SILKWORM

Romilda, c’est elle. Ce petit bébé lové dans les bras de ses parents. C’est ce petit être entouré d’amour, attendue comme le messie. Leur première fille. Son frère aîné se tord le cou pour essayer de mieux la voir depuis l’épaule de leur père. La petite dernière pour le moment. La deuxième de ce qui sera une famille de quatre enfants. La famille Vane est une vieille famille de Grande Bretagne. Jamais assez prestigieuse pour être de sang pur. Jamais assez hermétique, surtout. Et la plupart des Extatiques ne se soucient pas vraiment de ces questions de pureté du sang et d’aristocratie. Elle a grandi aimée, entourée, et lorsqu’elle est allée à Poudlard, elle a pu compter sur son frère aîné, de trois ans plus vieux, réparti à Poufsouffle. C’est lui qui lui a dit que les cuisines étaient derrière ce tableau avec les fruits et qu’il fallait chatouiller la poire, par exemple ! Ils s’y sont souvent retrouvés (et y furent parfois attrapés par l’acariâtre Severus Rogue) après la mort de Cedric Diggory, pendant la deuxième année de Romilda, qui a gravement secoué la maison Poufsouffle et le frère de Romilda.

En un mot comme en cent, l’environnement familial de Romilda a été sans histoire. Les deux petits qui l’ont suivie ont très vite attiré l’attention des parents, de sorte que Romilda a surtout été très proche de son frère… Ce qui ne l’empêche pas d’adorer ses cadets et d’être soulagée que toute sa famille ait survécu à la Guerre.

CHRYSALID

Poudlard a été, définitivement, et à tous les égards, le moment préféré de la vie de Romilda. Elle a intégré l’école en 1993, à l’époque où Remus Lupin était professeur de défense contre les forces du mal et où les détraqueurs rôdaient autour de l’école. Elle s’est sentie très déprimée toute cette année là, sans doute à cause de ces affreuses créatures, mais n’ayant jamais connu de drame dans sa vie, le chocolat et la présence de son frère et de ses amies ont suffi. Ce n’est pas comme ce pauvre Harry ! Avec le recul, Romilda croit que c’est là qu’à commencé son crush pour le Sauveur du Monde Magique : le voir si désemparé face aux détraqueurs… Que n’aurait-elle donné pour être l’épaule sur laquelle il pouvait venir pleurer ? Comme toutes les petites filles du monde magique, elle a grandi avec l’idée d’Harry Potter comme chevalier servant dans les contes de fées, et elles-même en guise de princesse.

L’année suivante, avec le tournoi des trois sorciers, a eu beau signer un tournant majeur dans  le monde de la magie, ça n’a pas vraiment affecté la vie courante de Romilda : ses amies, ses cours, son frère. Évidemment, il l’a eue dure de perdre Cédric, d’autant qu’elle a toujours cru que son frère admirait beaucoup trop le Poufsouffle, mais elle ne peut s’empêcher, quant à elle, de se sentir très déconnectée de ce qu’il se passe. Peut-être parce qu’elle n’a que douze ans, et qu’lle ne comprend pas ce qu’il se passe, sinon qu’une fois encore, Harry Potter a été le héros de l’histoire.

L’année d’après le lui confirme. Elle le voit bien, dans le journal, ce pauvre Harry. L’année précédente, déjà, les médias s’en donnaient à cœur joie. Un véritable festin. Elle voudrait plus encore le protéger, ce pauvre orphelin, sensible aux détraqueurs, jeté dans un tournoi dangereux, et confronté au retour du Seigneur des Ténèbres. Elle aimerait tellement se rapprocher de lui et de son cercle social, mais elle n’y est pas invitée, pas même lorsqu’ils lancent l’AD. C’est un secret de polichinelle, pourtant, tous les Gryffondor, ou presque, sont au courant qu’il se trame un groupe d’entraînement pour pallier aux cours déplorables d’Ombrage. Elle aimerait en être, Romilda, mais il n’y a personne pour l’inviter, personne pour lui donner une place autre que celle de l’observatrice fascinée et énamourée. La cinquième roue du carrosse.

Ce n’est que l’année d’après, la sixième année d’Harry, sa quatrième à elle, que les choses basculent. Elle ne sait pas vraiment ce qui lui prend. Un rêve un peu fou d’ado, sans doute. Harry a croisé son regard, une fois, deux fois. Il lui a souri. Elle aussi. Elle a pris ça pour une invitation. Avec le recul, elle sait qu’elle a dérapé, ce jour là, mais elle a glissé des chocolats empoisonnés au philtre d’amour bas de gamme vendu chez les frères Weasley dans l’espoir d’avoir enfin l’occasion de se rapprocher d’Harry et de lui offrir le soutien qu’il mérite. Mais son attentat ne fonctionne pas. Pire, elle est convoquée par la direction de l’école et, si elle reçoit un mois de retenue, elle n’est pas renvoyée ni dénoncée aux autorités malgré l’illégalité de son geste. Elle se dit que, peut-être, être une gryffondor a du bon : Dumbledore lui paraît biaisé en leur faveur.

Elle aurait bien aimé faire d’autres tentatives pour se rapprocher d’Harry, peut-être en allant s’excuser et en essayant de nouer le dialogue avec lui, mais il y a systématiquement cette pétasse rousse autour de lui pendant cette fin de sixième année, et elle n’a pas spécialement l’occasion de trouver un moment seule avec lui. Puis tout s’enchaîne, la mort de Dumbledore (qui l’indiffère, elle ne l’a jamais trop apprécié, ses parents non plus : un hermétique comme Albus Dumbledore suscite toujours une certaine prudence, mais contrairement à ses parents qui voyaient tout de même dans Dumbledore un rempart contre le mal incarné par Voldemort, Romilda n’est pas spécialement fermée à la volonté du Seigneur des Ténèbres de ramener des arts obscurs dans le monde magique… Par contre, tout à fait entre nous ? Il était bien complètement taré, ce mec, non ? C’est ce qui a toujours rendu la jeune fille insensible au camp de ce bon vieux Tom Jedusor : complètement psychotique, le pauvre gars)

L’année suivante, sans surprise, l’école tombe aux mains des mangemorts. Romilda fait profil bas, et s’efforce de ne pas faire de vagues. A l’école, son focus principal est sa baguette, même si ses parents lui enseignent depuis toute petite à utiliser une bague qui appartenait à sa grand-mère. Mais c’est pendant ce qui s’avère une cinquième année chaotique qu’elle prend vraiment la mesure de l’avantage que peut procurer un focus aussi discret : à moins de lui couper le doigt sur lequel est porté la bague, elle ne sera jamais à cours de moyen de maîtriser sa magie. Il est beaucoup plus simple de désarmer quelqu’un qui tient une baguette que quelqu’un à qui il suffit de fermer le poing pour empêcher son focus d’être projeté hors de sa main. La nuit, dans le dortoir, elle s’entraîne. Elle doit bien l’avouer, elle s’entraîne aussi discrètement sur une cible de choix : Ginny Weasley. Une petite décharge ici, une petit décharge là. Elle fait toujours ça en présence des Serpentards : c’est une façon de s’assurer qu’elle ne sera peut-être pas découverte. Rien de méchant, juste des sorts de démangeaison par ici, de chatouilles ou de pustules par là… Une juste vengeance, pense-t-elle pour celle qui lui a volé l’attention d’Harry. Mais très vite, Romilda se trouve embarquée, à la suite de Ginny et Neville, entre autres élèves de Gryffondor, dans la résistance à Poudlard, et ses petites vengeances personnelles contre cette pétasse rousse sont bien vite oubliées. Des groupes d’élèves cachés dans la Salle sur Demande, parce qu’ils agissent contre les Carrow, Rogue et autres suppôts du taré qui est en train de gagner la guerre. Soudainement, savoir qui aura le coeur d’Harry Potter n’est plus si important : seul compte de survivre.

BUTTERFLIES

Mai 1998. La Bataille de Poudlard. Elle y est. Elle a refusé de ne pas se battre. Elle a refusé de rentrer. Ses parents aussi sont là, et son frère aîné. C’est la première fois qu’elle se retrouve sur un champ de bataille, et ça la marque profondément. Ce talent pour la magie extatique, à l’anneau, qu’elle a cultivé dans le but initial d’être insoupçonnable dans une petite revanche mesquine lui sert à se défendre et à rester en vie. Elle tue deux hommes. Deux partisans du Seigneur des Ténèbres si bas dans l’échelle qu’ils n’avaient même pas l'honneur de porter la marque. Légitime défense, en concluera-t-on au Ministère lors de son audition. Même pas un procès. Même pas un casier judiciaire : c’était la guerre. Elle a fait s’écrouler une statue sur ses deux attaquants : les débris leur ont broyé le crâne. Elle mentirait si elle dirait ne pas revoir cette scène dans ses cauchemars.

Elle a opté pour l’éducation à la maison. Cela rassure ses parents d’avoir près d’eux leurs enfants. Ils n’étaient pas très emballés à l’idée de lui laisser faire sa cinquième année, alors ils sautent sur l’occasion de la fermeture de Poudlard pour garder à la maison toute leur famille. Ils ont eu si peur de les perdre. Romilda étudie dur. Ça lui permet d’oublier ses cauchemars, d’oublier le sang qu’elle a sur les mains. Elle passe ses BUSEs en juin de l’année suivante, au sein d’un Ministère récupéré aux mains des Mangemorts et dans la tourmente des procès pour crimes de guerre. Ils ne sont pas nombreux dans la salle. Elle aurait pu les avoir sur un plateau l'année précédente, mais elle n'y a pas tenu : elle veut les mériter. Beaucoup obtiennent des équivalences depuis d’autres écoles. Pas elle. Elle fait partie de ces quelques enfants restés sur le sol anglais et avides d’apprendre pour oublier la guerre. Être là, c’est retrouver une vie normale.

Elle a vieilli d’un coup, Romilda. La gamine insouciance s’est effacée. Potter est mort, Voldemort est mort. Elle aurait pu l’être aussi. Le bien, le mal, ce sont des conneries. Elle, ce qu’elle veut, c’est vivre. Elle embrasse la magie extatique, elle embrasse leur hédonisme et leur philosophie. Elle veut vivre intensément chaque journée et mener cette course contre la montre. Elle veut une vie intense, remplie. Elle veut une vie qui laissera sa trace avant que la mort ne l’enveloppe. Elle était une Gryffondor, la guerre l’a fait devenir serpent. Et elle se découvre une ambition qu’elle ne se souvenait pas avoir. Et elle perd ce qui lui restait de moralité. Elle est prête à tout. Absolument tout.

Romilda passe l’année suivante à travailler dur pour ses ASPICs et n’accorde d’intérêt à rien d’autre. Seule la nouvelle de la réapparition de Potter la tire un peu de ses longues nuits d’étude. Mais elle n’a pas le temps. Elle n’a pas de temps à perdre pour ces conneries. Il est en vie ? Génial, les gars, mais il y a plus important à faire. Deux ans pour préparer des ASPICs ? Elle est sûre qu’elle peut le faire en un an, d'autant qu'elle a pris de l'avance pendant qu'elle "préparait" ses BUSEs sur les programmes d'ASPICs, et enchaîner sur une maîtrise. Elle y croit. Elle travaille d’arrache-pied et passe ses journées dans des livres ou auprès de ses tuteurs. Des retraités qui peinent à lever le pied, pour certains, des jeunes maîtres dans leurs domaines avides de se faire une place pour d’autres. Tous ont l’avantage d’être moins chers que des professionnels en plein milieu de leur carrière. Et c’est à dix sept ans, deux ans après la bataille de Poudlard, un an après avoir obtenu ses BUSEs que Romilda passe les épreuves qui lui ouvriront le chemin de la grandeur : sortilèges, métamorphose, botanique, potions, runes, arithmancie, défense et histoire de la magie défilent sous sa plume. Si elle n’est que moyenne en métamorphose où elle obtient à la sueur de son front un Effort Exceptionnel et irrécupérable en Botanique où elle doit à son épreuve théorique d’avoir rattrapé le Désolant de son épreuve pratique, elle brille en sortilèges et en défense, en histoire et en arithmancie. De quoi offrir le terreau solide pour une maîtrise en sortilèges.

Et ça tombe bien.
Elle a déjà sa petite idée derrière la tête.

Sitôt ses résultats en poche, elle commence à chercher un maître en sortilèges qui pourra l’encadrer. Il y a bien Filius Flitwick, mais il n’a pas l’air très emballé par son sujet. Il faut dire qu’étudier la théorie lovée derrière les concepts de magie blanche, magie neutre et magie noire en proposant une audacieuse étude de l’affinité des coeurs magiques pour certaines formes de magie, ça a de quoi laisser circonspect. On parle de magie noire par abus de langage, souvent… Mais et si certaines personnes avaient des prédispositions pour les arts obscurs comme on peut avoir un don (ou une absence de don) en Botanique ? Ne serait-ce pas une honte que d’empêcher ces gens là de s’accomplir professionnellement ou personnellement en estampillant « interdit » leur grandeur ? Elle est peut-être de ceux-là, après tout ? Elle se souvient d’avec quelle facilité les sorts de combat lui sont venus pendant la Bataille de Poudlard. Une trop grande facilité, presque. La magie noire n’est-elle que culturelle ? Y a-t-il une différence de nature entre un doloris et un autre sortilège infligeant une sensation comme un sortilège de chatouilles ? Comme elle rêve d’inventer des enchantements qui permettent d’analyser finement la magie intrinsèque de chaque être. Comme elle rêve de découvrir si la tradition, les sorts utilisés et la théorie apprise façonnent le coeur magique de chaque individu. C’est ambitieux. Et elle échouera sans doute. Mais elle veut comprendre.

Si ses premières recherches d’un maître pour encadrer sa maîtrise ne sont pas très concluantes dans un premier temps, tout change lorsque celui qui fut son précepteur pour préparer ses ASPICs de potions, un jeune maître tout fraîchement sorti de son apprentissage auprès de Damoclès Belby la met en contact avec le maître des potions qui, lui dit-il, travaille de temps à autre avec des maîtres d’autres disciplines et pourra peut-être la mettre en contact avec quelqu’un.

La première rencontre entre une jeune Romilda parée de l’assurance de ses dix-sept ans et du maître des potions célèbre pour ses travaux sur la Tue-Loup et autres potions destinées à alléger les difficiles conditions de loup garou et des vampires, est pour le moins prudente. Ils se jaugent mutuellement. Pour lui, elle est une gamine de plus qui cherche la grandeur. Pour elle, il n’est qu’une pierre sur le chemin. Mais ils parlent. Un peu. Prudemment. Il découvre avec étonnement un esprit vif et l’esquisse d’une amoralité. Elle découvre une ambition au moins aussi dévorante que la sienne et une absence totale d’éthique. Ils sont faits pour s’entendre.

La vie est paisible, en Grande Bretagne. Presque. On pourrait parler de l'attentat qui a coûté la vie à la jeune Astoria, d'un an son aînée. Elle se souvient vaguement d'elle : une jolie serpentard dont le sourire faisait tourner les têtes, toujours douce, toujours gentille. Une sacrifiée de cette aristocratie qui s'accroche à ses privilèges de sang pur. Sa mort aurait-elle fait moins de bruit si elle avait été sang mêlé ? Les scandales s'enchaînent, et Romilda les lit sans y participer activement : la réserve au département de la Justice ? A voir, cela peut peut-être canaliser les anciens combattants en leur donnant l'occasion de servir la politique en place. Un bon choix pour les imbéciles avides d'être utiles sans avoir les capacités de faire de grandes choses. Le fils illégitime de Lucius Malefoy ? Honnêtement, la contraception, ça leur parle, à ces sangs purs? Elle a considéré ça comme un juste retour des choses mais n'a pas d'avis spécifique sur qui mettre à la tête du clan Malefoy. Si l'un d'entre eux vient faire une proposition alléchante, elle sera toute ouïe, évidemment ! La loi sur les traditions ? ça doit cacher quelque chose. Quelle réforme impopulaire Harry Potter a-t-il prévu de faire pour avoir ainsi à coeur de s'attacher la loyauté des minorités ? ça sent le grand coup, et cette fois-ci, Romilda attend vraiment de voir ce qui adviendra, elle qui a toujours eu soin de ne jamais montrer ostensiblement sa tradition.

GOLDEN MOTH

La nuque droite, la mise impeccable, Madame Belby n’a plus rien de l’adolescente Romilda Vane. Mariée à un chercheur renommé depuis un peu plus d’un an et apprentie auprès d’un maître allemand ayant une double maîtrise en sortilèges et histoire de la magie, elle a défrayé la chronique de trop nombreuses fois déjà, malgré son jeune âge. On l’a présentée comme un pot de fleurs au bras d’un chercheur, elle a répondu avec intelligence par l’ambition du couple de changer le monde et d’aider ceux à la condition difficile avec leurs avancées. On l’a présentée comme une arrogante demoiselle qui rêvait d’utiliser le pouvoir de son mari, elle a répliqué par l’amour qui uni ces deux cerveaux brillants, ces deux êtres passionnés et aussi dépourvus d’éthique et de morale que n’importe quel savant fou. On l’a présentée comme une sotte énamourée. Elle a répondu en volant au monde le poste de professeure d’Arts Obscurs à Poudlard.

Un poste controversé qui a propulsé le couple sur le devant de la scène, une fois encore. Minerva le lui a accordé après le départ soudain du directeur de Poudlard, Severus Rogue, et du professeur qui l’a précédé et qui avait, paraît-il, quelques problèmes d’alcool en plus d’avoir une réputation sulfureuse d’ancien mangemort. Elle, à côté de ces deux hommes auréolés de la guerre, elle a l’air d’une innocente petite poupée avec ses vêtements à la coupe exquise et ses longs cheveux bouclés. Elle a souri à Minerva, elles ont parlé de la Guerre, de la nécessité d’éviter les troubles. De l’impossibilité pour Minerva de faire supprimer après un an, seulement, le poste fondé par son prédécesseur. Elle avait les lèvres pincées, son ancienne directrice de maison. Alors Romilda a sorti le grand jeu. Elle a promis un enseignement théorique et moral, elle a promis que ses frasques de jeunesses étaient loin derrière elle. Quel mal une gamine de vingt-deux ans pourrait-elle faire aux esprits des élèves ? Surtout une ancienne Gryffondor, mariée à un homme respectable qui a tant aidé la communauté ?

Elle a eu le poste. Comme prévu. Sans doute parce qu’elle était moins compétente et moins sulfureuse que bien d’autres candidats. Ils ont fêté ça, avec Damoclès. Un éclat de rire et une étreinte passionnée. Sans doute Minerva ignore-t-elle tout autant que le grand public combien le discours du couple n’est qu’une façade. Sous couvert d’aider les loups garous, Damoclès a, en réalité, décimé des dizaines d’entre eux en essais cliniques avant de publier sa formule. Mais qui s’en soucie ? Ce n’étaient que des clébards errants, après tout, trop désespérés pour refuser la promesse d’une panacée. Sans doute Minerva ignore-t-elle aussi que la maîtrise que prépare sa nouvelle enseignante pourrait bien mener à de nombreux dommages collatéraux. Si, vraiment, elle arrivait à comprendre le fonctionnement des coeurs magiques et la nature profonde de la magie, rien ne pourrait empêcher à un gouvernement de recourir à ces nouvelles connaissances à des fins eugénistes, par exemple pour choisir quelle magie doit règner en Grande Bretagne et quelle autre doit être exterminée. Pour voler le coeur magique d’un traître et l’offrir à un cracmol en guise de punition. Comprendre la magie pour mieux se défendre contre l’invasion de moldus et de nés-moldus qui ne comprennent rien et se contentent de suivre aveuglément les préceptes nécrosés par la morale des Hermétiques.

Comme Romilda l’a toujours dit : les seuls vrais problèmes du Seigneur des Ténèbres, c’étaient sa fixette sur la pureté du sang et son côté psychotique.