La poudre qui lui saute au visage, qui ne laisse résulter qu'une toux passagère. Réponse négligée du rouquin qui ignore encore que sa tignasse cherche à clamer une autre appartenance que celle qui est sienne au clan Weasley. Même déchiré. Il chasse les dernières particules d'une main, et peste allègrement contre cette machine défectueuse. Parce qu'elle ne peut que l'être, n'est-ce pas. Il lorgne malgré tout vers la vitre, comme inspiré par un instinct mystérieux, et laisse un rire jaune s'esquiver de ses lèvres. Il s'empare d'une mèche de ses cheveux, vérifiant la pâle blondeur qui recouvre son crâne, levant les iris vers ce qui autrefois était roux. Il n'en revient tout simplement pas, de dos, il n'a plus l'air d'un Weasley, mais bel et bien d'un Malefoy et ça lui hérisse le poil. Pas qu'il les déteste... mais il n'en a jamais été bien loin, planant vers cette rancœur qu'il voue à l'héritier du nom. Méfiance tant vis-à-vis du père, que de la mère, sans oublier le fils. Il n'a jamais cherché, ni même voulu leur ressembler d'une quelconque manière, fier de ses propres origines, du nom qu'il porte. Si cela a pu être difficile à une période, il n'est à présent rien de moins qu'un Weasley. L'un de ceux ayant combattu pour une liberté qu'il a l'impression d'être bafouée tant par la femme qu'il aime que par ce "meilleur ami" qu'il ne reconnaît plus. Et qui à cette seconde douterait sans doute de l'alliance qu'il s'apprête à réaliser s'il l'apercevait avec cette tignasse blonde. Une carte apparut, donnant les règles, trois journées à subir ça. Seulement trois et déjà beaucoup trop. Il soupire, se tourne vers le vendeur, demande s'il y a moyen... mais non. Bien sûr que non. Un peu comme les blagues des jumeaux autrefois, ou l'effet vieillissant de la coupe de feu, il n'y a plus qu'à assumer. Et pour ça, il a besoin d'un verre.
Weasley ? s'exclame un comparse qui l'aperçoit à l'approche de la gargote. Ne le reconnaît tout d'abord pas, puis y revient, les traits trop familiers pour passer à côté. Il éclate de rire, se moquant ouvertement de l'ex rouquin qui lève les mains en signe d'impuissance. Et quoi, t'as décidé de te faire adopter par les Malefoy ? qu'il lâche, laissant un demi-sourire sarcastique déformer les lèvres du Weasley. « Merlin s'en retournerait dans sa tombe ! » Ainsi que toute sa famille. « Je crois plutôt que c'est un complot de Zonko parce qu'on leur fait concurrence. » Chance frelatée qu'il affirme sans honte vis-à-vis de l'un de ses compagnons de bar qu'il a l'habitude de croiser lorsqu'il vient à Pré-au-lard. Mais surtout accusation infondée, il est loin d'être le seul à s'être pris un mauvais sort. Il aurait dû penser à installer ce genre de machine. Mais il manque d'inspiration. Et puis, les véritables inventeurs étaient les jumeaux... aujourd'hui, il n'y a plus que George, et il est aux abonnés absents. Loin s'en faut, Ron continue à diriger la boutique, à l'ouvrir jour après jour, à faire le job qui lui permet d'avoir un toit où vivre. Il ne sait plus vraiment au fond, à quoi bon avancer, comme si son univers avait éclaté, que son monde n'avait plus de sens. Il se rattrape à des chimères, il se cramponne à des illusions.
Et ils finissent au bar, dérives verbales, premiers verres qui se vident sur des conversations légères. Aucun sujet qui fâche, aucune véritable question. Ce n'est ni le lieu, ni l'endroit, ni la relation pour le faire. Il manque d'amis le rouquin depuis qu'il en a plus ou moins perdu deux. Il lui en reste, mais il en partage. Il en a trouvé d'autres, mais c'est différent. Il a le cœur qui saigne, la plaie qui refuse de cicatriser, et la rancune tenace. Cervoise sorcière aux lèvres, il ne voit que des visages familiers, et d'autres qui ne le sont pas. Mais aucune gueule qu'il désirerait éviter. Il se lève, s'approche au premier coup d'une table voisine, mais gagne celle qui semble avoir fini une partie de son jeu sans que cela dégénère. Il flâne, quasi inconnu.
Malefoy ! clame pourtant celui à la main adroite qui cherchait à froisser les cheveux de Drago l'instant d'avant, en accrochant le visage de Ron avec cette chevelure trop pâle. Interrompant momentanément la partie. Paracelse soit pendu, on y croirait presque ! Et ce que ça commence à lui courir qu'on ne cesse de le lui faire remarquer. L'idée de vandaliser la machine dans la nuit le taraude douloureusement, alors qu'un fin sourire ironique nargue ses lippes pincées. Mime de chapeau éphémère d'une main qui mouline l'invisible. « Que veux-tu, le talent de la malchance. » Il ne se démonte pas le Weasley, mène sa cervoise à ses lèvres pour y dérober une gorgée. Le whisky suivra bien assez tôt. Et il se pose sur un siège voisin de celui dont il semble presque avoir emprunté l'identité, alors que la sienne est dissimulée sous une trogne inconnue. Il ne joue pas encore, scrute, esquisse un sourire amusé en se penchant vers un Drago méconnaissable. « Quand il bluffe, il se lèche les lèvres. » qu'il lui souffle dans un murmure, alors que l'autre s'insurge d'un Ron ! qui fait éclater de rire l'intéressé qui se redresse pour s'appuyer contre le dossier, en croisant les bras d'un air innocent, mais les lèvres moqueuses. Ca, c'est pour les cheveux.