Vendredi 2 juillet 2004. C'est une date hors norme, historique, qui se prépare. Oh, le match n'est pas si sensationnel que cela. Un France/Angleterre, de phases de qualification, qui plus est, ça n'enthousiasme généralement que les plus fanatiques de Quidditch. Pas que l'affiche soit inintéressante, Merlin seul sait combien les deux pays savent s'affronter sur le terrain, leur rivalité ancestrale connue tant des moldus que des sorciers. Non, mais ce n'est tout de même qu'un match de qualification, et on ne s'enthousiasme d'ordinaire réellement qu'au lancement pur et dur du championnat d'Europe.
Voilà, seulement, Londres souffre, ces derniers temps. Londres souffre, car ses clans politiques deviennent de plus en plus tendus, les bâtards tiennent tête aux aristos, les extatiques grognent dans les oreilles des hermétiques, et les choses semblent aller de mal en pis. Le Quidditch, alors, semble fédérateur. Tous, enfin, réunis derrière un seul même drapeau : ils demeurent, après tout, tous diablement anglais. Il y a quelques fautes de parcours, avec certains gallois traînant des pieds sur le sol anglais, ou des écossais grinçant devant les God Save the Queen incessant. Ceux là auront leur jour, aussi, plus tard dans le tournoi.
Ce vendredi soir de juillet, toutefois, est dédié tout entier aux Anglais et aux férus de l'équipe d'Angleterre qui s'apprête à jouer, depuis Paris, un match capital pour leur tournoi. S'ils remportent ce soir, la qualification est assurée. Et, pour la première fois dans l'histoire du Quidditch en Grande-Bretagne, le match est retransmis. En direct, en live, tout droit sur l'écran géant installé au plein cœur du Chemin de Traverse, à deux pas de la tente de la Reine.
Une date historique, nous le disions. La place, déjà pleine de forains, semble plus festive encore alors que banderoles et affiches à la gloire des joueurs anglais viennent barioler les murs et fenêtres des commerces et habitations autour. Il y a, entre les tentes d'activités de la foire, des stands de grillade, de hot dog, de pies en tout genre. Ça pue la graille, ça pue la bière, et la foule agglutinée devant l'écran géant n'en peut plus de trépigner.
Avec des cris de joie, des applaudissements éparses claquant ça et là, l'écran géant s'allume soudainement, laissant apparaître le profil posé du journaliste de la TV sorcière, en duplex depuis Paris. Aux yeux des nés-moldus, hilares dans la foule, la surexcitation des sorciers vaut à elle seule de se retrouver couvert de bière d'ici le premier souaffle lancé par les poursuiveurs anglais.
Alors, quand le commentateur, depuis le stade parisien, clame les noms des joueurs, peu sont surpris quand la bièraubeurre éclabousse les uns et les autres, les rires et cris supporters se cognant l'un à l'autre. Enfin, Londres respire.
Cet event a lieu vendredi 2 juillet, vers 17h, et durera aussi longtemps que peut durer un match France Angleterre où la France se fait battre 140 à 440. Tout le monde est invité à participer, la soirée se déroulant lors des vacances d'été. Les mineurs sont bien évidemment interdits à toute consommation alcoolisée. Pour rappel, la liste des joueurs anglais sélectionnés pour l'Euro : Peter James Anderson (Flaquemare, batteur), Andrew Davies (Pies, batteur), Georgia Harris (Flaquemare, poursuiveuse), Katie Bell (Harpies, poursuiveuse), Ginny Weasley (Harpies, poursuiveuse), Olivier Dubois (Flaquemare, gardien) et l'attrapeur sensationnel, William Widdleton (Frelons Wimbourne). Amusez-vous, c'est la fête ce soir !
Tu ne sais plus bien comment tu t’es retrouvée à faire la fête autour de quelque chose d’aussi frivole que du sport, mais… oui, tu es bien là, dans cette foule occupée à surveiller sur un téléviseur les prouesses des joueurs de Quidditch de l’équipe nationale. La fine fleur des joueurs anglais, paraît-il. Toi ? Tu n’y connais strictement rien, au Quidditch. Tu ne sais même pas comment tu as été embarquée dans cette manifestation d’un joyeux patriotisme. Ah si, ça te revient : tu en as entendu parler au Ministère quand tu es allée leur soumettre ton renouvellement de permis d’usage de substance de classe C dans tes potions. Deux employés s’enorgueillissaient du match à venir, et de toute évidence, leur engouement a été contagieux : sinon tu ne serais pas là.
Il faut dire que le téléviseur, c’est exotique pour une sorcière de sang pur qui a passé la majeure partie de sa vie dans un lugubre manoir familial à apprendre l’étiquette et la poésie plutôt que les choses de la vie. Il n’a jamais été question, pour elle, de se mêler aux divertissements de la plèbe dans des cafés braillards devant une invention volée à la société moldue. Les sorciers de sang pur ont sans doute oublié que les photos aussi, ils les ont piquées aux moldus.
Alors tu es là, dans cette cohue sur le chemin de traverse. La lumière brille à la surface de ce téléviseur géant qui, à lui seul, est bien plus fascinant pour toi que le sport qui est retransmis en direct sur sa surface. Belle invention, vraiment. Le monde moldu ne cesse d’être fascinant pour toi qui en connaît si peu de choses sinon ses médecins et ses psychiatres. Tu as entendu parler de ce genre de manifestation dans le monde moldu aussi : sortir entre amis pour aller voir un match ou y assister depuis un pub… Mais vraiment, c’est le genre de manifestation auquel une dame ne devrait pas participer. C’est du moins ce que te susurre cette petite partie de toi qui est restée là bas. Une enfant, une adolescente cloîtrée dans un manoir familial décrépi.
Mais tu reviens au réel lorsque la bonne odeur de grillades vient te chatouiller les narines. Vraiment, quitte à vivre l’expérience sociale jusqu’au bout… Tu te retrouves donc là, avec un hot dog, peu certaine de la façon dont on mange ce drôle de sandwich, et une bouteille de bierraubeurre dans l’autre main. Tu détonnes sans doute dans la foule avec ton air de midinette sortie d’une carte postale vintage, mais ce sont les seuls vêtements qui correspondent à ces goûts que l’on t’a appris à révérer durant toute ta vie et à ta taille dans les friperies moldues. Tu te tiens un peu à l’écart de la foule et tu surveilles du coin de l’oeil les hommes les plus proches de toi. Quand tu t’éloignes de l’écran, la foule est moins compacte. On y voit moins, c’est vrai, mais au moins tu n’as plus à être autant sur tes gardes de peur d’être abordée par un homme. Alors tu essaies de te détendre malgré l’inconfort d’un tel rassemblement : tu n’aimes pas voir autant de monde d’un coup, mais tu pourras au moins raconter cette victoire à ta psychiatre lors de ta prochaine visite : tu as assisté à un événement sportif.
LA BUVETTE SPORTIVEboire et manger en bonne compagnie
Pour accompagner les festivités, voici une boutique éphémère qui fait le plein de bonnes choses à manger, de délices à boire, et de gras pour éponger l'alcool. Remplissez-vous la panse, désemplissez-vous la bourse !
Tout le monde n'a parlé que de cela, toute la journée, toute la semaine, un bourdonnement d'excitation secouant commerces comme clientèle. Certains passent alors plus de temps dans les rayons, grondant les dernières nouvelles entre deux fioles violettes. Je les regarde du coin de l'œil, vérifiant surtout que leur excitation n'en fasse pas tomber mes flacons. Peu à peu, pourtant, l'enthousiasme me prend aussi. Je les laisse m'expliquer ce qu'il en est, des derniers résultats des matchs, je hoche la tête où il faut, quand ils vantent les prouesses techniques de tel attrapeur, et je glisse même, de moi-même, des petites félicitations à Saoirse, l'employée de la ménagerie magique, quand l'Irlande remporte son premier match. Ilanga a reçu un paquet de croquettes vertes en plus, ce jour-là.
À mes pieds, la créature rousse ronronne sans bouger, profitant de la fraicheur magique derrière le comptoir. Du bout de la sandale, mon pied vient titiller son estomac, jouer avec sa patte, le faisant gronder d'agacement. Une petite toux me tire de ma distraction, faisant passer le temps avant de fermer boutique pour, enfin, rejoindre le cœur du Chemin de Traverse, l'évènement faisant jaser depuis des jours. En face de moi, une jolie brune au visage d'ange, de grands yeux bleus m'observant avec intérêt. Elle a envie de poser des questions, cela se sent bien trop et, si d'ordinaire je bondis sur toute occasion me permettant d'étaler mon talent et le bienfait de mes potions, je n'ai ce soir qu'une envie, fermer et me faufiler dans la foule pour célébrer. Célébrer quoi, je ne sais trop, n'ayant cœur à soutenir ni la France ni l'Angleterre, ayant même poussé le vice à acheter une écharpe portugaise, pour ce pays de beaux souvenirs, doux soupirs, n'en déplaise à Josiah, mais célébrer tout de même, sortir dans ces rues pour boire, danser, crier, manger trop. Alors, jolie brune, faisons vite, veux-tu ? Mon sourire est grand, toutefois, éclatant, alors que je hoche la tête pour l'inciter à parler. Sa voix est teintée d'un accent français, quand elle me tend les fioles qu'elle a choisi, demandant si j'avais quelque chose d'un peu plus terrestre, pour L'Ailleurs. Je hausse les épaules — bien sûr, que j'ai, même si cela me dépasse toujours autant. Comment choisir autre chose que la mer, l'océan, l'eau, pour se libérer et voyager ? Je ne dis rien pourtant, l'encourageant à se confier sur ce qu'elle recherche, ce qui lui manque, souriant là où il faut pour que ses épaules se relâchent et qu'elle reparte du marchand de sable plus apaisée qu'elle n'y est entrée. Avant de sortir, toutefois, son sourire révélant ses dents, elle hoche la tête et me propose, pétillante, de l'accompagner voir ce match dont tout le monde parle, justement, pour continuer d'explorer nos préférences. Un grand rire m'échappe, secouant tout mon corps, et ma main tapote gentiment son bras, avant de pointer derrière elle le bel homme arrivant près de la boutique.
- J'ai un date night tout arrangé avec mon fiancé, il n'est pas du genre à partager avec de jolies françaises, vous me le pardonnerez ?
Bien qu'une petite rougeur n'envahisse ses pommettes, la brune se contente de répondre à mon rire, sur un dernier geste de la main et un petit clin d'œil pour @A. Josiah N'Da, arrivant, beau prince, toujours si bien vêtu. Gourmand, je le dévore du regard quelques instants de trop, ma main venant attraper la sienne pour l'attirer dans la boutique ; elle se glisse sur sa hanche, dans le bas de son dos, alors que mes lèvres viennent titiller les siennes, grondant un bonjour contre sa bouche.
- Tu es beau, je murmure tout bas, embrassant la commissure de ses lèvres, sa mâchoire, ses tempes, trop tendrement.
Il est beau, comme toujours, comme tout le temps, plus encore dans cette ambiance d'été, alors que mon cœur est plein d'enthousiasme des beaux jours qui nous attendent. Les discussions ont été un peu compliquées, ces derniers temps, alors qu'on essaie de comprendre ce que l'on va devenir, combien de temps nos vies vont s'organiser ici, surtout maintenant que l'on vit à deux, ensembles. Je lui ai susurré, l'autre soir, comme me l'avait conseillé La Reine, ou ce que j'en ai tiré de ses phrases, toutefois, mon projet de transformer l'étage en Lounge de Rêves, comme je le faisais avant, à Osaka, en moins poussé toutefois. Je l'ouvrirais d'ici la fin de l'été, si le projet lui parlait, à lui aussi — est-ce qu'il acceptera de peindre, pour décorer les lieux, des peintures sur les murs, mouvantes, pour qu'il pulse entre cette boutique, lui aussi ? On parle, alors, on organise, on discute, et pourtant, des fois, il fait bon ne pas dialoguer, il est plus agréable de simplement apprécier nos corps l'un contre l'autre, nos sourires interrompant nos baisers.
- Toujours partant pour aller voir le match ? On n'est pas obligés de rester jusqu'au bout, je n'y comprends pas grand chose, de toutes façons, mais ça change de d'habitude, non ? On ira danser, là où tu sais, après, si tu préfères.
Et mes doigts se glissent contre les siens, le guidant hors de la boutique après une dernière gratouille pour Ilanga, qui file à l'étage, plus aéré que le bas. Nos pas nous mènent vers la place, un peu plus bas dans le Chemin de Traverse, où la foire se mêle aux festivités sportives. Le match a déjà commencé depuis un moment, au moins une heure, d'après le score assez avancé et l'état déjà un peu rouge des nez de beaucoup, autour de nous. J'inspire profondément, un sourire enfantin se glissant sur mon visage alors que j'écoute les rires, les chants, les exclamations de joies à la jolie passe de Harris vers Bell — aucune idée de qui sont ces joueurs, mais vu les hurlements, ça crie réussite anglaise. Je me tourne vers Josiah, yeux pétillants, et lui souffle :
- Attends-moi là, je vais chercher de quoi boire et manger. Ce soir, tu es roi.
Je me faufile, alors, d'abord vers un premier stand, grimaçant devant le hot dog de grenouilles — quelle idée, encore —, et opte plutôt pour un Chick on a stick et un fish n'chips. L'échoppe de Quidditch m'attrape le regard, j'y glisse quelques mornilles, en vitesse, pour des feux d'artifice glissés dans ma cape. Plus loin, je tape le bonjour à Nigel Fawley, qui regarde avec délice la foule s'enfiler des verres et des verres. "Bonne soirée, hmm ?" Le barman m'adresse un clin d'œil, poussant vers moi les cocktails commandés, un St-James Anderson et un Harris, avant de glisser deux pintes de brown ale, "offerte par la maison". Je tapote chacun des verres avant de faire tourner mes doigts, levant la main vers le haut, pour que l'ensemble se mette à flotter dans les airs, me suivant de près. Un dernier arrêt chez Florian, pour une barbe à papa des plus spéciales, et je me retrouve face à Josiah, les bras chargés de victuailles.
- J'espère que t'as faim et soif, sthandwa.
Je le laisse choisir ce qui lui plait, dans le lot, et me tourne vers l'écran géant, sirotant avec délice la bière fraîche entre mes doigts. Ca a quelque chose d'impressionnant, il est vrai, de voir du Quidditch retransmis, comme cela, sur une gigantesque toile tendue entre deux bâtiments. On entend les commentateurs, qui réagissent avec enthousiasme aux moindres actions, et les foules clament l'hymne anglais à tout va. Avec un rictus, je me penche légèrement vers Josiah pour murmurer :
- J'ai pris des feux d'artifice, pour fêter la victoire — on devait choisir l'équipe, je leur ai demandé de me les laisser indifférencié, pour choisir à la fin selon le gagnant. La tête de l'anglais qui m'a encaissé, mon beau, on aurait dit que j'avais insulté la Reine. Du coup, j'ai pris ça — je pointe la barbe à papa, sourire s'agrandissant —, ça nous fera chanter l'hymne comme des anglais. Sans fautes, un beau God Save the Queen qui envoie. C'est ça, l'intégration, non ? Ils devraient aimer.
Ma main retrouve sa place dans son dos, se glissant sous sa chemise pour caresser sa peau, alors que je me rapproche un peu plus, pour susurrer :
- Ou alors, on fait les enfants terribles, je t'embrasse jusqu'à ce que tu en fasses tomber ta bière, jusqu'à ce que j'en perde mon anglais ?
Sourire en coin, sur un dernier baiser dans son cou, je m'éloigne un peu pour croquer dans la brochette de poulet, me léchant les lèvres de satisfaction. Piquant comme il faut, un délice. Tant pis, pour les oreilles qui sifflent, même si c'était, sans doute aucun, bien moins sexy. Un battement puis :
La liesse embrase tout le Chemin de Traverse lorsqu’au terme d’une remontée extraordinaire, l’attrapeur du Royaume Uni capture, au nez et à la barbe, sur écran géant, le vif d’or, mettant fin effectivement à un match vif, nerveux, rapide, et implacable. C’est avec trois cent points d’avance et un score final de 140 à 440 que le Royaume Uni écrase sans ménagement l’équipe française. Cette première diffusion télévisuelle à grande échelle d’un match de Quidditch est une victoire ! Voilà que la foule se tombe dans les bras, qu’on se pousse, s’embrasse, crie, surtout. La clameur explose et la fête brûlera le bout de la nuit à coup de whisky pur feu et de bièraubeurre épicées d’alcool forts.
Les silhouettes se mêlent sous les lumières et les étoiles. Les terrasses se vident et se remplissent. L’alcool circule et la foule se presse pour enflammer tout le Londres sorcier d’une joie contagieuse.
On les a eus, ces putain de français, comme à Azincourt!
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Félicitations aux participants ! Vos actions vous permettent de gagner cent mornilles ainsi qu'une récompense de quête exclusive !
Viviane Goyle-Lestrange remporte des Multiplettes aux couleurs de l'équipe de Grande Bretagne, pratique pour surveiller ses arrières ! Nasiya Abasinde remporte un kit de feuxjoyeux de l'exception pour embraser le ciel du message de son choix sur fond d’hymne national
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