De mémoire de petite Poufsouffle, Eirian n'avait jamais vu et entendu autant d'allégresse auprès de ses camarades. Ainsi est arrivé ce fameux jour où de nombreux élèves ont sué durant l'année scolaire. Une compétition acharnée entre quatre maisons sur la course des points. Mais une seule maison aura le privilège d'habiller l'école à ses couleurs... Tout ça pour ça ? Réellement ? Encore une habitude des Sorciers de l'Ordre d'Hermès que la petite Eirian peinait à comprendre. N'était-ce pas merveilleux que cette école puisse la surprendre et lui soutirait un roulement des yeux jusqu'au dernier jour de sa scolarité ? Pourquoi la coupe des quatre maisons ? Quel intérêt y avait-il derrière cette manigance hormis avoir le plaisir de se pavaner comme un coq ? Aux yeux d'une fillette issus d'autres moeurs, cette mascarade n'était pas sain. Elle n'était pas sain pour l'esprit d'un enfant, ni même d'un adulte. Une compétition étalée sur plusieurs mois qui engendre beaucoup de tensions, de stresse et de jalousie. De rancœur surtout. Comment pouvait-on grandir sainement pendant sept ans avec ça sur les épaules ? Parce qu'Eirian l'avait vu, ces regards acerbes sur l'étudiant ayant réussis à apporter des points en cours. Elle l'a vu comment l'enfant baisse misérablement la tête sous le poids des critiques s'il en faisait perdre - et allez savoir ce qui peut arriver pour certains en dehors des cours. Et elle le voit, à cet instant, dans cette grande salle aux couleurs des blaireaux, tous ces visages maussades, amères, parfois méchants, des dit perdants. Même le discours du Directeur réussissait tout juste à soutirer un maigre sourire à leurs visages fermés.

La petite Verbena soupire. Jusqu'au bout donc cette école fut tordue. Cette école qui lui aura fait vivre des vertes et des pas mûrs. Qui l'aura fait connaître des sentiments bien obscurs dans son petit coeur. Difficile, à ce moment, en buvant son thé, de soutirer à son esprit, et son coeur, une rétrospective de ce qu'elle avait vécu jusqu'à lors. Mais elle y reconnaissait, au fond d'elle, une fierté. Un soulagement. Parce qu'elle avait réussis. Eirian a fait sa première année à Poudlard jusqu'au bout. Et par la barbe d'Odin, qu'est-ce qu'elle en avait bavé parfois ! Toutes ces fois où elle fut tentée de rentrer et ne plus entendre parler de son héritage maternelle. Cette mère avait qui elle voulait retrouver une trace. Était-ce pour cette raison qu'elle a tenu aussi longtemps ? Pour elle. Pour le regret de son père. Peut-être aussi parce qu'elle avait cru entrevoir un avenir qui saurait trouvé un équilibre entre ses deux héritages. Plus rien n'est sûr à présent. Tout est si confus dans cette tête. Dans son coeur. Tout sombre. Tout... angoissant. L'apprentie Sorcière peinait à voir, à présent, son avenir. Son avenir ici. Sans son Monsieur Severus. C'était terrifiant. Angoissant. Comme fut cette année. Terriblement seule aussi. Ho Seigneur, heureusement que son corbeau fut là. Heureusement qu'il y avait les sabbats pour lui apporter un peu de gaieté, toute heureuse qu'elle était d'apporter un cadeau à son Mentor. Mais qui lui apportera cette lumière, ce réconfort, dans l'obscur école à la nouvelle année ?

Allez, savourons un peu cette soirée. Peut-être bien que demain est incertains, mais durant une année entière, Eirian fut une petite Poufsouffle et aujourd'hui les malaimés, les critiqués, les moqués, se sont imposés, ont plié l'école sous le poids de leurs couleurs. La victoire d'une bande de blaireaux. Et Eirian souriait. Une dernière fois sous la parure d'une Apprentie Sorcière, ce dernier jour dans la clameur d'une vengeance triomphante...