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Une nuit à dire toutes les vérités [Nasiya]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Invité

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Invité
Dim 28 Juin - 22:54
Une nuit à dire
toutes les vérités
03 Avril 2004

Quelle est belle, la ville de Porto. Et comme elle t’emplit de nostalgie. Tu te revois encore, bien plus jeune, bien plus naïve, au bras de ton fiancé à arpenter les rues sous les rayons de soleil brûlants. Tu te souviens comme si c’était hier de la joie que t’avais procuré ce voyage. Parce que tu avais pu reparler portugais, quelque chose que tu n’avais plus vraiment eu l’occasion de faire depuis ton départ du Brésil. Mais surtout parce que tu as eu la chance de rencontrer ton ami, Nasiya, à nouveau. Enfin, ami était un bien grand mot pour le définir à l’époque. Il l’est devenu, avec le temps, c’est certain. Vous n’étiez encore que des connaissances, tout au plus des potes, il y a quelques années. Des années qui te semblent si lointaine alors qu’elles ne le sont pas tant que ça. C’était il y a deux ans et demi. Ou bien trois ans, tu n’es plus réellement certaine. C’était quand tout était encore magnifique dans ta vie. Quand tout était rose et joyeux. Quand tes lèvres s’étiraient volontier en un sourire si doux et si sincère que l’on aurait pu te prendre pour un ange peut-être. Tu as été trop heureuse trop longtemps sans doute. Et voilà que la roue du destin a tourné sans que tu n’en mérites le cadeau tragique qu’elle t’a apporté.

Mais aujourd’hui, tu n’es pas là, dans cette ville étrangère, pour te remémorer de si sombres souvenirs. Non. Tu es là parce que Nasiya te l’a proposé. Parce que partir tous les deux pour un week-end est devenu une habitude. Ce n’est pas souvent. Mais assez tout de même pour avoir pu en prendre l’habitude depuis les deux années que tu as passé dans ce Londres sorcier. Vous n’alliez pas bien loin, au début. Essentiellement dans le Royaume-Uni. Cardiff, Belfast, Glasgow et autre Plymouth. Des villes que tu as pris plaisir à découvrir, toi qui connaissait peu le pays. Ce qui, il faut bien l’admettre, est tout de même un comble pour une personne ayant été mariée avec un britannique. Tu as toujours été une férue de voyage. Aussi, tu n’as pas hésité une seconde la première fois où il t’a proposé de l’accompagner autre part. Plus loin que Londres. Quitter la capitale pour quelques jours ne pouvait t’apporter que du bien à cette époque. Peut-être l’a-t-il compris. Peut-être pas. Toujours est-il que tu lui est reconnaissante. S’il ne t’avait pas trimballer à droite à gauche de temps à autre, tu serais probablement restée dans un stade de profonde dépression pendant bien plus longtemps que tu ne l’as vraiment été. Pas que cette fichue maladie soit encore totalement derrière toi cela dit.

Si Léonard Slughorn n’a, semblerait-il, aucun problème à te laisser garder son énorme chat, la réciproque n’est pas vraie quant à ton oiseau. Non, non. Cela n’est jamais arrivé et cela n’arrivera jamais. Il pourrait délibérément oublier de nourrir la pauvre Noctis. Ou, pire encore, laisser ce gros Serge la croquer toute crue. Parce qu’il est loin d’être fan de ton mainate, ton colocataire. Tu ne le comprends absolument pas mais soit. Alors tu l’as amenée avec toi pour le week-end. Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de voir du pays elle aussi ? Elle ne te quitte jamais vraiment en terre inconnue. Toujours sur ton épaule. Ou bien sur ta tête, comme en ce moment même. Si son plumage n’était pas si brillant, on pourrait presque le confondre avec ta chevelure tant elle est foncée. Elle piaille, réclame. Et tu sais ce qu’elle veut. « Je sais, je sais. Espèce de morfale. » Lances-tu à l’oiseau. C’est sur ta cuisse qu’elle vient désormais se poser alors que tu sors un sachet de graines pour oiseaux de ton sac. Tu en verses quelques unes dans ta main et la laisse picorer goulument alors que ton attention se reporte sur l’homme qui te fait face.

Assis en terrasse d’un bar tout à fait charmant, Nasiya et toi avait décidé de boire un verre quand le soleil tombait sur Porto. Et vous y voilà donc. Chacun ayant votre propre breuvage en face de vous. Du vin pour toi, bien évidemment. Comment passer dans cette ville si iconique sans en déguster le nectar qui porte son nom ? Impossible. Tout bonnement impossible pour l’amatrice que tu peux être. « Tu veux goûter ? Il est très bon. J’en suis presque surprise qu’il s’agisse d’une boisson moldue. » Proposes-tu en tendant ton verre à ton acolyte. La température est étonnamment bonne pour un début d’Avril. Et pourtant, tu supportes le châle qui trône sur tes épaules. Jusqu’ici, vous n’avez échanger que des banalités. Des fioritures. Des petites altercations que tu as pu avoir avec certains clients par exemple. Rien de foncièrement intéressant. Tu sais exactement pourquoi. Il s’est fiancé avec ton ami vaudou. Tu n’as aucun problème avec leur relation. Tu te moques bien qu’ils soient ensemble. Peut-être même qu’au contraire, tu es heureuse pour eux. Tu les aimes tous deux profondément. Ils ont connu Uagadou. Ils ont connu Ayodeji. Ils viennent du même continent que toi. Vous avez beaucoup en commun. Ce qui ne passe pas c’est toute la partie fiançailles. C’est absurde. Totalement ridicule. Les Lwas ont été témoins du fiasco qu’a été ton propre mariage. C’est que tu ne tiens plus vraiment cette institution dans ton coeur désormais. Loin de là. Ils font une bêtise. Ils vont en faire une. Et pourtant, tu n’as pas le droit de dire quoi que ce soit. Ce n’est pas ta vie. Qui es-tu pour juger ? Personne. Néanmoins, tu le fais intérieurement.
(c) DΛNDELION


935 mots

Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
hiboux : 467
pictures : Une nuit à dire toutes les vérités [Nasiya] Ed8b52550214f71a86510011cbe0e9df5a75f2c2
Lun 13 Juil - 12:02

Une nuit à dire toutes les vérités

Souvenirs s'entremêlent aux jugements



Fiancés. Unis. Son coeur, son corps et son âme sont miens, comme tout mon être est sien. Cette danse qui nous a liés apparaît chaque nuit dans mes heures endormies, depuis ce soir du Carnaval. Ce n’était toujours que la perspective de Josiah, et la frustration m’étreint avec force de n’avoir pas réussi à me souvenir de ce plus beau moment de nos vies. Seulement, à présent, je me force à quelques heures de sommeil, le plus possible, pour rire incessamment ce souvenir. Une heure cette nuit-à, deux le lendemain, et toujours au réveil le coeur battant trop fort, l’âme trop émue. Il couche près de moi, évidement, son corps se soulevant au rythme de ses respirations apaisées. Mes doigts trouvent son crâne, masse sa peau, effleure son torse alors que je l’observe veiller ainsi.

Ces moments au lit, plongés dans la pénombre, sont parmi les seuls que nous arrivons à nous accorder, depuis le Carnaval. L’agitation est folle, à la boutique, et le tiroir de commandes ne désemplit pas. Mes potions prêtes à consommer partent vite, mais ce sont surtout les commandes spéciales qui explosent. Attisés par la magie singulière que j’ai offerte et mise en scène, ce samedi de février, nombre de nouveaux clients souhaitent expérimenter l’univers dans leurs rêves. Noah et moi enchaînons les après-midis à mélanger ça et là nouvelles mixtures, plus débordés que jamais. À ce rythme, il nous faudra embaucher un assistant, et l’idée me répugne. Ô Marchand’Sable, c’est mon cocon, où seules quelques âmes privilégiées peuvent évoluer. Accueillir un inconnu, tout aussi talentueux soit-il… Il le faudra bien, toutefois, si je veux pouvoir profiter du rythme de ma vie. Je n’ai pas pu toucher aux drogues mexicaines, depuis notre retour, et je n’ai à peine avancé sur le projet avec Djouqed.

- C’est une horreur, je n’ai plus une seconde à moi, je souffle avec désespoir à Nia, adossée au comptoir.

Elle est passée faire la bise, café du Petit Ogre en main, et s’est trouvée triste oreille à subir toutes mes récriminations. Depuis l’arrière-salle, Noah rouspète tout haut, et je lève les yeux au ciel. Si même mon ami perdait son calme légendaire ! Le sourire de Nia, vieille amie de temps révolus, parvient toutefois à apaiser quelque peu ma mauvaise humeur. Elle ne dit mot, se complaît dans son rôle de victime écoutant mes âneries.

- On devrait faire un break, je clame.

Sur ces mots, Noah ouvre grand le voile de l’arrière-salle, regard noir :

- Je devrais faire un break, tu viens de de partir deux semaines à l’autre bout du monde, Nasiya.

Je gronde, me tournant vers Nia, cherchant aussitôt à me justifier :

- Je suis parti mi-janvier. Ça fait deux mois ! On est pas partis tous les deux, je fais un signe vers la jeune femme, depuis une décennie. Au moins.

Ses prunelles colériques ne me quittent pas toutefois, alors qu’il grogne :

- Ne mets pas Nia au milieu de ça. Tu ne peux pas partir maintenant. Attends un peu.

Alors, évidemment, j’ai attendu. Une semaine. Puis quelque jours encore. Et, un vendredi soir d’Avril, vieille chaussure difforme en mains, sac de voyage sur le dos, tente magique fourrée dedans, je frappe à la porte de l’appartement de miss Babajaro, sourire étincelant au visage. J’ai laissé un mot sur le comptoir, pour Noah, prends ton weekend, on ferme, et sur le lit, pour Aimé, weekend avec Nia, m’oublie pas. Alors, hasta luego, pays anglais – nous partons. Elle me suit, évidemment. Son enthousiasme grandit toujours un peu plus, à chaque fois que je le lui demande. Les premières fois, Nia était noire de malheur, une ombre d’elle-même qui m’avait aplati le coeur. C’est une femme trop pétillante, une amie trop sincère, pour que je ne puisse la laisser s’oublier dans ses déprimes. J’avais pris sa main, alors, d’autorité peut-être, justifiant mes envies voyageuses par ma vie sédentaire sur Londres, depuis trop de temps déjà. Nous n’allions pas loin, les moyens nous échappant, le temps aussi surtout. Mais nous partions, et ces journées de voguette relevaient quelque peu les lèvres de Nia, me rappelant les temps passés. Des sourires comme ceux-là valaient bien les grimaces de Noah, abandonné au travail.

Aujourd’hui, toutefois, la visite serait d’autant plus spéciale. Le portoloin entre mes mains, où nos deux doigts se sont posés, attendant l’hameçon déglinguant qui vient saisir les estomacs pour nous basculer dans un autre espace, est un portoloin menant à l’étranger. Fini, de visiter Bath, Cardiff, ou toutes ces villes trop britanniques. Le soleil de Oaxaca me manque déjà, c’est un air chaud, un air doux, qu’il nous faut retrouver. Porto. La destination est une évidence, après tout. C’est là que nous nous sommes retrouvées, des années après Ouagadou, loin du regard lourd de son frère aîné sur elle, bien plus libre que jamais. Elle était là, au coeur du Porto sorcier, et ma main s’était figée dans celle de Marco. Elle était au bras d’un homme, petite fille bien grandie, et son sourire pétillait comme jamais je ne l’avais vu étinceler. Était-ce l’homme à ses côtés, qui la rendait aussi ? Marco peignait-il un air aussi heureux sur mes traits ? L’évidence était là, la réponse à la question qui me taraudait depuis mon retour à Porto, il y a deux mois, tombant claire et nette : non, évidemment.

J’ai un bras autour des épaules de Nia, quand on déambule dans les rues de Porto, éblouis par la lumière du soleil couchant sur les maisons resplendissantes de couleur. J’inspire profondément, plus apaisé que jamais. Porto est toujours aussi douce. La mer, où nous avons passé la matinée, fait toujours trembler mon corps de bonheur ; le bruit des vagues, les éclaboussures d’eau sur mes pieds, mes mains noires dans cette eau limpide. La mer, aussi, qui m’a permis d’oublier l’étrange silence de Nia, depuis la veille. Oh, elle n’est pas muette, non, mais d’un manque de naturel qui me fait froncer les sourcils, malgré cet air décontracté. Des histoires sans prétentions sont racontées, des anecdotes de boulot, ça et là, et si les premières heures de voyage sont toujours faites de ces moments de discussion plutôt décharge des ressentiments de travail, celles qui suivent sont d’ordinaire plus endiablées, plus personnelles. Ses mots restent neutres, pourtant, et ma main finit par glisser de ses épaules, plongeant dans les poches de mon pantalon lâche. Elle nous guide vers un bar dont elle avait l’habitude, et je songe alors à la possible bêtise de mon choix de venir à Porto. Évidemment, la ville s’associe autant au passé pour elle que pour moi. Ça me semblait une bonne idée, pourtant, de renouer ensemble dans cette ville des premières amitiés fortes. L’ombre de son époux pèse-t-elle vraiment, à chaque détour de cette ville ?

Elle est assise face à moi, perdue dans ses pensées, nourrissant distraitement le piaf sur son crâne. J’ai un rictus à m’imaginer trimballer Ilanga partout – si cette bestiole s’est faufilée dans mon atelier, et s’est trouvée une place dans mon quotidien, elle n’a ni collier, ni place distincte dans ma vie. L’amener jusqu’à Porto, vivre toute ma vie à mes côtés ? Décidemment, Nia est bien plus différente de moi que je ne me l’imagine. Peut-être me complaisais-je, aussi, à croire que nous étions forcément pareil, forcément animé par les mêmes choses, parce que cela me plaisait d’avoir vraiment un semblable. Je soupire, et songe à ces fonds économisés, pour l’échappée belle avec Hekate. Il faudra que j’y plonge une main gourmande, pour un portoloin sans fin pour Knysna. Il est temps, je crois, d’y retrouver ceux qui sont vraiment les miens. Umama pleurera-t-elle ? Sûrement. Son fils à la bague au doigt, maintenant, après tout. Un miracle, je l’entends crier jusqu’ici. Un miracle, oui.

Deux verres apparaissent sous vos yeux, la main habile du serveur les déposant sans bruit et mouvements superflus. Il vous adresse un sourire, il a les yeux qui pétillent, le regard qui traîne quelque secondes de trop, mais mes prunelles retrouvent déjà celles de Nia, trop sages.

- Santé, ma belle.

On trinque, son porto cognant contre mon cocktail à base de ginja, et mes lèvres viennent tremper dans la liqueur de cerise. Quel délice, vraiment. La légère acidité, le sucre qui tape le gosier, l’alcool qui réchauffe les joues : Marco ne finissait pas une journée sans un verre de cette liqueur, ses lèvres venant me la faire goûter chaque soir un peu plus. Je lâche un soupir, et relève les yeux vers Nia, qui me tend son verre. Je hoche la tête, petit sourire aux lèvres, et viens goûter son porto. M’humectant les lèvres, je repose la boisson devant elle, songeur :

- J’aurais dû goûter avant, ça ne répond pas bien à la liqueur. Tu devrais goûter, quand tu auras fini ton verre, je rajoute, reprenant ma boisson entre mes doigts, jouant distraitement avec le rebord du verre.

Mon regard pèse toujours sur Nia, détaillant la légère crispation dans son corps, et le souvenir de son étrangeté, toute la journée, me revient d’autant plus fort. Mes doigts se resserrent sur le verre alors que j’évalue les possibilités, hésitant sur la marche à suivre. Je ne pourrais pas passer une douce soirée si ces non-dits continuent de peser, ou si Nia n’arrive pas à être tout à fait relaxée. Je ne suis pas connu non plus pour ma délicatesse, et Dieu sait que ma langue sait davantage tourner dans la bouche des autres que sept fois dans la mienne.


- Je pensais que ça nous ferait du bien, de venir à Porto. La dernière fois que je suis venu ici, ma vie était dans tous les sens, n’avait aucun sens. Et la tienne… Je penche la tête, reprenant une gorgée de liqueur. Tu as été lointaine, toute la journée. C’est si dur que cela, de revenir ici ?

@Nia Babajaro 1626 mots
Awful

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Jeu 10 Sep - 4:05
Une nuit à dire
toutes les vérités
03 Avril 2004

L’air marin caresse ton doux visage. La brise est fraîche mais si agréable. Elle te rappelle les longues balades nocturnes que Luke et toi aviez l’habitude de faire. Là, dans les ruelles de la ville invaincue. Plus souvent encore, sur les quais du port. Main dans la main ou bien bras dessus, bras dessous, vous étiez beau. Et tu étais heureuse. Oh comme cette époque semble lointaine. Tu ne saurais même pas dire si elle te manque ou non. Nostalgique ? Peut-être oui. Une partie de toi aurait aimé ne jamais rien savoir de ses infidélités. Tu serais restée joyeuse, radieuse. Surtout, tu aurais gardé ton petit. A contrario, il y a bien des choses que tu n’aurais jamais connu. Bien des personnes que tu n’aurais pas eu le plaisir de côtoyer. Tu n’aurais sans doute jamais rencontré Rhys, ou bien Luke ne l’aurait pas laissé s’approcher de toi. Trop jaloux pour autorisé un homme aussi tactile que le gallois à être aussi proche de sa femme. Tu n’aurais pas renoué avec Josiah et Nasiya. Et tu ne serais probablement jamais devenue très proche de Léonard. Il y a du bon dans ton malheur finalement. Du bon que tu refuses désespérément de voir. Du bon que tu troquerais volontiers en l’échange de la seule personne qui te manque. Ton fils.

Noctis picore goulûment les quelques graines que tu lui donnes. Puis, elle s’envole de ta cuisse pour se caler sur ton épaule. Elle ne fait que cela de ses journées, se percher sur une nouvelle partie de ton corps. Elle ne tient pas vraiment en place. Un peu comme toi finalement.Tu as tellement pris l’habitude que tu anticipes aisément ses mouvements. Aussi n’es-tu pas surpris de sentir son plumage le long de ta nuque. D’une main, tu caresses le dessous de sa tête. De l’autre, tu fais tourner ton vin. « Saúde ! » Ton verre tinte contre le sien. Aussi rapidement que le breuvage qui vient couler le long de ta gorge. Habitude qui ne te lâche pas, commander un Porto dans ce bar spécifiquement à chaque visite de la ville. C’est avec Luke qui tu y as goûté la première fois. Décidément, il hante tes pensées et tous les recoins de cette ville portugaise. Tu n’y as pas vraiment pensé sur le coup. Et maintenant que c’est le cas, tu sens ton pauvre se serrer en un douloureux pincement. Fidèle à toi-même, tu n’affiches rien sur ton visage. Tu fais semblant. Prétends que tout va bien quand ce n’est peut-être pas le cas. C’est probablement pour te cacher dans un sens que tu lui offres de goûter ta boisson. Attirer son attention sur autre chose que ta personne, en voilà une bonne idée. « Tu as tout le week-end pour y goûter à nouveau et en savourer les arômes, ne t’en fais pas. » Réponds-tu, étirant tes lippes en un léger sourire.

À nouveau, tes lèvres s’humectent du liquide enivrant qu’est le vin. Un silence de plomb règne pendant quelques secondes. Peut-être plusieurs minutes. Tu as toujours eu une très mauvaise notion du temps. Ton regard est porté sur les bateaux amarrés au port. Sur les marins qui s’affaire tu ne sais quoi. Sans doute captent-ils ton attention avec tant d'aisance à cause de la tension que tu as instauré entre ton ami et toi. Tu as prévu de prendre sur toi, de ne rien dire, rien critiquer et surtout d’essayer d’être heureuse pour eux. Mais par Erzulie que c’est difficile. Tu n’as aucune envie de les voir se détruire dans le mariage. Une alliance ce n’est rien d’autre qu’une paire de menotte dissimulée, tu as déjà donné. Merci mais non merci. La voix de Nasiya s’élève et t’arrache à tes pensées. Tes épaules se haussent et un soupire s’échappe d’entre tes lèvres. « Ma vie était parfaite à cette époque. » Rétorques-tu. Est-ce que tu y retournerais seulement si tu en avais la possibilité ? Tu n’en sais rien. En sachant tout ce que tu sais aujourd’hui, peut-être pas. Mais avec une mémoire restaurée, sans doute. « Ce n’est pas simple, c’est sûr. Elle est partout, l’ombre de Luke. Ici surtout. À chaque voyage dans la ville on s’arrêtait boire un verre dans ce bar, en regardant les marins rentrer le soir. Toujours la même chose, la même routine. » Ajoutes-tu alors, pensive à nouveau et faisant tournoyer ton verre entre tes doigts délicats.

Là, sur la place juste devant, vous aviez dansé pendant des heures. Il n’était pas très bon. Et toi tu n’aimais pas vraiment ça. Mais il y avait un petit concert de rue improvisé. Luke avait insisté. Le moment fût beau. Le souvenir que tu en gardes est triste. Si tu avais fait plus attention, tu aurais remarqué tous ces regards échangés entre ton mari et la chanteuse du groupe. Elle était là, la raison qui l’avait poussé à vouloir se déhancher tant de temps. Quand tu es rentrée à l’hôtel ce soir là, il ne t’a pas suivi. Prétextant vouloir marcher un peu le long des quais, il a rejoint cette portugaise sans que jamais tu ne te doutes de rien. Jamais jusqu’à aujourd’hui. C’est triste toute cette naïveté dont tu as bien pu faire preuve. C’est affligeant même. Ton regard plonge enfin dans celui de ton compagnon de voyage. « Mais ce n’est pas pour ça que j’ai été lointaine. Ça n’a rien à voir. D’ailleurs ce n’est même pas vraiment important. Oublions ça. » Tes lèvres se pincent. Tu en as trop dit. Ou bien pas assez. Dans tous les cas, tu n’as aucunement envie de continuer cette conversation qui ne mènera nul part si ce n’est à la dispute et à la déception. Tu as d’autres démons à combattre plutôt que de te chicaner avec Nasiya. Le pauvre ne mérite pas ça. Tu es une bien piètre amie. Des jugements, tu ne devrais pas en avoir. Ce n’est pas ton couple. Et pourtant c’est plus fort que toi. C’est qu’elle est terrible cette sensation. Tu préfères cents fois te plonger dans un mutisme inhabituel pour la grande pipelette que tu es plutôt que d’avouer ce que tu penses réellement de cette histoire.
(c) DΛNDELION


1031 mots

Nasiya Abasinde

Nasiya Abasinde
Et j'ai crié, crié !
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Lun 21 Sep - 23:14

Une nuit à dire toutes les vérités

Souvenirs s'entremêlent aux jugements



La liqueur de cerise tape au fond de ma gorge tout en étant douce sur mon palais : étrange mélange dont je me repais en silence. Les doigts serrés autour du verre, je mélange distraitement le reste d'alcool au fond du récipient d'un geste leste. Mes yeux ne quittent pas Nia, cherchant sur son visage la réponse à mes interrogations. Elle ne me dévoile rien, pourtant, si ce n'est une certaine lassitude, ou un esprit ailleurs, perdu peut-être dans les longueurs bleues. Ça ne va pas fort, donc. Ça me déplaît de la voir ainsi, comme il m'insupporte toujours de voir ceux qui comptent pour moi dans cet état là. Ma grimace est parlante, d'autant plus expressive quand elle décrit sa vie d'ici comme parfaite.

Il y a, au fond de sa voix, bien trop de doutes pour que le mot ne me paraisse crédible. Parfaite, vraiment ? Avec cet époux particulier ? Un anglais, déjà, quelle idée. Oh, elle avait l'air heureuse, ma petite Nia, bien grandie, sans aucun doute, le corps serré contre son mari, dont les yeux pourtant furetaient loin de sa figure agile. Je n'avais rien dit, évidemment : premier, déjà, à concevoir les relations ouvertes, à ne pas être de ceux qui se tendent quand deux amants se tournent vers un autre, mais surtout parce que cela ne me regardait pas, et m'indifférait hautement. J'avais plus pressant, avec Marco qui grondait quand mes mains s'aventuraient trop loin de lui. Aujourd'hui, toutefois, la donne est différente : parce que Nia ne brille plus, plus comme avant, et parce que les bribes collectées, sur la fin de cet éclat de lumière, reporte encore et toujours son mari en plein centre. Ce mari, qu'elle associait à Porto, à une vie parfaite : et la chose me dépassait.

Elle n'a pas l'air de vouloir s'étendre dessus, toutefois. Elle me raconte simplement sa routine, ses habitudes amoureuses, le verre bu ici à observer les marins, et je reprends une gorgée d'alcool en silence. Il n'y a rien tant qui ne m'effraie autant que la routine. Je l'avais longuement imaginée de même, portée peut-être par ce sang extatique qui pulse en nous et qui n'aime rien tant que l'instant présent, la pulsation toujours différente liée à chaque nouvel événement de vie. Voir ce frisson répété, à l'identique, parce que le même moment de vie était vécu... Non, ce n'est pas une vie parfaite à mes yeux, que cela. La douceur dans ma vie, ces derniers temps, semble toutefois apaiser ma promptitude à juger, car c'est la seule constatation que je me fais, à l'instant. Nous n'aimons pas la même chose, soit. Elle se gâche la vie, à baigner dans la nostalgie des moments passés, soit aussi. Je n'en dirai rien, embrassant plutôt le silence alors qu'elle reporte son attention sur moi, revenue de son échappée belle dans ses souvenirs.

Mes sourcils se haussent, seulement, à l'entente de ses mots. Oublions ça, qu'elle me dit. Ma langue claque et je redresse le torse, pour me pencher vers elle. Mes jambes s'étirent et se croisent, tout dans ma position criant le désaccord.

- - Comment ça, on oublie ça ? Depuis quand ça marche avec moi, ça, Nia ? On s'emmerde pas de paraître ou de retenue entre nous, tu le sais bien, pourtant, je gronde en laissant mes doigts pianoter entre nous.

Il y a quelque chose qui la gêne, quelque chose qui n’est pas du fait de Luke, de cet anglais mort et enterré, quelque chose qui nous lie, là, qui lui trotte en tête. Le boulot ? D’une tristesse. Londres ? Nous en étions loin ? Moi ? Que faisait-elle ici, en ma compagnie, si c’était le cas ? Mes yeux cherchent les siens, embêtés. Distraitement, mes mains glissent vers ma poche, attrapant mes feuilles, mon tabac et mon zippo, pour rouler ma cigarette en quelques gestes. Elle est allumée en deux temps trois mouvements, et je tire dessus, regard toujours posé sur elle.

- C’est quoi, alors, le souci ? On est à deux doigts de l'océan, plein de la douceur du Sud européen, à profiter d’un alcool délicieux, à revivre nos escapades à deux, on est loin des emmerdes anglaises, on est plongés dans le chaud, regarde même, là-bas, sur la droite quão quente, regarde comme il est beau, ça ne rend pas heureux d’être ici, ça ?

Mes yeux dévorent déjà le brun du regard, un sourire taquin fleurissant sur les lèvres. Il a les lèvres pulpeuses, le nez trop droit, mais les mains fermes, les fesses toutes aussi appétissantes, et cet éclat dans les yeux. Il danse, sur la place, et il sait y faire, c’est le charme latin, cela, tellement plus appréciable que le saxon. Un rire m’échappe en le voyant faire un clin d'œil, alors que la fumée de ma cigarette s’enroule autour de Nia et moi.

- Regarde le, comme il nous fait de l'œil. Tu devrais y aller, être celle qui danse sur cette place, en reine incontestée. Ils tomberaient tous à tes pieds, je moque gentiment, sur un regard en coin.

Ma roulée se consume presque d’elle-même, alors que j’apprécie distraitement le spectacle dansant qui nous fait face. Cela ne peut que nous renvoyer, encore, à cette première soirée où je l’ai croisée à Porto, hallucinant de revoir dans ces rues portugaises une figure connue, sortie tout droit des souvenirs d’école. Je l’avais tout de suite trouvée belle, sublimée plus encore par son teint de bonheur qu’elle portait si bien. Le blanc, à ses côtés, qui cherchait à la faire danser, qui ternissait son éclat de ses deux pieds gauches. Ce n'était pas le premier soir qu’ils venaient là, car l’homme était des plus familiers avec le groupe, prenait même la danseuse à l’épaule, et je n’en avais rien pensé de particulier. La seule chose qui m’avait obsédé, c’est qu’il ait été le seul à faire danser cette femme noire au plein coeur de Porto, portés par des mélodies rythmées telles que celles qui nous enflammaient ce soir ; c’était intolérable. Alors j’avais pris sa main, laissant Marco avec Luke, l’espace d’une chanson, pour enflammer un peu son sang de danseuse qu’elle s’acharnait à oublier. Ça avait été bref, mais ma danse avait réveillé ma magie, et tout dans mes mouvements n’avait pu que lui faire comprendre combien j’étais heureux de la retrouver là, heureux de la faire danser, elle, la petite Nia.

- Tu te souviens, quand on a dansé là ? Je t’ai volée quelques minutes à ton anglais, pour t’apprendre le bonheur d’une vraie danse. Mon regard retrouve le sien, et je lâche dans un sourire : à défaut d’aller tâter du portugais, tu m’en accorderas bien une, de danse ? Ça te viderait la tête, et peut-être que tu serais plus honnête avec moi, après avoir été emportée dans un tango endiablé.

Ma cigarette tombe dans le cendrier, écrasée, alors que je lui tends la main, sourcil haussé.

- Sinon, on ne danse pas, et tu me dis sans détour ce qui te fronce les sourcils. Je n’ai jamais autant parlé sans que tu n’en places une, Nia, c’est très grave.

@Nia Babajaro 1164 mots
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