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A tête reposée — PV Ernest
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Yolanda Yeabow

Yolanda Yeabow
MEMBRE
hiboux : 132
pictures : A tête reposée — PV Ernest Tumblr_pec5eo45Q11uzomqmo1_500
Lun 28 Déc - 20:02
C’était un dimanche soir, à la toute fin du mois de mai, et Yolanda Yeabow était, moralement, exténuée. De l’extérieur, cela ne semblait pas : elle était toujours aussi agile, vive,   pouvait travailler plusieurs nuits de suite, semblait infatigable, malgré son âge qui pointait dangereusement vers la cinquantaine. Peut-être était-ce le déni de la vieillesse qui la faisait travailler tant, si vite, sans s’exténuer. Toujours vive, toujours à courir partout, toujours en train d’essayer de séduire, de s’entourer d’hommes. Peut-être était-ce, en effet, un cruel déni de son âge qui avançait, de sa solitude. Owen aurait-il été là que cela aurait été différent — elle en était sûre. Elle aurait moins couru à gauche et à droite. Elle aurait été plus calme. Plus centrée. Centrée… Elle sourit, cruellement, ironiquement… Elle n’avait jamais été centrée, songea-t-elle distraitement en marquant une énième copie d’un Acceptable, avant de s’arrêter.

A travers la fenêtre de sa bibliothèque, le regard de Yeabow s’arrêta distraitement sur les arbres qui longeaient l’allée de son Manoir. Jamais très centrée… Certes. Maintenant moins que jamais. Où était-elle ? Où se situait-elle ? Cette année avait remué ses doutes et ses certitudes plus qu’aucune autre. Il y avait eu des choses, de petites choses, d’imperceptibles choses — Lemony, les livres qu’il lui avait fait lire, les discussions qu’il avait eue avec elle, ses engueulades brusques, qui l’avaient réveillée, avaient réveillé du moins une certaine part d’elle — et des choses plus grandes, plus monstrueuses, encore moins possibles à ignorer : la Coalition, Nigel qui s’alliait avec Moira Oaks, qui quittait les Terres de Feu. Les conneries des Malfoy, qui faisaient que c’était de moins en moins possible pour elle de rester ici — cela l’exposait trop, aux yeux de la société, en tant qu’ancienne Mangemort. Celui qui n’avait pas de doutes sur son passé finissait par en avoir lorsqu’il comprenait où il habitait — cela avait été le cas de Malachy, qui avait interrompu leur relation pour cela, et cela seulement. Et Nigel était le seul semblant de famille qui lui restait. Son instinct lui disait qu’elle n’avait pas d’autre choix que le suivre, que le rejoindre.

Owen aurait rejoint cette Coalition, instantanément, pensa-t-elle d’un coup. Oui, Owen ne se serait posé aucune question. Cela correspondait totalement à ses projets, à son orientation politique, à ses visions de la tradition…

Madame Yeabow, votre invité est arrivé vous attend dans le petit salon bleu.

L’elfe venait d’entrer dans la pièce, et elle était si concentrée qu’elle ne l’avait pas vu entrer, ou entendu s’approcher. Sans tourner le regard vers lui, elle acquiesça et répondit doucement :

Très bien, merci. Tu peux lui dire de m’attendre, j’arrive d’ici cinq minutes. Retourne donc dans ta cuisine, maintenant.

Yolanda n’avait pas oublié qu’elle avait demandé à Ernest Fawley de la rejoindre ce soir. Dehors il faisait bon. Le petit salon bleu était ouvert sur l’extérieur ; on y sentirait l’atmosphère du dehors, calme et doucereuse ; l’haleine apaisante des fleurs du parc, portée par le vent très doux. Elle sourit, ravie à la perspective de pouvoir se détendre un peu, bénissant cette idée qu’elle avait eue d’inviter Ernest à lui rendre visite à la toute fin de la semaine.

Elle se leva, doucement, et pris le temps de se regarder dans le miroir. C’était le temps revenu des robes légères. Elle avait une robe pourpre et soyeuse, qui la mettait à son avantage. La vieillesse, songea-t-elle encore. Eh bien, la vieillesse ne l’aurait pas, pas encore. Ses cheveux longs et noirs coulaient dans son dos, comme un torrent dressé.

Elle sourit lorsqu’elle aperçut Ernest. Un ancien élève qui était devenu un ami. Un de ses premiers élèves d’ailleurs, sa première génération d’élèves. Des affinités, politiques et intellectuelles. Une plume talentueuse, qu’elle appréciait sincèrement. Un ami à garder, vraiment. Un jeune homme qu’elle avait peut-être, un peu, manipulé lorsqu’il était entré à la Gazette, et qu’elle faisait partie des Mangemorts. Peut-être s’en était-il rendu compte d’ailleurs. Peu important. Ernest était aussi venu à la réunion de la Coalition. Et pourtant, comme elle jusqu’à il y avait quelques mois, il avait soutenu Narcissa. C’avait été, comme elle, un insurgé. Oui, un ami à garder, vraiment. Avec lui elle avait pu, sans masque, et sans fards, parler de politique. C’était pour continuer ces conversations qu’elle l’avait convié à venir ce soir. D’où l’invitation à venir directement chez elle. Ce n’était pas le genre de conversations qu’elle aimerait être surprises, écoutées. L’intimité de chez elle siérait mieux à ces entretiens, elle en était convaincue.

Le sourire de Yolanda était accueillant et léger. Vraiment, cela la mettait de bonne humeur de recevoir des gens, surtout des hommes. Elle était faite pour recevoir, pour voir du monde. Cela la rendait, délicieusement, furieusement, vivante.

Bonsoir Ernest !

Elle s’installa en face de lui, très souriante.

Ernest, je suis ravie que tu sois venu, merci beaucoup, commença-t-elle, en se penchant vers lui et en posant, dans un geste affectueux et qui initiait la proximité, brièvement ses mains sur les siennes, avant de les dégager rapidement, et de secouer sa baguette magique.

En un clin d’oeil apparurent des verres et une bouteille de whisky, ainsi que quelques apéritifs. Toujours aussi joviale, elle agita de nouveau sa baguette et les verres se remplirent. Elle le regarda un instant, et une lueur gourmande, qu’elle ne put retenir, passa une seconde dans ses yeux.  

Tu aimes le whisky j’espère ? Celui-là était le préféré d’Owen, il est délicieux.

Elle marqua une pause, avant de reprendre doucement :

Comment est-ce que tu vas ? Je lis tes articles, que j’apprécie beaucoup, toujours, mais il est agréable de pouvoir enfin te voir en personne.

Elle reprit, plus doucement encore.

Et plus sérieusement… Il faut que tu me dises ce que tu penses de ces histoires de Coalition, de Moira Oaks et compagnie…

Les choses sérieuses pouvaient commencer. Elle avait plus que besoin de vider son sac, maintenant.

Ernest C. Fawley

Ernest C. Fawley
Super vilain
hiboux : 41
Lun 19 Avr - 0:24
Ernest, un instant, s’arrêta. Devant lui, par-delà les pierres noires de la façade, le ciel s’embrasait. Les feux mordorés d’un soleil mourant illuminaient l’horizon d’or et d’écarlate, caressant de leurs rayons les rares bandes nuageuses errant mollement au loin, moutons épars aux contours bordés de lumière.

Les terres de feu, parfois, portaient bien leur nom.

La fraîcheur encore printanière de cette fin de mai baignait cette fin de jour. Un vent doux soufflait, au milieu des jardins déserts, laissant trembler les feuilles de ce frisson vespéral, les fleurs blanches baignées de cette lumière comme autant de flammèches tombées au milieu de l’herbe verte.

Le journaliste restait là, un sourire en coin, son manteau négligemment jeté sur l’épaule, son chapeau à la main, comme pour mieux sentir la caresse de la légère brise sur sa peau, dans ses cheveux.

Il étouffait, à Londres. Il étouffait au milieu des intrigues et des ragots, dans ce fourmillement incessant de robes noires et de hiboux et de notes volantes, dans les couloirs du ministère, dans les travées des cours de justice où l’on souhaitait le jeter, dans les allées bien rangées des bureaux de la Gazette. Il avait soif de liberté, soif de grand air, soif de calme. La paix.

Les terres de feu, ce soir-là, lui offraient enfin la paix.

Il avait passé la journée à lire, à ranger, à compiler ses notes, feuilletant les magazines qu’il n’avait pas lus, perdu dans le jargon juridique des décisions du Ministère, et les courriers, les vas-et-viens incessants des hiboux, quelques livres qu’on lui avaient conseillé, qui allaient défrayer la chronique, ou alimenter tout au plus quelques conversations. Un jour de repos, pourtant. Une journée de travail, pour lui qui n’était pas de service ce dimanche. Une journée aux teintes noires et sépia des parchemins, des parchemins qui s’entassaient et de l’encre de jais qui coulait de sa plume, annotant inlassablement, griffonnant d’autres feuillets, d’autres carnets, d’autres pages, comme autant de combustible pour alimenter ses articles et l’appétit mécanique de sa machine à écrire. Un monde de lettres typographiées, un monde sans couleur, rien que des caractères frappés sur le papier, et le froufrou des rumeurs qui voletait autour de lui, dans son étroit bureau, face à l’écarlate du verre de vin qu’il s’était concédé.

Il avait besoin d’air.

Respirer. Loin de la ville. Loin des murs de brique et des brumes qui couvraient Londres.

L’invitation de Yolanda Yeabow lui avait offert cette échappatoire. Un saut de côté, un moment hors de son quotidien d’encre, là-bas, dans les terres de feu, auprès de celle qui avait été sa professeure. Auprès de celle qui avait été bien plus, d’ailleurs.

Il admirait son érudition. Il admirait son engagement, son courage, son charisme. Et plus encore. Il y avait quelque chose en elle qui le fascinait, il n’aurait su dire quoi. Quelque chose d’écorché, quelque chose de puissant, d’irrésistible. Jamais il n’avait pu lui refuser le moindre service. Jamais il n’avait pu lui refuser la moindre chose.

Il était un temps, encore récent, où elle lui demandait de menues informations. Pas vraiment innocentes. Et il savait qu’elles pouvaient être utiles, et il savait qu’elles pouvaient être bien employées, mais pourquoi refuser ? C’était elle qui lui avait tout appris, elle qui lui avait transmis son savoir, la tradition, l’ambition, et cette soif de pureté, de pureté du sang, du pouvoir magique, cette admiration pour ce qui était grand. Tout cela, tout ce qu’il était, il le lui devait, lui le jeune sorcier déguenillé, hésitant, l’adolescent encore craintif, rebus de cette société, et pourtant au sang pur. Et elle lui avait fait redresser la tête. Avant que tout ce monde, cet ancien monde, ne soit emporté dans les remous de la guerre. Et de la défaite.

Il lui devait tout, à elle qui était devenue son amie, presque son égale, même. Mais qui, toujours autant, le fascinait, elle si grande, si forte. Sulfureuse, aussi, mais cela, il n’y prêtait guère attention, ou s’en persuadait.

Peu importait.

Il faisait beau, et il était heureux de la retrouver.

Là, au cœur des terres de feu, loin de tous les regards.

L’elfe de maison était venu l’accueillir, lui avait retiré son manteau, son chapeau. Et puis plus rien. Madame arrivera dans cinq minutes. Alors il attendait, dans ce salon aux tentures d’azur, à tourner en rond, les pensées accaparées, malgré lui, par le quotidien, par le travail, par toutes сes réminiscences parasites qui surgissaient à l’improviste, sans prévenir, se lovant au creux de son esprit, au creux de son ventre, et lui serrant les tripes. Avait-il bien noté cette citation ? N’avait-il pas manqué ce rendez-vous ? Et comment untel avait-il accueilli son article ? Et sa page ? Et ses mots ? Et ces papiers qui s’accumulaient, qui s’accumulaient et s’empiler avant de s’effondrer, avant de s’envoler au moindre courant d’air, et il faut les ranger, les reclasser, les entasser là faute d’avoir le temps d’y revenir, au pire de perdre quelque information, quelque actualité, quelque citation qui aurait été bien utile et qui aurait fait parler, en manchette, en relance, en intertitre, il ne savait où diable encore.

Il restait impassible, se contentant de faire quelques pas, de temps en temps, avant de se rassoir, puis de se lever, nerveux. Et si. Non. Pas la peine. Mais pourtant. Et quand même. Bah. Autant de pensées. Autant de craintes. Autant d’opportunités, tout un fil qui se dérobait sans cesse. L’actualité. L’information. Des données brutes à transformer en récit. Des services à rendre, des ascenseurs à renvoyer. Oui, tu auras deux colonnes entières. Une tête, un pied de page, une brève, ce qu’il faudra, ce qui fera bien, pourvu que je puisse grimper un peu plus haut, pourvu que je gagne ce que j’ai à y gagner. Et la cause, bien sûr. Et la cause. La tradition, à défendre, dans ce monde qui tombait en ruines.

Des craintes fugaces, aussi, l’assaillaient. Le tribunal qui l’avait épargné. Et pourtant. Et pourtant, il avait été poursuivi, avait boudé l’audience, pouvait, à tout moment être rattrapé. Parlait-on de lui dans les bureaux bien informés du Ministère ? Pourtant, pour cette fois, il avait fait son travail, uniquement son travail, et en avait payé le prix. Balayé par un brigadier, ou un auror, un temps envoyé à Sainte-Mangouste, sait-on jamais.

Et il tournait en rond, et il avait hâte de retrouver sa professeure, son amie, sa confidente, aussi parfois. Il avait, en elle, une confiance aveugle. Trop, peut-être. Il la savait intelligente, et rien que cela devait l’alerter. Mais avoir son oreille, décidément, était un honneur trop rare pour qu’il n’y prête garde.

« Bonsoir Ernest ! »

Brusquement, elle était là, et tout disparaissait. Il eut un sourire en coin. Elle était toujours élégante, cette professeure, presque coquette, presque séductrice, impeccablement habillée, impeccablement maquillée. Il n’aurait su dire quels sortilèges elle employait – mais elle maîtrisait sa matière. Son amie, sa presque confidente, celle qui l’inspirait.

« Yolanda. C’est toujours un plaisir de te retrouver ! »

Il souriait, et il était sincère. Il la savait sincère à ses convictions, et il savait celles-ci suffisamment droites, suffisamment ancrées, suffisamment fortes pour qu’il puisse avoir confiance en elle. Elle qui lui avait tant enseigné avec, à force, dessiné ses opinions, si bien qu’elles étaient suffisamment proches des siennes. Il y avait eu la vie, bien sûr. Et ses aléas, et ses tourments, qui vous font ployer vos certitudes, vos convictions, les tournent, les renforcent, cette patine qui les oriente doucement, leur donne leur épaisseur. Il n’empêcher. Il savait qu’il pouvait lui parler à cœur ouvert. Et il appréciait cela – la professeure était suffisamment érudite pour que cela ait le plus grand intérêt, là où lui puisait ses savoirs dans le grand bain des discussions, des confidences, des bavardages de ce monde.

Les deux sorciers, sans même qu’il n’y prenne garde, étaient assis à la même table, l’un face à l’autre, mais si proches, comme s’il n’y avait rien d’autre, entre eux, qu’un peu d’air, qu’une volute qui ne demandait qu’à se dissiper, et non cette table de bois, cet obstacle bien matériel, bien concret, bien pratique.

« Ernest, je suis ravie que tu sois venu, merci beaucoup ! Tu aimes le whisky j’espère ? Celui-là était le préféré d’Owen, il est délicieux. »

Le contact de ses mains contre ses mains lui fit l’effet d’une brève décharge, il se contenta de sourire. Au diable les convenances. Ils étaient loin de tout, et peu importait le reste. Ils n’étaient que tous deux, face à face, deux corps l’un face à l’autre, rien d’autre.

Il eut un petit rire.

« Je n’ai pas tellement eu l’honneur de tellement connaître ses goûts, mais j’ai confiance en toi. Il paraît qu’être professeur à Poudlard conduit à développer un certain goût pour les bonnes bouteilles. »

Il eut une brève pensée pour Lemony. Non. Le sang de bourbe ne savait pas ce que signifiait une bonne bouteille. Lui qui se contentait de traîner à Pré-au-Lard, comme un étudiant en peine. Il fallait être bien né pour connaître ce qu’offrait, réellement, le monde magique, en termes d’arts de la bouche.

« Comment est-ce que tu vas ? Je lis tes articles, que j’apprécie beaucoup, toujours, mais il est agréable de pouvoir enfin te voir en personne. »

Il lui fallut un bref instant pour accuser le coup, pour dissimuler et la gêne et l’orgueil en portant son verre à ses lèvres, boire une, deux gorgées de ce whisky, laisser l’alcool lui brûler la gorge, les saveurs amères se déposer sur sa langue. Elle touchait juste, et, pis que tout, elle semblait sincère, et le journaliste n’en était que plus affecté, et le souvenir de ce bref contact revenait, furtivement. Il bascula en arrière.

« Je n’ai guère de mérite à n’être que l’artisan des rumeurs, Yolanda, une professeure m’avait appris bien plus que cela. J’avais appris à voir bien plus grand et bien plus haut. Mais je suis heureux de te voir, cela fait trop longtemps. »

Il but une autre gorgée, sourit, et ne put s’empêcher d’ajouter :

« Beaucoup trop longtemps, d’ailleurs ! »

Et il ne complimentait là pas seulement le whisky qu’il buvait.


Mais la professeure, elle, continuait sur sa lancée. D’une voix plus douce. Presque comme si elle doutait d’elle, ou comme si elle craignait de révéler le fond de sa pensée. Il n’aurait su dire.

« Plus sérieusement… Il faut que tu me dises ce que tu penses de ces histoires de Coalition, de Moira Oaks et compagnie… »

Il eut un coup d’arrêt. Cette histoire, il le savait, l’avait pris de court. Il avait entendu les rumeurs, et pourtant. Le secret avait été bien gardé. Et c’était le cœur profond de la nation qui se mouvait, le cœur même du pouvoir, et quelque chose en plus, quelque chose qu’il n’arrivait pas à déceler, quelque chose de nouveau et qui ne voulait plus avoir à faire avec l’ancien. Pour avoir à faire avec l’Histoire. Avec la Tradition. Et cela l’horripilait.

Il se pencha en avant, son verre entre ses deux mains.

Il n’y avait pas, face à la professeure, à se dissimuler. Et pourtant, il aurait voulu se faire plus grand, plus imposant, plus charismatique, plus hypnotique. Plus intéressant. Mais il n’y avait pas à faire illusion. Pas devant elle, pas devant Yolanda.

« Ils m’inquiètent. »

Il marqua une pause.

Le journaliste avait tant réfléchi à cette nouvelle bascule, sur la scène politique du monde sorcier. Il avait tourné et retourné dans tous les sens cette nouvelle inconnue dans l’équation, avait interrogé ses amis bien placés, ses bons contacts, ses bonnes sources. Il avait tourné en rond, tant de fois, une fois la déontologie, le journalisme, l’information abandonnés, pour voir ce qu’il y avait à en tirer, ce qu’il y avait à en gagner. Pour lui. Pour les siens. Pour le monde sorcier, ce vieux monde plusieurs fois millénaire.

« Si tu me demandes s’ils peuvent prendre le pouvoir, la réponse est oui. Potter a bouleversé trop de choses. Mais si tu me demandes si c’est une bonne nouvelle, j’ai peur que non. Pas pour moi. Avant même d’arriver au pouvoir, ils font trop de compromis, trop de compromissions. Ils représentent tous ceux qui veulent un retour à un monde normal, à un monde sans heurts, sans rien de choquant. Mais ils sont prêts à accepter tout ce que Potter à fait pour cela. Toutes ces lois ignobles, ces règlements contre nature, ces insultes qu’il nous envoie chaque jour. Le prix n’en vaut pas la chandelle. Il faut tout balayer, tout renverser, et cela, j’en suis persuadé, ils ne le feront pas. »

Il porta son verre à ses lèvres, observant les réactions de son interlocutrice. A elle seule, peut-être, il pouvait réellement révéler le fond de sa pensée, car il voulait absolument se faire bien voir de ces nouvelles étoiles montantes, espérant qu’ils l’entraîneraient, dans leur ascension. Eux qu’il détestait déjà tant. Mais ses espoirs étaient si tenus, les terres de feu offraient si peu d’ambition…

« Tu penses qu’on peut leur accorder le moindre crédit, toi ? »

La question était ingénue, innocente. Si elle aussi se laissait entraîner dans leur sillage, que resterait-il, des espoirs passés ? Que resterait-il des rêves de pureté, de pouvoir, de grandeur ? Mais la regardant, elle aux traits si fins, elle si forte, il espérait encore entrevoir les ambitions du monde passé, les ambitions d’une guerre menée pour la bonne cause, d’une guerre menée pour nettoyer ce monde de ses immondices, de ses scories. Un monde où, enfin, il pourrait tenir sa juste place. Plutôt que d’être le simple flatteur des puissants, le simple exciteur des consciences.
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