Bienvenue au vingt-et-unième siècleMini-Event Magimoldu
Padma et Parvati Patil s’affairent. Elles sont habillées à la moldue, c’est Granger qui le leur a demandé ; tout est un spectacle commercial, et la numéro deux du gouvernement veille au grain. Elle est là elle aussi, appuyée contre le comptoir-caisse de la boutique, les bras croisés contre sa poitrine. Les doigts de sa main droite battent le rythme contre son avant-bras. Les jumelles ont allumé la radio moldue : c'est Mad World qui passe, numéro 1 des charts depuis Noël. Si le titre semble approprié à la situation, il faudra sans doute changer de chaîne quand les portes s'ouvriront.
Ce sont Padma et Parvati qui se sont adressées au Ministre pour lui parler de leur projet. L’audience a été obtenue rapidement grâce aux liens entretenus par les jumelles avec Potter depuis leurs douces années de jeunesse. Issues d’une famille au sang-mêlé, avec un père sorcier et une mère née-moldue, elles voulaient ouvrir un bazar garni de diverses fournitures moldues au cœur d’une ville magique. Elles avaient pensé au Chemin de Traverse, le Ministre a exigé Pré-Au-Lard. Pour la jeunesse, a-t-il argué, il faut que ça soit accessible aux jeunes. Pré-au-Lard ç’a donc été. Parvati gère la partie commerciale : elle conseille, vend, et encaisse. Padma s'occupe de l'approvisionnement. C'est elle qui va chercher les produits intéressants, elle qui les négocie avec les moldus, et elle qui choisit leur prix de vente. Aujourd'hui, elles sont toutes les deux à la vente, et ont débauché, pour cette journée qui sera sans doute largement plébiscitée, une petite troupe de vendeurs en extra. Il a fallu les former rapidement, la plupart d'entre eux n'ayant jamais mis les mains sur les produits qu’elles avaient choisis.
La boutique est grande – magiquement agrandie sans aucun doute. Le mobilier est fait de tables en bois, livrées en pièces détachées et montées à coups de baguette magique. Il est aussi très éloigné du kitch assez particulier de la bourgade magique. Le papier peint a été arraché des murs, les briques sont désormais découvertes, et au sol, pour recouvrir la pierre froide : des tapis. Il n’y a aucune étagère : tout est à portée de main, de façon que les sorciers puissent essayer toutes les bricoles vendues par les sœurs Patil. C’est essentiel, parce que ces bricoles, pour la plupart, coûtent cher. Produits pour la plupart introuvables sur les marchés magiques, elles peuvent se permettre de sacrées marges. Elles espèrent que ça prendra. Harry Potter compte sur elles, désormais.
C’est un coup de maître, pour lui. Ça correspond tout à fait à sa politique de liaison entre les mondes magiques et moldus, loin de cette hantise de souillure du sang, ou de cette peur pour l’intégrité du Secret Magique. C’est l’idée qu’il n’a pas eue, mais qu’il pourra s’approprier. Il paraît qu’il passera, un peu plus tard dans la matinée. C’est la rumeur qui court dans les rangs d’élèves qui se dirigent vers la ville, et qui fait la Une du dernier Witch Weekly.
Parvati va poser, à l’entrée de la boutique, une petite boîte qui indique : QU’EN AVEZ-VOUS PENSÉ ? Elle attend des critiques, bonnes ou mauvaises, mais aussi et surtout des suggestions. Qu’est-ce qu’ils veulent, ses clients ? Elles ont essayé de penser à tout, et leur réserve cache encore quelques surprises, mais si quelque chose revient souvent, dans les réponses de ses clients, ça soulignera sans doute un manque. Elle tourne le panonceau qui annonce l'ouverture de la boutique, et file cliquer sur sa chaîne hi-fi. C'est désormais le dernier single des Maroon 5 qui emplit l'air.
Quand la clochette de la boutique signale une première entrée, Hermione Granger a déjà disparu dans la réserve. La porte s'ouvre, et d'un même cri, Padma et Parvati s'exclament : bienvenue au Bazar Magimoldu !
Ce RP se déroule le dimanche 29 février 2004 (six jours avant la pleine lune), il est dix heures et demi quand la boutique ouvre.
Une sortie exceptionnelle à Pré-Au-Lard est organisée pour cet événement, tous les élèves à partir de la première année sont conviés à cette grande inauguration – les professeurs de la Prima Sapientia sont donc aussi réquisitionnés pour jouer aux chaperons. Il faudra toutefois à tous les enfants une autorisation parentale signée, sans laquelle ils resteront à Poudlard. De la même façon, l’ouverture de la boutique Magimoldue a été annoncée dans les journaux depuis quelques semaines. C’est donc l’occasion pour votre personnage de se prévoir une escapade écossaise pour dévaliser les étals.
Vous trouverez ici le lien de ce qui est vendu dans la boutique. Faites vite, certains stocks sont limités !
Chaque joueur peut répondre sans tour de jeu particulier. Les MJ peuvent intervenir à certains moments de l’intrigue. En cas d’action susceptible de bouleverser le cours de l’intrigue (attaque, défense, action de grande envergure, tentative de fuite, poursuite), merci de recouvrir aux services des MJ via le sujet des demandes.
Children waiting for the day, they feel good Happy birthday, happy birthday Made to feel the way that every child should Sit and listen, sit and listen Went to school and I was very nervous No one knew me, no one knew me Hello teacher, tell me what's my lesson Look right through me, look right through me
- 29.02.2004
Le Bazar MagicoMoldu – qu’est-ce que c’est encore que cette chose là ? Je n’ai pas tout de suite compris, en lisant les titres des journaux – il a fallu que je relise l’article deux fois avant de bien me rendre compte. Oh bah ça alors, pour une surprise ! L’article annonçant l’inauguration prochaine a tout de suite trouvé une place dans mes archives, je ne sais pas si ça fera date, mais je crois que j’avais besoin de ce genre de choses après les derniers évènements. Quel nom étrange, quand même. Quand la sortie a été annoncé, j’ai failli me jeter sur Rogue pour lui hurler que j’étais volontaire pour encadrer et accompagner les premières années, sautillant d’enthousiasme. Je ne suis pas certain de pourquoi l’ouverture d’une boutique fait autant de bruit – mais je suis aux anges quand même. Ca, pour une ouverture sur le monde moldu, pour un avancement, c’est quelque chose. Et je suis notamment ravi parce que pour nombre d’étudiants nés moldus coupés de leur famille depuis les dernières vacances scolaire, ce sera le premier contact avec ce qui leur est familier. Une façon de se raccrocher à ses racines, de montrer à ses amis les objets que l’on connaît, de faire découvrir un peu de sa culture, de son monde. C’est avec un sourire qui ne s’efface pas que j’ai fait le trajet jusqu’à Pré-Au-Lard, et il m’a fallu me retenir de hâter le pas pour ne pas perdre les plus jeunes.
L’intérieur est plus grand que je ne l’aurais cru en regardant la devanture, plus moderne aussi qu’une partie des boutiques du monde magique que je connaisse. Ça fait presque industriel, avec les briques apparentes. Avec la musique qui passe à la radio et les étalages où se confondent dvd et ordinateurs, j’ai un peu l’impression d’être de retour à la maison – et je me sens comme un gosse dans un magasin de jouets. Je crois que je pourrai acheter l’intégralité de leur stock si j’en avais les moyens – oh le lecteur DVD portable ! La gameboy ! Mon dieu, est-ce qu’ils ont le dernier Mario en stock ? Je donnerais n’importe quoi pour jouer à Mario au milieu des rayons d’électronique je crois. Ah ça, ça va les changer des bavboules, les gamins. Je me surprends à fredonner le titre qui passe, que j’entends presque systématiquement quand je vais chez mon père. « This love has taken its toll on me she said goodbye too many times before and her heart is breaking in front of me I have no choice 'cause I won't say goodbye anymore » Je crois qu’il va aussi falloir que j’investisse dans un lecteur MP3 pour écouter de la pop britannique en préparant mes cours.
Je m’approche de la télévision pour regarder le prix, et mon sourire s’efface quelque peu pour laisser place à un rictus. Certes, il n’y a pas de concurrence, et la plupart des sorciers n’auront pas d’autre endroit pour acheter des objets du quotidien moldu, mais 1 000 mornilles la grande télévision, cela me fait crisser des dents. C’est à peine un peu moins que ce que j’ai payé ma liseuse magique, et beaucoup plus que cela me coûterait si je devais l’acheter directement chez les moldus. Derrière moi, un gamin découvre Pokemon en riant, et je me détends un peu. Très bien, c’est cher, mais pour nombre d’entre eux il s’agit de curiosités rares, alors ça en vaut certainement la peine. Et puis, autant soutenir ce genre d’initiatives. C’est le sourire aux lèvres que je passe à la caisse, félicitant un vendeur qui semble plus perdu que moi. Certes, je dépense 500 mornilles pour cette gameboy qui m’aurait coûté quoi, 150 - 170 £ pour cette version dans un magasin moldu ? Mais ils avaient Mario, alors je ne trouve pas vraiment à me plaindre.
Sans sortir de la boutique – c’est que je suis aussi là pour surveiller les étudiants, pas juste pour faire des emplettes, je vais me poster à l’entrée de la boutique pour avoir une vue d’ensemble sur les jeunes qui piallent en saisissant tout ce qui passe à leur portée. J’avise la boite à suggestions, qu’en avez-vous pensé ? Armé de mon stylo plume à piston, je note mes suggestions de mon écriture penchée.
Excellente initiative. Pourquoi ne pas proposer un rayon librairie moldue, avec les œuvres de fiction les plus populaires par exemple ? Et puisque la boutique est accessible aux étudiants les plus jeunes, pourquoi pas quelques jouets moldus dont le fonctionnement ne risquerait pas d’être limité à Poudlard, type Legos ou jeux de société. En tout cas c’est une superbe boutique, bravo. Lemony Anderson, professeur de sciences moldues à Poudlard.
Je glisse le mot dans la boîte avec un sourire satisfait et remet mes lunettes sur mes yeux pour me retourner vers les plus jeunes – et les plus turbulents.
Tu ne pouvais jamais dormir sans que j'invente pour ton plaisir des histoires de magiciens qui font tout avec rien
- 29.02.2004
Tu es toujours relativement dubitatif à chaque action du Ministère, mais ça, ça c’est plutôt engageant. Ou peut-être que ça ne t’enthousiasme que parce que ton fils est venu te réveiller avec le journal à la main ‘on y va dis ?’ Impossible de lutter contre ce gosse… Et puis ça a fait les gros titres assez tôt pour que tu t’arranges pour que ton absence au restaurant ne pose aucun problème. Vous voilà donc tous les deux ce matin, pendant que tu arranges le manteau d’Hamlet – d’un très beau bleu vif, parce que c’est quand même le fils de son père. Ce sera l’occasion de voir Arthur qui n’était pas là hier soir – de le voir hors des contrats et des tensions de la maison, en tout cas. Tu saisis la poudre de cheminette – tu passes le premier pour lui remontrer, et tes sœurs sont là pour l’aider après toi.
Tu atterris dans la maison de ton frère à Pré-Au-Lard. Tu époussettes ta veste orange et il te salue d’un geste de la main, assis à la table près de la cheminée. Il a préparé du café, remarquable.
- T’as laissé le restaurant. - Ouais. - Ça va, t’es malade ? - Merde. - TONTON. - Hamlet !
Hamlet a déboulé derrière toi et se jette au cou de son oncle qui manque de faire tomber sa tasse. Tu souris devant le tableau – Arthur, Arthur froid et sinistre, Arthur toujours lugubre, pas plus capable que toi de résister à l’enthousiasme et à la bonne humeur de ton garçon. Hamlet lui montre fièrement son manteau, et tu les écoutes parler en te servant une tasse. ‘Oh, c’est très beau.’ Sur l’épaule de ton fils, ton frère t’adresse un regard noir et tu n’arrives pas à contenir un rire – il n’a jamais aimé ton habitude de porter des couleurs vives, il le tolérera sur son neveu mais sans beaucoup plus qu’un enthousiasme forcé. Hamlet fonce vers la chambre d’ami où il sait que l’attende quelques uns de ses jouets, vous ignorant le temps que vous buviez votre tasse.
- Il est quand même beaucoup plus beau que toi. - Oui. - C’était sensé être une vanne. - Tu perds la main Arthur, qu’est-ce que tu veux que je te dise. - Bon du coup t’as laissé le restaurant. - Ouais. On a presque pas de réservations, l’inauguration de la boutique a fait les gros titres. - Maman pourrait nous avoir tous leurs produits à moins cher. - Hamlet voulait venir, ça me donne l’occasion de faire quelque chose avec mon fils.
Et mon frère. Cela reste derrière tes lèvres, tu ne le dis pas, mais l’étrange sourire que t’adresse Arthur te laisse à croire qu’il a compris. Vous n’êtes pas les plus doués pour vous témoigner votre affection – mais Arthur est sans doute celui de ta fratrie dont tu te sens le plus proche. Pas difficile, cela dit, les jumelles sont tellement fusionnelles, elles prennent tellement de place dans la vie l’une de l’autre qu’il te restait peu d’espace pour t’intégrer à leur relation. Ça a sans doute été la même chose pour Arthur – ça a sans doute été pire pour Arthur. Il n’avait pas ses tatouages quand tu es parti, c’était un enfant, et elles étaient si fières. En y pensant, tu le plains, un peu. Indifférent au fil de ta pensée, il continue :
- Ça va pas être bizarre ? - Pourquoi ça le serait ? - Bah il a l’âge d’entrer à Prima Sapientia à la prochaine rentrée. T’as pensé à genre… L’inscrire ? - Bah oui bien sûr, et pourquoi pas le laisser aller à Poudlard quand il aura onze ans aussi. - Non mais sérieusement ? - Tu veux aller gueuler sur la place publique qu’on n’est pas vraiment des cracmols ou t’as fini de dire des conneries ?
Tu lèves les yeux aux ciels et il hausse les épaules. Inscrire Arthur à Prima Sapientia… Tu t’es bien demandé, de temps en temps, si ça n’aurait pas été plus simple de rentrer dans le rang, d’aller à Poudlard toi-même. Tu te souviens des gosses qui en parlaient l’été, quand tu étais au restaurant avec ton grand-père, de leur émerveillement. Non. C’est un trop beau secret de famille pour le risquer, pour le gâcher. Et puis l’envoyer en cours avec des hermétiques, des hermétiques anglais… Bon, en Écosse, mais quand même. Tu es presque certain que ton grand-père se retourne dans sa tombe juste en t’entendant y penser. Non, il fera comme vous avez tous fait, et tu ne te plains pas de tes souvenirs d’enfance.
Le café avalé, vous voilà tous les trois en route pour le Bazar MagicoMoldu. La foule se presse déjà – l’inauguration a fait venir beaucoup de monde depuis Poudlard juste à côté. Hamlet sautille sur place, impatient de rentrer. Ce ne sont pas des objets qui lui sont inconnus, et sa joie doit surtout venir du fait que vous soyez tous les trois – cela fait chaud au cœur. Ton fils te prend la main et te dire, traversant la foule avec détermination. Une fois à l’intérieur, il t’oublie pourtant presque instantanément pour aller se jeter sur vers un rayon qui a attiré son regard. Arthur, à côté de toi, saisit une étiquette, et a une sorte de rictus de dégoût quand il te montre le prix.
- Et bah, ils se gênent pas. - Ouais. C’est la loi du marché.
Bien sûr, qu’est-ce que tu avais pu t’imaginer ? Oh la belle presse que s’offre le Ministère – une boutique pour découvrir le monde moldu à côté de Poudlard. A ce tarif, les gamins auront tôt fait de s’en désintéresser, et les objets deviendront l’attraction de quelques collectionneurs à la recherche de bizarreries moldues. Un coup d’éclat qui sera bien vite oublier et qui ne pourra avoir aucune portée politique à long terme. Tu souffles. C’est peut être ça qui leur manque le plus, une vraie vision à long terme. On ne construit rien de durable en criant fort et en faisant des grands gestes. Tu te demandes même si, à terme, ça ne va pas empirer la situation – et quelle genre de boutique peut vraiment tenir la longueur en vendant des objets aussi chers quand les seuls clients assez fortunés pour se permettre de revenir n’en auront certainement pas envie.
- PA ! VIENS VOIR ! - Qu’est-ce que tu as trouvé ?
Tu te fraies un chemin au milieu des gamins enthousiastes – certains sont effectivement peu ou prou du même âge que ton fils. Il te tend l’objet avec un sourire joyeux, et tu reconnais l’une des consoles de jeu présentes dans le catalogue de jouets récupéré par ta mère juste avant Noël. Une gameboy, l’un des derniers modèles, étincelants de paillettes. Hamlet bien sûr n’a pas remarqué le prix marqué, cinq cent mornilles. Tu grimaces.
- JE PEUX L’AVOIR ? S’il te plaît ? - Hamlet c’est… - S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaîîîîîîîîît !
Tu sais, tu le sais qu’il ne faut pas céder au moindre de ses caprices, qu’il faut savoir lui dire non, se montrer ferme, résister. Ce ne serait pas lui rendre service. MAIS CETTE BOUILLE, TU N’ES QU’UN HOMME. Tu te pinces les lèvres, et heureusement Arthur arrive à ta rescousse à ce moment là.
- Fais voir. - Regarde ! C’est la version collector ! J’ai des copains qui l’ont à l’école ! - Je te la prends, va te choisir un ou deux jeux et vois avec ton père pour ça. - Oh merci tonton, t’es l’meilleur !
Ah ça, il va en entendre parler, ton frère. C’est le premier pourtant à te conseiller de résister aux assauts des regards suppliant du gamin de sept ans testant tes limites – et les siennes. Hamlet lui a laissé la console entre les mains et est parti à la recherche de son bonheur un peu plus loin, infatigable.
- Tu le gâtes. - Ouais, bah écoute, j’ai qu’un neveu, et j’ai qu’un filleul. Pis la console c’est un truc, après y a les jeux. - Ouais. Il a des grands parents moldus pour ça après. - Comment ils vont ? - Eh.
Tes traits se sont tirés à la question. Ton beau père, ton ancien beau père plutôt, ne t’a jamais vraiment tenu pour responsable de la mort de sa fille – il sait combien tu l’aimais, et les derniers mois il t’a vu essayer. Mais il ne comprend pas pourquoi tu n’as pas été là à la naissance de votre fils, et tu ne peux pas lui expliquer. Votre relation est pour le moins tendue, mais Hamlet est la seule chose qui lui reste d’Alys et il fait des efforts pour que vous vous entendiez assez pour qu’il puisse continuer à le voir régulièrement. Tu te demandes ce qui se passera, quand ton fils aura quinze ans – ou même avant, quand il commencera vraiment sa formation. Ce sera de plus en plus compliqué au fur et à mesure qu’il grandira – mais ça ne coûte rien de lui laisser profiter de l’amour de ses grands parents en attendant. Tu avises la marque de la console portable et tu te fends d’un sourire.
- Tu te souviens quand on jouait notre NES gamins ? - Quand tu m’humiliais tu veux dire ? - Bah ouais, j’suis l’aîné.
Tu ris doucement – c’est vrai que tu as été terrible. Un cadeau de votre mère, la NES. Quelques beaux souvenirs de votre enfance. Hamlet réapparaît.
- Je peux prendre trois jeux ? - Hamlet… - Bon d’accord... Laisse-moi choisir.
Tu jettes un regard désemparé à ton frère. Tu as résisté, mais c’est dur. Autour de vous, les gamins s’agitent, et Arthur semble mal à l’aise. Et bien, il voulait être un oncle et un parrain exemplaire, non ?
- Tu gardes un œil sur lui ? Faut que je sorte fumer une clope. - Ouais bien sûr.
Ton frère répond sans avoir quitté Hamlet des yeux, mais tu sais qu’il te hait pour l’abandonner ici, maintenant. Tu resserres ta veste contre toi en cherchant ton tabac dans tes poches. En roulant ta cigarette avant de sortir, tu remarques la petite boîte à suggestion. Ton sourire se fait un instant mauvais alors que tu saisis de quoi noter.
Jolie boutique. Votre modèle économique laisse perplexe cependant. Ps : Arrêtez de vous foutre de notre gueule.
C’est avec un air satisfait que tu sors de la boutique, clope au bec. La différence de température te fait frisonner et tu te retournes pour chercher les deux Price restés à l’intérieur du regard tout en allumant ta cigarette.
Les vacances touchent à leur fin, et avec elles ton séjour écossais. Dès ce soir, il te faudra rejoindre Londres pour entamer de nouvelles semaines harassantes, entre paperasses et retombées interminables des troubles politiques qui agitent le pays. Vous en avez longuement parlé, avec Jane, la vieille dame se montrant toujours curieuse de cet envers du décor qui n’a pas sa place dans la Gazette du Sorcier. D’aucun pourraient y voir une curiosité mal à-propos mais tu connais trop ta grand-mère pour avoir le moindre doute quant à la bonté de ses intentions et son inquiétude sincère pour toi.
Aucun programme aujourd’hui, si ce n’est de profiter des dernières heures à passer ensemble avant que tu ne t’évapores par la cheminée du salon. Aussi, lorsqu’elle a fait glisser vers toi l’exemplaire du journal du jour rappelant l’ouverture d’une nouvelle boutique de curiosités moldues à Pré-au-Lard, as-tu acquiescé avec enthousiasme. Le village sorcier n’est pas si éloigné, le trajet aisément réalisable en poudre de Cheminette et la destination une sortie idéale en ce dimanche bien calme.
Emmitouflées dans ta cape d’hiver, ton écharpe Poufsouffle fièrement nouée autour de ton cou. De souvenir en anecdote, vous avancez à pas lents sur les pavés glissants, ton bras soutenant le sien. Au programme, la visite de cette nouvelle échoppe, avant un rapatriement aux Trois-Balais pour un déjeuner bien mérité. Et pourquoi pas une balade jusqu’aux portes de Poudlard.
Le Bazar Magimoldu, ainsi se nomme le nouveau venu d’où s’échappe cris et rires – Merlin, l’école aurait-elle autorisé une sortie un dimanche ? De toute évidence, à en juger par les exclamations des enfants courant en tous sens. Si pressés de découvrir l’endroit que les vitres sont embuées par ces dizaines de respirations. Aussi ce n’est qu’une fois la porte refermée derrière vous – et un regard alentour pour admirer les lieux – que tes yeux se posent sur celui que vous avez manqué de bousculer à votre entrée. « Lemony ! Je ne m’attendais pas... » Tes mots se troublent, ridicules. Tu ne t’y attendais pas ? Vraiment ? Alors qu’il travaille juste à côté et que tu ne connais personne de plus enthousiaste à l’idée de rapprocher monde moldu et communauté magique ? Tes joues s’empourprent déjà, pour le plus grand plaisir de ta grand-mère, qui pose un regard intrigué sur ce jeune homme tiré à quatre épingles qui semble si bien faire rougir sa petite fille. Dans une vaine tentative pour reprendre contenance, tu esquisses les présentations. « Mamy, je te présente Lemony, un ami de Poudlard. » Tu te tournes vers elle pour ajouter, enthousiaste. « Il est professeur de sciences moldues, désormais. Et directeur de Serdaigle depuis peu ! » Oh, n’est-ce pas un brin de fierté qu’elle perçoit dans ta voix ? Sans se départir de son expression polie, elle observe les boucles brunes, les lunettes déjà nettoyées trois fois, la veste soigneusement boutonnée et surtout, surtout, cette étincelle légère qui semble allumer ses yeux bleus. Son sourire s’élargit, tout en subtilité, et elle tend une main engageante à Lemony. « Jane McAllister. C’est un plaisir de vous rencontrer, jeune homme ! » T’épargnant plus de gêne par une attention trop soutenue, elle se tourne vers le présentoir le plus proche. « Nom d’un petit gnome, je n’ai pas la moindre idée de ce que peuvent être toutes ces choses. Lemony – je peux vous appeler Lemony ? Vous qui connaissez bien les moldus, sauriez-vous me dire ce que c’est que ça ? » Elle darde un regard curieux sur le lecteur MP3 flambant neuf qui repose sur le meuble, ses écouteurs enroulé à proximité.
« There is no excuse for not catching a ball you can get to. »
Un bazar Magimoldu. La nouvelle a été annoncée il y a quelques semaines déjà et depuis, je suis intrigué. Je ne connais rien au monde moldu, à part deux trois petites choses que mon amie rencontrée de l'autre côté de l'Atlantique m'avait appris. Elle ne voulait pas trop parler de ses origines, simplement parce que j'avais peut-être un peu trop parlé des ambitions de ma famille. Parfois je regrette de ne pas en avoir appris davantage. J'ai hésité à y aller, je sais que si ma mère me voyait entrer dans ce genre de boutique, elle me maudirait très certainement, mais il faut croire que finalement le choix a vite été fait par la direction de Poudlard. Je suis professeur et j'ai été réquisitionné pour encadrer les plus jeunes étudiants ayant décidé de se rendre à Pré-au-Lard pour l'occasion.
« Mais oui, Roach, tu viens avec moi. Pas question que tu restes enfermé ici pendant que tout le monde s'amuse. »
Il est complètement excité à l'idée de se rendre à ce bazar, bien plus que moi. Hors de question cependant de me rendre sur place sans proposer au préalable à mon meilleur ami de se joindre à nous. Je sais que c'est un homme occupé, mais si je dois découvrir ces choses issues de l'univers moldu, j'aimerais que ce soit avec mon partenaire de crimes de toujours. Roach à ma gauche et les élèves de première année à ma droite, on se met en route pour pré-au-lard. Mon chien ne peut s'empêcher d'aller vadrouiller entre les élèves, provoquant la panique pour certains et des rires pour d'autres. Heureusement qu'il est bien élevé, il ne ferait pas de mal à une mouche, à moins que je ne le lui demande.
On arrive finalement au village de Pré-au-Lard qui est bien plus bondé que d'ordinaire. C'est presque peinant de voir autant de monde dans ce village pourtant si agréable d'habitude. Je n'ai pas l'habitude d'être réuni dans des endroits avec autant de mon mais ce n'est que le temps d'une journée. Toute la petite troupe pénètre dans la boutique qui de l'extérieure semble bien exiguë mais grâce à un sortilège bien maîtrisé permet à tout ce beau monde de tenir à l'intérieur du bazar.
« Vous pouvez vous promener tranquillement dans la boutique, mais vous ne sortez seul sous aucun prétexte. »
Ce sont les règles pour la journée. A onze ans voire presque douze ans pour la plupart, ils n'ont plus besoin qu'on leur tienne la main, mais garder un œil sur eux reste nécessaire. Il ne faudrait pas que l'un d'entre eux ne s'éloigne trop et se retrouve à la Cabane Hurlante. A leur âge, ils rêvent tous de s'y rendre pour tester leur courage. J'étais pareil en première année, mais visiblement pas assez brave pour oser m'aventurer dans ce genre d'endroit.
Je déambule dans les rayons, observant avec attention toutes ces choses qui parfois ressemblent à des objets de notre monde mais qui ne font rien d'extraordinaire. Mon regard est attiré par un objet de forme sphérique. Je me gratte le menton, cherchant désespérément l'intérêt de cet objet noir et blanc, j'appuie sur les surfaces noires d'abord, puis les surfaces blanches, mais rien ne se passe, l'objet se contente de tomber de son socle pour rouler jusqu'aux pieds d'une femme âgée. Je me précipite vers l'objet pour le ramasser et lève le menton pour présenter mes excuses.
« Je vous demande pardon, madame. Cet objet n'a visiblement aucun autre intérêt que de rouler aux pieds des inconnus. »
Je me redresse et, juste derrière la femme, je reconnais ce visage et cette chevelure flamboyante.
« Serait-ce ma cousine préférée que je vois là ? »
@Erin McAllister, une cousine rencontrée sur le tard, descendante de la famille de mon père. Pour des raisons évidentes, nous n'avons pas grandi ensemble, mais il y a quelques années, elle et son frère ont finalement montré le bout de leur nez auprès des Thornberry. Comment pouvais-je ne pas accueillir un cousin et une cousine ? C'est bien un regret que j'ai eu de ne pas grandir avec d'autres membres de ma famille. L'objet curieux et sans fonction précise toujours sous le bras – et qui semble intéresser Roach qui demeure très calme à mes pieds mais intrigué par l'objet noir et blanc – je viens enlacer ma cousine de mon bras libre.
« Comment vas-tu ? Ça me fait plaisir de te voir. »
Je tourne la tête pour découvrir mon collègue, @Lemony Anderson. Je ne suis pas étonné de le voir dans le coin, mais plutôt étonné de constater qu'il connaît ma cousine.
« Professeur Anderson, je ne savais pas que vous connaissiez ma cousine, Erin. »
Children waiting for the day, they feel good Happy birthday, happy birthday Made to feel the way that every child should Sit and listen, sit and listen Went to school and I was very nervous No one knew me, no one knew me Hello teacher, tell me what's my lesson Look right through me, look right through me
- 29.02.2004
Je me rends compte que je suis peut-être un peu trop proche de l’entrée quand, alors que la porte s’ouvre, je manque de me faire bousculer par les nouveaux venues. Je me retourne pour me confondre en excuse, où avais-je la tête, et ma bouche reste ouverte sans que le moindre son n’en sorte. Elle est là. Elle est vraiment là, juste là, avec ses cheveux roux, ses beaux yeux verts, son sourire absolument adorable, la façon adorable dont il semblerait que ses joues se colorent tout d’un coup. Je cligne des yeux, comme pour figer cette image dans ma mémoire. Le magasin pourrait bien s’écrouler sur moi, les enfants peuvent bien détruire tout ce qui s’y trouve, l’espace d’un instant j’ai l’impression d’être projeté à un autre endroit, à un autre moment. Erin. Je me racle la gorge et remets mes lunettes sur mes yeux, essayant de retrouver un peu de mon sérieux, de mon assurance. Je suis professeur de Poudlard, directeur de Serdaigle, j’ai passé l’âge de papillonner ainsi en oubliant tout ce qui m’entoure. Tout ce qu’il y a de plus rationnel en moi me crie que je suis ridicule, qu’il faut que je me reprenne, qu’il faut que j’arrête d’avoir cet air un peu niais à chaque fois que je la croise. Et pourtant… Pourtant quelque chose de plus profond, de plus fort, quelque chose auquel je n’arrive pas à résister – je n’ai pas envie d’y résister, me souffle de continuer à m’enfoncer dans cette douce folie. C’est trop bon, c’est trop beau, ça ne fait de mal à personne de me rêver un peu en sa compagnie, d’imaginer… Je crois que je rougis, aussi. C’est comme si tous mes sens, endormis, se réveillaient d’un coup, pour que je la vois mieux, que je l’écoute mieux, que me revienne en tête son parfum, son rire, la douceur de ses cheveux, la sensation étrange qui me prend quand je la regarde un peu trop longtemps… « Mamy, je te présente Lemony, un ami de Poudlard. » Je m’ébroue, pour revenir à moi, pour reprendre pied dans la réalité. Je n’avais même pas remarqué la vieille dame qui l’accompagnait. Sa grand-mère, donc. Je me fends de mon plus beau sourire – peut-être un peu nerveux, peut-être un peu crispé. Et si elle ne m’aimait pas ? Et si elle disait à sa petite fille que j’étais… Non, non, Lemony. Que tu te laisses aller à quelques enfantillages, d’accord, mais à ce point, il ne faut pas exagérer. Des fois, je ne me supporte pas moi-même. « Il est professeur de sciences moldues, désormais. Et directeur de Serdaigle depuis peu ! » Je bomberais presque le torse, sous l’effet d’une petite fierté en entendant Erin donner ma profession – j’hésite un instant à ajouter professeur référent du club de journalisme, mais je me ravise immédiatement. D’abord, parce que c’est peut-être un peu trop, tout cela, et ensuite parce qu’à part moi, je ne pense pas que ça intéresse qui que ce soit. La vieille dame me sourit et m’offre sa main que je saisis avec un certain enthousiasme. « Jane McAllister. C’est un plaisir de vous rencontrer, jeune homme ! » C’est qu’elle a une poigne que je ne soupçonnais pas. « Moi de même, absolument enchanté. Et ravi de te voir, Erin. » J’ai la vague impression que ma voix est partie vers une hauteur étrange quand je me suis retournée vers la jeune rousse – et si j’avais été seul je crois que je me serai collé des claques. Heureusement, la vieille dame est de toute évidence une sorte de divinité capable d’ordonner à la gêne de disparaître en changeant de sujet – je n’en attendais pas moins d’une parente d’Erin. « Nom d’un petit gnome, je n’ai pas la moindre idée de ce que peuvent être toutes ces choses. Lemony – je peux vous appeler Lemony ? Vous qui connaissez bien les moldus, sauriez-vous me dire ce que c’est que ça ? » J’appuie l’index sur mes lunettes pour reporter mon attention sur l’objet qu’elle me désigne. « Oui, alors ça c’est un lecteur MP3. Ca garde de la musique en mémoire et on l’écoute avec - »
Un ballon de foot roule à nos pieds, rattrapé par Aedrian Thornberry. « Je vous demande pardon, madame. Cet objet n'a visiblement aucun autre intérêt que de rouler aux pieds des inconnus. » Je me pince les lèvres pour ne pas me mettre à hurler. Qu’est-ce que c’est que ces gens qui n’ont jamais vu un ballon de leur vie ? Mais ils vivent dans quel monde, ces sorciers ? Sérieusement, Aedrian ? Sérieusement ? Et il a osé se moquer de moi quand à onze ans j’ai découvert les bavboules ? Je crois que s’il ne faisait pas quinze centimètres de plus que moi, je le secouerais de toutes mes forces. Pour me sortir de mon ahurissement, le voilà qui se tourne vers Erin. « Serait-ce ma cousine préférée que je vois là ? » Attendez… Quoi ? J’ai la vague impression de tomber de Charybe en Scylla, horrifié de le voir découvrir cet objet si incroyablement banal et vaguement assommé par cette nouvelle donnée. Ils sont cousins ? Il va pour l’enlacer, pour que mon doute ne puisse plus exister, et je reste un peu pantois, les bras ballant. « Comment vas-tu ? Ça me fait plaisir de te voir. » Et bah ça, alors. Son cousin. Son cousin qui ne sait pas ce qu’est un ballon de foot. Je n’arrive plus vraiment à me situer moi-même au milieu de tout cela. « Professeur Anderson, je ne savais pas que vous connaissiez ma cousine, Erin. » Je me sens étonnamment intimidé tout à coup, et il m’apparaît presque plus grand, plus imposant, l’espace d’un instant. Quel genre de cousin est-ce ? Est-ce que je devrais craindre qu’il m’écrase si je venais à lui dire que… Enfin à… Je veux dire… Ma voix me paraît incroyablement aiguë quand je lui réponds. « Oui, j’ai ce plaisir, je euh... » Est-ce que je peux me cacher quelque part pour disparaître ? « Je ne savais pas non plus que vous étiez cousins. » Merde, c’est un ballon de foot quand même !
29 février 2004 La nouvelle avait fait grand bruit. Un magasin vendant des objets moldus venait d’ouvrir ses portes. Certains n’avaient pas décoléré, d’autres s’étaient laissé pousser par la curiosité. C’était le cas de Tristan, suivit par sa petite Rosie. Les moments entre le père et la fille étaient rares. Tristan était pris, trop pris pour une petite fille de 6 ans, mais le Weasley ne pouvait pas faire autrement. En choisissant de devenir Auror, il avait choisi une vie dédiée à son métier. Un enfant ne faisait pas partie de son équation, mais la vie en avait décidé autrement. Tristan était devenu papa, mais aujourd’hui encore il apprenait à être un bon. Rosie était curieuse de nature, comme Tristan à son age. Quand elle avait appris qu’une telle boutique ouvrait, elle avait demandé à son père d’y faire un tour. Le brun gâtait sûrement un peu trop sa fille, il essayait de compenser avec des cadeaux, ce qu’il ne pouvait pas lui offrir, tout en sachant que cela ne réparerait rien. En tout cas, quand il le pouvait, il prenait le temps de lui faire plaisir en vivant des moments avec elle. Voilà pourquoi il avait accepté de se rendre à pré-au-lard. Sans oublier que cela lui rappellerait quelques souvenirs d’enfance. Quand il était encore étudiant à Poudlard. A l’époque, comme la plupart des élèves, il s’agissait d’une de ses sorties préférés. C’était une belle époque, elle lui semblait lointaine désormais. Bientôt, sa propre fille rentrerait à Poudlard. L’idée était encore difficile à accepter pour Tristan, mais il préférait envoyer Rosie à Poudlard pour suivre le cursus PRIMA SAPIENTIA. Il préférait qu’elle soit à l’aise avec sa magie et puis cela lui permettrait aussi de rencontrer d’autres enfants, ce qui n’était pas plus mal. Quand ils arrivent à la boutique, il y a déjà pas mal de monde. Rosie est tout excitée de pouvoir enfin découvrir ce monde étrange dont elle a entendu parlé, mais qu’elle n’a jamais découvert. A vrai dire, elle n’est pas la seule, Tristan est tout aussi intrigué. Il a déjà eu affaire à des objets moldus, mais pas autant que certains de ses collègues au ministère. Découvrir cette boutique, c’est un peu comme faire un grand pas dans un monde inconnu. Le seul truc qui le chiffonne, c’est qu’il craint une réaction. Cette ouverture risque d’en énervé certains, raison pour laquelle il reste tout de même sur ses gardes. Pour autant, il tente de profiter du moment, comme lui a si bien dit sa sœur, il est peut-être temps pour Tristan de ne pas toujours voir le mal partout.
Alors que Tristan observe un lecteur MP3, tentant de découvrir à quoi cela peut bien servir, la voix de sa fille attire son attention. « Papa regarde !!!!! » Tristan jette un regard sur l’étrange objet que tient sa fille, il s’agit d’une sorte de télécommande, mais plus petite. Elle possède un écran. En appuyant sur les touches, elle fait bouger le petit personnage. « J’arrive pas à sauter !!! » Que cela ne tienne, Tristan peut venir à bout de toutes situation. « Attends je vais essayer. » Alors qu’il attrape la console, son personnage saute en l’air dans un son tragique. « Mais... » « C’est normal Papa, les champignons t’attaquent... » Hmm, d’accord, il allait leur faire la peau à ses champignons… « Héhé !!!!! » Et voila champignon écrasé. « Papa !!! Je peux jouer ? » Oups …. relevant les yeux du petit objet, Tristan tendit la console à sa fille. « Tiens, mais tu fais attention, tu ne la casses pas... » Il allait peut-être réfléchir pour l’acheter, c’était assez amusant...
La nouvelle a de quoi faire rire. Cela fait plusieurs semaines que l’ouverture d’une nouvelle boutique qui vendrait des accessoires moldus à Pré-Au-Lard a été annoncée. Il avait rapidement pris connaissance de l’information avant de l’oublier tout aussi vite. Les bidules moldus, il n’en a pas grand chose à faire pour être honnête, il préfère laisser ça aux énergumènes comme Lemony, qui, tel que Damocles le connaît, doit déjà attendre de pied ferme l’ouverture de la boutique. Pourtant, la veille, il avait reçu un hibou de la part d’Aedrian, qui lui proposait de profiter de l’occasion pour l’accompagner découvrir cette boutique étrange. Damocles avait d’abord renâclé devant l’idée. Pour une fois qu’il avait un dimanche de libre, la perspective de le passer au milieu d’une boutique probablement surpeuplée de gamins de Poudlard surexcités ne l’engageait pas beaucoup. Mais la perspective de revoir son ami l’avait finalement emporté et il avait renvoyé le hibou avec sa réponse positive. Il paraît en plus que le Ministre va paraître.
Mais le jour J, il est beaucoup moins enthousiaste à l’idée d’aller affronter les vents froids des Highlands et les hordes d’élèves qui se trouveront là. C’est avec un soupir qu’il enroule sa cape autour de ses épaules, regrettant de ne pas pouvoir rester au chaud et récupérer un peu de son énergie dépensée au cours de cette semaine éprouvante. Mais au moment d’emprunter la cheminée qui l’emmènera à Pré-Au-Lard, un miaulement de reproche s’élève derrière lui, et il ferme les yeux en serrant les dents. Merde. Il avait oublié le chat. Il fait demi-tour alors que la boule de poil s’extrait de sous la table basse où elle était cachée. Damocles contemple le petit animal, songeur. Il pourrait envoyer un bisou pour s’excuser de ne pas venir en raison du chaton, trop petit pour être laissé seul. Non, Aedrian saurait tout de suite percer son mensonge à jour. En revanche, il ne peut véritablement pas laisser ce chaton seul. A qui pourrait-il le confier ? Débarquer un dimanche chez quelqu’un pour lui demander de s’occuper d’un chat n’est peut-être pas la meilleure solution, ni celle de passer le déposer à la brigade sous la bonne garde des collègues avant de partir s’amuser à Pré-Au-Lard. En faisant ça, il est certain de retrouver son bureau collé au plafond en y retournant. Le chat vient maladroitement se frotter à ses jambes, encore malhabile sur ses jeunes pattes. Damocles va être en retard. Il lève les yeux au ciel et ramasse le chaton d’un geste, avant de l’enrouler dans son écharpe et de le coincer sous son bras. Maudit animal.
En arrivant à Pré-Au-Lard, impossible de rater la nouvelle boutique. L’attroupement de curieux qui se bousculent devant l’entrée pourrait aussi bien être un panneau clignotant indiquant la porte. Bravant la foule, il se faufile parmi les élèves et les adultes agglutinés en prenant bien soin de ne pas écraser le chaton. Il n’en faut pas plus pour achever de le mettre de mauvaise humeur. Aedrian a intérêt à lui offrir un fût entier de son meilleur whisky pour se faire pardonner. Où est-il d’ailleurs ? Avec le peuple présent, difficile de repérer qui que ce soit. Il parcourt les allées, curieux. Certains objets lui sont familiers, des carnets, des stylos, mais pour la plupart, ils lui sont complètement inconnus. Il n’ose pas vraiment toucher à quoi que ce soit, mais le spectacle de tous les gamins de Poudlard qui s’emparent sans vergogne de tout ce qui passe à leur portée le détend. Il reconnaît même quelques visages connus, d’anciens camarades de Poudlard qu’il avait oublié, des collègues qui comme lui ont fait le voyage depuis Londres. Il adresse un petit signe à @Tristan G. Weasley, sans aller le déranger, car il est avec sa fille, concentrée sur une étrange boîte carrée et bruyante. Damocles s’approche du présentoir où sont posés les petites boîtes et lit l’étiquette qui les accompagne. Game Boy advance. Il saisit l’une des Game Boy et regarde le petit écran où un personnage immobile semble attendre une action de sa part. Hésitant, il commence à appuyer sur les boutons et le petit personnage s’actionne. Il se prend rapidement au yeux et sur l’écran, l’avatar s’agite, suivi par les yeux ronds du chaton. Soudain, l’écran devient noir. Game Over. Damocles hausse les sourcils. Que s’est-il passé ? Game Over, est-ce qu’il a cassé le jeu ? Ça y ressemble bien. Il regarde autour de lui d’un air innocent avant de reposer la Game Boy à sa place, comme si de rien n’était. Le chat lance un miaulement et il lui gratte la tête pour le faire taire. Ce sera le problème de quelqu’un d’autre. Il espère juste que personne ne l’a vu.
Alors qu’il prend une autre Game Boy, non cassée celle là, il aperçoit finalement @Aedrian Thornberry près de l’entrée, encombré d’une grosse balle bicolore. Enfin, il se sent perdu, seul dans cet environnement moldu. Au moins il est sûr qu’Aedrian sera tout aussi perplexe que lui en voyant tout ça. Il se dirige rapidement vers lui et le chaton lance un miaulement virulent qu’il préfère ignorer. « Aed ! Enfin, t’es là, je t’ai cherché partout. Il y a un monde de dingue, par Rowena. » Tous les élèves de Poudlard semblent être de la partie. Damocles lui brandit la Game Boy sous le nez. « Regarde ce que j’ai trouvé. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? » Puis il ajoute tout bas. « Ne le dis à personne, mais je crois que j’en ai cassé un. » Au même moment, son regard croise des prunelles familières. Evidemment que @Lemony Anderson est là, le contraire l’aurait étonné. Après tout, il travaille à Poudlard, et même s’il était à l’autre bout du monde, Damocles est persuadé qu’il aurait été capable de faire le déplacement juste pour venir voir la boutique. « Lemony, tu vas pouvoir éclairer nos pauvres lanternes. » Mais aux côtés de Lemony se trouve une personne qu’il n’aurait pas pensé voir ici. Il lance un regard interrogateur à @Erin McAllister. Il sait qu’elle est supposée être en vacances, cela fait plusieurs jours qu’il ne l’a pas vue à la Brigade. Ces quelques congés ont l’air de lui avoir fait du bien et il regarde avec un sourire son visage bien plus détendu que lorsqu’il l’avait vue pour la dernière fois. « McAllister ! Qu'est-ce que tu fais ici ? J’espère que tes vacances te font du bien. C’est censé être un secret, mais Carol-Ann veut organiser une fête pour ton retour. Il paraît qu’elle va faire un gâteau. » Il grimace légèrement. C'est d’autant plus étrange que l’assistante bavarde n’a pas vraiment l’air de porter la brigadière dans son coeur.
Lemony est là. Expliquant à ta grand-mère l'utilité d'un lecteur MP3 – il faut dire à sa décharge que le tout petit appareil qui lui fait face ne ressemble guère au baladeur CD qui vous a accompagné, Adele et toi, toute votre adolescence. Oh elle se souvient fort bien de vous deux, chacune avec l'un de ces étranges fils dans l'oreille, chantonnant au rythme d'une inaudible musique. Mais la technologie moldue a progressé bien trop vite, Merlin, aussi écoute-t-elle les explications avec intérêt, sous tes yeux éberlués. La scène est touchante, étrangement séduisante. Lemony est là, nouvelle rencontre fortuite et il fait brusquement un peu plus chaud dans la boutique par ailleurs surpeuplée de curieux. Tant et si bien que tu t’inquiètes pour Jane – qui pousseraient des hauts cris si elle t’entendait penser –, craignant qu’à tout moment un garnement ne la bouscule dans son enthousiasme, malgré la présence attentive des professeurs chargés de les encadrer. Et parlant de professeur…
Un ballon de football vient s’échouer à vos pieds, poursuivi par un visage aux boucles rousses dont la vue étire encore davantage ton sourire. « Aedrian ! » Ta voix résonne de cette même surprise – il n’est pourtant pas plus absurde de croiser ici ton cousin que Lemony. Poudlard a dû demander à chacun de ses enseignants de se porter volontaire pour cette sortie exceptionnelle des plus jeunes. Malachy est-il dans les parages, lui aussi ? Tu l'imagines difficilement manquer une occasion pareille de veiller sur ses petits loups. À moins que la pleine lune ne l'ait épuisé récemment ? Tu cherches un instant à calculer la position de l'astre, avant de renoncer, happée dans l’étreinte amicale dont te gratifies Aedrian. Plaisir trop rare que de le retrouver, vos liens étant sans commune mesure avec ceux t’unissant aux Cameron. Mais il faut bien admettre qu’il est sans aucun doute l’unique chose positive que Sebastian ait apporté dans ta vie à ce jour. « Je suis vraiment désolée, j’avais prévu de t’envoyer un hibou pour te demander comment se passaient les choses à Poudlard et… » Tu hausses les épaules, fataliste face aux événements innombrables qui t’ont tenue éloignée de ta plume. Tu devines déjà dans l’oeil de Jane une lueur intriguée, faisant écho à la surprise de Lemony face à votre lien de parenté. Mais tu t’abstiens de te tourner vers lui, soucieuse de préserver un temps encore la teinte de tes joues trop promptes à rougir face à son regard bleu. Un nouvel arrivant te coupe toutefois dans toute vélléité de présentation, et tu retournes un regard abasourdi à ce visage bien connu, sans doute parmi les derniers que tu aurais imaginé croiser ici. « Slughorn ? Qu’est-ce que… » Tu retiens la question de justesse, le temps d’inspecter le revers de sa cape pour remarquer l’absence d’insigne et en conclure qu’il est là… de son plein gré ? Difficile de ne pas pouffer de rire à l’idée que Damocles Slughorn ait pu choisir de passer son dimanche dans une boutique prise d’assaut par les étudiants. Au nom de votre amitié balbutiante, tu te retiens toutefois, et à défaut, te mords la lèvre, préférant te concentrer sur la promesse de gâteau qu’il évoque… ou est-ce une menace d’empoisonnement ? « Douce Helga, je sens que je vais prolonger de quelques jours… »
Une toux légère se fait entendre et tu adresses un sourire à ta grand-mère, dont le regard pétille d’autant de curiosité que de malice. « Pardon Mamy, je te présente Aedrian Thornberry. Et Damocles Slughorn, un collègue. Jane McAllister, ma grand-mère… paternelle. » ajoutes-tu après une seconde d’hésitation, soucieuse de ne pas placer ton cousin face à une éventuelle parenté non désirée. Bien qu’il sache que tes relations avec les Campbell ne sont guère plus reluisantes que les siennes, la précision ne fait pas de tort. « Enchantée, jeunes gens. Monsieur Thornberry, j’ai beaucoup entendu parler de vous. Monsieur Slughorn. Ce sauvetage de niffleurs m’a tout l’air d’avoir été une sacrée épopée. » Elle se tourne finalement vers toi, sa main gantée cherchant ton bras qu’elle presse doucement. « Je vois que tu es bien entourée, mo chridhe. Je pense que je vais aller t’attendre aux Trois Balais, il y a un peu trop de monde pour moi ici. Tu n’auras qu’à me rejoindre quand tu auras fini de faire le tour. Ce fut un plaisir, messieurs ! »
Une boutique d’artisanat moldu à Pré-au-Lard. Remarquez, juste pour la curiosité, ça vaut le coup d’aller voir. C’est ce que tu t’es dit quand tu as reçu un mot de la part de Severus Rogue t’expliquant qu’il allait encadrer une petite expédition scolaire avec le corps professoral à l’occasion de l’ouverture de la boutique des sœurs Patil – vous vous souvenez d’elle, peut-être, Uriel ? – et qu’il aurait aimé profiter de l’occasion pour quémander ton expertise… non pas en objet moldu, mais en qualité d’infirmier pour une de ses élèves s’avérant sujette à une mélancolie inquiétante.
Il t’a résumé l’affaire : Eirian Almasdottir, une petite fille Verbena qui a grandi dans un village respectant scrupuleusement les anciennes lois – bref, des bouseux archaïsant qui n’ont jamais reçu la parole de Dieu, quoi… oui, tu interprètes, mais tu ne doutes pas que ce soit le message sous-jacent – qui s’en est trouvée fort destabilisée en arrivant à Poudlard. Il faut dire qu’en plus, l’année a été mouvementé déjà… Une attaque de dragons, le renvoi d’un professeur auquel, paraît-il, la petite s’était attachée… Et puis la mesquinerie habituelle des gamins de cet âge qui se moquent des autres… ça, tu as bien connu toi-même.
Non, la seule vraie chose qui t’a décidé à répondre présent, outre le fait que ce soit Severus Rogue qui te le demande, et que tu lui conserves, malgré tout ce qui peut crépiter, entre vous, une certaine amitié, c’est que cette gamine n’est pas à Serpentard. Severus Rogue protecteur d’une Pouffsouffle… Rien que pour voir ça, tu aurais posé un jour de congé s’il l’avait fallu. Qui est-il et qu’a-t-il fait à Severus Rogue, cet imposteur qui t’a écrit ?
C’est non sans un certain amusement que tu te rends sur place, un peu après l’heure dite de rendez-vous. Il y a foule, évidemment… Rien de très surprenant. Tu vois des dizaines d’élèves en uniforme et d’adultes se promener dans tous les sens. Comme la boutique est plutôt petite, tu hésites à entrer… Tu préfères peut-être attendre dehors qu’il arrive avec la gamine ? De toute façon, il y a déjà des élèves, alors le Directeur devrait pas tarder… Il te semble avoir vu Minerva McGonnagall dans le coin. Oh et puis zut ! Il fait carrément trop froid. Tu te décides à rentrer quand tu vois la porte s'ouvrir pour laisser passer un mec qui fouille dans ses poches pour s'allumer une clope. Tu salues machinalement @Rhys M. Price sans le remarquer spécialement, et tu t'approches de la porte.
C’est en frissonnant que tu pousses la porte du local commercial et que tu entres dans une antre surpeuplée, mais à la chaleur bienvenue. Tu fais ton petit tour et tu écarquilles les yeux à la vue des prix. Tu ne peux pas t’empêcher de pouffer. Ah ça, ta famille maternelle moldue, elle se moquerait bien de tous ces sorciers achetant une game boy cinq fois son prix ! Tu espères qu’à ce tarif là, elles sont au moins trafiquées pour permettre de les employer à l’intérieur de Poudlard, sinon il y a arnaque, c’est toi qui le dit !
Tu t’approches de la boite à suggestions pour y glisser un petit mot :
« Alors super initiative que d’apporter un peu de culture au monde de la magie qui a bien deux siècles de retard sur les moldus, par contre, on est d’accord que les prix c’est du vol ? Et puis ça manque de livres ! Austen et Tolkien sont quand même plus importants qu’un paquet de clopes – un client né moldu atterré »
Tu plies soigneusement le papier et le glisse dans la boite en te marrant un peu. Tu aurais peut-être du leur conseiller une auteur moldue, là, qui écrit des romans pour enfant sur une école de sorcellerie… Comment s’appelle-t-elle encore ? Tu te souviens d’avoir vu un gamin né moldu lire ça à l’hôpital en tous cas, quand il est venu consulter pour un cas de Dragoncelle… Comment ce petit garçon de douze ans a réussi à chopper la Dragoncelle a toujours été un mystère pour toi.
C’est en pensant à tout cela que tu le repères enfin à l’entrée, @Severus Rogue. Tu te diriges vers lui et le salue avec un sourire sincère en lui tendant la main. Non, malgré les aveux terribles de vote dernière rencontre, tu n'arrives définitivement pas à lui en vouloir. Ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant. Tant pis. Tu vas devoir t'y faire, tu supposes... Et tu laisses le flot de ta haine se rediriger vers Lucius Malefoy et sa frigide d'épouse.
– Bonjour professeur Rogue.
Tu vois à côté de lui une toute petite fille brune. Est-ce que c’est elle, cette @Eirian Almasdóttir ? Dans le doute, tu la salues aussi en t’acroupissant pour te mettre à son niveau. Etais-tu aussi riquiqui quand tu avais onze ans ?