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[Flashback] Break it to me [Erin]
 :: Salon de Thé & Bar à chats :: SAISON 1 :: RP

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Dim 3 Nov - 18:55
Break it to mePiers@Erin McAllister


Février 1998

Installé sur le fauteuil trop ferme pour mon corps endolori, je savoure autant que possible ce qui semble s'annoncer comme une journée de répit. Hier encore, le service d'urgences dégueulait littéralement de blessés, mais la situation s'est suffisamment apaisée pour que l'on m'envoie aux consultations pour l'après-midi. Peut-être l'approche de la Saint-Valentin avait-elle adouci les mœurs ? Quelle connerie. Avec un long soupir, je repose le dossier du patient que je viens de renvoyer chez lui. Venir consulter pour une grippe du Chat Noir, sérieusement... les gens s'inquiètent vraiment d'un rien. Je pose un regard fatigué sur Hermès, qui somnole paisiblement dans sa cage. Parfois, j'aimerais être à sa place, ne pas avoir à me soucier d'autre chose que d'embêter suffisamment mon humain de compagnie pour qu'il me donne à manger et à boire régulièrement... L'espace d'un instant, j'espère que le chef de service déboule comme une furie dans mon bureau pour m'annoncer l'arrivée de nouveaux blessés à traiter en urgence. Cette accalmie ne peut supposer que deux choses : soit la journée est paisible, soit les personnes amenées à Sainte Mangouste n'auront plus jamais besoin de services de soins. La seule bonne nouvelle, c'est que l'interne d'Ambrosi, à la morgue, a accepté de garder un oeil ouvert en cas d'arrivée d'Auror dans son service, et pour l'instant, je n'ai pas de nouvelles de Neil. Cela me suffit à rester relativement serein.
Mécaniquement, je m'empare du dossier suivant. McAllister ? Ca faisait un moment que je n'avais pas eu un autre écossais en consultation. Un rictus amusé étire mes lèvres, tandis que mes quelques neurones inoccupés se chargent de retrouver les quelques informations dont je dispose sur ce clan. Mes yeux se posent un instant sur l'aubépine blanche, seule plante décorant mon bureau. Arrête de te torturer, Piers, presque personne n'accorde d'importance à ces histoires de clan aujourd'hui. Mon regard glisse sur le reste du dossier, tristement vide. Il faut reconnaître qu'avec la panique générale induite par la guerre, les infirmiers ne prennent pas trop le temps d'interroger les gens sur la raison de leur venue. Il m'est arrivé une ou deux fois d'envisager aborder la question avec le chef de service, mais à quoi bon ? Dans le meilleur des cas, j'aurais le début d'un morceau de parcelle d'information lacunaire.
Envahi à nouveau par un profond sentiment de lassitude, je me redresse péniblement. Hermès suit mes gestes avec intérêt tandis que, dossier sous le bras, je prends la direction de la salle d'attente.

Miss McAllister, avec moi.

Une silhouette rousse commence à s'agiter ; je n'attends pas plus pour faire volte-face et m'en retourner à mon bureau. Je marque un temps d'arrêt en remarquant la poussière qui s'est accumulée sur la plaque nominative qui orne la porte. Il faudra que je la fasse nettoyer, si les chargés du ménage ont enfin arrêté de me faire la gueule. Sans plus y penser, j'ouvre la porte en grand, sans même prendre de la peine de la tenir pour ma patiente. Alors que je reprends place dans mon foutu fauteuil -il faudra que tu révises un peu tes enchantements de confort, Piers-, je lui indique d'un geste du menton qu'elle peut s'installer en face de moi. Je la détaille alors qu'elle pose ses affaires, examen à peine troublé par le sautillement excité d'Hermès sur son perchoir. Contrairement à moi, il est toujours ravi de voir de nouvelles têtes. J'essaie dee rassembler mes dernières bribes de sympathie professionnelle : on m'a appris à toujours essayer de mettre les patients à l'aise dès leur arrivée... en vain.

Qu'est-ce qui vous amène ?

J'aurais bien forcé un sourire histoire de paraître sympa, mais la dernière fois que j'ai souri, on m'a demandé d'arrêter, sous prétexte que c'était hyper malsain. Alors je me contente de la fixer, attendant sa réponse avec mon détachement teinté d'ennui habituel, espérant que sur un malentendu elle apportera quelque chose d'intéressant à ma journée.

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Lun 4 Nov - 13:55
Break it to mePiersErin


- Deuxième porte à droite et tout droit jusqu'au fond du couloir.

Tu n'as pas le temps de la remercier que la sorcière de la réception replonge le nez dans son Sorcière Hebdo, disparaissant derrière la couverture animée représentant une femme aux poses lascives, avec un sous-titre des plus accrocheurs : « Guerre et beauté : comment rester belle et désirable en période de restriction ? ». Sans attendre plus d'attention de sa part, tu tournes les talons vers la direction indiquée, te faufilant entre un enfant aux étranges pustules verdâtres et une femme aux éternuements magistraux, plus similaires à des rugissements bestiaux qu'à une toux discrète. Instinctivement, tu resserres les pans de ta cape, comme pour te protéger de tout regard curieux, de toute question indiscrète quant à ta présence dans le hall de l'hôpital magique. Mais à vrai dire, l'endroit est étrangement calme ce matin et les quelques patients, visiteurs et médicomages sont bien trop absorbés par leurs propres affaires pour s'intéresser à toi.

Après avoir suivi les instructions, tu arrives finalement dans une petite salle d'attente, aux murs couverts d'affiches diverses et variées que tu observes d'un œil absent. Sur la table basse, la sorcière lascive de Sorcière Hebdo t'adresse un clin d’œil assorti d'un battement de cil ravageur. Tu l'observes un instant, tandis qu'elle se déhanche et se cambre, passant ses mains au vernis impeccable dans sa longue chevelure diaphane, adressant des baisers et des œillades à tout admirateur potentiel. À plusieurs reprises, tu tentes de reporter ton attention sur autre chose, mais rien n'y fait, ton regard lui revient toujours irrésistiblement jusqu'à ce que, dans un geste contrarié, tu retournes le magazine pour ne plus la voir se pavaner.
Tu te réinstalles plus confortablement sur ta chaise, partagée entre un furtif sentiment de triomphe et l'impression très nette d'être ridicule. C'est plus fort que toi, ce genre de propos te fait sortir de tes gonds. Comment peut-on se s'intéresser à ce genre de chose ? À l'heure actuelle ? Comment peut-on se complaire dans des préoccupations aussi futiles ? Tu peux concevoir que tous ne se battent pas, que certains tentent de passer au travers de la tempête en avançant leur petit bonhomme de chemin. Mais pas qu'on banalise la situation, comme s'il s'agissait d'une simple période de disette, d'un hiver un peu plus rude qu'un autre. Vous êtes en guerre, par Merlin. Une guerre qui frappe, qui blesse, qui détruit. Une guerre qui tue et qui sépare.
Et, il te faut bien l'admettre, qui rapproche. Parfois. Tu passes une main incertaine sur ton ventre, bien que tu saches qu'aucun signe extérieur ne révèle encore le miracle qui a commencé à s'y dérouler. Tu ne réalises pas encore tout à fait l'ampleur de ce qui t'arrive. Certains matins, tu penses même avoir imaginé ces imperceptibles changements de ton corps, t'être fourvoyée sur toute la ligne. Au point de n'en avoir pas même parlé au principal concernée. Ni même à ta moitié, ta complice de toujours. Non, avant de dire quoi que ce soit, tu veux être sûre. Totalement sûre.

Une voix te sort de tes pensées et tu relèves les yeux vers le médicomage qui t'appelle. Il ne t'est pas inconnu, tu as déjà eu à faire à lui au cours de l'une de tes trop nombreuses visites – que ce soit pour une simple entorse ou un sortilège raté. Mais tu serais bien incapable de te souvenir de son nom, et ce n'est pas sa plaque crasseuse, indéchiffrable, qui va t'y aider. Pourtant, ce n'est pas un nom si compliqué. Une petite voix te chuchote un lien avec l'Écosse, sans que tu ne parviennes à renouer le fil de tes souvenirs. Tout en réfléchissant, tu t'assieds sur le siège qu'il te désigne et tu abandonnes finalement tes recherches pour lui répondre, d'une voix peu assurée.

Je suis enceinte. Je crois. Et je voudrais savoir... je voudrais savoir si tout va bien. Je n'en suis pas sûre.

Il t'est si étrange de prononcer finalement ces mots à voix haute... De l'admettre, une bonne fois pour toute. Et sous le regard scrutateur du médicomage, un brusque espoir te saisit soudain : pourvu que tout aille bien !

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Lun 4 Nov - 15:24
Break it to mePiers@Erin McAllister


Février 1998

Enceinte ? Vraiment ? Au beau milieu d'une guerre ? Par les genoux cagneux de Merlin, il y en a qui n'ont rien de mieux à faire... Mon self-control développé par les années d'exercice à Sainte-Mangouste m'empêche de justesse de lever les yeux au ciel. Je me contente d'examiner la demoiselle assise en face de moi. Sa tête m'est vaguement familière, mais impossible de me rappeler dans quelles circonstances j'ai bien pu la croiser. McAllister... ça m'évoque quelque chose, mais rien d'assez précis à mon goût. Bon. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus urgent, Piers.

Je suppose que vous avez déjà constaté des symptômes. Un retard ? Des nausées matinales ?

Tout en posant mes questions, je fouille dans la bibliothèque bien fournie qui, en plus d'orner gracieusement le mur du fond, contient à peu près tout ce dont je pourrais avoir besoin dans les cas que je ne suis pas habitué à gérer -et celui-ci en fait partie. Preuve en est, les pages de mon Atlas de l'Anatomie Sorcière sont exceptionnellement peu cornées à ce chapitre. La raison en est simple : je déteste les enchantements liés à la gynécologie. Ils sont atrocement longs et complexes, tout ça sous prétexte qu'on a jamais trouvé moyen de les simplifier sans faire courir de risque à la future mère. Tout ça pour dire que je n'ai pas intérêt à me planter, sinon je vais devoir mettre -littéralement- les mains dans le cambouis, ce qui risque de n'être agréable ni pour moi, ni pour la McAllister.

Je suppose également que c'est votre première consultation pour ce genre de choses, alors voilà comment ça va se passer : je vais tisser un enchantement autour de vous, qui me permettra de voir si vous -et éventuellement, votre petite graine- vous portez bien. Qu'il y ait ou non des risques pour votre santé ou la sienne, vous devrez revenir régulièrement.

Un soupir, retenu à grand peine.

Le mieux, c'est que je vous suive personnellement. Bref. Le sortilège peut se révéler assez impressionnant, mais ne bougez surtout pas.

Parce que c'est briser ma concentration qui vous ferait courir les plus gros risques, à votre futur lardon et vous. Je commence par une formule que je connais bien -la stérilisation de la baguette. Enfin, c'est comme ça que je l'appelle. Prenant une dose d'huile alchimique dans le pot prévu à cet effet, je commence à marmonner la formule. Haec oleus a magicum impuritates elluat. Celle-là, je la répète cent fois par jour. A force de devoir l'approcher d'orifices divers et souvent dans des états peu recommandables, ma baguette a pris plus de risques que moi durant ma carrière. Avec le mal que j'ai eu à me l'approprier, autant en prendre soin. Comme toujours, le bois semble absorber l'huile, brillant l'espace d'un instant d'une lueur dorée. C'est toujours satisfaisant de réussir un sort, même quand il relève de l'habitude. Mais c'est maintenant que la vraie galère commence.
Retroussant les manches vertes de ma robe de médicomage, je les fixe d'une paire d'épingles. Je préfère avoir les bras libres pour travailler, et si je dois me concentrer pour maintenir un sort sur le tissu pendant que je tisse l'enchantement de contrôle... Autant dire que je ne suis pas sorti des ronces.

Allez Oscar, en piste.

Je grommelle en sortant le modèle anatomique de son recoin, avant de me placer entre lui et la sorcière. Prenant une profonde inspiration, je commence à incanter. Rapidement, des filins de magie émeraude se déploient dans l'air, comme dotés de leur volonté propre. Je leur impose la mienne sans hésiter, les orientant vers la sorcière, créant autour de son torse un réseau chatoyant. Il se déploie lentement, toujours sous mon contrôle, certains allant s'ancrer sous la peau de la jeune femme. L'expérience m'a appris à mettre les premiers contacts au niveau des bras, là où je pourrai contrôler la tension par la suite : au moins, si le patient réagit mal, il ne court pas de gros risque. Si la petite McAllister fait partie de ceux qui n'apprécient pas ça, au moins, elle a le bon goût d'encaisser. Je poursuis donc l'incantation, le réseau s'étendant vers le ventre et le bassin de la jeune femme. De nouveaux points de repère se posent, près des reins, du foie, mais également la poitrine et l'utérus... et, une fois que je suis sûr qu'elle ne paniquera pas, le cœur. Première partie de l'enchantement, terminée avec succès. Bravo Piers, tu es un grand médicomage. Tu sais lancer des sorts sans bafouiller. Je prends une inspiration, entamant immédiatement la seconde partie du rituel. Par chance, celle-ci est en anglais -ce qui doit certainement vouloir dire qu'à un moment plus proche du présent que de la création du rituel, quelqu'un s'est dit que rester planté là pendant que le médicomage listait tout ce qui n'allait pas chez vous n'était peut-être pas la chose la plus sympa au monde. Si cette réflexion a pris plusieurs siècles, elle a au moins le mérite de me permettre de réciter la formule avec un peu plus d'aisance. Comme à regret, la magie se détache du corps d'Erin, allant s'attacher au modèle anatomique, où elle reconstitue tout ce dont j'ai besoin pour mon diagnostic, avec une fidélité qui n'a plus à faire ses preuves. Une fois le dernier filin mis en place, je retourne m'asseoir.
Il me faut déployer mes dernières réserves de volonté pour ne pas simplement m'écrouler sur mon fauteuil. Ces vieux rituels sont épuisants, et j'aurais un mot à dire à leur créateur s'il venait à croiser ma route. Relâchant mes manches, j'essuie le voile de sueur qui orne mon front, avant de faire rouler mon siège vers le modèle anatomique, le tournant légèrement vers moi.

Vous pouvez faire quelques pas, si vous le souhaitez.

Je n'ai jamais compris comment tourner en rond dans un bureau aidait à évacuer, mais si ça peut lui éviter de m'assommer de questions pendant l'examen, ça m'arrange.

Je vais prendre votre tension. En principe vous ne devriez rien ressentir, mais il arrive qu'un lien résiduel subsiste encore quelques minutes après la fin du sortilège.

Menant ma baguette jusqu'à l'artère humérale gauche, je la compresse d'un injonction silencieuse, avant de la relâcher, observant le flot de particules verdoyantes. Opinant d'un air satisfait, j'observe tour à tour les autres organes.

Bon point pour commencer, vous êtes en bonne santé. La tension et le rythme cardiaque sont normaux, et je ne détecte rien d'inquiétant aux autres niveaux. Maintenant... vous allez peut-être vouloir approcher.

J'attends quelques secondes, la laissant se décider, avant de me pencher sur le bas-ventre du modèle. Je trouve ce que je cherche sans trop de mal.

Et voilà votre bairnie, votre petit.

Un nouveau mouvement de baguette écarte les particules superflues, et j'essuie à nouveau mon front. Vivement que l'examen se termine, il est crevant ce sort. Ma seule consolation est de ne pas m'être spécialisé en gynécologie. Sans le voile trouble matérialisant les parois de l'utérus, le fœtus est parfaitement détaillé. La magie s'est amassée de manière à sembler presque solide.

Vous pouvez déjà distinguer un peu sa tête, par ici, et ces espèces de petits bourgeons deviendront ses bras et ses jambes. Vous pouvez même deviner les battements de son cœur par ici. Ils sont rapides et c'est tout à fait normal. Il est bien formé, vous n'avez pas à vous inquiéter outre-mesure pour lui non plus.

Je la laisse observer un moment la représentation, attendant impatiemment qu'elle s'en désintéresse pour pouvoir relâcher ma concentration et laisser la magie se dissiper enfin. J'huile à nouveau ma baguette, ce genre de rituel ayant tendance à laisser de fortes traces, puis m'empare de mon matériel d'écriture. Fini les démonstrations de compétences, on passe à la partie chiante : la paperasse.

Pour assurer le meilleur suivi, je vais devoir vous poser un certain nombre de questions, afin notamment d'évaluer les risques que vous encourrez éventuellement. J'ai besoin que vous me renseigniez sur vos antécédents médicaux, chirurgicaux, gynécologiques et obstétricaux, le cas échéant.

Je lui laisse le temps de me répondre avant la deuxième salve, qui par chance se résume à une série de oui ou non.

Connaissez-vous votre groupe sanguin ? Avez-vous déjà eu l'éclabouille ou la dragoncelle ? Avez-vous eu recours à des potions de fertilité ou d'aide à la conception ?

Je garde la dernière couche pour un peu plus tard, sachant que j'aurai déjà mon lot de recommandations à lui donner si la réponse à l'une ou l'autre de mes questions n'est pas à mon goût.

1520 mots

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Lun 4 Nov - 22:38
Break it to mePiersErin


Maintenant que les premiers mots sont sortis, que tu as admis à haute et intelligible voix le changement qui s'opère en toi, tu te sens plus sereine. Un peu. Disons que tu as cessé de te tordre les doigts en vain.

Oui. Ainsi que d'autres signes. J'ai... la poitrine plus gonflée.
Tu finis cette phrase presque en chuchotant. On pourrait croire qu'à force de consulter les médicomages pour tes innombrables blessures, tu deviendrais moins timide à leur contact, mais ta pudeur ne t'a jamais vraiment quittée.

Il hoche la tête sans cesser de fouiller dans ses étagères, t'expliquant peu à peu les étapes de l'enchantement qui va vous permettre d'en savoir davantage. Bien que la description ne soit guère engageante, tu acquiesces avec un calme qui ne t'est guère coutumier. Qu'importe que ce soit un moment désagréable à passer, tu veux savoir. Tu veux savoir si tes doutes sont fondés, c'était après tout la raison initiale de ta venue. Juste confirmer, ou non, la présence d'un embryon. Mais à présent, assise sur ta chaise à regarder le médicomage faire ses préparatifs, tu réalises que tu espères avoir vu juste. Et, plus encore, que l'enfant est en bonne santé. Dans une caresse furtive, tes doigts effleurent ton ventre avant de s'écarter pour lui laisser toute marge de manœuvre nécessaire.

Curieuse, tu observes les filins qui viennent progressivement se fixer sur toi, avant d'esquisser une grimace d'inconfort. Effectivement, l'ensemble de l'opération est plutôt désagréable. Pas forcément douloureuse, mais la sensation te donne envie de fuir à toutes jambes, pour échapper au sentiment de malaise qui t'envahit. Tu n'esquisses pas un geste pourtant, serrant les poings et la mâchoire pour rester silencieuse et immobile. Au bout d'un temps que tu serais bien en peine d'estimer, les filins se retirent enfin, te laissant quelque peu sonnée. Obéissant au conseil du praticien, tu te lèves pour esquisser quelques pas, mais tes yeux ne le quittent pas une seconde, observant les manipulations complexes qu'il imprime au modèle prénommé Oscar. Et lorsque, enfin, il s'écarte, tu t'accroupis à côté de lui, la gorge serrée par l'émotion, les yeux à hauteur de cette petite forme qui vit, parfait miroir de celui qui grandit en toi.

Mo leanabh...
Mon bébé.
Le vôtre. Ce miracle imprévu. Votre mélange extraordinaire – aussi improbable que votre relation.
De longues minutes durant, tu restes incapable de détacher les yeux de la minuscule silhouette qui se meut devant toi. L'enchantement finit toutefois par s'estomper doucement et tu rejoins ta chaise lentement, le regard toujours fixé sur cette étincelle de vie qui te laisse pantelante. Presque timidement, comme si elles avaient respecté le temps dont tu avais besoin pour assimiler ce moment unique, tes pensées reviennent une à une. Avec à leur tête, une seule question : comment réagira Neil ?
Tu le sais trop profondément intègre pour douter de ses actes. Les valeurs de votre maison commune lui sont aussi chères qu'à toi. Jamais il ne tournerait le dos à ses responsabilités – à une telle responsabilité ! Bien sûr qu'il sera à tes côtés et bien des futures mères se contenteraient de cette assurance, dans une situation aussi instable que la vôtre.
Pourtant, tu le réalises soudain, ce n'est pas ce que tu souhaites. Tu as déjà trop connu l'indifférence et le désamour pour t'en contenter aujourd'hui et risquer de les infliger à cet enfant qui n'a rien demandé. Tu veux qu'il reste avec toi – avec vous ! – par envie, non par devoir. Mais de tels engagements, il n'a jamais été question dans votre relation naissante, fruit de la guerre, de la solitude et de la peur du lendemain. Alors lui demander de passer d'éphémères nuits de réconfort à... ça ? L'idée te paralyse, occultant toutes les autres. Occultant aussi toutes les interrogations du médicomage que tu n'entends même pas, toute à tes pensées. Jusqu'à ce qu'un toussotement un rien impatient interrompe le fil de tes réflexions. Il te regarde, la plume en suspens, et aussitôt tu t'empourpres.

Je suis désolée, je... j'étais...
Pensive, oui. Précision que tu lui épargnes, tant elle semble évidente. Repoussant à plus tard les doutes quant au moment où il te faudra annoncer la nouvelle à ton amant, tu reconnectes avec l'instant présent et tente de rattraper les questions laissées sans réponse, avec l'impression très nette d'être une étudiante réprimandée par son professeur pour inattention.

Je n'ai jamais eu l'éclabouille, non. La dragoncelle oui, mais quand j'étais très jeune, peut-être 4 ou 5 ans. Tu secoues la tête en signe de dénégation. Jamais utilisé de potion non plus. Ce bébé... ce n'était pas vraiment prévu. Oh, et je suis O+. achèves-tu avec un brin de fierté, satisfaite d'avoir au moins retenu cette information de tes trop nombreux passages à Sainte-Mangouste.  

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Mar 5 Nov - 0:37
Break it to mePiers@Erin McAllister


Février 1998

Bon, elle a pas l'air plus émue que ça. Enfin, évidemment, ça a quand même l'air de lui faire quelque chose, mais j'en ai déjà vu fondre en larmes dans mon bureau pour moins que ça. Quelque part, j'apprécie le fait qu'elle reste relativement stoïque, je n'ai pas refait mon stock de mouchoirs depuis 1995. Mais ce qui me fait le plus plaisir, ce sont ces quelques mots en gaélique d'Ecosse, qui sonnent comme la plus douce des musiques à mes oreilles. Je n'en entends que trop rarement au boulot, et généralement il s'agit soit de types qui se prennent pour William Wallace avec leurs cinquante kilos tout mouillés, soit de types qui en ont fait leur modèle dans la vie. Dans un cas comme dans l'autre, ma maîtrise des sortilèges de sommeil se révèle bien souvent pratique, bien qu'ayant le défaut de couper leur si douce verve.
Je déchante pourtant bien vite lorsque je constate qu'elle n'a absolument rien écouté de ma première salve de questions.

A staigh air an dala cluais 's amach air a' chluais eile...1

Je me racle la gorge, parvenant finalement à récupérer son attention, et note diligemment les réponses qu'elle daigne me donner. Bon point encore pour la dragoncelle, au moins ne risque-t-elle pas de la contracter pendant sa grossesse. Quant à l'éclabouille, par la barbe de Merlin, ça me surprendrait que ce soit le premier de ses soucis. J'opine mécaniquement en notant. Groupe O positif, le plus répandu si ma mémoire est bonne, en cas de souci trouver un donneur à Sainte Mangouste ne devrait pas être trop compliqué. Surtout en temps de guerre, c'est pas le sang qui va manquer. Cette pensée m'arrache l'ombre d'un rire, guère plus qu'un soufflement de nez un peu plus prononcé que la moyenne. Ce qu'elle m'explique ensuite, en revanche, me laisse plus pantois encore que je ne l'aurais cru possible dans les circonstances actuelles. Un bébé-surprise ? Non seulement on se paie le luxe de compter fleurette, mais en plus on ne prend pas ses précautions ?
Allez, Piers, respire. C'est pas le moment de perdre patience, surtout maintenant que tu lui as proposé d'assurer le suivi toi-même. Enfin, avec un peu de bol, elle a pas entendu ça non plus. Sois pas con, Piers. C'était avant le joli sons et lumières avec bonus lardon en trois dimensions, évidemment qu'elle écoutait encore à ce moment-là. Et quand bien même, j'ai un serment à respecter. Je prends sur moi, rassemblant tout ce que je peux d'indulgence pour une femme dont la vie se trouve très certainement bouleversée et qui... non mais, je trompe qui, là ? Je me dis seulement que plus vite j'aurai mes réponses, plus vite je pourrai profiter d'une bonne tasse de thé pour me remettre de mes efforts. Je répète donc, un peu plus lentement.

J'ai besoin de savoir si vous avez déjà été opérée par le passé, que ce soit ici ou ailleurs, et si vous avez connaissance de problèmes de santé personnels ou familiaux comme des pathologies chroniques ou des maladies héréditaires. Le cas échéant, il me faut également vos éventuels antécédents gynécologiques.

Alors qu'elle répond et que je transcris presque religieusement ses mots, je liste mentalement tous les cas possibles et imaginables que j'ai pu voir en cours. La gynécologie remonte un peu et ne m'a jamais vraiment intéressé, mais il ne sera pas dit que le Docteur Elliot a jugé un cas aussi basique qu'une grossesse sans complications hors de ses compétences.

J'ai aussi besoin de savoir si vous exercez une activité susceptible de présenter des risques pour votre grossesse. Et si jamais vous suivez un régime alimentaire particulier, végétarien par exemple, je dois également en être informé.

Depuis qu'un certain Mortensen, il y a deux ans, a réussi l'exploit d'être le premier homme -enfin, moldu- à atteindre les cent-quatorze ans, le nombre de pythagoréens a explosé ce qui, comme toute tendance moldue, a eu un impact sur le monde sorcier. Bon, je ne vais pas m'improviser diététicien et me prononcer sur le sujet : je sais juste que mes confrères plus qualifiés semblent s'accorder sur le fait que si ce régime ne présente aucun risque particulier pour le foetus, il est quand même nécessaire de m'assurer que les apports alimentaires de la future mère restent équilibrés. Pitié, dis non. J'ai vraiment pas envie de devoir lui expliquer en long, en large et en travers les arcanes de l'alimentation. Je suis déjà assez crevé comme ça, dis-moi que tu n'as rien contre un peu de viande d'animal mort de temps en temps et on passe à autre chose. L'autre question délicate, maintenant, c'est celle du père. L'idéal serait de connaître ses antécédents à lui aussi -après tout, à moins que le Tout-Puissant Merlin n'ait décidé de m'accorder la gloire que je mérite après des années de bons et loyaux services aux urgences et qu'il s'agisse d'une immaculée conception, la moitié de l'ADN qui commence à gigoter là-dedans ne vient pas de la personne assise face à moi.

Enfin, j'ai besoin de savoir combien de partenaires vous avez eu aux mois de...

Je prends quelques secondes pour me livrer à un rapide calcul. Vu le stade de développement, le fœtus en était à sa cinquième semaine. Sa quatrième peut-être, la sixième à tout casser. Et puisque nous sommes début février, on remonte à... Sheideadh e na h-adharcan de ghobhar2 ! C'est le pompon, la cerise sur le foutu gâteau. Un foutu bébé de Noël. A ce stade, je ne sais pas comment la McAllister pourrait s'enfoncer encore un peu plus. Et d'un autre côté, une petite voix -peut-être celle de la raison, ou de la sympathie si tant est que je sois doté de cette qualité- me murmure que ce n'est peut-être pas si dramatique. Quoi de plus normal, pendant les fêtes, que de chercher du réconfort pour oublier la guerre ? Ouais, enfin ton réconfort tu peux le trouver dans mille et uns trucs qui ne vont pas parasiter une ou deux personnes pendant neuf mois, sans parler du reste de leur vie. Elle aurait pas pu faire du macramé ? Ou se remettre au Quidditch ? Et encore, pourquoi ne parler que d'elle ? Lui aussi, qui qu'il soit, aurait pu faire l'effort de penser avec autre chose que son concombre galant et faire grâce à ce monde -et plus particulièrement à un certain médicomage à bout de nerfs- de l'inquiétude concernant le sort d'un enfant à naître en pleine guerre.
Bon, soyons honnête, ce n'est pas après ce couple totalement aléatoire que j'en ai. Ça se trouve, ils sont très mignons tous les deux et leur rejeton sera tout aussi adorable. Mais même si on me disait qu'il trouvera le remède ultime contre la lycanthropie, j'en aurais pas grand-chose à foutre. Mon vrai problème, ce sont les services de psychomagie et des troubles par enchantements qui se remplissent chaque jour un peu plus, et qui n'augurent rien de bon pour les enfants de la guerre. Je sais bien que notre cher et admirable monsieur Potter, donné grand favori dans cette guerre contre le bon Voldemort, est lui-même né pendant la première phase de ladite guerre, mais son sort ne me semble pas suffisamment enviable pour comprendre qu'il fasse des émules.
Plongé dans mes réflexions, je ne réalise que tard que j'ai laissé ma phrase en suspens. Oh, le silence n'aura pas duré plus de quelques secondes, mais il n'est pas dans mes habitudes de m'abîmer ainsi dans la réflexion.

...combien de partenaire vous avez eu aux alentours de Noël.

Les lèvres pincées, je ne parviens pas à retenir un très léger froncement de sourcils désapprobateur. J'espère au moins qu'elle ne me sortira pas une réponse à se jeter dans un filet du diable, de type "Je ne sais pas" ou "J'ai arrêté de compter après le vingt-cinquième". Par les poils de jambe de Merlin, à ce stade même "deux" me donnerait déjà trop de boulot. Si au moins elle peut me donner avec certitude les antécédents les plus notoires du paternel, ça m'enlèvera une sacrée épine du pied. T'emporte pas, Piers. Tu te rappelles ? C'était pas prévu. Avec ta chance, c'était un coup d'un soir, elle se souvient même pas sa tronche, alors si tu crois qu'avant les galipettes il lui a filé un curriculum vitae incluant ses maladies congénitales... Je me cale un peu plus dans mon siège, comme si je m'attendais à recevoir physiquement la charge d'une réponse déplaisante. Toujours se préparer au pire. Et puisque le meilleur serait de n'avoir aucun patient, espérer au moins quelque chose de moins pire que "catastrophique".

Petit lexique : (interactif, cliquez sur le chiffre pour reprendre votre lecture)
1 "Ca rentre par une oreille, ça ressort par l'autre..."
2 "C'est à faire tomber les cornes d'une chèvre !"
1534 mots (hors lexique, évidemment !)

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Mar 5 Nov - 20:34
Break it to mePiersErin


La vue de ton enfant à naître t'a emplie d'une émotion profonde, sans toutefois chasser tous les doutes, toutes les incertitudes. L'esprit encore absorbé par des espoirs lointains et des questions sans réponses, tu ne remarques pas l'agacement un rien perceptible – et, admettons-le, quelque peu légitime – de ton interlocuteur. Et c'est sans doute préférable. Tu t'efforces toutefois de reprendre pied peu à peu, pour répondre consciencieusement aux différentes questions qu'il te pose sur tes différents antécédents médicaux. Mieux vaut essayer de partir du bon pied avec lui, surtout s'il en vient assurer le suivi de ta grossesse.

Appendicite, entorse à la cheville droite. L'épaule gauche démise après mon premier cours de balai. Plusieurs incidents de métamorphomagie. Une demi douzaine d'interventions suite à des maléfices, sortilèges et autres. Soit ratés, soit subis.
Tu débites la liste sans te troubler le moins du monde. Loin de toi l'idée de te pavaner de ces divers soucis de santé qui t'ont menée à consulter les experts de Sainte-Mangouste, tu n'es pas de ces trompe-la-mort qui s’enorgueillissent de leur imprudence. Mais à force de consultations, tu as fini par t'habituer à ces questions de routine jusqu'à être capable d'y répondre les yeux fermés.
Pas de souci de santé spécifique dans ma famille, non...
Ta voix tremble tandis que t'apparaît le visage diaphane de ta benjamine, ses yeux clairs tournés vers un monde qui n'appartenait qu'à elle seule. Vous n'avez su de quelle pathologie elle souffrait. Les spécialistes embauchés par vos parents n'avaient rien trouvé. Mrs Pomfresh s'était renseignée, durant la scolarité de Loane, sans toutefois apporter de réponse satisfaisante – ou, du moins, sans que tu aies eu connaissance.
Tu n'as pas envie de parler de ta sœur à ce quasi inconnu. Pas envie de devoir lui expliquer pourquoi et comment elle était différente, et pourtant si normale à la fois. Malgré tout, si cette information peut avoir la moindre pertinence concernant ta grossesse, il serait sans doute malavisé de la garder pour toi. Alors, de mauvaise grâce, tu achèves ta phrase à peine entamée, d'une voix atone, presque détachée pour éviter que l'émotion ne te submerge.
Excepté Lo... ma sœur. Elle souffrait d'une maladie inconnue, dont nous n'avons jamais su l'origine. J'ignore si ce peut être héréditaire. Vous avez sans doute son dossier quelque part dans vos archives, elle était suivie ici.
Pour mieux éviter de perdre toute contenance, tes yeux se perdent alentour, s'arrêtant sur le petit hibou dont le grand regard brun semble vouloir te consoler. Deux mois se sont écoulés depuis ce terrible soir, sans parvenir à apaiser ni ta peine, ni ta douleur, ni ta haine. Toutefois, si le médicomage perçoit ton trouble, il n'en montre rien, se cantonnant à son questionnaire avec un professionnalisme qui te convient parfaitement. Une profonde inspiration pour chasser ton trouble et tu continues sur votre lancée.
Je ne suis pas de régime particulier. Et par activité, rien de spécial. Enfin, je travaille dans les Brigades Magiques, je ne sais pas si c'est ce que vous entendez par "activité"...
Tu t'interromps brusquement, dardant un regard indigné sur le médicomage qui ne semble pas s'en apercevoir tout de suite, tout à ses calculs. Qu'il t'interroge sur le père... soit. C'est somme toute logique. Mais avec ce ton ? Ce haussement de sourcil, mi-exaspéré, mi-désapprobateur ? Qu'est-ce qu'il croit ? Que ça t'enchante, d'être là, aujourd'hui devant lui ? Pour cette raison ? En pleine guerre ?
Mettre un enfant au monde, dans cette période troublée... L'exposer à la souffrance, la peur et aux combats interminables. Après l'avoir conçu avec un homme que tu connais finalement bien peu et dont tu ne saurais prédire la réaction. La situation est suffisamment absurde et improbable pour t'épargner les jugements de valeur d'un médicomage engoncé dans ses idées préconçues.

Cia mheud leannan? Ach cò dha a bheir thu mi? 1 Je n'ai eu qu'un seul "partenaire". Je sais exactement qui est le père de cet enfant, si c'est là votre question.
Le gaélique t'est venu instinctivement, comme dans chacun de ces moments où la colère, la tristesse ou l'émotion te poussent à revenir à cette seconde langue qui t'aide parfois si bien à exprimer ce que tu as le cœur. Te renvoyant à ces après-midi lointaines auprès de ta grand-mère, lorsqu'elle t'encourageait à lui dire ce qui te peinait, les mains dans la farine, une fournée de gâteaux dans le four.
Et non, je ne connais pas ses antécédents à lui. Mais vous n'avez qu'à fouiller dans vos dossiers. Vous avez forcément le sien quelque part, il est auror.
Et cela dit, tu te renfonces dans ton siège avant d'être plus désagréable, le regard flamboyant d'une parfaite indignation. Finalement, il sera peut-être préférable que tu t'adresses à un autre médicomage pour te suivre tout au long des mois difficiles qui s'annoncent. Si celui-ci n'est pas capable de retenir ses opinions, l'entente risque d'être compliquée. Et préjudiciable au bébé, vu l'état de tes nerfs en cet instant précis.  

1. Combien d'amants ? Mais vous me prenez pour qui ?

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Mer 6 Nov - 19:32
Break it to mePiers@Erin McAllister


Février 1998

Une fois tout les antécédents de la demoiselle posés sur le parchemin, je prends le temps de les relire. C'est un sacré palmarès qu'elle tient là, et Merlin soit loué, elle n'a pas l'air d'en tirer de fierté particulier. Ceux-là, ce sont les pires : à croire que chaque passage à Sainte Mangouste leur apporte des points bonus dans un classement connu d'eux seuls ! Ce qu'elle ajoute ensuite sur sa sœur commence par attiser ma curiosité, et enfin mes neurones se connectent, assemblent les pièces du puzzle. Loane McAllister. Evidemment que je connais ce nom, j'ai travaillé sur ce mystère médical pendant des années ! Je cache un rictus de contrariété derrière mon poing fermé. Le cas de Loane est l'un de mes rares et cuisants échecs en tant que médicomage. Tous les spécialistes, tous les grands noms de la communauté ont échoué à trouver la source du problème, et cette pauvre gamine est morte sans la moindre chance de se défendre face aux Mangemorts qui avait jeté leur dévolu sur son lieu de travail.
Je force la vague de frustration teintée de remords qui menace de me submerger à refluer. Inutile de me replonger dans ce cercle d'insatisfaction que je ne connais que trop bien. Cela, en revanche, éclaire d'une lumière nouvelle sa grossesse et les divers événements qui ont du y mener.
Reprends-toi, Piers. Il ne sera pas dit que tu commences à faire preuve d'empathie avec une patiente après des années à être le Détraqueur du service. Avec un pincement au bloc de sel qui me sert de cœur, j'ouvre le tiroir où sont entreposés la demie-douzaine de dossiers que je considère comme mes échecs. Le cas de la petite McAllister est en haut de la pile, évidemment, et il ne me faut pas longtemps pour trouver la page sur ses antécédents familiaux. Je les relis rapidement, confirmant son constat : rien à signaler de ce côté. Le cas de Loane, si dramatique fut-il, semble être isolé. Je referme le dossier avec lenteur, plongé dans mes pensées. Sa sœur, Erin, ne m'est pas inconnue non plus. Je me rappelle maintenant avoir vu sa crinière rousse à plusieurs reprises ces derniers mois -et tout s'explique lorsqu'elle m'indique son métier. J'acquiesce avec l'air de celui-qui-sait, prérogative de mon métier.

Je suppose que vous n'avez pas besoin que je vous dise qu'il va falloir vous tenir éloignée des combats dans les mois qui viennent, ça me semble évident.

Le ton essaie de rester mordant, mais le cœur n'y est plus vraiment. Par chance, elle me remet d'aplomb en s'emportant un peu. Je hausse à peine un sourcil, vaguement étonné non pas de la réaction en tant que telle, mais parce que je ne m'attendais pas à un tel éclat venant de ce petit bout de femme à l'air si sensible. Je hausse les épaules, peu impressionné.

Vous êtes sûrement très mignonne, mais oui, c'est bien l'identité du père de l'enfant qui m'intéresse. Le reste de votre vie sexuelle m'importe remarquablement peu, ne vous déplaise.

Malheureusement, cette relation qu'elle semble défendre avec toute la vertu du monde ne semble pas avancée au point qu'elle connaisse les éventuels soucis de santé de Monsieur.

Le plu simple serait encore que vous le fassiez venir lors de votre prochain rendez-vous, enfin si vous comptez lui annoncer la nouvelle évidemment.

Déjà, cela m'évitera des heures et des heures de recherches dans les archives, pas forcément bien tenues de base et peu aidées par les circonstances actuelles. Et surtout, je suis bien placé pour le savoir : nombre d'Aurors et de duellistes affiliés au Ministère ont de la famille, des amis ou simplement des contacts à l'hôpital, et en profitent pour passer entre les mailles du filet qu'est l'administration. Leur dossier n'est pas toujours mis à jour, si tant est qu'il soit créé : les consultations en dehors du temps de travail ne sont pas toujours bien vues par les chefs, mais qui pourrait refuser de recoudre un ami qui oeuvre pour la sécurité du pays ?
En tous cas, je commence à me faire une idée un peu plus précise de la situation dans laquelle se trouve la jeune femme. Peut-être est-elle un peu moins critiquable que ce que j'avais cru dans un premier temps... même si je maintiens que ne pas prendre ses précautions dans le contexte actuel relève de la folie.

Ecoutez, dans l'immédiat rien ne justifie un suivi médicalisé hors-normes. Revenez dans un mois ou deux, moins si votre... ami vous fait part de détails qui vous semblent inquiétants et médicalement pertinents. Demandez directement le docteur Elliot au secrétariat. Et si on vous demande lequel, dites "le désagréable", c'est mon surnom officiel.

L'espace d'une demie-seconde, un sourire vient éclairer mes traits, pour disparaître aussi tôt. La remarque est d'autant plus drôle qu'elle est vraie -et je ne vous raconte pas la tronche de la secrétaire la première fois que je lui ai fait comprendre que j'étais au courant de ses petites fantaisies.

883 mots

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Mer 6 Nov - 23:01
Break it to mePiersErin


Quelques secondes s'écoulent, durant lesquels il relit l'intégralité de ses notes, avant de brusquement froncer les sourcils, comme s'il venait de réaliser quelque chose d'important. Aussitôt, il ouvre un tiroir proche et se saisit d'un dossier avec une rapidité déconcertante qui te fait hausser un sourcil intrigué. Il l'ouvre, semble y chercher un document en particulier qu'il parcourt des yeux avant de griffonner quelques mots supplémentaires sur ta feuille de suivi. Curieuse, tu te penches légèrement pour tenter d'en déchiffrer la teneur... et ton cœur rate un battement. Là, intacte dans son cadre de papier glacé, ses cheveux blonds-roux retombant devant sa peau d'albâtre, le visage aux grands yeux perpétuellement étonnés de ta sœur semble suivre des yeux un imperceptible papillon de lumière.
Loane...
Ta bouche s'entrouvre, les lèvres pleines de ces milliers de questions qui t'ont toujours taraudées au sujet de la maladie de ta petite sœur. Est-il possible qu'il l'ait déjà rencontrée ? Qu'il ait travaillé sur sa maladie ? Peut-être a-t-il des éléments de réponses, des théories, un quelconque élément – même intangible ? Vos parents vous ont toujours laissées dans l'ignorance des conclusions des médicomages, refusant de s'apesantir sur le sujet. « Ils cherchent. » rétorquait sèchement ta mère quand tu l'interrogeais, d'un ton si sec qu'il signifiait sans ambiguïté que la discussion était close avant même d'avoir commencé.
Tu brûles d'en savoir plus, enfin. Mais sans remarquer ton trouble – ou est-ce toi qui es trop perturbée pour percevoir le sien ? – il referme et range le dossier, arrachant à ta vue le visage si doux. L'ombre d'une larme vient affleurer à tes paupières, sans que tu l'autorises à couler. Pas maintenant. Pas aujourd'hui. Pour l'heure, il te faut être certaine des suites à donner à cette grossesse. Mais qu'il en soit certain, ce n'est pas ta dernière visite. Qu'importe s'il te faut supporter ses airs condescendants. S'il y a la moindre chance pour qu'il sache quoi que ce soit sur Loane, tu reviendras, Merlin t'en soit témoin.

Encore sous le choc de cette vision inattendue, tu ne réagis pas immédiatement à sa remarque suivante, te contentant de hocher vaguement la tête. Les doigts crispés sur le rebord de ta chaise, tu tentes de reprendre pied dans la réalité... ce qu'il te facilite considérablement en continuant à s'exprimer de son insupportable ton docte, aussi ironique que désinvolte. Bien sûr que tu as l'intention d'en parler à Neil, et puis quoi encore ? Pourquoi ne pas imaginer aussi que tu t'es faite engrosser par un quelconque héritier sang-pur pour le pousser à t'épouser, tant qu'il y est ? Après tout, au royaume des conneries, considérer que tu puisses être une adepte inconditionnelle des cinglés en noir ne serait pas moins improbable !
L'un après l'autre, ses mots s'infiltrent en toi, attisant tes bribes d'agacement, soufflant sur les étincelles de ton indignation jusqu'à ce qu'une saine colère vienne courir dans tes veines, comme en témoigne le regard pénétrant que tu dardes sur lui.
Oh oui, tu vas réaliser ton suivi de grossesse avec lui. Parce que TU l'as décidé. Parce que tu as bien trop à y gagner – tant d'années de silence et d'omissions à rattraper. Mais qu'il ne s'imagine surtout pas qu'il puisse te parler perpétuellement comme à une demeurée. Tu as trop enduré ces derniers mois pour accepter que quiconque – fut-il Merlin réincarné ! – te parle sur ce ton sans raison.
Comprenant qu'il te donne congé, tu quittes ton siège, avec l'intention très nette de ne pas le laisser s'en tirer à si bon compte. Tu le laisses toutefois terminer son énième tirade moralisatrice, quand ses derniers mots te tirent un imperceptible rire incrédule. Dr... Elliot. Vraiment ? De tous les médicomages qui travaillent ici, il a fallut que tu tombes sur le plus aimable d'entre eux et que ce soit un Elliot, par dessus le marché ?
Vous me prenez vraiment pour la dernière des imbéciles, n'est-ce pas, Dr Elliot ? La façon dont tu insistes sur son nom de famille n'augure rien de bon... pour lui, tout du moins. Vous me pensez complètement stupide et irresponsable ? Ne vous en faites pas, je n'ai pas l'intention de venir vous consulter plus qu'il sera nécessaire. Mais je vais tout de même vous laisser le plaisir de chercher les antécédents du père de votre côté – ce ne devrait pas être trop compliqué, au sein de votre propre famille ! Oui, parce que le père est un Elliot, lui aussi. Neil Elliot. Sans doute l'un de vos cousins au 42e degré. Sur ce... je vous laisse à votre fin de journée.
Tu ne restes immobile qu'une poignée de secondes supplémentaires, le temps d'observer sa réaction... avec la ferme intention de tourner les talons et de lui claquer la porte au nez.

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Jeu 7 Nov - 20:34
Break it to mePiers@Erin McAllister


Février 1998

"Gneu gneu imbécile gneu gneu docteur..." Cette fois je parviens à retenir une envolée dramatique de sourcils, bien qu'à grand-peine. Voilà bien le discours typique des gens qui ne comprennent pas que je suis certes doué mais pas encore légilimens, et encore moins télépathe. Quel scandaleux manque d'empathie, je vous jure ! Je prépare mentalement mon laïus sur le fait que chaque patient est différent et que je n'ai aucune idée de la façon dont ils ou elles vont réagir à une nouvelle pareille, bref le blabla habituel, lorsqu'elle largue la Bombe. Neil. Neil Elliot. L'espace d'un instant, l'intégralité de mon cerveau semble arrêter de fonctionner. Le temps pour les neurones de redémarrer, de traiter l'information. De vérifier qu'il n'y a pas d'autre Neil que je connaisse qui soit Auror dans le clan. Par les gonades pendouillantes de Merlin... je vais l'étriper. L'énucléer, le démembrer, et utiliser ses restes comme modèle anatomique pour le restant de ma carrière -qui risque d'être bien courte si je mets mes menaces à exécution, mais qu'importe.
Après quelques secondes de silence, mes yeux se fixent sur la duelliste, qui me toise d'un air narquois, comme si elle attendait une réaction de ma part. J'envisage l'espace d'un instant de la jeter dehors, mais je parviens à retenir de justesse ce pic de colère flamboyante.

Vous attendez peut-être que je vous fasse un bisou sur le front pour y aller ?

Le ton sec, cassant, reste je l'espère suffisamment proche de mes précédentes remarques pour ne rien dévoiler de mon émotion.
La porte claque. Je ferme les yeux. Un. Deux. Trois... Respire, Piers. Du calme. Avec une lenteur mesurée, je me tourne vers Hermès, accrochant son regard brillant de curiosité. Je répète alors à voix haute.

Je vais l'étriper, Hermès. Le découper en petits bouts, le filer à manger à des croups, et me tailler une flûte de pan dans ses côtelettes. Quel... bawbag1 !

D'un geste rageur, j'ouvre mon tiroir à correspondances. Mes doigts se posent d'abord sur mon papier à en-tête de Sainte-Mangouste, puis je me ravise. Non, non, non. Aux grands maux, les grands remèdes. Je pose une enveloppe d'un rouge éclatant sur mon bureau, avant de m'emparer de ma plus belle plume.

Mon cher, très cher walloper2 de frère,
Est-ce que je peux savoir ce qu'il t'a pris ? Mettre ta petite copine enceinte au beau milieu d'une guerre ? Yer bum's oot the windae, ye fuckin' bampot3 ! Est-ce qu'on peut savoir ce que tu comptes faire une fois que ton lardon aura été pondu ? Trouver une jolie petite maison à la campagne, lui faire une jolie petite chambre trop mignonne avec tes grosses pattes d'ours fini à la pish4 ? Brar5, tu sais que je t'adore, mais je ne peux pas cautionner une telle folie. Crivens6, ijeet2 mais à quoi tu pensais ?! Est-ce qu'au moins tu pensais avec l'hauf 'n' a hauf7 qui te sert de matière grise ?? Ah bah, oui, elle est adorable ta bonnie lassie8, un sacré petit bout de femme, et encore t'as eu le bon goût de choisir une compatriote, mais t'as vraiment rien eu de mieux à faire que d'aller semer des petits Elliot à travers le pays ? Rassure moi, je n'ai pas d'autre visite à attendre concernant d'éventuels futurs petits neveux au moins ? Parce que c'est quoi la prochaine étape, tu leur feras des tartes et moi je devrai les emmener à la pêche pour leur faire découvrir le patrimoine ? Am gonnae whitey9. Alors tu vas me faire le plaisir d'arrêter de sink the link10 jusqu'à ce que cette fichue guerre soit terminée. Tu vas avoir quarante-cinq ans, alors fais-moi le plaisir de prendre tes responsabilités d'une façon ou d'une autre. Mini-Elliott est en pleine forme pour l'instant, alors tâche de ne pas me donner plus de travail et de vous garder tous les trois en vie jusqu'à la fin de cette comédie.

Ya diddy2 !


Je referme l'enveloppe et la scelle d'un geste rageur. Rapidement, j'inscris l'adresse personnelle de mon frère adoré sur la face avant, puis la tends à mon mainate.

Allez, Hermès, emmène ça au service courrier, qu'on puisse passer à autre chose.

Docile, le mainate prend la beuglante et s'envole dans les couloirs. Je prends ma tête entre mes mains, inspirant longuement. Malheureusement, le devoir n'attend pas, comme me le rappellent les coups rapides frappés à ma porte par une infirmière quelques secondes à peine après le départ de mon compagnon à plumes.

Suivant !

Le prochain patient est un habitué. Super, je vais pouvoir me défouler. Vivement que Neil reçoive ma lettre, cela dit. Il va falloir qu'on parle, tous les deux.

Petit lexique des insultes écossaises
1 'Bourses'
2 Idiot
3 Tu fais n'importe quoi, sale con
4 Urine
5 Frérot
6 Bon sang
7 Une pinte de bière avec un trait de whisky
8 Jolie fille
9 Je vais vomir (généralement suite à une cuite)
10 Très littéralement, plonger la saucisse

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