On ne le dira pas, mais c'est Romy, stagiaire du deuxième étage, qui en a eu l'idée. Née-moldue, la nouvelle recrue, préposée aux photocopies et à l'écriture des nécrologies pour les dernières pages de la Gazette, glisse le mot autour d'un café, alors que le chef de rubrique politique y laisse traîner l'oreille. Des micro-trottoirs, une habitude moldue ? Tendre le micro à une personne lambda, pour savoir ce qu'elle en pense ? En faire le cœur de l'article, une plongée dans l'opinion des lecteurs, sans commentaires extérieurs par leur horde de journalistes ? Grand sourire, le chef de rubrique va déposer l'idée sur le bureau du rédacteur en chef. Il hausse les épaules : pourquoi pas, amusons-nous, c'est l'été. Et que ça passe à la télé, surtout !
Il a un peu grimacé, le chef de rubrique, peu friand de ces télévisions sorcières qui se vendent partout, et qui font gagner aux présentateurs trop beaux trop cons de l'audience, quand des laiderons comme lui restent cantonnés à leur plume et leur bureau. C'est peut-être aussi parce que Jude Lyons lui fout les pétoches, et il se refuse à avoir peur d'une petite dame. Toujours est-il que, la télé, c'est l'avenir, alors son équipe et lui vadrouillent les rues de Londres sorcier, caméra flottante devant eux, plume à papote calée contre leur carnet magique, prêts à entendre ce qu'elle veut leur dire, la population sorcière.
Ce qu'elle veut leur dire, très précisément, sur un nouvel acteur imprévu, qui chamboule plus que jamais la politique actuelle. Alors que tous attendent la réouverture du Magenmagot, à la rentrée, n'est-ce pas le moment idéal de s'interroger sur l'opinion qu'a le public d'Uriel J. Lewis ? L'homme, après tout, s'apprête à concurrencer la position de Lord, normalement due sans équivoque à Drago Malefoy, seul fils légitime de Lucius Malefoy. Cela, bien sûr, avant que le mangemort ne déclare la naissance de son bâtard comme étant tout à fait légitime. Si les Lord trancheront d'ici peu, les journalistes vaquent les rues, plumes tendues, oreilles alertes, pour interroger leurs très chers concitoyens sur toute cette tambouille. L'occasion, aussi, de glisser son mot sur cette ouverture du titre aux bonnes femmes et aux descendances : soyons complets.
Drago Malefoy, out, Uriel Lewis, in ? À vous les studios !
Ce mini-event a lieu tout au fil de l'été, les journalistes accumulant les témoignages et les opinions de leurs concitoyens. Pour ce mini-event, nous vous donnons l'occasion d'interpréter le personnage de votre choix — le vôtre ou non —, afin d'écrire la tribune souhaitée sur les fils Malefoy. L'occasion de les vilipender, de les glorifier, de donner une idée, finalement, de vos positions sur ce nouveau cœur politique du forum.
À qui doit revenir le titre de Lord ? Les femmes, Lady en place au Magenmagot ? Positionnez-vous autour de ces questions de Lordship, chère plèbe !
N'hésitez pas à faire une ou deux lignes en italique, au début de votre poste, donnant quelque détails sur le personnage que vous interprétez, s'il n'est pas le vôtre, ainsi que s'il accepte de passer à la TV ou non — ça pourra être réutilisé dans nos Unes ! Si vous préférez qu'on vous assigne un personnage du canon pour expérimenter, n'hésitez pas demander une intervention MJ.
Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
hiboux : 3012
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TEATIME is always epic with englishmen | ALWAYS in love with his dear Lily | BOOKS lover | MAGISTER es potionis
Tout ce cirque médiatique commence à être agaçant. Vraiment. Il n’a jamais beaucoup aimé les médias, le vieux Rogue, mais depuis quelques temps, les journalistes lui collent au cul comme des mouches attirées par de la confiture. NDLR : on avait pensé à une métaphore plus scathologique, mais on a pitié de la jeune audience qui nous regarde. Mais n’écoutant que son courage, une jeune reporter de choc est montée au front pour aller l’interviewer au prétexte de recueillir l’avis des concitoyens. Les anglais ont le droit de savoir, par Merlin. Et la voilà face à ce grand bonhomme dont elle ne se souvient que trop bien pendant les cours de potions. Elle n’est pas bien rassurée : il faut dire qu’il a un air d’agacement profond et de mépris à peine voilé peint sur le visage. En réalité, il bouillonne, le Severus !
On a osé l’interrompre. Lui. Severus Rogue, plus jeune maître des potions de Grande Bretagne, ex-directeur de Poudlard, ex-mangemort, ex-espion et couramment sans emploi. Pour un satané micro-trottoir. Que quelqu’un envoie ad patres ces foutus journaleux. Il affiche sa meilleure mine de dédain à la petite jeunette qui lui tend le micro avec assurance. Il faut dire que la caméra qui flotte au dessus de l’épaule de la gamine lui paraît pour le moins suspecte. Est-ce que cette nana se prend pour la nouvelle Skeeter après avoir troqué la plume à papote pour un journalisme de terrain avec caméscope embarqué ? Il ne se démonte pas, pourtant. Pour Uriel Vraiment, qu’est-ce qu’on ne lui fait pas faire.
« Les Malefoy ont choisi de retirer leurs terres de l’autorité du Ministère, il ne devrait certainement plus y avoir de Lord Malefoy tant que ces dernières ne reviennent pas dans le Royaume Uni. Je comprends la volonté de vouloir échapper au pouvoir d’un gouvernement par un mouvement séparatiste, mais dans ce cas, il faut le faire correctement en sortant aussi en cessant de sièger audit gouvernement. Lord Malefoy, Lord Selwyn, et tous les autres dont les domaines sont rattachés aux terres de feu devraient organiser leur propre gouvernement et arrêter de polluer le Magenmagot avec leurs revendications fantaisistes. »
Une pause.
« Mais s’il devait y avoir un Lord Malefoy, ce serait certainement l’aîné de Lucius, Uriel, qui a prouvé à maintes reprises qu’au contraire de ses paires, il avait la tête sur les épaules, lui. »
Au moins, messieurs et mesdames, c’est un avis tranché, ça relance le débat ! C’est ça qui est bien, avec les avis tranchés. On remarquera toutefois que le Directeur ne s’est pas spécialement prononcé sur la place des femmes au Magenmagot, aussi lui pose-t-on la question. Il hausse les épaules.
« Si elles étaient autorisées, vous ne me poseriez certainement pas de questions à propos d’Uriel Lewis : Narcissa aurait la place qu’elle convoite et toute latitude pour venir faire entendre elle-même ses revendications au lieu de se cacher derrière son fils. »
Chacun remarquera avec quel brio l’ancien directeur a éludé la question, mais il n’est plus temps de l’interroger qu’il a déjà commencé à battre le pavé de son pas… Eh merde, l’interview exclusive avec un ancien mangemort fait espion et démissionnaire de la direction de Poudlard vient de leur passer sous le nez ! Au moins ont-ils des images et propos à faire résonner dans l’espace publique ! On peut supposer que c’est mieux que rien !
Lunettes de soleil vissées sur le nez, tu passes une main lassée dans tes cheveux, les plaquant en arrière. La journaliste, devant toi, s'efforce de t'offrir un grand sourire et tente de te faire oublier la caméra qui te flotte devant la figure, comme sa plume à papote, à l'affut d'une phrase de travers de ta part. Tu as voulu l'éviter, en la voyant remonter l'allée, mais il est compliqué de tourner le dos à la presse, dans ta position, et tu n'as pu que grincer des dents et mimer un sourire poli quand elle s'est arrêtée devant toi. Le noir de tes montures cache toutefois le regard mordant que tu lui lances, l'envie de la plaquer au sol et de retrouver le confort de ton manoir grandissant de plus en plus. Tu sors d'un meeting interminable, où chacun semblait emplis de plaintes incessantes envers la société sorcière sans pour autant savoir apporter un semblant de solution ou de bonnes idées pour faire progresser les choses. C'était l'énième réunion de l'été, qui n'en finit pas, et qui te fait te demander, un peu plus à chaque retrouvailles, si ce foutu parti était réellement une bonne idée. Tu as failli le soupirer à Moira, ce soir-là, pour finalement contenter de l'enlacer rapidement, une fois la salle vidée, avant de t'échapper de l'endroit. Il faudra que vous trouviez un moment, bientôt, vite, pour vous retrouver à deux, loin de la politique incessante, sans quoi tu finiras par devenir fou, et retourner t'enfermer dans ton bar, derrière ton comptoir, pire encore, dans ton arrière-salle, à trinquer sans plus penser avec Ludo et Mondingus, de tous les assoiffés de ton repère. Il y a des jours, comme cela, où tout semble aller de travers, et cette gamine trop ambitieuse de faire ses preuves, en arrêtant au milieu des pavés le Nigel Fawley ne fait que confirmer que ce jour est un de ceux là.
Sourcils froncés, tu l'écoutes pourtant poser sa question, mine agitée alors qu'elle attend, avec hâte, que tu dévoiles tout ce que tu penses de l'histoire du moment, de cet Uriel Lewis et de son conflit de Lordship avec Drago Malefoy, et comment tu mêles cette réflexion à la question de la passation du titre. Retenant un long soupir, tu secoues la tête, pour l'interrompre, mais elle ne t'en laisse pas l'occasion, finissant son laïus, avant qu'un silence retentissant ne pèse entre vous, alors qu'elle attend ta réponse. Distraitement, tu réajustes ta veste, soupesant tes options. L'ignorer, refuser de répondre, lui dire de demander un communiqué officiel du mouvement ? Répondre quand même ? Noyer le poisson ? Trop de possibilités. Tu penches légèrement la tête sur le côté, la voix quelque peu traînante quand tu réponds enfin :
- Ce sont de lourdes questions à poser, au détour d'une allée, Miss... ? - Burrow, Monsieur Fawley - Miss Burrow, vous comprenez bien qu'il n'est d'aucun intérêt de lâcher une réponse rapide sur un sujet aussi complexe et épineux que celui-ci. Je saisis bien qu'il soit important, pour le lectorat de la Gazette, et l'ensemble des citoyens sorciers, de pouvoir se positionner au sujet de Messieurs Lewis et Malefoy, mais la question sera savamment étudiée par l'ensemble du Magenmagot, et toutes opinions lâchées devant une caméra, construites sur le fait, pris au dépourvu, n'auront que peu d'influence ou d'impact face à la sagesse et rigueur qui attendent leurs débats, à la réouverture des tribunaux. Saisissez bien l'enjeu : avant même de pouvoir décider à qui revient de droit le titre, il faut avant tout traiter de ce dossier que Monsieur le Ministre s'acharne à faire passer au Magenmagot, dossier que la Coalition s'évertue à défendre également, quand à la restructuration du système de Lord. Si nous devions donner le droit aux femmes et aux seconds héritiers de demander le titre, si les premières nées deviennent prioritaires sur les seconds héritiers, le débat concernera alors plus que les simples messieurs Lewis et Malefoy. Cela touchera la famille Black, par exemple, voyez-vous, car si l'héritier actuel est Monsieur Potter, l'ouverture aux femmes donnera l'occasion à Madame Andromeda Black de demander son titre — de nombreuses positions seront ainsi à réévaluer, et le débat s'agrandira. Il ne sera alors plus question de choisir entre un fils ou l'autre, mais bien de repenser notre société aristocratique, et de la dynamiser. C'est une motion pour laquelle nous sommes favorables, que je soutiens volontiers, puisque cela permettrait, notamment, de remplir les positions de familles bousculées par les pertes de la guerre, à l'instar des Parkinson, qui ont une héritière engagée, intelligente et politisée à mettre en poste, voyez-vous ? Pourquoi se passer de l'opportunité d'enrichir notre Magenmagot, plutôt que de taire les familles où les hommes auraient trépassé ? Il me semble, qu'en tant que société, nous soyons passés au-delà de la pensée, absurde, que les femmes n'auraient pas leur position dans les hautes sphères de pouvoir. Voyez donc ma partenaire, compagne de progrès, Moira Oaks, Présidente-Sorcière. Ne serait-il pas absurde de s'imaginer qu'elle n'aurait jamais pu rejoindre le Magenmagot, et briller à sa présidence, si elle avait été de famille pure ? Alors, voyez, si je ne pense pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise réponse à la question que vous me posez, je suis convaincu qu'il s'agit d'une situation complexe, aux multiples problématiques, qui doivent se discuter ailleurs que sur un bout de pavé, aussi charmant notre Chemin de Traverse soit-il. Vous pouvez, cependant, tout à fait nous rejoindre, au 66 Place de la Reine, pour dialoguer sereinement de cette motion à présenter au Magenmagot, à la réouverture des tribunaux — la Coalition accueille avec grand plaisir tout intéressé, tout l'été. Autrement, Miss Burrow, si vous le voulez bien, mon chien m'attend, et il serait tout bonnement indécent de briser le cœur de ma brave bête plus longtemps. Bonne soirée !
D'un dernier mouvement de la tête, couplé à un sourire à mille watt, tu fais un pas sur le côté, glissant les mains dans les poches de ta veste pour reprendre ton chemin. Talisker t'attend, tu ne mentais pas, et que Salazar te terrasse, si tu ne prends pas, enfin, le temps de promener ton seul et unique lourdaux. Tu songes, rapidement, qu'il te faudra prévenir Moira que tu as donné quelques mots à la presse. Faisant craquer ton dos, tu disparais enfin derrière les portes du Helen's Legs, tes épaules s'allégeant. Il n'y a, finalement, pas meilleur réconfort qu'entre ces jambes.
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