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Quand nous visite l’astre d’en haut ft. Theodore Nott
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
hiboux : 194
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Jeu 25 Juin - 1:46


quand nous visite l’astre d’en haut

grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu,
quand nous visite l’astre d’en haut,
pour illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres
et l’ombre de la mort,
pour conduire nos pas
au chemin de la paix
Luc 1:68–79

@Theodore Nott

◊ ◊ ◊



Quand la porte avait claqué derrière la silhouette fine de l’héritier Malefoy, ses talons martelant le sol, Daphné était longuement restée immobile, les bras ballants, les yeux figés sur les écailles dans le bois crème de son entrée. Elle était restée droite, le coeur saignant, l’esprit malmené par cet étrange instant. De tous ceux avec qui elle aurait souhaité renouer contact, des Terres de feu, Drago était de loin le dernier. Elle s’abandonna, un soupir lui secouant les côtes, sur le fauteuil à l’angle de la pièce. Pandora n’avait pas encore répondu à son courrier empressé – peut-être était-elle occupée, oui, tous l’étaient, tous continuaient leur vie. Elle seule restait figée sur un même moment d’horreur, tournant en boucle dans son esprit, l’empêchant de créer, de renouer ses amitiés. Cela devait cesser. Le pasteur lui avait murmuré ces mots, à l’office, la semaine passée. Cela devait cesser.

Presque inconsciemment, ses pas la guidèrent jusqu’à son bureau de bois, où parchemin de noble facture, et plumes d’aigle royal, attendaient de pouvoir remplir leur fonction. D’un geste sûr, elle saisit l’une d’elles, la trempa soigneusement dans son encre verte, et les mots se délièrent avec facilité. Mensonges – elle raya l’ensemble, grimaçant, et froissa le parchemin au creux de son poing. C’était niais, comme courrier, c’était absurde. Il méritait mieux que cela.

Évidemment, c’était Theodore qu’elle contactait en premier.

Elle se l’était dit, après tout, quelques heures plus tôt – il faudrait qu’elle le contacte, elle, car jamais son confident ne serait celui qui reprendra la plume. Non, c’était à elle de tendre la main, une fois encore, espérant cette fois ne pas subir le même outrage. Elle espérait que le temps avait su calmer sa colère, qu’elle ne comprenait toujours pas. Elle espérait que son courrier, enfin rédigé, ne trouverait pas destin funèbre au creux de son âtre.

Les mots, enfin, lui vinrent. Formules furent réfléchies, pardons furent soupesés, et la sincérité bien vite dégoulina de chaque phrase. Le Seigneur semblait guider son âme, ce soir, l'encourageant à la bienveillance, à l'ouverture. La lune pointait déjà, quand la plume cessa de gratter.

...

Cher Théodore,

Je ne peux te dire assez le regret qui m’étreint, de n’avoir eu le courage de t’écrire qu’aussi tardivement. Comment te portes-tu ?

Il s’est passé des mois, depuis que nous avons échangé pour la dernière fois, et moults évènements ont secoué notre pays. J’imagine que tu n’as su rester de marbre face à ces derniers ; tu sais que tu ne peux me cacher, à moi, combien tu aimes observer cela. Tu ne peux me cacher, non plus, l’impact certain qu’ils ont pu avoir sur toi. J’espère, toutefois, que tu n’en es pas trop secoué, que ton quotidien demeure inchangé, ou Dieu m’autorise l’optimisme, qu’il soit même amélioré.

Un bonheur, toutefois, s’est révélé éclore de cette mascarade qu’ont été les derniers mois. J’ai renoué avec Pandora – Pansy, tu sais ? – elle te l’aura sûrement déjà dit. Elle était venue, déjà, à l’enterrement d’Astoria, et elle m’avait déjà annoncé, alors, que vous étiez toujours en contact. Je me suis souvent questionnée, cher ami, sur ce point : pourquoi ne pas nous avoir réunies ? Tu ne peux avoir oublié l’amitié qui nous liait si fortement, à Poudlard. Quoiqu’il en soit, tu seras sûrement ravi d’apprendre que cette amitié semble s’être renouée. Nous avons fêté Yule, ensemble ; elle m’a même tirée des affres de la nostalgie, le soir de Noël, et depuis, nos visites sont fréquentes. C’est une femme nouvelle, il va sans dire, et elle parvient encore à me déstabiliser, quelque fois, de toutes ses nouveautés. Il serait bon, je pense, que nous nous revoyons, tous les trois – je ne te ferais pas l’affront de dire comme avant. Aucun de nous trois n’en a la moindre envie. Une rencontre dans le présent, toutefois, construite autour des nouveaux individus que nous sommes, voilà qui sonne bien plus agréable.

Raconte-moi, veux-tu, comment s’engage ta vie, depuis ? Quel homme es-tu devenu, toi qui cherchais à te reconstruire au coeur des terres Malefoy ? Je saurais assurément, cette fois, t’apporter le soutien que tu nécessites, et ne pas t’outrager outre mesure. Tu ne peux savoir combien il m’a été difficile de faire sans toi, tes mots justes, et ton regard éclairé, ces derniers mois. Je n’aurais jamais fait la maladresse que tu sais, si j’avais pu imaginer ce qui en découlerait. Il ne m’est pas aisé, tu te doutes, de t’écrire cette lettre ainsi – je tente la simplicité, j’espère que ce courrier anodin saura relancer l’affaire, mais réponds-moi, veux-tu ? Réponds-moi, et fais-moi savoir si cela suffit.

Je te parlerai, alors, des dernières absurdités qu’a trouvé l’Enchanteresse pour occuper son temps, et me malmener plus encore. Je te parlerai aussi, peut-être, de ces flacons de parfum démesurément vides, qui n’arrivent pas à collecter l’odeur d’Astoria ; il faudrait bien cela, non, pour cette nouvelle collection, pour lui rendre hommage ? Il te faudra venir, surtout, venir dans mes nouvelles habitations, pour que je retrouve la simplicité de t’avoir à mes côtés, et de pouvoir repenser l’avenir ensemble. C’était trop doux, Theodore, comme amitié – réponds-moi, ne laissons pas cette fâcheuse discussion nous diviser davantage. Je l’oublierais bien volontiers.

Il me tarde d’avoir de tes nouvelles, Theo,

De toute mon affection,

Daphné Greengrass



876 mots (c) oxymort

Invité

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Invité
Lun 13 Juil - 19:01

Quand nous visite l'astre d'en haut
- 13 mars 2004 -



Daphné,

J’ai eu l’étonnement de découvrir il y a quelques jour cette lettre inattendue, dont la graphie familière m’encouragea à mettre de côté le reste de mes correspondances.

Ces mots de ta main me mettent en joie, mais aussi me peinent, car ils rappellent à mon esprit le souvenir des tristes événements qui nous ont séparés. Les chemins sur lesquels nous étions engagés alors semblaient trop différents pour que je puisse même imaginer les voir se réunir un jour, mais tu as toujours été bien plus créative et prompte à déceler les choses là où je ne voyais rien.

Je t’avouerai avoir déjà songé à t’écrire, dans ces moments de doute ou de solitude qui m’animent parfois, plus par habitude que par réel besoin. Je ne l’ai néanmoins jamais fait. Pendant de longs mois, je n’ai pu mettre de côté ma rancoeur et oublier l’insulte que tu m’avais bien malgré toi - j’en ai maintenant conscience - faite. Quand enfin elle s’effaça, ce fut pour laisser la place à l’incertitude. Mais je me persuadai que les torts n’étaient pas miens et que rien ne saurait les réparer. Depuis longtemps, je ne t’en veux plus de ce que tu appelles cette maladresse,

Comme tu peux le constater, je ne te fais pas l’affront de déguiser mes pensées derrière de faux égards, tu sais comme j’ai toujours préféré la brutale et efficace honnêteté à la délicatesse du mensonge. Je choisis de réserver cette hypocrisie aux nobles résidents de ces terres dont tu t’es délivrée. Tu sais comme ils sont chers à mon coeur. Il s’agit tous les jours d’un jeu perpétuel pour montrer qui saura le mieux prétendre que le monde qui nous entoure n’est pas en train de s’écrouler. Les derniers événements ont pour mon plus grand plaisir ébranlé la pénible et inconvenante quiétude qui régnait depuis ton départ. Depuis ce jour là, je dois affronter seul le quotidien imposé par les Malefoy, et ne plus avoir le réconfort de t’avoir à mes côtés pour discuter de l’absurdité de leurs réformes et de leurs décisions. Je suis heureux d’apprendre que tu as su trouver de son côté un réconfort en Pansy - je n’arrive pas encore à m’astreindre à utiliser son nouveau prénom, tu sais comme j’ai du mal avec le changement. J’ai plusieurs justifications pour répondre à ta question, et je suis certain qu’aucune d’elle ne saura te satisfaire.
Tout d’abord, tu sais que je répugne à m’immiscer dans les affaires des autres, tout comme j’aime tenir les autres loin des miennes. Je ne connais pas les raisons qui vous ont éloignées l’une de l’autre, et je ne me suis à aucun moment senti à ma place avec l’idée d’être l’intermédiaire qui vous réunirait, et j’avouerai qu’une telle idée ne m’a même pas traversé l’esprit. Ignorant l’état de vos relations, j’aurais probablement apporté plus de mal en voulant faire le bien, et votre réunion n’aurait peut-être au final jamais eu lieu, empêchée par mes efforts malvenus. Si tu te souviens bien, il y a également le fait que lorsque vous étiez si proche à Poudlard, je n’étais pas du tout proche de Pansy, et ce rapprochement n’a commencé qu’après ton départ forcé. Il m’était alors difficile de saisir avec justesse la profondeur du lien qui vous unissait, je n’ai jamais été très doué pour cela. Je suis néanmoins très heureux d’apprendre votre nouvelle entente, et je ne peux que l’encourager. Certes, toutes ces nouveautés que tu évoques ont de quoi ébranler, mais Pansy a d’excellentes idées. Elle n’est pas la seule, bien sûr, mais elle a ce qui manque cruellement à la plupart d’entre nous : l’audace de les faire entendre. Il serait bon de se rencontrer à nouveau tous les trois, je ne vois pas de meilleures alliées que vous deux pour rêver refaire le monde.

Car il en aurait bien besoin ! Je ne peux te cacher que les résultats que j’escomptais voir ces derniers mois ne sont pas au rendez-vous. Pendant un moment, j’ai cru prendre les bonnes décisions, mais je dois avouer que plus les jours passent, et plus je me demande si une autre voie n’aurait pas été préférable. Il est trop tard maintenant pour faire marche arrière, et je ne vois pas d’autre choix désormais que celui d’attendre passivement en espérant que les choses changent. Ma situation s’est pendant quelques mois améliorée, mais récemment, j’ai dû apporter de nouvelles contributions financières à l’effort des Terres de Feu. Ces dépenses imprévues, dont j’aurais pu me passer, ont cruellement balayé les sacrifices que j’avais fait au cours des derniers mois, et je me vois parfois faire trois pas en arrière pour un pas en avant. Certains appellent ça reculer pour mieux sauter, mais j’ai personnellement l’impression que cela n’est pas le cas en ce qui me concerne. Un jour, il ne s’agit que de protéger ma liberté de pouvoir refuser l’accès de mes terres à ceux que je choisis, puis on vient le lendemain me réclamer ma participation pour construire des maisons ou entrepôts. Je serais peut-être moins amer à l’idée de faire ces dons si j’en voyais les résultats, mais je n’ai pas encore vu une seule nouvelle demeure s’élever sur les terres de feu, et j’en viens à me poser certaines questions.

Je te prie de ne pas voir dans cet aveu un appel à l’aide, mais bien l’assurance que ton opinion m’est toujours précieuse, et que je souhaite aussi que nous puissions à nouveau nous accorder mutuellement la confiance que nous avons un jour eu l’un envers l’autre, et nous épauler dans ces moments difficiles. Je n’ai pas su le faire lors de la disparition d’Astoria, quel bien piètre ami.
Le temps a-t-il apaisé cette douleur ? Je n’ai pas osé évoquer le sujet avec le reste des tiens restés auprès des Malefoy. Je guette parfois, tends l’oreille, mais tous n’ont plus qu’à la bouche les derniers événements insignifiants qui secouent notre monde bien plus que de raison. Ils ne s’intéressent qu’au sensationnel.
Je suis curieux de savoir ce que l’Enchanteresse peut bien encore vouloir de toi. J’imagine qu’elle est toujours incapable de considérer un « non » comme une réponse valide, et qu’elle a pris ton départ comme un affront personnel. Ton nom doit fréquemment revenir au cours de ces réunions de Ladies, où elle et ses vipères persifflent avec ardeur en buvant leur thé.

Comme il serait agréable, pendant quelques heures, d’échapper aux discussions maussades et fausses de cette noblesse qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Je serai heureux de venir un jour et de constater le développement de ton commerce. Il faudra que tu m’expliques par quel procédé l’on peut capturer l’odeur d’une personne, car la méthode de Jean-Baptiste Grenouille, aussi ingénieuse soit-elle, a bien des défauts. J’espère que tu ne m’en voudras pas de m’inquiéter pour ton état, et d’espérer que tu ne te laisses pas consumer par cet objectif que tu t’es fixé. Dis moi, je t’en prie, que tes journées ne sont pas seulement consacrées à cet accomplissement, que tu n’oublies pas de vivre pour atteindre ton but.Je fais confiance à Pansy pour t’arracher de temps en temps à la concentration que te demandent tes parfums et à la torpeur du quotidien, mais viens, s’il te plaît, me rendre visite un jour et réparons cette erreur que nous avons fait en laissant ainsi les événements nous séparer.

Amitiés,

Theodore Nott

1349 mots

Daphné S. Greengrass

Daphné S. Greengrass
MODÉRATRICE
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Jeu 17 Sep - 18:20


quand nous visite l’astre d’en haut

grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu,
quand nous visite l’astre d’en haut,
pour illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres
et l’ombre de la mort,
pour conduire nos pas
au chemin de la paix
Luc 1:68–79

@Theodore Nott

◊ ◊ ◊



Mon cher Théodore,

C'est un bien grand plaisir qui m'a pris en réalisant que mon hibou du jour ne portait pas que de vulgaires courriers sans importance. Je n'osai trop attendre de réponse de ta part, et suis d'autant plus fébrile qu'elle me soit venue si rapidement.

Ta franchise a toujours été ce qui me faisait me tourner vers toi, plus que vers tout autre, aussi sais-tu pertinemment comme j'apprécie que tu ne t'embarrasses pas de faux atours en discutant de sujets si vifs avec moi. Mon terme maladresse semble t'avoir déplu, ce n'est pourtant bien que l'origine de nos mois de guerre froide. Une maladresse, car une phrase prononcée sans cette honnêteté dont nous nous grâcions d'ordinaire l'usage, pour tenter expressément de t'attirer à moi, hors de ce groupe de loups mordus. Maladresse, donc, car les mots ont été incompris, détournés peut-être, aussi ne crois pas que je dévalue l'ampleur de notre altercation en usant de ce terme.

Il m'est aisé de t'imaginer ne jamais reprendre la plume, laissant cette union que nous avions s'enliser sans plus de pensées. Savoir toutefois que je n'ai pas été tout à fait absente de tes réflexions, tant bien même par habitude, me conforte toutefois dans mon choix d'avoir envoyé la première cette missive. Je te parlais de Pandora, vois-tu : s'il y a un enseignement que je tire de nos retrouvailles, c'est bien qu'il n'y a pas plus primordial qu'une première main tendue. Je te le dis sans égards, cher ami, tu comprends derrière ces deux derniers courriers que ta présence relève bien plus de l'habitude pour moi ; la vie londonienne ne m'aura toutefois pas rendue mièvre pour autant. L'orgueil m'aura sans doute empêché de t'écrire encore, si tu n'avais accepté cette première amorce.

Je ne peux feindre une quelconque surprise en apprenant cette quiétude qui se complait à régner au sein des Terres de feu. La main mise inébranlable de ces assassins sur ce territoire continue pourtant de me révolter autant que cela n'ébranle tous mes espoirs d'un changement à venir. Ce sont des mots que je ne peux gratter sur des parchemins si volages, toutefois certaines révélations et rebondissements récents seront, il n'y a pas à en douter, des plus sismiques pour l'état revendiqué libre. Je ne peux que te presser, une fois encore, de réfléchir à tes options, et d'apprécier que ma main tendue ne sera jamais charité. Le temps s'accélère, et la léthargie dans laquelle trône notre société ne saurait trop durer.

C'est d'une torpeur semblable dont s'est retrouvée sortie mon amitié avec Pandora. Depuis, contrairement à toi, j'ai pris l'usage de ce nouveau nom qu'elle prend plaisir à porter. Autorise moi ces confidences, seulement il m'est finalement plus aisé de l'appeler par ce nouveau patronyme tant il me permet de scinder clairement l'avant et l'après de cette vie. Elle est, de toutes évidences, une personne changée, et m'attacher sottement à son nom passé ne ferait que me raccrocher plus encore aux vestiges des souvenirs d'antan, qu'il vaut mieux laisser en paix. Il n'est jamais bon d'ouvrir boîte de Pandore.

Je ne te cacherai pas que certains de mes souvenirs de Poudlard sont brumeux, pour des raisons dont tu te remémoreras peut-être. J'oubliais alors combien tu demeurais aveugle, ou plutôt indifférent, aux dynamiques qui t'entouraient ; j'ai été sotte, car c'est tout de même ce qui nous a rapproché en premier lieu. Si je t'en ai d'abord voulu de n'avoir participé à réunir notre duo, il m'est rapidement apparu que te voir tourner le dos à ton indifférence usuelle aurait été des plus vexant. Mon indignation première tient finalement davantage d'une constatation personnelle, alors que je réalisais que plus de deux ans durant, vos chemins se sont croisés, à quelques mètres du mien, tandis que je m'entêtais dans cette nouvelle passion politique, à m'engouffrer dans le semblant de vie de famille que le mariage de ma cadette m'offrait soudainement. Mon aveuglement, l'isolement volontaire dans lequel je me suis naïvement laissée entraîner... cela ne me fait que voir grossir la liste de mes regrets, vois-tu ? Les faits sont passés, toutefois, aussi ne nous y attardons pas davantage. Les journées sont tristes, en ces mois d'hiver, il me plairait bien volontiers de les égayer de votre présence. Je vous sais très occupés, avec vos métiers respectifs, je me plierais alors tout à fait à vos horaires et disponibilités.

Rien donc n'aura été amélioré sur les Terres de Feu depuis mon départ ? Tu dois pourtant le savoir, en retirant mes terres de l'état, j'ai dû faire don compensateur, d'une certaine ampleur qui plus est, qui aurait largement pu suffire à améliorer vivement les conditions de vie réelles. Je ne me prétends pas conseillère ou investisseur, Dieu sait que Blaise était celui qui s'y donnait à cœur joie, toutefois il ne faut pas être du milieu pour avoir notion du montant donné et des possibilités qui viennent avec. Il semblerait pourtant que Lady Malefoy soit bien plus occupée à lancer banquet sur banquet ; personne donc ne s'alarme de ces festivités aux prix faramineux, quand vos dettes s'allongent et vos terres demeurent faites de tentes ?

Tu auras sans doute reçu le courrier des Terres, pour la réception dans la prochaine quinzaine. On m'y a conviée, encore : mon absence aux fêtes de Noël ne semble pas lui avoir fait comprendre le définitif de mon départ. Je suis toutefois curieuse, je dois te l'avouer, de m'y rendre pour cette occasion unique. Tu m'écrivais ta passivité, celle de ceux qui t'entourent, pourtant les évènements qui font gronder notre société ne pourront pas te la permettre plus longtemps. Cela gronde trop, et des éclats plus terribles encore s'approchent. Je ne sais qui craquera en premier, d'où le venin sera craché, mais il ne fait aucun doute : les Malefoy ne règneront pas en maître indéfiniment. Quoiqu'il en soit, je me trouverai probablement au repas, refusant toutefois la place qu'elle souhaitait m'offrir à sa propre tablée.

Tu ne te leurrais pas, en imaginant cette vipère susurrer mon nom auprès de sa couvée. Il ne peut qu'en être ainsi, au vu du courrier scandaleux qu'elle a trouvé utile de me faire suivre. Lorsque je t'ai écrit, cette première fois, Drago venait tout juste de quitter l'appartement. Coïncidence malheureuse, ou trop bien orchestrée, qui sait, j'avais reçu quelques heures plus tôt une missive de sa mère m'invitant en toute aise à rejoindre de nouveau, par ma qualité de nouvelle épouse, la famille Malefoy. Rassure-toi, tu as bien lu : Narcissa m'offrait la main de son fils, en l'honneur de traditions oubliées où la famille du veuf propose, le cas échéant, à une des filles de la famille de la mariée d'unir à nouveau les deux partis. Une question de respect, m'assurait-elle, de tout son élégant poison. Tu imagines sans mal la colère froide qui m'a prise, et le rejet franc que s'est reçu le fils Malefoy en arrivant. Drago méprisait mes allures de glace, quand nous étions plus jeunes, aussi ne crois-je pas qu'il ait apprécié ces retrouvailles qu'il m'a imposée.

Cela t'illustre clairement, je n'en doute, mes positions actuelles. Il est encore trop tôt pour que l'aigreur qu'a instillé en moi la mort d'Astoria ne s'estompe tout à fait. Quand nous nous sommes quittés, alors que je pliais bagages des Terres, j'étais encore engouffrée dans un maelström de colère et de douleur, d'une ampleur qui me rendait terriblement déphasée. J'ai depuis basculé dans diverses humeurs, mais il est certain que le spectre d'Astoria ne me quitte jamais de trop loin. Ton angoisse se doit d'être apaisée, toutefois, car j'ai depuis retrouvée quelque forme de tranquillité. La foi est un échappatoire auquel je m'essaie, tant en mémoire de ma mère et ma soeur adorées, que par le moment anesthésiant que je peux m'y créer.

Je désespère de n'arriver à reproduire l'odeur parfaite, et peut-être que mon deuil ne sera jamais tout à fait accompli tant que je n'aurais pas réussi cette dernière dédicace. Je me suis toutefois faite à l'idée que cela ne saurait être instantané, et ai préféré expérimenter, ces derniers temps. Cela me change les idées, m'ouvre à de nouvelles portes, et je crois que cette projection vers l'avenir m'est des plus utiles. Je réfléchis à un parfum masculin, pour cet été. Il faudra alors absolument que tu viennes à l'atelier, car si tu n'es pas ma source d'inspiration première, je n'ose encore la faire tester sur la personne qui m'a inspirée. J'ai en horreur que cette source d'inspiration se parfume d'autres odeurs que celles que je crée, aussi me faut-il une création à la pointe qui saura lui convenir. Je pense en tout cas que l'odeur que j'ai en tête saurait te plaire également, si tu voulais venir découvrir mon processus de création et participer à quelques essais d'odeur. J'ai entière confiance en l'honnêteté de tes réactions : il me faut bien cela avant de m'engager sur ce marché inconnu.

Je réalise toutefois que ces dernières phrases ne vont peut-être pas alléger tes inquiétudes, seulement Theodore je ne peux te broder une réalité autre : mes journées sont faites de parfum, de Pandora quand son métier ne l'accapare pas, et des messes dominicales. Il me fera beaucoup de bien de pouvoir te croiser, et d'échanger sans fin avec toi.

Il me tarde de voir quelles nouvelles créations tu auras dégoté, et combien tu auras encore fait preuve d'inventivité en les modifiant toujours plus. Tu n'apprécierais peut-être pas que je découvre ton atelier à la boutique, mais peut-être es-tu autorisé à en sortir quelques nouveautés à me faire découvrir ? Mon invitation est dans tous les cas lancée, selon les dispositions qui te sieraient le mieux. Si tu n'es pas prêt à accepter l'investissement en tes capacités que je suis disposée à faire, fais moi au moins le plaisir de pouvoir rester au fait de ton ingéniosité.

Nous aurons à cette occasion tout le plaisir d'échanger plus longuement sur les potentialités qui s'offrent à toi. Je reste persuadée qu'une passivité dans le climat actuel n'est pas des plus recommandables, je crains que tu ne te trouves coincé à devoir des choses à des personnes qui ne les méritent pas. Je sais l'attachement que tu as à nos terres ancestrales, seulement peut-être est-il temps de penser résolument moderne et de te construire un nouvel empire, plutôt que de lutter pour garder à flots celui qui ne t'assure plus aucun repos. Vois donc comme les mots de Pandora déteignent sur moi : on croirait lire une de ses tribunes. Le signe, peut-être, que cette discussion serait d'autant plus utile en sa compagnie. Nos avis tranchés seront alors habilement conciliés par notre amie commune.

En attendant d'avoir l'occasion de converser à trois, fais-moi encore le plaisir de lire tes mots. Si nous ne devions nous croiser d'ici la réception aux Terres, prends quelques instants pour venir me saluer à cette occasion, entre trois soupirs venimeux, veux-tu ?

Tendrement,

Daphné

PS: J'ai récemment fait l'achat d'un portoloin fixe vers le Sud de la France, mon maître nez m'accueillant bien volontiers. Je crois savoir que tu as des affinités pour l'endroit, sache que ta présence sera appréciée à tout instant.

1848 mots (c) oxymort

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