Les forêts sont pleines de secrets. avec Elian DuboisJanvier 2004. Vingt heures passées, les immenses portes en chêne du hall étaient fermées depuis de longues minutes. Si la blondinette rebroussait aussitôt chemin, ce retard lui vaudrait déjà une longue et pénible retenue. Cette idée ne l’enchantait guère, pas plus qu'une énième soufflante d'Argus Rusard. Jökla détestait le concierge plus que quiconque et il lui rendait la pareille. À de nombreuses reprises, elle et sa cousine avaient été prises en flagrant délit de fuite, au bord du lac, à des heures diablement tardives. Le Cracmol les avait toujours à l’œil mais les sorcières parvenaient aisément à le détourner de sa vigilance accrue. Il n'était pas le plus rusé des hommes, loin de là. Néanmoins, le vieux monsieur était l'un des plus opiniâtres existant sur cette terre et il n'en restait pas moins redoutable. Jökla s'en méfiait et elle jeta un dernier regard furtif derrière son épaule, s'assurant qu'elle n'était pas suivie.
L'érudite traversa les jardins du Château en sautillant, la nuit était tombée depuis belle lurette et la silhouette de l'adolescente était quasiment imperceptible dans l'obscurité. À un moment ou un autre, il lui faudrait supporter les foudres de ses professeurs et assumer ce petit manquement au règlement mais cela n'avait strictement aucune importance à l'instant présent. La Verbena traversa le Parc, gambadant allégrement en direction de la Forêt Interdite. Elle ralentit au niveau de la zone des enclos, quelques-uns des cours de Soins aux Créatures Magiques avaient lieu ici-même. Sourire aux lèvres, Jökla s'avança vers l'une des clôtures en toute confiance, elle avait repéré l'espace dédié aux niffleurs.
Le souvenir des collines verdoyantes de Porthdinllaen lui arracha un long soupir ainsi qu'une petite moue, le Pays de Galles lui manquait terriblement. La jeune femme ferma les yeux et se représenta dans les moindres détails sa jolie maison paumée au milieu des dunes. Sur la péninsule de Lleyn, les terres étaient infestées de niffleurs, ces curieuses créatures à la fourrure noire. Jökla les affectionnait tout particulièrement, toute petite déjà elle n'hésitait pas à jeter ses mornilles dans les terriers afin de gagner pleinement leur confiance. Les niffleurs raffolaient des petits objets brillants à l'instar des pièces de monnaie. La Verbena s'agenouilla au niveau de la clôture et farfouilla dans les poches de sa cape. Son père n'était pas là pour s'agacer de la voir gaspiller son argent de poche alors elle lança une pièce en direction du plus gros des terriers. L'adolescente grommela, aucune des créatures ne pointa le bout de son long museau pointu.
Jökla se sentait très conne à présent, elle s'ennuyait déjà et la nuit promettait d'être longue si elle décidait de se repointer au Château qu'au lendemain matin. Tremblotante, elle se positionna en tailleur et enroula ses bras fins autour de ses genoux, se balançant lentement de l'avant vers l'arrière. La blondinette était gelée mais elle n'avait aucune envie d'affronter la dure réalité qu'il l'attendait lorsqu'elle rentrerait ne serait-ce qu'un seul de ses orteils glacés dans l'enceinte de Poudlard.
La jeune Verbena extirpa de l'une de ses poches un galet de grès, Fehu. Elle dessina un petit cercle devant elle, grattant la terre poussiéreuse de son index. Au milieu, elle déposa grossièrement la pierre qu'elle tenait entre ses petits doigts. Elle joignit alors ses deux mains entre elles, se focalisant sur la magie héritée de ses ancêtres, les mages vikings. L'agitation était perceptible chez la jeune Verbena et de grandes flammes menaçantes émergèrent du tracé circulaire, caractérielles. Jökla bondit immédiatement en arrière et rampa à quelques mètres plus loin, lâchant un petit cri strident. Le sortilège n'était absolument pas contrôlé et il s'annula de lui-même au bout de quelques secondes, laissant l'adolescente dans le noir le plus complet, ahurie. Soulagée, l'érudite se remémora l'interdiction formelle de son paternel d'invoquer le pouvoir des Dieux en son absence et grimaça, légèrement honteuse. Ceci était dit, il faisait toujours aussi froid.:copyright:️ 2981 12289 0
Les forêts sont pleines de secrets. avec Elian DuboisLe pouvoir des runes est fluctuant, Jökla ne le savait que trop bien. Depuis sa plus tendre enfance, la jeune sorcière s'était astreinte à l'apprentissage de l'alphabet nordique norrois ainsi qu'à la signification de chacune des gravures présentes sur son set de galets de grès. La goutte de sueur au front, elle s'était attelée à manœuvrer la magie héritée de ses ancêtres, les mages vikings. La gestion des trop-pleins d'émotions était l'un des travaux engagés avec son paternel. Celui-ci lui répétait inlassablement qu'au même titre de l'ambivalence des runes, la mélancolie nichée au fond de son cœur devait être exploitée prudemment, toujours à bon escient. La fille de Valur avait d'ores et déjà prouvé qu'elle était capable de gérer au mieux les fluctuations de l'humeur qui la caractérisaient si bien. Néanmoins, il lui arrivait encore de se laisser submerger, à l'instar de cette fois-ci.
De tous les éléments, le Feu était celui avec lequel Jökla n'avait point d'affinité. Depuis toujours, la manipulation de ses runes reliées était des plus laborieuses. Jökla ne se retrouvait pas dans les caractéristiques de ce signe et le rejetait, purement et simplement. Ce soir en était une nouvelle fois la preuve, les flammes désirées éclairantes et réchauffantes lui étaient violemment apparues brûlantes et destructrices. L'érudite se refusait d'y trouver un quelconque sens, elle était très contrariée.
« Hey, cela va ? Tu n'as rien ? » Pour toute réponse, l'adolescente poussa un hurlement strident. Elle dévisagea le garçon dans l'obscurité et plaqua ses petites mains sur sa bouche. De brusques secousses parcoururent son corps et de fines larmes ruisselèrent le long de ses joues rougies, sous le choc. « Mais... T'es malade ou quoi, on va se faire prendre ! Elle essuya grossièrement son visage du revers de la main, morte de honte. Elle lui lança un regard noir avant de zyeuter les environs, ses cris n'allaient pas tarder à alerter tout le Château : Pardon... Je suis désolée. » Dans la stupeur, Jökla s'était emportée et elle le regretta aussitôt.
La Verbena savait exactement qui était le garçon, le contraire eût été impossible. D’ailleurs, avant même de le rencontrer pour la toute première fois dans les couloirs du Château, elle le connaissait déjà de réputation. Elian Dubois était l’un des élèves les plus populaires de Poudlard, il n'était ni plus ni moins l'attrapeur vedette de Gryffondor. Comme lui répétait souvent sa cousine, il était « le genre de bellâtre qui fait fondre le cœur toutes les nanas ». Elle ne croyait pas si bien dire, l'érudite en pinçait secrètement pour lui depuis sa troisième année.
Nul ne doute qu'il n'en gardait aucun souvenir mais le jeune homme avait volé au secours de Jökla et pris héroïquement sa défense, une fois il y a longtemps. De prime abord, ce n'était pas grand chose mais il s'était interposé entre elle et la bande de petites connes qui lui cherchaient des noises, les faisant fuir en courant. À partir de ce jour, la blondinette le trouvait profondément admirable en plus d'être naturellement beau à tomber. Complètement sous le charme, elle n'osait plus le regarder dans les yeux et l'esquivait à la moindre occasion dans les différentes places du Château. Une pauvre cruche incapable de se défendre par ses propres moyens, il devait avoir une très mauvaise opinion de la Serdaigle.
Jökla se sentait à présent privilégiée, elle ajusta timidement la veste d'Elian autour de ses maigrelettes épaules. Beaucoup l’envierait pour moins que ça, cette pensée lui arracha un petit sourire. La blondinette releva timidement la tête et le remercia, embarrassée : « Heu... Merci... Moi, c'est Jökla. Elle était rouge comme une pivoine. Aussi, la sorcière accusa silencieusement la petite pique d'Elian, c'est vrai qu'elle avait complètement foiré son sortilège. Morte de honte, la jeune sorcière montrait décidément toujours le pire d'elle-même lorsqu'elle était en compagnie du garçon. Sans réfléchir, elle l'attrapa par le bras et s'enfonça loin de la zone des enclos, juste aux limites de la forêt interdite. Elle s'abaissa derrière un buisson et l'entraîna avec elle : J'espère que c'est faux, toutes ces choses que l'on raconte... L'érudite faisait référence aux histoires sur la forêt, celles qui impliquaient systématiquement d'affreux monstres sanguinaires dévorant les étudiants égarés. « Au fait, tu faisais quoi ici ? » Jökla était bien loin d'imaginer qu'elle avait été suivie.:copyright:️ 2981 12289 0
Les forêts sont pleines de secrets. avec Elian DuboisComme son nom l'indiquait, il était formellement interdit aux jeunes sorciers de pénétrer dans la forêt interdite. À l'inverse de la blondinette, Elian Dubois semblait désirer s'y aventurer ce soir, ne craignant pas les créatures grouillantes et sans l'ombre d'un doute mal attentionnées envers les élèves du Château. L'idée était des plus déplaisantes et effrayantes au regard de la Verbena, elle dévisagea son camarade de classe en grimaçant. Celui-ci avait raison, ils étaient peut-être déjà repérés et leur cachette derrière le buisson était plutôt lamentable.
« Je n'ai pas eu peur de toi, j'étais... juste surprise, tu vois. » La sorcière adressa un petit sourire complice à son acolyte, elle ne parviendrait pas à lui faire gober cela. Jökla se mit alors à rire, ils s'étaient mis dans un sacré pétrin et ils rencontreraient des difficultés à en sortir.
Les yeux rivés au sol, Jökla ne parvenait pas à soutenir le regard du Gryffondor plus de quelques secondes, terriblement gênée. L'adolescente avait la désagréable impression qu'il lisait en elle comme dans un livre ouvert et qu'il jouissait de la situation, la taquinant sans cesse. Il arborait un large sourire qui ne le quittait plus depuis leur rencontre et la fixait continuellement de ses grands yeux clairs, cherchant désespérément à croiser les siens. La demoiselle reprenait ses esprits petit à petit, le caractère urgent de la situation aidant. Il leur fallait quitter cette zone à risques, elle n'avait guère envie d'être collée pour le restant de l'année scolaire ou pire encore, qu'un professeur ne se charge d'avertir son paternel de son comportement. Les pensées de la jeune femme se bousculèrent et elle finit par se redresser brusquement, tendant la main à Elian pour l'aider à en faire de même.
« Puisque tu ne crains pas les dangers, le lionceau, on y va ! Ce n'était définitivement pas une blague, Jökla haussa les sourcils pour le lui signifier et agita sa main pour l'inciter à se magner. Ils n'avaient peut-être plus beaucoup de temps, fini de tergiverser et de rougir comme une idiote. Si tu n'es pas capable de nous protéger des monstrueuses créatures, je jetterai ta veste pour faire diversion, je te préviens. » C'était de bonne guerre, l'adolescent roulait des mécaniques, il était temps de prouver qu'il était digne des couleurs de sa maison.
Le ton était léger, tout comme lorsqu'elle le questionna sur sa présence ici, dans le périmètre des enclos dédiés aux créatures magiques étudiées en cours. Sa réponse troubla la jeune sorcière, celle-ci balbutia quelques mots incompréhensibles. Théâtrale, elle recula de quelques petits pas et positionna la veste d'Elian devant elle, les bras tendus : « C'est peut-être de toi que je dois me méfier, finalement. Aussitôt, elle baissa sa garde et replaça la veste sur ses épaules, toujours aussi frileuse. En fait, je n'ai pas... J'ai jamais eu donc... Enfin, c'était pas un rendez-vous, quoi. De nouveau ridicule, Jökla soupira bruyamment, lasse. L'adolescente se crispa et devança Elian, prenant finalement de travers ses derniers dires. Elle lui tourna le dos et s'enfonça lentement dans la forêt interdite. Je suis désolée, je ne voulais gâcher ta soirée... Je dirai que c'est de ma faute, au cas où. » Elle se retourna et lui adressa un petit clin d’œil.
La blondinette ne voulait pas le contraindre à la suivre dans ses galères, elle n'avait pas de folles cavalcades à lui proposer, pas ce soir et ni aucun autre soir. Honteuse, elle réalisait qu'Elian s'attendait très certainement à mieux en la suivant depuis le Château et qu'il était très déçu. :copyright:️ 2981 12289 0
Les forêts sont pleines de secrets. avec Elian DuboisDans ses rêves les plus saugrenus, Jökla n'aurait jamais imaginé se trouver dans pareille situation, en aucun cas. Si ce n'était pas la première fois que l'adolescente errait dans les extérieurs du Château à des heures diablement tardives, ces lieux n'étaient habituellement que peu propices aux rencontres. Elle savait pertinemment qu'elle n'oublierait pas cette soirée de si-tôt en compagnie de l'attrapeur vedette des lionceaux. Ce dernier adjectif déplu à Elian, il s'empressa de gonfler la poitrine et de faire bonne contenance. Ce comportement amusa la blondinette, le jeune homme ne manquait pas d'aplomb et tenta de la rassurer au mieux. De manière solennelle, il s'engagea à la protéger coûte que coûte, au péril de sa propre vie. Pour toute réponse, la gamine lui adressa un large sourire, elle était touchée par cet élan protecteur mais elle préféra s'en cacher.
Jökla fit une petite moue lorsque le garçon lui proposa de regagner leurs dortoirs respectifs. Cette perspective ne l’enchantait guère, il était encore trop tôt pour ne pas risquer de croiser le Préfet des érudits, @David Collins. Selon leurs rapports du moment, il n'hésiterait sans doute pas à la réprimander, armé de ses petites manies condescendantes. Ou même pire, la balancer à leur Directeur de maison. « Faire régner l'ordre et la discipline », une mission des plus appropriées pour le né-moldu, lui qui aimait tant diriger son petit monde à la baguette. C'était dommage, elle aurait souhaité lui raconter dans les moindres détails sa soirée dans la forêt interdite. À une époque, il partageait tous leurs petits secrets et maintenant absolument plus rien. Plongée dans ses pensées, @Elian Dubois l'en sortit afin de l'apaiser, une énième fois. La Verbena ne s'estimait pas être une pauvre petite chose fragile et imita le Gryffondor lorsqu'il prenait son air fier :
« C'est une jolie qualité, l'intégrité, le lionceau. Elle n'avait pas pu s'en empêcher, c'était trop tentant de le taquiner, encore une fois. À nous deux, je suis persuadée que nous allons nous en sortir, on forme une bonne équipe ! » Galvanisée par l'enthousiasme de l'attrapeur, Jökla se prenait petit à petit au jeu. Dommage qu'il eût fallu déjà rentrer.
Manifestement, les prières de la Verbena furent entendues et la fin de l'aventure allait être différée. L'affreux concierge débarqua sur les lieux, suspicieux et très certainement alerté par les cris de l'érudite. Le garçon attrapa Jökla par le bras et l'entraîna un peu plus loin, derrière un buisson. Tremblante, la môme s'accroupit et plongea ses yeux clairs dans ceux d'Elian, l'interrogeant du regard. Tous deux semblaient habitués à déjouer la vigilance de Rusard mais le vieux monsieur n'en restait pas moins toujours aussi effrayant.
Trop bavard, la blondinette plaqua sa petite main sur la bouche d'Elian. Elle lui fit les gros yeux, faussement fâchée et lui intima de la fermer. Il avait raison, elle n'aimait pas l'idée de s'enfoncer davantage dans la forêt mais ils n'avaient plus le choix à présent. N'écoutant que son courage, elle retira sa main de la bouche du garçon et la glissa dans la poche de sa cape, ne le quittant pas des yeux pour s'assurer qu'il garde le silence. Elle lui présenta l'un de ses petits galets de grès : Dagaz, dernière rune du Futhark. « Fais-moi confiance. Quand je cours, tu cours. » Paroles peu rassurantes, Jökla lui adressa un sourire crispé, haussant les épaules.
La gamine détourna son attention de l'attrapeur et se concentra sur le concierge, faisant tourner le petit galet entre ses doigts fins. Un minuscule tourbillon émergea du sol, projetant de fines gouttelettes sur les adolescents. Grimace satisfaite, Jökla attrapa délicatement la petite masse d'air dans la paume de sa main et l'observa quelques instants. Elle sourit brièvement à Elian, d'humeur définitivement taquine, il ne se doutait pas encore du sale coup qu'elle prévoyait. Sans un mot, elle approcha sa main de sa bouche et souffla doucement en direction d'Argus Rusard. Aussitôt, une rafale de vent s’abattit brusquement sur le Cracmol, le rinçant de la tête au pied et lui faisant perdre l'équilibre. L'homme était à terre, complètement décontenancé.
« Par Odin, mon père me tuerait s'il savait. » lâcha Jökla dans un murmure. Reprenant ses esprits, elle se redressa légèrement et accourut le plus vite possible dans les profondeurs de la forêt, toute courbée. Elle se retourna et fit signe au Gryffondor de la suivre, se retenant de glousser. :copyright:️ 2981 12289 0
succès | Il n'y a pas à dire, avec ses runes, @jökla vularsdóttir sait y faire. Argus Rusard se retrouve douché, ses vieilles chaussures pleines de boues le ralentissent.
PNJ RusardCourse Poursuite
succès épique | On ne la fait pas, au décennal concierge du Château de Sorcellerie Poudlard ! Trempé jusqu'aux os, Rusard n'a toutefois aucun mal à suivre les adolescents qui courent bruyamment, lancent des sortilèges, se font poursuivre par un cynospectre et emploient mille détours pour parvenir à sortir de la Forêt Interdite. Lui connaît bien les lieux, il file au travers des bois, et se plante à la lisière de la Forêt, certain qu'il les trouvera-là. Il se place à l'ombre d'un arbre, de façon à être certain de les identifier au moment où ils sortent de bois sans toutefois être vus. A défaut de pouvoir les rattraper s'ils se mettent à nouveau à courir, il les aura au moins identifiés, et pourra les inviter à quelques semaines de retenues !