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Le pouvoir est venin, son nectar divin [Severus & Moira]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
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Dim 6 Sep - 15:33






10 février 2004

Les talons de la juge résonnent dans les couloirs déserts de Poudlard, secs rapides. Autour d’elle, le silence glacial ne fait qu’accentuer les grondements de colère qui bruissent dans sa gorge et dans sa tête. Sa respiration siffle jusqu’aux Portoloins pour retourner au Ministère, bredouille.

« Le directeur est absent », lui a-t-on dit. « Il n’a laissé aucune adresse. »

Le sang de Moira n’a fait qu’un tour. Comment a-t-il pu partir après une annonce aussi scandaleuse ? On lui a vaguement parlé d’un courrier qui aurait précipité son départ. Mais quel papier peut bien justifier la disparition du directeur de Poudlard le lendemain de l’annonce du renvoi de deux étudiants pour un motif odieusement vide de sens ? Les poings de la Présidente-Sorcière se sont serrés de rage. Elle a demandé qu’on dise à Severus de la prévenir de son retour à l’instant même où il remettrait les pieds à Poudlard.

Mais sa requête est restée dans réponse toute la journée et celle du lendemain

12 février 2004

Les heures ne finissent plus de se succéder et l’esprit de Moira ne sait plus se concentrer sur aucune tâche plus de quelques minutes tant les questions restées sans réponse s’accaparent toutes ses pensées. Le silence de Severus dure depuis trop longtemps pour ne pas l’inquiéter et l’urgence de la situation ne fait qu’embraser sa patience, la réduisant en cendres après trois jours d’inertie totale.

Alors, c’est d’un pas décidé qu’elle se rend à l’Allée des Embrumes dès le jeudi soir. L’annonce de la sentence des rockeurs quelques heures plus tôt tourne incessamment dans sa tête. Cela ne pouvait se finir qu’ainsi. Elle le savait. Mais l’amertume de voir cette condamnation enfin prononcée n’est pas plus supportable pour autant.

Les déceptions de la magistrate se font trop nombreuses en trop peu de temps pour qu’elle reste passive. Il faut qu’elle agisse, qu’elle aille chercher ses réponses et qu’elle sache enfin la position qui doit être la sienne dans cet équilibre vacillant. Relevant le col de son manteau pour se protéger du vent, elle presse le pas jusqu’à la Pierre Philosophale et c’est avec stupéfaction qu’elle remarque la lumière qui traverse les fenêtres de l’étage. Elle se fige un instant. Se pourrait-il que Severus soit resté chez lui tout ce temps alors même que Bauer et ses musiciens viennent définitivement d’être condamnés pour leur concert et que les parents d’élèves s’offusquent de voir deux élèves renvoyés de Poudlard quelques semaines seulement avant leurs examens finaux ? La politique s’infiltre autant que les bancs du Magenmagot que de ceux de l’école. Mais que deux enfants aient été les victimes collatérales d’une manipulation politiques est une chose que Moira ne peut tolérer. Elle doit comprendre ce qui a pris Severus. Elle doit savoir.

Elle s’avance jusqu’à la porte et frappe trois coups secs mais maîtrisés. Son cœur bat rapidement dans sa poitrine. Elle prend de larges inspirations pour conserver son calme. Les secondes s’égrènent, lentes, interminables. Elle finit par frapper encore, un peu plus fort.
- Severus ? C’est Moira. Ouvre-moi, s’il-te-plaît. J’ai à te parler.
Elle attend de nouveau, presque une minute entière avant que ses coups ne reprennent brusques comme la colère qu’elle sent brûler dans sa poitrine.
- Severus ? Je sais que tu es là. Ouvre-moi.
Mais le calme demeure, assourdissant.
- Pour l’amour du ciel, Severus, ne me laisse pas comme ça. Combien de temps vas-tu rester enfermé là-dedans ? Ne penses-tu pas que ta présence est requise dehors avec tout ce qu’il se passe ? Minerva sait-elle au moins que tu te trouves ici ? Tu ne peux pas rester en retrait maintenant. Je t’en prie, ouvre-moi.
Moira attend encore un moment, jusqu’à ce que ses espoirs s’évanouissent. La porte reste close, le rez-de-chaussée silencieux. Severus ne descend pas et la déception de Moira se corrompt, devient colère sourde face à l’injustice de la situation. Elle ne peut comprendre les agissements de Severus, comment celui-ci peut imposer au monde une absence de trois jours après avoir fait de tels choix. Et le voir refuser de répondre de ses actes rend l’injustice qu’il a perpétrée pire encore.  

Les mâchoires serrées, Moira finit par abandonner. Lasse, elle fait quelques pas en arrière et lève les yeux pour observer de nouveau les fenêtres illuminées de l’étage.
- Soit, gronde-t-elle pour elle-même. Tu décideras du jour de ton retour. Mais compte sur moi pour te trouver dès l’instant où tu quitteras tes quartiers.

13 février 2004

La nuit a été courte. Les angoisses s’accumulent et s’entremêlent. Les dossiers sur le bureau de la Présidente-Sorcière forment des piles de plus en plus hautes à tel point que Holly, sa secrétaire, a cessé de lui en apporter davantage, qu’importent les demandes répétées des avocats et brigadiers. Rien ne semble pouvoir tirer la sorcière de ses pensées, pas même les piaillements aigus du nyctibius qui l’observe depuis son perchoir. Même Foul’camp se trouve incapable de lui tirer le moindre sourire depuis plusieurs jours et Moira ne fait qu’attendre la fin de la journée, avec une impatience qui raidis chacun de ses gestes.

Ainsi, quand la pénombre gagne enfin son bureau et que l’heure est assez décente pour lui permettre de quitter le Ministère sans que personne ne s’en étonne, Moira retourne dans la salle des portoloins et sa main se referme sur celui qui la mènera à Poudlard.

Le voyage est presque trop court pour lui permettre de se préparer à la confrontation qui s’annonce. Pourtant, elle ne ralentit pas le pas au moment de s’enfoncer dans les couloirs de l’école. Cette fois, on lui confirme le retour du directeur.
- Enfin ! lance-t-elle.
Et le pas de Moira se fait plus déterminé encore alors qu’elle prend la direction du bureau de Severus.

L’ambiance au château est lugubre. Tout le monde semble emprisonné dans un entre-deux mortifère. Jamais elle n’a vu Poudlard si triste depuis la fin de la dernière guerre. Mais le temps n’est pas à l’apitoiement et ses talons continuent de claquer jusqu’à rejoindre la gargouille qui garde l’entrée du bureau du directeur. D’une voix ferme, elle donne le mot de passe et attend que les escaliers s’ouvrent devant elle pour grimper les marches une à une. Quand la porte du bureau se dresse devant elle, son cœur s’arrête un instant, le temps d’une inspiration tremblante. Puis, elle repousse fermement le battant.

Droite et fière, le regard dur, Moira pénètre dans le bureau directorial et foudroie Severus du regard. Elle se fige une seconde en le voyant, lui laisse le temps d’appréhender son arrivée. Puis elle s’approche, le pas sec et rapide.
- Faut-il que je te convoque à présent comme un vulgaire Mangemort pour que tu daignes me parler ?
Elle ne s’arrête qu’une fois assez proche pour le laisser voir tous les signes de sa colère. Une seconde se meurt entre eux avant qu’elle ne reprenne.
- Qu’est-ce qui a bien pu justifier ton absence pendant tout ce temps après ce que tu as fait ?
Ses yeux le dévisagent alors qu’elle cherche ses réponses, le bleu de ses prunelles tremblant de toute l’incompréhension qui ne la quitte plus depuis l’annonce du renvoi des enfants.
- Pourquoi as-tu fait cela, Severus ? Pourquoi as-tu renvoyé les enfants ?


(1202 mots)

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
MONSIEUR LE DIRECTEUR
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Dim 6 Sep - 17:10
LE POUVOIR EST VENIN

Trop de jours ont succédé aux jours. Trop d’heures ont succédé aux heures. L’échine a ployé fort, trop fort sous le joug des événements et de choix illusoires. La démesure se fracasse sur le rocher de la contingence, et celui qui paraît être monarque en son domaine se fait pantin. Les nuits sans sommeil déchirent les aurores du directeur qui a sous les yeux ces terribles poches sombres, crevasses témoignant de son agitation. Depuis les renvois de Watnabe et Ollivander, près de soixante-douze heures de tourmente se sont enchaînées. Les courriers de parents d’élèves ont succédé au courroux de ses professeurs et des élèves de l’école. Les lettres d’insultes ont répondu au tollé de la presse. Et dans la tourmente, il a fallu tenir bon. Le maquillage d’un mal en un autre moins terrible. Vaut-il mieux le renvoi de deux élèves ou que chacun sache que l’infâme Lucius Malefoy était caché sous les traits de l’insoupçonnable professeur Wilson pendant une partie de l’année ? Vaut-il mieux sacrifier deux élèves ou l’ensemble de l’école ? La main passe machinalement sur l’avant bras où la marque impie, fanée, continue de défigurer la peau blême.

Et puis il y a eu cette lettre. Un matin après le drame. Djouqed s’invitant dans son logis. Pas son école, pas ses quartiers. Sa maison. Son intimité. Sa sphère privée. En plus de devoir gérer l’afflux de lettres et de mécontents, il a encore fallu s’occuper de subtiles arcanes politiques. Car tout est politique. Il n’y a pas eu la moindre seconde pour en douter. Le onze au matin, en revenant d’une réunion extraordinaire avec le conseil des parents d’élèves, on lui a dit que Moira Oaks était passée pour lui. Il ne l’a pas recontactée faute de temps. Le douze au soir, il recevait l’ambassadeur. Moira Oaks a toqué au moment où il avait la baguette magique fixée sur la gorge de l’euathanatos. Il n’a pas répondu.

Et voilà enfin le treize février. Alors qu’il se masse les tempes, assis à son bureau devant la montagne de paperasse générée par les récents évènements, la porte de son bureau s’ouvre à la volée, faisant tressaillir sa main qui tient la plume. Il est à deux doigts de lâcher un « quoi encore ? » sec, mais le ravale en voyant la tignasse blonde de la dernière personne qu’il voulait affronter ce soir là. Non. L’avant-dernière. Minerva est définitivement pire. Putain de Gryffondors

Les années à côtoyer Moira lui ont laissé une aisance déconcertante à jauger son amie. Il peut donc dès lors dire qu’elle est agacée, ireuse et qu’elle vient lui demander des comptes. Encore une. Ça n’en fera jamais qu’une de plus. Mais les derniers jours ont été éprouvants et le Directeur a été d’un tempérament particulièrement ombrageux. Les seuls qui n’en ont pas encore fait les frais sont les étudiants du club de potion. Ça a été sa seule bouffée d’air frais de la journée, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle fut de courte durée.

« Faut-il que je te convoque à présent comme un vulgaire Mangemort pour que tu daignes me parler ? »

Le directeur tressaille. Si elle veut jouer à ce jeu là, Moira, ils peuvent être deux à se balancer des fions. Il se mort la langue pour ne pas rétorquer la remarque acerbe qui lui monte à la gorge et se force au calme. Ne pas l'envoyer chier. Ne surtout pas ressortir son ex-mari. Ne pas mentionner l'arrogance des Gryffondor. Passer ses nerfs sur Moira ne servirait à rien, n’est-ce pas ? Et pourtant elle est là, si sûre de tout savoir qu’elle se permette de le juger. Aussi orgueilleuse que lui, finalement.

« Qu’est-ce qui a bien pu justifier ton absence pendant tout ce temps après ce que tu as fait ? Pourquoi as-tu fait cela, Severus ? Pourquoi as-tu renvoyé les enfants ? »

Il repose sa plume dans un geste qu’il veut maîtrisé. Raté, sa paume tremble de fureur contenue. Il se cale dans son siège et regarde la présidente sorcière du Magenmagot qui le toise de toute sa hauteur. Jadis, il aurait ressenti le besoin de se mettre debout, à hauteur égale, pour avoir l’illusion d’être sur un pied d’égalité. Pas ce soir là. Il a passé les trois derniers jours à légitimer sa décision la plus controversée, à se battre pour un poste auquel il ne tient plus. A se battre pour avoir le droit de continuer à sommeiller dans sa tour carcérale. C’est fini. Quelque chose s’est brisé en lui, la veille, alors que @Djouqed lui a balancé au visage le poids de ses failles, de ses incohérences. Et il faut que Moira soit là pour le voir en proie au doute.

« Le ‘mangemort’ qui sert de directeur à Poudlard ne savait pas qu’il avait des comptes à rendre à la Présidente du Magenmagot, Oaks. Mais je suppose que tu es si infaillible que tu as imaginé que le monde tournait autour de toi. Pour ta gouverne j’ai enchaîné les rendez-vous et les convocations avec le conseil des parents d’élèves et quelques services du Ministère également. Mais je suppose qu’il ne t’a pas effleuré l’idée que je ne t’ai pas évitée à dessein, n’est-ce pas ? »

Sa voix est glaciale, ses prunelles le sont encore plus. Cela fait une éternité que le nom de Moira n’a pas roulé entre ses lèvres. Il sait qu’il la blesse autant qu’elle le blesse. Il sait que la seule chose qui serait sage, ce soir, serait de lui dire de partir et de revenir le lendemain, une fois que tout le monde serait calmé. Mais quelque chose pulse en lui. Il a ce besoin vertigineux d’une confrontation. L’adrénaline lui bat les oreilles.

« Si tu viens pour me servir des reproches, c’est bon, j’en ai entendu toutes les variantes possibles au cours des trois derniers jours, alors économise ta salive, épargne-moi ta morale, prends un ticket, attends ton tour pour venir me cracher à la gueule et casse-toi de mon bureau, Oaks ! »

Ostensiblement, le directeur reprend sa plume, la trempe dans l’encrier, et reprend le cours de la lettre qu’il était occupé à écrire avant d’être interrompu, non pas par Moira, mais par la noirceur de ses pensées. Viendra un temps où il sera libre. Le vertige de la mort plane sur sa conscience alors que Morsmordre roupille sur un coin du bureau. Fumseck s’en est allé planer par-delà les cimes de la Foret Interdite en début de soirée est n’est pas revenu. Son chant et le club de potions sont pourtant bien les deux seules lumières de sa journée. De toute façon, il ne se fait pas d'illusion... elle ne va certainement pas se barrer aussi facilement... On parle de Moira Oaks, après tout.
1102 mots + réponse dans les 6h

Moira A. Oaks

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Sam 5 Déc - 18:40






10 février 2004

L’air se tend avec une violence inimaginable. Il a suffi d’un regard, avant même que les mots ne viennent ajouter leur poids à celui que tous deux ont senti s’abattre sur leur poitrine. L’attente interminable et la colère trop longtemps contenu ont donné aux paroles de la magistrate un goût de venin que Rogue n’a pu que sentir lui brûler la peau. Son visage a tressailli, mais pas la puissance de sa réplique.

Les poings de la juge se serrent alors que Severus lui répond avec un mordant qu’il n’a quasiment jamais employé avec elle. Il lui renvoie l’insulte, renforcée au centuple, et balaye d’un revers de main ce devoir qu’il aurait envers elle, qu’il soit dû à son statut ou son amitié. L’ire s’enflamme dans les veines de Moira alors que ses mots lui transpercent le cœur. Jamais il ne l’a reléguée à sa seule profession dans la société magique anglaise et jamais elle n’est venue à lui en endossant ce rôle de présidente qui sonne désormais comme un reproche dans la bouche de celui qu’elle n’a cessé de considérer comme un ami.

Alors elle encaisse, en se faisant la promesse de lui rendre chaque mot qu’il lui envoie ainsi en pleine figure. Alors, quand son nom retentit une seconde fois et que Severus ose lui faire l’affront de reprendre sa plume pour mimer d’écrire la suite de sa missive, Moira s’empare de sa baguette et, d’un geste sec, fait s’envoler vivement la plume qui s’échappe des doigts du directeur pour aller se poser sur un meuble un peu plus loin.
- Ne joue pas à ça, Severus, siffle-t-elle, les yeux furibonds. Pas avec moi.  
Elle attend que le directeur lève de nouveau les yeux vers elle.
- Au-delà du fait que oui, tu as des comptes à rendre à la Présidente du Magenmagot, ce n’est pas elle qui a passé trois jours à te chercher dans toute l’Angleterre et tu le sais très bien ! C’est moi qui voulais te voir, celle qui a passé près d’un an à préparer ta défense quand tout le monde voulait te voir subir le baiser du détraqueur ! Comment peux-tu croire que je vienne en ennemie aujourd’hui, affublée de je-ne-sais-quel costume ministériel ? Je suis venue jusque chez toi. Tu étais là, nous le savons tous les deux. Et tu n’as même pas daigné m’ouvrir. Depuis quand as-tu commencé à me fuir, dis-moi ?
L’aigreur et la déception se lisent sur les traits de la juge alors qu’elle continue de lui asséner toutes les vérités qu’elle crève de n’avoir pu lui dire plus tôt.
- Ne viens pas geindre maintenant que tes journées sont un enfer après la décision que tu as prise. A quoi est-ce que tu t’attendais ? Deux élèves de Poudlard renvoyés pour une maudite chanson ! C’est de la folie !
Sa voix déraille alors que la colère revient tourmenter son timbre et les yeux de la magistrate se voilent. Un profond soupir s’échappe de sa gorge nouée alors qu’elle se détourne légèrement, passant une main sur son front plissé. Quelques secondent se meurent entre eux. Elle reprend d’une voix fragile, plus lente et plus basse :
- J’ai besoin de comprendre, Severus. Pourquoi as-tu décidé de renvoyer Watnabe et Ollivander ? Pourquoi décider de sacrifier l’avenir de deux gamins pour une stupide chanson dont la portée a dépassé tout le monde, même ses propres auteurs ?



(570 mots)

Cecil A. Selwyn

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Dim 6 Déc - 0:17
LE POUVOIR EST VENIN

La plume vole. Se fracasse sur le meuble. Une mare d’encre, huileuse. Noire. Luisante. La baguette est tendue entre eux deux. Si Severus n’a jamais fait montre d’un dédain pareil vis à vis de sa plus vieille amie, il ne l’a jamais vue en colère de cette façon… ou en tous cas pas contre lui. Il ne l’a sans doute pas volée, cela dit… mais il ne comprend pas. Il ne comprend pas sa réaction disproportionnée – à son goût. Il ne comprend pas ce qui a pu la mettre dans cet état. Evidemment qu’elle est contre le renvoi des gamins. Évidemment. Ça, il n’en avait jamais douté. Un renvoi né d’une colère sourde. D’un grondement. Un geste injuste. Inique. Salvateur. Les gosses ont fait les frais de rouages qui les dépassent. Ils ont participé à une guerre sans le savoir. Des dommages collatéraux. Ollivander surtout. Il n’a aucun doute. Ollivander surtout. Si prometteuse, si mal entourée. Déjà déchue. Déjà radicalisée. Un souffle de rock pour porter la voix d’une époque réactionnaire et oppressive.

« Ne joue pas à ça, Severus. Pas avec moi. »

Lorsqu’il la regarde. La seule chose que Severus parvient à se dire, c’est que ces putains de Gryffondor ont le sens du dramatique.

« Au-delà du fait que oui, tu as des comptes à rendre à la Présidente du Magenmagot, ce n’est pas elle qui a passé trois jours à te chercher dans toute l’Angleterre et tu le sais très bien ! C’est moi qui voulais te voir, celle qui a passé près d’un an à préparer ta défense quand tout le monde voulait te voir subir le baiser du détraqueur ! Comment peux-tu croire que je vienne en ennemie aujourd’hui, affublée de je-ne-sais-quel costume ministériel ? Je suis venue jusque chez toi. Tu étais là, nous le savons tous les deux. Et tu n’as même pas daigné m’ouvrir. Depuis quand as-tu commencé à me fuir, dis-moi ? »

Les mots se succèdent, frappent. L’ire monte d’abord lorsque la belle lui renvoie dans la gueule son passé, retombe comme un soufflet lorsqu’il met le doigt sur le vrai problème. La vraie blessure. La vraie raison de la colère de Moira. Son silence. Oh bordel. Il retient un rire étranglé. Nerveux. Elle a cru qu’il se cachait. Elle a cru qu’il l’évitait. Évidemment, elle n’a pas idée. Il se passe la main sur le visage pendant qu’elle continue. Ferme les yeux, las.

« Ne viens pas geindre maintenant que tes journées sont un enfer après la décision que tu as prise. A quoi est-ce que tu t’attendais ? Deux élèves de Poudlard renvoyés pour une maudite chanson ! C’est de la folie ! »

C’est le vacillement de la voix de Moira qui le fait rouvrir les yeux. Il la regarde, la voit. Blessée, par sa faute. Encore. Il a l’impression de passer son temps à échouer à rattraper les liens qui l’unissent à la magistrate. Depuis toujours. Elle le juge depuis toujours. Il a toujours eu l’impression de parler à une bourrasque d’air. Chaude, affectueuse. Mais elle ne le comprend pas. Pas tout à fait. Et il ne la comprend pas. Pas tout à fait. Et pourtant il est là…. Et dans l’océan de sa colère, quelque chose s’allume.

« J’ai besoin de comprendre, Severus. Pourquoi as-tu décidé de renvoyer Watnabe et Ollivander ? Pourquoi décider de sacrifier l’avenir de deux gamins pour une stupide chanson dont la portée a dépassé tout le monde, même ses propres auteurs ? »

Une main est passée sur le visage. Encore. Il a l’impression d’avoir vécu mille vie.

« Oh bordel, Moira, assieds toi, tu me donnes le vertige. Si on va s’engueuler, autant le faire autour d’un verre. »

Il sort sa baguette de la manche, deux verres et un brandy hors d’âge filent jusqu’à la table. La paperasse est débarrassée.

« Bon sang… Tu es pire que Minerva, notre ministre et sa mère réunis… Vous me fatiguez les Gryffondors à toujours sauter au conclusions avant d’avoir tous les éléments, et… avant que tu ne m’en fasses la remarque, je sais parfaitement que j’ai fait la même chose en t’invectivant il n’y a pas même deux minutes. »

Le liquide ambré coule dans le verre, dans un deuxième. L’or liquide ondoie dans le cristal, les doigts caressent la surface polie de la bouteille avant qu’il ne se décide. Severus pose le verre devant la magistrate dans un claquement sec du cristal sur le bois et plonge son œil dans les siens.

« Je te prie de m’excuser de t’avoir engueulée. Je suis désolé, c'était malvenu. Peut-on tenter, aussi difficile que ça soit pour nous deux, de faire sans les insultes le temps de la conversation ? »

La main tremble, un peu. La rage est retombée aussi vite qu’elle s’est embrasée. Il aurait du chercher. Il aurait du avoir la présence d’esprit de chercher à comprendre ce qui avait poussé son amie à débouler et exiger des réponses plutôt que de les demander. Mais sur les nerfs, il a fait preuve d’un manque de discernement que même Sirius Black n’aurait pas manifesté… Bon, si, d’accord… Le clébard aurait sans doute fait la même chose… Ce qui ne le rassure en rien que d’évaluer sa propre santé mentale aussi discutable qu’un connard ayant passé treize ans à Azkaban.

Il prend une gorgée. Quitte à parler de tout ça, autant bénéficier de l’aide d’un alcool fort.

« Je n’ai pas répondu à tes sollicitations hier parce que ce que je soupçonne être un mercenaire euthanatos a cru bon de s’inviter à dîner dans mon logis. Et ne me demande pas comment il a trouvé cet endroit, je n’en ai pas la moindre idée ; tu m’excuseras si j’ai préféré ne pas ouvrir sur le moment. »

Une vérité. Une demi-vérité. Il n’a aucun doute sur le métier, passé ou actuel de l’ambassadeur. Il n’a aucun doute qu’il ait versé le sang sur demande. Tout dans son assurance tranquille, sa grâce féline, la redoutable précision de sa langue. Il est certain que @Djouqed est de ces anges de la mort qui murmurent à l’oreille des macchabées. Et il se sait victorieux d’une certaine façon. Victorieux d’avoir survécu à la rencontre. En combat singulier, il doute de faire le poids. Il n’a pas envie de le découvrir à ses dépends. Une demi-vérité : il n'a jamais été en danger réel. L'ambassadeur voulait autre chose.

« Avant que tu ne me poses la question : non il n’y a pas de contrat à ma connaissance sur ma tête, non il ne m’a pas tué, non je ne l’ai pas engagé, et non, je ne suis pas impliqué dans une entreprise illégale avec cet homme. Il travaille pour quelqu’un d’autre et voulait des informations sur quelque chose qui n’a rien à voir avec Reissen, Poudlard, le Ministère, toi, ou quelque point de l’actualité brûlante de ces derniers jours. »

Une vérité pleine glissée d’une voix qui s’adoucit à mesure que la pression retombe. L’alcool délie sa langue, anesthésie le fracas de ses émotions. Ces heures passées à méditer pour apprendre l’occlumancie l’aident à se calmer. Le souffle se fait plus long, plus lent. Et ses pensées s’envolent vers @Uriel J. Lewis. Presque pleine : il ne voulait pas seulement des informations. Les yeux se perdent dans le vide une seconde.

« On a parlé du passé. »

L’homme s’ébroue. Revient au présent.

« Rien de pertinent pour la conversation qui nous occupe toi et moi désormais. »

Et il faut répondre. Répondre de ses actes.

« J’ai renvoyé Watnabe et Ollivander parce que c’était la chose à faire, Moira. Je ne m’attends pas à ce que tu sois d’accord avec moi, et je sais que tu aurais fait un choix différent. Ils ont opéré directement avec Lucius Malefoy lorsqu’il était infiltré ici. Dans ce même bureau où nous nous tenons, ils l’ont couvert, ont affirmé qu’ils étaient seuls responsables de cette chanson, qu’ils revendiquaient sa portée, qu’ils soutenaient les idéaux de Reissen. Tu veux que je fasse quoi, au juste ? Que je laisse des gamins endoctrinés par un mangemort libres de continuer à répandre ses conneries dans l’école ? Tu crois que ce n’est pas déjà assez frustrant d’être obligé de subir la gueule de Yeabow tous les jours à la grande Table sans devoir endurer des petits mangemorts en herbe en prime ? »

L’accusation contre Yeabow est crachée avec un venin dont Severus a rarement fait preuve vis à vis de sa collègue. Il l’a vue, quelques fois, dans des réunions. Il n’a jamais su si elle était marquée ou non ni quel était son implication réelle dans la guerre. Il ne s’en est jamais soucié vraiment. Il a parlé avec elle. Peu, il est vrai. Assez pour savoir qu’elle est indubitablement de ces intégristes au sang pur qui ont été séduit par le Seigneur des Ténèbres en ce qu’il flattait leur rêve de suprémacie. Et il argue sa ligne de défense dans un soupir. Au moment où il parle à Moira de ses soupçons sur les adolescents, il est de la plus pure bonne foi. Honnêtement convaincu de son geste et de son erreur. Rien dans les arguments des adolescents ne l’ont aiguillé vers l’hypothèse qu’eux, comme les autres, ont été abusés par le déguisement de Lucius Malefoy sous les traits de Wilson et qu’ils sont moins de dangereux soutiens d’un criminel que d’innocents gamins dépassés par les aléas de circonstances. Il n’a pas vu les adolescents broyés par le ricochets d’histoires plus grandes qu’eux, il a seulement vu les soutiens d’un criminel de guerre infiltré. S’il prenait du véritaserum en cet instant précis, Severus ne pourrait que jurer, répéter, affirmer qu’ils sont au courant de celui qui était le directeur de la chorale. Et l’erreur frappera sans doute plus durement encore lorsqu’il se rendra compte de la méprise. Il soupire. Il doute. Il doute de tout depuis trois jours, et surtout de lui-même. Il est las.

« Asao Watnabe et Pelagia Ollivander ont sciemment aidé un criminel de guerre… tu voulais que je fasse quoi ? Que j’appelle les aurors pour les envoyer devant un tribunal, plutôt ? Tu crois que ça n’aurait pas détruit leur vie non plus ? »

Malefoy, ils en ont parlé le jour J. Lorsqu’il s’est échappé au petit matin du 19 janvier, l’enfer a commencé pour Severus : affronter Moira et ses soupçons légitimes. Non, il ne savait pas. Lui faire part de ce qu’il a découvert : la signature magique de Lucius semble altérée. Sans signature, pas de sort de reconnaissance du sorcier… et donc de potentielles failles de sécurités. Et l’homme est mourant, touché par une malédiction. S’il a compatis pour le jeune Wilson qu’il était prêt à aider, Severus s’est pris à souhaiter la mort du mangemort. Une rage froide. La haine d’avoir été floué. D’avoir été joué. D’avoir eu confiance pour ce jeune maître en sortilèges qui paraissait si prometteur. Il a bien du rire sous cape, cet enfoiré. Et les deux gamins. Ils l’ont aidé. Ils l’ont aidé. Des ados. Des enfants. Combien d’autres dans les rangs de Poudlard ? Le traumatisme de la guerre, la paranoïa palpitent vivement sous sa peau.
1857 mots + réponse dans les 6h

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
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Dim 14 Fév - 14:19






10 février 2004

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? La question tonne dans sa tête comme l’écho d’un orage. Depuis des jours, Moira n’entend qu’elle. Elle l’agace, l’obsède. Alors, maintenant qu’elle peut enfin la poser, les mots se teintent d’un empressement presque violent que Severus reçoit en pleine figure.

Le vacillement, Moira le sent plus d’une fois alors qu’elle parle. Elle ne lui épargne pourtant pas sa peine. Elle frappe. Elle accuse. Elle accule. Pas une fois elle n’imagine que Severus pourrait la fuir, refuser de lui répondre. C’est qu’elle est sûre d’elle, la Présidente-Sorcière, sûre de leur amitié, sûre de la loyauté du directeur, sûre de sa légitimité quand elle vient l’interroger. Car c’est bien avec l’interrogatoire qu’elle flirte, qu’importe ce qu’elle se raconte lorsque Severus subit son courroux. L’amie fidèle n’est pas loin. Elle ne l’est jamais. Mais elle se cache ce soir derrière la justicière qui, elle aussi, reste toujours dans les parages, prête à bondir. Severus la connaît trop maintenant pour s’en étonner.

Mais le masque se fissure, car l’incompréhension n’est rien face au chagrin qu’elle ressent à imaginer les avenirs brisés des deux jeunes que Poudlard a reniés. Car, outre les difficultés que leur réserve une vie dépourvue de diplôme, leurs noms ont été donnés en pâture à la plèbe, associés à celui d’un des pires malfaiteurs que le Royaume-Uni n’ait jamais connus. Toute leur vie, qu’importe si les faits sont avérés ou non, Ollivander et Watnabe seront décrits comme des jeunes floués par le charisme d’un criminel notoire au mieux, ou des mangemorts en puissance si la vindicte populaire leur réserve le pire. Comment Severus pouvait-il ignorer une telle chose ? La colère de n’avoir pas su démasquer Malefoy malgré ses longs mois passés si proche de lui l’a-t-elle aveuglé au point que sa vendetta fauche deux adolescents frôlant à peine l’âge adulte ?

Alors que sa question tremblante quitte ses lèvres, Moira croit un temps que Severus ne fera que la noyer sous des répliques cinglantes. Mais le déluge ne vient pas et c’est un soupir désabusé qui échoue entre eux alors que le directeur lui demande de s’asseoir.

D’un coup de baguette magique, il fait léviter deux verres et une bouteille de brandy jusqu’à eux. Moira hésite un instant mais finit par obéir, dénouant la ceinture de son manteau avant de prendre place de l’autre côté de la table.

Le visage de la juge reste fermé. Elle observe distraitement les gestes de Severus alors que sa voix grommelle, agacée. Moira siffle en retour :  
- Ce sont des réponses que je quémande depuis soixante-douze heures, Severus. Ne viens pas m’accuser de sauter trop vite aux conclusions quand je m’acharne à chercher les informations qui me manquent pour le faire depuis trois jours.

L’homme fait claquer son verre devant elle. Il gronde des excuses et demande une trêve, faisant se lever le regard de Moira qui ne lui offre qu’un assentiment silencieux, comme si le moindre mot sorti de sa bouche était pour l’heure un risque de déraper qu’elle voulait éviter.

Alors, elle écoute, non sans efforts. Le récit de Severus débute à peine que, déjà, les sourcils de la magistrate se froncent. Quelle est cette histoire de mercenaire ? Qu’est-ce que les Euthanatoï viennent faire dans cette histoire ? N’ont-ils pas assez de soucis pour que viennent s’ajouter la menace d’une incursion étrangère dans leurs affaires ?

Severus ne donne que bien peu de réponses à toutes ces questions. Il semble aussi perdu qu’elle, presque sectateur de sa propre histoire. La moue de la juge se fait maintenant grimace. Elle n’aime pas ce qu’elle entend, encore moins quand les informations ne font que laisser plus encore d’interrogations derrière elles. Pourtant, les deux hommes n’ont fait que parler, n’est-ce pas ?
- Du passé, hein ? dit-elle, soulignant son irritation à le voir complexifier toujours plus son histoire sans lui donner davantage de sens.

Mais le directeur botte en touche, refusant une nouvelle fois de lui répondre. Moira porte son verre à ses lèvres ravale son aigreur à coup de brandy et laisse Severus en venir à la raison qui l’a faite se déplacer jusqu’ici. La tension dans ses lombaires se fait malheureusement un peu plus douloureuse à chaque phrase que le sorcier prononce.
- Tout ce que tu fais c’est jeter ces gamins dans leurs bras !
Sa voix est ferme alors que son regard se plante dans les yeux sombres du directeur.
- Que crois-tu qu’ils feront une fois dehors, rejetés par la société au pouvoir, mis au pilori pour leurs prises de position, si jamais il s’agissait bien des leurs ? Vers qui se tourneront-ils maintenant qu’on les a privés d’avoir une place digne dans notre système ? Et comment comptes-tu combattre les idées répugnantes qu’ils se sont mises dans la tête en les exilant là où ce sont les seules opinions valables ? Crois-tu que ce soit ce vieux croûton d’Ollivander qui va raisonner sa petite-fille après qu’on l’a renvoyée de Poudlard ? On ne combat pas une rébellion en la bâillonnant. Cela ne fait que renforcer son idéologie.

Les prunelles de Severus brillent de toutes ses certitudes alors qu’il lui demande avec cynisme s’il aurait mieux fait d’appeler les Aurors et Moira rétorque, la paume de sa main s’élevant vers le ciel pendant que l’autre refait claquer le verre un peu trop durement sur la table :
- Oui, tu aurais dû appeler les Aurors, Severus ! Parce que c’est leur travail ! Parce qu’il y aurait eu une enquête, diligentée par des hommes font c’est le métier ! Parce qu’il y aurait eu des témoins, des entretiens avec les enfants, et qu’il y aurait eu un procès digne de ce nom si cela s’était avéré nécessaire. Au lieu de quoi, ils n’ont été reçus que par toi, le grand directeur de Poudlard, qui a décidé unilatéralement de les priver tous les deux du diplôme le plus important de leur vie ! Et tout ça basé sur quoi ? Des convictions ? Et tu viens me dire ça à moi, la Présidente du Magenmagot ? Ce pays a des lois adoptées pour qu’aucun sorcier n’ait à subir de décision arbitraire basée sur des « convictions », Severus. On peut tous le regretter certains jours, mais c’est ce qui garantit la sécurité des sorciers de ce pays. Personne n’a le droit d’être condamné sur de simples convictions. Il faut des preuves, sinon, crois bien que cette pourriture de Yeabow croupirait déjà au fond d’une geôle d’Azkaban depuis des années ! Car j’en ai, moi aussi, des convictions, et elles me retournent les tripes chaque jour, crois-le bien !
Son regard se fait furibond, implacablement rivé sur son vis-à-vis.
- Tu as condamné deux élèves à porter toute leur vie le poids d’un renvoi d’une des plus grandes écoles de magie du cette terre sous la seule dictature de ton instinct, parce que tu crois qu’ils ont sciemment aidé un criminel de guerre. Mais même cela, tu ne peux pas en avoir la certitude, qu’importe ce qu’ils ont pu te dire, car les adolescents sont fiers et capables de te tenir tête en affirmant avoir été conscients de tout ce qu’ils faisaient plutôt que d’avouer avoir été manipulés par des adultes très heureux de pouvoir profiter de leur envie de rébellion. Penses-tu sincèrement que Lucius Malefoy n’aurait jamais été capable de flouer deux gamins de dix-sept ans ? C’est vrai, après tout… Ce n’est pas comme s’il avait réussi à vivre sous ton nez pendant cinq mois sans que tu ne te doutes de rien !

La pique est cinglante, gratuite. Moira s’en rend compte quand elle achève de la prononcer. Sa voix s’évanouit alors et elle ferme douloureusement les paupières.
- Excuse-moi. Celle-ci était injuste.
Ses doigts fins caressent le bord du verre devant elle alors que ses pulsations se calment. Elle laisse échapper un soupir qui appesantit sa respiration. Puis, elle reprend, sa voix n’étant plus qu’un murmure :
- Je suis morte de peur, Severus, terrorisée par tout ce qu’il se passe et désespérée de voir partout autour de moi des actes qui me semblent toujours jeter plus d’huile sur le feu. Qu’ils soient faits consciemment ou non, tous ces agissements alimentent un brasier que je sens devenir incontrôlable. Et j’enrage parce que j’ai l’impression d’être la seule à le voir. Tous les jours, je ne fais que me reprendre en pleine figure mon impuissance alors que Potter enchaîne ses coups d’éclat qui excitent chaque fois une nouvelle frange de la population, que l’Enchanteresse galvanise ses troupes, que Bauer et sa clique nous pondent un appel à l’émeute en plein Chemin de Traverse et maintenant ça… Tu as fait de ces gamins des martyrs, Severus, et les martyrs finissent toujours par servir une cause, même malgré eux. Or, nous savons quelle est la seule susceptible de les récupérer puisqu’ils sont devenus pour les autres les nouveaux visages de l’ennemi.

Ses dents se serrent alors qu’elle détourne le regard et porte le brandy à ses lèvres pour boire une longue gorgée.
- Ce sont que des gosses, Severus. Je pense que c’est cela que tu as oublié. Ce ne sont que des gamins pris entre les feux d’un conflit qui les dépasse, en rébellion face à un monde qui leur a déjà fait connaître si jeunes les horreurs de la guerre et un système qui n’a pas su les en protéger. Qu’importe ce dont tu es sûr, on ne sait pas s’ils ont servi les desseins de Malefoy, ou même de Bauer, parce qu’ils n’avaient simplement pas besoin d’eux pour faire ce qu’ils ont fait, pour pousser ce cri de rage dont Reißen a honteusement profité. On leur a donné l’occasion d’exprimer leur colère sur scène, devant tous ces sorciers qui ont failli. Cela vaut-il de les considérer comme des criminels, des jeunes sorciers déjà perdus, et de gâcher tout leur avenir comme cela ? Même si Malefoy avait eu un rôle prépondérant dans cette histoire et que Watnabe et Ollivander le savaient, je n’aurais pas voulu qu’ils soient renvoyés car je comprends, je crois, ce qui a pu motiver ces gamins à agir ainsi et parce je ne crois pas qu’on récupèrera cette jeunesse en la chassant. Ces mômes vont devenir de véritables bombes à retardement. C’était à Poudlard qu’il fallait les désamorcer. Maintenant qu’ils sont dehors, ils sont hors de notre contrôle et c’est là que la menace devient réelle.

Son regard revient croiser celui du directeur. Mais la colère a disparu et seule une inquiétude terrifiante fait désormais trembler ses prunelles.


(1763 mots)

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
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Mar 23 Fév - 19:14
LE POUVOIR EST VENIN

Il hausse les épaules, Severus. Las. Lassitude. La guerre est finie, les emmerdes continuent. Tout plaquer pour aller élever des lapins en Laponie. Et est-ce que les lapins survivent seulement dans des contrées aussi rudes ? Il remarque toutefois que le tremblement des mains de Moira s’est calmé. Les siennes aussi. La rage retombe. Contenue. Pour un temps, sans doute. Ni l’un ni l’autre ne sont très bons pour ne pas s’enflammer. Moira fait ressortir le lion en lui. C’est parfois à se demander comment il n’a pas fini chez les rouges et or avec toute cette impétuosité qui gronde. Mais l’adulte qu’il est devenu n’est plus l’enfant qu’il était : fuyant, lâche, d’une certaine façon. Le courage aveugle n’a jamais été sa came, et les grandes valeurs non plus. Au contraire de Londubat qui s’est taillé un certain respect depuis quelques années déjà, auprès de sa némésis. La fin de la guerre a fait naître un autre homme, mais au fond, tout au fond, il reste le même. La renaissance n’est pas totale. Elle n’est pas absolue. Et le tourbillonnement de son tempérament ne s’est pas apaisé. Il serait même devenu plus irascible sur ses vieux jours.

« Du passé. »

Le ton est définitif mais non plus tranchant. Presque doux. Un murmure derrière les nouvelles accusations de Moira qui passe inaperçu dans le tourbillon de la voix de la Présidente-Sorcière du Magenmagot.

« Tout ce que tu fais c’est jeter ces gamins dans leurs bras ! Que crois-tu qu’ils feront une fois dehors, rejetés par la société au pouvoir, mis au pilori pour leurs prises de position, si jamais il s’agissait bien des leurs ? Vers qui se tourneront-ils maintenant qu’on les a privés d’avoir une place digne dans notre système ? Et comment comptes-tu combattre les idées répugnantes qu’ils se sont mises dans la tête en les exilant là où ce sont les seules opinions valables ? Crois-tu que ce soit ce vieux croûton d’Ollivander qui va raisonner sa petite-fille après qu’on l’a renvoyée de Poudlard ? On ne combat pas une rébellion en la bâillonnant. Cela ne fait que renforcer son idéologie. »

Il demeure silencieux, laisse son regard dériver au loin alors que la voix de Moira frappe à nouveau, sans appel. Que peut-il répondre à ça ? Il a fait ce qu’il pensait, pense, juste. Le croit-elle infaillible ? Etait-ce une connerie ? Peut-être. Il faudra vivre avec et porter cette croix. Une de plus. Avec des « et si… ?  » on mettrait Paris en bouteille.

« Oui, tu aurais dû appeler les Aurors, Severus ! Parce que c’est leur travail ! Parce qu’il y aurait eu une enquête, diligentée par des hommes font c’est le métier ! Parce qu’il y aurait eu des témoins, des entretiens avec les enfants, et qu’il y aurait eu un procès digne de ce nom si cela s’était avéré nécessaire. Au lieu de quoi, ils n’ont été reçus que par toi, le grand directeur de Poudlard, qui a décidé unilatéralement de les priver tous les deux du diplôme le plus important de leur vie ! Et tout ça basé sur quoi ? Des convictions ? Et tu viens me dire ça à moi, la Présidente du Magenmagot ? Ce pays a des lois adoptées pour qu’aucun sorcier n’ait à subir de décision arbitraire basée sur des « convictions », Severus. On peut tous le regretter certains jours, mais c’est ce qui garantit la sécurité des sorciers de ce pays. Personne n’a le droit d’être condamné sur de simples convictions. Il faut des preuves, sinon, crois bien que cette pourriture de Yeabow croupirait déjà au fond d’une geôle d’Azkaban depuis des années ! Car j’en ai, moi aussi, des convictions, et elles me retournent les tripes chaque jour, crois-le bien ! Tu as condamné deux élèves à porter toute leur vie le poids d’un renvoi d’une des plus grandes écoles de magie du cette terre sous la seule dictature de ton instinct, parce que tu crois qu’ils ont sciemment aidé un criminel de guerre. Mais même cela, tu ne peux pas en avoir la certitude, qu’importe ce qu’ils ont pu te dire, car les adolescents sont fiers et capables de te tenir tête en affirmant avoir été conscients de tout ce qu’ils faisaient plutôt que d’avouer avoir été manipulés par des adultes très heureux de pouvoir profiter de leur envie de rébellion. Penses-tu sincèrement que Lucius Malefoy n’aurait jamais été capable de flouer deux gamins de dix-sept ans ? C’est vrai, après tout… Ce n’est pas comme s’il avait réussi à vivre sous ton nez pendant cinq mois sans que tu ne te doutes de rien ! »

Il reporte son regard sur Moira dont la voix s’est embrasée d’une flamme nouvelle et teintée de venin. Le sourcil se hausse, l’estomac se noue. Le regard s’est fait dur, et une nouvelle vague de colère se crashe contre les parois de son crâne. Elle juge, elle juge. Elle juge sans cesse. Déformation professionnelle. Il a sur le bout des lèvres un « pas étonnant que ton ex se soit joué de toi si tu t’obstines à être aussi insupportable ». Il le ravale. Une victoire.

« Excuse-moi. Celle-ci était injuste. »

Et l’onyx de ses prunelles se radoucit, il hoche la tête, la nuque roide de s’être trop crispé. Pour le meilleur ou pour le pire, ces putain de Gryffondor semblent toujours réussir à le contraindre au pire de lui-même. Minerva, Lily, Potter et même Moira semblent toujours finir par le pousser à des réparties cinglantes, des cris et des effusions de sang. Foutus lions !

« Je suis morte de peur, Severus, terrorisée par tout ce qu’il se passe et désespérée de voir partout autour de moi des actes qui me semblent toujours jeter plus d’huile sur le feu. Qu’ils soient faits consciemment ou non, tous ces agissements alimentent un brasier que je sens devenir incontrôlable. Et j’enrage parce que j’ai l’impression d’être la seule à le voir. Tous les jours, je ne fais que me reprendre en pleine figure mon impuissance alors que Potter enchaîne ses coups d’éclat qui excitent chaque fois une nouvelle frange de la population, que l’Enchanteresse galvanise ses troupes, que Bauer et sa clique nous pondent un appel à l’émeute en plein Chemin de Traverse et maintenant ça… Tu as fait de ces gamins des martyrs, Severus, et les martyrs finissent toujours par servir une cause, même malgré eux. Or, nous savons quelle est la seule susceptible de les récupérer puisqu’ils sont devenus pour les autres les nouveaux visages de l’ennemi.Ce sont que des gosses, Severus. Je pense que c’est cela que tu as oublié. Ce ne sont que des gamins pris entre les feux d’un conflit qui les dépasse, en rébellion face à un monde qui leur a déjà fait connaître si jeunes les horreurs de la guerre et un système qui n’a pas su les en protéger. Qu’importe ce dont tu es sûr, on ne sait pas s’ils ont servi les desseins de Malefoy, ou même de Bauer, parce qu’ils n’avaient simplement pas besoin d’eux pour faire ce qu’ils ont fait, pour pousser ce cri de rage dont Reißen a honteusement profité. On leur a donné l’occasion d’exprimer leur colère sur scène, devant tous ces sorciers qui ont failli. Cela vaut-il de les considérer comme des criminels, des jeunes sorciers déjà perdus, et de gâcher tout leur avenir comme cela ? Même si Malefoy avait eu un rôle prépondérant dans cette histoire et que Watnabe et Ollivander le savaient, je n’aurais pas voulu qu’ils soient renvoyés car je comprends, je crois, ce qui a pu motiver ces gamins à agir ainsi et parce je ne crois pas qu’on récupèrera cette jeunesse en la chassant. Ces mômes vont devenir de véritables bombes à retardement. C’était à Poudlard qu’il fallait les désamorcer. Maintenant qu’ils sont dehors, ils sont hors de notre contrôle et c’est là que la menace devient réelle.  »

Et la voix de Moira se brise. Enfin, c'est pas trop tôt, il a presque envie de penser. Elle lui fait tourner la tête, ou peut-être est-ce l’alcool. Il n’aurait pas du boire. La pression est retombée, la lassitude l’emporte. Sauter par la fenêtre serait bien plus facile. Sauter et s’enfuir, merci bien. Il sait voler, il ne va pas commencer à se foutre en l’air tout de suite. Mais pour voler plutôt que de s’écraser, il faut un but, une raison de déployer ses ailes. Quelle est la sienne ?

Le silence lui répond. Un silence seulement troublé par le ronronnement d’un félin assoupi. Le choc initial des éclats de voix a laissé place à des modulations qui ne troublent plus son repos. Son humain descend d’un geste sec ce qui reste au fond de son verre et repose le récipient sur le bois du bureau. Tchoc. Feutré. Les doigts blêmes ont retrouvé un peu de leur contenance.

« Qu’est-ce que tu veux que je te réponde ? Ce qui est fait est fait, Moira. Ce qui t’apparaît comme une erreur de jugement de ma part en est peut-être une. Que puis-je te dire à part le fait que Poudlard n’est pas plus équipée que la société civile pour gérer des gamins endoctrinés ? On est une école, Moira : on enseigne, on éduque comme on peut, mais on n’est pas les sauveurs de l’humanité : si on l’avait été, il n’y aurait pas eu de Voldemort, pas de mangemort, pas de gamin forcé de combattre dans une guerre ! Tu crois que c’était seulement de la rébellion ? Je sais faire la différence entre une crise d’ado et des gamins sous la coupe d’un mangemort que je n’ai pas su identifier et qui, comme tu l’as très justement fait remarquer, a vécu sous mon nez pendant cinq mois. Ils ont fait un choix, Moira, et ce choix a des conséquences. On ne peut pas sauver tout le monde, Moira : j’en suis un parfait exemple et ce n’est pas parce que je suis hors d’Azkaban que je ne reste pas un putain de criminel de guerre. On ne rachète pas des crimes. Jamais. On vit avec les conséquences de ses actes : je vis avec les miens. Peut-être que ma volonté de protéger le reste des élèves de leur influence aura en effet pour incidence de pousser Watnabe et Ollivander à s’engager plus avant dans de sombres chemins… Mais s’ils étaient restés et qu’ils avaient utilisé de leur influence pour endoctriner d’autres gamins, des gamins qui les respectent, qui les admirent, sur lesquels ils ont une influence… je ne me le serai pas pardonné non plus. J’ai fait un choix, c’était peut-être le mauvais, ou peut-être le bon. L’avenir seul nous le dira. »

Il lâche un soupire. Encore un. Un énième. Il aurait besoin d’un nouveau shot et se refuse à le prendre. Son verre reste vide. Boire jusqu’aux ténèbres ne le sortira certainement pas du merdier quotidien que représente sa vie. Une croix et une couronne d’épines. Une pénitence.

« La situation est tendue, c’est vrai, Moira, mais je ne pense pas qu’elle soit désespérée, et ça me coûte de le dire, parce que l’optimiste pathologique, c’est toi, d’habitude. Moi, je suis le vieux connard cynique. »

Il joue avec son verre, le tourne et le retourne entre ses phalanges. Le cristal luit dans la pénombre et s’embrase d’une dangereuse aura. Un éclat. Un éclat pour faire jaillir le sang d’un poignet et disparaître. Il le repose, inerte récipient. Il n’y a pas besoin d’un Graal entre ces murs. Insipide tentation. La pomme demeure intouchée dans le Verger.

« On sort de deux guerres civiles, Moira. Évidemment que les braises sont encore chaudes et, je te l’accorde, Potter n’aide certainement pas les choses à se dissiper. Pardon de le dire, mais la fougue des Gryffondor à peine sortis de l’école et les hautes fonctions ministérielles ne font pas bon ménage. Et même sans tout ramener à de basses querelles de maisons, tu en conviendras qu’avoir un ministre aussi jeune n’est certainement pas une aide en la matière… Il prend des décisions audacieuses – parfois trop – et n’est pas aussi habitué à gérer les médias qu’on pourrait l’espérer… Toutefois Narcissa et ses opposants sont en position de faiblesse, et je pense qu’elle le sait. Ils ont fait scission, se sont exilés… Ce n’est qu’une question de temps qu’ils perdent leur influence au Magenmagot et dans la société sorcière… Et un certain nombre d’entre eux préférera faire marche arrière plutôt que de se plier à une utopie passéiste. Je ne pense pas qu’une troisième guerre se prépare. Pas une guerre ouverte, en tous cas… ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas surveiller l’évolution de la situation, c’est vrai. »
2128 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
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Sam 13 Mar - 9:36






10 février 2004

« Qu’est-ce que tu veux que je te réponde ? »
Tout est dit.

Que rajouter après cela ? Les paupières de Moira se ferment une seconde, comme si cette seule réplique terrassait toutes celles qu’elle aurait aimé lui faire et toutes celles qu’elle aurait voulu l’entendre dire. Que veut-elle qu’il réponde ? Elle ne le sait plus vraiment. Depuis la fin de la guerre, Moira ne sait plus ce qu’elle souhaite pour Severus et les années passées ne font qu’obscurcir plus encore ses espoirs autrefois brillants. Souvent, elle se surprend à lui souhaiter de disparaître, de s’extirper une fois pour toutes de la vie publique, de rester loin des sphères de pouvoir et de tous les poids qu’elles imposent. Severus a suffisamment sacrifié aux querelles sociétales. Sa pénitence a été assez longue et son deuil de Lily bien assez longtemps honoré. Les responsabilités qu’il revêt encore le laisse une fois de plus en proie à tous les feux, critiqué de tous côtés, y compris du sien. N’a-t-il pas assez donné ? Ne mériterait-il pas aujourd’hui le repos d’une vie loin des grandes décisions et des jeux de pouvoir ?

Mais Severus se satisferait-il d’une vie loin de toute cette effervescence, de cette certitude de compter dans l’avenir d’un pays ? Son obstination à rester au plus près des hauts lieux de la politique et des gens qui les fréquentent cache-t-elle un amour pas toujours assumé pour cette position enivrante aux commandes d’un groupe à la dérive ? Serait-il capable seulement de laisser les sorciers décider de leur sort sans plus intervenir autrement que pour son propre compte ? Ses expérimentations au-dessus de ses chaudrons et la compagnie de quelques amis bienveillants suffiraient-elles au directeur de la prestigieuse école de Poudlard ?

Toutes ces questions, Moira se souvient se les être posées régulièrement depuis que son ami est sorti de prison. Mais alors qu’elle se voit une fois de plus en désaccord avec ses décisions et qu’elle sent combien leur dispute pèse sur le cœur de Severus, elle se demande si cette sortie ne serait pas finalement ce qu’elle pourrait lui souhaiter de mieux, ou se souhaiter de mieux. L’égoïsme n’est peut-être pas toujours si loin lorsqu’on espère certaines choses pour un ami.

Etrangement, c’est Severus qui prend le rôle de celui qui rassure, de l’optimiste qui refuse de ne voir que les chemins tortueux qui les mèneraient inévitablement à la ruine. Moira cligne des paupières en allant cherche le regard du sorcier. Elle n’est pas sûre de le croire mais vient chercher dans ses yeux les certitudes qui lui manquent. Est-elle devenue, comme il s’en amuse, la plus cynique des deux ? Toutes ses déceptions depuis sa nomination au poste de Présidente-Sorcière ont-elles tant rogné ses espoirs qu’elle se retrouve à enlaidir plus que de raison un avenir qui n’est peut-être pas si sombre ? Une telle découverte méritait bien qu’elle se déplace trois jours de suite jusqu’à Poudlard ! Elle sourit, pour la première fois depuis qu’elle est entrée.
- Je ne reviens pas de ce que je m’apprête à te dire, mais tu as peut-être raison.  

Elle l’écoute raconter les dissensions au sein des Insurgés, la perte d’influence de Narcissa Malefoy et l’ultimatum de la perte des sièges de Lords au Magenmagot qui se profile et qui fera certainement reculer bon nombre de grandes familles déçues des résultats très pauvres qu’ont donné leur rébellion pour le moment. La guerre ouverte n’éclatera peut-être pas. C’est tout ce qu’elle peut souhaiter.
- J’espère que l’avenir me donnera tort. Je sais que tout ne se passe pas comme Narcissa l’espérait et que les déceptions commencent à s’accumuler dans le camp de l’Insurrection. Tout ce que je crains c’est que ces derniers trouvent un ennemi commun avec les indécis de ce pays en la personne de Potter. Il n’en est pas à sa première décision polémique et je crains qu’il ne s’arrête pas de bousculer le monde autour de lui. Le comble serait qu’il parvienne à donner un second souffle à ses ennemis en cherchant à les anéantir. Je ne veux pas devenir la pessimiste de nous deux, mais je ne peux m’empêcher de croire qu’il en est capable.
Une seconde s’échappe entre eux avant que sa voix s’abaisse.
- Il faudra que quelqu’un d’autre prenne sa place bientôt. Cela ne peut pas continuer ainsi.
Les yeux de Moira se sont perdus sur la rugosité de la table. Le couperet tombe avec une brutalité saisissante. Pourtant, la juge ne tremble pas.


(750 mots)

Cecil A. Selwyn

Cecil A. Selwyn
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Lun 22 Mar - 7:50
LE POUVOIR EST VENIN

Le silence se distend. Ils ont l’air malin : deux amis à peine fichus de discuter cinq secondes avant de s’engueuler comme des chiffonniers. Severus a toutefois repris assez de sa contenance pour contempler avec distance la situation. Il comprend Moira, il suppose : à force d’être occupée à toujours exiger des réponses dans un travail qu’elle accomplit à merveille, comment peut-elle ne pas exiger de savoir lorsque sont en jeu des affaires à la frontière de son travail et de sa vie privée. Il devise en lui-même, mais ce n’est qu’une folâtrerie de sa part et il le sait. Il est loin d’être irréprochable sur ce point. Niera-t-il s’inquiéter pour la petite Eirian qui est plus, bien plus, déjà qu’une seule élève ? Il aimerait l’arracher à la difficulté de sa vie comme une maman canard le ferait pour protéger son caneton. A qui ment-il lorsqu’il hausse les épaules en affirmant ne pas se soucier de tous ces « petits cons » d’élèves ?

« Je ne reviens pas de ce que je m’apprête à te dire, mais tu as peut-être raison. »

Moira qui reconnaît qu’il a peut-être raison ? Que quelqu’un sabre le champagne, ça n’arrivera probablement plus avant la prochaine décennie ! S’il garde pour lui ses réflexions, il ne peut s’empêcher d’esquisser un infime sourire avant de reprendre son sérieux et le cours de son histoire. De cette histoire qu’ils écrivent à deux. A quatre mains. De cette histoire que tous ceux en position de pouvoir écrivent, ligne après ligne, mot après mot, décision après décision.

« J’espère que l’avenir me donnera tort. Je sais que tout ne se passe pas comme Narcissa l’espérait et que les déceptions commencent à s’accumuler dans le camp de l’Insurrection. Tout ce que je crains c’est que ces derniers trouvent un ennemi commun avec les indécis de ce pays en la personne de Potter. Il n’en est pas à sa première décision polémique et je crains qu’il ne s’arrête pas de bousculer le monde autour de lui. Le comble serait qu’il parvienne à donner un second souffle à ses ennemis en cherchant à les anéantir. Je ne veux pas devenir la pessimiste de nous deux, mais je ne peux m’empêcher de croire qu’il en est capable. »

Il l’écoute avec attention, Moira. Sait-elle ce qu’elle lui livre là ? Non, sans doute pas. Elle ne sait probablement rien du serment qui le lie à Potter, un serment juré sous le coup de son prédécesseur à cette chaire de directeur de Poudlard qu’il doit honorer comme le bœuf honore son joug aux champs. Alors il laisse un soupir lui filer entre les lèvres tandis que Moira continue à parler.

« Il faudra que quelqu’un d’autre prenne sa place bientôt. Cela ne peut pas continuer ainsi. »

Un frisson parcoure l’échine de Severus. Ça… il sera obligé d’en parler à Potter, et il le sait. En lui faisant cette confidence, Moira fait se serrer son coeur tiraillé entre son amitié pour la gryffondor et son serment. Quelle échappatoire peut-il chercher ? Une assurance, peut-être. Son serment n’est-il pas de s’assurer que Potter reste en vie ? Rien n’est dit quant à sa position de ministre, après tout.

« Tant que tu prends sa place dans des élections plutôt que dans un attentat, Moira, je n’y vois personnellement rien à redire. Mais je dois dire que si tu m’épargnais la douloureuse tâche de devoir à nouveau sauver de la mort notre cher Ministre, j’apprécierais. »

Le verre est porté à ses lèvres, vide. Évidemment. Il ne se démonte pas, pourtant, et le repose souplement sur la table. Peut-être a-t-il bu assez, déjà.

« Quelles chances a-t-il, crois-tu ? »

La question est sortie de nulle part. Il la pose, pourtant. Sa discussion avec @Djouqed est si fraîche et l'alcool enivre ses sens. Il baisse sa garde une seconde. Juste une. Le temps de laisser s'échapper la seule chose qui compte encore pour ce vétéran maintes fois écrasé par le poids du passé.

« Quelle chance a Uriel Lewis de devenir le nouveau Lord Malefoy ? »
668 mots

Moira A. Oaks

Moira A. Oaks
ADMINISTRATRICE & MJ
hiboux : 1257
pictures : Le pouvoir est venin, son nectar divin [Severus & Moira] B717b481cf18bbbfe428ae91148e4b8e
Dim 11 Avr - 12:58






10 février 2004

Les timbres de voix de sont apaisés, les respirations ralenties. Il y a comme un lâcher-prise dans ces quelques minutes qui s’échappent, une trêve formulée à mi-mots au souvenir de cette amitié inaltérable qu’ils partagent malgré tous leurs différends. La relation qui unit la Présidente-Sorcière au directeur de Poudlard n’a jamais été simple. Elle s’est toujours parée d’attaques saisissantes, de phrases affûtées comme des lames, promptes à blesser pour peu qu’on les prenne en plein cœur. Mais elle s’est aussi faite bouclier face aux assauts ennemis, comme si les coups étaient jalousement conservés à l’intérieur de leur cercle, n’autorisant personne d’autre à meurtrir le duo unique qu’ils forment. Severus et Moira se déchirent. Mais, quand toute chose semble perdue, ils ne peuvent se résoudre à donner le coup de grâce, l’estoc qui ferait rendre gorge à leur complicité. Alors, leur attachement résiste, vibre dans ce sourire léger que le sorcier laisse paraître quand sa vieille amie reconnaît la probabilité de son erreur. Les timbres de voix se sont apaisés. Ils finissent toujours par le faire.

Pourtant, les choses ne sont jamais simples. Les sourcils de Moira se froncent. C’est un petit pronom qui a attiré son oreille, un pronom si discret qu’on pourrait l’ignorer totalement s’il ne revêtait pas dans la bouche de Severus, un statut d’immanquable.
« Tant que tu prends sa place dans des élections … »

La juge frissonne. Se pourrait-il, alors même que ses aspirations politiques n’ont pas encore été rendues publiques, que des bruits courent déjà sur la création du mouvement qu’elle fomente avec Nigel ? Ce dernier en aurait-il parlé autour de lui ? Elle y croit peu. Alors, est-ce le vieux Melchior Fawley qui a vendu la mèche ? Possible, mais peu probable, là encore. N’est-ce donc qu’un appel de Severus, une provocation censée tester chez elle l’existence d’ une nouvelle vocation ? La magistrate est perdue et son hésitation transparaît dans cette seconde qui se perd avant qu’elle ne réponde, se forçant à retrouver un ton faussement désinvolte :
- Que je prenne sa place ? Es-tu sincèrement en train de m’imaginer Ministre, Severus ?  
La question se veut amusée, mais le regard de Moira ne nie aucunement l’importance qu’elle donne à la réponse de son ami car, malgré toutes les opinions qui les séparent parfois, elle sait combien le soutien même officieux de Severus l’encouragerait à maintenir le nouveau cap qu’elle s’est fixé avec Nigel.  

C’est alors qu’une autre question la frappe, débarquant sans crier gare, comme sortie directement des pensées de son locuteur sans qu’il n’ait même eu le temps de la peser tout à fait. Moira cligne des yeux. De qui parle-t-il ? Severus semble se rendre compte lui-même de l’étrangeté de sa question puisqu’il se reprend seul, avant que Moira ne le lui demande. Uriel. C’est du jeune Lewis qu’il parle et de ses prétentions sur un titre hautement convoité. Les Malefoy tremblent depuis que le fils bâtard de Lucius a révélé son existence. Depuis des jours, on se demande si cette annonce ne viendra pas crucifier toutes les aspirations de la grande famille Malefoy et qu’avec sa débâcle s’effondre l’Insurrection elle-même. Questionnements et tensions s’amoncellent sur les pavés londoniens. Et au milieu de tous cela, deux jeune hommes même pas trentenaires qui ne partagent que la blondeur de leur chevelure et le poids innommable d’un nom chargé d’opprobre.
- Je ne sais pas, finis par répondre Moira, ses eux se perddus dans le vague alors qu’elle plonge dans ses pensées. Avoir hérité du sang Malefoy ne suffira pas. Tu sais qu’un titre ne s’obtient pas qu’au travers de la loi, plus encore au vu de sa condition et de la période que nous traversons. L’aristocratie n’a jamais suivi que ses propres règles et celles-ci changent souvent au gré de ceux qui la dirigent. Il lui faudra trouver des soutiens parmi les sangs-purs, chez les grandes familles et pas seulement celles de second plan. Il devra convaincre ses pairs de sa capacité à incarner cet héritage qu’ils défendent. Le progressisme s’entendra. Plusieurs sangs-purs se sont déjà faits à l’idée de devoir changer certaines de leurs traditions, trouver une nouvelle place dans la société. Mais il ne pourra jamais obtenir ce titre en promettant la ruine des nobles. S’il se fait ennemi de sa caste, celle-ci se rangera aux côtés de Drago et tu sais aussi bien que moi combien il est facile d’éliminer un opposant par les temps qui courent.
Le cynisme de ses propres phrases la font grimacer, mais Moira n’a plus assez d’énergie pour enrober ses propos. Son regard revient croiser celui de Severus. Elle demande :
- Connais-tu Uriel ? Je veux dire… L’as-tu fréquenté assez pour te faire une idée sur sa capacité à faire face à ce qui l’attend ? Penses-tu qu’il soit une réelle menace pour Drago et Narcissa ?


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