Caractère L'altruisme. C'est probablement la qualité qui se dessine le plus clairement chez Leland, depuis son plus jeune âge. Tourné vers sa famille, ses amis, ses proches, tous ceux et celles qui l'entourent, peu importe l'affinité qu'il partage avec eux.

On dit que charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. C'est là un principe dont Leland n'a visiblement pas connaissance. Il se fait toujours passer en second, troisième, quatrième... Bref, en bon dernier. Son bonheur passe par celui des autres et il ne peut pas se sentir heureux si ceux qui l'entourent ne le sont pas également.

Sa bonté ne s'accompagne pas de jugeote, ce qui fait de lui une victime idéale d'abus de toute nature. D'une profonde naïveté, Leland n'imagine pas que l'on puisse avoir de mauvaises intentions à son égard et tend à excuser toute forme de violence employée à son encontre. Il n'hésitera pas à venir en aide à la personne qui l'aura piétiné, incapable d'entretenir la moindre rancoeur.

Il n'y a qu'une seule personne en ce monde à qui il ne peut pas pardonner ses erreurs et c'est lui-même. Profondément anxieux et perfectionniste, Leland se croit responsable du bien-être de tout le monde, s'évertuant à faire de bonnes actions et à venir en aide à tout un chacun. Et si les choses tournent mal, il est immédiatement frappé par la culpabilité, une culpabilité étouffante et difficile à surmonter.

Autrefois un élève passionné et travailleur, il a conservé ce zèle dans son job actuel, exerçant son métier de bibliothécaire avec dévotion. Sa bibliothèque, c'est son antre, son refuge, son domaine, et il fait de son mieux pour que les élèves s'y sentent aussi bien que lui. A l'écoute des étudiants, souriant et encourageant, Leland se veut être une épaule sur laquelle se reposer, une oreille attentive à laquelle on se confie. Tout pour aider les élèves à surmonter leurs épreuves, peu importe leur nature.

S'il fait un ami d'une grande loyauté et d'une générosité sans pareille, il n'est pas toujours aisé de fréquenter Leland. En effet, il a du mal à comprendre qu'on puisse vouloir lui cacher des choses et il est constamment inquiet pour tout le monde. Terrifié à l'idée que ses amis et proches lui cachent de sombres pensées, il peut parfois se montrer un peu trop insistant, voire fouineur.

"Mère poule", Leland est toujours là pour ses amis, même lorsque ceux-ci ne le souhaitent pas forcément. Il lui est difficile de respecter cette limite, de leur laisser de l'espace, quand son anxiété le ronge et lui pousse à croire qu'ils pourraient souffrir ou pire encore s'il n'était pas assez là pour eux. Il tend aussi à être ainsi avec ses élèves, parfois à raison, parfois à tort.

En revanche, il tend à garder ses émotions pour lui, autant que faire se peut, par peur de prendre trop de place ou d'ennuyer ceux et celles qui l'entourent. Les quelques personnes qui ont pu assister à ses larmes ou entendre ses confessions sont rares et privilégiées. La plupart du temps, Leland affiche un sourire de façade, une expression faussement joyeuse et insouciante, celle d'un gamin dans un corps d'adulte. Mais la vérité est bien différente...

Histoire Quand on lui parle de Harry Potter, Leland n'est pas farouchement opposé au jeune homme, mais il ne lui manifeste pas un soutien aveugle. Généralement, il n'évoque même pas sa politique. Tout ce qu'il a à dire, c'est : "Quand est-ce que l'on autorisera Harry Potter à vivre sa vie ?".

Leland s'inquiète de la jeunesse du Ministère de la magie, mais pas pour les raisons qu'évoquent la plupart des gens. Est-il heureux ? Est-il soutenu ? A-t-il quelqu'un pour écouter ce qu'il a à dire ? Pour recueillir ses doutes ? Ses peines ? Ses souffrances ? N'est-il pas seul, sur son "trône", ployant sous des responsabilités qui n'auraient pas dû lui incomber ? Combien de temps avant qu'il ne craque ? Combien de temps avant qu'il ne s'égare ?

Leland en sait quelque chose. Il n'a jamais été l'Elu d'une quelconque prophétie ou destiné à vaincre un mage noir d'une puissance phénoménale, non, non. Mais il sait ce que cela fait, que d'être arraché de l'enfance bien trop tôt. Il sait ce que c'est, que de faire face au désespoir et de se sentir si seul face à l'adversité. Il sait ce que c'est. Et en garde encore les séquelles.

Né-moldu, Leland a grandi sans être conscient de son potentiel magique. Lui et son frère, d'une année son cadet, vivaient auprès de leurs parents, dans un appartement modeste de Londres. Ce n'était pas le grand luxe, mais cela leur convenait. Ils ne demandaient rien de plus que cette petite vie paisible, tous les quatre.

Mais Leland n'était pas comme les siens. Leland était un sorcier. Et, en tant que tel, il devait étudier à Poudlard, afin d'apprendre à contrôler sa magie. Pour le jeune garçon, ce fut d'abord un déchirement. Il s'était toujours imaginé partageant sa scolarité avec son frère, lui ouvrant la voie, l'aidant pour ses devoirs, complices de toujours. Mais les choses ne devaient pas se dérouler ainsi.

Leland s'était résigné à ce destin. C'était sans joie particulière qu'il avait été accompagné jusqu'au Chemin de Traverse pour faire ses achats. Là-bas, son intérêt pour le monde magique s'était éveillé. Entre les livres qu'il avait pu acheter, sa baguette et toutes les curiosités qui s'étaient présentées à lui, Leland n'avait pas pu qu'être extatique.

Promettant à son frère et à ses parents d'écrire très souvent, il avait pris le train en direction de Poudlard. Le choixpeau l'avait presque immédiatement réparti à Poufsouffle, soulignant toutefois son "courage" qui aurait pu également faire de lui un bon Gryffondor. Dans sa maison, Leland s'intégra avec facilité, sa gentillesse faisant de lui un précieux camarade.

Mais il n'avait pas que des amis. Sa naïveté lui valait d'être exploité, abusé, blessé. Pourtant, Leland ne se départissait pas de son sourire. Il continuait d'avancer, de travailler, jour après jour, quoi qu'il puisse arriver. Parce qu'il aimait cette école. Parce qu'il voulait obtenir un bon travail pour pouvoir offrir une meilleure situation à sa famille. Parce qu'il voulait être un bon élève.

Sa vie bascula l'année de ses quatorze ans. Une lettre lui était parvenue, une lettre lui annonçant le pire, une lettre qui allait mettre fin à son enfance et le précipiter dans les affres de la maturité, de la manière la plus douloureuse possible. Son frère... était mort. Il s'était suicidé, ne supportant pas les violences qu'il subissait au collège, ne trouvant pas d'autre issue à sa souffrance.

Il était mort... Et, durant tout ce temps, Leland n'avait jamais eu conscience de ce qu'il endurait. Il n'avait jamais su voir que, au travers de ses sourires, son frère agonisait. Qu'il avait désespérément besoin d'aide. Besoin de son grand frère. Il n'avait rien vu...

Tout avait explosé. Sa vie, sa famille, son bonheur... Quand Leland était revenu à l'école, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, ne trouvant pas les mots pour expliquer sa souffrance, errant telle une âme en peine dans les couloirs du collège. Et, si brusquement que cela en était effrayant, il avait retrouvé le sourire, recommencé à blaguer, redevenant l'adolescent d'autrefois. Comme si rien ne s'était passé...

Leland avait toujours aimé la bibliothèque de Poudlard. Il y trouvait un refuge et un réconfort quand il ne parvenait pas à se faire sa place dans le reste du monde. C'est ici aussi qu'il fut sauvé. Sauvé de son propre désespoir. De ses efforts incessants pour faire croire qu'il allait bien quand cela ne pouvait pas être plus faux...

C'était le bibliothécaire qui s'était alerté du comportement d'un de ses élèves préférés, qui l'avait vu basculer. Il l'avait trouvé en pleine nuit, dissimulé dans la Réserve, en proie à une profonde crise d'anxiété. Entouré de livres, Leland avait tenté d'y trouver du réconfort, mais les ténèbres n'avaient fait qu'accroître sa panique.

Patiemment, le bibliothécaire était resté à ses côtés, attendant qu'il daigne se confier. Et Leland avait parlé. Parlé de la mort de son frère. De la santé fragile de sa mère, qui s'était aggravée après les nouvelles. De son père qui ne savait pas gérer son deuil et reportait la faute sur Leland, pour pouvoir se décharger de son propre sentiment de culpabilité. De cette sensation écrasante qu'il aurait dû et pu faire quelque chose...

Parler lui avait fait du bien. Etre écouté lui avait été encore plus bénéfique. Peu à peu, Leland avait accepté sa tristesse, ses regrets, et il avait commencé à aller de l'avant, réellement. Chaque retour à la maison lui était difficile, aussi bien parce qu'il voyait la santé de sa mère se détériorer que parce qu'il devait supporter les paroles venimeuses et les coups de son père. Mais Poudlard l'aidait à garder espoir. A rester fort.

Quand le bibliothécaire lui avait évoqué son prochain départ à la retraite, alors que Leland allait sur ses dix-sept ans, le jeune homme avait été dévasté. Poudlard sans son bibliothécaire, ce n'était plus vraiment Poudlard. Qui serait là pour conseiller les élèves sur leurs livres ? Les écouter ? Etre là quand ils en avaient le plus besoin ?

Toi, avait suggéré le bibliothécaire. Et Leland, qui cherchait encore sa voie, avait finalement su ce qu'il devait faire. Où trouver sa place. Quand le bibliothécaire prit sa retraite, en 1992, Leland, qui allait sur ses vingt ans, prit sa suite. Et se sentit au sein de ce lieu comme un poisson dans l'eau.

Oh, la première année fut difficile. La chambre des secrets avait été ouverte. En tant que né-moldu, Leland ne pouvait se sentir en sécurité à Poudlard. Mais il n'avait jamais perdu espoir et avait foi en Dumbledore pour régler les choses. Sauf que le directeur ne fut pas à l'origine de la fin heureuse que cette année connut. Non. Ce fut un garçon de douze ans, beaucoup trop jeune pour risquer la mort dans la Chambre des Secrets. Harry Potter, le Survivant.

Le sort du garçon ne cessa de l'inquiéter. L'adolescent ne semblait jamais avoir le loisir de vivre sa vie de jeune, toujours confronté au danger, aux épreuves, au pire. Mais Leland ne savait comment aborder les choses, en particulier quand il avait tant d'autres élèves à s'occuper, son travail à accomplir et ses parents, dont il prenait soin tant bien que mal. Dumbledore semblait savoir ce qu'il faisait et il n'y avait aucune raison de mettre en doute le jugement du vénérable sorcier, n'est-ce pas ?

Les années de bibliothécaire de Leland furent particulièrement mouvementées, mais aucune ne fut aussi déchirante pour lui que l'année 1997. Après la mort de Dumbledore, le monde de la magie tomba sous l'égide de Voldemort. Et les nés-moldus comme lui n'y avaient pas leur place. Il avait dû se résoudre à quitter Poudlard, à fuir, à rejoindre la Résistance pour aider comme il le pouvait. Il n'était pas un guerrier ou un soldat, mais il était volontaire et désireux de rendre service.

Il avait distribué les premiers soins, déniché des ouvrages pour trouver des sortilèges et potions utiles à leur combat... Tout ce qu'il pouvait faire pour être utile à la cause. Au péril de sa vie, il était venu en aide aux autres. Il avait pris part à la Bataille de Poudlard, manquant d'y trouver la mort. Il n'avait été sauvé que par une chance pure et folle, celle d'être dissimulé par des débris qui lui étaient tombés dessus, lui brisant les membres, mais le faisant croire décédé à son opposant.

Aujourd'hui encore, Leland est hanté par cette bataille, par ce qu'il y a vu, par les horreurs auxquels il a assisté. Et, plus encore, par le fait que ces enfants, ces adolescents s'y soient battus, y aient trouvé la mort. La vie ne devait pas être ainsi faite. Aucun enfant ne devrait avoir à vivre cette expérience. Aucun.

Quand l'école avait rouverte, il avait repris son poste, après avoir participé à la reconstruction. La bibliothèque avait été endommagée par la bataille, mais avec beaucoup de volonté et de courage, aidé par le personnel du collège, il l'avait restaurée à sa splendeur d'antan. Un nouveau départ. Une nouvelle vie.

Le monde avait changé. Un monde dans lequel Harry Potter, revenu d'entre les morts, était toujours un Symbole avant d'être humain aux yeux de la populace. Si jeune, déjà Ministre. Un tel poids sur des épaules qui avaient déjà tant supporté... Pour Leland, c'était fou. Irresponsable. Après tout ce qui s'était passé, Mr Potter et les siens auraient dû pouvoir commencer une vie ordinaire, sans avoir à se préoccuper de l'avenir du monde sorcier. Mais les choses ne se déroulaient pas ainsi. Et cela désolait Leland.

Alors, dans sa modeste bibliothèque, Leland s'efforce d'être à l'écoute. D'apporter un peu de bonheur aux élèves, aux professeurs, aux membres du personnel. D'être une lumière rassurante dans un avenir qui s'annonce sombre. Une flamme fragile, menaçant de s'éteindre à tout instant, car si Leland tente d'être là pour tout le monde, il semblerait que personne ne soit là pour lui... Et surtout pas lui-même.