tête en souriant lorsque que quelqu’un sollicitait son opinion, désireuse de n’offenser personne, tentant de faire en sorte que la politique ne s’invite pas à sa table le dimanche. Et son frère, têtu comme une mule ? Sans une once de mauvaises intentions, mais particulièrement doué pour se fourrer dans les ennuis, et avec un soupçon d’esprit rebelle. La justesse des propos de Moira Oakes le frappe en plein coeur. Il s’est toujours dit qu’il n’aurait aucune difficulté à mettre de côté ses émotions pour faire correctement son travail, mais il a toujours été trop obnubilé par son père pour considérer le tableau dans son ensemble. S’il devait répondre immédiatement, il affirmerait qu’il n’aurait aucun problème à le faire. Mais est-ce la vérité ? C’est le genre de choix auquel nul ne peut connaître la réponse à moins d’y être confronté. Mais il n’est pas étranger au sacrifice. Et s’il fallait en faire rien qu’un de plus…
La vérité ne lui plaît pas, mais elle reste la vérité. Malgré toute la colère et la déception qu’il peut ressentir, une part de lui est soulagée de ne plus avoir à se poser la question, et pour ça, il en est reconnaissant envers Moira Oakes. Quelle consolation de savoir que le problème ne vient pas uniquement de lui. Quelle facilité de pouvoir se décharger du poids de l’échec sur quelqu’un d’autre.

Quelques secondes passent en silence. Damocles ne sait pas quoi répondre à la dernière question de la juge sans paraître impoli ou revendicateur. La décision n’est peut-être pas injustifiée, mais il n’arrive pas à accepter  l’idée qu’on ne lui donne même pas sa chance, après autant de temps passé à faire ses preuves, et que peu importent ses efforts, peu importe le temps, peu importent ses résultats, l’issue sera probablement la même : jamais il n’obtiendrait ce qu’il convoite tant. Le regard bleu de la juge lui est soudain insupportable. Il a envie de la détester pour lui avoir apporté ce qu’il était venu chercher, pour avoir réussi à se hisser jusqu’où elle se tient actuellement alors que lui n’ira jamais plus loin que les bureaux des brigadiers.
« - Alors, c’est tout ? Est-ce ici que tout se termine pour moi, le chemin ne va pas plus loin ? Je continuerai d’essayer, et les refus s’additionneront les uns aux autres, motivés par des éléments sur lesquels je n’ai aucun pouvoir. Tant qu’il existera quelque part un Slughorn dont les idées ne sont pas conformes à celles du Ministère, je resterai bloqué à mon niveau, sans possibilité d’avancer. Autour de moi, les autres progresseront, et je resterai au même point. Et ça, dans le meilleur des cas. Imaginons qu’un jour, un Slughorn franchisse la ligne. Le lendemain, je reçois la lettre qui m’annonce qu’en raison d’une incompatibilité de caractère, la Brigade se voit dans l’obligation de me laisser partir. Plus tard, ce sont les portes du Ministère entier qui se ferment devant moi. Et du jour au lendemain, je perds tout. »

Damocles se passe la main sur le visage. Cela fait longtemps que ces angoisses l’habitent, mais il n’en avait encore parlé à personne, car elles sont pour lui l’aveu d’une vulnérabilité qu’il n’est pas encore prêt à dévoiler. Il se sait sur la sellette, il y pense souvent lorsqu’il pousse la porte des bureaux le matin, en se demandant si c’est la dernière fois qu’il fait ce geste. Il vit dans la crainte qu’un jour, Horace Slughorn abandonne ses dernières attaches avec le Ministère et prenne entièrement le parti de Narcissa Malefoy, car il sait que ce jour là sera celui qui précipitera sa propre dégringolade. Il pensais qu’en accédant au poste d’Auror, il sécuriserait assez sa position pour ne plus avoir à s’inquiéter des conséquences des agissements de sa famille. Comment avait-il pu se tromper à ce point ?
Son regard accroche celui de Moira Oakes, bien décidé à ne pas le lâcher, et il choisit ses prochains mots avec soin.
« - Dois-je abandonner ? Je voudrais que vous soyez honnête avec moi, car vous savez que s’il existe la moindre chance, aussi infime soit-elle, je ferai tout pour la saisir. »


1105 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Mar 24 Mar - 19:30





février 2004

La magistrate sent la tension de Slughorn s’accroître à mesure qu’elle lui expose la réalité brute à laquelle ils ne peuvent réchapper, mais elle ne peut se résoudre à lui mentir. Au fond de lui, le brigadier doit déjà se douter du véritable problème, aussi injuste soit-il. Comment demander à Kingsley Shacklebolt de nommer enquêteur un homme dont on ne peut être sûr de la fiabilité ? Comment convaincre les autres Aurors et brigadiers de se mettre aux ordres de quelqu’un qui porte le nom d’une famille qui se bat pour faire chuter le gouvernement ? Comment accepter de jouer la vie de ses hommes et des civils qu’ils défendent sur un pari aussi risqué que celui-ci ?

Certains agents fuient déjà Damocles autant qu’ils le peuvent depuis que ses parents ont officialisé leur soutien à l’Enchanteresse. Moira voit leurs regards, leur déception chaque fois qu’ils sont contraints de faire équipe avec lui. Elle n’ose imaginer ce qu’il en serait si Slughorn était promu au poste d’Auror.

Le brigadier écoute ses arguments jusqu’au bout, il faut lui reconnaître l’effort. Moira le sent bouillir mais tout faire pour se contenir jusqu’à ce qu’elle ait terminé. La question qui clôt l’exposé de la juge semble le troubler. C’est une bonne chose, une preuve que malgré sa colère, Damocles entend encore la justesse des arguments qui peuvent lui être rétorqués. Il met quelques secondes à rompre le silence et sa voix libère enfin toute l’amertume qu’il s’empêchait de déverser jusqu’alors.

Une fois encore, Moira le laisse évacuer sa rage, poser toutes les questions qui le tiraillent, jeter ses peurs à la figure du monde quand tout son avenir semble glisser peu à peu hors de son contrôle. Comment toute une vie peut-elle basculer par la seule action de quelques-uns ? Les crises ont malheureusement ce pouvoir. La seule variable est l’identité de ceux qui les subissent.
- Ne vous perdez pas dans les suppositions de ce que demain pourrait être, Damocles, vous vous rendriez fou. Pour l’heure, il n’est pas question de vous voir quitter le département et encore moins le Ministère. Votre famille s’est rangée du côté de l’Insurrection, vous n’en avez pourtant pas perdu votre poste. Tant que vous continuerez de faire votre travail convenablement, il n’y a aucune raison pour que vous soyez remercié.
Il lui paraît important de rassurer son agent dans un premier temps. Sa place lui est toujours acquise et rien ne justifie qu’il la perde.
- Ne nous racontons cependant pas d’histoires : nous ne parlons pas de la position marginale d’un membre éloigné de votre famille, mais bien d’un engagement revendiqué de la quasi-totalité d’entre elle. Dans le contexte politique actuel, beaucoup craignent la présence d’informateurs dévoués à l’Enchanteresse au sein du Ministère et certaines suspicions se posent inévitablement sur vous. Mais tant que rien ne permet de renforcer ces soupçons, il n’y a aucune raison pour que vous soyez inquiété de quoi que ce soit.

Elle fait une courte pause pour peser encore le poids de ses mots.
- Les réputations sont toujours des ennemies difficiles à abattre, Damocles. J’en sais quelque chose, croyez-moi.
Le souvenir du scandale provoqué par l’incarcération de son ex-mari lui revient en mémoire avec une sauvagerie terrible. Si de nombreux sorciers ont su se défaire de cette histoire, beaucoup restent accrochés à cette image de femme à l’esprit faible ayant subi des années durant les talents de legilimens de son mari sans se rendre compte de rien. Le jour de sa nomination à la tête du Magenmagot, certains ont crié au scandale et à la fin prochaine de la Cour. Il existe toujours des détracteurs prompts à se servir de fantômes pour manipuler ceux qui les écoutent.
- Mais les réputations se modèlent. Vous modèlerez la vôtre en continuant d’agir comme vous le faites et de remplir votre mission qu’importent les allégeances de vos parents, de vos oncles, de vos frères… Vous êtes un bon brigadier, Damocles. Il ne vous manque que du temps pour vous assurer la confiance de vos pairs.
Elle le regarde toujours sans faillir, puis lui offre un sourire rassurant.
- Toutes les crises cessent un jour ou l’autre. Les griefs s’évanouiront et avec eux les injustices qu’ils ont créées. D’ici là, veillez à vous faire un prénom plus puissant que le patronyme que vos parents vous font porter. Revendiquez votre indépendance, prouvez votre sens du devoir. Si le poste d’Auror est depuis toujours le rêve de votre vie, vous seriez bien mal avisé de l’abandonner maintenant au seul prétexte d’un conflit qui gronde car vous ne ferez que regretter votre décision une fois le calme revenu. N’abandonnez pas, Damocles. Persévérez simplement en connaissant votre ennemi et préparé aux épreuves qui vous attendent.


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Jeu 26 Mar - 20:50



Au fond de lui, Damocles sait que Moira Oakes a raison. Cela ne sert à rien de vivre dans la crainte d’un événement qui pourrait potentiellement ne jamais arriver. Pourtant, il n’arrive pas à se sentir rassuré par ses promesses. La petite graine amère de doute et de rancoeur est trop profondément plantée au fond de lui, et entendre de la bouche même de la Présidente du Magenmagot que certains sont déjà soupçonneux à son égard n’arrange pas les choses. Il s’en doutait, c’est vrai, mais la situation prend ainsi une dimension bien réelle. Chaque geste qu’il fera, chaque mot qu’il prononcera, chaque décision qu’il prendra seront soumis à une interprétation sévère. Pas question de faire le moindre faux-pas. Il voit déjà les sourires satisfaits de son père et de son oncle s’il se retrouve à la porte du Ministère. Son dernier contact avec eux remontait à plusieurs années auparavant. À l’époque déjà, il ne se rendait plus au domicile familial qu’en cas de vraie nécessité et toujours à contrecoeur. Mais il s’agissait de questions d’héritage, et en temps qu’héritier direct, sa présence était requise. Il n’avait ouvert la bouche qu’à de rares moment et s’était montré si acerbe et désagréable que les autres membres de l’assemblée familiale s’étaient rapidement éloignés de lui pour se tourner vers une compagnie plus intéressante. Même sa mère, pourtant si patiente, avait fini par s’agacer du comportement immature et capricieux de son fils et avait cessé d’essayer de l’excuser. Lorsqu’au dîner, Horace Slughorn avait annoncé son soutien à l’Enchanteresse en le regardant droit dans les yeux, Damocles lui avait rendu son regard, sans autre manifestation de surprise. Puis, il s’était levé et avait quitté la pièce sans un mot. Son père l’avait rattrapé alors qu’il était sur le point de partir, et ils avaient failli en venir aux mains. Depuis, les seuls échanges qu’ils avaient eus avait été par courrier, souvent injurieux et sans espoirs de réconciliation. Aux dernières nouvelles, il était question de faire de Léonard le nouvel hériter de la famille, et bien que les revenus Slughorn n’eussent été malvenus, il avait encore préféré garder son intégrité et son libre arbitre. Pendant un temps, il avait songé à faire amende honorable et jouer le jeu, à continuer à fréquenter sa famille et la société l’entourant afin de recueillir des informations et des renseignements sur les idées et les projet qui circulaient au sein des rangs du camp de l’Enchanteresse. Mais son unique tentative avait été un échec. Il n’avait pas réussi à masquer la rage qui s’emparait de lui à chaque remarque amère de son père, et ce dernier n’était pas resté dupe bien longtemps. Il a depuis longtemps digéré ce rejet, mais avoir la confirmation que le camp auquel il se sent appartenir ne lui fait pas non plus pleinement confiance reste un choc qu’il a du mal à digérer. Et s’il ne trouvait jamais sa place ?

Les mots de la juge réveillent cependant la petite flamme d’espoir qui l’habite. Elle semble si confiante et sûre d’elle lorsqu’elle parle d’une fin possible à la crise que Damocles a envie d’y croire lui-même, malgré tous les indices qui semblent indiquer le contraire. Lorsque la guerre s’était terminée, il lui semblait impossible que des événements puisse perturber le calme revenu. D’abord de petits éléments perturbateurs, puis une vraie fissure, et voilà que l’équilibre bascule avant qu’on ait eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit, lui le premier.
Néanmoins, il prend le temps de réfléchir aux paroles de la Présidente. La patience, toujours la patience, cette qualité qu’il lui manque cruellement. Abandonner quelque temps l’idée d’être Auror lui semble presque contre-nature, tant elle a pris une place importante dans son esprit. Tout ce qu’il a fait jusqu’alors était motivé par cet objectif. Sans cela, il a l’impression d’errer sans but, de ne pas avoir de prochaine étape dans sa vie. Et attendre tout en restant passif, s’enfermer dans la routine, tout cela lui paraît insupportable. Insupportable, mais pas infaisable. Certes, il a énormément de points sur lesquels travailler s’il veut améliorer sa réputation, à commencer par ses relations avec ses collègues, mais cela semble un bien petit sacrifice. Et il a le sentiment que bientôt, la situation leur demandera à tous d’être sur le qui-vive, une nouvelle occasion pour lui de tenter de faire ses preuves et de prouver sa loyauté.
« - Vous avez raison. Je passe trop de temps à me définir par ce que ma famille a fait pour me nuire, et pas assez par ce que j’ai fait moi-même pour arriver là où je suis actuellement. »
Cette réalisation lui ôte un peu du poids qui pèse sur ses épaules. Ce n’est pas une résolution aisée à mettre en place, mais il prend conscience qu’il ne pourra pas aller de l’avant sans couper cette attache. Cela prendra du temps, il en est conscient, mais il a besoin d’un but pour avancer correctement.
«  - J’aimerais être aussi optimiste que vous quant à l’issue des événements, mais je ne peut le nier. Tant que la situation ne s’améliore pas, j’imagine que je n’aurai de tout manière pas d’autre alternative que celle-ci. Mais votre confiance m’honore. Je ne sais pas quel poids vous accordez à ma parole, mais je vous assure que je ferai tout pour m’en montrer digne, peu importe ce que vous pourrez entendre dans les couloirs. J’aurais préféré qu’il y ait un moyen certain de pouvoir convaincre l’ensemble de ceux qui nourrissent encore des doutes à mon sujet. Nous aurions tous gagné du temps dans cette histoire. »
Damocles sourit. Il a obtenu une réponse à sa question, mais il a l’impression d’avoir en même temps ouvert la porte à une dizaine d’autres interrogations.


1035 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 1257
pictures : La persévérance vient à bout de tout [ft. Moira] B717b481cf18bbbfe428ae91148e4b8e
Dim 12 Avr - 17:24





février 2004

Les déceptions ont toujours le même goût : une amertume tenace qui tapisse le palais et ne s’évanouit qu’une fois l’origine du mal balayée. Mais l’impuissance de Damocles Slughorn face à sa propre situation ne rend la saveur que plus âpre encore. Les réflexions des examinateurs sont indépendantes de sa volonté. La méfiance née de la guerre ne pourra se tarir avant que le conflit lui-même ne se soit apaisé. Mais alors qu’elle tente de rassurer le brigadier, Moira ne peut s’empêcher de penser à cette incertitude quant au temps que toute cette évolution prendra. Comment prévoir le jour de la fin de la guerre quand celle-ci n’en est encore qu’à ses prémices ? Se déclenchera-t-elle seulement un jour ou parviendront-ils à étouffer les braises avant qu’elles ne deviennent un brasier ? Que de questionnements encore et d’espoirs à occire. Les mois ont fait naître chez la Présidente-Sorcière un pessimisme qui la mine chaque fois quand elle rentre chez elle. Sa petite maison à Camden Town lui paraît alors toujours bien vide, bien sombre, bien silencieuse… Elle ne peut laisser ses agents perdre courage quand l’avenir de la communauté sorcière toute entière pèse une nouvelle fois sur leurs épaules.

Damocles finit par lui répondre, la voix basse, le regard pensif. Elle ne se souvient pas qu’il lui ait un jour confié si directement la souffrance qui découle de son patronyme. Rarement Moira a rencontré un homme subissant autant le poids d’une famille dont il ne parvient pas vraiment à faire partie. Oh, bien sûr, elle a vu passer dans sa vie nombre de foyers compliqués. Un de ses plus proches amis n’a-t-il pas fait supprimer le prénom de son père de tous ses papiers officiels ? Mais les habitudes conservatrices des Slughorn sont aussi fameuses que le club très sélect qu’un vieil oncle de Damocles a fondé à Poudlard il y a de longues années de cela. Comment un héritier aux idées si radicalement différentes pourrait-il trouver sa place dans un cercle familial de cet ordre ? Elle n’imagine que trop bien les disputes, les remontrances, les remarques acerbes des parents du brigadier qui a en plus eu la mauvaise idée d’être le fils aîné. Oh ! Douce responsabilité des premiers nés… Aux éclats de voix dans la demeure des Slughorn ont dû s’ajouter les regards courroucés des grands-pères, oncles, cousins et amis de la famille venant ajouter leurs propres contrariétés à celles déjà bien assez prégnantes des parents les plus proches. Moira croit avoir entendu parler d’un petit frère. S’est-il coulé dans le moule si exigeant des bonnes familles de sang pur ou a-t-il suivi les pas de son aîné au grand dam de leurs géniteurs ? La question s’immisce dans l’esprit de la juge mais elle n’ose pas la poser. Il lui semble avoir déjà bien assez bravé l’intimité de l’agent pour aujourd’hui et les difficultés de Damocles lui paraissent déjà bien assez criantes. Toute sa situation ne rend son échec au concours des Aurors que plus douloureux encore. Elle ne veut pas appuyer inutilement sur une autre plaie que celle qu’il a déjà accepté de lui montrer.
- Vous saurez prouver votre valeur là où votre famille tente de vous l’arracher. Le monde ne peut rester aveugle indéfiniment aux qualités de ses hommes. Je sais que la majorité de vos collègues et des examinateurs que vous avez rencontrés savent déjà les honneurs qui devraient vous être rendus. Ne reste que le contexte politique pour vous faire obstacle. Tant que la crispation autour des familles insurgées demeurera, il sera difficile de convaincre vos frères d’arme et vos supérieurs qu’un Slughorn peut servir le Ministère sans risquer de lui nuire. Cela ne doit que nous motiver davantage à éradiquer ces tensions aussi vite que possible.

Elle tente de sourire, se veut encourageante. Il ne faut pas que Damocles remâche son échec au point de se laisser obnubiler par l’injustice qui le frappe. Les brigadiers doivent avoir l’esprit claire, une confiance entière en l’institution qu’ils servent, sans quoi leurs missions seraient dangereusement compromises. Moira ne peut permettre que cela se produise chez aucun de ses hommes.

C’est donc un soulagement intense qui la prend quand il l’assure de sa détermination restée intacte. Elle ne peut le contredire sur la perte de temps que la guerre leur impose à attiser des craintes que les périodes de paix tuent dans l’œuf.
- Le temps est un trésor dont on manque toujours… Je crois que nous en avons une nouvelle preuve, dit-elle en répondant à son sourire. Mais vous finirez par franchir l’obstacle sur lequel vous butez aujourd’hui. Après tout, vous n’êtes pas connu pour votre manque de persévérance.  

Son regard plonge un moment dans le sien, cherchant à transmettre toute la sincérité qu’on ne peut dire avec des mots. La lourdeur de l’air semble s’être légèrement allégée, comme débarrassée d’une partie de ces angoisses que Damocles a apportées avec lui. L’échange muet se poursuit quelques secondes avant que Moira ne se lève alors et invite délicatement le brigadier à la suivre d’un geste du bras. Elle se dirige vers la porte sans le presser toutefois.
- Ne doutez pas de ce département, Damocles. J’y navigue depuis assez longtemps pour vous assurer que les grands hommes y sont plus nombreux que les vermines, même s’il nous arrive parfois d’en rencontrer au détour d’un couloir.
Elle lui glisse un regard complice avant de reprendre.
- Je sais votre valeur et ne suis pas la seule dans ce cas. Voulez-vous que je touche quelques mots à Kingsley pour qu’il vous fasse part de ses propres impressions sur vos derniers résultats au concours ? Un deuxième avis saurait peut-être vous rassurer davantage. Mais je comprendrais aussi que vous préfériez garder cette discussion entre nous.
Kingsley Shacklebolt est un homme d’honneur qui a toute sa confiance depuis des années. Elle sait qu’il ne tiendrait pas rigueur à un bon agent de s’inquiéter d’un refus répété des examinateurs de le laisser atteindre la position d’Auror. Mais il est toujours délicat de formuler de telles inquiétudes à un supérieur direct. Aussi, Moira ne prendra pas la liberté de lui en parler sans l’accord préalable de Slughorn.

Pas à pas, elle s’approche de la porte.
- Vous savez en tout cas que ma porte reste ouverte, Damocles. Ne gardez pas de telles inquiétudes pour vous seul : elles vous rongeraient au point de menacer vos performances sur le terrain. Nous savons vous et moi que c’est tout ce que nous voulons éviter.
Puis, sa main se pose délicatement sur la poignée.
- Je crois que je vais malheureusement devoir me mettre à ouvrir cette pile de courrier que Holly attend de pouvoir m’apporter. J’espère que vous ne m’en voulez pas. Si vous souhaitez me parler d’autre chose, nous pouvons peut-être prévoir un déjeuner au Dragon Gourmet dans la semaine ?
Elle ouvre alors la porte pour lui permettre de sortir, son visage affichant une moue contrite. Derrière son bureau, Holly se lève déjà pour se charger d’une pile impressionnante de lettres et de dossiers, preuve que la journée a déjà trop tardé à commencer.


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Jeu 16 Avr - 12:02



Comme à chaque fois qu’il pense à sa famille, Damocles se sent le coeur lourd, sans vraiment identifier l’émotion exacte qui lui pèse. C’est un mélange de colère, de tristesse, de honte, en quantités variable selon la discussion actuelle, saupoudré d’un sentiment d’impuissance. Mais rien qui ne puisse être balayé aisément par le regard et les mots rassurants de Moira Oakes. Si elle a confiance, alors il a confiance, point. Il ne devrait même pas aller chercher plus loin, car le questionnement ouvre la porte au doute, le doute amène la peur et la peur signifie la fin. La fin de ce pour quoi ils se sont battus, de ce pour quoi beaucoup son morts, la fin de la paix. Si cette fin doit un jour arriver, il ne veut pas en être l’un des catalyseurs.
Moira Oakes se lève avec grâce, signifiant ainsi la fin de l’entretien. Damocles l’imite et la suit vers la porte. Ce n’est pas la vermine qu’on rencontre qui l’inquiète, c’est celle qui est là, tapie dans l’ombre, écoutant, regardant, échafaudant ses plans et à côté de laquelle on passe tous les jours sans la voir, à qui l’on adresse un salut et qui répond sur le même ton alors qu’elle se réjouit d’embobiner si facilement ses adversaires. Mais ça n’est pas à lui d’y penser pour l’instant.
La proposition de Moira Oakes laisse Damocles surpris. C’est plus qu’un simple petit coup de pouce qu’elle lui propose là. L’avis de Kingsley Shacklebolt, s’il est positif, serait une claque retentissante assenée en plein visage de tous ceux qui ont douté de lui, le paternel Slughorn en première place dans la file.
« Vous feriez cela ? Je vous en serais hautement reconnaissant. »
Il n’ose pas ajouter qu’il en aurait effectivement grandement besoin pour sa propre confiance en lui que les derniers événements ont parfois ébranlée. Il a déjà l’impression d’en avoir dévoilé plus qu’il ne voulait sur lui-même au cours de cet entretien, et si l’introspection ne fait de mal à personne, il n’est pas encore prêt à partager ses incertitudes avec le monde entier. Malgré les mots encourageants de la Juge, il ne veut pas lui donner l’occasion de questionner davantage ses capacités. Il a beau se convaincre qu’il peut séparer l’émotionnel du rationnel et ne pas le laisser influer sur son travail, mais les faits ne sont jamais parfaitement conformes aux souhaits. Les doutes et les questionnements peuvent rapidement conduire à des divagations, des négligences et pour finir à des erreurs aux conséquences bien lourdes. Mais ça ne lui arrivera pas. Il adresse un sourire reconnaissant à Moira Oakes alors qu’elle lui ouvre la porte.
« Merci encore, Madame la Présidente. Je peux vous assurer que je ferai bon usage de vos conseils. Au risque de paraître présomptueux, je vous le redis, vous pouvez compter sur moi. Et je serai ravi de déjeuner ensemble, même pour parler d’autre chose que des contrariétés qu’apporte le travail. Je vous souhaite bon courage avec tous ces courriers. »
Il sait que c’est peut-être hardi de s’adresser ainsi à la Présidente-Sorcière de la part d’un simple brigadier, mais il n’a pas oublié que Moira Oakes était là pour le soutenir depuis le début de sa carrière, et aujourd’hui, elle lui renouvelle encore une fois son appui. Il ne se laissera pas la décevoir. Il quitte le bureau rapidement, conscient du temps qu’il a déjà accaparé et adresse un salut à Holly, accompagné d’un signe de tête et d’un sourire d’encouragement. Malgré la propre pile de dossiers qui attend sur son bureau, il prend la décision d’aller faire un petit tour avant de retourner travailler, pour revenir sur la discussion. Prendre un peu l’air ne lui fera pas de mal.


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