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En terre hermétique | Jökla
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Sam 18 Jan - 11:14


EN TERRE HERMÉTIQUE | @Jökla Vularsdóttir

Comme toutes les semaines, Valur marche en terre hermétique. En terre plus hermétique que la moyenne de l’Angleterre en tous cas. Il a fallu négocier âprement avec le directeur pour obtenir l’autorisation d’enseigner à sa fille lui-même. Il faut dire que c’était la condition sine qua non à laquelle il mettrait sa fille dans cette… école. Mais malgré son dédain des lieux, il s’est bien rendu compte que sa fille méritait plus que toute autre une vie normale : aller à l’école, fréquenter des amis, sa cousine. Elle ne lui parle pas toujours, Jökla, de ce qui se passe à l’école, mais il a la faiblesse de croire que ça ne se passe pas si mal. Il se réveille tous les matins en priant les Ases qu’il ait fait le bon choix.

Un père ne peut jamais cesser de s’inquiéter pour sa fille, dirait-on. Valur ne peut pas nier une chose : si on lui pose la question et même si on ne la lui pose pas, Jökla est ce qu’il a de plus précieux en ce monde. Bien avant ses runes. Bien avant son job. Bien avant quiconque sur cette terre ou une autre. C’est donc les mains dans les poches, une écharpe autour du nez que le brigadier entre dans cette école où il est toléré à date régulière. Pour la « sécurité » de Jökla, Severus Rogue a demandé que les leçons, autant que faire ce peut, se déroulent sur le territoire de l’école… Comme s’il n’était pas capable de protéger sa fille ! Valur a argumenté, beaucoup. Souligné que son enseignement était secret et qu’il était hors de question qu’il laisse ses leçons sujettes à des yeux et oreilles indésirables. Beaucoup de vitupérations des deux côtés plus tard, un compromis fut trouvé : les leçons se dérouleraient bien à Poudlard, selon les modalités choisies par Valur, et en l’absence de tout témoin. Quelques talismans runiques peuvent prendre soin de ce dernier point pour éviter les yeux et les oreilles indiscrètes. C’est fou ce qu’on peut faire en cas de besoin. Ces runes se présentent sous forme de petits cailloux posés au sol, l’un pour rendre leur conversation privée, l’autre pour s’assurer que les gens ne les remarquent pas.

C’est armé de ces instruments et de ses runes coutumières qu’il remonte l’allée jusqu’au hall où, l’espère-t-il, sa fille l’attend. Mais Jökla est toujours à l’heure, il n’y a donc pas de raison de s’inquiéter. Autour de lui, l’air est glacial, le temps parfait pour travailler à la maîtrise fine des températures et des éléments. Jökla est une élève appliquée et travailleuse, il la sait capable de faire ce qu’il attend d’elle aujourd’hui. Il est confiant, elle n’est pas à Serdaigle pour rien, après tout. Et il est toujours heureux de revoir son enfant, la prunelle de ses yeux. Bien sur, il s’inquiète, parfois : comment les autres voient-ils ces rencontres ? Est-ce que Jökla est mise à part ? Il y aura sans doute toujours des petits cons hermétiques pour ne pas comprendre la noblesse de l’apprentissage des runes. Ce que les hermétiques en savent est un lambeau, à peine. Il a entendu parler du cours d’étude des runes, ici. Une Verbena l’assure… Quelle honte ! Il n’a jamais croisé l’enseignante @HEKATE R. MURPHY, mais il sait qu’elle a l’air assez appréciée et compétente… Elle qui a vendu son âme à l’ennemi. Un sacré gâchis.

Il entre dans le hall, parcoure le lieu du regard à la recherche de sa fille sous l'oeil étonné de quelques enfants.
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PS : surtout, s'il faut changer quelque chose, dis-le moi Very Happy

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Dim 19 Jan - 16:15
En terre hermétique
avec Valur Fjalarsson.
L'adolescente zyeuta le tas de linge entassé grossièrement dans son armoire et s'empara brusquement d'un pantalon en jean plié à l'envers et d'un tee-shirt blanc très froissé. Elle les enfila en vitesse, soupirant bruyamment à plusieurs reprises. Jökla avait rendez-vous avec son père à dix-heures précises et, contrairement à son habitude, elle n'était pas en avance, loin de là. Agacée, elle ramassa le reste des vêtements tombé au pied de sa penderie et les enfonça avec négligence dans le tiroir du milieu. Pas le temps pour ces broutilles, elle n'aimait pas savoir son paternel poireauter dans le hall du château, attirant toute l'attention de ses camarades de classe. Très mal à l'aise, elle imaginait tous les regards braqués sur lui ainsi que les murmures amusés derrière son dos. Le cap des quinze ans et demi très certainement, Jökla n'avait jamais eu honte de son père auparavant, bien au contraire. Ou alors elle désirait simplement le préserver de la bêtise crasse qui empestait dans tous les moindres recoins de cette école.

La jeune femme détacha ses très longs cheveux blonds et les démêla péniblement à l'aide de ses doigts fins. Depuis l'été dernier, elle les avait progressivement décolorés, si bien qu'ils étaient désormais parfaitement platinés, aussi très abîmés par la même occasion. Jökla attrapa son crayon noir pour les yeux et s'empressa de noircir ces derniers lourdement. La demoiselle était pleine de considérations qui dépassaient très largement Valur, son vieux père. Il observait les coups de tête fantaisistes de sa fille de loin, mi-amusé et mi-inquiet. À présent fin prête, la verbena souleva nerveusement le matelas de son lit à baldaquin et récupéra son set de runes dissimulé dans les lattes. Planquées là-dessous depuis septembre, l'adolescente avait fini par se résigner à cacher ses runes, elle n'avait plus la force de les exhiber fièrement sur sa table de chevet. Jökla détestait cette foutue école de magie mais cette année, les choses semblaient enfin s'améliorer. Ses multiples efforts pour ne plus faire tâche parmi les esprits hermétiques commençaient tout juste à payer. C'était appréciable de ne plus être le souffre-douleur de ses petits camarades. Malgré tout, elle se tâtait toujours à annoncer à son père qu'elle souhaitait arrêter ses études à l’obtention de ses BUSEs.

Jökla n'était pas une grande causeuse, elle n'avait jamais évoqué les difficultés qu'elle rencontrait à Poudlard, certainement pas devant son paternel. Il avait pris une décision difficile, une décision qu'il estimait être la bonne pour elle-même et son avenir, elle respectait ce choix. Il s'en était mordu les doigts, la demoiselle avait longtemps assisté impuissante à la colère qui le rongeait de l'intérieur. Alors, elle faisait toujours bonne figure, elle lui devait bien ça. De toutes les façons, qu'aurait-il pu faire pour la protéger des croches-pattes dans les escaliers ou des projectiles de tomate cuite et de champignons de paris frits lors du petit-déjeuner ? L'adolescente tressaillit, l'illusion de peiner profondément son père la contrariait au plus haut point. Elle prit une grande inspiration et décampa de la salle commune des érudits.

La sorcière cavala dans les couloirs de l'école à toute allure, il était déjà dix-heures et quart. Elle aperçut au loin la silhouette élancée du brigadier et ralentit très légèrement. Un fin sourire se dessina sur le bout des lèvres de Jökla, c'était sans doute la première fois qu'elle le faisait attendre de la sorte. Elle se planta juste derrière son dos et murmura, la respiration haletante : « Bonjour, papa. Valur s'émouvait toujours lorsqu'elle s'adressait à lui de sa toute petite voix, elle savait comment lui faire oublier son retard : Je suis désolée, je suis carrément à la bourre. » L'adolescente balaya le hall d'entrée déserté d'un rapide coup d’œil, beaucoup de ses camarades semblaient profiter du weekend pour faire la grasse matinée. Quant à elle, elle avait hâte de ressortir ses galets de grès et de bosser sous la supervision de son père. Elle délaissait ses runes ces dernières semaines, à contrecœur et cela la chagrinait. D'autant plus que son père avait manqué quelques-unes de leurs séances suite à de graves blessures lors d'une mission pour le Ministère.

« Tu vas mieux ? La môme grimaça, avant de reprendre : J'ai prié pour que tu guérisses vite, tous les jours. Petit ton empli de gros reproches, elle détestait son travail depuis toujours. Le Ministère de la Magie et Harry Potter ne méritaient absolument pas qu'il se salisse les mains, encore moins qu'il ne risque sa vie. Sans le concerter, elle pénétra dans la Grande Salle en sautillant et rassembla des galettes de pommes de terre dans une serviette de table. Elle engouffra l'une d'elle et rejoignit aussitôt son père : T'as mangé ce matin ? Il faut que tu reprennes des forces. » Elle lui tendit gentiment les mets, d'humeur taquine. Une nouvelle fois, il avait été plus qu'imprudent au combat et avait manqué de se tuer. Des vécus difficiles pour sa progéniture, elle ne voulait plus jamais que Sainte-Mangouste lui adresse des courriers alarmants sur l'état de santé de son père.

« C'est quoi le programme, aujourd'hui ? » Jökla tourna les talons et se dirigea vers la sortie. Le père et la fille avaient leurs habitudes dans un coin de verdure du parc, juste au bord du lac.
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Sam 15 Fév - 13:33


EN TERRE HERMÉTIQUE | @Jökla VularsdóttirIl est songeur : Jökla n’est jamais en retard. Elle est déjà arrivée, parfois, le pas pressé, la crinière ébouriffée par de folles cavalcades comme pouvait l’être sa mère au retour des champs, mais jamais en retard. Aussi, était-il surpris. Qu’est-ce qui peut bien retenir sa fille ? Une copine ? Un copain ? Un chéri ? Non, non. Il ne faut pas commencer à jouer les pères inquiets : Edda lui a toujours dit « Mon petit Valur, tu sais bien que les ados ont leur secrets : c’est très bien d’être là pour ta fille, mais n’essaie pas de la forcer à te parler. Sois la pour elle et attend qu’elle vienne te voir ». C’est tellement difficile à appliquer comme conseil, tellement. Il ne peut pas s’empêcher de vouloir le meilleur pour sa fille. C’est pour ça qu’il a accepté en grognant qu’elle intègre Poudlard. Il veut lui offrir un avenir, et il sait que, malheureusement, les Hermétiques sont plus à même d’offrir cela à sa fille que les seuls Verbenae. Il sait que sa mère aurait acquiescé.

Il sait que sa mère aurait poussé pour que Valur arrête de grommeler dans son coin et accepte le poste de professeur de Runes, aussi. Il se convainc que la chose est pour le mieux qu’il ne le soit pas : sa fille n’aurais sans doute pas aimé être dans la position de tous ces gamins de prof qu’on soupçonne toujours d’avoir des bonnes notes parce qu’ils sont fils ou fille de…

La voix de Jökla le tire de sa rêverie. Il se retourne pour deviner le minois de la petite, tout enfiévré d’avoir couru, le souffle court, les yeux brillants. Elle lui fait penser tellement à feue son épouse avec cette lumière dans les yeux. Il sourit.

–  Bonjour Jökla. Ce n’est rien, va, l’essentiel est que tu sois là. Comment vas-tu ? 

Il ravale le « petit rapace » qui a failli sortir au lieu du prénom de sa fille. Il suppose que les sobriquets dans un hall où d’autres élèves peuvent potentiellement les entendre, ça pourrait déplaire au bout de chou devenue une adolescente dont il est si fier. Il ne l’idéalise pas, sa fille. Il sait qu’elle a ses forces et ses faiblesses comme tout être. Il connaît certains de ses défauts : une certaine forme de timidité, un petit manque d’assurance, et les silences qu’il voudrait briser pour la faire parler de ce qui la tracasse. Mais elle a aussi de si nombreuses forces : sa curiosité, son application, son sérieux, sa gentillesse. Comment ne pourrait-il pas être inconditionnellement fier de sa fille, quoi qu’elle fasse ? C’est un tente sourire qui illumine son visage lorsqu’il voit l’inquiétude de sa fille pour lui. Il ne peut pas résister à l’envie de passer le bras autour de ses épaules dans une étreinte rassurante.

– Ne t’en fais pas, ma grande ! Je suis parfaitement remis. Les médecins ont fait du bon travail, et tes prières ont été entendues. C’est le lot de tous les guerriers d’avoir quelques blessures au combat, mais je puis t’assurer que tu m’auras encore longtemps dans les parages. Un homme ne peut avoir meilleure raison de rester en vie que sa famille.


Il sait que son travail inquiète sa fille et il le comprend. Il s’est plusieurs fois demandé s’il ne vaudrait pas mieux embrasser une autre carrière. Mais au fond de lui, il l’a toujours su qu’il était un de ces explorateurs, un de ces combattants qui meurent sur le champ de bataille et non pas de vieillesse. Il se force à retenir la force brute qui l’agite de l’intérieur, la hargne, la rage laissées dans son coeur par le trépas de son âme sœur. Il ne veut pas que sa fille souffre, il veut veiller sur elle et pourvoir à son bonheur. Il sait, pourtant, qu’il n’y a que deux choses qui font vibrer son coeur : voir sa fille heureuse et l’adrénaline des champs de bataille. Deux choses incompatibles. Il la laisse échapper à son étreinte tandis qu’elle file dans la Grande Salle. Il la suit, de loin, reste sur le seuil de la pièce pour l’observer, veiller sur elle. Il croise le regard insondable de Severus Rogue qui sirote une tasse de thé. Il ne se souvient que trop bien de leur rencontre, là haut, dans ce bureau suintant l’Ordre d’Hermès à plein nez. Il se souvient encore des arguments qui se sont échangés de part et d’autre du bureau. Il n’a pas courbé l’échine malgré les offres alléchants de Rogue, et bien qu’il désapprouve cette engeance d’hermétique, il faudrait être fou pour ne pas reconnaître la fiabilité du gars et son génie en matière de potions. C’est pour ça qu’il a encouragé sa fille quand elle est venue timidement lui parler du club de potions présidé par Rogue. Il sait qu’il sera difficile pour elle de trouver meilleur enseignant.

Quand il disait que les Hermétiques ouvraient bien plus de portes que ne le pouvaient les Verbenae, à son grand dam…

Il se demande parfois si sa fille aurait espéré le voir devenir enseignant ici, à Poudlard. Il suppose que la vie de professeur est moins risquée que celle de brigadier. Il est à nouveau arraché à ses pensées par la présence rafraîchissante de sa fille. Il a déjà déjeuner mais accepte de bonne grâce la galette que lui tend sa progéniture avec un air bourru qui, il le sait, la fait rire d’ordinaire.

– Merci, oui, j’ai mangé ce matin, mais je suppose qu’un petit supplément n’est jamais de refus !

Et les voilà tous deux, côte à côte, dans le parc. L’air est froid, il s’assure que sa fille soit bien couverte. Il ne manquerait plus qu’elle tombe malade. L’air glacial lui rappelle la rude vie en Islande. Quelque chose que sa fille ne pourra jamais connaître ou du moins pas avec lui… Puisqu’il est recherché là-bas. Au moins, l’Écosse n’est-elle pas trop dépaysante. Ils se trouvent enfin près du lac, leur terrain de jeu pour la matinée. Il ne sert plus à rien de faire durer le suspens, désormais.

– Aujourd’hui, nous allons travailler sur les protections que peuvent offrir les éléments. Peux-tu me dire quelles runes tu utiliserais pour invoquer l’eau, l’air, le feu et la terre ?


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Jeu 20 Fév - 21:03
En terre hermétique
avec Valur Fjalarsson.
La blondinette dévisagea longuement son paternel, le toisant de haut en bas de son petit air crispé. De ses propres yeux, elle s'assurait qu'il soit en bonne santé et parfaitement remis de sa dernière mission pour le Ministère. Le mensonge n'avait jamais été l'un de ses défauts mais le père de famille était susceptible d'édulcorer certains aspects de la vérité pour ne pas l'inquiéter. À cela s'ajoutait une pointe d'orgueil, Valur n'était pas un homme démonstratif et il n'étalait pas ses tourments sur la place publique, loin de là. Un brin conservateur, il ne considérait pas qu'il eût été du rôle de sa progéniture de lui dicter sa conduite, ni même de lui tenir la main au pied de son lit d'hôpital pour le réassurer. Sage d'esprit, Jökla préféra ne pas insister davantage sur la dangerosité de son boulot, ils avaient déjà eu cette conversation une bonne centaine de fois. Elle se blottit plutôt contre lui, simplement heureuse de le retrouver après ces quelques semaines d'absence.

« Je vais bien. Les professeurs n'ont que les BUSEs à la bouche, j'espère que je ne vais pas tout rater. » L'adolescente n'avait jamais subi de pression de la part de son père autour de la réussite scolaire mais elle était soucieuse de le rendre fier. Aussi, elle était persuadée de ne pas avoir les mêmes facilités que ses petits camarades de classe et s'imposait une lourde charge de travail quotidienne. Elle excellait dans certaines des matières, notamment les potions et l'Histoire de la magie mais elle rencontrait toujours les mêmes difficultés paralysantes à manier la baguette. Nul ne doute qu'elle marquerait des points dans l'étude des runes, matière optionnelle choisie.

Finalement, le Brigadier semblait en pleine forme et Jökla s'adoucit au fil de la discussion. La sorcière était bercée de ses paroles réconfortantes, reposant ses yeux quelques instants, un fin sourire sur le bout de ses lèvres. Immanquablement, elle tiqua sur les termes employés par son paternel, les guerriers et les combats n'étaient décidément pas sa tasse de thé. La gamine ne releva point, elle se refusait à gâcher cette belle journée.

Petit coin replié des jardins de Poudlard, Jökla s'agenouilla dans l'herbe humide et glacée, face au lac. Ses yeux clairs s'égarèrent quelques instants à la surface de l'étendue d'eau gelée, sublime paysage à couper le souffle. Paumés au beau milieu de la vallée, le père et la fille étaient comme à la maison. Petit pincement au cœur, il manquait un dernier détail de la plus grande importance pour compléter ce tableau presque parfait : Hvítur, leur malamute d'Alaska. Le gros toutou était le meilleur ami de la famille, il ne manquait jamais de fêter les retours de l'adolescente à Porthdinllaen. La jeune sorcière tourna la tête et observa attentivement Valur déposer à même le sol les talismans runiques, gardiens protecteurs de la magie secrète.

La Verbena laissa échapper un petit rire étouffé, tête baissée. Elle se remémora les escapades nocturnes hors des murs du Château, celles formellement interdites et toutes accompagnées de sa cousine, Veredis. Cette dernière jalousait les instruments possédés par son oncle, ils auraient été une arme redoutable dans leur guéguerre contre le concierge de Poudlard, l'affreux Rusard. Une foutue paix royale, les cousines ne demandaient pourtant pas la lune. Jökla ravala difficilement sa salive et reprit son sérieux, son père s'était fâché plus d'une fois en apprenant les fugues des jeunes sorcières. Elles en riaient aujourd'hui à chaudes larmes mais sur le moment, elles avaient passé un sale quart d'heure. Ainsi, Jökla estima qu'il ne valait mieux pas ramener ce sujet sur le tapis.

« Aujourd’hui, nous allons travailler sur les protections que peuvent offrir les éléments. Peux-tu me dire quelles runes tu utiliserais pour invoquer l’eau, l’air, le feu et la terre ? »

La jeune femme interrogea son paternel du regard, petit minois suppliant. Ce qu'elle redoutait par-dessus tout lui tombait violemment sur la tête. Depuis toujours, la Verbena se refusait à exploiter le pouvoir des runes à des fins combatives, y compris pour s'assurer une quelconque défense. L'Histoire des sorciers n'était guère plus glorieuse que celle des moldus, quoi qu'on en dise et elle avait depuis longtemps enterré l'idée d'y trouver un sens. Des abrutis finis qui dégueulassent la pureté de leur don, des minots qui s'abreuvent du sang des guerres puis aspirent eux-mêmes à la destruction. Jökla frissonna, son père avait toutes les raisons du monde de la préparer au combat, le pire n'était jamais loin. La progéniture de Valur lui vouait une admiration sans faille mais elle savait pertinemment qu'elle ne deviendrait jamais comme lui, elle en était foncièrement incapable.

La mine boudeuse, elle plongea la main dans sa cape et ressortit l’un de ses galets de grès. Il s'agissait de la rune gravée Isa, symbolisant la glace. Elle fit pivoter la roche entre ses doigts et s’exprima d'une voix claire : « Un climat froid et humide, comme aujourd'hui, facilite grandement la solidification de l'eau liquide. La jeune sorcière serra fort le petit galet et se concentra de longues secondes. Délicatement, elle souffla devant elle et matérialisa un petit merle à partir de l'humidité de l'air. Jökla récupéra l'oiseau de glace dans le creux de ses mains et le tendit amicalement vers son père, le déposant juste devant lui. On a parfois besoin de se montrer égoïste et de marquer une petite pause. Comme lui. »

Dans un geste souple et maîtrisé, la blondinette échangea de roche et accueillit la dernière rune du Futhark : Dagaz. « Il ne pourra pas fuir éternellement la vérité. Il lui faudra alors une nouvelle bouffée d'air. Jökla insista sur le dernier mot, jeta un petit clin d’œil malicieux au viking. Un petit tourbillon émergea du sol et emporta le merle de glace. Il projeta de fines gouttelettes sur le père et la fille avant de disparaître au loin. La gamine s'essuya le visage en souriant : C'est violent parfois, le changement. »

La jeune femme était coutumière de petites mises en scène comme celle-ci, jamais anodines. Une introduction qui lui permettait aussi d'appréhender sa magie, tous les jours ne se ressemblaient pas lorsque l'on invoquait le pouvoir des Dieux. Parfaitement dans son élément, elle enchaîna alors de plus belle. Elle présenta Fehu cette fois et fit apparaître une minuscule flamme hésitante du bout de son index, et ce après de longues minutes de grimaces : « Le petit merle est le plus souvent seul. J'imagine qu'il doit encore découvrir sa force afin de pouvoir l'exploiter, un jour. »

Pour terminer, l'érudite s'empara d'une rune un peu particulière, Eiwhaz. De sa main valide, elle balaya la neige devant elle et la posa sur la terre. Elle inspira profondément et retira celle-ci presque aussitôt. De fines brindilles d'herbe affleurèrent dans la zone délimitée par la neige. « Il apprendra à osciller entre son petit monde rien qu'à lui et celui de tous les autres merles. Il apprendra également à contrôler ses émotions, il deviendra plus fort. La sorcière relâcha brutalement son attention des galets de grès et plongea son regard dans celui de Valur. Je suis prête, papa. »

Jökla rassembla les quatre runes minutieusement sélectionnées et les installa devant elle : Isa pour l'eau, Dagaz pour l'air, Fehu pour le feu et Eiwhaz pour la terre.
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Ven 19 Juin - 10:20


EN TERRE HERMÉTIQUE | @Jökla VularsdóttirL’inquiétude pour les examens est quelque chose que Valur n’a jamais lui-même subi. Il faut dire qu’il n’a jamais été scolarisé non plus. Tout à la maison, sous la houlette de ses parents et des anciens du village. Jökla est la première de sa lignée à aller à l’école, et il est si fier d’elle. Il sait qu’elle travaille, il imagine sans peine, pourtant, la pression qui peut peser sur ses épaules. Le même genre de pression qu’il a lui-même dans son travail : faire les choses bien. Mieux. Toujours mieux. Alors il lui sourit, il espère lui donner confiance.

– Je suis certain que tu vas bien faire : tu travailles régulièrement et tu as hérité de l’intelligence de ta mère. Ces résultats sont importants pour ton avenir, c’est vrai, mais ils ne déterminent pas tout. Quelques qu’ils soient, je sais que tu auras fait de ton mieux. Je suis si fier de toi, Jökla.

Il sait, pourtant. Il sait qu’il y a sans doute plein de choses qui se passent dans la tête de Jökla, bien plus qu’il ne peut l’imaginer. Il a l’impression que sa fille est infiniment plus compliquée que lui ne l’était à son âge. Sa vie était simple : travailler aux champs, apprendre à se battre pour défendre les siens, chasser, élever, cueillir, cultiver. Et tomber amoureux. La mère de Jökla a toujours été sa lumière.

Mais Jökla a grandi dans un cadre différent. Au Royaume Uni, la vie n’est pas simple : il y a d’autres choses. Des jeux de pouvoir, d’influence. Il y a une corruption née de l’élaboration de cette culture. Au plus les choses sont compliquées, au plus elles s’éloignent de la nature. Au plus elles la pervertissent. Valur ne cesse de se demander s’il a bien fait d’envoyer Jökla à Poudlard. Peut-être n’aura-t-il jamais la réponse à cette question, mais il veut armer sa fille pour ce monde dans lequel ils évoluent tous les deux. Jökla est au Royaume Uni depuis ses plus jeunes années… c’est sans doute ici que se déroulera une partie, au moins, de sa vie d’adulte. Il lui faut les clefs pour comprendre, à défaut d’y adhérer, cette société hermétique, et Valur sait qu’il ne peut pas toutes les lui donner.

La leçon commence, Valur écoute avec attention sa fille. Il sait qu’elle est pacifique dans l’âme, mais seuls les sorciers suffisamment puissants peuvent s’offrir le luxe de la paix. Il sait qu’elle le détestera sans doute pendant au moins la demi-heure qui suivra la leçon pour la lui avoir imposée, mais il ne peut se résoudre à laisser sans défense ce qu’il a de plus précieux sur cette terre. Et il se remémore sans mal à quel point la mère de Jökla pouvait être sans pitié. Femme, et lionne dans l’âme quand il s’agissait de défendre les siens. Jökla a plus d’elle qu’elle ne peut l’imaginer.

Il l’observe effleurer Isa, l’écoute lui parler du temps. Il hoche la tête. Les runes ne font pas de miracle, elles ne font qu’utiliser les pouvoirs de la terre, du monde. Tant que ces hermétiques s’obstinent à vouloir résister au monde, le façonner par la force, l’affronter plutôt qu’accueillir ses dons, ils seront condamnés par la Nature. Un jour, il l’a toujours dit, un jour ils s’effondreront bouffis dans leur suffisance et emporteront avec eux leurs alliés.

Les doigts de sa fille jouent avec Dagaz, l’oiseau qu’elle a façonné tourbillonne, s’envole, ne laissant derrière eux qu’une pluie de gouttelettes. A nouveau, Valur hoche la tête. Sa fille est une artiste avec les runes. Il le sait. Il a toujours vu dans sa magie ce souffle créateur qui porte les sorciers les plus inventifs. Sa mère aurait été si fière. Il la voit, Fehu entre les mains, le brasier à porté de main. Pourtant, seule une petite flamme s’allume sur son doigt. Fehu a toujours été l’une des runes préférées de Valur, avec Isa. Le feu et la glace. Sans doute une bonne allégorie de son caractère. Valur se souvient de débats enflammés avec feue son épouse qui faisait usage d’Eiwhaz de main de maître et qui appréciait la stabilité paisible de la rune.

Et c’est Eiwhaz que Jökla sort à présent, pour la poser sur le sol et faire naître sous la neige de brindilles annonçant le printemps. Valur ne peut s’empêcher de sourire à sa fille. Il se revoit, au même âge, faire le même genre de mises en scènes quand son père lui posait des questions de sa voix traînante. Son père ne bronchait jamais lorsque son fils faisait vivre ses histoires pour illustrer son propos. Mais le théâtre du monde se jouait là, entre les mains d’un adolescent et le long d’une petite histoire racontée. Il semblerait que Jökla aussi sacrifie à la tradition familiale d’illustrer son propos. Alors Valur commente.

– Très bien.

C’est bref. L’essentiel y est.

– A présent, nous allons travailler ces runes pour assurer ta protection. Seuls les sorciers qui savent faire acte de force raisonnablement peuvent s’offrir le luxe d’être des artisans de paix. Et je sais que tu chéris le calme, la paix et la tranquillité par-dessus tout. Si tu apprends à te défendre efficacement, tu pourras t’assurer une vie paisible, et une vie paisible à ta famille. Ta mère savait se défendre… Elle était même, à bien des égards, plus aguerrie que moi.

Il se souvient de leurs jeux d’adolescence. Il se souvient de la femme qu’il a aimée plus fort que n’importe quelle autre femme. Il se souvient de l’avoir vue crevasser le sol pour enfouir ses ennemis et geler les lacs pour prendre au piège, en plein été, leurs assaillants. Il se souvient d’une lionne prête à tout pour sa terre, son mari, sa fille. Une âme combative. Une âme grandiose. Une âme qui, comme Jökla, n’aspirait qu’à une vie paisible.

– Nous allons commencer par l’eau, la saison s’y prête. Isa. Regarde bien, je vais te montrer le tour préféré de ta mère quand il s’agissait de se prémunir du danger. Tu peux le faire avec n’importe quelle rune, mais il faut tenir compte de son environnement : en hiver, l’air est humide, la neige abondante, Isa fonctionnera mieux. Au Printemps ou en été, les sols sont fertiles, légers, Eihwaz est une meilleure idée. A l’automne, les deux peuvent fonctionner pareillement.

Il sort de sa poche la rune de grès qu’il utilise depuis des années. Isa palpite dans sa main, familière et rassurante. Il aime le caractère changeant de l’eau, sa puissance dévastatrice et sa douceur tranquille. Il aime cette rune depuis l’enfance où il passait son temps à jouer dans les rivières et observait le travail inlassable de l’eau qui polissait les galets. Ces mêmes galets désormais entre ses mains. Lui, il n’est pas comme ces sorciers qui se gargarisent de la rareté de l’essence de leurs baguettes. Lui, il aime plus que tout la simplicité brute de la nature, et ces cailloux gravés dont pourraient se moquer un sorcier accoutumé au luxe ne lui ont jamais fait défaut. Il se lève, époussette la neige de ses vêtements pour sa petite démonstration. Il l’a fait des centaines de fois, ce tour, son épouse et lui s’amusaient même à savoir qui parviendrait à le faire le plus rapidement possible.

– Le meilleur moyen de te protéger, c’est encore de t’assurer que le sort ou l’arme de ton opposant ne te touchera pas. Pour cela, il est souvent utile de s’abriter derrière autre chose. Quelque chose de solide, idéalement. Regarde la neige à nos pieds : la glace peut être redoutablement solide, alors je vais simplement ériger un mur.

Il se concentre brièvement. Ce petit tour est presque une seconde nature pour lui, et un lieu comme Poudlard l’aide. Un haut lieu de magie rend toujours plus facile la communion avec une rune. C’est donc sans effort qu’il fait monter du sol la neige. Il travaille lentement pour montrer à Jökla comment faire. L’air se cristallise au contact de la glace, et bientôt, un mur solide, blanc, translucide comme seule l’est la glace la plus pure se dresse devant lui. Il tâte de sa main nue son ouvrage.

– Tu vois ? Epais, solide, de quoi te protéger. Et c’est une création simple : tout l’enjeu est de parvenir à le faire rapidement, presque instantanément. C’est peut-être ça le plus important, la rapidité… Et à ce petit jeu là, je dois bien avouer que lorsque nous avions ton âge ta mère était plus forte que moi... Tu imagines bien qu'elle ne m'a jamais laissé l'occasion de l'oublier, ça !

Il hoche la tête, un sourire amusé aux lèvres puis, d’un geste dissipe le mur de glace qui redevient neige et vapeur. Il s’effondre en un tas blanc, poudreux, à leurs pieds.

– A ton tour.


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Je suis si désolé pour le retard :smi19:

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