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L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur {Nigel&Malachy}
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Dim 8 Déc - 13:43




L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur
Un samedi soir, au mois de janvier 2004, jour 17 du Cycle Lunaire.

Sa sœur lui avait demandé de traverser le Royaume-Uni par pure ambition, et, bien sûr, Malachy n’avait rien su lui répondre d’autre, que ouais, je vais y aller. On ne refusait rien à Luaine Jude Lyons, à qui le manque de lycanthropie n’empêchait pas l’accès au statut d’alpha. Parce qu’il n’aimait pas transplaner, il avait opté pour un itinéraire avec deux portoloins, avait passé quelques heures d’attente dans un petit village moldu du Leicester avant d’atterrir chez un cordonnier sorcier à Londres. Vers dix-sept heure il avait fini par atteindre – quel périple ! – le bar du Chaudron Baveur. Un endroit vraiment minable, sans âme, le genre de lieu qui plaît à tout le monde, et qui du même coup, ne plaît vraiment à personne. Il avait songé, en y passant, à se louer une chambre pour le soir-même, au cas où il ne se trouverait pas de partenaire chez qui passer la nuit. Mais, se surprenant lui-même d’avoir envisagé pareil affront, il s’était ravisé en se convainquant de ne pas choisir telle facilité. Les Lyons éprouvaient un grand mépris à l’égard des tenanciers du Chaudron Baveur, si bien que quand il avait été envisagé d’étendre leur influence à Londres, le bar avait été le premier à être rayé de la liste des possibilités.

Non loin de là toutefois, juste entre le Chemin de Traverse et l’Allée des Embrumes se tenait un joli établissement, indiqué par une enseigne extraordinaire qui assortissait à merveille le nom du bar. Helen’s Legs. Malachy poussa la porte, commanda une pinte au comptoir, et alla s’installer près d’une fenêtre. Il sorti de son sac un bouquin d’économie moldue, son paquet de cigarettes, et laissa les heures défiler.

***

Notre loup faisait mine de prendre des notes sur son bouquin. C’était le cas, mais entre quatre formules mathématiques et deux théories, il écrivait combien de clients étaient rentrés dans le bar, combien d’entre eux se bourraient la gueule, comment le patron leur parlait, s’il vendait bien son affaire. Une clope serrée entre les commissures de sa gueule, il avait commandé une seconde pinte, et s’était aussi noté s’il y avait la place d’installer un poste de radio, peut-être même une télévision. Il avait compté le nombre de place assises et avait estimé le nombre de places total – une soixantaine. Jude voudrait connaître tous ces détails, il notait donc tout, mais à vrai dire, il s’était déjà fait une idée. C’était un spot idéal. Très sorcier, et en même temps, accessible à tous ceux-ci. Très bien situé à la jointure des deux artères les plus populaires du monde magique anglais, fréquenté donc par toutes sortes de populations. On y venait surtout pour boire de l’alcool, ce qui était un élément essentiel à la surconsommation. Le patron semblait investi dans ce qu’il faisait – tellement investi que Malachy l’avait vu deux ou trois fois s’enfiler un fond de whisky entre deux clients. Helen’s Legs ; au vu du nom, l’établissement devait avoir une origine intéressante, à ne pas en douter Gustave Courbet. Malachy espérait que le patron ne serait pas trop secret à ce sujet.

C’était l’idée de rentrer entre les jambes d’Helen qui l’avait attiré dans ce bar, et bien sûr, il ne devait pas avoir été le seul pauvre type à avoir ricané de façon salace à cette idée. Il était allé sur le Chemin de Traverse à la fin du mois d’août pour se faire une sélection de bouquins chez Fleury et Bott avant la nouvelle année. Le soir venant, il avait donc été attiré par l’enseigne, et y avait bu quelques pintes. Il s’était tout de suite fait la remarque qu’il y retrouvait un peu de l’ambiance du bar familial à Manchester, pourtant bien plus moldu. L’idée que le commerce des paris puisse s’étendre jusqu’à Londres, véritable capitale magique pour l’Angleterre, l’avait déjà effleuré, mais elle venait prendre vie ici. Il s’imaginait les habitués verser le contenu de leur bourse sur le comptoir en zinc, les gallions massifs clinquants contre le métal. Le patron avait la gueule d’un parieur, ou en tout cas, la gueule de quelqu’un bien installé dans ses bottes, capable de faire quelques additions et de voir le potentiel de pareil commerce. C’était un type assez massif, frisant la cinquantaine, qui avait l’air de faire ça depuis longtemps. Il plairait à Jude, si un jour elle se décidait à quitter Manchester. Malachy lui en avait donc parlé, elle avait accroché à l’idée, qui venait parfaitement se marier avec le plan de développement qu’elle avait en tête pour le business familial. Mais bien sûr, elle ne se s’était pas déplacée pour autant, et avait insisté pour que son frère joue l’éclaireur. A ne pas en douter toutefois, quand il reviendrait à la niche avec toutes ses notes joliment prises, elle assurerait après coup le rôle de cheffe de meute et se déplacerait elle-même jusque Londres. Infernale sorcière.

Terminant d’une traite sa seconde pinte, Malachy écrasa son mégot dans le cendrier de sa table et laissa ses affaires un moment pour venir grimper sur un tabouret du bar. Si quelqu’un lui volait quelque chose, l’établissement gagnerait encore quelques points. Les filous, les kleptomanes et les désargentés étaient les premiers à laisser filer leurs pécules pour une vague affaire de sport, et c’était précisément ce dont ce bar avait besoin. Prouver qu’il pouvait se faire un peu plus sportif, et ainsi, rapporter des mille et des cent à ceux qui s’engraissaient sur ledit sport. Pour tout cela, il fallait des clients prêts à dépenser ces pécules, et c'était cela que Malachy était principalement venu évaluer. « Tu me sers un verre de ton meilleur whisky s’il-te-plaît ? ». Maître loup sur un tabouret perché se montrait particulièrement à l’aise. D’abord parce qu’il avait déjà deux pintes dans le sang, mais aussi parce que grandir dans un bar aidait à se sentir comme chez lui dans tous les autres établissements de cette espèce. Il n’y avait pas grand monde, pour un samedi soir, et c’était certainement un des plus gros défauts qu’il avait notés. Peut-être était-ce dû à l’événement qui avait secoué le Chemin de Traverse le week-end précédent, poussant les sorciers à rester chez eux ce week-end ci ? On lui accorderait telle explication, car en attendant, ça lui permettait d’entamer une discussion plus tranquille avec le Thénardier.

« Dis-moi patron … T’es un peu joueur ? »


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Nigel A. Fawley

Nigel A. Fawley
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Dim 8 Déc - 16:12

FAWLEY
Nigel

Lyons
Malachy

L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur




Tu avais été d’une humeur de chien toute la semaine. Peu étonnant, vu les évènements du weekend dernier. Un confort soudain t’avait été offert la veille, une douceur blonde venant éclairer un peu les soirées passées à tenter d’oublier le chaos imprévu. Tu avais hésité à prendre la journée, pour rester plongé quelques heures de plus dans cette aura de soulagement qui suivait toutes retrouvailles avec elle, mais la réalité t’avait bien vite rattrapé. Fermer un samedi, et puis quoi encore ?

Alors tu étais là, un peu moins d’humeur de chien, mais la répartie facile, le sourire en coin annonciateur de ton envie de tester la bonne humeur des gens. Malheureusement, il semblerait que les seuls courageux à être sortis le weekend suivant le désastre de Dimanche dernier étaient engoncés dans un bonheur irréversible, imperméables à toute mauvaise humeur que tu pouvais leur faire pleuvoir dessus. Aussi, bien vite, tu t’en étais lassé, et ton sourire avait retrouvé son naturel charismatique, et tu avais engagé discussions et rires avec la plupart des clients. Certains habitués trainaient au bar, certains avaient même, pour une raison obscure, décidés de communiquer ensemble, et tu craignais de plus en plus une coalition d’alcooliques dans ton domaine.

La journée défile, similaire à toutes les autres, peut-être plus actives en milieu d’après-midi, déluge aidant, et tu enchaînes le tirage de pintes, les versées de whisky, et le tournoiement de baguette pour faire réchauffer le lait des boissons chaudes. N’imaginant pas faire journée pleine ce weekend, tu avais donné quartier libre à ta serveuse, mais tu le regrettais déjà. C’était effarant comme l’homme s’habituait au soutien d’un autre - à peine deux semaines passées sans s’occuper des cafés, et voilà que tu en étais presque déboussolé, livré à toi même. Une honte, franchement, songes-tu en sirotant un fond de verre, une louchette de whisky trônant à peine dedans. D’un air contemplatif, tu laisses ton regard trotter sur le bar pour un état des lieux rapide ; le bar n’était définitivement pas rempli, mais tout de même plus que ce que tu attendais pour ce weekend. Un groupe d’une dizaine de personnes gloussait de rire, sur la gauche, et plusieurs autres tablées enchaînaient la boisson. Il y avait un homme seul, près de la fenêtre, la clope au bec, mais tu ne le reconnaissais pas — ce n’était pas un des habitués. Tu reposes ton verre et jette un coup d’oeil à l’ardoise noire posée sur le bar, invisible aux autres — dessus, s’affichaient au fur et à mesure les commandes de la salle des Embrumes. Tu lèves un sourcil en remarquant une arrivée nombreuse, probablement de la bande à Verpey.

Tes mains s’affairent à répondre à la commande, sifflotant distraitement un air qu’Helen aimait bien, fût un temps. L’aimait-elle toujours ? Sacrée question. In-importante au possible, surtout. Tu secoues la tête et, passant la langue sur tes dents, hésites à te faufiler directement dans la salle des Embrumes. Le bar était arrangé de sorte à ce que ceux qui rentrent du côté des Embrumes pouvaient choisir de rejoindre la salle générale, ou de se faufiler dans une arrière-salle moins accessible, moins décorée, avec moins de chichi, où les commandes se faisaient en appuyant longuement sur la carte. Tu n’y passais que le moins possible, offrant la liberté à ta clientèle de faire toutes sortes de choses sans que tu n’en sois témoin — une ou deux fois par heure, tu y faisais un tour de reconnaissance, histoire de. Allez, ma foi, pourquoi ne pas y faire un tour maintenant. Ta main se place sous le plateau, trouvant ton équilibre parfait, et tu t’apprêtes à le soulever pour disparaître momentanément lorsqu’un client vient se jucher sur un des tabourets du comptoir, l’air très à l’aise. Le plateau reste posé, tes yeux se redressent, et tu croises le regard du solitaire à la clope. Ton sourcil se hausse mais tu lui adresses un sourire poli, posant tes mains à plat sur le comptoir. Ton meilleur whisky, hmm. Tu le dévisages silencieusement, jaugeant s’il méritait ou non véritablement ta meilleure bouteille — suffisamment bien sapé, suffisamment à l’aise dans un bar, loin de démontrer de l’habitude d’un abonné de comptoir, mais quelque chose de différent. Ma foi, pourquoi pas. Tu hoches la tête et te retournes en silence, chopant une des bouteilles de distillerie maison que tu préfères. Lui servant une belle rasade, tu fais glisser le verre en sa direction, ne le lâchant pas des yeux :

- Distillerie maison, vieilli douze ans, nuances sucrées — tu m’en diras des nouvelles.

Et, pour la bonne cause, tu t’en sers un petit fond aussi, l’invitant à trinquer. Il n’allait pas se faire ton meilleur whisky sans toi, tout de même. Comme poussé par ta soudaine bonne humeur, il s’approche encore d’avantage, torse penché, et tu entends presque les mornilles rouler vers toi lorsqu’il s’exclame :

- Dis-moi patron … T’es un peu joueur ?

Tes sourcils s’élèvent et tu le dévisages une nouvelle fois par dessus ton verre, surpris par cette entrée en matière. Décidément, ce type n’avait rien du client random. Il était pourtant entré par le Chemin de Traverse, et c’était des bouquins - des bouquins, Merlin - qu’il avait étalé sur sa table. Tes clients de l’arrière-salle n’avaient pas de bouquins sur leur table, si ce n’était des cahiers de comptes. Ton sourire est un peu de travers lorsqu’il se révèle, ton verre rabaissé. Les seuls qui l’abordaient ainsi cherchaient sa salle secrète, cherchaient à lui vendre quelque chose, ou cherchaient à savoir où trouver Verpey. Dans les trois situations, le traditionnel Helen’s Legs n’était pas l’endroit pour. L’arrière, par contre…

- Je n’ai rien contre, l’ami, rien du tout… Tu suspends ta phrase quelques instants, jetant un regard circulaire à la salle, avant de poser ton verre sur ton plateau et de le surélever. Que dis-tu de finir ce verre à l’arrière, j’ai un plateau à faire tourner ? Suggères-tu en le jaugeant du regard, persuadé que ce loustic serait d’autant plus à l’aise de l’autre côté.

Et, d’un geste de baguette, le reste de la salle se révèle à l’inconnu.

- Avec un nom, peut-être, pour commencer ?


ft. @Malachy J. Lyons, 1024 mots

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Jeu 2 Jan - 20:13




L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur
Un samedi soir, au mois de janvier 2004, jour 17 du Cycle Lunaire.

« Distillerie maison, vieilli douze ans, nuances sucrées — tu m’en diras des nouvelles. », autrement dit, typiquement pas ce qui était servi au Lyons’ Den. Pas bien grave à vrai dire, il n’était pas question de créer une chaîne de pubs qui ressembleraient tous les uns les autres, qui serviraient la même carte, qui arboreraient les mêmes peintures. Il ne serait d’ailleurs pas même indispensable que les deux bars soient associés l’un à l’autre par le grand public. Toutefois, il faudrait que le lieu plaise à sa sœur. Aimera, aimera pas ? A vrai dire, ce n’était pas parce que ça ne ressemblait pas au bar familial que ça ne plairait pas à Jude, qui, si on l’écoutait, aurait tout changé à la tanière. En tous cas, il se notait de noter dans son cahier que c’était le type de bouteille dont la taverne disposait. S’il n’oubliait pas de le faire, trop engoncé par l’alcool. Mais si c’était le cas, si par mégarde, il se retrouvait à être tellement ivre qu’il en oubliait sa mission première, alors, la Belle Hélène aurait tout gagné. Il n’était pas facile de bourrer la gueule d’un Lyon jusqu’à lui en faire perdre l’intérêt premier : celui de sa meute. Or, c’était précisément de ce type de capacités vicelardes dont aurait besoin le partenaire en affaire des Lyons.
Malachy trinqua sans mal à l’appel que lui tendait le tenancier, et après le petit clinq que sonnèrent les deux verres, il avala une belle lampée. S’en léchant presque les babines, récupérant la moindre goutte qui aurait pu rester à picoter ses lèvres gonflées par l’alcool fort, il était satisfait. Pas dégueu, ce qu’il lui avait proposé. Et c’était désormais à son tour de provoquer un petit effet au tenant des lieux, en lui demandant s’il était joueur. Le tour sembla fonctionner puisque le patron lui proposa de l’accompagner à l’arrière. C’était précisément pour ce prolongement du bar dont il avait entendu parler qu’il avait poussé la porte du bar. Il fréquentait toutefois tellement peu le Chemin de Traverse qu’il n’avait pas poussé ses recherches beaucoup plus loin que ça. D’ailleurs, il avait su comment s’appelait le type, sa sœur avait d’ailleurs dû le lui dire. Mais il avait désormais oublié son nom, évidemment, et ça l’emmerdait un peu. Un nom d’anglais, et un nom de Sang-Pur, se souvenait-il. Jude veut qu’on s’associe avec un Sang-Pur anglais, c’était ce qu’il s’était dit quand elle l’avait envoyé là-bas. Comment plus précisément que cela … Il ne s’en rappelait plus. Lui en revanche souhaitait connaître son patronyme avant de l’engager dans cet arrière-train, dans cet appendice qui apparaissait sous quelques jets de magie devant ses yeux. Déjà tout cela, c’était pas mal, ça faisait son petit effet. Et l’impression restait sûrement le même après dix ou quinze fois, on devait certainement en rester étonné.

Deux lieux en un, donc. Un accès par le Chemin de Traverse, sur lequel il avait pris quelques pages de notes, et de ce qu’il avait entendu, un autre accès par l’Allée des Embrumes, qui venait de lui être montré par quelques éclats de magie de la part du patron. On y accédait par l’intérieur et par l’extérieur, bon plan aussi. Malachy en revenait à sa place, récupérait son sac en bandoulière de cuir qui avait l’air d’avoir été grignoté par le chien de la famille. L’œuvre de Faolan, certainement, le benjamin de la meute qui savait se faire particulièrement emmerdeur. A la niche, qu’on lui disait. C’est là qu’il avait dû grignoter le sac de son aîné. Il remua sa baguette pour que les affaires se rangent seules. Tournant toujours le dos au patron pour vérifier que le sortilège fonctionnait bien, il leva en l’air le fond de whisky qu’il lui restait et répondit au patron : « Lyons, Malachy Lyons. » dit-il, sans plus en ajouter. Peut-être avait-il lu l’article de la Gazette qui était sortie à son sujet, il y avait de cela deux ans, maintenant. Ou peut-être avait-il entendu parler de sa famille, pas inconnue par le monde des sorciers maintenant qu’il les avait exposés au grand jour. Se murmurait qu’ils géraient quelques business de paris, dans certains cercles, peut-être en avait-il entendu parler, surtout que ça ne devait pas être bien loin de lui. Mais Malachy ne dit rien, parce qu’à vrai dire, il lui exposerait tout bien assez tôt, et qu’ils avaient encore un peu de temps pour discuter.
Son sac balancé derrière son épaule, Malachy s’enfila la deuxième – et dernière – lampée de whisky avant de s’engouffrer avec le tenancier dans l’arrière-boutique. Il hésita quelques instants entre s’installer seul, loin des autres, pour pouvoir discuter tranquillement avec le patron, et s’installer près d’un groupe de sorciers, pour pouvoir écouter leur discussion. Pas qu’il soit particulièrement intéressé par les sujets de conversation des soûlards du Helen’s Legs, mais avoir un petit échantillon de ces discussion noté dans son carnet ne ferait sûrement pas de mal. Au fond, Malachy était un chercheur, ses années à l’université moldue et les dizaines de papiers qu’il avait dû leur rendre l’avait façonné de cette façon, à son grand malheur.
Dans ce genre d’endroit, il était toutefois fort probable que les sorciers aient rendu leur conversation inaudible au monde environnant par quelque sortilège, ce qui rendrait sa tentative absolument inutile. C’est en pensant à cela qu’il décida de couper la Lune en deux en s’installant sur une table avoisinant celle d’un petit groupe, mais il se chargea, à peine assis, de se créer une petite bulle insonorisée de l’extérieur. En s’asseyant, il remarqua Ludovic Verpey, un type qui avait longtemps travaillé au Ministère, au sein du Département de Sports Magiques, et qui avait été la porte d’entrée pour Jude dans le monde des paris magiques. Décidément, Helen et ses jambes marquaient tous les points, ce soir. Il ne l’avait pas remarqué, si bien que Malachy eut le temps de s’allumer une nouvelle cigarette avant de voir le patron leur apporter des verres, et de les rejoindre en même temps. « Salut Verpey, canaille, c’est là que tu traînes ? », lui asséna-t-il, l’air taquin. Verpey sembla prendre quelques instants à le remettre, ce qui n’étonna pas Malachy, qui avait finalement peu traité avec lui. Toutefois, il ressemblait beaucoup à sa sœur, et il était certain qu’en revanche, Jude avait laissé un souvenir indélébile au sorcier. « Lyons, par malheur, ne le rapporte pas à ta sœur, elle risquerait de me croquer tout cru ! », rétorqua-t-il finalement, faussement effrayé. Les Lyons avaient la réputation de tous être des loups-garous, et Jude ne cherchait pas à faire savoir qu’elle n’en était pas une. Verpey, dans sa familiarité crasseuse, laissait entendre que cette rumeur de lycanthropie n’avait pas été rectifiée pour lui, et Malachy ne chercha pas à le reprendre. Il tira sur sa cigarette, fier de son effet. Toute la scène s’était jouée devant le patron, que Malachy surveillait d’un coin de l’œil. « Pas sûr que tu serais à son goût, Verpey », entama-t-il en regardant le sorcier, avant de tourner le regard vers le patron « mais pas sûr non plus qu’elle ne doive être jalouse d’Helen … Entre deux ladies aux longues jambes, je pense qu’elles peuvent bien s’entendre ... » suggéra-t-il, plantant ses orbes bleues dans celles du sang-pur. Le Verpey derrière eux remuait la queue face à cette idée, mais Malachy le laissa à ses suppositions et retourna s'asseoir sur la table qu'il s'était choisie. Sagement, il attendit que le patron revienne vers lui, pour qu’ils puissent poursuivre la discussion à peine entamée dans la partie officielle du bar. S’il rapportait la bouteille, il gagnerait encore quelques points ...


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Nigel A. Fawley

Nigel A. Fawley
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Jeu 20 Fév - 4:51

FAWLEY
Nigel

Lyons
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L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur




Le gamin se lèche presque les babines alors que la première gorgée d’alcool finit au fond de son gosier. Tu sens tes lèvres s’étirer, appréciatif de cet honneur qu’il faisait à un des premiers bébés de votre distillerie. Elles sont encore posées sur ton verre, à peine trempées dans le doux élixir, que le jeune homme se penche vers toi pour te parler de jouer. Et, alors que tu te laisses, effectivement, prendre au jeu, plateau en main, arrière-salle découverte, tu attends qu’il t’indique son nom.

Le bougre est retourné vers son siège, pour récupérer ses affaires et finir son verre, d’un cul-sec, si tu y vois bien, que tu apprécies mine de rien, et tes sourcils se froncent quand tu entends son nom. Lyons, Lyons, où est-ce que tu avais bien pu entendre ce foutu nom ? Aucune idée. Tu n’en as pas grand chose à foutre non plus. Le plateau commence à te peser sur la main, et tu te demandes pourquoi tu t’emmerdes encore à faire cette ronde habituelle dans l’arrière-salle. Sans attendre que le gamin ait rejoint le bar, tu observes une dernière fois que tous tes clients soient affairés à déguster leur boisson avant de rejoindre l’arrière-salle.

Aussitôt, un petit sourire goguenard te pend aux lèvres. L’arrière-salle, c’est beaucoup plus le bordel qu’à côté. Les gens parlent plus fort, font plus véreux, et l’ambiance fait plus pub déchaîné que bar à whisky. Tu remarques que le gamin te suit, mais ta tournée attend, alors tu observes du coin de l’oeil sa déambulation, presque habituée, dans ton échoppe. Il s’assoit entre deux, mais tu le vois vite se relever, semblant reconnaître Ludo. Tiens, voilà, tu l’avais bien dit. Ceux qui faisaient référence au jeu, ils connaissaient Verpey. Cette sacrée perle qu’était Verpey, à lui seul il devait rameuter un tiers des consommations de l’arrière-salle.

Tes mains déposent agilement boissons ça et là, sur les tables des compagnons de Verpey, des inconnus débarqués ici par mégarde, et des habitués qui se tassent dans un coin, à distribuer leurs cartes. Tu grommelles en voyant les bourses d’argent déposées à côté des cartes et ronchonnes :

- Vous voulez pas vider cette bourse au comptoir, plutôt que de vous l’échanger depuis des mois, mes petits ?

Des rires gras te répondent et Andrew, qui ne lâche pas le jeu de carte du regard, te fait un beau doigt d’honneur. Tu lèves les yeux au ciel, sourire moqueur aux lèvres, et te retourne plutôt vers ce sacré Lyons. Alors comme ça, il connait Verpey. Sacrée dégaine innocente, pour un junkie du jeu. Il est en pleine discussion avec l’addict, et Ludo semble être stupéfait de le voir ici. Tes sourcils se haussent en l’entendant faire référence à une soeur, apparemment connue et dont il faut se méfier -- drôle de termes, que ces “manger tout cru”.

Avec l’habitude de ceux qui font face aux hommes crasseux, le Lyons se contente de dégonfler l’enthousiasme de Verpey, tournant plutôt son regard vers toi, comme pour t’inviter à rejoindre la conversation. Tu fais une moue amusée lorsqu’il fait références à deux belles paires de jambes, longues à souhaits, venant se démener pour toi, et tu n’as même pas le coeur de le reprendre sur Helen - l’image est bien trop plaisante. Il ne semble pas attendre de réponse, toutefois, se détournant de Verpey pour retourner s’asseoir, et tu laisses ton regard se reposer sur lui quelques secondes de trop. Qu’est-ce qu’il fout, assis là-bas tout seul ? Il n’est pas venu pour ce véreux de Ludo ?

Le dernier verre sur le plateau est plaqué avec une certaine impatience sur la table de Verpey, et tu tends la main vers lui, le regard aiguisé.

- Tu vas bien me régler cette ardoise aujourd’hui, mon bon Ludo ?

Déjà, le branquignole est trop occupé à balbutier milles excuses, et tu roules des yeux.

- Si je te vois débarquer demain avec une nouvelle cape, ou un pactole à jouer aux cartes, je te jarte d’ici pour le mois, mon gros.

Et, sans plus attendre, la curiosité dévorante -- ce que tu n’aimais pas ne pas savoir, par Salazar ! -- tu te tournes vers le Lyons qui semblait, effectivement, attendre que tu viennes le voir.

- Allons mon petit, tu ne venais pas voir ce sacré Verpey ? Ni cette brute d’Andrew ?

Tes fesses se laissent retomber sur une des chaises en bois, la jambe droite étalée droit devant, risque dangereux de croche-pieds pour tout ivrogne trop agité. Tu saisis ta baguette dans ta manche et, d’un geste délicat, fais venir à toi une bouteille pleine.

- Si c’est moi que tu es venu voir, on ne va peut-être pas faire connaissance le verre vide. Tu m’excuseras un second verre en plein service, ajoutes-tu, tes lèvres se retroussant en un semblant de sourire.

Alors que tu t’apprêtes à verser une belle rasade à l’inconnu Lyons, ta main reste suspendue quelques secondes, pour t’assurer :

- Tu repartiras sur du whisky ? On a une sélection de bières locales, cidres et divers alcools, si jamais. Toujours de la bonne - à part une des pintes à tirer, il faut bien une pression pas chère et dégueulasse pour ces abrutis les jours de match, grognes-tu en pointant de ta main libre les groupes hilares de leurs dernières blagues, probablement perverses, derrière vous.

Une fois qu’il t’a répondu, et que vos verres sont enfin pleins, tu le lèves une fois encore pour trinquer à la santé.

- Alors, dis-moi, qui es-tu pour que Verpey grince et bande à la fois à entendre le nom de ta soeur ? Et, surtout, qu’est-ce que ma belle Helen peut faire pour toi ?

Sourcil haussé, ton visage est bien plus fermé que le ton de ta voix ne le laisse supposer. Tu n’aimes pas ne pas pouvoir l’associer à quelque chose de précis, tu n’aimes pas l’impact que ce nom a eu sur Verpey et que la raison ne t’en échappe, tu n’aimes pas qu’il soit sous ton toit, et que tu ne puisses pas tout maîtriser. Ah ça, si tu pouvais maîtriser, peut-être ta terre tournerait-elle plus rond. En attendant, tu ne sais rien, tu attends qu’il raconte - mais une chose est certaine, ce whisky est toujours aussi bon. Sacré Paul, quelle belle livraison.


ft. @Malachy J. Lyons, 1031 mots

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Dim 8 Mar - 21:33




L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur
Un samedi soir, au mois de janvier 2004, jour 17 du Cycle Lunaire.

Il était étonnant, à vrai dire, d’observer un sang-pur tel que Nigel Fawley mener avec maîtrise pareil établissement. Malachy était évidemment plein de préjugés. Quand il s’imaginait la vie de ces sorciers anglais au sang bleu, il les voyait au Magenmagot toute la journée. Il les voyait lécher les bottes de l’Enchanteresse, flâner dans leurs grands manoirs toute la journée. Jamais ne les imaginait-il à travailler dans un bar dont les tables de bois collaient à cause de la bière, fréquenté par toutes les petites gens du monde magique. Qu’était-il arrivé au Fawley pour qu’il termine-là ? Sa famille était-elle fière de lui, ou en était-il l’enfant rebelle ? Avait-il fait ça toute sa vie, ou était-ce une reconversion ? Il paraissait qu’il avait ça dans le sang, mais notre professeur d’Histoire n’en savait rien. Il s’en voulait d’ailleurs de ne pas avoir travaillé de façon plus consciencieuse. Après tout, il avait une formation de chercheur, c’était le genre d’information qu’il aurait dû connaître avant de pousser les portes de l’établissement. Il aurait préféré pouvoir noter ça dans le compte-rendu qu’il ferait à Jude, pour qu’il soit le plus complet possible. Il aurait aimé pouvoir déterminer si l’alliance que les Lyons voulaient créer allait pouvoir durer dans le temps, ou si le Helen’s Legs était la simple lubie d’un sang-pur en pleine crise de la cinquantaine.

Malachy observait Fawley interagir avec ses clients. Sans aucun doute savait-il ce qu’il faisait. Il les connaissait tous, s’adressait à eux avec une familiarité mêlée à la fermeté indispensable d’un commençant qui veut se faire de l’argent. Il était question de cela, dans cette alliance. Se faire de l’argent. Malachy irait même jusqu’à dire qu’il ne s’agissait que de cela. Jude faisait croire qu’il était aussi question de le faire pour l’Art. Mais il connaissait suffisamment sa sœur pour savoir qu’il n’en était rien. La fortune des Lyons devait continuer de croître, et pour cela, elle devait investir la capitale, et par la même occasion, le monde magique. Les jambes d’Helen se trouvaient à la croisée de ces deux lieux et elles étaient l’origine idéale d’un monde fait de paris et de gallions qui clinquent dans des bourses jamais suffisamment pleines.
Après avoir fait le tour des tables, et avoir menacé Verpey d’expulsion s’il ne payait pas son dû, Fawley se dirigea droit vers la gueule du loup qui terminait sa cigarette, pour s’installer à sa table, pénétrant sa bulle insonorisée. Malachy se ravit d’avoir su attiser sa curiosité, et ce fut sans doute ce qui lui permit d’avaler, coup sur coup, le « mon petit » lancé de sa bouche de vieux con, et le fait qu’il ait pu présumer qu’un Lyons était rentré dans son bar simplement pour parier avec Ludovic Verpey. Pour qui me prends-tu, avait-il failli lui rétorquer, avant que Fawley n’embraye sur la proposition d’un nouveau verre. « Tu repartiras sur du whisky ? lui demande-t-il, avant d’enchaîner : On a une sélection de bières locales, cidres et divers alcools, si jamais. Toujours de la bonne. » Pour la sélection, Malachy connaissait déjà sa carte. Il l’avait notée entière dans son carnet, et avait déjà goûté la plupart des alcool proposés. Le Helen’s Legs se trouvait définitivement un cran au-dessus du Lyons’ Den, au niveau des consommations proposées. Mais les deux bars n’avaient pas les mêmes objectifs. Ils ne se faisaient pas de l’argent de la même façon. Les Lyons ne cherchaient pas à attirer le beau monde moldu. Ils cherchaient à attraper dans leurs filets ceux dont soutirer de l’argent était facile, notamment en leur faisant boire de la bière trop alcoolisée. Fawley ne fonctionnait visiblement pas vraiment sur ce système-là, c’est tout du moins ce que Malachy croyait comprendre avant que le Patron n’ajoute une information importante : « à part une des pintes à tirer, il faut bien une pression pas chère et dégueulasse pour ces abrutis les jours de match ». Les jours de match, hein ? Fawley l’avait donc remarqué : ces soirs-là, l’alcool minable coule à flot, et si les trop riches refusaient de dépenser, et les trop pauvres ne semblaient avoir plus rien à perdre. Fawley avait donc flairé la même piste que celle rencontrée cinquante ans plus tôt par les Lyons, peut-être pouvaient-ils donc bien voir leurs chemins se croiser. « Je te suis, Patron, je prendrai de ce que tu bois ».

Le whisky était bon, mais il y toucha cette fois ci avec parcimonie ; il lui fallait garder toutes ses idées bien en place, et en mémoire chacune des paroles du sang-pur. Celui-ci s’impatientait, curieux de savoir comment Malachy pouvait bien connaître Verpey. Malachy balaya la question, écrasant sa cigarette dans le cendrier. Ça n’avait absolument aucune importance. Le Patron rajouta toutefois, faisant briller quelques étincelles dans le regard du Loup : « Et, surtout, qu’est-ce que ma belle Helen peut faire pour toi ? ». Et soudain, ce n’était plus lui qui devait répondre aux questions, ce n’étaient plus les Lyons qui devaient expliquer leur réputation, mais Helen qui se dévouait à rendre service.
Un sourire naquit sur la gueule du loup, qui trempa à nouveau ses lèvres dans le liquide ambré. « Ça fait combien de temps que tu es dans le business, Fawley ? Je crois savoir que tu as racheté le bar vers 1994, '95, qu’est-ce que tu faisais, avant ? » Du bout de sa baguette, Malachy se grilla une nouvelle cigarette. Il ne fumait pas autant, d’ordinaire, surtout pas quand il était à Poudlard, mais il cherchait à ne pas terminer saoul trop vite, n’en déplaise à Fawley et à son délicieux whisky. « Je suis étonné que mon nom ne t’évoque rien. On se connaît un peu tous dans le métier, je suis d’ailleurs à peu près certain que tu es le premier Fawley, depuis un moment au moins, à tenir un bar. En revanche les Lyons sont rarement autre chose qu’… légère hésitation, avant de trouver le meilleur qualificatif pour la profession familiale : aubergistes. » Malachy tira un nouvelle latte, les yeux plantés dans ceux de son interlocuteur. « Je viens de la part de ma sœur. Elle m’a envoyé faire du repérage à Londres. Elle cherche des alliés dans la capitale, et je lui ai parlé, entre autres, de ton institution. Elle quitte rarement Manchester. » Malachy recula sur sa banquette, l’air visiblement à l’aise. Il faudrait qu’il donne quelques informations au Fawley sur le business familial, il ainsi chercha un instant quelle serait la meilleure façon de distiller ces informations. Une gorgée de whisky l’aida dans cette entreprise. « Elle a commencé en 2002 avec Verpey, mais ce pauvre vieux manque d’envergure. – grâce au sortilège d’insonorisation, celui qui venait de se faire traiter de pauvre, de vieux, et de manchot, n’entendrait rien – elle cherche quelqu’un qui puisse marcher à son niveau, avec elle. » Malachy choisit de ne pas insister sur le jeu de mots, Fawley avait déjà dû tout entendre à ce sujet. Il s’en tint donc là, attendant avec fermeté que le sang-pur se tienne à la hauteur de sa réputation. Il n’avait aucune intention de courir Londres pour Jude si Helen venait à ne pas la convaincre, aussi obéissant pouvait-t-il être. Sa niche écossaise l’attendait avec impatience.


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Nigel A. Fawley

Nigel A. Fawley
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Lun 23 Mar - 16:25

FAWLEY
Nigel

Lyons
Malachy

L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur




La bouteille finit sa descente vers le verre du petiot, lui servant une belle rasade de whisky. Tu n’aurais rien montré, mais ça t’aurait bien fait suer qu’il aille réclamer une autre boisson, t’obligeant à relever ta carcasse pour lui servir une pinte fraîche. Politesse ou amour de la bonne boisson, peu importe, il s’est finalement décidé pour l’option qui te plaît. Tu regardes du coin de l’oeil sa main qui vient écraser sa clope alors qu’il prend une lampée. Distrait, agacé peut-être par tes propos, vos regards ne se croisent qu’à peine, et tu sens maugréer en toi ton loustic du barreau, à cheval sur la bonne tenue et la politesse des cadets. Il fait bien le beau, ce jeune homme, à siroter sa boisson. Lyons, Lyons – qui diable est-il pour posséder cette dégaine de premier et cette assurance de taulier ? Ce n’est que quand le nom d’Helen revient dans la discussion que ses lèvres s’étirent et que son attention se reporte sur toi, les yeux intéressés. Ah ça, Helen attirait les regards brillants, les airs énamourés, les questionnements incessants - peu de doute à ce sujet. Mais pourquoi ce minot voulait tâter de ses longues jambes, la question demeure. Tu fronces les sourcils lorsqu’il parle de 94 ou 95. De où tenait-il ces dates-là ? Le seul, si par hasard les mots t’avaient échappé sur ce projet enfoui au fin fond de ton esprit, qui aurait pu être au courant, à ces dates là, était Aberforth - et tu préfères mettre la belle Helen aux enchères que d’imaginer le vieux grognon dire quoique ce soit à ton sujet à ce bellâtre inconnu. À moins qu’il ne soit pas si inconnu que cela… Cela dit, le gamin ne semble pas en savoir bien plus à ton sujet, puisqu’il te demande ce que tu faisais avant. Tu grognes et reposes ton verre.

- 98, le bar. Janvier 98. Affaire lancée dans les mois qui ont suivi. En 94… Merlin, en 94, je défendais des abrutis et d’autres moins cons au barreau. Nigel Fawley, ça ne te dit vraiment rien ? Après tout, ton nom ne me dit rien non plus — différence de génération, j’imagine, ajoutes-tu avec un sourire en coin, ton index suivant distraitement la courbe du verre.

Le Lyons se contente de s’activer pour rallumer une clope, et ta joue s’agite nerveusement. Il t’en faudrait bien une, si ce gamin continuait à te mettre l’odeur sous le nez. Il vient juste d’en éteindre une, par contre - nerveux ? stressé ? Incapable de parler sans avoir de la nicotine dans le sang ? Ou bien simple inconditionnel du geste habituel, de la tranquillité qui s’en dégage ? Tu reprends une gorgée, l’écoute t’annoncer qu’ils ne sont, finalement, qu’une grande famille d’aubergistes, comme il s’appelle. Tu hausses un sourcil, un rictus venant étirer tes lèvres. Aubergiste. Voilà une sacrée façon de se décrire. Ils ne font pas, dans la famille, que servir des pintes - le message était clair. Lyons, donc. Tu ne réagis pas cela dit à la remarque sur ton nom de famille, premier Fawley à tenir une échoppe de ce genre depuis un moment — il aurait tout aussi bien pu dire un millénaire, ça n’aurait choqué personne de ton arbre. Ah ça, il y avait eu des propriétaires, ne soyons pas fous, l’investissement est maître mot de toute grande famille. Mais des Fawley, se démener, en chair et en os, à servir des pintes et rabrouer les connards ? Ça, c’était du jamais vu.

Ton attention se reporte sur le gamin, qui parle de sa soeur. La sacrée soeur qui a fait se tordre le derrière de Ludo ? Probablement - il parle de repérage, d’alliés, et de Manchester. Ah, cette ville du Nord, où tu n’iras probablement jamais foutre les pieds. Comme elle ne quitterait jamais ses terres, apparemment. Là-dedans, au moins, vous vous comprenez déjà. Tu regardes le gamin se replacer, prendre une gorgée, et tu gardes le silence, les yeux toujours braqués sur lui. Tu sais où il veut en venir, avec ces annonces, mais tu attends qu’il t’en parle — qu’est-ce que leur bar de Manchester pouvait bien t’apporter, à toi, dans ton confort londonien ? Tu fronces les sourcils lorsqu’il reparle de Verpey, jetant un regard en biais à l’imbécile en train de fureter au côté de la table des joueurs, hésitant sûrement sur lequel parier. Tes yeux quittent immédiatement le filou lorsque le Lyons termine sa phrase, ses mots laissant entendre que les jambes de son bar s’allieraient bien au pas déterminé de sa soeur. Tu hoches la tête distraitement, réfléchissant déjà à toute allure.

La famille tenait donc un bar - un empire, peut-être, à la manière dont le présentait le gosse - sur Manchester. Elle cherchait à se faire des alliés - des alliés qui nécessitaient Verpey, ou plutôt, les talents, les cercles, les atouts de Verpey. Du jeu. Ah. Ceci explique les premiers mots du Lyons, ces “Dis-moi patron … T’es un peu joueur ?” qui lui avaient ouvert la porte de l’autre bar. Le tapotement de tes doigts sur ton verre se fait un peu plus enthousiastes alors que les idées et les opportunités s’engouffrent dans ton esprit. Contrôler les paris londoniens, devenir centre des jeux, voilà qui serait bien bon. Un monopole grandissant, du pouvoir à étaler et reprendre, son charisme et ses jolies manières s’amuseraient à convaincre les têtes fortes ça et là. Enfin, un peu de défi. C’était une franche idée.

Mais quel intérêt, finalement, que de le faire en association avec cette famille inconnue, d’un bled à des centaines de lieues ?

- Tu m’as demandé si j’étais joueur, l’ami. Ta soeur sera bien heureuse de savoir que j’ai le goût du pari, Lyons, mais du pari heureux. Je ne suis pas du genre à poser bêtement mes jetons sur des combinaisons dont je n’ai pas calculé les probabilités, tu le comprendras. Tu te redresses soudainement: Tiens, reprends donc un peu de whisky, ton verre est diablement triste comme ça, presque vide, t’interromps-tu soudainement en lui resservant une belle rasade.

Rien pour toi, tu t’arranges pour donner l’impression que ton verre ne se vide pas. Un petit sort de confusion, posé presque automatiquement sur chacun des verres que tu te sers, reliquat de soirées passées près des clients où il te fallait l’esprit plein, l’esprit intelligent, mais le verre rempli pour ne pas heurter leur âme alcoolique — tu ne réalises même plus que tu le lances, c’est un automatisme.

- Avant tout, soyons clairs : ta soeur ne quitte pas Manchester, je ne quitte pas Londres. Je n’en ai pas foutu les pieds dehors pour mon Helen, ce n’est pas une Lyons qui me fera commencer. Tout échange, toute…. discussion sera dépendante de ce bon petit principe, mais j’imagine qu’elle ne s’attendait à rien d’autre.

Tu fais tourner ton verre entre tes mains, avant de le reposer subitement sur la table.

- Tu me fileras bien une clope, si tu veux bien ? Ce serait mal placé de discuter affaires sans se donner des airs, un sourire moqueur vient soulever tes lèvres, alors que tu le dévisages trois secondes, sa clope au bec, son attitude relaxée. Et après ça, tu m’expliqueras peut-être pourquoi Diable je devrais allonger les jambes d’Helen jusqu’à ta taulière de soeur - qu’est-ce que vous m’apportez, vous ? Les paris, ça se fait facilement de chez soi. Sport, carte à jouer, combats, on voit passer de tout. En quelques mots, je centralise tout chez moi - le réseau me connaît, il n’y a pas à douter qu’ils préfèreront se fier à mes compétences qu’à celles de Verpey. Mes années à défendre ses filous font qu’ils m’en doivent une, et surtout, qu’ils connaissaient mes talents, ma férocité. Fawley, ça en impose dans tous les milieux, qu’on soit précieux ou pouilleux - je peux réunir tous les accès.

Ton coude se laisse tomber sur la table, et tu passes une main dans ta barbe, te grattant le menton. Déjà, ton autorité naturelle semble avoir repris le dessus, et ta posture est bien plus droite que tu ne te l’autorises d’ordinaire dans l’arrière-salle, ou même la salle principale, de ce beau petit bout de paradis. Déjà, tes habitudes te reprennent, ce frisson d’excitation secouant ta colonne. Les affaires, les parlementations, les discussions - Merlin, ce que tu en raffoles. Tu t’avances un peu, en disant que tous se plieront à ta volonté d’ouvrir le marché d’Helen aux paris - Verpey fera la gueule, et certains feront la gueule avec lui. Rien, cela dit, que tes beaux mots, tes gestes de main et ta rigueur mathématique ne puissent leur faire oublier. Quelques planifications de fortune, et ils seront bientôt tous en accord avec toi : centraliser les affaires, chez toi, sous ton contrôle, voilà qui est bon. L’officiel, le non officiel, comme toujours - tu n’allais pas obliger ces vermines à tout déclarer. À moins que ? Vraiment, cette affaire sentait bon – mais elle sentait bon toute seule, comme tu avais l’habitude de travailler. Aller pourrir les autres, aller leur balancer sous la figure tes succès, tu savais faire - tu étais gamin comme ça, des fois. Mais se tourner vers eux, pour bosser à deux ? Quel avocat digne de ce nom se reposait sur son associé pour tout faire exploser ? Alors, vraiment, à quoi bon les Lyons ?

- Alors, dis moi, quel besoin de donner ce réseau à des inconnus du Nord du pays ? Donne-moi des noms, des chiffres, et mon courrier part d’ici peu pour ta soeur. Les affaires, à Londres, ça se fait rapidement - rapidement, mais bien.



ft. @Malachy J. Lyons, 1583 mots

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Mer 25 Mar - 0:44




L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur
Un samedi soir, au mois de janvier 2004, jour 17 du Cycle Lunaire.

Alors que le patron se décrivait comme ayant été un ténor du barreau, Malachy, visiblement impressionné, se l’imaginait. C’était l’alcool, sûrement, qui permettait pareille escapade. Il n’avait jamais foutu les pieds dans une salle d’audience du Magenmagot, mais n’avait pas de mal à se l’imaginer. Mal éclairée, meublée de reliques centenaires, tenue par une brochette d’hommes roupillant sur leur propre ventre. Ça lui correspondait bien, il en avait l’allure. Il se tenait droit, la tête haute, l’air de savoir vers où il mettait les pattes. C’était sans doute un job qui allait mieux à un Fawley que celui d’aubergiste. Mais certainement aussi que pour un Lyons, le métier de barman allait mieux que celui de Professeur d’Histoire du Royaume-Uni Magique et Moldu. Et pourtant, nos deux protagonistes se trouvaient là, loin de ce qu’on attendait d’eux, et pourtant pas si mal.
Malachy s’était trompé, mais plus les verres passaient, moins ça n’avait d’importance. Ce n’était pas 1994, mais 1998. Il aurait dû mieux faire ses recherches, mais à vrai dire, en 94 … Il était à peine sorti de l’entrelac des pattes de sa louve de mère. En 94, il venait d’avoir avait dix-sept ans, il terminait le lycée moldu et espérait être reçu, l’année qui suivrait, à l’université. Loin de lui les intrigues de bookmakers, il voulait faire des études. L’idée n’avait étonné personne, elle fut même acceptée avec une relative facilitée. Tout ça pour dire qu’il ne suivait strictement pas ce qu’il se passait dans le monde des bars et bistrots magique en 1994, pas plus qu’il ne suivait ce qu’il s’y passait en 98, quand, visiblement, Fawley avait récupéré l’établissement. En plein pendant la guerre, hein ? Peut-être était-ce ainsi, qu’il avait pu l’obtenir, parce que son ancien tenant était un traître à son sang qui n’avait plus pu payer ses charges, et qui l’avait donc vendu au premier venu ? Malachy avait grande facilité à s’imaginer des histoires, certainement parce qu’il en connaissait déjà beaucoup. Jude, certainement, connaissait toutes ces dates, savait quand le Chaudron Baveur avait finalement trouvé un adversaire, quand un sang-purs issu d’une famille des Vingt-Huit Sacrées avait racheté l’établissement après une brillante carrière au Barreau des Sorciers. Ou peut-être avait-ce été une médiocre carrière ? Peut-être Helen n’avait-elle jamais existée ? Peut-être ses jambes en tous cas, n’avaient rien d’exceptionnel … Malachy secoua le crâne, et tira une latte sur sa cigarette, histoire de se remettre les idées en place. Ses joues commençaient à rosir, alors que Nigel Fawley soulignait leur écart d’âge. Vieille branche contre chien fou.

Un sourire s’affichait sur le visage de Grand-Père Feuillage, et Malachy l’imitait, au moins aussi narquois que lui. Ils se toisaient, se jaugeaient. Malachy évoqua sa sœur, et les méninges de l’avocat s’activèrent, ça se voyait sur sa gueule. Il en avait dit peu, pourtant, mais Fawley avait compris ; le Lyons’ Den n’était pas qu’un bar, pas plus d’ailleurs que le Helen’s Legs ne devait être destiné qu’à désaltérer le manant. Cette fine analyse ne manqua toutefois pas d’impressionner le jeune professeur. Il devrait mentionner cette intelligence à sa sœur. Elle aimait ça, les garçons qui savaient utiliser leur caboche, certainement parce qu’elle était quotidiennement entourée d’idiots. « Ta sœur sera bien heureuse de savoir que j’ai le goût du pari, Lyons, mais du pari heureux. » Sans doute le serait-elle, effectivement, et d’autant plus si Fawley avait lui aussi des gallions qui brillaient aux fonds des orbes. Pari heureux était une bien belle façon de décrire le business que menaient les Lyons. Ça faisait longtemps qu’ils n’avaient pas perdu d’argent, surtout dans le monde moldu. Chez les sorciers, encore un peu frileux et craignant de trop se faire remarquer, ils se laissaient aller à perdre. Jude grinçait des dents, mais son grand-père trouvait cela prudent. Et puisque c’était lui qui était en charge … Fawley, soit dit en passant, était encore loin de prendre la mesure de ce qu’étaient les Lyons. De leur système hiérarchique, d’abord, mais aussi et surtout de leurs nombres. Il avait l’air de les croire esseulés à Manchester, dans un bistrot d’une province anglaise, moldue qui plus est. Il les sous-estimait, ça se voyait à son air hautain, et à la nouvelle rasade qu’il lui servait, croyant qu’il réussirait à avoir un gamin élevé dans un bar au jeu de « je vais te faire boire pour que tu m’en dises plus ».
Pressé, le Fawley commençait déjà à négocier, à parler de principes, il ne voulait pas quitter Londres si Jude ne quittait pas Manchester, tout ça. Malachy, lui, se demandait comment il était possible que le verre de Fawley soit toujours plein. Il le voyait boire, pourtant … Si Nigel n’avait pas tenté de lui bourrer la gueule, peut-être aurait-il pu suivre chaque instant de la discussion. Plutôt que ça, Malachy ne parvenait à s’arrêter que sur ce qui l’intéressait, trop alcoolisé pour le reste. Sur le fait que Fawley voulait une clope, par exemple. Tant mieux, il se sentirait moins seul dans cette entreprise. Faisant glisser son paquet le long de la table, il glissa un faible « Je t’en prie, sert-toi», bien décidé à laisser le sang-pur en finir avec sa tirade. Celui-ci embraya donc sur une exposition de tout ce qu’il savait faire. Comme si Malachy était venu là pour concourir avec lui. Un bar qui cessait d’exister quand on n’était plus sur le Chemin de Traverse, contre un bistrot dans lequel des milliers de moldus en vacances se déplaçaient juste pour pouvoir admirer des maillots signés par leurs joueurs préférés pendus sur le mur. Un bar dont la pleine saison se résumait au mois de septembre, contre un autre qui comptait dix mois de recettes actives par an. Au concours de celui qui lèverait la patte plus haut pour pisser, Malachy gagnait, il en était certain. « Les paris, ça se fait facilement de chez soi. », avait-il même osé dire, arrachant un gloussement moqueur au Lyons. Avait-il seulement vu Ludo Verpey, ancien très grand joueur de Quidditch, Directeur du Département des Jeux et Sports Magiques, et aujourd’hui criblé de dettes ? Il avait bien essayé de se lancer, lui, avec sa réputation, dans ce business, et il s’était lamentablement effondré. Fawley mit ensuite en avant les dettes que lui devaient des filous, et là, Malachy arrêta de suivre. Il ne voyait plus bien le lien qu’il pouvait y avoir entre des délinquants et des contacts dans le monde du pari, comme s’ils allaient pouvoir l’aider. Il termina par un sublime « Fawley, ça en impose dans tous les milieux, qu’on soit précieux ou pouilleux - je peux réunir tous les accès. », qui fila la gerbe au Lyons. Ou peut-être était-ce l’alcool ? C’était le risque, avec les Purs. Ils étaient d’une compagnie particulièrement désagréable, à se croire supérieur à tout et à tout le monde. C’était un trait que Malachy n’oublierait pas de mentionner à Jude. Imbu de lui-même, il risquerait de vouloir lui faire de l’ombre. Or, Jude n’était pas du genre à apprécier cela.
Malachy crut qu’il en avait finit-là, et qu’enfin, il lui laisserait suffisamment de place pour rétorquer quelque chose. Ouvrant la bouche, il se retrouva finalement coupé dans son élan, quand Nigel osa lui demander l’addition. Il voulait des chiffres, et des noms. elle audace ne paraissait pas possible, et pourtant, il l’avait fait. Technique d’avocat, certainement. Retourner la situation, se faire celui qui exigeait quelque chose plutôt que celui qui devait donner. Malin. Malachy n’allait pas mordre, toutefois. D’abord parce qu’il n’avait pas mis la truffe dans un cahier de paris depuis bientôt deux ans, mais surtout parce que Jude le tuerait, s’il osait avancer à ce point dans la négociation. Après-tout, il n’avait été envoyé là qu’en repérage.

« Fawley … Fawley … Tu t’emballes. entama Malachy, visiblement las. Tu t’emballes parce que tu n’y connais rien et tu me donnes mal à la tête parce que tu m’as trop filé à boire. Je ne t’écoute plus, et c’était le risque, à me faire boire comme ça. Il n’est même pas dix-huit heures, mon gars ! faussement vexé, Malachy poussa son verre loin de lui. Tu sais combien y’a de sorciers, à peu près, dans le monde magique ? Pas tant ça, figure-toi. Et tu sais ce que c’est le problème du pari ? C’est que c’est hyper visible. Parce qu’un parieur, ça se bourre la gueule, et ça crie dans les rues. Alors si la moitié du Chemin de Traverse se met à parier chez Lord Fawley … – peu importait si le titre était inapproprié. C’était l’intention qui comptait. Dressé sur ses grands chevaux de sang-pur, Mister Fawley avait cru pouvoir donner une leçon de paris à un Lyons. Il en prendrait pour son grade. Bientôt, c’est tout le Ministère qui est au courant. Et si le Ministère met le nez dans le business, tu finis comme Verpey. A boire dans le bar de quelqu’un d’autre. Tu sais ce que ce type a dirigé le Département des Sports, un jour ? Tu vois où il en est, maintenant ? » Du bout des doigts, Malachy récupéra son verre, trempant ses lèvres dedans. Il y avait beaucoup moins de sorciers qu’il n’y avait de moldus. Cela voulait aussi dire qu’il y avait bien moins de bookmakers sorciers que de bookmakers moldus, et cela amenait facilement à l’idée que si la Brigade Magique les prenait à jouer avec les chiffres, la chute serait plus rude. Parce qu’en toute honnêteté, il n’y avait pas de pari heureux, comme le disait si justement Fawley, sans un petit peu de magie. Se croire tout puissant sous l’unique prétexte qu’on était bien-né ne faisait que signaler sa candeur, particulièrement dans un monde sorcier ébranlé par son nouveau dirigeant. « Tu connais notre Ministre, Fawley ? Il s’appelle Harry Potter, et c’est un type qui, y’a trois mois de ça, a décidé de créer une réserve de civils destinés à aider les forces de l’ordre à maintenir la paix, si je me souviens bien de son speech. Et toi, tu veux faire confiance à des délinquants pour des affaires de paris ? » autrement dit, à une créature susceptible de s’en retourner au plus offrant, dans une époque où la délation courrait les rues. Peut-être Jude avait-elle raison. Peut-être lui faudrait-il parcourir plus d’un bistrot pour en trouver un à la hauteur de ses espérances. « Ce n’est pas nous, qui devons te prouver quoi que ce soit, Fawley. Si tu ne connais pas mon nom, ça veut dire qu’on bosse bien. Ça veut dire qu’on a réussit à s’en foutre plein les poches pendant la dernière Coupe du Monde de Quidditch sans que personne ne connaisse notre nom, et en laissant ce vieux Ludo sur le carreau. » Mais il n’avait pas envie, de faire plus d’un bar. Il avait envie de rentrer chez lui, à Poudlard, et de ne plus entendre parler de cette affaire. Il avait envie que ce soit réglé vite et bien, et Nigel pourrait fonctionner. S’il ployait un peu le genou. Pas besoin de garder la queue entre les jambes, il s’agissait simplement de se mettre à leur hauteur, plutôt que se croire supérieur. « Ça fait soixante ans qu’on roule, Fawley. Ça fait soixante ans qu’on roule, et ça fait soixante ans qu’on s’en fout plein les poches. Je t’ai dit qu’on cherchait un allié, pas la peine de te sentir défié à faire mieux que nous, il ne s’agit pas de ça. il n’y parviendrait pas, de toute façon. Encore une fois, le monde moldus était cent fois plus étendu que le monde sorcier, qui ne serait qu’un bonus à la recette quotidienne des Lyons. Par ailleurs, je n’ai pas dit que ma sœur ne quitterait pas Manchester. J’ai simplement dit qu’en attendant d’être convaincue, elle m’envoyait à sa place. C’est moi qui te vendrais, ou non, à son égard. Elle sera ravie de venir te voir, si je lui brosse un beau portrait de ton établissement. Tu lui garderas un bon rouge, c’est ce qu’elle préfère. » Nouvelle latte sur sa cigarette, avant de conclure. « Allez. Aide-moi à la convaincre. Lâche tes grands chevaux, qu'on en finisse. Comme ça je rentre en Ecosse, j'écris une lettre pleine de bons sentiments à ton égard à ma sœur, et je vous laisse jouer dans la cour des grands. »


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Nigel A. Fawley

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Mer 25 Mar - 16:26

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Ta main s’est glissée sur la table pour récupérer une clope dans le paquet du loustic, qui te laisse te servir. Tu joues avec du bout des doigts, finissant ta diatribe, ton envolée passionnée, ton cerveau carburant à mille à l’heure. Ce n’est que lorsque tu retombes, ton dos cognant contre le dossier de la chaise, tes jambes se détendant, que tu saisis ta baguette pour en embraser le bout. Une longue taffe est tirée, et tu inspires avec un plaisir non-dissimulé. Tu déplies la jambe gauche et vient la reposer sur ton genou, tandis que ta main gauche, vide, pianote sur la table. Le gamin, en face de toi, à les yeux un peu brillants - probablement d’alcool trop consommé, trop rapidement. C’est avec lenteur, une lenteur effarante, qu’il répond à ton enthousiasme. Tes sourcils se froncent, évidemment, lorsqu’il repousse son verre en clamant que tu n’y connais rien. Un rictus t’échappe lorsqu’il laisse entendre que dix-huit heure, c’était trop tôt pour se miner — il ne va pas te faire croire, non plus, que dans le Nord de l’Angleterre, ils sont pas déjà en plein milieu de beuverie à cette heure-ci. Qui est, vraiment, celui qui n’y connait rien ? Tu reprends une taffe, gardant le silence, pour une fois, écoutant patiemment. C’est un dur travail, de fermer sa gueule et de ne pas se lever pour lâcher des ‘objections’ à tort et à travers, petit sourire en coin. Dur travail, mais nécessaire. Alors, tu fermes ta gueule, et tu écoutes ce que le gamin pense t’apprendre. Ou, finalement, t’apprends réellement. Comment ça, combien de sorciers il y a ? Qu’est-ce qu’il essaie de te dire, ce minot ? Les neurones se connectent finalement, et tu expires silencieusement des volutes de fumée. Alors comme ça, ils n’avaient pas qu’une clientèle sorcière ? Pire encore, de ce qu’il lui disait - la clientèle sorcière ne comptait pour rien de leurs chiffres. Tu n’es pas sot, tu sais comme vous n’êtes, finalement, qu’un pourcentage moindre de la population britannique - tout le monde n’a pas l’honneur d’avoir du sang magique, merci bien. Seulement, tu sais aussi combien d’avoir un commerce ouvert au deux explose, sans aucun doute, tes propres chiffres, aussi bonhommes soient-ils. Tes doigts arrêtent de pianoter sur la table alors que tu te concentres davantage. Qu’est-ce qu’il lui sort, encore, sur Ludo et le Ministère ? Bien sûr, qu’il sait que Verpey a été directeur du département des sports — mais il sait aussi, pour avoir été en lien avec le Ministère a cette même putain d’époque, combien Verpey n’en foutait pas une, combien il se contentait de monter paris derrière les officiels. Ça, c’était supposé être sa rivalité, le mec qui lui faisait peur ? Le petit Lyons ne semble pas se rendre compte de combien vous êtes différents - tu ne vis pas pour l’appât du gain, ni pour l’adrénaline du pari, comme Verpey ne fait que survivre. Si le Ministre met le nez dans tes affaires, ce n’est pas à boire dans le bar d’un autre, que tu finis : c’est à la table des directeurs, comme toujours. Tu n’allais pas te plaindre, non plus, d’avoir de bons réseaux. Tu ne rétorques rien, cela dit. Si le bougre et sa famille bossent avec des moldus, il y a peu de doutes à avoir : ils ne font pas partis de ton réseau. Peu importe ce que tu diras, et comment tu le diras, tu auras l’air d’un gens de la haute qui se survend - ils ne réalisent pas, ces petits, comme ça t’es inséminé dans le crâne, comme ça ta seule façon de voir le monde, et la seule façon que les gens qui t’entourent le voient également. Alors, ma foi, si le gamin a l’impression que tu te prends pour César, et tient à te rappeler que tu pourrais n’être qu’un vulgaire Verpey, qu’il continue à penser ainsi. Tes atouts, finalement, sauront se révéler lorsque tu pourras véritablement les appliquer, rien ne sert de les étaler ainsi. Le jeune homme a repris une gorgée d’alcool, et toi une taffe de cigarette. Tu la tapes contre le cendrier, à mi-chemin entre vous deux, pour y faire tomber les cendres qui s’amassent au bout. Ta cigarette bute contre le récipient, pourtant, lorsque l’ingrat en vient même à te demander si tu connais le Ministre. Un esclaffement rauque t’échappe, et tu relèves la tête vers lui comme s’il t’avait demandé si tu connaissais ta mère. Il est sérieux, le petit Lyons ? Harry Potter, bordel - évidemment que tu connais. Il pense quoi, ce gamin, qu’être taulier entre les jambes d’Helen, ça t’atrophiait le cerveau, te coupait du monde ? Il pense que tu n’y connais rien, aux nouvelles lois, aux nouvelles décisions ? Ces réserves de civils, là, cette décision absurde, que tu avais moqué au visage de Moira avec beaucoup d’ironie, il pensait te la faire découvrir ? Vraiment, ce gamin ne semblait pas réaliser à qui il parlait. Alors peut-être que tu n’y connais rien, aux risques du pari, peut–être que d’avoir planché sur des cas de gars foutus en taule pour dettes et escroqueries,  ça ne t’apprends pas à devenir un escroc, et peut-être que tu accepteras, à la limite, de faire moins le fier à ce sujet pour entendre ce qu’il avait à te dire. Mais s’il continuait à essayer de t’apprendre la vie, et à gérer tes réseaux, à s’imaginer que tes filous ne préféreraient pas bosser dans l’ombre que d’aller dénoncer le tout au Saint Potter, Salazar, tu lui enfoncerais ses clopes dans le derrière. Ta jambe quitte ton genou, ton pied venant taper le sol, se mettant à frétiller avec agacement. La clope n’a plus de saveurs, elle s’écrase au fond du cendrier, sans regrets. Tu l’écoutes te dire qu’ils n’ont rien à te prouver, ces dealers, ces aubergistes de Manchester. Que si tu ne les connais pas, c’est qu’ils bossent bien - et là, cet abruti n’a pas tort. Enfin, abruti. S’il te met sur les nerfs, comme ça, à sortir ses vérités avec cet air-là, c’est bien qu’il ne l’est pas tant que ça. Et, forcément, ça te plait. Tu immboilises ta jambe, te rapprochant de la table alors qu’il t’annonce que ça fait soixante ans, eux, qu’ils gèrent le milieu. Soixante ans, c’est bien loin des six, sept petites années où tu t’es pris d’une passion pour le service et la clientèle fougueuse. Alors tu fermes ta gueule encore un peu, tes lèvres trahissant seulement un petit frémissement rieur. Bon sang, que tu aimais ça. Ce petit gamin, comme tu l’étais y a trente balais, qui se pose devant toi, et t’expliques avec toute le poids, l’héritage familial, combien tu n’es rien. Enfin, ce retour de bâton. Que c’était bon, Merlin. C’était, finalement, exactement pourquoi tu avais quitté ton milieu, cette putain de sphère. Pour avoir des gars comme lui, des gars qui se sont créés, et t’explosent tes naïvetés. Allons, bon, rien que pour ce gosse, tu ferais l’effort d’être moins couillon. Tu jouerais moins au fort, et tu fermeras un peu plus ta gueule, pour apprendre encore un peu. Tant qu’il ne te réexplique pas qui est ton foutu premier ministre, évidemment. Tu hoches la tête, sourire toujours aux lèvres, lorsqu’il insiste : c’est lui qui vend, toi tu attends. Très bien, mon beau, j’attends. Une bouteille de rouge, ma foi, pourquoi pas. Un bon vin sud-af, ou pourquoi pas une bouteille chilienne, rien que pour la belle. À voir selon ses jambes, laquelle elle mériterait. Les dernières phrases, prononcées sur fond de volutes de cigarette, transforment ton sourire contenu en un rire gras.

- Je t’aime bien, petit. Enfin, petit - avec des crocs pareils, tu mérites mieux que ça, admets-tu avec un haussement de sourcil appréciatif.  Seulement, je connais notre ministre, Lyons, et tu ferais bien de ne pas me réexpliquer notre société - mais m’expliquer ton milieu, je relève les mains de la table, prenant posture d’innocent, j’admets que je ne fais pas le poids face à ta famille, en connaissances accumulées. Si vous êtes discrets, si vous êtes bons, si vous êtes tous aussi futés, ça me va - et je veux bien ne pas jouer au con, et apprendre le b.a-ba de ce milieu si tu me promets que vous n’allez pas chercher à me dire qui je suis, où je me place, et qui nous dirige, craches-tu quand même, ton rire se transformant en rictus.  Ta soeur, ta famille, si tu le veux, vous avez votre domaine, soixante ans, ma foi, je ne vais pas cracher dessus, et je veux bien redescendre de mon petit nom si c’est pour se trouver un allié avec une longévité pareille. Je ne veux pas d’entourloupes, sous prétexte que je ne suis qu’un Lord, comme tu t’imagines, et que je ne suis pas, d'ailleurs, qui n’y connait rien, et qui ne vaut pas mieux qu’un Verpey. Si tu viens me voir, Lyons, tu sais que je vaux mieux. Et n’aie crainte, je vous le démontrerais. Accorde-moi trois secondes où je me lèche - encore,  admets-tu avec un ricanement,  mes propres pompes : je ne suis pas le plus abruti des tenanciers, ni le plus corrompu des ministres. Cette bouteille de rouge, je la lui sors volontiers - dans un respect mutuel, que je m’engage à te donner. Vous me changerez, en bien, des tentatives foireuses que Verpey a tenté de monter - alors, si tu le veux bien, rentre en Écosse, écris cette lettre, et dis à ta soeur qu’Helen décroise les jambes, tant qu’elle ne la lui fais pas à l’envers.

Tu recadres les épaules, sourire en coin, et tend la main vers lui :

- Ça ira, professeur, pas trop bourré pour lui écrire droit ces quelques mots ?


ft. @Malachy J. Lyons, 1603 mots

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Jeu 26 Mar - 16:50




L'alliance d'un Loup et d'un Sang-Pur
Finalement, et puisque ce n’était pas au vieux singe que l’on apprenait à faire la grimace, celui-ci se raccrochait aux branches. Sa cigarette au bec, il se taisait, et écoutait. C’était tout ce que notre chien fou pouvait attendre de lui. Il n’allait pas pouvoir lui prodiguer le moindre enseignement sur la façon dont il devrait tenir son business, avec qui il pouvait faire affaire, mais il pouvait forcer le respect, au moins un peu, qu’il allait entretenir à l’égard de sa famille. Il ne pouvait pas le laisser s’asseoir sur soixante ans d’expérience en prétendant pouvoir faire aussi bien qu’eux sous prétexte qu’il avait un jour été avocat. Espérer un système de vase communiquant entre les métiers de bookmaker et de juriste serait se leurrer. Nigel Fawley devrait apprendre, peut-être pas à faire la grimace, mais au moins à entendre l’expérience d’un plus ancien que lui.
Alors que Malachy terminait sa tirade, Nigel riait, visiblement embarqué par son discours. « Je t’aime bien, petit. Enfin, petit - avec des crocs pareils, tu mérites mieux que ça », avait-il même commenté. Malachy, subitement inquiet, passa la langue le long de sa gencive, vérifiant ses canines avaient bien gardé une taille normale. L’alcool le rendait particulièrement crédule. Finissant par apprécier le second degré lancé par le patron, Malachy lui adressa un sourire – de toutes ses dents – assorti d’un clin d’œil. Il ne croyait pas si bien dire, et ne tarderait certainement pas à le découvrir. Quand le professeur s’en retournerait vers ses contrées écossaises à coup de portoloin – par Séléné, il allait en vomir, pour sûr – et si Fawley était un tant soit peu curieux, il chercherait à connaître un peu mieux les Lyons. Ainsi, il ne tarderait pas à découvrir la nature lupine d’au moins deux d’entre eux : le fils cadet, professeur à Poudlard, et sa mère, deux seuls recensés de la famille. Malachy aurait aimé voir sa tête, à ce moment-là, si bien qu’il hésita l’espace d’un instant à déballer aussi cette information-là. C’était l’effet qu’avait eu pour lui le recensement. Après avoir caché toute sa vie sa nature, il avait envie de la raconter à tout le monde. C’était ainsi qu’il s’était retrouvé à apparaître dans un article de la Gazette, entre autres choses. Mais cette admission n’avait aucune place dans leur discussion. D’ailleurs, c’était au tour du Patron d’embrayer, pas au sien d’ajouter des détails inutiles. Il annonçait que si Malachy cessait de vouloir lui apprendre la politique magique anglaise, alors il voudrait bien recevoir quelques leçons des Lyons. Plus, même, il admettait la supériorité des loups en la matière ! Par Séléné, aurait-il pu espérer mieux ? Un large sourire étirait sa gueule alors qu’il écrasait sa cigarette dans le cendrier. Il n’en rallumerait pas d’autre. Alors que Nigel jurait valoir plus cher que Verpey, le regard de Malachy se dirigea vers le parieur. Jude avait vu trop petit en espérant qu’ils pourraient se servir de lui. Cet homme n’était qu’un bon à rien, un addict. Et après tout, Fawley n’avait pas tort. Avec lui venaient son nom, sa réputation et toutes ses relations. Pour faire rentrer les paris dans le monde magique, ça serait utile. Ils ne parviendraient sûrement pas au niveau auxquels ils étaient chez les moldus, mais encore une fois, ce n’était qu’une question de chiffres. Les moldus étaient plus nombreux, ils engrosseraient forcément toujours plus d’argent. Mais peut-être que par l’influence de Fawley, et surtout, en regardant les tableaux de façon proportionnelle, ils arriveraient à quelque chose.

Ah, cet alcool, ces cigarettes, cette ambiance, ce bar, Fawley … ils allaient lui faire regretter le pays ! Manchester était sur le point de lui manquer, le Lyon’s Den et ses paris aussi. Il faudrait qu’il passe une Lune chez lui, ça faisait trop longtemps. Toute cette négociation, parler de chez lui, des siens, lui avait donné envie de voir ses idiots de frères, de voir son père, sa mère, et sa sœur, même. Il resterait un week-end, histoire de pouvoir profiter avec eux d’autre chose que de la douleur. Celle de mars, ça serait possible. Et c’était décidé, maintenant. « Dis à ta soeur qu’Helen décroise les jambes, tant qu’elle ne la lui fais pas à l’envers. » Malachy s’écrasa sur le fond de la banquette, ravi de la tournure que venait de prendre la discussion. Ça n’avait pas été si difficile, finalement, et le Fawley en allait même de son jeu de mots. Il lui tendait la main, et Malachy n’eut aucun mal à venir la lui serrer. S'il y en avait un qui devait la faire à l'envers, ça ne serait pas lui. Il ne garantissait rien pour Ciaran ou Faolan, mais Jude et lui sauraient s'en tenir à ce qu'ils promettaient. Il écrirait cette lettre, ferait les louanges du Helen’s Legs, sans trop en faire, en commentant ce qui devrait être commenté, et sa sœur viendrait. Il n’oublierait pas de mentionner à son aînée la perspicacité du bonhomme. Il apprendrait vite, c’était certain. Il faudrait lui laisser du leste, peut-être ne devrait-il d’ailleurs pas savoir qu’il serait tenu en laisse. Fawley faisait partie de ces canailles qui avaient tendance à se rebeller contre ses maîtres. Il l’avait fait une fois, avec sa famille, avec ses pairs, quand il avait quitté leur monde pour acheter – et tenir ! – ce bar. Il pourrait le faire à nouveau, particulièrement avec des alliés desquels il pourrait facilement se croire supérieur. Jude devrait y être attentive. Mais à partir du moment où c’était elle qui le surveillait, Malachy n'aurait plus besoin de s’en préoccuper. Avec fermeté, il serrait la main du sang-pur, qui, l'inverse l’aurait étonné, avait bien sûr deviné sa profession. « T’as raison ; j’écrirai la lettre demain matin. On va mettre toutes les chances de ton côté, parce que moi aussi, je t’aime bien, Fawley. Je te garantis une entrevue avec Jude. » Il attrapa son verre pour terminer la dernière gorgée qui le narguait encore. Ça lui arracha une grimace, il en avait trop fait. « Mais après, tout cela n’est plus entre mes mains. Ça sera à toi d’assurer. » Malachy la voyait déjà, débarquer avec ses hauts talons et son sac griffé d’une marque moldue trop chère. Nigel devrait se montrer impressionné, au moins un peu. Avec ça, et un verre de vin rouge, le tour serait joué, il en était certain. Après cela, il ne serait plus question que de business, et là pour sûr, ils s’entendraient.
Poussant ses paumes contre la table collante, Malachy se redressa. Il enfila son manteau, la nuit était tombée depuis un moment, elle serait froide et il n’avait pas sa fourrure pour l’en protéger. « Lyons’ Den, à Manchester. Pour tes recherches. » ajouta Malachy. S’il avait été à la place de Fawley, c’était ce qu’il aurait eu envie de faire. Il serait allé chercher le chiffre d’affaire de la boîte, et si le sang-pur n’avait pas trop les doigts qui le brûlaient à l’idée de chercher parmi les archives moldues, il trouverait des chiffres d’affaires mirobolants – et encore, ce n’était que la partie visible de l’iceberg.  

En filant hors du bar, Malachy était passé par la table de Verpey, auquel il avait assené une tape dans le dos. Il repassa par la partie éclairée du bar, et termina sur le Chemin de Traverse. Il lui faudrait sortir de là, retrouver le cordonnier qui lui avait promis un portoloin de retour, pour finalement s’approcher de Poudlard, et ainsi de son lit. Il n’en revenait pas de ce qu’il venait de faire. Traverser le pays, ordonné par sa sœur pour une mission qu’il n’avait, à aucun moment, pu refuser. Cette hiérarchie lupine le tuerait, un jour. En attendant, elle lui bourrait bien la gueule.

FIN
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