Être une contrebandière, ce n’était pas tous les jours de tout repos. Entre les clients trop rigoureux, ceux inquiets au moindre bruit dans les recoins de l’allée des embrumes, ou encore ceux qui n’en n’avait rien à faire de la sécurité, tu n’avais pas le temps de t’ennuyer. Encore ce jour-ci, c’est un petit voyou, un escroc de même pas vingt ans qui a commandé un baume spécial à Aedan, aux propriétés douteuses que tu préfères ignorer. Tu te contentes juste de faire attention et de prendre toutes les précautions possibles pour que tout arrive en état, bien sceller. Mais comme toujours, il fallait non seulement que tu aies droit au numéro de charme pour payer moins -numéro qui ne marche jamais sur toi, tu n’étais pas stupide- mais en plus au numéro de Je vérifie le produit en l’ouvrant bien au milieu de la rue et ceux malgré tes avertissements. “- Je ne te rends pas ton argent si tu le fais tomber ou si tu fais n’importe quoi.” Prévenu, mais toujours aussi inconscient, tu commences à reculer, sentant le mauvais coup arriver. Et à raison puisque deux minutes plus tard, le tout s’échappe de ses doigts, droit sur lui, arrosant autour de lui. Par chance, personne ne passait à ce moment-là. Tu t’empresses juste de nettoyer et récupérer ce qu’il a sur le sol avec ta baguette, en pestant “- T’aurais pu faire attention, t’as failli ruiner ma veste.”
Une chance encore pour toi, tu as su te décaler au bon moment, celui juste avant que le baume n’éclabousse partout sur lui. “ Tu vas être couvert de furoncles maintenant.” “- Alors conduits moi à Sainte Mangouste!” Une grimace s’échappe directement de tes lèvres, hors de question de l’accompagner. Tu croises les bras, en secouant la tête. “- Désolé, je n’assure pas le service après-vente pour les manipulations raté.” Non mais vraiment, il n’y avait pas écrit Magicobus sur ton front. Mais au fur et à mesure des complaintes, grimaces et de la douleur apparente, tu finis par souffler fortement, avant d’attraper son bras en marmonnant “- Je te jure que tu me le paieras.” L’imbécilité des autres avait le don de t’exaspérer au plus haut point, et le jeune homme-là en tenait une grosse couche.
Un transplanement plus tard, tu relâches le bras du bougre, insistant sur ton pas rapide pour qu’il te suive dans le hall de l’hôpital. “- Tu pourrais marcher moins vite, je me sens vraiment m...” Fin de phrase terminer par un vomissement sur tes bottines, suivit d’un regard furieux. “Tu m’as ruiné mes chaussures ! Tu n'avais pas assez ruiné ma journée encore !” Recurvite silencieux sous le regard toujours aussi outré, tu constates que le cuir s’est légèrement rongé sur le côté. “- Je te jure que tu vas me les repayer. C’est du vrai cuir, tu sais combien ça coute ?” le questionnement était quelque peu enfouie sous l’affut des infirmières vers le pauvre qui vomissait encore tripes et boyaux, dont les furoncles se mettait à poindre, certain menaçant déjà d’exploser.. C’était intéressant ce que les mixtures d’Aedan pouvait faire rien que sur la peau. Reculant de quelques pas, tu finis par hausser les épaules quand on te demande pourquoi il était dans cet état. “- Je l’ai trouvé comme ça dans la rue, je ne le connais pas, je ne sais pas ce qu’il a.” Un instant de réflexion avant de laisser filer. “- Sûrement la dragoncelle ou une connerie de ce genre.”
C’est alors que tu tournes la tête vers un couloir, persuadé d’avoir aperçu une ombre connue, vêtue d’une immonde blouse de médicomage. Un fantôme du passé ressorti du placard il y a quelques jours. Tu écarquilles les yeux, puis les plissent en avançant un peu le visage avant de secouer la tête en glissant ta main sur ta nuque. Ma pauvre fille, tu ferais bien de consulter toi aussi. Reposant tes yeux sur l’agitation que tu avais provoqué en amenant ton client ici, tu retiens ta propre curiosité, celle qui te pousserait presque à remuer tous les étages de Sainte-Mangouste pour vérifier si tu n’avais pas halluciner. Croisant les bras contre toi, tu finis par céder, n’ayant guère envie de lutter contre tes propres pulsions pas très saines, celles-là même qui te poussait à faire un peu n’importe quoi à l’école.
Et c’est alors que tu te mets à te balader de service en service, faignant parfois t’être perdue dans les allées que tu l’aperçois à nouveau, brièvement, de dos, persuadée sans l’être totalement. Quand bien même, tu n’étais pas vraiment en position d’aller papoter avec ton ex-petit ami, à la vue de la fin de vos merveilleuses retrouvailles. Pourtant, c’est d’un pas rapide –trop rapide- que tu marches dans le couloir, dépassant sans regarder, ni même jeter un regard en arrière. Lançant juste tes cheveux blonds en arrière pour dégager ton propre visage, et t’éloigner. Prête à te gifler toi-même tellement tu paraissais stupide.
En continuant sur ce chemin, tu observes le sol d’un air intéressé, perdue dans tes pensées, complètement ailleurs quant à ce qu’il se passait autour. Malgré les cris dans une des chambres, et le remue-ménage autour de toi. Relevant la tête seulement quand on te bouscule allègrement, prête à sortir les griffes. “- Non, mais faites donc attention...” Il ne te fallut pas beaucoup de temps pour reconnaitre la tête de celui qui t’avais percuté, remplaçant ce regard bougon par un large sourire “- George !” Ne pouvant t’empêcher de jauger de haut en bas son allure, tu retiens un rire en mordant ta lèvre. “- Je te demanderais bien ce que tu fais ici, mais je crois que la réponse est sur ta cape. Ces couleurs te vont bien au teint, en tout cas.” Que tu glisses discrètement d’un air amusé. “- Tu vas bien ?”